Le nom de Dieu n’est pas magique

Les hommes s’approchent souvent de leurs dieux munis surtout de rites. L’attitude de leur cœur n’a pas trop d’importance pour eux. Pour obtenir le résultat qu’ils désirent, il suffit de prononcer les mots prescrits, offrir le sacrifice nécessaire, se servir de certains objets sacrés, respecter les tabous et totems, apporter l’argent qui est demandé, suivre la procédure ordonnée. C’est un système où l’on ne tient pas compte d’une relation personnelle entre l’homme et son dieu. L’amour, la sincérité, l’humilité, et la soumission du cœur ne comptent pas. C’est plutôt l’extérieur qui est accentué.

Mais il n’en est pas ainsi pour le Dieu des chrétiens. Jésus dit en Matthieu 22.37,38 :

« Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. »

Dans l’Ancien Testament nous voyons qu’il arrivait aux Israélites de penser comme leurs voisins païens. Ils voulaient parfois forcer la main de l’Éternel, l’obliger en quelque sorte à leur accorder sa protection, sans pourtant lui donner leur cœur. Mais Dieu n’a jamais été satisfait d’une religion purement externe. En se plaignant de l’attitude des Israélites, Dieu dit : « Ce peuple […] m’honore de la bouche […], mais son cœur est éloigné de moi, et la crainte qu’elle a de moi n’est qu’un précepte de tradition humaine » (Ésaïe 29.13). Jésus reprend le même thème en Luc 11.39 :

« Vous, pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et votre intérieur est plein de rapine et de méchanceté. »

Deux exemples dans l’Ancien Testament nous montrent cette faute chez le peuple d’Israël. C’est une faute qui est également un problème pour beaucoup d’hommes de nos jours.

En 1 Samuel 4 nous voyons l’armée des Philistins rangée en bataille contre les Israélites. Le combat s’engage et Israël est battu par son ennemi. Rentrés au camp, les anciens d’Israël se demandent pourquoi l’Éternel les laissa battre ce jour-là par les Philistins. Mais au lieu de s’examiner pour trouver leur offense, ils décident d’envoyer chercher l’arche de l’alliance. (Ce coffre sacré qui contenait les tables de la Loi était le symbole de l’alliance de Dieu avec Israël. L’arche symbolisait la présence de Dieu avec son peuple. C’était l’objet le plus sacré du culte de cette époque.) Ayant l’arche avec eux, les Israélites sont convaincus que Dieu ne permettra pas une deuxième défaite.

Mais on ne peut pas forcer la main de Dieu, même à l’aide de l’objet le plus sacré que l’homme ait jamais fabriqué. Le lendemain la victoire des Philistins est totale. Ils s’emparent même de l’arche de Dieu.

Le chapitre suivant nous dit comment Dieu manifesta sa puissance contre les Philistins. Après sept mois ils retournèrent aux Israélites l’arche de l’Éternel. Leur victoire n’avait pas été due à la faiblesse de Dieu, mais à la faute de son peuple. L’arche n’était pas magique et sa présence chez le peuple de Dieu ne voulait rien dire quand le cœur de ce peuple n’était pas tourné vers lui.

Des siècles plus tard, les hommes de Juda pensaient de la même manière à l’égard du temple de Jérusalem. La ville ne peut pas tomber entre les mains des païens qui la menacent, se disaient-ils ; l’édifice où réside l’Éternel s’y trouve. Mais Dieu leur dit par le prophète Jérémie qu’ils se trompaient.

« Mais voici, vous vous livrez à des espérances trompeuses, qui ne servent à rien. Quoi ! Dérober, tuer, commettre des adultères, jurer faussement, offrir de l’encens à Baal, aller après d’autres dieux que vous ne connaissez pas ! Puis vous venez vous présenter devant moi, dans cette maison sur laquelle mon nom est invoqué, et vous dites : Nous sommes délivrés ! Et c’est afin de commettre toutes ces abominations ! » (Jérémie 7.8-10)

Le temple et les rites qui s’y accomplissaient ne pouvaient guère prendre la place de la justice, la compassion, la pureté morale. Et Dieu livra Juda, Jérusalem, et son temple à la destruction.

Le Nouveau Testament aussi nous parle de certains hommes qui essayèrent de se servir de la puissance du Seigneur sans avoir une relation personnelle avec lui. Ils pensaient que le simple nom de Jésus avait un pouvoir magique. Ils ont été déçus :

« Quelques exorcistes juifs ambulants essayèrent d’invoquer sur ceux qui avaient des esprits malins le nom du Seigneur Jésus, en disant : Je vous conjure par Jésus que Paul prêche. Ceux qui faisaient cela étaient sept fils de Scéva, Juif, l’un des principaux sacrificateurs. L’esprit malin leur répondit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes vous ? Et l’homme dans lequel était l’esprit malin s’élança sur eux, se rendit maître d’eux, et les maltraita de telle sorte qu’ils s’enfuirent de cette maison nus et blessés. » (Actes 19.13-16)

Le nom de Jésus représente Jésus lui-même, son pouvoir, sa protection, sa présence (voir Actes 4.10). Mais ce n’est pas le fait que l’on invoque ou prononce ce nom qui pousse le Seigneur à agir. Il faut lui donner d’abord son cœur et sa vie. Ses promesses sont pour ceux qui l’aiment.

Les hommes continuent de se confier aux formes extérieures en ce qui concerne Dieu. Au lieu de lui dire ce qui est dans le cœur, ils répètent des dizaines de fois des prières déjà composées. Souvent ils ne comprennent même pas ce qu’ils disent. Au lieu de réfléchir au sens de la mort du Christ, ils font le signe de la croix, sans penser. Au lieu de laisser au Christ une place dans leur cœur, ils affichent son image dans leur chambre. Même quand il s’agit de ce qui est recommandé par les Écritures – le nom « chrétien », l’appartenance à l’Église que Jésus a bâtie, l’immersion pour le pardon des péchés, l’observance du repas du Seigneur – la valeur dépend de l’état de notre cœur. Il est possible de manger le pain et de boire le vin chaque dimanche ayant le cœur « éloigné de Dieu ».

Dieu a toujours cherché en nous « un amour venant d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère » (1 Timothée 1.5). Le Seigneur désire une vraie communion avec nous. « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apocalypse 3.20).

B. B.
(Dans Vol. 1, No. 1)