N’aimez pas le monde

De nombreux passages dans la Bible nous mettent en garde concernant ce qu’elle appelle « le monde » :

« N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. » (1 Jean 2.15)

« Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde. » (Romains 12.2, FC)

« … en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise. » (2 Pierre 1.4)

Jésus dit au sujet de ses disciples : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17.16).

Évidemment, dans ces passages « le monde » ne signifie pas tout simplement « les êtres humains », comme en Jean 3.16, qui nous rappelle que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». Très souvent, le terme se réfère plutôt à la société humaine dans la mesure où elle est éloignée de Dieu, organisée selon de fausses valeurs, dirigée par de mauvais désirs, animée par l’orgueil humain et l’égoïsme ; c’est une humanité qui a abandonné la volonté du Dieu qui l’a créée. Le monde est aussi l’ensemble de choses matérielles et de plaisirs passagers qui séduisent l’homme et l’éloignent de Dieu. Voilà pourquoi Jean dit : « Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1 Jean 2.15).

Quelques fausses valeurs du monde

L’espace ne permettra pas d’examiner en profondeur toutes les mentalités et tous les comportements de ce monde corrompu, mais l’apôtre Jean identifie pour nous trois catégories principales :

« Tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. » (1 Jean 2.16)

Les gens du monde sont à la recherche de plaisirs charnels. Que ces plaisirs soient liés au sexe, à l’alcool ou la drogue, ou au luxe, le monde se rebelle contre tout ce qui peut entraver cette recherche. Malgré la loi de Dieu qui n’autorise les rapports sexuels que dans le mariage qui unit un homme et une femme pour la vie, le monde se donne à la pornographie, la prostitution, l’adultère, l’homosexualité, l’inceste, et les rapports entre célibataires. Du moment que c’est « consensuel », on estime que les partenaires sexuels ont le droit de faire ce qui leur plaît. Comme c’est généralement le cas avec les raisonnements mondains, Dieu n’y figure même pas. Malgré les effets néfastes de l’alcool ou de la drogue sur les comportements ou la santé, le monde condamne comme « rabat-joie » celui qui recommande l’abstinence. Les luxes les plus coûteux et les aliments les plus raffinés sont justifiés par les hommes du monde par toutes sortes de raisonnements : « Tout le monde a droit au bonheur. » « On ne vit qu’une seule fois. » « Mon argent m’appartient, et j’en ferai ce que je veux. Cela ne regarde que moi. »

La convoitise des yeux correspond très souvent à l’amour de l’argent. Ce n’est pas seulement le désir du luxe, du confort et du plaisir dont nous venons de parler. L’homme du monde cherche en l’argent la sécurité, ne voulant pas reconnaître que Dieu est le seul vrai refuge.

« Veux-tu poursuivre du regard ce qui va disparaître ? Car la richesse se fait des ailes, et comme l’aigle, elle prend son vol vers les cieux. » (Proverbes 23.5)

Paul dit en 1 Timothée 6.17 :

« Recommande aux riches du présent siècle… de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu. »

Les gens du monde s’attachent à l’argent également pour s’en vanter. Ce n’est pas parce qu’on en a besoin que l’on s’acquiert des maisons grandioses, des bijoux et des habits de la haute couture ; c’est très souvent pour s’en glorifier ou pour impressionner les autres. Paul dit : « Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux » (1 Timothée 6.17).

Cela nous amène au troisième élément de « ce qui est dans le monde » : l’orgueil de la vie. Cet esprit crée une sorte de rivalité avec les autres. L’orgueilleux ressent du plaisir, non pas dans le fait qu’il est riche, ou beau, ou intelligent, ou fort, ou célèbre, ou influent, ou sportif, ou même juste, mais dans la pensée qu’il est plus riche, beau, intelligent, fort, célèbre, influent, ou juste que d’autres personnes. L’homme mondain s’intéresse à ce qui lui permet de s’exalter par rapport aux autres. On se glorifie du pays où l’on est né, comme si l’on avait choisi d’y naître. On se glorifie pour avoir supporté l’équipe gagnante dans un match sportif, comme si l’on était l’un des joueurs. On se glorifie d’avoir acquis un téléphone ou autre gadget de dernier cri, comme si on l’avait inventé soi-même. L’essentiel, c’est d’être en quelque sorte au-dessus de son prochain.

Cette même caractéristique fait que l’homme du monde n’aime souvent pas qu’on lui parle de Dieu, car la pensée de Dieu lui rappelle qu’il est petit, faible, pécheur, ignorant, mortel, et surtout qu’il devrait soumettre sa volonté à celle de son Créateur. Il a été dit que l’orgueil conduit à tous les autres péchés et que c’est l’attitude la plus opposée à Dieu qui puisse exister.

La nécessité de rompre d’avec le monde

Dans la poursuite des convoitises de la chair et des yeux, et de tout ce qui nourrit son orgueil, l’homme ne cesse de se compromettre. Il abandonne son intégrité et pratique le mensonge et la corruption. Il ne respecte pas ses engagements. Il se prostitue en adorant des esprits ou des idoles. Il se laisse dominer par ses passions, que ce soit la colère ou le désir sexuel. Il suit la dernière mode sans jamais se demander si elle est digne d’être suivie. Il se rend esclave de ce qui promet le plaisir (mais qui finit par tuer), de ce que les autres pensent (même s’ils n’ont pas son bien-être à cœur), et de ce qu’il veut posséder (mais qu’il ne peut conserver que pour peu de temps).

Le diable n’a pas besoin de prendre une personne dans tous les pièges de ce monde – une seule approche peut suffire pour tuer en elle le vrai amour de Dieu. « Infidèles que vous êtes ! Ne savez-vous pas qu’être ami du monde, c’est être ennemi de Dieu ? » (Jacques 4.4, FC).

Dans l’Ancien Testament Dieu voulait que son peuple, le peuple d’Israël, soit différent de tous les autres. À maintes reprises il dit : « Vous serez saints, car je suis saint » (Lév. 11.44,45; 19.2; 20.7). À maintes reprises il dit à son peuple de ne pas agir comme les nations qu’il chassa du pays de Canaan (Lév. 10.9-11; 15.31; 20.23,26; Deut. 7.1-6; 12.29-31.) Il adresse la même sorte d’exhortation aux chrétiens :

« Sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. » (2 Cor. 6.17)

« Ne vous conformez pas au monde, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence. » (Rom. 12.2)

« Soyez irréprochables et purs, des enfants de Dieu irrépréhensibles au milieu d’une génération perverse et corrompue, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde. » (Phil. 2.15)

« Vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leurs pensées… ayant perdu tout sentiment, ils se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce d’impureté, jointe à la cupidité. Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris Christ. » (Éph. 4.17,19,20)

Un rôle des sacrificateurs sous l’ancienne alliance était celui d’enseigner au peuple ce qui pouvait le souiller aux yeux de Dieu.

« Vous éloignerez les enfants d’Israël de leurs impuretés, de peur qu’ils ne meurent à cause de leurs impuretés, s’ils souillent mon tabernacle qui est au milieu d’eux. » (Lév. 15.31)

Quand nous évangélisons, nous devons chercher à « éloigner les hommes de leurs impuretés », c’est-à-dire leur enseigner la nécessité de se repentir du péché, de rompre d’avec les valeurs et le style de vie du monde (Actes 2.38; 3.19; 14.15; 17.30; 24.25). De même, ceux qui enseignent l’Église ne doivent pas manquer de rappeler aux chrétiens l’importance de se maintenir dans la pureté :

« Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière ! Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. Examinez ce qui est agréable au Seigneur ; et ne prenez point part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les. » (Éph. 5.8-11)

Le danger de retourner à la vie du monde

Non seulement il faut, lors de la conversion, une rupture d’avec le monde ; il faut par la suite une vigilance continuelle pour que le monde ne nous séduise pas de nouveau. On ne serait pas les premiers chrétiens à rechuter. Paul dit au sujet de l’un de ses compagnons dans l’œuvre de Dieu : « Démas m’a abandonné, par amour pour le siècle présent » (2 Tim. 4.10). En expliquant ce que représente le sol où se trouvaient les épines dans la Parabole du Semeur, Jésus dit :

« Celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole, mais en qui les soucis du siècle [le monde] et la séduction des richesses étouffent la parole, et la rendent infructueuse. » (Matt. 13.22)

Et Pierre donne cet avertissement aux chrétiens :

« En effet, si, après s’être retirés des souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière condition est pire que la première. » (2 Pi. 2.20)

Il y a des chrétiens qui perdent leur récompense céleste parce qu’ils se laissent égarer par de fausses doctrines (2 Jean 7-9). Il y en a d’autres qui rechutent parce qu’ils sont séduits par le monde et s’engagent de nouveau dans le péché. Il faut que l’Église mette continuellement ses membres en garde et que les chrétiens individuels soient vigilants. Quand Satan voulait tenter Jésus de se détourner de la volonté du Père, il « lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores » (Matt. 4.8,9). Nous devons comprendre que le diable emploiera des tactiques similaires pour nous empêcher de porter du fruit pour Dieu et pour nous perdre éternellement.

Comment le monde nous influence

Dieu ne veut pas que nous soyons totalement isolés du monde, enfermés dans des monastères ou retirés comme des ermites. Jésus dit que nous devons être comme « le sel du monde » ou « la lumière du monde » (Matt. 5.13-16). Le sel doit entrer en contact avec la nourriture pour avoir son effet ; la lumière doit se trouver là où elle peut éclairer les hommes. Ayant reconnu que ses disciples n’étaient pas du monde, Jésus pria Dieu à leur sujet : « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal » (Jean 17.15).

Étant donc encore dans le monde, nous devons être conscients des diverses manières par lesquelles nous risquons d’être influencés et amenés à nous conformer aux habitudes du monde.

Les amis que nous fréquentons

« Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies sont la ruine d’une bonne conduite. » (1 Cor. 15.33, FC)

« Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs. » (Ps. 1.1)

Nous devons avoir le discernement pour reconnaître nos propres faiblesses. Il y a des personnes qui nous amènent facilement à nous compromettre, à ignorer nos convictions chrétiennes, à tomber de nouveau dans les vices que nous avons rejetés. Il vaut mieux éviter ces personnes-là si nous nous laissons influencer vers le mal au lieu de les influencer pour le bien.

L’attrait du plaisir

« Qu’il n’y ait ni impudique ni profane comme Ésaü, qui pour un mets vendit son droit d’aînesse. » (Héb. 12.16)

Moïse « préféra être maltraité avec le peuple de Dieu plutôt que de jouir des plaisirs momentanés du péché » (Héb. 11.25).

Il ne faut pas nous mentir : le péché offre des plaisirs ; il y a bien un appât, quelque chose qui nous attire au monde. Mais le plaisir est très passager, et l’hameçon est mortel.

L’intimidation

Le monde sait manier la carotte et le bâton. Tout en nous proposant des plaisirs charnels et de quoi satisfaire à notre orgueil, il nous menace du mépris, du rejet, voire de la persécution si nous restons dans la voie de Dieu.

« C’est assez, en effet, d’avoir dans le temps passé accompli la volonté des païens, en marchant dans la dissolution, les convoitises, l’ivrognerie, les excès du manger et du boire, et les idolâtries criminelles. Aussi trouvent-ils étrange que vous ne vous précipitiez pas avec eux dans le même débordement de débauche, et ils vous calomnient. » (1 Pi. 4.3,4)

« Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. » (2 Tim. 3.12)

« Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait… S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. » (Jean 15.18-20)

La culture

Il nous est parfois difficile de reconnaître l’influence du monde sur nous, parce que nous sommes immergés en quelque sorte dans la pensée mondaine ; sa propagande est continuelle. Elle se présente à nos sens chaque fois que nous nous promenons dans la rue, que nous ouvrons un poste de radio ou de télévision, que nous lisons un journal ou une revue, que nous branchons un ordinateur ou jetons un coup d’œil sur l’écran d’un smartphone, que nous écoutons de la musique moderne, etc. Le barrage de raisonnements non chrétiens et de séductions charnelles ne cesse jamais. Il n’est pas surprenant que la Bible dit : « Le monde entier est sous la puissance du malin » (1 Jean 5.19).

Soyons donc conscients du danger d’être victimes du lavage de cerveau que le monde veut opérer sur nous. Choisissons de nourrir notre esprit plus souvent de la Parole de Dieu et de méditer ses préceptes.

« Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? En se dirigeant d’après ta parole… Je serrai ta parole dans mon cœur afin de ne pas pécher contre toi. » (Ps. 119.9,11)

Choisissons de fréquenter davantage des hommes spirituels, à l’exemple des premiers chrétiens qui « étaient chaque jour tous ensemble » (Actes 2.46). Choisissons de ne servir qu’un seul Maître, car « vous ne pouvez servir Dieu et Mamon » (Matt. 6.24). Acceptons la réalité que ce monde n’est pas chez nous – nous sommes des pèlerins, des gens qui sont de passage (1 Pi. 2.11; Héb. 11.13-16; Phil. 3.19-21) ; il est donc attendu que nous serons différents des hommes du monde dans nos valeurs, notre langage, nos ambitions et nos actes.

Le chrétien a besoin de s’interroger honnêtement : Suis-je vraiment différent des non-chrétiens qui m’entourent ? Ai-je pris le temps d’analyser mes ambitions et mes valeurs ? Pourrais-je jamais être mal vu, voire persécuté, parce que je refuse de participer à tel ou tel péché ou parce que je parle ou raisonne d’une tout autre manière ?

Le sort final des choses du monde et des gens mondains

Quand nous sommes attirés par les séductions du monde, quand le monde nous menace du rejet ou même de la persécution parce que nous ne nous conformons pas à ses valeurs, n’oublions jamais ce qui est en jeu :

« Ne vous y trompez pas : ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni efféminés, ni les homosexuels, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu. » (1 Cor. 6.9,10)

« Que servirait-il à un homme de gagner tout le monde s’il perdait son âme ? » (Matt. 16.26)

« Et le monde passe, et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. » (1 Jean 2.17)

B. B.
(Dans Vol. 14, No. 5)