Le chrétien et l’alcool

Le chrétien a-t-il le droit de boire de l’alcool ? Est-ce un péché que d’en goûter de temps en temps ou de prendre un peu de vin avec son repas si l’on n’exagère pas ? Ce que la Bible condamne, c’est l’ivrognerie et non pas la boisson elle-même, n’est-ce pas ?

Évidemment, nous ne devrions jamais aller au-delà de l’enseignement biblique et soutenir ce que la Bible n’affirme pas. Disons donc dès le départ que la Bible n’ordonne pas au chrétien de s’abstenir totalement de toute forme de boisson alcoolisée. Cela ne signifie pas que la Parole de Dieu nous laisse sans principes à suivre en ce qui concerne l’alcool. (Pareillement, la Bible ne condamne pas explicitement l’emploi de drogues telles que l’héroïne, la cocaïne et le hachisch, mais en vue de plusieurs principes bibliques on ne conclut pas que le chrétien peut s’en servir.) En fait, de nombreux chrétiens, voyant plusieurs dangers spirituels dans la consommation de l’alcool, choisissent de ne pas en boire du tout. Examinons quelques raisons pour cette position.

1. S’enivrer est un péché

a. Ce péché peut nous exclure du ciel.

En Galates 5.19-21 Paul énumère des « œuvres de la chair ». Parmi ces œuvres sont le péché sexuel (l’impudicité), la magie et l’ivrognerie. L’apôtre ajoute : « Je vous le dis d’avance comme je l’ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n’hériteront point le royaume de Dieu. »

En Romains 13.12,13 Paul qualifie l’ivrognerie d’œuvre des ténèbres :

« La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin… de l’ivrognerie. »

En 1 Corinthiens 5.11 Paul dit que l’Église ne doit pas tolérer en son sein celui qui est un ivrogne :

« Maintenant ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme. »

Dans le chapitre suivant il écrit : « Ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu » (1 Corinthiens 6.10).

L’ivrognerie elle-même est un péché, mais l’ivresse ouvre aussi la porte à beaucoup d’autres péchés. Nous ne voudrions pas que le pilote de notre avion ou le chirurgien qui doit nous opérer boive, même un peu, avant de faire son travail. Ces hommes doivent être sobres, vigilants et éveillés parce que notre vie est dans leurs mains. Ils doivent être conscients des dangers et réagir correctement et promptement. Celui qui est enivré est moins sensible aux dangers spirituels. Dans cette condition il est plus apte à commettre des péchés sexuels, insulter, devenir querelleur ou violent, gaspiller l’argent que Dieu lui confie, être négligent dans son travail, etc. Donc, « soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » (1 Pierre 5.8).

b. C’est un péché rendu plus dangereux par le fait qu’on le commet sans s’en rendre compte.

Il y a des routes montagneuses qui font peur parce que le voyageur, s’il s’égare de la route du moindre degré, risque de tomber d’une falaise et de périr après une chute de plusieurs centaines de mètres. Si l’on voyage la nuit, on sera encore plus prudent parce qu’on ne voit pas le bord de l’abîme. On s’en tiendra le plus loin possible. La personne qui boit est comme celui qui voyage sur une telle route pendant la nuit ; il ne reconnaît pas le seuil de l’ivresse avant de le franchir ; il ne sait pas exactement à quel point il passera de l’état sobre à l’état ivre. Nombreux sont les buveurs qui disent très fort : « Je connais ma dose », quand les autres savent qu’ils l’ont déjà dépassée. Nombreux sont les accidents de la route provoqués par des chauffeurs qui ne croyaient pas qu’un ou deux verres pourraient les influencer. Ils comprennent trop tard que l’ivresse est relative. Si l’on boit un peu d’alcool, on est un peu ivre. Plus on boit, plus on s’enivre, mais un peu suffit pour changer le comportement, les réflexes, la pensée. C’est peut-être pour cela que Paul dit tout simplement : « Ne vous enivrez pas de vin : c’est de la débauche » (Éphésiens 5.18). Il ne dit pas de ne pas s’enivrer « trop » ou « à l’excès » ou « trop souvent ». Il dit : Ne vous enivrez pas. Tout court.

c. C’est un péché particulièrement apte à rendre esclaves ceux qui le pratiquent.

Notre idée n’est pas que l’ivrognerie soit plus coupable que tout autre péché aux yeux de Dieu, mais elle est plus séduisante que certains péchés. Proverbes 23.31-35 nous met en garde :

« Ne regarde pas le vin qui paraît d’un beau rouge, qui fait des perles dans la coupe, et qui coule aisément. Il finit par mordre comme un serpent, et par piquer comme un basilic. Tes yeux se porteront sur des étrangères, et ton cœur parlera d’une manière perverse. Tu seras comme un homme couché au milieu de la mer, comme un homme couché sur le sommet d’un mât : On m’a frappé,… je n’ai point mal !… On m’a battu,… je ne sens rien !… Quand me réveillerai-je ?… J’en veux encore ! »

L’alcool asservit, et il asservit beaucoup plus souvent qu’on ne le pense. En fait, une personne sur neuf qui commence à boire finit par être maîtrisé en quelque sorte par l’alcool. Même en France où le vin est si familier depuis tant de siècles et où l’on est censé reconnaître la valeur du vin sans en faire excès, on peut compter plus de 1 500 000 alcooliques.

Personne ne se met à boire avec l’intention de ressembler au soûlard dans la rue. Personne ne se met à boire avec l’idée de gâter son foyer, son travail ou sa vie. On se dit : « Cela ne m’arrivera jamais ! Je saurai arrêter à temps. » On a trop de confiance. Mais la Bible dit : « Que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! » (1 Corinthiens 10.12).

d. C’est un péché que l’on ne commet jamais si l’on s’abstient de toute boisson alcoolisée.

Si un autobus sur neuf s’écrasait et tuait tous ses passagers, la plupart d’entre nous préférerait aller à pied pour se rendre au travail. On n’accepterait pas de risquer sa vie de cette manière. Pourquoi donc risquer notre âme en buvant de l’alcool quand nous pouvons boire autre chose ? Il y a un moyen qui est à 100 % sûr de nous garder de tomber dans l’abîme de l’ivresse – c’est de ne pas boire du tout. C’est la manière d’éliminer tout risque de ce péché qui empêche le coupable d’aller au ciel.

2. Si je bois de l’alcool, mon exemple pourrait inspirer mon frère à en boire. Étant peut-être plus faible devant l’influence de la boisson, il pourrait perdre son âme.

Peut-être que vous vous dites : « Mais j’ai déjà fait l’expérience. Je bois un peu, généralement avec un repas, je m’arrête à temps, et je n’ai jamais commis des bêtises sous l’influence de l’alcool. Je me sais capable de me maîtriser. » Cela est bien. Mais tous n’ont pas ce même don. D’autres personnes sont facilement asservies par l’alcool. Que vous le vouliez ou pas, par votre exemple vous pourriez encourager votre frère à emprunter un chemin qui, pour lui, sera très glissant. En vous voyant consommer de l’alcool, il se dira : « Jean est un bon chrétien, et je l’ai vu boire de l’alcool. C’est donc normal et je peux en faire autant. » Peut-être que vous lui avez même offert à boire. Étant plus faible, votre frère tombe dans l’ivrognerie et perd son âme.

Voilà pourquoi la Bible nous exhorte de faire très attention à notre exemple. « Sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté. » (1 Timothée 4.12).

« Mais quiconque entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui attache au cou une grosse meule et qu’on le précipite dans l’abîme de la mer. Malheureux le monde, qui cause tant de chutes ! Certes il est nécessaire qu’il y en ait, mais malheureux l’homme par qui la chute arrive ! » (Matthieu 18.6,7; TOB)

En Romains 14 l’apôtre Paul parle de certaines choses qui ne sont pas mauvaises en soi, mais qui peuvent être des pierres d’achoppement, c’est-à-dire provoquer la chute de quelqu’un. Par exemple, si une personne croit qu’un aliment est impur devant Dieu, et que vous le poussez à violer sa conscience en le mangeant, il commet du péché, bien que l’aliment ne soit pas défendu par Dieu. Il a péché parce qu’il a violé sa conscience. Et vous n’avez pas agi par amour, parce que vous l’avez influencé à pécher de cette manière.

« Mais pensez plutôt à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre d’achoppement ou une occasion de chute… Mais si, pour un aliment, ton frère est attristé, tu ne marches pas selon l’amour : ne cause pas, par ton aliment, la perte de celui pour lequel Christ est mort… Il est bien de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin, et de s’abstenir de ce qui peut être pour ton frère une occasion de chute, de scandale ou de faiblesse. » (Romains 14,13,15,21)

3. Voir des chrétiens en train de boire de l’alcool peut nuire à la réputation de l’Église.

Dans certains endroits, il existe déjà une perception générale que les gens religieux ou spirituels ne prennent pas d’alcool. Que ce soit juste ou pas, on a souvent accusé les chrétiens d’hypocrisie quand on les a vus devant des boissons alcooliques. On ne prend pas le temps de déterminer si le chrétien s’enivre ; on s’en va rapporter qu’il « boit ». Cela peut être injuste, mais il y a un moyen très simple d’éviter cela et de préserver la bonne réputation de l’Église : ne pas boire d’alcool du tout.

« Exhorte de même les jeunes gens à être modérés, te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres, et donnant un enseignement pur, digne, une parole saine, irréprochable, afin que l’adversaire soit confus, n’ayant aucun mal à dire de nous. » (Tite 2.6-8)

4. L’alcool provoque ou aggrave plusieurs maladies. Le chrétien ne doit pas consciemment faire ce qui contribue à la destruction de son corps puisque ce corps est le temple du Saint-Esprit.

Parmi les effets néfastes de l’alcool sur le corps humain, les médecins constatent les suivants : il est lié aux cancers des gencives, de la langue et de l’œsophage ; il affaiblit le système respiratoire ; il augmente les risques de tuberculose ; il contribue aux maladies du cœur ; il endommage l’estomac et contribue aux ulcères ; il conduit à la cirrhose du foie (une maladie qui est huit fois plus fréquente parmi les alcooliques que parmi les non-alcooliques) ; il affaiblit les reins ; il tue les cellules du cerveau – et tout dommage au cerveau est permanent ; il est très dangereux aussi pour les femmes en grossesse et les enfants qu’elles portent.

Si vous êtes chrétiens, Paul vous demande :

« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu. » (1 Corinthiens 6.19,20)

Puisque notre corps appartient à Dieu et qu’il l’habite par son Esprit, nous devons le respecter. Nous ne devons pas nous en servir pour commettre le péché, et nous ne devons pas faire pour notre plaisir ce qui finira pas l’abîmer. « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes » (1 Corinthiens 3.17).

5. L’expérience montre que l’alcool contribue à beaucoup de malheurs sociaux. C’est « un arbre » qui porte de mauvais fruits.

Même si la Bible ne contenait pas d’avertissements concernant les dangers de l’alcool, le sens commun devrait nous mettre en garde. On pourrait observer « les fruits » de l’alcool. « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur les épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. » (Matthieu 7.16,17) Que ce soit les foyers brisés par le divorce, les enfants abusés ou négligés, les emplois perdus, les maladies, le crime, les palabres, l’adultère, ou la pauvreté, l’alcool y est trop souvent associé, et dans bien des cas l’alcool est la cause principale du problème. Pourquoi vouloir goûter, ne serait-ce que de temps en temps, du fruit d’un tel arbre ?

Deux objections :

On cite souvent deux passages bibliques pour justifier la consommation d’alcool par le chrétien. Ces passages faussent-ils les principes que nous venons de voir ?

1. Jésus a changé de l’eau en vin (Jean 2.1-11)

Lors d’un festin de mariage à Cana en Galilée, Jésus fit le miracle de changer de l’eau ordinaire en vin. Cela ne prouve-t-il pas que Jésus donnait son approbation à nos boissons alcooliques ?

– On ne peut pas affirmer que ce que Jésus a fait était du vin alcoolisé (tout comme on ne peut pas dire avec certitude qu’il a fait du jus de raisin non fermenté). Le mot grec, oinos, qui est traduit ici par « vin », est un mot très général qui renferme tout ce qui vient de la vigne, que ce soit fermenté ou pas. Pour certains, le fait que le maître du festin dit que ce vin était le meilleur indique forcément que c’était du vin fermenté. Pour d’autres, le fait que Jésus connaissait des écritures telles que Proverbes 20.1 qui dit que « le vin est moqueur, les boissons fortes sont tumultueuses » prouve qu’il n’a pas fait de l’alcool. Selon ces gens, Jésus n’aurait pas donné aux hommes ce qui pouvait leur faire du mal. On ne peut pas se baser sur ce miracle pour approuver ou condamner la consommation de l’alcool, puisqu’on n’a aucun moyen d’établir avec certitude s’il s’agit d’alcool ou pas.

– Même ceux qui sont convaincus qu’il s’agit de vin fermenté sont obligés de reconnaître d’autres faits historiques concernant la consommation de vin au premier siècle. De nombreuses sources confirment que la pratique presque universelle, y compris dans la Palestine, était de diluer le vin avec beaucoup d’eau. Seuls les « soûlards » ou les « barbares » prenaient du vin non coupé d’eau. Les recommandations variaient entre 3 et 20 mesures d’eau pour une mesure de vin. Pline, l’écrivain latin qui vécut au premier siècle, se réfère au vin comme étant constitué de 8 mesures d’eau pour une mesure de vin. Bien qu’il soit possible de s’enivrer avec du vin dilué, ce vin ne correspond pas à nos vins et bières modernes, encore moins aux whiskey, gin, et boissons fortes de fabrication locale.

2. Paul dit à Timothée de faire usage d’un peu de vin, à cause de son estomac et ses fréquentes indispositions (1 Timothée 5.23).

Boire de l’eau non potable suscite souvent des diarrhées et les maux de ventre. Certaines personnes, telles que Timothée, sont particulièrement susceptibles à ce genre de problème, surtout quand elles voyagent. De nos jours, le problème est facilement résolu en prenant de l’eau en bouteille, du coca-cola ou d’autres boissons saines qui sont disponibles presque partout. On a aussi la possibilité de filtrer de l’eau. Au premier siècle on assainissait l’eau en y ajoutant un peu de vin. L’alcool dans le vin tue les microbes. Paul recommande ici non pas de « boire avec modération » mais de ne pas se rendre malade par de l’eau non traitée.

En réalité, ce verset pourrait être employé par ceux qui recommandent l’abstinence totale, puisqu’il nous montre un chrétien du premier siècle qui buvait de l’eau uniquement, et cela malgré ses problèmes d’estomac. Timothée avait apparemment choisi en tant que chrétien de ne pas boire du tout, même au point de ne pas mettre un peu de vin dans son eau pour neutraliser la contamination.

Conclusion

Le chrétien a-t-il le droit de boire de l’alcool ? Peut-être que ce n’est pas la seule question à poser. Paul recommande de se demander non seulement si une action est permise, mais aussi si elle est utile, si elle peut nous asservir, si elle édifie les autres, et si elle glorifie Dieu (1 Corinthiens 6.12; 10.23,31). Que Dieu nous aide à choisir ce qui nous aidera à être sauvés et à sauver les autres.

B. B.
(Dans Vol. 3, No. 3)