Heureux ceux qui sont persécutés

Malgré des constitutions qui prétendent respecter la liberté de la religion, la persécution officielle des chrétiens existe dans de nombreux pays. Elle va au-delà de la défense de distribuer de la littérature chrétienne ou d’évangéliser. Dans certains pays, on emprisonne et torture des gens pour le fait de lire la Bible, parler de Dieu, ou croire au christianisme. Ailleurs, on interdit d’adorer en dehors d’une église ou chapelle autorisée, tout en refusant toute demande d’autorisation de construire de tels bâtiments. Dans certains pays, des groupes de miliciens autoproclamés qui se font « justice » eux-mêmes tuent les croyants ou incendient leurs maisons, sachant que la police ne fera rien pour les en empêcher. En d’autres pays, les chrétiens ne sont pas éligibles pour remplir les postes de fonctionnaires, et on ne leur permet pas de s’inscrire dans les universités. La population des nations qui persécutent officiellement le christianisme dépasse facilement les deux milliards.

Mais la persécution ne se limite pas aux actions de l’État. Le danger pour le chrétien vient souvent de ses voisins et des membres de sa propre famille. Le nouveau converti peut être rejeté par sa famille, ses anciens amis ou les habitants de son village ; ses parents ne partagent pas leur nourriture avec lui et refusent de l’aider dans quelque problème que ce soit ; il perd son héritage et se retrouve sans terre à cultiver ; on se moque de lui, on ne l’embauche pas et personne n’accepte de lui donner une femme en mariage. Et oui, les parents et les voisins vont parfois jusqu’à battre ou même tuer celui des leurs qui se prononcent pour Jésus-Christ.

Il ne faut pas s’étonner

Tout cela n’est pas vraiment surprenant quand nous nous rappelons que l’on persécutait des hommes justes bien avant le temps de Jésus. « Ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l’épée, ils allèrent ça et là vêtus de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde n’était pas digne… » (Hébreux 11.37,38). Jésus lui-même fut accusé faussement ; son procès était une imposture, une mascarade. On se moqua de lui, on lui cracha au visage, on le frappa, on le fouetta cruellement, et on le cloua sur une croix pour qu’il meure lentement et dans la douleur atroce. Ainsi dit-il à ses disciples : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous… S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 15.18,20). Sa parole s’accomplit dès les premiers jours de l’Église. Déjà au chapitre 5 du livre des Actes, nous lisons que les chefs des Juifs voulaient faire mourir les apôtres. Ce jour-là ils se contentèrent de les faire battre de verges et leur défendre de parler au nom de Jésus (Actes 5.40). Mais plus tard, ils tuèrent Étienne, et Saul de Tarse, un de leur nombre, se mit à « ravager l’Église ; pénétrant dans les maisons, il en arrachait hommes et femmes, et les faisait jeter en prison » (Actes 8.3). Saul lui-même, après sa conversion au christianisme, fut plusieurs fois emprisonné et en danger de la mort. « Cinq fois j’ai reçu des Juifs quarante coups moins un, trois fois j’ai été battu de verges, une fois j’ai été lapidé » (2 Corinthiens 11.24,25). Il disait aux autres convertis : « C’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Actes 14.22). Nous sommes prévenus.

Pourquoi ?

Qu’est-ce qui pousse la société à maltraiter les chrétiens, surtout quand on devrait voir et apprécier le changement positif qui a lieu après leur conversion ? Après tout, l’Évangile enseigne qu’il faut faire de bonnes œuvres qui glorifient Dieu, qu’il ne faut pas commettre l’adultère, mentir ou dérober, et qu’un chrétien doit être un employé honnête et diligent, un citoyen qui paie ses impôts et obéit à la loi, un enfant qui respecte et soutient ses parents âgés. Pourquoi donc les chrétiens seraient-ils mal vus ?

Parfois, les persécuteurs estiment que leurs intérêts sont menacés par l’Évangile. Ce fut le cas des chefs des Juifs qui livrèrent Jésus au gouverneur romain pour être crucifié (Jean 11.47-50). Ce fut aussi le cas des païens de la ville d’Éphèse qui profitaient du culte idolâtre de la déesse appelée Diane.

« Un nommé Démétrius, orfèvre, fabriquait en argent des temples de Diane, et procurait à ses ouvriers un gain considérable. Il les rassembla, avec ceux du même métier, et dit : Ô hommes, vous savez que notre bien-être dépend de cette industrie ; et vous voyez et entendez que, non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul a persuadé et détourné une foule de gens, en disant que les dieux faits de mains d’homme ne sont pas des dieux. » (Actes 19.24-26)

Ils suscitèrent alors une émeute anti-chrétienne dans la ville dans un effort de faire arrêter la prédication de Paul. (Disons en passant que lorsqu’il n’y a pas d’opposition à l’Évangile, il est bien possible que les chrétiens aient été trop timides ou trop paresseux pour le proclamer. Satan ne voit pas la nécessité de soulever une persécution quand le peuple de Dieu est déjà infidèle par son inactivité, et que les non-chrétiens ne risquent pas tellement d’entendre la Bonne Nouvelle.)

Parfois, les persécuteurs croient sincèrement, mais à tort, qu’ils servent Dieu par ce qui est, en fait, de la méchanceté. Jésus avertit ses disciples clairement : « Ils vous excluront des synagogues ; et même l’heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu » (Jean 16.2). C’est ce que Saul de Tarse croyait avant de se convertir et devenir l’apôtre Paul. Il dit :

« Pour moi, j’avais cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth… J’ai jeté en prison plusieurs des saints, ayant reçu ce pouvoir des principaux sacrificateurs, et, quand on les mettait à mort, je joignais mon suffrage à celui des autres. Je les ai souvent châtiés dans toutes les synagogues, et je les forçais à blasphémer. Dans mes excès de fureur contre eux, je les persécutais même jusque dans les villes étrangères. » (Actes 26.9-11)

Soulignons que sa sincérité n’enleva pas sa culpabilité. Il se décrivit plus tard comme ayant été en ces jours un blasphémateur, un homme violent, et le premier des pécheurs (1 Timothée 1.13-15).

Parfois, les non-chrétiens se sentent condamnés par le bon caractère des chrétiens, ou par leur prédication de la justice que Dieu attend des hommes. Pierre écrivit à des chrétiens qui étaient insultés et maltraités. En les exhortant à continuer de vivre dans la sainteté, il leur dit :

« C’est assez, en effet, d’avoir dans le temps passé accompli la volonté des païens, en marchant dans la dissolution, les convoitises, l’ivrognerie, les excès du manger et du boire, et les idolâtries criminelles. Aussi trouvent-ils étrange que vous ne vous précipitiez pas avec eux dans le même débordement de débauche, et ils vous calomnient. Ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. » (1 Pierre 4.3-5)

Beaucoup d’hommes voient d’un mauvais œil ceux qui sont différents de la majorité. L’hostilité est encore plus forte quand ils ont l’impression que ces personnes qu’ils méprisent sont plus travailleuses, plus capables, ou plus spirituelles qu’eux. Ils ont des sentiments d’incompréhension, de jalousie et de culpabilité. « La lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3.19).

Comment faut-il réagir à la persécution ?

La Parole de Dieu nous dit alors de nous attendre à rencontrer, tôt ou tard, de la persécution. Paul dit à Timothée que « tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Timothée 3.12). Il faut s’y attendre ; mais comment faut-il agir quand la persécution arrive ?

Ne pas rendre le mal pour mal

Jésus avait enseigné dans le sermon sur la montagne : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matthieu 5.44). Il a lui-même donné l’exemple à suivre quand il a prié pour ses bourreaux : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23.34). L’apôtre Paul écrit aux chrétiens à Rome :

« Ne rendez à personne le mal pour le mal… S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes… Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire… Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien. » (Romains 12.17-21)

Comme Jésus, les apôtres étaient des modèles dans ce domaine : « … injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous parlons avec bonté » (1 Corinthiens 4.12,13).

Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Il dit aux Israélites rebelles à sa volonté : « Pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l’Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez » (Ézéchiel 18.31,32). Oui, un jour sa colère se manifestera, et il punira ceux qui ne se seront pas repentis. Paul dit aux chrétiens maltraités à Thessalonique :

« Car il est de la justice de Dieu de rendre l’affliction à ceux qui vous affligent, et de vous donner, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. » (2 Thessaloniciens 1.6-9)

Ce sera un jour où l’on aura raison de se réjouir de la justice de Dieu, et de dire :

« Tu es juste, toi qui es, et qui étais, parce que tu as exercé ce jugement. Car ils ont versé le sang des saints et des prophètes… Le salut, la gloire, et la puissance sont à notre Dieu, parce que ses jugements sont véritables et justes… il a vengé le sang de ses serviteurs. » (Apocalypse 16.5,6; 19.1,2)

En attendant ce jour, nous devons, comme Dieu, désirer la conversion plutôt que la destruction de ceux qui sont dans l’erreur. Le serviteur de Dieu « doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité, et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté » (2 Timothée 2.25,26). Nous devons suivre l’instruction en Romains 12.19 : « Ne vous vengez point vous-mêmes, bien aimés, mais laissez agir la colère [de Dieu] ; car il est écrit : À moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. »

[Il est vrai qu’au cours de l’histoire, certains qui prétendaient servir Jésus-Christ ont été eux-mêmes des persécuteurs. Des soi-disant chrétiens ont même torturé leurs adversaires religieux. Ce qui est clair, c’est qu’ils ne suivaient pas la parole de Christ et de ses apôtres. Leurs actions n’étaient pas justifiées.]

Ne pas se laisser intimider

L’un des buts des persécuteurs est de faire taire les chrétiens. Les membres de la cour suprême des Juifs « défendirent absolument de parler et d’enseigner au nom de Jésus ». Nous devons imiter le courage des apôtres face à ces menaces : « Pierre et Jean leur répondirent : Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu, car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu » (Actes 4.18-20). Quelle que soit la souffrance à supporter pour Jésus, nous ne devons pas céder à la peur. Paul exprima cette détermination en Actes 21.13 : « Je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir… pour le nom du Seigneur Jésus. »

Il ne faut pas que la peur de la douleur, de la prison ou de la mort nous pousse à renier notre Seigneur et Sauveur. Il ne faut pas que la peur d’être humiliés nous pousse à cacher notre foi. « Mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom » (1 Pierre 4.16). « Je n’ai point honte de l’Évangile ; c’est la puissance de Dieu pour le salut » (Rom. 1.16). L’apôtre Paul se trouvait dans une prison romaine lorsqu’il exhorta le jeune évangéliste Timothée en ces termes : « N’aie donc point honte du témoignage à rendre à notre Seigneur, ni de moi son prisonnier. Mais souffre avec moi pour l’Évangile, par la puissance de Dieu… Et c’est à cause de cela que je souffre ces choses ; mais je n’en ai point honte, car je sais en qui j’ai cru » (2 Timothée 1.8,12).

N’ayons pas peur. N’ayons pas honte.

Être solidaires

Quand l’Église est soumise à la persécution, il est important que les membres pratiquent la solidarité les uns avec les autres. Nous venons de voir que Paul demanda à Timothée de ne pas avoir honte de lui, qui était emprisonné pour le nom de Christ. Il ne fallait pas que les chrétiens, dans un esprit de « chacun pour soi » et un instinct de survie, gardent leurs distances de leurs frères en Christ. Paul dit dans la même épître :

« Que le Seigneur répande sa miséricorde sur la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent consolé, et il n’a pas eu honte de mes chaînes ; au contraire, lorsqu’il est venu à Rome, il m’a cherché avec beaucoup d’empressement, et il m’a trouvé. » (2 Timothée 1.16,17)

L’auteur de l’Épître aux Hébreux les exhorte à renouveler le zèle et l’esprit de solidarité qu’ils avaient démontrés auparavant :

« Rappelez-vous donc les premiers temps (après votre conversion). À peine aviez-vous été éclairés de la lumière (de Dieu), que vous avez eu beaucoup à souffrir, mais vous avez tenu bon. Tantôt on vous a publiquement injuriés et tournés en dérision, vous avez eu à subir des persécutions et de mauvais traitements, tantôt vous étiez prêts à soutenir ceux qui étaient traités ainsi et vous avez pris moralement part à leurs souffrances. Oui, vous avez témoigné votre sympathie aux prisonniers et vous avez accepté avec joie d’être dépouillés de vos biens, car vous saviez que vous possédiez ailleurs des richesses plus précieuses, que nul ne pourra vous ravir. » (Héb. 10.32-34, Parole vivante)

Se réjouir

Ce dernier passage nous amène à un autre élément de la réaction qui convient au chrétien qui souffre de la persécution : la joie. De nombreux passages nous disent que nous avons droit de nous réjouir en de telles circonstances.

« Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous. » (Matthieu 5.10-12)

Lorsque les apôtres ont été battus de verges sur l’ordre des chefs des Juifs, ils « se retirèrent de devant le sanhédrin, joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le nom de Jésus » (Actes 5.41).

En Actes 16, Paul et Silas furent battus illégalement et jeté en prison sans procès. Le geôlier ne les a pas seulement enfermés, il les a mis dans la prison intérieure, un endroit humide et complètement noir, où il y avait sûrement des rats, où l’on était laissé dans ses propres excréments. Il leur mit les ceps aux pieds, également – non pas une mesure de sécurité mais de torture. Les jambes étaient écartées, les pieds passés par des trous dans des blocs de bois. La personne ainsi attachée ne pouvait ni s’asseoir ni se coucher confortablement. La douleur augmentait continuellement. Compte tenu des conditions dans lesquelles Paul et Silas se trouvaient, rien n’est plus étonnant que de lire qu’ils priaient et chantaient les louanges de Dieu (Actes 16.25). Ils avaient subi de si grandes injustices qu’on s’attendrait à ce qu’ils soient remplis de colère et d’indignation. C’était le contraire.

« Bien-aimés, ne soyez pas surpris, comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver. Réjouissez-vous, au contraire, de la part que vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra. Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux. » (1 Pierre 4.12-14)

Où trouvera-t-on la force nécessaire ?

Nous ne suggérons pas qu’il est très facile d’être fidèle (et même joyeux) face à la persécution. Où trouvera-t-on la force quand ce jour arrivera et qu’on sera confronté au choix : renier Jésus, ou bien subir l’humiliation, la perte financière, la douleur physique, ou la mort afin de lui rester fidèle ?

La prière

L’apôtre Pierre avait promis de mourir avec Jésus, mais dans l’épreuve il eut peur et le renia. Il aurait dû demander humblement l’aide de Dieu. Jésus avait bien dit : « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation ; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible » (Matthieu 26.41).

Le souvenir de ce que Jésus a supporté pour nous

« Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces… lui qui a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2.21,24). Nous lui devons tout. La gratitude et la loyauté devraient remplir nos cœurs et nous donner de la force.

L’exemple des apôtres et des autres martyrs pour la foi

Les histoires de ces hommes de foi nous inspirent. Des milliers de chrétiens qui nous ont précédés donnèrent leur vie pour Jésus. Quand Polycarpe, de l’Église de Smyrne, fut arrêté, on lui dit d’adorer César et de maudire le Christ. Il répondit : « Pendant quatre-vingt-six ans j’ai servi le Christ et il ne m’a fait aucun mal. Comment alors blasphémer le roi qui m’a sauvé ? » Menacé de feu il reprit : « Tu menaces avec un feu qui brûle pour une heure et s’éteint en peu de temps. Car tu ne connais pas le feu du jugement à venir, et le feu du châtiment éternel réservé aux impies. Mais pourquoi attends-tu ? Apporte ce que tu veux. » Que nous ayons ce même courage.

Les conséquences de notre choix

Les paroles de Polycarpe nous rappellent ce qui doit nous fortifier plus que tout face à la persécution : la récompense pour la fidélité et le châtiment réservé aux « lâches », c’est-à-dire les peureux (Apocalypse 21.8). Ces conséquences sont bien éternelles :

« J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir. » (Romains 8.18)

« Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (2 Corinthiens 4.17,18)

Jésus dit :

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne. » (Matt. 10.28)

« Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? Que donnerait un homme en échange de son âme ? Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges. » (Marc 8.36-38)

B. B.
(Dans Vol. 14, No. 6)

Attitudes envers la mort

Il n’y a pas de réalité plus universelle que la mort. Nous devons faire face à la mort de personnes qui nous sont très chères, et chacun de nous doit faire face à la certitude de sa propre mort. Dans certaines cultures on évite à tout prix d’en parler ou d’y penser. C’est un sujet qui met beaucoup de gens mal à l’aise. La mort provoque souvent la peur, le désespoir, la tristesse profonde et un sens de futilité. Même ceux dont l’existence sur terre est devenue très pénible à cause de la douleur, la solitude, ou d’autres circonstances difficiles souhaitent rarement que la mort vienne plus vite. Ils s’accrochent à la vie de façon tenace. Et quand la mort frappe nos bien-aimés, on réagit tantôt avec des pleurs et d’autres manifestations de détresse émotionnelle, tantôt dans l’engourdissement, tantôt dans la colère ou l’indignation.

Sur le plan émotionnel, le chrétien peut ressentir dans un premier temps les mêmes émotions que quiconque lorsque la mort le menace ou lui arrache, surtout de façon inattendue, une personne qu’il aime. Mais quand sa foi aura repris le dessus, quelle sera son attitude à l’égard de la mort ? Jésus-Christ a-t-il changé de façon fondamentale notre manière de penser et même de réagir émotionnellement à cette réalité universelle qu’est la mort ?

Sa résurrection a tout changé

L’apôtre Paul affirma que « notre Sauveur Jésus-Christ… a détruit la mort et a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile » (2 Timothée 1.10). Le Christ a détruit, ou aboli, la mort, non en faisant que les hommes ne meurent plus, mais en démontrant que la mort n’est pas l’état final de l’homme. La résurrection de Jésus garantit la nôtre (1 Corinthiens 15.20-22). Jésus s’est montré plus puissant que la mort, et il nous dit que « l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement » (Jean 5.28,29).

Ceux qui vécurent sous l’Ancien Testament n’avaient pas cette conception claire et certaine de la vie après la mort. La souffrance de Job était aggravée par son ignorance sur ce point. Il dit :

« Un arbre a de l’espérance : quand on le coupe, il repousse, il produit encore des rejetons ; quand sa racine a vieilli dans la terre, quand son tronc meurt dans la poussière, il reverdit à l’approche de l’eau, il pousse des branches comme une jeune plante. Mais l’homme meurt, et il perd sa force ; l’homme expire, et où est-il ? Les eaux des lacs s’évanouissent, les fleuves tarissent et se dessèchent ; ainsi l’homme se couche et ne se relèvera plus, il ne se réveillera pas tant que les cieux subsisteront, il ne sortira pas de son sommeil… Si l’homme une fois mort pouvait revivre, j’aurais de l’espoir tout le temps de mes souffrances, jusqu’à ce que mon état vînt à changer. » (Job 14.7-12,14)

Job dit que l’homme n’est pas comme l’arbre qu’on abat et qui peut éventuellement repousser. Il ne croyait ni à la résurrection ni à la réincarnation. Il ne croyait pas non plus que l’homme cesse d’exister lorsqu’il meurt, mais que son existence triste dans le séjour des morts, un monde d’ombres, ne permettrait pas la sorte d’activité qui glorifie Dieu (voir Ésaïe 38.18,19). Dieu n’avait pas clairement révélé au temps de Job l’idée de la résurrection, telle que nous la connaissons dans le Nouveau Testament. L’idée s’éclaircissait quand même au cours des siècles de l’histoire juive (Daniel 12.2,3), et au premier siècle beaucoup de Juifs, tels les pharisiens, croyaient fermement à la résurrection des morts (Actes 23.8; Jean 11.23,24). Les sadducéens contestaient cette idée (Luc 20.27-38), mais l’Évangile et la résurrection de Jésus lui-même ont mis fin à ce débat pour toujours : Jésus notre Seigneur « a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile » (2 Tim. 1.10).

Il est clair que le chrétien est très béni par la victoire de Jésus sur la mort. En parlant de notre résurrection future, l’apôtre Paul écrit en 1 Corinthiens 15.54-57 :

« Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors s’accomplira la parole qui est écrite : La mort a été engloutie dans la victoire. Ô mort, où est ta victoire ? Ô mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi. Mais grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! »

Puisqu’il en est ainsi, il y a certaines réactions à la mort qui sont très répandues parmi les gens du monde, mais qui ne sont pas très raisonnables chez le chrétien.

Ed Ritchie exprime cette idée dans le cantique « Seigneur, dans ma souffrance », où le chrétien s’adresse à lui-même en ces termes :

« Âme faible et craintive,
Pourquoi donc te troubler ?
Quand tu n’es plus captive,
Comment peux-tu trembler ?
Laisse aux enfants du monde
Les soucis et les pleurs. »

Voyons donc trois attitudes ou comportements qui n’ont plus vraiment de place en nous qui sommes en Jésus-Christ.

Ne pas craindre

Avant la mort et la résurrection de Jésus, Satan avait comme arme « la puissance de la mort », mais Jésus est venu dans le monde afin « qu’il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude » (Hébreux 2.14,15). La peur de mourir opprime les hommes, mais elle les fait tomber dans de nombreux péchés, aussi. Parce qu’on a peur de mourir, on se tait quand il faudrait élever la voix pour s’opposer à l’injustice ; on reste au loin quand la compassion devrait motiver à s’approcher pour servir les malades, les prisonniers, ou ceux qui se trouvent en divers dangers. Parce qu’on a peur de la mort, on a recours aux praticiens occultes – les marabouts en Afrique de l’ouest, les guérisseurs païens en divers pays, les houngans en Haïti – et l’on commet ainsi une grave infidélité contre Dieu. Par peur de la mort, on renie son Seigneur, comme l’apôtre Pierre l’a fait (Luc 22.54-62). Toutes sortes de tentations perdent leur force quand l’homme n’a plus peur de la mort.

D’où vient cette crainte de la mort ? Peut-être qu’on a peur de l’inconnu ; peut-être qu’on a peur de perdre ce qu’on aime : ses conforts, ses proches, son activité dans le monde, les choses pour lesquelles on a tant lutté pendant sa vie ; peut-être qu’on a peur de la condamnation au dernier jugement. Le chrétien fidèle sait que, grâce au Seigneur Jésus, il a la promesse de la vie éternelle avec Dieu. « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Romains 8.1). Jésus dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement (sous la condamnation), mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5.24). Si nous croyons vraiment à cette bonne nouvelle que nous prêchons, nous pourrons avoir l’attitude exprimée par l’apôtre Paul : « Christ est ma vie, et la mort m’est un gain. Mais s’il est utile pour mon œuvre que je vive dans la chair, je ne saurais dire ce que je dois préférer. Je suis pressé des deux côtés ; j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur ; mais à cause de vous il est plus nécessaire que je demeure dans la chair » (Philippiens 1.21-24). Paul n’avait peur ni de ce que la vie lui réservait, ni de la mort. Mais à cause de sa foi aux promesses de Dieu, il était convaincu que la mort était préférable. Au lieu de l’éviter à tout prix, il était prêt à accueillir la mort avec joie quand le Seigneur déciderait que le moment était venu.

Dans un autre passage, il exprime la même confiance, celle que tout chrétien fidèle devrait démontrer dans sa vie :

« Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons sur la terre (notre corps) est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste… Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons qu’en demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur. » (2 Corinthiens 5.1,2,6)

Ne pas s’affliger comme les autres

Quand une personne que nous avons aimée vient à mourir, il est normal de ressentir de la tristesse, car nous éprouvons une sorte de perte. Même si nous ne connaissions pas intimement le défunt, la douleur que nous lisons dans les visages de ses proches peut nous toucher et faire couler quelques larmes. Quand Jésus se trouvait devant le tombeau de son ami Lazare, bien qu’il sache fort bien qu’il allait ressusciter Lazare quelques instants après, le Seigneur pleura (Jean 11.35). C’était normal : Jésus était plein de compassion. Quand Étienne, le premier martyr chrétien, fut lapidé à mort, la Bible dit que « des hommes pieux ensevelirent Étienne, et le pleurèrent à grand bruit » (Actes 8.2). C’était un homme de bien, et il avait été tué par une foule en furie pour avoir eu le courage de dire la vérité. Il était normal d’avoir un sentiment navré et amer devant une telle injustice, devant la mort gratuite d’un tel homme.

Malgré la tristesse naturelle que nous ne voulons pas rejeter, il devrait y avoir une différence profonde entre la réaction des chrétiens à l’égard de la mort de l’un des leurs et la réaction des non-chrétiens face à la mort. Paul dit en 1 Thessaloniciens 4.13 : « Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n’ont pas d’espérance. » Après avoir rassuré ses lecteurs qu’au retour de Jésus-Christ les morts ressusciteront et que nous serons toujours avec le Seigneur, il ajoute : « Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles » (1 Thessaloniciens 4.18). La mort ne représente pour nous chrétiens qu’une séparation temporaire de nos bien-aimés en Christ. En plus, nous trouvons du réconfort dans la confiance que ceux qui nous ont devancés ne souffrent pas ; au contraire, ils sont bénis : « Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent » (Apocalypse 14.13).

Tout comme notre espérance chrétienne vainc la peur, elle adoucit la tristesse.

Ne pas se fâcher

Une autre réaction à la mort qui ne devrait pas caractériser le chrétien, c’est la colère contre Dieu. Il est vrai qu’il y a des situations où Dieu fait ou permet des choses que nous ne comprenons pas, des choses qui suscitent en nous une forte douleur émotionnelle. Nous lui avons prié d’épargner la vie de notre enfant, mais l’enfant est quand même décédé. Un désastre, tel qu’une inondation ou un tremblement de terre, ou bien une guerre, a provoqué la mort de quelques dizaines de milliers de personnes, et nous nous demandons pourquoi Dieu n’est pas intervenu pour les sauver. Un conducteur soûl provoque un accident dans lequel un chrétien fidèle perd la vie, tandis que celui qui était en faute en sort indemne. Celui qui ne « mérite » pas la mort est fauché par elle ; quant à celui qui ne mérite pas de vivre ou qui n’a plus vraiment envie de vivre, il survit. Certaines personnes qui sont touchées par ces situations qui nous semblent tellement injustes se rebellent contre Dieu. Elles se fâchent contre lui et l’accusent. Une femme m’a dit tout récemment qu’elle avait perdu son père quand il n’avait que 39 ans et qu’elle était encore petite (trois ans). On lui avait dit que le Seigneur avait « pris » son papa, ce qui l’avait rendue amère envers Dieu pendant des années. Elle me disait qu’on pouvait dire que le défunt était « avec le Seigneur » mais qu’on ne devait jamais dire que le Seigneur « avait pris » la personne. Elle peut très bien avoir raison de ne pas employer certains termes avec de jeunes enfants qui, bien sûr, ne sont pas en mesure de comprendre comme des adultes. Mais une grande personne devrait reconnaître ce que dit le Créateur et le Souverain de l’univers : « Sachez donc que c’est moi qui suis Dieu, et qu’il n’y a point de dieu près de moi ; je fais vivre et je fais mourir, je blesse et je guéris, et personne ne délivre de ma main » (Deutéronome 32.39).

Gardons-nous de condamner les décisions de l’Omniscient. Nous ne savons pas ce qu’il sait. Qu’il condamne ou qu’il pardonne, qu’il bénisse ou qu’il envoie l’épreuve, nous ne sommes pas qualifiés pour lui dire qu’il a mal fait. Sa Parole nous rappelle : « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (Ésaïe 55.8,9). Non seulement Dieu est omniscient, mais il est le Créateur de toutes choses et de plein droit le Maître incontesté de l’univers. Plus que quiconque, nous les chrétiens devrions accepter son autorité et nous soumettre humblement à ses décisions. Dans un autre numéro nous avons paraphrasé ce que Dieu dit à Job, qui dans sa souffrance avait dit des choses très osées : « Job, le fait que tu souffres ne te donne pas le droit de me blâmer, et ne te dispense pas du devoir de t’approcher de moi dans l’humilité et la soumission. Je n’ai aucun besoin de me justifier devant un être humain, et je ne te donnerai pas d’explications simplement parce que tu en as réclamées. » La Bible dit en Actes 13.36 : « David, après avoir en son temps servi au dessein de Dieu, est mort [et] a été réuni à ses pères. » C’est Dieu qui décide quand une personne a fini de servir à son dessein et peut s’en aller pour recevoir sa récompense éternelle.

Mais ce n’est pas simplement parce que nous reconnaissons l’autorité de Dieu que nous pouvons accepter ses décisions concernant la vie et la mort ; nous avons, en plus, l’assurance de sa justice et de son amour. En Romains 5.8 Paul dit : « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. » Quoiqu’il arrive dans notre vie, nous pouvons être certains d’une chose : Dieu nous aime. Quand le malheur frappe, on est tenté de dire : « Pourquoi Dieu ne m’aime-t-il pas ? S’il m’aimait, il ne permettrait pas une telle tragédie dans ma vie. » Il se peut que nous ne comprenions jamais pourquoi tel événement douloureux s’est produit, mais une chose est sûre : si Dieu ne nous aimait pas, il n’aurait jamais envoyé son Fils unique pour qu’on le maltraite et l’humilie, pour qu’il souffre et meure sur une croix à notre place. Un tel amour est insondable et indéniable.

Dieu a le droit d’appeler en jugement n’importe qui à n’importe quel moment. Il n’agit pas injustement quand il le fait. Supposez que Dieu « fait mourir » un jeune chrétien qui avait devant lui, à nos yeux, toute une vie de joie et de service à rendre dans l’Église. Nous pouvons être sûrs que ce jeune ne se lamentera pas dans l’au-delà de tout ce qu’il n’a pas eu l’occasion de vivre ici sur la terre. Comme Paul l’a dit : « J’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur » (Phil. 1.23).

Pèlerins sur cette terre

Une idée qui revient souvent dans la Parole de Dieu est que nous sommes de passage dans ce monde et que nous ne devons pas trop nous y attacher. « Bien-aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme » (1 Pierre 2.11). « Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Hébreux 13.14). « Ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Philippiens 3.19,20). « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille détruisent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel… Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matthieu 6.19-21). Nous rappeler que nous sommes là pour peu de temps nous aide à fixer les yeux sur notre destination finale et à supporter les difficultés et les privations de cette vie, sachant que « les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous » (Romains 8.18).

Conclusion

Parfois, on entend quelqu’un parler d’une situation où une vie a été en danger. Si la personne n’est pas morte, même si elle a été blessée ou doit se contenter d’une santé qui sera toujours fragile, on se console en disant qu’elle a pu « éviter le pire ». Certes, il y a dans une telle situation de quoi remercier Dieu. En même temps, le chrétien devrait reconnaître que la mort n’est pas du tout « le pire » qui puisse arriver ; au contraire, elle permet au fidèle d’entrer dans un bonheur parfait et éternel. Le pire, c’est le fait de mourir dans un état de rébellion contre son Dieu. Ce n’est que dans le cas où il vit dans l’infidélité que le chrétien devrait craindre la mort. Ce n’est donc pas la mort qui est l’ennemi ; c’est le péché.

La réalité de la mort tout autour de nous devrait nous amener à vivre de telle manière que nous soyons prêts pour le jugement. La philosophie du monde est « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (1 Cor. 15.32). La philosophie des chrétiens est que la mort est pour eux un gain, mais elle leur rappelle aussi l’urgence de la mission que Dieu leur confie tant qu’ils sont sur la terre :

« Nous sommes pleins de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur. C’est pour cela aussi que nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions. Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps. Connaissant donc la crainte du Seigneur, nous cherchons à convaincre les hommes » (2 Corinthiens 5.8-11)

B. B.
(Dans Vol. 13, No. 1)

La patience et l’impatience de Job

La souffrance vient tôt ou tard dans la vie de presque chaque personne : la maladie ou l’infection qui produit la douleur physique, la perte d’un bien-aimé ou la solitude écrasante, la déception de se voir une fois de plus privé de ce qu’on a tant désiré, que ce soit un enfant, un emploi, la guérison, ou l’approbation. Certaines souffrances sont intenses mais de courte durée ; d’autres sont moins aiguës mais plus persistantes – soit elles sont là continuellement, soit elles ne cessent jamais de revenir pour nous tourmenter quand nous pensions en être délivrés.

Quand il est question de supporter avec patience la souffrance ou l’épreuve, on pense souvent à l’exemple de Job. L’Épître de Jacques le cite comme modèle : « Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job » (Jacques 5.11). Mais Job a quand même lutté avec le problème de la souffrance. Quelles leçons en a-t-il tirées ?

Permettons à la Bible (principalement la Bible en français courant) de nous raconter son histoire à partir de Job 1.1 :

« Il y avait au pays d’Uts un homme du nom de Job. Cet homme était irréprochable, droit, fidèle à Dieu et se tenait à l’écart du mal. Il était père de sept fils et de trois filles ; il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs et cinq cents ânesses, ainsi que de nombreux domestiques. C’était le personnage le plus considérable à l’est de la Palestine. »

Satan lance le défi

« Or un jour le Satan, l’accusateur, se présenta [devant Dieu]. Le Seigneur lui demanda : « D’où viens-tu donc ? »

L’accusateur répondit au Seigneur : « Je viens de faire un petit tour sur terre.

— Tu as sûrement remarqué mon serviteur Job, dit le Seigneur. Il n’a pas son pareil sur la terre. C’est un homme irréprochable et droit ; il m’est fidèle et se tient à l’écart du mal.

— Si Job t’est fidèle, répliqua l’accusateur, est-ce d’une manière désintéressée ? N’est-il pas évident que tu le protèges de tous côtés, comme par une clôture, lui, sa famille et ses biens ? Tu as si bien favorisé ce qu’il a entrepris, que ses troupeaux sont répandus sur tout le pays. Mais ose toucher à ce qu’il possède, et je parie qu’il te maudira ouvertement ! » »

Pour beaucoup de personnes, l’accusation de Satan serait exacte : c’est bien par intérêt qu’ils servent Dieu. Après tout, dans beaucoup de religions traditionnelles en Afrique et ailleurs dans le monde, on abandonne ses dieux, ses fétiches ou ses idoles, quand on n’obtient pas ce que l’on désire, et on opte pour d’autres dieux qui, eux, permettront réellement d’obtenir les bonnes récoltes, la guérison, et la protection du malheur. La fidélité dans ces cas dépend de la satisfaction des attentes de l’adorateur.

Quand, par contre, on agit d’une manière désintéressée, on fait ce qu’on fait parce qu’il est juste de faire ainsi. Il est du devoir des enfants de s’occuper de leurs parents âgés, mais il y a des enfants handicapés mentalement ou physiquement qui ne pourront jamais remplir cette fonction. Certains parents de personnes handicapées, voyant qu’ils ne pourront pas recevoir grand-chose de leurs enfants, les négligent. Cela est condamnable. D’autres, par contre, s’occupent de ces pauvres enfants avec amour et dévouement, sachant parfaitement qu’ils seront à leur charge toute leur vie et ne pourront jamais leur donner en retour. Ils s’en occupent, non par intérêt, mais parce que l’amour le demande. De même, certains enfants adultes négligent ou traitent abusivement leurs parents, surtout quand ces derniers n’ont rien à leur donner. Ils devraient les traiter avec honneur simplement parce qu’il est juste de respecter ses parents.

Dieu est, bien sûr, notre Créateur. Il est de plein droit le Souverain de l’univers. Nous devrions lui obéir et le respecter profondément parce qu’il est juste de le faire, parce qu’il en est digne, et parce que nous sommes ses créatures. Beaucoup tombent dans l’erreur d’adorer Dieu tout simplement pour recevoir ce qu’ils désirent.

L’épreuve commence

« Le Seigneur dit à l’accusateur : « Eh bien, tu peux disposer de tout ce qu’il possède. Mais garde-toi de toucher à lui-même. »

Alors l’accusateur se retira hors de la présence du Seigneur.

Un jour […] un messager arriva chez Job pour lui annoncer : « Les bœufs étaient en train de labourer, et les ânesses se trouvaient au pré non loin de là, quand des Sabéens se sont précipités sur eux et les ont enlevés, passant tes serviteurs au fils de l’épée. J’ai été le seul à pouvoir m’échapper pour t’en avertir. » »

D’autres messagers suivent le premier pour annoncer à Job qu’il a perdu d’un seul coup le reste de ses biens : ses moutons, ses chameaux et les serviteurs qui s’en occupaient.

« Puis un autre arriva pour annoncer : « Tes enfants étaient occupés à manger et boire chez leur frère aîné, quand un ouragan survenant du désert a heurté violemment les quatre coins de la maison ; les jeunes gens sont morts sous les décombres. »

Alors Job se leva, il déchira son manteau, se rasa la tête et se jeta à terre, le front dans la poussière ; il déclara : « J’étais nu quand je suis venu au monde, c’est nu aussi que je le quitterai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. Je n’ai qu’à remercier le Seigneur. »

Dans tous ces malheurs Job n’attribua rien d’injuste à Dieu. »

Voici la réaction qui fit la réputation de Job. Job reconnut que Dieu était, en fin de compte, le maître du monde et celui qui détermine les circonstances de vie de chaque être humain. Il n’accuse ni le hasard aveugle, ni les hommes (les Sabéens), ni l’injustice de Dieu. Il accepte simplement ce que Dieu a décidé.

L’épreuve se poursuit

Dans le second chapitre du livre, Satan se présente de nouveau devant Dieu, qui lui fait remarquer au sujet de Job :

« « Il m’est fidèle et se tient à l’écart du mal. Il est resté irréprochable. C’est donc pour rien que tu m’as poussé à lui faire du tort. » Mais l’accusateur répliqua : « […] Tout ce qu’un homme possède il le donnera pour sauver sa peau. Mais ose toucher à sa personne et je parie qu’il te maudira ouvertement. » Le Seigneur dit à l’accusateur : « Eh bien, tu peux disposer de lui, mais non pas de sa vie. »

Alors l’accusateur se retira hors de la présence du Seigneur. Il frappa Job d’une méchante maladie de peau, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet du crâne. Job s’assit au milieu du tas des cendres et ramassa un débris de poterie pour se gratter.

Sa femme lui dit : « Maudis Dieu, et meurs !

— Tu parles comme une femme privée de bons sens, lui répondit Job. Si nous acceptons de Dieu le bonheur, pourquoi refuserions-nous de lui le malheur ? »

Dans cette nouvelle épreuve Job ne pécha point par ses lèvres. »

Pour Job, il ne serait pas normal de se soumettre à Dieu uniquement quand il nous accorde les bonnes choses que voulons dans la vie (cf. Habacuc 3.17,18). Ce n’est pas que nous avons droit à ces choses. Nous sommes de simples créatures et ne pouvons pas exiger quoi que ce soit du Créateur. Même si nous avions eu le droit d’attendre de bonnes choses de la part de Dieu, nous aurions perdu ce droit par notre péché et notre rébellion. Et tous ont péché (Rom. 3.23). En réalité, toutes les choses agréables que Dieu nous accorde sont tout simplement des grâces que nous n’avons pas méritées.

Job réussit donc à l’épreuve. Au moins pour un temps. Mais son attitude finit par changer.

« Trois amis de Job apprirent les malheurs qui lui étaient arrivés. C’étaient Éliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama. Ils vinrent de chez eux et se mirent d’accord pour lui manifester leur sympathie et le réconforter. En le regardant de loin, ils le trouvèrent méconnaissable. Alors ils ne purent retenir leurs larmes ; ils déchirèrent leurs manteaux et jetèrent en l’air de la poussière pour s’en couvrir la tête. Puis ils restèrent assis à terre avec Job pendant sept jours et sept nuits, sans rien lui dire, tant sa souffrance leur paraissait grande. »

Cette manifestation de solidarité avec leur ami souffrant était exemplaire. En effet, nous n’avons souvent pas de paroles pour consoler les affligés, mais notre présence à leurs côtés en dit long sur notre amour. Les trois amis de Job auraient mieux fait de garder ce silence réconfortant, parce que les paroles qu’ils ont prononcées par la suite n’ont fait qu’augmenter la souffrance de Job.

« Ta souffrance prouve que tu es coupable »

Éliphaz, Bildad et Tsophar avancent plusieurs idées sur la souffrance, mais ils sont d’accord que Job souffre parce que Dieu punit ses péchés. Voilà l’idée principale dans tous leurs discours. Si Job était réellement innocent, il ne serait pas si misérable.

Voici un petit échantillon de leurs paroles :

Éliphaz : « Cherche dans ton souvenir : quel est l’innocent qui a péri ? Quels sont les justes qui ont été exterminés ? Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice en moissonnent les fruits » (4.7,8). Sous-entendu : en voyant ce que tu es en train de récolter, nous savons ce que tu as dû semer.

Bildad : « Dieu renverserait-il le droit ? Si tes fils ont péché contre lui, il les a livrés à leur péché […] Ainsi arrive-t-il à tous ceux qui oublient Dieu » (8.3,4,13).

Tsophar : « Oh ! si Dieu voulait parler, […] tu verrais alors qu’il ne te traite pas selon ton iniquité » (11.5,6). En d’autres termes, Job, tu mérites encore pire que le châtiment que tu reçois de Dieu.

Évidemment, au lieu de consoler Job, leurs fausses accusations le blessèrent davantage. Job savait au fond de lui-même qu’il ne s’était pas rebellé contre Dieu. Il n’avait pas été injuste envers ses semblables. Il avait toujours eu de la compassion pour les malheureux. Il avait été intègre et droit. Il ne peut pas admettre que ces amis aient raison. Et pourtant, il ne trouve pas d’autre explication pour ce qui lui arrive. Sauf celle-ci :

« Dieu me traite injustement ! »

Oui, sous les attaques de ses trois amis, Job, cet homme patient et pieux, perdit sa patience proverbiale et devint violent dans ses propos à l’égard de Dieu :

« Lui qui m’assaille comme par une tempête,
Qui multiplie
sans raison mes blessures,
Qui ne me laisse pas respirer,
Qui me rassasie d’amertume
[…]
Suis-je innocent, il me déclarera coupable.
Innocent ! Je le suis ; mais je ne tiens pas à la vie,
Je méprise mon existence.
Qu’importe après tout ? Car, j’ose le dire,
Il détruit l’innocent comme le coupable […]
Mais
il se rit des épreuves de l’innocent. » (9.17-23)

Job accepte le même principe que ses amis : Dieu règne sur le monde, et en tant que Juge divin, il est censé punir la méchanceté et récompenser la justice. Job, tout comme ses amis, ignore l’idée d’une résurrection d’entre les morts, d’un jugement dernier, du paradis et de l’enfer. (Ce n’est que dans le Nouveau Testament que ces vérités sont clairement révélées. Deux Timothée 1.10 nous dit que Dieu « a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile ».) Pour Job et ses amis, la justice de Dieu doit donc s’administrer du vivant de chaque personne. Voilà pourquoi la souffrance d’un homme intègre comme Job présente un si grand dilemme. Voilà pourquoi Job tire la conclusion que Dieu n’est pas juste.

Un jeune sage prend la parole

Éliphaz, Bildad et Tsophar sont tous des hommes âgés, mais un quatrième, plus jeune, les écoute et se fâche finalement de leur façon de parler à Job. Il est, en plus, choqué par les propos de Job qui dit, en effet, qu’il ne sert à rien de servir Dieu. Le jeune homme Élihu entreprend donc de défendre l’honneur de Dieu.

Il rappelle que Dieu est souverain, et qu’il n’a pas de comptes à rendre, ni à Job ni à aucun homme (33.12,13). Il fait remarquer que Dieu n’a aucun motif pour être injuste, puisqu’il n’est endetté envers personne et que l’homme n’a aucun moyen de l’intimider ou d’acheter sa faveur (34.13,19). Il suggère que si les justes deviennent victimes de l’injustice ou de l’adversité, Dieu s’en sert, pas toujours pour les punir, mais pour les avertir et les amener à s’examiner et à éviter l’orgueil (36.8-10; voir aussi 2 Cor. 12.7 où l’apôtre Paul parle d’une « écharde dans la chair » qui lui fut donnée pour l’empêcher de s’enorgueillir). Élihu recommande l’humilité à celui qui est affligé. Même quand celui qui souffre n’a pas été parmi les plus méchants, quand il est conscient d’avoir essayé de faire ce qui est juste, il devrait se dire qu’il est bien possible qu’il ait pu pécher. Il a peut-être trop aimé le monde ; sans qu’il ne s’en rende compte, il s’est peut-être trop attaché à ses biens ou à ses amis ; peut-être qu’il mettait sa confiance en ce qu’il possédait plutôt qu’en Dieu qui donne tout. Dans de tels cas, il convient à l’homme de reconnaître que Dieu a le droit de châtier, de corriger, ou d’avertir, selon le besoin ; il convient de demander à Dieu de nous apprendre ce que nous ignorons (34.31,32). Enfin, Élihu ne dit pas, comme les autres, que Job souffre parce qu’il a péché ; il lui dit plutôt : « Attention, Job. Tu pèches parce que tu souffres. C’est-à-dire dans ton affliction tu dis des choses à l’égard de Dieu et manifestes des attitudes qui ne sont pas justes. » « Garde-toi de te livrer au mal, car la souffrance t’y dispose » (36.21).

Le Tout-Puissant intervient

Finalement, vers la fin du livre, Dieu lui-même prend la parole et demande à Job : « Qui es-tu pour oser rendre mes plans obscurs à force de parler de ce que tu ignores ? Tiens-toi prêt, sois un homme : je vais t’interroger, et tu me répondras » (38.2,3). Il poursuit avec une série de questions, au moyen desquelles le Seigneur dit essentiellement à Job :

Je suis Dieu, et tu ne l’es pas. Tu n’as pas l’intelligence et le pouvoir que j’ai. Tu n’as pas créé l’univers et tu ne soutiens pas tout ce qui vit, comme je le fais. Tu n’es pas capable de maîtriser certaines de mes créatures ; à plus forte raison tu ne pourrais pas gérer le monde. C’est moi qui vois tout ce qui est caché. Tu n’es donc pas en mesure de comprendre ce que j’ai à faire, de me conseiller ou de me juger.

Job, le fait que tu souffres ne te donne pas le droit de me blâmer, et ne te dispense pas du devoir de t’approcher de moi dans l’humilité et la soumission. Je n’ai aucun besoin de me justifier devant un être humain, et je ne te donnerai pas d’explications simplement parce que tu en as réclamées.

« Alors Job répondit au Seigneur : « Je ne suis rien du tout. Que puis-je te répondre ? […] J’ai parlé d’un sujet trop ardu, je n’y comprenais rien et ne le savais pas ! […] Je reconnais avoir eu tort et m’humilie en m’asseyant dans la poussière et dans la cendre. » » (42.1-3,6)

Il faut reconnaître que malgré le reproche que Dieu a fait à Job pour ses propos trop hardis, Dieu savait que son serviteur avait quand même gardé son intégrité, et il lui a montré sa faveur. La douleur extrême, aggravée par les fausses accusations de ses amis, avait poussé Job à mal parler. Dieu lui pardonna ses propos, lui rendit la santé et la richesse, et lui donna d’autres enfants.

Ensuite Dieu reprit sévèrement les amis de Job qui avaient proclamé des faussetés à son égard. En effet, en affirmant à tort que Dieu récompense toujours et dans cette vie toutes les actions des hommes, on permet aux méchants qui jouissent de bonne santé et de prospérité de se justifier dans le mal, croyant que leurs circonstances agréables prouvent qu’ils ont l’approbation de Dieu. On révolte, par contre, la personne qui, comme Job, a essayé d’être fidèle à Dieu, mais qui se trouve dans l’affliction. Et on pousse d’autres personnes, celles qui observent les injustices dans le monde, à douter de l’existence même de Dieu, puisqu’on leur a fait croire que Dieu (s’il existait) ne permettrait jamais aux gens cruels de prospérer et aux innocents de souffrir.

Ni Job ni ses amis n’ont été mis au courant du défi de Satan et de l’épreuve dont Job faisait l’objet. Dieu n’a pas choisi de leur révéler tout cela, mais leur demandait plutôt de lui faire confiance. Nous aussi, nous ignorons souvent les raisons pour certains malheurs qui nous frappent. Nous devons nous rappeler que notre souffrance ne nous donne pas le droit d’accuser Dieu de mal faire. Mais en tant que chrétiens, nous avons des avantages par rapport à Job quand il nous faut vivre avec la souffrance.

La consolation en Jésus-Christ

Nous savons que Dieu a fixé un jour où il jugera les vivants et les morts (Actes 10.42; 17.31; 2 Thess. 1.6-10). Un jour la vraie justice sera administrée.

Nous savons que, quelle que soit la misère que nous supportions dans cette vie, nous pouvons dire avec l’apôtre Paul : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir » (Romains 8.18). La gloire éternelle attend le serviteur fidèle de Dieu, et cela change tout.

« Nous ne perdons pas courage […] parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (2 Cor. 4.16,18)

L’affliction n’est jamais agréable, certes, mais « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu », même les souffrances (Rom. 8.28). Voir aussi Jacques 1.2-4; Héb. 12.10,11; Rom. 5.3,4.

Job croyait que Dieu s’était mis à le haïr. Nous avons l’assurance que, quoi qu’il arrive, Dieu nous aime. Il l’a prouvé une fois pour toutes. « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5.8). Même quand nous ne comprenons pas ce qui nous arrive, nous ne doutons pas de l’amour de Dieu pour nous.

Jésus lui-même a souffert pour nous. Il comprend ce qu’est la douleur intense, sur le plan physique comme sur le plan émotionnel. Il ne reste pas détaché de nos souffrances et des injustices que nous subissons – il compatit (Héb. 2.14-18; 4.14-16). Il était parfaitement innocent, mais il a souffert plus que nous tous. Prenons-le donc comme modèle :

« Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l’âme découragée. » (Hébreux 12.3)

B. B.
(Dans Vol. 12, No. 3)

Le chrétien et la souffrance

Beaucoup de prédicateurs prêchent un évangile de succès, de prospérité et de bonne santé. Ils disent que Jésus a donné la victoire sur la maladie et l’échec. Il suffit d’avoir suffisamment de foi en lui, et vous aurez la solution à tous les problèmes dans votre vie.

Certainement le chrétien peut et doit confier tous ses problèmes au Seigneur. La Bible nous exhorte en 1 Pierre 5.7 : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car lui-même prend soin de vous. » Et Paul nous dit en Philippiens 4.6,7 : « Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâce. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. » Nous savons que Dieu est capable de guérir toute maladie, de résoudre tout problème, que ce soit matériel ou spirituel.

Mais, est-ce que la Parole de Dieu promet réellement que le chrétien verra se résoudre tous ses problèmes dans cette vie ? Est-ce que l’expérience des premiers chrétiens nous montre que la souffrance n’existe plus pour celui qui se donne à Dieu ? Est-ce que le message « Arrêtez de souffrir », imprimé sur des banderoles au-dessus de certains lieux de culte, est le message que le Seigneur nous a demandé de prêcher au monde ?

Les chrétiens fidèles souffrent dans cette vie.

Plusieurs exemples bibliques nous montrent que les chrétiens, tout comme le reste des hommes, tombent parfois malades. Paul dit, par exemple : « J’ai laissé Trophime malade à Milet » (2 Timothée 4.20). Épaphrodite, un autre compagnon de voyage de l’apôtre Paul, est tombé également malade. Il était près de la mort, « mais Dieu a eu pitié de lui » (Philippiens 2.25-27). Paul avait une maladie que Dieu n’a pas guérie, malgré plusieurs prières. Il fut obligé de continuer de vivre avec ce qu’il appelait son « écharde dans la chair » (2 Corinthiens 12.7). Les chrétiens comme les autres hommes subissent les effets de la vieillesse. Ils deviennent plus faibles avec l’âge, ils éprouvent les mêmes douleurs physiques que les autres. En plus des maladies, nous savons que les chrétiens ne sont pas tous épargnés quand il y a des guerres et des catastrophes naturelles telles que les tremblements de terre, les feux de brousse et les inondations.

Non seulement cela, mais le chrétien peut subir certaines souffrances, non pas malgré sa relation avec Dieu, mais plutôt parce qu’il est enfant de Dieu : il s’agit de la persécution. Jésus avait prévenu ses disciples : « Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom » (Matthieu 24.9). L’apôtre Paul énumère en 1 Corinthiens 4.11-13 quelques-unes des souffrances que lui et les autres apôtres subissaient pour le Seigneur :

« Jusqu’à cette heure nous souffrons la faim, la soif, la nudité ; nous sommes maltraités, errants çà et là ; nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains ; injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons ; calomniés, nous parlons avec bonté ; nous sommes devenus comme les balayures du monde, le rebut de tous, jusqu’à maintenant. »

Évidemment Paul n’aurait pas été trop convaincant en prêchant un évangile de succès, de prospérité et de confort sur la terre. Il souffrait trop lui-même. Et pourtant on ne trouverait pas un chrétien plus fidèle que lui.

Oui, les chrétiens peuvent aussi souffrir dans cette vie, parfois plus que les non-chrétiens.

Les souffrances ont une valeur pour le chrétien.

Mais pourquoi Dieu permettrait-il à ses enfants de souffrir dans cette vie ? Les païens ne diraient-ils pas que notre Dieu n’est pas puissant ? N’est-ce pas une honte pour Dieu quand ceux qui le servent sont dans la misère ? À quoi cela peut-il servir ?

La Bible nous assure que la souffrance peut avoir une valeur réelle dans la vie du chrétien. Paul, qui, comme nous l’avons vu, a tant souffert lui-même, a écrit ceci : « Nous savons du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8.28). Toutes choses, même la souffrance, peuvent être utilisées par Dieu pour produire du bien.

Quel bien, par exemple ?

Souvent les difficultés nous permettent de grandir spirituellement, de développer du bon caractère. Nous reconnaissons ce principe en ce qui concerne l’homme physique et intellectuel. Peut-on supposer, par exemple, qu’un sportif deviendra un athlète sans entraînement, sans sacrifices, sans abstinences pénibles, sans effort ?

1. C’est ce principe que la Bible applique à la vie spirituelle dans l’Épître de Jacques 1.2-4 :

« Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez accomplis, sans faillir en rien. »

Les épreuves peuvent donc cultiver en nous la patience ou la persévérance.

2. Elles peuvent aussi nous apprendre à compatir aux souffrances des autres. Parce que nous aussi, nous connaissons la douleur d’avoir perdu un enfant, nous sommes plus sensibles en voyant un autre parent en deuil. Parce que nous avons connu l’échec, nous pouvons consoler notre frère dans son découragement. Parce que nous vivons avec une maladie chronique, nous savons aider le voisin quand il est malade. En 2 Corinthiens 1.3,4 Paul dit :

« [Dieu] nous réconforte dans toutes nos souffrances, afin que nous puissions réconforter ceux qui passent par toutes sortes de souffrances, en leur apportant le réconfort que nous avons nous-mêmes reçu de lui. »

3. En plus de la patience et la compassion, les épreuves nous apprennent souvent l’humilité et la prière.

Il est vrai que nous devrions prier en tout moment. Quand tout va bien, nous devrions prier pour remercier Dieu, et aussi prier pour les autres. Mais parfois, surtout quand tout va bien, nous négligeons de prier. Nous pensons suffire en nous-mêmes. Quand ça ne va pas, nous voyons notre propre faiblesse, notre besoin de l’aide et de la force de Dieu.

Dieu s’était beaucoup servi de l’apôtre Paul. Il lui avait donné beaucoup de révélations. En effet, une grande partie du Nouveau Testament a été écrite par Paul. Une telle distinction aurait pu rendre un homme orgueilleux. Paul dit en 2 Corinthiens 12.7-9 :

« Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir. Trois fois j’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. »

Dieu a béni matériellement son peuple Israël, mais il était conscient du danger dans l’abondance, et il a mis les Israélites en garde de cette manière :

« Lorsque tu mangeras et te rassasieras, lorsque tu bâtiras et habiteras de belles maisons, lorsque tu verras multiplier ton gros et ton menu bétail, s’augmenter ton argent et ton or, et s’accroître tout ce qui est à toi, prends garde que ton cœur ne s’enfle, et que tu n’oublies l’Éternel ton Dieu… Garde-toi de dire en ton cœur : Ma force et la puissance de ma main m’ont acquis ces richesses. Souviens-toi de l’Éternel, ton Dieu, car c’est lui qui te donnera la force pour les acquérir. » (Deutéronome 8.12-14,17,18)

Que ce soit la maladie ou la pauvreté, les difficultés nous rappellent que tout ne dépend pas de nous, que Dieu seul est la source de vie et de tout ce qui est bien.

4. Les souffrances peuvent aussi nous empêcher de nous attacher trop à ce monde d’ici-bas. Il est vrai que le monde offre des plaisirs et des conforts. Mais les biens spirituels que Dieu veut nous donner sont d’une infiniment plus grande valeur. Ils sont éternels ; ils sont célestes. Quand nous n’avons pas de douleur, aucun sujet de tristesse, aucune difficulté, nous risquons de nous contenter de ce qui est moins bon, c’est-à-dire les conforts de cette vie terrestre. Les problèmes dans notre vie fixent nos regards sur la vie éternelle avec Dieu, là où « il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu » (Apocalypse 21.4). C’est pour cela que nous ressemblons à Abraham et les autres patriarches de la Bible, qui ont quitté leur patrie parce qu’« ils en désiraient une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité » (Hébreux 11.16). Paul dit aux Philippiens que certaines personnes « ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Philippiens 3.19,20). Si le chrétien est séduit par la vie de ce monde, il n’aura plus les yeux fixés sur son objectif céleste et ne l’atteindra plus. La souffrance rend la vie sur terre moins séduisante.

Nous voyons donc que la souffrance n’est pas mauvaise en elle-même. Comme le médicament qui a un très mauvais goût, mais qui soigne efficacement une maladie, la souffrance est certes désagréable, mais elle peut nous faire du bien. Comme dit l’auteur de l’Épître aux Hébreux en parlant du châtiment : « Il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse et non de joie ; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice » (Hébreux 12.11). Tout dépend de notre réaction. On dit que le même soleil qui fond la cire endurcit l’argile. La même épreuve peut rendre une personne rebelle et amère, et faire qu’une autre personne apprenne à mettre sa confiance en Dieu, à compatir aux souffrances des autres, à persévérer dans la foi et à s’attacher à son espérance d’aller au ciel.

La Bible parle de plusieurs autres valeurs de l’épreuve, mais il est évident que ce n’est pas par manque d’amour que Dieu nous permet parfois de souffrir. Il veut toujours ce qui est bien pour nous. Or, ce qui est bien est ce qui nous rapproche de Dieu ; ce qui est mal, c’est ce qui nous éloigne de Dieu. Ce qui est difficile et douloureux peut nous aider, et ce qui est facile et agréable peut nous perdre. Nous devons donc faire confiance à Dieu en toute circonstance.

La fin des souffrances pour le chrétien viendra s’il tient bon.

Les épreuves de celui qui ne connaît pas Jésus peuvent toujours améliorer son caractère, mais seul le chrétien a la promesse d’une fin définitive à toute souffrance. Cette assurance est exprimée par Paul, qui dit en Romains 8.18 : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. » Il dit aux Corinthiens :

« C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (2 Corinthiens 4.16-18)

Qu’est-ce que Dieu veut faire pour nous ? Il veut notre salut. Il veut enlever la séparation que le péché a dressée entre nous et lui, afin que nous soyons avec lui éternellement. Si Dieu permet au chrétien de connaître les afflictions, parfois très dures, ce n’est pas parce qu’il n’est pas tout-puissant ; ce n’est pas qu’il ne s’intéresse pas à nos problèmes. C’est parce que dans sa sagesse et son amour, il fait ce qui peut nous préparer pour une gloire éternelle.

B. B.
(Dans Vol. 6, No. 4)