Qui règne sur le monde?

Les hommes sont loin d’être tous d’accord sur la question de qui règne sur ce monde dans lequel nous vivons. Tandis que les uns affirment avec confiance que Jésus règne, d’autres ne sont pas convaincus. Parfois cela se manifeste dans leurs doctrines. Par exemple, certaines dénominations enseignent que Jésus ne régnera qu’à son retour. Pour ces personnes, le fait qu’il y a encore des souffrances et de l’injustice prouve que ce n’est pas le Seigneur qui règne actuellement.

Parfois le doute que Jésus règne se manifeste dans la crainte et dans la tentation de se tourner vers d’autres puissances pour résoudre ses problèmes. Ceux qui ne croient pas que Dieu règne sur le monde en Jésus-Christ ont souvent peur d’être les victimes des sorciers, des mauvais sorts, des ancêtres, des démons. Pour se protéger, ils cherchent une puissance. Si l’on ne croit pas que la puissance de Jésus soit disponible, on risque de mettre sa confiance dans la magie ou d’autres pratiques animistes.

Selon Satan lui-même, la puissance et la gloire de tous les royaumes lui appartiennent. Il dit : « Elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux » (Luc 4.5,6). En plus, Jésus l’a, à plusieurs reprises, appelé par le titre « le prince de ce monde » (Jean 12.31; 14.30; 16.11). L’apôtre Paul aussi l’appelle « le dieu de ce siècle » (2 Corinthiens 4.4) et « le prince de la puissance de l’air » (Éphésiens 2.2). Règne-t-il réellement sur notre monde en tant que « prince » ?

Nous chantons à Dieu : « Toi qui disposes de toutes choses et nous les donnes chaque jour… » Ou encore : « Avant son retour, glorifions-le ; c’est Jésus qui est le roi. » Mais qu’en est-il ? Est-ce Satan ou Dieu qui dispose de toutes choses ? Est-ce Satan ou Jésus qui a droit au titre de Prince et Roi ? Qui règne sur le monde ?

I. Dieu a l’autorité sur les nations pour établir des rois et les enlever du pouvoir.

Selon l’apôtre Paul, Dieu gouverne dans les affaires de tous les hommes et de leurs royaumes, « ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leurs demeures » (Actes 17.26).

Le prophète Daniel a beaucoup insisté sur cette activité de Dieu dans le monde. Il dit :

« Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité ! […] C’est lui qui change les temps et les circonstances, qui renverse et qui établit les rois […] Le Très-Haut domine sur le règne des hommes, il le donne à qui il lui plaît, et il y élève le plus vil des hommes. » (Daniel 2.20,21; 4.17)

En parlant à Nebuchadnetsar, le grand roi babylonien, Daniel dit :

« Ô roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t’a donné l’empire, la puissance, la force, et la gloire ; il a remis entre tes mains […] les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t’a fait dominer sur eux tous. » (Daniel 2.37,38)

Il est vrai qu’en se basant uniquement sur les apparences, on ne dirait pas toujours que c’est Dieu qui ait exalté tel peuple ou tel roi. Même les peuples et les rois en question ne reconnaissent pas toujours Dieu. Ce fut le cas de l’Empire assyrien que Dieu a employé pour punir son peuple Israël. Par le prophète Ésaïe, Dieu a déclaré :

« Malheur à l’Assyrien, verge de ma colère ! […] Je l’ai lâché contre une nation impie, je l’ai fait marcher contre le peuple de mon courroux, pour qu’il se livre au pillage et fasse du butin […] Mais il n’en juge pas ainsi, et ce n’est pas là la pensée de son cœur ; il ne songe qu’à détruire […] Mais, quand le Seigneur aura accompli toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, je punirai le roi d’Assyrie pour le fruit de son cœur orgueilleux […] Car il dit : C’est par la force de ma main que j’ai agi, c’est par ma sagesse, car je suis intelligent. » (Ésaïe 10.5-7,12,13)

En Romains 13.1 le Nouveau Testament aussi soutient l’idée que c’est Dieu qui met des hommes au pouvoir :

« Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. »

Que les rois et les gouvernements le sachent ou pas, c’est Dieu qui les exalte au pouvoir, et c’est Dieu qui les enlève de leurs positions d’autorité.

II. La richesse et la gloire des royaumes appartiennent à Dieu.

Au temps du roi David, le peuple et le roi ont fait de riches offrandes volontaires pour la construction du temple de l’Éternel. Ils ont reconnu, pourtant, que si Dieu ne les avait pas bénis, ils n’auraient pas eu de quoi lui offrir en retour. À cette occasion David pria ainsi :

« À toi, Éternel, la grandeur, la force et la magnificence, l’éternité et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre t’appartient […] C’est de toi que viennent la richesse et la gloire, c’est toi qui domines sur tout. » (1 Chroniques 29.11,12)

Beaucoup plus tard les Juifs construisaient un autre temple pour remplacer le premier qui avait été démoli par les Babyloniens. Cette deuxième maison de Dieu commença de manière beaucoup plus modeste. Mais par le prophète Aggée, Dieu rassura son peuple que ce temple aussi serait magnifique. Ayant à sa disposition toutes les richesses des nations, Dieu était capable de le rendre glorieux.

« J’ébranlerai toutes les nations ; les trésors de toutes les nations viendront, et je remplirai de gloire cette maison, dit l’Éternel des armées. L’argent est à moi, et l’or est à moi, dit l’Éternel des armées. » (Aggée 2.7,8)

III. C’est Dieu qui dispense les bonnes choses dans la vie.

« Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. » (Jacques 1.17)

« [Dieu] donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses. » (Actes 17.25)

« Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. » (1 Timothée 6.17)

Il est vrai qu’uniquement ceux qui cherchent premièrement le royaume et la justice de Dieu ont sa promesse que les nécessités de la vie leur seront données (Matt. 6.33). Mais il est aussi vrai que Dieu n’accorde pas ses bénédictions dans ce monde aux seuls justes. « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matt. 5.45). Le fait qu’on jouit des bénédictions temporelles n’est pas une preuve de la faveur de Dieu. Ce qu’il faut reconnaître est que c’est Dieu qui nous donne ce qui est bien, que nous en soyons dignes ou pas. C’est cette vérité que la nation d’Israël au temps d’Osée ne reconnaissait pas. Dieu dit à son sujet : « Elle n’a pas reconnu que c’était moi qui lui donnais le blé, le moût et l’huile ; et l’on a consacré à Baal l’argent et l’or que je lui prodiguais » (Osée 2.10).

(Avant de continuer, faisons une distinction entre la prospérité accordée par Dieu dans sa bonté, et la richesse obtenue injustement par le vol, l’oppression, ou la fraude. Au lieu de dire que Dieu « donne » l’argent à celui qui le vole, disons que Dieu lui permet de l’obtenir, mais qu’il l’appellera en jugement pour ses mauvais actes. Ajoutons que Dieu est capable d’enlever à l’injuste ce qu’il a obtenu et de le donner à l’homme qui lui plaît – Ps. 127.1,2; Eccl. 5.12,13).

IV. C’est Dieu qui place des limites sur Satan.

Nous ne nions pas ici toute activité de Satan dans le monde. Mais la rébellion de Satan et de ses anges n’enlève rien à la souveraineté de Dieu. Satan ne peut faire que ce qui lui est permis par Dieu.

Un exemple très clair nous est donné dans le livre de Job. Satan avait mis en doute l’intégrité de Job, un serviteur fidèle de Dieu. Il prétendit que Job était un homme juste seulement par intérêt matériel. Il affirmait que Job maudirait Dieu en face si Dieu le laissait souffrir. Pour prouver donc l’intégrité de Job, Dieu permit à Satan premièrement de lui enlever sa famille et tous ses biens. Mais c’est Dieu qui fixa les limites : « L’Éternel dit à Satan : Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre ; seulement, ne porte pas la main sur lui » (Job 1.12). Plus tard, Satan demanda le droit d’aller plus loin, et de mettre la main sur Job. Dieu permit alors à Satan de lui enlever sa santé. Mais encore, ce fut Dieu qui définit les limites que Satan ne devait pas dépasser. « Voici, je te le livre : seulement, épargne sa vie » (Job 2.6).

En ce qui concerne ses enfants aujourd’hui, Dieu continue de limiter l’action de Satan. Paul dit en 1 Corinthiens 10.13 : « Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. »

V. Dieu a remis toute autorité, non à Satan, mais à Jésus.

« Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. » (Matthieu 28.18)

Ayant parlé de l’infinie grandeur de la puissance de Dieu, Paul dit que Dieu

« … l’a déployée en Christ, en le ressuscitant des morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, et toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds. » (Éph. 1.20-22)

Un roi s’assoit sur son trône pour juger, pour faire un décret, pour recevoir des ambassadeurs, bref, pour exercer son règne. Dans ce passage, comme dans plusieurs autres où il est dit que le Christ s’est « assis » (Actes 2.34-36; Col. 3.1; Héb. 1.3; 10.12), Jésus est présenté comme assis parce qu’il règne déjà. Il « est à la droite de Dieu, depuis qu’il est allé au ciel, et que les anges, les autorités, et les puissances lui ont été soumis » (1 Pi. 3.22). Jésus est maintenant « le prince des rois de la terre » (Apoc. 1.5; cf. 2.26,27).

Conclusion

Malgré le péché qui existe, la Bible enseigne clairement que c’est Dieu qui a toujours régné sur le monde. C’est de lui que viennent le pouvoir, les richesses et la gloire. Et c’est à Jésus que le Père a donné l’autorité de disposer des nations et de donner leur gloire à qui il veut.

Que faire donc des prétentions de Satan, les promesses qu’il fit à Jésus ? Reconnaissons qu’il est menteur et le père du mensonge (Jean 8.44). Il promettait ce qui ne lui appartenait pas.

Et le titre de « prince de ce monde » que même Jésus lui attribua ? Pourquoi Jésus l’appela-t-il ainsi si Satan n’est pas prince ? Cette expression est sûrement employée dans le même sens que « le dieu de ce siècle » que nous trouvons en 2 Corinthiens 4.4. Il est appelé « dieu » seulement parce que des hommes le traitent comme s’il était Dieu. On lui donne, à tort, l’honneur qui est dû à Dieu seul. De même, ceux de ce monde perdu le suivent comme leur prince. Mais c’est un usurpateur, et il ne réussira pas. Sa rébellion sera écrasée, et lui avec tous ses partisans seront punis.

Et les apparences ? Il semble si souvent que l’injustice triomphe. Ce fait prouve-t-il que Jésus ne règne pas encore ? Si oui, l’existence du péché serait aussi la preuve que Dieu n’a jamais régné. Or, Psaume 29.10 dit le contraire : « L’Éternel était sur son trône lors du déluge ; l’Éternel sur son trône règne éternellement » – même lorsque l’iniquité des hommes avait atteint le point où « toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal » (Gen. 6.5).

Pourquoi Dieu permet-il que l’injustice existe ? D’abord on peut dire que Dieu est patient même avec les méchants, et il leur donne parfois du temps pour se repentir (2 Pierre 3.9). Parfois il permet les souffrances et les tentations afin d’éprouver ses serviteurs (1 Pierre 1.6,7). Mais d’autres fois il agit à la vue de tous pour exécuter la justice et punir les rebelles (Luc 19.41-44).

Ce n’est pas à nous de dire à Dieu comment il doit exercer son règne (Romains 9.20-23; 11.33-36). Mais reconnaissons que c’est bien lui qui règne et que Jésus est le Roi des rois.

B. B.
(Dans Vol. 4, No. 5)