Ne jugez point ?

L’un de ces passages bibliques qui sont les mieux connus et le moins compris (ou peut-être le plus souvent tordus) se trouve en Matthieu 7.1, où Jésus dit : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés » (Matt. 7.1). Yann Opsitch, dans le petit livre Paroles du Christ sur la montagne (Éditions CEB), dit qu’en lisant ce verset tout seul on risque de « conclure que nous pourrions, simplement, éviter le jugement divin en ne jugeant point nous-mêmes. Notre salut dépendrait de notre capacité de ne pas juger ! … Mais il ne faut pas faire un dogme de ce qui est, en fait, une parole de sage. » Le frère Opsitch suggère que le sens de ces paroles de Jésus est : « La miséricorde dont Dieu fait preuve envers ses enfants doit, en retour, se manifester en eux. Pourquoi seraient-ils jugés avec miséricorde si eux-mêmes n’ont pas été miséricordieux ? »

La Bible enseigne clairement qu’il y a des sortes de jugements qui ne sont pas interdites, et des situations ou nous avons même un devoir de « juger ». Par exemple, dans le même chapitre où Jésus dit de ne pas juger pour ne pas être jugé, il dit : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont les loups ravisseurs… C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Matt. 7.15,20). Une idée similaire est enseignée par l’apôtre Jean : « Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4.1). Il faut exercer une sorte de jugement, n’est-ce pas, afin d’identifier les faux prophètes et ne pas se laisser tromper (Col. 2.4,8,18-23).

Il ne faut pas prendre la parole de Jésus en Matthieu 7.1 pour une interdiction à quiconque d’exercer le rôle de magistrat. Les magistrats doivent certainement faire leur travail avec intégrité, sans se laisser corrompre par l’argent ou influencer par le racisme ou le favoritisme. Mais ils ne sont pas condamnés par Dieu pour avoir « jugé » ceux qui sont au banc des accusés. Si le magistrat condamne, conformément à la loi du pays, les coupables parmi les accusés, il n’a pas péché. « Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal » (Rom. 13.4).

Une autre sorte de jugement qui est nécessaire concerne la correction spirituelle qu’exerce l’Église quand un membre qui vit dans le péché n’accepte pas de se repentir. L’apôtre Paul écrit à l’assemblée de Corinthe

« … de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme. Qu’ai-je, en effet, à juger ceux du dehors ? N’est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger ? Pour ceux du dehors, Dieu les juge. Ôtez le méchant du milieu de vous. » (1 Cor. 5.11-13)

L’Église est appelée parfois à « juger » un chrétien qui ne cherche pas à vivre selon les commandements de Dieu parce qu’elle veut éviter que d’autres membres se mettent à pratiquer les mêmes choses, parce qu’elle cherche à préserver la réputation de l’Église (qui porte le nom de son Sauveur), et parce qu’elle espère amener le fautif à la repentance. (Pour plus d’explications, voir « La correction spirituelle ».)

Alors, qu’est-ce que Jésus voulait dire par « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés » ? Les versets suivants montrent qu’il visait ceux qui jugent sans miséricorde, sans humilité, et sans vouloir le bien de celui qui est tombé dans le péché. L’apôtre Paul dit en Galates 6.1 : « Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté. » Celui qui « juge » avec une telle attitude n’est pas en danger de violer l’enseignement de Jésus en Matthieu 7.

B. B.
(Dans Vol. 14, No. 4)

La correction spirituelle

Nous sommes gardiens de nos frères

Dans sa jalousie, Caïn tua son frère Abel. Par la suite, Dieu lui dit, sans doute pour l’amener à avouer son crime : « Où est ton frère ? » Caïn répondit : « Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? » (Genèse 4.9). Dans le contexte de l’Église, la réponse à sa question serait : « Si, tu es bien son gardien dans un sens ; tu n’as pas le droit d’être indifférent concernant ce qui lui arrive ; tu as le devoir de l’aider s’il se trouve en danger. » Voilà pourquoi Hébreux 10.24,25 nous dit : « Veillons les uns sur les autres… exhortons-nous les uns les autres. » Les membres de l’Église ont besoin les uns des autres tout comme les membres d’un corps humain ne peuvent vivre s’ils sont séparés du corps. L’apôtre Paul dit que Dieu a fait les corps humains et l’Église de telle manière que « les membres aient également soin les uns des autres » (1 Corinthiens 12.25).

L’aide spirituelle, le suivi, la surveillance bienveillante – quel que soit le terme que l’on veut employer – nous en avons besoin. Parfois, surtout quand nous commettons une erreur dans notre vie spirituelle, nous ne voulons pas de cette aide, mais c’est à de tels moments que l’intervention de nos frères et sœurs en Christ est probablement le plus nécessaire. Généralement, le fait de veiller les uns sur les autres et de s’exhorter mutuellement prend la forme d’enseignements et de prédications dans les réunions de l’Église, de visites amicales chez les uns et les autres, de paroles d’encouragement et d’actes concrets qui allègent les fardeaux en temps de maladie, de deuil, d’échec, ou de perte. Ceux qui sont déjà passés par des épreuves ou des tentations nous fortifient en partageant des leçons apprises et des conseils utiles.

Mais parfois cette aide doit prendre la forme de correction spirituelle. Malheureusement, cette forme d’aide est souvent mal comprise et peu employée dans les assemblées. Pourtant, la Bible enseigne clairement qu’elle est recommandée par Dieu. En plus, la Parole de Dieu nous montre les attitudes à conserver et les étapes à suivre quand il faut corriger un chrétien qui ne se détourne pas d’un péché. La dernière étape, qui, assez souvent, n’est pas nécessaire, est la suspension de toute relation fraternelle avec le coupable. On « s’éloigne » de la personne. Mais avant de considérer le « comment », insistons davantage sur le « pourquoi ». Nous voulons répondre à trois raisonnements qui poussent des Églises à ne pas corriger bibliquement leurs membres qui sont en faute.

Objections :

1. « La correction est contraire à l’amour. L’amour excuse tout. »

Beaucoup ont l’idée que si l’on dit à quelqu’un qu’il a tort, si on lui adresse un reproche public, si on l’exclut de quelque manière que ce soit, c’est qu’on n’a pas vraiment d’amour pour cette personne. On lui fait ce qu’on ne voudrait pas que les autres nous fassent. D’ailleurs, 1 Corinthiens 13.7 dit que « l’amour excuse tout ». Or, personne n’ignore que l’amour est essentiel dans le christianisme et doit toujours primer.

Jésus lui-même a dit : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13.35). Et l’apôtre Jean dit : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et nous avons de lui ce commandement : Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jean 4.20,21). Bien d’autres versets, en plus de ceux-ci, enseignent que les chrétiens doivent s’aimer les uns les autres.

Malheureusement, l’amour n’est pas toujours compris de la manière qu’il faut. Il est possible de penser que l’on aime quelqu’un tout en lui faisant du mal. Or, aimer quelqu’un c’est toujours vouloir et chercher ce qui est bien pour cette personne. Et le bien-être qu’il faut rechercher pour ceux qu’on aime concerne non seulement leurs besoins immédiats, mais aussi leurs besoins plus lointains, non seulement les besoins physiques et émotionnels, mais aussi ceux qui sont spirituels et éternels.

Un médecin a parfois besoin d’administrer une injection douloureuse qui fait mal dans un premier temps, mais qui est nécessaire pour guérir ou éviter une maladie mortelle. Un parent reconnaît qu’il doit parfois frustrer son enfant en lui refusant quelque chose que l’enfant désire très fort, mais qui, à long terme, lui ferait du mal. Ce n’est pas un plaisir pour le parent de dire « non » à son enfant ou de le punir quand ce dernier a mal agi, mais l’amour pousse le père ou la mère à exercer la discipline. Voilà pourquoi la Bible dit : « Celui qui aime son fils cherche à le corriger » (Proverbes 13.24; voir aussi Prov. 23.13,14). Le fait que « l’amour excuse tout » ne veut pas dire que l’on ferme les yeux sur le péché qui risque de condamner éternellement celui qu’on aime ; « l’amour excuse tout » se réfère plutôt au fait que l’on continue d’aimer malgré les offenses les plus graves et de pardonner au pécheur qui se repent, quel que soit son crime.

Le plus grand mal dans notre vie n’est ni la douleur, ni l’humiliation, ni la privation, ni même la mort physique. Selon la pensée chrétienne, le plus grand de tous les maux, c’est le péché. Il tue spirituellement. Il sépare de Dieu. Il condamne éternellement. C’est la maladie la plus dangereuse, l’ennemi le plus subtil et trompeur. Dans un sens, la « catégorie » de péché en question importe peu. Que ce soit un péché contre la moralité, tel que la fornication ou l’ivrognerie (1 Cor. 5.9-13), un péché contre la paix et l’unité dans l’Église (Tite 3.10) ou un péché contre la vraie doctrine (2 Jean 9-11), il s’agit d’un danger réel qui demande une attention particulière. Voir son frère en Christ s’enfoncer dans le péché sans essayer de le sauver, sans chercher à lui faire comprendre sa situation spirituelle et lui indiquer le moyen d’en sortir, voilà le véritable manque d’amour. La correction spirituelle que l’Église est appelée à administrer ne témoigne pas d’un manque d’amour. C’est tout à fait le contraire.

2. « Étant eux-mêmes pécheurs, les membres de l’Église ne doivent pas juger les autres. »

Un deuxième argument contre la correction spirituelle est que personne n’est en mesure de « juger » son frère. Jésus n’a-t-il pas dit : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés… Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre dans le tien ? » (Matthieu 7.1,3) ?

Ce que Jésus condamne ici n’est pas tout jugement ou tout effort d’aider autrui à se corriger. Jésus reproche l’hypocrisie de ceux qui sont très sévères à l’égard de la moindre faute du prochain tout en étant quasiment aveugles à leurs propres péchés. Il arrive même que la personne qui juge soit coupable à un plus haut degré de la même sorte de péché qu’il condamne chez l’autre. L’orgueil humain fait qu’il soit souvent plus facile de repérer les manquements de ses frères que de faire face à sa propre culpabilité.

La solution à ce problème n’est pas de ne plus chercher à corriger un chrétien qui s’égare. Jésus lui-même précise le comportement à suivre : « Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère » (Matthieu 7.5). L’apôtre Paul, aussi, a enseigné l’importance de l’humilité, tout en faisant la recommandation de redresser les chrétiens qui pèchent : « Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté » (Galates 6.1).

3. « La correction éloignerait le coupable encore davantage. »

Certains pensent que si l’Église est exigeante à l’égard des comportements, elle perdra des membres. Ils pensent que si l’on porte à l’attention de toute l’Église un problème de péché dans la vie d’un membre, ce dernier n’aura plus jamais le courage de venir dans l’assemblée. Et si l’on arrive au point de suspendre les rapports fraternels avec lui, ce chrétien sera endurci dans son péché.

Reconnaissons d’abord que Dieu sait mieux que nous ce qu’il convient de faire. Ce n’est pas à nous, avec notre intelligence humaine et donc limitée, de rejeter une pratique qui est clairement ordonnée dans la Parole de Dieu. Qui sommes-nous pour décider que le plan de Dieu n’est pas bon et ne saurait pas être efficace ? En réalité, la correction spirituelle atteint souvent l’objectif d’amener le chrétien égaré à la repentance. En fait, elle est souvent la seule chose qui puisse lui faire voir la gravité de sa situation spirituelle. Elle « semble d’abord un sujet de tristesse, et non de joie ; mais [elle] produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice » (Hébreux 12.11).

Dans certains cas, à cause de l’orgueil ou la dureté de cœur du frère qui pèche, l’Église n’arrive pas à l’amener à se repentir. Cela ne veut pas dire que la correction spirituelle a été en vain. Elle a d’autres valeurs, en plus de son potentiel de sauver un membre qui s’égare.

Deux autres raisons pour la correction spirituelle :

1. Protéger la santé spirituelle de l’Église.

En 1 Corinthiens 5 l’apôtre Paul consacre tout un chapitre au besoin d’exercer la discipline dans l’Église de Corinthe. Un membre de l’assemblée commettait l’adultère avec la femme de son père. Selon Paul, même les païens ne faisaient pas de telles choses. Mais face à cette situation l’Église ne réagissait pas, et Paul l’exhorte clairement : « Que celui qui a commis un tel acte soit ôté du milieu de vous ! » (1 Corinthiens 5.2). Une motivation pour cette mesure est, bien sûr, le salut du frère coupable (« afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus » – v. 5). Mais une autre raison est évoquée par l’image du levain (vs. 6-8). Tout comme la levure que l’on met dans la pâte de farine a un effet important de fermentation sur toute la pâte, de même le péché que l’on tolère dans l’Église a une forte influence de corruption spirituelle et morale. Les membres de l’Église voient les péchés des autres chrétiens, que ce soit le péché sexuel, l’ivrognerie, l’idolâtrie, le manque de générosité, l’indifférence, la corruption/la fraude ou les paroles méchantes qui blessent et qui sèment la division. Ils voient que l’Église ne fait rien pour corriger ces personnes – aucun avertissement, aucune marque de désapprobation. Et ils tirent la conclusion que ces péchés ne constituent pas de danger spirituel. Ils sont attirés par la facilité et le plaisir du péché. Ils ne reconnaissent plus qu’ils ont été appelés à « sortir » du monde et à vivre dans la sainteté. Ils oublient que « les injustes n’hériteront pas le royaume de Dieu » (1 Corinthiens 6.9) et que « si, après s’être retirés des souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière condition est pire que la première » (2 Pierre 2.20). Voilà pourquoi nous avons des recommandations telles que : « Exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu’on peut dire : Aujourd’hui ! afin qu’aucun de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché… Veillez à ce que nul ne se prive de la grâce de Dieu ; à ce qu’aucune racine d’amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n’en soient infectés » (Hébreux 3.13; 12.15). Même si le chrétien qu’on cherche à corriger ne se repent pas, les mesures prises par l’Église pour le corriger ne sont pas pour rien. Ces mesures peuvent aider d’autres chrétiens à reconnaître le danger et à éviter de suivre l’exemple du pécheur.

2. Protéger la réputation de l’Église.

Il y a une autre valeur de la correction spirituelle, même là où le frère en faute ne revient pas au Seigneur : elle permet de sauvegarder la réputation de l’Église aux yeux du monde. Il est vrai que l’Église est composée d’êtres humains faibles et pécheurs. On dit parfois que c’est un hôpital pour soigner des pécheurs et non pas un musée pour étaler des « saints ». Néanmoins, nous sommes « appelés à être saints » (Romains 1.7) ; notre lumière doit luire « devant les hommes, afin qu’ils voient [nos] bonnes œuvres, et qu’ils glorifient [notre] Père qui est dans les cieux » (Matthieu 5.16). Notre comportement peut déshonorer le nom de Christ ou bien favoriser la conversion des autres à la foi chrétienne (Tite 2.5-10; 1 Pierre 3.1,2). Nous voulons que l’Église soit pure, « afin que l’adversaire soit confus, n’ayant aucun mal à dire de nous » et « afin de faire honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur » (Tite 2.8,10).

Lorsque ceux qui se disent chrétiens se comportent mal, la cause du Seigneur en souffre. Mais la correction spirituelle réduit les dégâts. Quand les non-chrétiens nous accusent à cause des péchés commis par un membre de l’Église, nous pouvons répondre, si le coupable a accepté la correction : « Oui, il a mal fait. Mais il a lui-même reconnu son péché. Il l’a confessé, il a demandé pardon, et il a résolu de ne plus commettre cet acte. » Même si le coupable a refusé de se repentir, l’Église est en mesure de répondre : « Oui, il a mal fait. Mais l’Église n’approuve pas son péché. Les membres ont tout fait pour l’amener à changer de vie. Comme il a refusé, nous avons fini par nous éloigner de lui et ne plus avoir de contact fraternel avec lui jusqu’à ce qu’il renonce à ses mauvaises actions. »

Comment y procéder

Le Seigneur a enseigné en Matthieu 18.15-17 quatre étapes par lesquelles on essaie de ramener un frère de son péché :

(1) « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. » Remarquez que si son frère a péché, on ne doit pas se plaindre aux autres ou parler abusivement du frère à son absence. On ne doit pas non plus l’accuser publiquement. Il est possible qu’il ait agi dans l’ignorance. Il est possible que l’on se soit trompé sur la nature de son acte. Il est possible qu’il accepte humblement la correction.

(2) « Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. » Quand le frère qui est en faute ne prend pas au sérieux le reproche ou le conseil d’une seule personne, il est parfois nécessaire d’aller avec d’autres personnes pour l’aider à comprendre la gravité de son état devant Dieu.

(3) « S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église. » On porte le problème à l’attention de toute l’assemblée pour que l’Église adresse des exhortations au coupable dans l’espoir qu’il voie la sagesse collective de l’assemblée et reconnaisse son erreur.

(4) « Et s’il refuse d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. » Les Juifs n’avaient pas de contact amical ou fraternel avec les païens. Les publicains, c’est-à-dire des Juifs qui collectaient des impôts de la part de leurs compatriotes pour les remettre aux oppresseurs romains, étaient vus comme des traîtres à la nation et des apostats en ce qui concerne la foi juive. Les Juifs fidèles n’avaient aucune relation avec eux sauf pour le paiement des taxes. La recommandation de Jésus dans ce passage vise surtout ce manque de contact fraternel ou social et ne sous-entend pas la haine ou le mépris. Cela se confirme par d’autres passages qui décrivent cette mesure :

« Si quelqu’un n’obéit pas à ce que nous disons par cette lettre, notez-le, et n’ayez point de communication avec lui, afin qu’il éprouve de la honte. Ne le regardez pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère. » (2 Thessaloniciens 3.14,15)

« Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir de relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme. » (1 Corinthiens 5.11)

« Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres. » (2 Jean 10,11)

Il y a des communautés où la correction d’un fidèle en erreur semble être l’affaire d’un « responsable » plutôt que de toute l’Église locale. On défend au frère en faute de prendre la communion, mais les autres membres continuent souvent de s’associer avec lui comme d’habitude. Pour que la méthode biblique soit efficace, il faut que la correction soit appliquée par toute l’Église et non pas par certains individus seulement. Il ne s’agit pas d’un conflit personnel, mais d’une violation de la volonté de Dieu. Il faut aussi que la communion fraternelle soit riche et profonde. Si, en effet, je n’ai pas avec les frères et sœurs en Christ une relation chaleureuse et intime, si nous ne nous connaissons guère, je ne serai pas très touché par le fait que l’Église s’éloigne de moi. Si, par contre, nous partageons nos fardeaux, nos biens, le travail de Dieu et une amitié sincère, la perte de cette communion fraternelle me fera très mal. Je prendrai plus au sérieux la faute qui m’a fait perdre ce trésor spirituel que je désire vivement retrouver. Cultivons donc le vrai amour fraternel, et sachons le démontrer, même quand notre frère pèche.

B. B.
(Dans Vol. 7, No. 5)