Avez-vous déjà entendu parler de « l’enlèvement » et « la grande tribulation » ? Ces idées, qui figurent dans les doctrines de beaucoup d’Églises, surtout les communautés évangéliques, sont-elles bibliques ? « L’enlèvement » se réfère à un retour secret de Jésus pour enlever de la terre ses fidèles serviteurs, et « la grande tribulation » serait une période de sept années où le monde entier connaîtra des désastres, la souffrance, l’angoisse, le désordre et toutes sortes de mal. On dit généralement que ceux qui bénéficient de l’enlèvement sont épargnés de la tribulation.
Ces deux événements, ainsi que l’arrivée de l’Antichrist, la bataille d’Harmaguédon et le règne millénaire du Christ sur un trône à Jérusalem, constituent des éléments fondamentaux d’une croyance connue sous le nom de « dispensationalisme prémillénariste ». Il existe de nombreuses variations sur ce thème, mais certains estiment qu’un croyant sur quatre est membre d’une communauté qui adhère à cette doctrine. Elle a été attribuée à John Darby, un prêtre irlandais qui quitta l’Église anglicane en 1840 pour se joindre aux Assemblées des frères (appelés aussi les Frères de Plymouth). Elle fut largement disséminée dans le monde grâce à C. I. Scofield (1843–1921), qui publia en 1909 une Bible d’étude dont les notes expliquent et défendent la doctrine « dispensationaliste ».
Seize romans, la série Les survivants de l’Apocalypse (Left Behind), écrits par Tim LaHaye et Jerry B. Jenkins et adaptés pour le cinéma, ont rendu la doctrine de l’enlèvement encore plus populaire. Ils décrivent les événements après l’enlèvement. Le premier livre/film se concentre sur les premières heures et le chaos après la découverte de la disparition de millions de personnes sans véritable explication. Le premier livre présente des avions qui tombent du ciel parce que les pilotes chrétiens ont été enlevés, des infirmières pédiatriques paniquées qui cherchent des bébés disparus (innocents et donc sauvés), des églises qui sont d’un coup à moitié vides, car seuls les hypocrites sont restés, des directeurs de pompes funèbres qui appellent les autorités pour signaler le vol des cadavres, etc.
Tous ces scénarios sont captivants, mais ils sont fictifs et manquent de fondement biblique. Comme nous le verrons, Jésus lui-même nous dit ce à quoi il faut s’attendre à la fin du monde, et ce qu’il nous explique ne correspond pas à la doctrine prémillénariste.
Un bref résumé du prémillénarisme
Cette doctrine est assez complexe, et l’espace ne nous permet pas d’entrer dans tous les détails, mais voici quelques-uns des points principaux :
1. On commence par la supposition que la promesse faite à David en 2 Samuel 7.12,13 se réfère à un royaume terrestre (politique) sur lequel le Christ régnera, assis sur le trône de David à Jérusalem. On prétend que lorsque Jésus est venu la première fois, son objectif était d’établir un tel royaume, mais puisque la plupart des Juifs le rejetèrent, le projet fut mis en attente jusqu’à sa deuxième venue. Entretemps, l’Église fut établie comme une sorte de « plan B » ; l’ère chrétienne serait donc une simple parenthèse, plutôt qu’un élément du plan éternel de Dieu.
2. Selon cette doctrine, le retour du Christ sera en secret, invisible aux yeux de l’humanité à l’exception des chrétiens. Lors de ce retour, Jésus ressuscitera les morts justes – la résurrection des méchants serait pour plus tard – et transformera les vivants justes en leur donnant un corps spirituel. Tous ces saints iront donc à la rencontre du Seigneur dans les airs et seront avec lui pour sept ans. C’est lors de cet enlèvement que le jugement aura lieu pour les justes et que chacun recevra sa récompense.
3. On dit que pendant ces sept années, le monde sera dominé par « l’Antichrist », et ceux qui seront restés sur la terre passeront par « la grande tribulation ». Quelques-uns se convertiront, et les Juifs se convertiront en masse et retourneront en Palestine. Mais l’Antichrist, un dictateur mondial, unira les nations contre eux, et elles se rangeront pour la bataille finale à Harmaguédon.
4. Le Christ reviendra à temps, à la fin des sept ans, pour la deuxième étape de son retour. Il viendra avec tous les saints qu’il aura pris lors de l’enlèvement. Il vaincra les forces de l’Antichrist à Harmaguédon. Il y aura alors une deuxième résurrection, cette fois de ceux qui se seraient convertis pendant la tribulation et seraient morts avant l’arrivée de Jésus. Les morts incrédules ne ressusciteront pas encore.
5. Le prémillénarisme dit qu’ensuite viendra le règne millénaire du Christ sur la terre.
6. À la fin des 1 000 ans, cette doctrine prévoit une troisième résurrection ; cette fois-ci ce sera le tour des morts méchants, ceux qui n’auront pas été sauvés. Certains pensent que l’univers sera alors détruit, alors que d’autres disent que la terre sera renouvelée pour devenir un paradis éternel.
Quelle sorte de royaume ?
Il y a de nombreux problèmes avec cette théorie, à commencer par la thèse que Jésus est venu il y a 2 000 ans dans le but d’établir un royaume politique et que l’Église n’était qu’un pis-aller dans la pensée de Dieu. Au contraire, Jésus dit à Pilate :
« Mon royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas. » (Jean 18.36)
Son royaume est spirituel, et il existe déjà, car Paul dit en Colossiens 1.12 que Dieu nous a déjà « transportés dans le royaume du Fils de son amour ». Ce royaume existe, et nous en sommes citoyens. Le Christ n’attend pas son retour pour régner, car il règne déjà (Matt. 28.18; Éph. 1.20-22; 1 Pi. 3.22; Apoc. 17.14; etc.). À la fin, Christ ne se mettra pas à régner ; c’est là qu’il remettra le royaume à son Père (1 Cor. 15.24,25). En plus, l’apôtre Paul dit en Éphésiens 3.10,11 que l’Église (qui, en fait, peut être décrite comme la phase terrestre du royaume) a toujours fait partie du dessein éternel de Dieu. Les Juifs n’auraient pas pu frustrer les plans de celui qui connaît la fin dès le commencement (Ésaïe 46.10). Et s’ils le pouvaient, qu’est-ce qui les empêcherait de rejeter Jésus comme leur roi s’il revenait une deuxième fois pour établir son royaume ? Le point de départ de la doctrine prémillénariste est donc une erreur.
En plus, la conception populaire de l’Antichrist n’a rien à voir avec ce que la Bible en dit. Le terme « antichrist » ne paraît que dans les Épîtres de Jean, où il se réfère à quelqu’un qui niait que Jésus était le Christ (1 Jn. 2.22), qui ne confessait pas Jésus (1 Jn. 4.3), ou qui ne confessait pas que Jésus était venu dans la chair (2 Jn. 7). Il s’agit de ceux qui s’opposent au Christ en niant des doctrines essentielles au sujet de sa personne et sa venue. La Bible n’emploie pas ce terme pour parler d’un méchant dictateur mondial, et il n’est jamais utilisé en rapport avec la fameuse bête de l’Apocalypse 13 et 17. Un antichrist est un faux docteur, et selon 1 Jean 2.18, il y en a eu plusieurs.
Mais nous voulons fixer notre attention particulièrement sur deux aspects de cette doctrine : l’enlèvement et la tribulation. On prétend que les sauvés seront enlevés de la terre, alors que les perdus continueront de l’habiter. Quant aux morts, les justes seraient ressuscités bien avant les injustes, 1 007 ans avant les injustes, pour être précis. Est-ce que Jésus suggérait une telle situation ?
La fin du monde selon Jésus
Dans ses enseignements, Jésus nous donne un aperçu de la fin du monde qui ne correspond pas du tout à la chronologie prémillénariste et qui ne laisse pas de place pour un enlèvement des saints, une tribulation de sept années pour les incrédules, une troisième venue et trois résurrections. Prenons, par exemple, ce qu’il dit dans la parabole de l’ivraie.
« Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé et s’en alla. Lorsque l’herbe eut poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? Il leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l’arracher ? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier. […]
Ses disciples s’approchèrent de lui et dirent : Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ. Il répondit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les fils du royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du malin ; l’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. Or, comme on arrache l’ivraie et qu’on la jette au feu, il en sera de même à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. » (Matt. 13.24-30,36-43)
La présence de l’ivraie aussi bien que du blé dans le champ représente le mélange toujours présent des bons et des mauvais dans la société humaine. Les bons sont ceux qui sont sous l’influence de Dieu ; toute méchanceté est le résultat des semailles de Satan. Malgré la présence non désirée de l’ivraie, le maître décida que l’ivraie et le blé pousseraient ensemble jusqu’à la moisson. Ceci illustre non seulement le fait que la société est composée de bons et de mauvais, mais aussi que les deux sortes seront présentes jusqu’à la fin. Le monde ne connaîtra jamais d’utopie morale et spirituelle. Le moment ne viendra pas où il n’y aura que des bons ou que des mauvais dans le monde.
Mais à la fin du monde, il y aura une séparation totale. L’ivraie et le blé poussent ensemble maintenant, mais le triage aura lieu à la fin. La parabole du filet en Matthieu 13.47-50 enseigne la même leçon : « Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d’avec les justes. » La scène du dernier jugement dépeint par Jésus en Matthieu 25.31-46 est aussi en harmonie avec ces deux paraboles :
« Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. » (Matt. 25.31-33)
La doctrine moderne de l’enlèvement parle d’une période de sept années pendant lesquelles les justes seront quelque part hors de ce monde, alors que les méchants continueront de vivre dans le monde et de souffrir dans « la grande tribulation ». Mais le Seigneur, dans son explication de la parabole de l’ivraie, nous fait comprendre que « l’enlèvement » et le jugement de tous auront lieu en même temps. La doctrine qui prétend que les saints seront rassemblés et enlevés dans un premier temps est démentie par les paroles mêmes de Jésus : « Arrachez d’abord l’ivraie » (Matt. 13.30) ; il explique lui-même le sens de cette image : « Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente » (Matt. 13.41,42). C’est après que les méchants auront été mis à part que les justes « resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (v. 43). En réalité, l’idée n’est pas tellement que les méchants seront punis avant que les justes ne soient récompensés, mais plutôt que les deux choses auront lieu à la fin du monde.
C’est exactement ce que Jésus expliqua en Matthieu 25.31-46. Il dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » Mais aux autres : « Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (Matt. 25.34,41). Pour que tous soient présents au grand jour de jugement, il faudra que tous les morts ressuscitent. Il s’agit évidemment de la résurrection de tous – de tous les sauvés et tous les perdus. Paul dit en Actes 24.15 qu’il y aura « une résurrection des justes et des injustes ».
Remarquez aussi que lorsque l’apôtre parle du retour de Jésus en 2 Thessaloniciens 1.6-10, il dit que ce sera pour « rendre la souffrance à ceux qui vous font souffrir, et de vous donner, à vous qui souffrez, du repos avec nous lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance ». Mais il est clair qu’il ne parle pas de la souffrance d’une tribulation de sept années, car il poursuit en disant qu’il vient « au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force ».
Quatre fois en Jean 6, Jésus affirme que la résurrection aura lieu « au dernier jour » (Jean 6.39,40,44,54). Dans ces versets, Jésus parle de la résurrection des justes – le sort des injustes n’est pas en vue. Mais plus tard dans l’Évangile de Jean, il cite ce même « dernier jour » comme étant le moment où ceux qui l’auront rejeté seront jugés (Jean 12.48). Il est important de comprendre que, selon Jésus, le jugement des justes et le jugement des injustes auront lieu au dernier jour. Certains enseignent qu’il y aura deux ou même trois résurrections différentes et que le jugement des non-croyants aura lieu longtemps après la résurrection des justes, mais Jésus dit que les deux événements auront lieu au dernier jour. Évidemment, il ne peut y avoir plus d’un dernier jour.
La question est sûrement réglée une fois pour toutes par la déclaration de Jésus :
« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. » (Jean 5.28,29)
« Le jugement » dans ce verset a le même sens que « ils les jetteront dans la fournaise ardente », et « la vie » signifie la même chose que « les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Matt. 13.42,43).
Arguments en faveur ?
Alors, d’où vient cette doctrine de l’enlèvement et de la grande tribulation ? Regardons brièvement quatre passages qui sont mal compris et donc utilisés pour soutenir une fausse théorie.
1 Thessaloniciens 4.16 : « Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. »
Si vous lisiez 1 Thessaloniciens 4.16 tout seul, sans son contexte, vous pourriez conclure que le verset parle de deux résurrections, dont la première serait uniquement pour ceux qui sont en Christ. Mais il suffit de regarder le contexte pour se rendre compte que le sujet qui semble avoir préoccupé les chrétiens de Thessalonique était le sort de leurs frères qui « dormaient », c’est-à-dire qui étaient physiquement morts avant le retour de Jésus. Paul dit que ceux qui seront encore en vie lorsque Jésus reviendra ne partiront pas au ciel pour laisser derrière les chrétiens qui seront morts avant le jour de son retour. Vous n’allez pas rater le bateau simplement parce que vous êtes mort avant le deuxième avènement de Christ. En fait, vous n’allez même pas arriver à la fête en retard. « Nous les vivants, qui serons restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts » (v. 15). Avant que nous ne partions, « les morts en Christ ressusciteront premièrement ». Ce qui vient après cela n’est pas la résurrection des morts qui ne sont pas en Christ. Le texte dit : « Ensuite, nous les vivants qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (v. 17). (C’est peut-être de ceci que Jésus parle quand il dit en Matthieu 24.40 : « De deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé. ») Une résurrection des morts injustes n’est même pas mentionnée, parce que l’objectif de Paul dans ce passage ne les concerne pas. Il écrit pour que les chrétiens puissent se consoler et s’encourager les uns les autres au sujet de leurs frères et sœurs en Christ qui étaient morts. Le réconfort n’est pas pour ceux qui sont morts dans la désobéissance. (Remarquez en passant que Paul ne dit pas : « Ainsi nous serons avec le Seigneur pour sept années », mais « toujours avec le Seigneur ».)
Quand on parle de « la grande tribulation », on se réfère souvent à Matthieu 24.21, qui dit, dans la Nouvelle version Segond révisée : « Car alors, il y aura une grande tribulation telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais plus. » (Vous avez peut-être une traduction qui emploie le mot « détresse » à la place de « tribulation ».) Encore, il faut prendre en compte le contexte. En Matthieu 24.4-34, il est clair que Jésus parle d’une situation historique qui a déjà eu lieu : le siège de la ville de Jérusalem par les Romains en 70 apr. J.-C. Quand l’armée romaine viendrait pour assiéger la ville, les disciples de Jésus ne devaient pas chercher un refuge derrière les murs de Jérusalem comme les autres Juifs l’ont fait. Jésus dit plutôt : « Que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes » (v. 16). Les chrétiens suivirent ce conseil et eurent la vie sauve, mais les Juifs incrédules furent « emprisonnés » dans leur propre ville, et plus d’un million d’entre eux moururent de la faim et la maladie dans les conditions les plus déplorables, ou ils furent massacrés quand les Romains ouvrirent une brèche dans la muraille. Ce passage n’a donc rien à voir avec une période de sept années à la fin du monde. Il se rapporte à la destruction de Jérusalem.
Le troisième texte préféré des prémillénaristes est le seul dans la Bible qui se réfère à une période 1 000 ans. Il s’agit d’Apocalypse 20.
« Et je vis des trônes ; et à ceux qui s’y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n’avaient pas adoré la bête ni son image et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant 1 000 ans. Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu’à ce que les 1 000 ans soient accomplis. C’est la première résurrection. » (Apocalypse 20.4,5)
Comme c’est souvent le cas, ce passage biblique est mal compris parce qu’on ne tient pas compte du contexte. Pour ce qui est de l’Apocalypse, il est très important de prêter attention à ce que le livre dit concernant son propre contenu. Le premier verset de l’Apocalypse est bien précis : le livre concerne des choses qui devaient arriver « bientôt ». Encore, le verset 3 dit que le temps était proche. Vers la fin de l’Apocalypse, le Seigneur rappelle au lecteur qu’il parle de « choses qui doivent arriver bientôt », et il dit à Jean : « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car le temps est proche » (Apoc. 22.6,10). Le mot « bientôt » doit être compris de la perspective de ceux à qui le livre s’adressa à l’origine : les chrétiens du premier siècle. Ils entraient dans une période de persécution intense de la part de l’Empire romain. C’est une clé essentielle à la bonne compréhension du livre. Le sujet du livre n’est pas des événements qui auraient lieu des milliers d’années plus tard ; il fut écrit pour fortifier le peuple de Dieu face à la persécution romaine.
Pour comprendre ces versets en Apocalypse 20, il est important de voir les parallèles avec le chapitre 6 :
« Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix forte en disant : Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » (Apocalypse 6.9,10)
Dans les deux passages, les personnes en question sont appelées des « âmes ». Au chapitre 6 elles sont désignées comme « ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu », et au chapitre 20 ce sont « ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu » – manifestement les mêmes personnes. Au chapitre 6, elles sont « sous l’autel » – elles sont des victimes. Au chapitre 20, elles sont assises sur des trônes – ce sont des vainqueurs. Dans le premier passage, elles demandent la justice : « Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » Dans le deuxième passage, le texte grec dit littéralement : « Le jugement leur fut donné. » Justice leur a été faite.
Ce passage ne parle pas de tous les chrétiens de tous les pays et tous les temps qui doivent ressusciter physiquement pour un règne politique sur la terre. C’est une image (et le livre d’Apocalypse est un livre plein de symboles) qui parle de la justification des chrétiens fidèles qui allaient mourir pendant la persécution de l’Église par les empereurs romains. Au chapitre 20, nous voyons une prophétie de l’accomplissement de la promesse que Dieu vengerait le sang de ses serviteurs ; les victimes de la persécution romaine auraient la victoire finale.
Ceux qui s’attachent à la doctrine de l’enlèvement soulignent parfois que, selon des textes comme 1 Thessaloniciens 5.2, le Seigneur doit revenir « comme un voleur dans la nuit ». Ils prétendent que sa venue sera donc secrète et silencieuse, que les hommes ne se rendront pas compte qu’il est là, jusqu’à ce qu’il soit parti. Mais encore, un coup d’œil sur le contexte montre que le point de comparaison n’est pas que le voleur passe inaperçu, mais qu’il vient au moment où l’on ne s’y attend pas. Jésus ne préviendra pas avant de revenir. Les deux versets suivants disent :
« Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l’enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n’échapperont point. Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. »
Conclusion
Le plus important, c’est d’être prêt quand il reviendra. Vous n’aurez pas l’occasion, pendant une prétendue « grande tribulation », de vous repentir et de saisir le salut en Christ. Ni l’Antichrist ni le Seigneur Jésus ne régnera sur le monde après son retour, car ce monde ne sera plus.
« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée. Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété ! » (2 Pierre 3.10,11)
« Tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas. » (Luc 12.40)
B. B.
(Dans Vol. 20, No. 2)