Travaillons ensemble

Il est très beau de voir des chrétiens travailler ensemble dans une franche collaboration pour la gloire de Dieu et l’avancement de la cause de Jésus-Christ. Voici le souhait que l’apôtre Paul exprime dans sa lettre aux Philippiens : « J’aimerais voir que vous tenez bon dans l’unité spirituelle, combattant d’un seul cœur et d’une même âme pour la foi de l’Évangile, luttant comme un seul homme afin que d’autres arrivent à croire la Bonne Nouvelle » (Phil. 1.27, Parole Vivante). Dans ses autres épîtres, il compare parfois l’Église à un corps humain ; chaque membre a des capacités particulières à contribuer au bien commun. « Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres […] Nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée » (Rom. 12.4-6). Les membres d’une assemblée peuvent accomplir ensemble ce qu’ils seraient incapables de faire si chacun travaillait de façon isolée.

Nous comprenons cette collaboration assez facilement dans le contexte de l’assemblée locale, mais que dire de la coopération entre plus d’une assemblée ? Surtout là où les assemblées ne sont pas grandes, il est clair qu’il pourrait y avoir des avantages dans le fait de réunir des ressources et entreprendre ensemble des efforts collectifs. Mais y a-t-il des dangers dont il faut se méfier ? Y a-t-il des manières d’y procéder sans violer des principes bibliques ou faire ce que la Parole de Dieu n’a pas autorisé ?

Formes de collaboration que nous voyons dans l’Église de la Bible

En lisant le Nouveau Testament, il semble évident que les différentes assemblées n’évoluaient pas dans l’isolement, sans contact avec des chrétiens dans d’autres assemblées locales. Une Église ne s’intéressait pas uniquement à ce qui se passait en son propre sein ; elle cherchait à implanter et à fortifier des assemblées en d’autres communautés, voire d’autres pays. Conduite par le Saint-Esprit, l’Église de la ville d’Antioche envoya Barnabas et Saul (Paul) pour qu’ils prêchent l’Évangile et établissent des assemblées à Chypre, en Phrygie, en Lycaonie et d’autres provinces (Actes 13, 14). À la fin de leur mission, ces deux frères « convoquèrent l’Église, et ils racontèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi » (Actes 14.27). L’assemblée d’Antioche n’a pas assumé un rôle d’« Église mère » vis-à-vis les Églises locales établies au cours de ce voyage, mais elle démontrait un intérêt fraternel pour leur bien-être. « Paul dit à Barnabas : Retournons visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur pour voir en quel état ils sont » (Actes 15.36).

Quand un frère voyageait vers une autre ville, son assemblée lui remettait une lettre pour l’assemblée qui se trouvait à sa destination : « Comme [Apollos] voulait passer en Achaïe, les frères l’y encouragèrent, et écrivirent aux disciples de le bien recevoir. Quand il fut arrivé, il se rendit, par la grâce de Dieu, très utile à ceux qui avaient cru » (Actes 18.27; voir aussi Rom. 16.1,2). Nous voyons aussi que Paul demandait à tel ou tel frère de se rendre auprès d’une assemblée ailleurs pour l’encourager, l’exhorter ou l’enseigner davantage ou pour lui en apporter des nouvelles (1 Th. 3.1-3; Col. 4.7,8; etc.). Dans l’autre sens, nous voyons que certaines assemblées contribuaient financièrement aux besoins des serviteurs de Dieu comme Paul pour qu’ils puissent enseigner et fortifier d’autres assemblées (2 Cor. 11.8,9; Phil. 4.14-16).

Notons également que les assemblées se souciaient les unes des autres pour ce qui est des besoins physiques en temps de crise, surtout en ce qui concernait celles qui étaient les plus vulnérables. « En ce temps-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. L’un d’eux, nommé Agabus, se leva, et annonça par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine sur toute la terre. Elle arriva, en effet, sous [l’empereur] Claude. Les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon ses moyens, un secours aux frères qui habitaient la Judée. Ils le firent parvenir aux anciens par les mains de Barnabas et de Saul » (Actes 11.27-30). À une autre occasion, « les chrétiens de Macédoine et d’Achaïe ont décidé de faire une collecte en faveur des pauvres appartenant au peuple de Dieu à Jérusalem » (Rom. 15.26, FC). Les Églises n’ont pas créé de structure permanente pour de tels efforts, mais chaque assemblée a choisi un membre pour qu’ensemble les frères désignés apportent cette grosse somme d’argent en sécurité et dans la transparence jusqu’à sa destination (2 Cor. 8.16-23).

Formes d’organisation qu’on ne voit pas dans le Nouveau Testament

Dans toutes ces activités d’intérêt commun, aucun siège n’a été établi, aucun bureau exécutif n’a été créé, aucune assemblée générale réunissant les délégués de toutes les Églises locales n’a été organisée, ni pour administrer la vie collective de ces Églises ni pour imposer quoi que ce soit à des assemblées individuelles. Ceux qui prônent la création des ce genre d’organe administratif citent souvent le cas du soi-disant « Concile de Jérusalem » en Actes 15, qui s’est penché sur la question soulevée dans l’Église d’Antioche. « Quelques hommes, venus de la Judée, enseignaient les frères, en disant : Si vous n’êtes circoncis selon le rite de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Paul et Barnabas eurent avec eux un débat et une vive discussion ; et les frères décidèrent que Paul et Barnabas, et quelques-uns des leurs, monteraient à Jérusalem vers les apôtres et anciens, pour traiter cette question » (Actes 15.1,2). En Actes 15 il n’est pas question de plusieurs assemblées qui envoient des délégués pour former un concile. Il n’est pas question de formuler un programme de réunions annuelles. Il n’est pas question de choisir des officiers tels qu’un président ou un secrétaire général. Il n’est pas question de dire aux différentes assemblées locales comment elles devaient faire leur travail. En outre, il ne faut pas oublier que les hommes qui ont délibéré sur la question de la circoncision des païens en Actes 15 étaient des hommes inspirés. Dans ce chapitre nous avons tout simplement une assemblée ayant une question qui envoie des messagers pour la présenter à une autre assemblée où il y a des hommes inspirés. Ils sont loin de créer un siège et initier un congrès annuel. Cette réunion ne ressemble aux conciles modernes ni dans sa composition, ni dans son but, ni dans son origine.

Un aspect nécessaire à un retour à la Bible

Il y a plus de deux cents ans aux États-Unis, bon nombre de croyants commencèrent à voir comme un mal la multiplicité d’Églises ayant chacune son nom et ses doctrines qui la distinguaient des autres. Ils ont compris que ce phénomène était contraire à la volonté du Seigneur (Jean 17.20,21; 1 Cor. 1.10-13). Ils se sont dit que ce qu’ils avaient en commun, c’était la Bible, et qu’ils pourraient faire beaucoup de progrès vers l’unité s’ils laissaient de côté toute doctrine et toute pratique qui n’étaient pas clairement autorisées dans le Nouveau Testament. Ils ont conclu, en outre, qu’ils ne pourraient jamais être sûrs de la faveur de Dieu s’ils faisaient ce qui n’était pas enseigné dans sa Parole (Matt. 15.9; 2 Jean 9-11; etc.). Ils se mirent à appeler tout le monde à faire retour à la Bible, à être tout simplement chrétiens. Au lieu de créer une nouvelle dénomination, ils voulurent retrouver la simplicité de l’Église que Jésus avait promis de bâtir (Matt. 16.18). Ceux qui lançaient cet appel se trouvaient en différents états et n’étaient souvent pas au courant du fait que des personnes ailleurs tentaient la même chose.

Dans l’État de Kentucky, les membres et les dirigeants d’un groupe d’assemblées presbytériennes acceptèrent le principe de suivre la Bible comme seul guide. Ce principe, pourtant, les amena bientôt à douter du bien-fondé de leur existence en tant qu’organisation, qu’ils avaient nommée le « Presbytère de Springfield ». Ce n’est pas qu’ils étaient découragés par la lenteur des conversions. Au contraire, dans la première année de leur existence, ils avaient présidé à la création d’une quinzaine d’assemblées locales. Mais dans leur étude de la Bible, ces hommes n’ont trouvé aucune justification pour soutenir l’existence ni de leur dénomination ni de leur rôle à sa tête. Ces dirigeants entreprirent donc une action courageuse et inédite : ils rédigèrent un document pour renoncer à leur propre autorité religieuse et dissoudre volontairement l’organisation qu’ils avaient créée. Ce document, parfois un peu humoristique, prit la forme du testament d’une personne sur le point de mourir et exprimant ses dernières volontés. Le titre du document est, en effet, « Testament et dernières volontés du Presbytère de Springfield », signé le 28 juin 1804.

En voici un extrait :

« Nous voulons que ce corps meure, qu’il soit dissous, et qu’il devienne un avec le corps de Christ […] car il n’y a qu’un seul corps, et un seul Esprit, comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance par notre vocation.

« Nous voulons que notre nom de distinction, avec son titre révérend, soit oublié, et qu’il n’y ait qu’un seul Seigneur sur l’héritage de Dieu et que son nom soit unique.

« Nous voulons que notre pouvoir de faire des lois pour gouverner l’Église soit aboli à jamais, que le peuple ait libre accès à la Bible et qu’il adopte la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ […]

« Nous voulons que le peuple prenne désormais la Bible comme le seul guide sûr pour aller au ciel. »

Quelques années plus tard, dans l’État d’Ohio, des Églises baptistes ont créé « l’Association de la Mahoning ». En 1827 elle engagea comme évangéliste un homme du nom de Walter Scott. Pendant trois ans cette dénomination a connu une croissance rapide, avec plus de mille baptêmes chaque année. Scott prêchait un retour au christianisme du Nouveau Testament et la nécessité d’avoir de l’autorité biblique pour tout ce qu’on enseignait ou pratiquait. En écoutant cette prédication, quelques-uns commencèrent à se demander quel passage biblique autorisait l’existence de leur propre organisation, l’Association de la Mahoning. Alors, en août 1830, lors de sa convention annuelle, l’association prit la résolution de se dissoudre. Les Églises locales qui avaient composé cette organisation continuèrent d’exister et même de grandir ; elles continuèrent d’organiser de grandes rencontres pour s’exhorter et s’inspirer. Mais l’organisation formelle, son planning centralisé, ses déclarations officielles au nom de toutes les assemblées locales – tout cela a pris fin.

La possibilité de réintroduire ce qu’on a rejeté

Malheureusement, quelques-uns de ceux qui s’étaient dégagés de structures non bibliques sont tombés plus tard dans un piège. Ils ont donné leur consentement à la création de « réunions de coopération ». Chaque assemblée dans un district ou un état envoyait des délégués qui, une fois rassemblés, s’organisaient en choisissant présidents, secrétaires généraux, trésoriers, etc. Ils prétendaient, peut-être sincèrement, que leur objectif n’était pas de violer l’autonomie des assemblées locales en faisant des lois pour elles, mais de s’entretenir sur les moyens d’évangéliser les communautés où se trouvaient les assemblées-membres. Par leurs délégués, les assemblées promettaient certaines sommes d’argent pour financer la prédication de l’Évangile. « Les réunions de coopération » choisissaient alors des évangélistes, fournissaient leurs salaires et les autorisaient à travailler dans telle ou telle zone.

La suite logique de cette façon de procéder au travail fut l’organisation en 1849 de ce qu’on appelait « la Société Missionnaire ». Elle adopta un règlement intérieur qui fixa le niveau de cotisations à verser pour y faire partie et qui donna au bureau exécutif le pouvoir de nommer des missionnaires, décider de leur soutien et de leur champ de travail, les superviser, les renvoyer en cas de besoin et présenter un rapport sur leurs activités lors de la convention annuelle. N’importe quelle assemblée, n’importe quel individu pouvait y adhérer à condition de verser la cotisation exigée. On prétendait que cette organisation n’avait pas d’autre but que d’aider les assemblées dans la tâche d’évangélisation du monde et qu’elle ne représentait aucune menace au principe de l’autonomie des assemblées.

De nombreuses assemblées choisirent de ne pas participer à la « Société » ou s’en retirèrent après avoir mieux compris son fonctionnement. Elles trouvaient que ni son existence ni son mode de financement n’était autorisé par la Bible. Certaines trouvaient, en plus, que malgré les promesses, la Société Missionnaire empiéterait inévitablement sur l’indépendance des assemblées. Ils n’ont pas eu tort.

Moins de 15 ans après sa création, la société se permettait de faire des déclarations sur la politique nationale au nom de toutes les assemblées, comme si elle était leur porte-parole officielle. De plus en plus, des évangélistes et des assemblées qui ne soutenaient pas la Société étaient calomniés ou tenus à l’écart. Trente ans après sa création, les Sociétés Missionnaires des différents états essayaient de consolider leur pouvoir sur les Églises dans leurs états respectifs. Au Mississippi, la Société mettait tout en œuvre pour que les titres fonciers de tous les lieux de culte des Églises du Christ soient faits à son nom ; au Kansas et en Caroline du Nord, les Sociétés voulaient empêcher que des assemblées engagent des prédicateurs qui n’avaient pas été approuvés et ordonnés par la Société. Au Missouri, la Société se dota de l’autorité de superviser toutes les écoles dans l’état que les frères avaient créées.

L’espace ne permet pas de retracer toute l’évolution de ces institutions, mais les Églises qui ont pris le chemin des « réunions de coopération » et des « Sociétés Missionnaires », connues sous le nom « Disciples du Christ », finirent en 1968 par mettre en place une structure internationale qui légifère sur la doctrine aussi bien que les affaires pratiques, et qui ne fait même plus semblant de respecter l’autonomie des Églises locales. Les voilà donc revenus à la case départ : ceux qui s’étaient libérés d’une forme de gouvernement non biblique afin d’être tout simplement l’Église de la Bible se retrouvent une fois de plus avec une bureaucratie étrangère à la Parole de Dieu.

Avec cela ils ont compromis un tas de convictions bibliques sur l’adoration, le plan du salut, le rôle des femmes, l’inspiration de la Bible, la nécessité de la foi en Jésus-Christ pour avoir accès à Dieu, et bien d’autres sujets. Ces Églises servent ainsi de triste illustration d’un principe que nous avons souligné il y a très longtemps dans un autre numéro de Chemin de Vérité :

« L’abandon de l’autonomie des Églises représente déjà une apostasie, mais elle facilite l’apostasie sur d’autres plans. Quand toutes les Églises sont indépendantes et qu’une Église locale s’égare par une erreur doctrinale, les autres Églises peuvent rester dans la vérité. Elles ne seront pas forcément contaminées par la fausse doctrine. Par contre, quand les Églises sont soumises à une direction régionale ou nationale et qu’une erreur s’introduit au niveau de la direction, la fausse doctrine s’étend rapidement sur toute l’Église. La hiérarchie est presque toujours dotée de certains moyens pour assurer la conformité des Églises locales, que ce soit des pressions sociales ou des pressions financières. » (« L’autonomie des Églises »)

Et tout a commencé par le fait de vouloir améliorer le dessein de Dieu selon lequel son œuvre dans le monde doit se faire dans le cadre des Églises locales dont la Bible nous parle. Reconnaissons la sagesse de Dieu et suivons son plan. L’autonomie des assemblées ne les oblige pas à vivre dans l’isolement, sans possibilité de s’entraider ; elle n’exclut ni la collaboration volontaire, ni la communion fraternelle, ni le soutien moral ou matériel à des assemblées sœurs. On n’a pas besoin de créer des associations distinctes de l’Église, de nommer des présidents ou des trésoriers, de s’arroger le pouvoir de régler des problèmes internes des assemblées, d’agir comme porte-parole des Églises, ou de décider d’un programme de travail collectif pour tous les jeunes, ou toutes les femmes, ou tous les évangélistes dans un pays ou un district.

Que nos assemblées organisent des rencontres, des retraites, des conférences et séminaires, des débats publics, des stages de formation biblique, etc. Qu’elles invitent les autres assemblées à y prendre part. Si l’événement concerne juste des femmes ou des adolescents ou des couples mariés, qu’elles invitent les femmes, ou les adolescents ou les couples mariés des autres assemblées. On n’a pas besoin de créer un bureau exécutif – vous serez agréablement surpris en voyant ce qui peut se réaliser quand nous communiquons les uns avec les autres et que nous avons un esprit d’amour et de partage. « Combattant d’un seul cœur et d’une même âme pour la foi de l’Évangile, luttons comme un seul homme afin que d’autres arrivent à croire la Bonne Nouvelle. »

B. B.
(Dans Vol. 15, No. 5)


Note : Dans beaucoup de pays, les autorités exigent que les Églises demandent formellement la reconnaissance légale afin de fonctionner librement sur leur territoire. Pour des assemblées qui partagent la même foi mais qui désirent conserver leur autonomie, la situation peut être délicate. On veut bien obéir aux autorités (Romains 13.1-7), mais on doit prendre soin en formulant des statuts et des règlements intérieurs de ne pas accorder à ceux qui auront la tâche de nous représenter auprès des autorités un autre rôle. Il ne faudrait pas suivre aveuglément le modèle d’un autre groupe religieux et attribuer à nos représentants des pouvoirs réels sur l’Église du Seigneur. Veillons également à choisir des représentants qui sont humbles et qui n’ont même pas le désir de présider, ni à des activités collectives de plusieurs assemblées ni aux affaires de telle ou telle assemblée locale autre que la leur.

La croissance spirituelle

Cela fait pitié, n’est-ce pas, de voir une personne qui a l’âge d’un adulte, mais dont le développement s’est arrêté trop tôt. Il peut s’agir du développement physique. Certaines personnes n’ont jamais eu la force physique nécessaire pour travailler. Que ce soit dû à des facteurs génétiques ou à la sous-alimentation, il y a des gens dont les membres sont atrophiés ou qui n’ont pas la taille « normale ». Il peut s’agir du développement intellectuel ou émotionnel. On s’attend à ce qu’une personne majeure soit capable de comprendre, de parler, de lire et écrire, de raisonner comme un adulte et de prendre des décisions rationnelles. Celui qui a le corps d’un homme adulte mais qui raisonne et réagit comme un enfant de trois ou quatre ans fait pitié parce qu’il ne sera jamais autonome. On peut même parler de développement sur le plan social : une personne qui est physiquement et intellectuellement mûre est quand même parfois incapable de s’intégrer dans un groupe, d’assumer des responsabilités dans la société ou de compatir aux problèmes d’autrui.

Un phénomène encore plus triste que ce que nous venons de décrire, c’est le manque de croissance spirituelle chez un enfant de Dieu ou dans une assemblée de chrétiens. Si l’on ne grandit pas sur le plan spirituel, si l’on ne progresse pas vers la maturité en Christ, les conséquences risquent d’être désastreuses et même éternelles.

Mais qu’est-ce qui constitue le développement spirituel que Dieu souhaite voir en nous ?

Quelques traits d’un chrétien mûr

La connaissance

L’apôtre Pierre nous exhorte : « Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pierre 3.18). On n’a pas besoin de connaître toutes les doctrines chrétiennes avant de devenir disciple de Jésus, mais il faut continuer d’apprendre après son baptême. Jésus dit en Matthieu 28.19,20 : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. » Oui, on peut ignorer certains enseignements au moment de sa conversion ; mais celui qui a eu le temps de les maîtriser n’est pas sans faute s’il reste au stade du débutant. L’auteur de l’Épître aux Hébreux adresse un reproche à ses destinataires parce qu’ils n’avaient pas grandi en connaissance. Ils devaient être capables d’instruire d’autres personnes, mais ils avaient encore besoin qu’on leur enseigne des vérités de base :

« Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide. Or, quiconque en est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice ; car il est un enfant. Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. » (Hébreux 5.12-14)

Un chrétien mûr en connaissance de la Parole du Seigneur sait ce qui constitue le péché aux yeux de Dieu ; les récits de la vie de Jésus lui sont tous familiers ; il est capable d’expliquer correctement la relation entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament ; il comprend la nature de l’Église que Jésus a bâtie et les principes de l’adoration en esprit et en vérité ; il sait ce que Dieu demande d’un père de famille, d’une épouse ou d’un enfant dans le foyer ; il a étudié l’œuvre du Saint-Esprit dans le cœur du chrétien et le rôle des dons miraculeux au temps des apôtres ; il n’est pas confus par toutes les doctrines contradictoires concernant la fin du monde et le jugement dernier, car il a étudié ce que la Bible elle-même enseigne là-dessus. Nous devons tendre vers la maturité en matière de connaissance « afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction » (Éphésiens 4.14).

Le caractère moral

Il est possible de posséder de la connaissance sans pour autant vivre selon ce qu’on a appris intellectuellement. Jésus demandait à certains qui l’honoraient des lèvres : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6.46). Pierre nous dit en 2 Pierre 1.5 : « Faites tous vos efforts pour ajouter à votre foi la bonne conduite. » Et Jacques nous dit : « Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant par de faux raisonnements » (Jacques 1.22). Il y a malheureusement trop de personnes qui sont capables de citer de nombreux passages bibliques, mais qui n’ont jamais appris à exercer la maîtrise de soi quand on les provoque à la colère, qui ne résistent pas à la tentation de gagner de l’argent malhonnêtement, à qui manque l’amour du prochain, que l’on n’aurait jamais envie d’engager comme employés à cause de leur paresse, qui se découragent devant la moindre persécution, ou qui traitent à la légère le devoir chrétien de se garder sexuellement pur. Celui qui est mûr sur le plan spirituel ne connaît pas la vie chrétienne d’une simple manière théorique – il la vit tous les jours. « Tout disciple accompli sera comme son maître » (Luc 6.40).

La confiance en Dieu

Trop souvent, des personnes qui sont censées avoir marché pendant longtemps avec Christ sont encore des individus que le Seigneur qualifierait de « gens de peu de foi » (Matthieu 6.30; 8.26; 14.31; 16.8). Des chrétiens mûrs prient beaucoup parce qu’ils sont convaincus que Dieu est capable d’exaucer leurs prières. Ils vivent sans crainte des sorciers parce qu’ils ont confiance que le Seigneur les protégera. Ils n’ont jamais recours aux pratiques occultes ou aux actions malhonnêtes quand ils sont face à des problèmes. Ils ont assez de confiance en Dieu pour remettre leur sort entre ses mains et croire qu’il cherche leur bien ultime malgré les épreuves qu’il les laisse traverser. Certaines personnes sont chrétiennes depuis de longues années, mais elles ne manifestent toujours pas de confiance en Dieu par leurs offrandes : malgré ses promesses de bénir celui qui donne avec générosité (Luc 6.38; 2 Corinthiens 9.6-11; Philippiens 4.10-19, etc.), elles ont toujours peur de ne pas avoir le nécessaire si elles donnent beaucoup à Dieu. Elles ont besoin de grandir en ce qui concerne leur confiance en lui.

L’évangélisation et le service

Un arbre fruitier qui est mûr portera normalement du fruit. Des animaux qui arrivent au stade de la maturité commencent généralement à se reproduire. Le fait de se reproduire spirituellement, c’est-à-dire d’évangéliser d’autres personnes pour qu’elles soient nées de nouveau, est généralement un signe de maturité. En fait, le plus grand encouragement pour un évangéliste n’est pas de baptiser quelqu’un à qui il a enseigné la Parole de Dieu – c’est de voir ce dernier à son tour enseigner et amener une autre personne à se convertir. C’est en ce moment que l’évangéliste est rassuré que la bonne nouvelle a réellement pris racine dans le cœur.

Mais le fruit que le chrétien doit porter n’est pas seulement les conversions que Dieu produit au moyen des efforts de ce chrétien. Paul nous enseigne : « Il faut que les nôtres aussi apprennent à pratiquer de bonnes œuvres pour subvenir aux besoins pressants, afin qu’ils ne soient pas sans produire des fruits » (Tite 3.14). Un chrétien sur le chemin de la maturité spirituelle ne s’attend pas à une récompense matérielle de la part de l’Église quand il rend service. Il s’occupe gratuitement de la propreté du lieu de culte, et il le fait de bon cœur à cause de ce que le Seigneur a fait pour lui. Il fait des courses pour l’assemblée sans hésitation, parce qu’il se soucie de l’avancement du royaume de Christ. Si on lui demande de gérer l’argent de collecte, enseigner un groupe d’enfants, visiter un malade, ou exercer de l’hospitalité envers un frère qui est de passage, il le fait sans murmures, heureux de l’occasion de servir son prochain et son Seigneur.

Quelques traits d’une assemblée mûre

On peut aussi considérer le sujet de la maturité spirituelle en ce qui concerne des assemblées locales. On devrait s’attendre à ce qu’une assemblée fasse du progrès spirituel sur plusieurs plans.

Liens de fraternité

Il faut, par exemple, que des liens de fraternité et de solidarité soient tissés entre les membres du corps de Christ, qui est l’Église.

« C’est grâce à [Christ] que les différentes parties du corps sont solidement assemblées et que le corps entier est bien uni par toutes les jointures dont il est pourvu. Ainsi, lorsque chaque partie agit comme elle doit, le corps entier grandit et se développe par l’amour. » (Éphésiens 4.16, FC)

Ceux qui composent une assemblée doivent se voir comme étant une famille, comme un corps où chaque membre est important et apprécié. Ils doivent apprendre à s’encourager les uns les autres, à prier les uns pour les autres et à s’entraider. Est-ce qu’ils connaissent les domiciles les uns des autres ? les numéros de cellulaire ? les noms des enfants ? Remarquent-ils quand un tel est absent des réunions de l’Église et se rendent-ils chez cette personne pour connaître le problème et offrir de l’aide ? Quand on commence une assemblée, il faut chercher à cultiver ces expressions d’amour mutuel.

Conducteurs qualifiés

Une assemblée où les hommes ne sont pas capables de faire un culte sans la présence d’un frère de l’extérieur de l’assemblée pour les aider n’est évidemment pas une Église mûre. Dès que possible il faut préparer et former des hommes sur qui on puisse compter, des hommes dont le comportement ne fasse pas honte à l’Église et qui aient du zèle pour le Seigneur.

Au début d’une assemblée, il n’est généralement pas possible de remplir tous les rôles dont nous lisons dans le Nouveau Testament : anciens (pasteurs, évêques), diacres, évangélistes, enseignants, etc. En effet, il est précisé qu’un ancien ne doit pas être « un nouveau converti » (1 Timothée 3.6) ; quant aux diacres, Paul dit : « Qu’on les éprouve d’abord, et qu’ils exercent ensuite leur ministère » (1 Timothée 3.10). Dans un premier temps, les Églises sur l’île de Crète n’avaient pas d’anciens, mais Paul écrivit à Tite :

« Je t’ai laissé en Crète, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville, s’il s’y trouve quelque homme irréprochable, mari d’une seule femme, ayant des enfants fidèles, qui ne soient ni accusés de débauche ni rebelles. » (Tite 1.5,6)

Non seulement les hommes de l’assemblée doivent être en mesure de la conduire dignement, ils doivent aussi progresser afin de pouvoir établir de nouvelles assemblées ailleurs, là où le besoin se présente. Un chrétien mûr devrait pouvoir « se reproduire » spirituellement en amenant d’autres personnes à la conversion ; une assemblée mûre devrait être capable de se reproduire aussi en créant une autre assemblée locale, que ce soit dans un autre quartier, une autre ville, ou le village d’un membre.

Fidélité à la doctrine des apôtres

Nous avons déjà cité Éphésiens 4.14 qui décrit les chrétiens immatures comme des « enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes ». La même description s’applique à une assemblée qui n’a pas encore une bonne assise doctrinale. Elle devient facilement victime des faux docteurs, ou elle adopte des pratiques qui ne sont nulle part autorisées dans la Parole de Dieu. Les Églises de la Galatie n’étaient apparemment pas mûres sur ce plan. Après le départ de Paul, elles ont dévié de la vérité. Paul leur écrivit en Galates 1.6-8 :

« Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre Évangile. Non pas qu’il y ait un autre Évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Évangile de Christ. […] Je crains d’avoir inutilement travaillé pour vous. » (Galates 1.6,7; 4.11)

Le Seigneur reprocha aux assemblées de Pergame et de Thyatire d’avoir permis aux fausses doctrines de s’introduire au milieu d’elles (Apocalypse 2.14,15,20) ; il loua, par contre, l’Église de Philadelphie – ses membres n’étaient pas nombreux, mais elle avait gardé la Parole du Seigneur (Apocalypse 3.8).

Correction spirituelle

Une assemblée mûre sait traiter les problèmes de péché, que ce soit l’immoralité, la division ou la fausse doctrine. Elle sait ce que la Bible recommande à ce sujet, et elle a le courage de mettre en pratique cet enseignement. L’Église de Corinthe, à laquelle Paul fut contraint de dire : « Ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler, mais comme à des enfants en Christ » (1 Corinthiens 3.1), n’était pas mûre dans la pratique de la discipline. Il leur dit :

« On entend généralement qu’il y a parmi vous de l’impudicité, et une impudicité telle qu’elle ne se rencontre pas même chez les païens ; c’est au point que l’un de vous a la femme de son père. Et vous êtes enflés d’orgueil ! Et vous n’avez pas été plutôt dans l’affliction, afin que celui qui a commis cet acte fût ôté du milieu de vous ! […] Maintenant, ce que je vous ai écrit, c’est de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme. » (1 Corinthiens 5.1,2,11)

La correction d’un chrétien qui s’égare dans le péché doit se faire avec humilité et amour (Galates 6.1; 2 Thessaloniciens 3.14,15) et selon les étapes enseignées par Jésus lui-même (Matthieu 18.15-17), mais elle doit se faire. Une assemblée mûre se soucie de la condition spirituelle de ses membres, et, quand il s’avère nécessaire, elle applique la discipline appropriée.

La croissance spirituelle ne vient pas automatiquement avec le temps

Il semble que nos enfants grandissent généralement qu’on le veuille ou pas. En effet, Jésus pose la question : « Qui d’entre vous, par le souci qu’il se donne, peut ajouter une coudée à sa taille ? » (Matthieu 6.27, Version Darby). L’enfant qui se dit : « Quand je serai grand, je vais faire 1,85 m » n’atteint pas forcément cette taille ; cela ne dépend ni de sa volonté ni de son effort. Certaines choses qui dépendent de nous, telles que l’alimentation, sont, néanmoins, nécessaires ou contribuent à la croissance physique. Pareillement, certaines choses que nous devons faire contribueront à notre croissance spirituelle. Quand l’auteur de l’Épître aux Hébreux dit que ses destinataires n’avaient pas progressé comme ils auraient dû faire (Hébreux 5.12), ou quand Paul accuse les Corinthiens d’être encore des « enfants spirituels » (1 Corinthiens 3.1), il est sous-entendu qu’ils étaient en faute. Qu’est-ce qu’on peut donc faire pour promouvoir notre propre croissance spirituelle et celle de nos assemblées ?

Se nourrir de la Parole

Un enfant ne grandit pas convenablement s’il ne mange pas bien. Il doit manger suffisamment et régulièrement. La nourriture spirituelle dont nous avons besoin pour grandir, c’est la Parole de Dieu. L’apôtre Pierre dit : « Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait non frelaté de la parole, afin que par lui vous croissiez pour le salut » (1 Pierre 2.2, Colombe). La Parole n’est pas seulement pour les nouveaux convertis. Dans certaines communautés, il y a peu d’occasions pour l’étude sérieuse de la Bible après le catéchisme destiné aux candidats pour le baptême. Mais au lieu de cesser de manger après l’enfance, une grande personne prend de plus grandes quantités de nourriture. En plus, il est capable de supporter et profiter d’aliments que le bébé ne peut pas digérer. Pareillement, le chrétien qui tend vers la maturité doit « consommer » (lire, étudier, méditer) fréquemment la Parole. Il doit augmenter au lieu de réduire le temps qu’il met à étudier, et il doit se nourrir de la « nourriture solide » de la Parole, les enseignements qu’il n’était pas en mesure de comprendre lors de sa conversion (Héb. 5.11-14).

Une personne en bonne santé a généralement un appétit normal, mais parfois il faut manger même quand on n’en a pas envie. Le corps a besoin des nutriments. Même si le chrétien n’a pas envie d’écouter ou d’étudier la Parole de Dieu, il doit s’efforcer de le faire, car son âme en a besoin. Il trouvera peut-être que l’appétit vient en mangeant.

Une bonne alimentation spirituelle contribue également au développement d’une assemblée. Quand une Église locale manifeste des faiblesses spirituelles, il est fort possible que quelque chose manque à son régime, c’est-à-dire à l’enseignement qu’elle reçoit. Je me rappelle une conversation avec un membre d’une dénomination en Afrique : le jeune homme avec qui je parlais m’affirma qu’il pouvait être sûr que le sujet de la prédication du dimanche suivant se porterait soit sur la fornication, soit sur la dîme, soit sur la tenue des femmes. Selon lui, on ne prêchait jamais sur autre chose dans son Église ! La Parole de Dieu contient pourtant de nombreux enseignements sur ce que nous devons croire, la manière qu’il faut mener nos vies en tant que chrétiens, l’amour de Dieu pour nous, le modèle que Jésus représente pour nous, les fausses doctrines dont il faut se méfier, la glorieuse espérance qui devrait nous animer, l’Église que le Seigneur a bâtie et bien d’autres choses. Veillons à ce que nos assemblées suivent un régime bien équilibré afin de grandir spirituellement.

Demander l’aide de Dieu

Dieu nous a donné son Saint-Esprit pour nous fortifier et nous aider à atteindre la sainteté (Romains 8.13,26; Éphésiens 3.16). Il se soucie de notre survie et notre croissance spirituelles, et il écoutera certainement nos prières dans ce sens. Nous ne prétendons pas connaître toutes ses voies et tous les moyens à sa disposition pour nous venir en aide, mais nous savons que rien n’est difficile pour Dieu (Genèse 18.14). Voilà pourquoi l’apôtre Paul n’a pas manqué de prier pour ceux qu’il avait évangélisés. Il écrivit aux Philippiens :

« Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ. […] Et ce que je demande dans mes prières, c’est que votre amour augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour le discernement des choses les meilleures, afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ, remplis du fruit de justice qui est par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. » (Philippiens 1.6,9-11)

Dieu nous aide à progresser vers la maturité grâce à l’aide des personnes qu’il « donne » à son Église :

« Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs [Segond]. Il a agi ainsi pour préparer les membres du peuple de Dieu à accomplir la tâche du service chrétien, pour faire progresser le corps du Christ dans la foi. De cette façon, nous parviendrons tous ensemble à l’unité de notre foi et de notre connaissance du Fils de Dieu ; nous deviendrons des adultes dont le développement atteindra à la stature parfaite du Christ. Alors, nous ne serons plus des enfants. » (Éphésiens 4.11-14a, FC)

Il est vrai que les apôtres et les prophètes ont déjà achevé leur travail de nous révéler la vérité de l’Évangile et la volonté de Dieu pour tous les hommes : nous continuons de jouir du fruit de leur travail chaque fois que nous ouvrons la Bible. Le travail des évangélistes et des pasteurs-docteurs, par contre, n’est jamais achevé, et des hommes doivent continuer de jouer ces rôles aujourd’hui parmi nous pour que les chrétiens soient équipés pour le service et qu’on parvienne à la maturité.

Dieu nous aide également à travers les épreuves dans nos vies. Certes, nous ne souhaitons pas ce qui est difficile et douloureux, mais Dieu se sert même de ces expériences pour notre bien, pour faire de nous les personnes que nous devons être.

« Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien. » (Jacques 1.2-4)

Que ce soit la patience, l’humilité, la compassion, la confiance en Dieu ou bien d’autres qualités, c’est souvent à travers des expériences difficiles que Dieu les cultive en nous. (Voir aussi Hébreux 12.5-11; 1 Pierre 1.6,7.)

S’exercer

Si vous voulez devenir plus fort physiquement, vous devez vous exercer. Vous devez utiliser la force que vous possédez déjà, vous entraîner, tester vos limites et vous efforcer de faire toujours davantage. Le paresseux ne fera pas de grands progrès. Nous voyons le même phénomène dans le domaine spirituel. Il faut utiliser les dons que Dieu vous a déjà confiés, qu’ils vous semblent grands ou petits, sinon vous risquez de les perdre. « Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a » (Matthieu 25.29). Si vous ne faites aucun effort pour évangéliser, vous n’en serez jamais capable. Il faut vous appliquer si vous espérez un jour donner très généreusement, ou conduire des cantiques lors du culte, ou prêcher un sermon, ou encourager quelqu’un qui est abattu, ou apprendre un chapitre de la Bible par cœur. Et si vous ne réussissez pas la première fois que vous essayez, il faut persévérer.

Ce principe s’applique, bien sûr, aux assemblées aussi bien qu’aux individus. Une Église locale doit s’aventurer à faire des choses pour Dieu qu’elle n’a jamais tentées dans le passé. Peut-être qu’elle veut s’engager à soutenir un frère pour qu’il reçoive une formation comme évangéliste ou même pour le soutenir pour qu’il travaille à plein temps après cette formation. Peut-être qu’elle veut s’organiser pour venir en aide aux veuves et aux orphelins de son entourage. Peut-être qu’elle veut construire un lieu de culte. Il y a une tendance à vouloir attendre que d’autres personnes ou d’autres assemblées fassent le gros du travail, mais une Église qui attend les autres de cette façon au lieu de puiser dans ses propres ressources matérielles et spirituelles ne grandira pas.

Le premier pas

Si vous voulez grandir spirituellement en tant que chrétien, il faut tout d’abord vous demander si vous êtes déjà un enfant de Dieu. Êtes-vous déjà né de nouveau ? L’apôtre Jean écrit en 1 Jean 3.2 : « Bien aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu… » Comment devient-on enfant de Dieu ? Jean nous l’explique dans son Évangile. Il dit, en parlant de la lumière qui est venue dans le monde, c’est-à-dire Jésus : « Mais à tous ceux qui l’ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom et qui sont nés […] de Dieu » (Jean 1.12,13). Ce n’est pas par le simple fait de recevoir Jésus, de croire en son nom, que l’on devient enfant de Dieu. Mais celui qui croit en lui a « le pouvoir » (la possibilité, le moyen) de devenir enfant de Dieu, en étant né de Dieu.

En Jean 3.3,5 Jésus explique comment naître de Dieu, comment naître de nouveau : « En vérité en vérité je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, […] Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » Cette naissance d’eau et d’Esprit s’accomplit quand le croyant pénitent est baptisé en Christ (ensevelis, immergé dans l’eau). C’est en ce moment que ses péchés lui sont pardonnés et qu’il reçoit le don du Saint-Esprit (Actes 2.38). Il est alors sauvé et ajouté par le Seigneur à son Église. Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature (2 Cor. 5.17). C’est alors que la vraie croissance spirituelle peut commencer.

B. B.
(Dans Vol. 12, No. 5)

Où l’Église doit-elle se réunir?

Sous l’Ancien Testament, le lieu où l’on adorait Dieu était très important. Moïse ordonna aux Israélites :

« Vous irez au lieu que l’Éternel, votre Dieu, choisira parmi toutes vos tribus pour y placer son nom […] C’est là que vous présenterez tout ce que je vous ordonne, vos holocaustes, vos sacrifices, vos dîmes, vos prémices […] C’est là que vous vous réjouirez devant l’Éternel, votre Dieu […] Garde-toi d’offrir tes holocaustes dans tous les lieux que tu verras ; mais tu offriras tes holocaustes au lieu que l’Éternel choisira. » (Deutéronome 12.5,11-14)

Le lieu d’adoration était donc très important sous la loi de Moïse, mais Jésus dit à la femme samaritaine que les choses étaient sur le point de changer :

« Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne [en Samarie] ni à Jérusalem que vous adorerez le Père […] Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. » (Jean 4.21,23)

Ce que nous faisons et notre manière de le faire, voilà ce qui est plus important aux yeux de Dieu.

Il faut, néanmoins, adorer quelque part. Alors, quand il s’agit de lieux de culte, il y a deux attitudes opposées qui, toutes les deux, risquent de faire du mal à l’œuvre du Seigneur. La première est une sorte d’indifférence totale en ce qui concerne quelque chose qui pourrait faciliter grandement l’évangélisation et l’édification de l’Église. La deuxième est un souci exagéré, voire même une obsession, avec ce qui ne figure nullement dans les conseils inspirés que nous trouvons dans les pages du Nouveau Testament concernant la vie et le travail de l’Église.

Un aperçu historique

Si l’Église obéit à la recommandation biblique de s’assembler (Héb. 10.25), elle doit évidemment, comme nous venons de le constater, s’assembler quelque part. Dans certains climats, il est possible que ce lieu soit en plein air (au moins quand il ne pleut pas), sous un arbre, par exemple. Dans d’autres régions du monde, le froid et la neige exigent forcément une sorte d’abri.

Le Nouveau Testament ne nous fournit pas beaucoup de détails concernant les endroits où les assemblées se réunissaient au premier siècle. Tout au début, l’Église de Jérusalem se réunissait au temple juif (Actes 2.46). Il faut comprendre que la grande majorité des Juifs n’avaient pas droit d’entrer dans le bâtiment propre du temple – ce droit était réservé aux Lévites et aux sacrificateurs en fonction. Les adorateurs « ordinaires » se retrouvaient dans la cour du temple qui était composée de grandes places et de « portiques », ou galeries dont les toits étaient soutenus par de magnifiques colonnes. Plus tard nous trouvons des chrétiens réunis dans les maisons de certains membres (Actes 12.12; 1 Cor. 16.19; Philémon 2; etc.). Avant le jour de Pentecôte, les disciples s’assemblaient dans une grande « chambre haute » qui semble avoir été soit empruntée soit louée (Actes 1.12-15; Luc 22.7-14), et les chrétiens de Troas disposaient, eux aussi, d’une chambre haute pour leurs réunions (Actes 20.7-10).

L’histoire nous apprend que plus tard les chrétiens de Rome se retrouvaient dans les catacombes, un réseau de tunnels et de chambres qui constituait un cimetière souterrain. La raison pour un tel lieu de culte était la persécution subie par l’Église – de petits groupes pouvaient s’y réunir en cachette ; on dit que les païens, qui craignaient les esprits des morts, ne fréquentaient pas de tels lieux. Ce n’est que des siècles plus tard, quand la persécution avait pris fin, que des Églises commencèrent à construire des édifices magnifiques dans le but de glorifier Dieu et inspirer les adorateurs par leur beauté artistique. Entre les catacombes et les cathédrales, une grande variété de lieux de prière ont été construits selon les cultures, les climats et les moyens des assemblées.

Quelle valeur attacher aux édifices ?

Ce qui est certain, c’est que la validité d’une assemblée aux yeux de Dieu ne dépend pas du lieu de culte dont elle est dotée ; ce n’est donc pas un lieu de culte qui devrait déterminer le respect que les hommes accordent à une assemblée. L’importance exagérée que le lieu de culte revêt dans la pensée de beaucoup d’hommes risque de fausser l’image que l’on a d’une communauté chrétienne. Une Église qui est en total accord avec la volonté de Dieu et qui enseigne fidèlement sa Parole peut être rejetée d’office par certaines personnes pour la simple raison qu’elle se réunit dans une maison privée, dans une salle de classe, ou dans un autre local très modeste. C’est une grave erreur que de baser une décision dont les conséquences sont éternelles sur un facteur qui n’a aucune importance spirituelle. Certaines personnes se laissent impressionner et attirer par la grandeur, le confort ou la beauté d’un édifice et ne tiennent même pas compte du fait que ce qui se passe dans cet édifice est contraire à la Parole de Dieu. C’est un piège qui peut coûter la vie éternelle.

Est-ce donc une erreur pour une assemblée de chrétiens de construire un local pour y rendre son culte à Dieu, pour s’y réunir afin d’étudier la Bible et jouir de la communion fraternelle ? Non, ce n’est pas ce que nous disons. Un bâtiment est un outil, autorisé par le commandement de nous assembler (Hébreux 10.25, etc.).

Mais il faut garder une bonne conception des édifices. Un bâtiment, que ce soit une jolie chapelle, une cathédrale, ou une simple construction de bois, ne sauve personne. Romains 1.16 nous dit que c’est l’Évangile qui est « la puissance de Dieu pour le salut ». En plus, le bâtiment n’est pas un moyen d’évangéliser : la Bonne Nouvelle du salut se répand aux autres grâce à des hommes et des femmes qui ont cru et qui ont été transformés par ce message. Certains appellent le bâtiment où l’on prie « la maison de Dieu » ou « le temple » de Dieu, mais Dieu n’y habite pas. Il habite en nous les chrétiens. Paul dit en 1 Corinthiens 3.16 : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » Un joli lieu de culte n’assure pas la survie de l’Église : si les membres vivent dans l’immoralité, s’ils tombent dans de fausses doctrines, ou s’ils manquent d’amour les uns pour les autres, l’assemblée sera rejetée par Dieu, ou abandonnée par les hommes, ou les deux. Enfin, ces bâtiments, auxquels on attache tant de valeur, seront détruits le jour où le Seigneur reviendra. L’apôtre Pierre dit :

« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur. En ce jour, le ciel disparaîtra avec un bruit effrayant, les corps célestes seront détruits par le feu, la terre avec tout ce qu’elle contient cessera d’exister. Puisque tout va être détruit de cette façon, vous comprenez bien quel doit être votre comportement ! Vous devez avoir une conduite sainte et marquée par l’attachement à Dieu. » (2 Pierre 3.10,11, FC)

Évidemment, les choses physiques que nous pouvons voir de nos yeux et toucher de nos mains ne sont pas l’essentiel pour Dieu.

Les avantages d’un lieu de culte

N’y a-t-il pas des avantages à un lieu permanent pour une assemblée locale (un lieu loué ou acquis par l’Église) par rapport à la maison d’un membre, une salle de classe dans une école ou une salle publique qu’on louerait juste pour le culte du dimanche ? Il y en a plusieurs :

1. La flexibilité. Un lieu qui est en tout moment à la disposition de l’Église permet de programmer des activités quand on le veut, même à la dernière minute. Que ce soit un culte, une étude biblique, une réunion de prière, une séance d’évangélisation, un repas fraternel, une activité spéciale pour les jeunes ou les femmes, ou même un rendez-vous pour n’importe quel entretien spirituel, le local de l’Église est un lieu approprié et disponible.

2. La tranquillité. Quand on fait le culte dans le domicile d’un membre de l’Église, il y a parfois des activités domestiques qui se passent en même temps que l’adoration et qui constituent une distraction. Il peut y avoir des personnes qui font partie du foyer, mais qui ne sont pas membres de l’Église et qui s’entêtent à faire autre chose en même temps que l’assemblée essaie d’adorer Dieu : celle-ci fait son linge, ou son ménage ou sa cuisine (et parfois gêne les autres avec la fumée) ; celui-là joue la radio trop fort ; ceux-ci parlent haut et fort tout près de l’entrée de la salle. Si le culte se fait dans une cour commune, les distractions se multiplient en fonction du nombre de personnes dans la cour.

3. La légalité. Dans certains pays ou certaines villes, il existe des lois qui interdisent d’organiser des assemblées religieuses dans les maisons privées.

4. La respectabilité. Cet argument doit être admis, mais dans une mesure plus limitée : il est vrai que les préjugés dans certains milieux font qu’une Église qui ne se réunit pas dans une chapelle assez traditionnelle peut être mal vue. Ceux du dehors peuvent avoir l’idée que l’assemblée n’est pas « sérieuse ». Ils se disent qu’il s’agit simplement d’un effort d’escroquer les autres, comme une entreprise qui s’ouvre et se ferme subitement sans honorer ses engagements ou sans rembourser l’argent des clients qui n’ont pas eu satisfaction. Par contre, l’Église ne doit pas tomber dans le piège d’être l’esclave des attentes des non-chrétiens, des attentes qui n’ont rien à voir avec ce que Dieu veut pour son Église. Ce n’est pas à ceux qui ne sont même pas dans l’Église de déterminer les priorités de l’Église dans l’emploi de ses ressources.

Quand il s’agit d’un lieu que l’assemblée achète plutôt que de louer, il y a potentiellement un cinquième avantage et aussi quelques dangers :

5. La stabilité. Chaque fois qu’une assemblée change son lieu de réunion, elle perd généralement quelques visiteurs réguliers ou même des membres. Quand on est locataire ou qu’on s’arrange avec une école ou une famille dans l’Église pour l’emploi d’un espace, on n’a pas de garantie. Le propriétaire peut annuler ou ne pas renouveler le bail ; l’école peut changer de directeur ou de politique en ce qui concerne l’utilisation de ses salles ; la famille chrétienne peut déménager ou rechuter. La famille hôte peut s’engager dans des comportements qui déshonorent l’assemblée, ou profiter de la dépendance de l’Église en ce qui concerne le lieu d’adoration pour dominer sur les autres ou imposer sa volonté quand l’assemblée prend des décisions – ce qui pousse l’assemblée à vouloir changer de lieu. Quelle que soit la raison pour le déménagement de l’assemblée, il y a le danger de perdre certaines personnes.

Quelques dangers d’un lieu de culte

1. Le lieu que l’assemblée s’acquiert peut se trouver loin de là où habitent la plupart des membres actuels ou de ceux qu’on arrive à convertir. Les parcelles à la périphérie d’une ville sont souvent plus abordables, mais elles sont aussi moins accessibles. S’il y a déjà des assemblées dans quelques quartiers bien établis de la ville, il peut être très sage d’en établir aussi dans les quartiers en construction qui sont plus retirés du centre. Les nouveaux habitants trouveront une assemblée pour y prier. Mais si la première assemblée dans une ville s’implante tout à fait à l’extrémité sud de la ville, elle peut avoir du mal à attirer des gens du centre ou du côté nord, surtout là où beaucoup de la population ne disposent pas de leurs propres moyens de transport.

2. Le local peut se trouver dans un quartier trop bruyant, trop dangereux ou trop sale. Soit il est entouré de beaucoup de sources de distraction, soit le milieu décourage les visiteurs. Si l’assemblée est propriétaire du local, elle peut se sentir forcée d’y rester malgré le fait qu’un autre quartier serait nettement mieux pour ses activités. Elle devient prisonnière de son lieu de culte.

3. Si le bâtiment est construit ou acheté par des fonds venant d’ailleurs, disons d’une autre assemblée qui se trouve à l’étranger, il est fort possible que le coût de l’entretien du bâtiment soit au-delà des moyens de l’assemblée qui a bénéficié de la largesse des autres. Ce qui a été prévu comme une aide peut finir par devenir une charge difficile à porter. Il est souvent avantageux d’exercer de la patience à cet égard. Quand on s’applique à cultiver l’engagement, la foi et la générosité des membres d’une assemblée, ils apprennent à donner suffisamment pour satisfaire aux besoins de l’œuvre, y compris le besoin de construire et d’entretenir un lieu permanent pour ses réunions. Même si une aide d’ailleurs pour compléter les efforts locaux est la bienvenue, la responsabilité principale repose sur l’Église locale. Quand nous cherchons la facilité, voulant que d’autres personnes nous fassent cadeau d’un lieu de culte pour lequel nous n’avons pas sacrifié, nous n’apprenons pas les leçons spirituelles dont nous avons besoin. Que ce soit une question de force physique ou spirituelle, c’est par le travail et l’effort que l’on devient plus fort. L’aide accordée avec les meilleures intentions fait parfois plus de mal que de bien, surtout si elle est trop généreuse ou si elle est accordée sans que les bénéficiaires fassent des efforts selon leurs capacités.

Il est important de reconnaître que ce qui précède ne s’applique pas seulement dans des milieux pauvres. Il y a de très nombreux exemples d’assemblées qui ont bénéficié d’aides importantes pour construire leurs lieux de culte, et qui n’ont jamais appris à donner selon leurs moyens. Que ce soit dans des pays riches, tels que l’Allemagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et d’autres, ou dans les pays très pauvres, des assemblées où les membres gagnaient des salaires comme ceux de leurs compatriotes ont perdu leurs locaux parce qu’elles n’arrivaient pas à payer les impôts fonciers ou ont permis à ces locaux de tomber en ruine par manque d’entretien. Les membres n’avaient pas investi leur propre argent pour les construire, et par conséquent, ils n’étaient pas prêts à dépenser ce qui était nécessaire pour les conserver. Ils considéraient que c’était le devoir d’autrui de leur fournir un lieu de culte. Même si une telle aide peut être utile ou appréciée, il est important de comprendre que rien dans la Bible n’indique que les apôtres et les évangélistes au premier siècle fournissaient les fonds pour louer ou acheter des lieux de culte pour les assemblées qu’ils établissaient. Aucun passage n’enseigne qu’il est le devoir d’une assemblée de fournir un lieu de réunion pour une autre assemblée.

Un bâtiment produit-il la croissance ?

Nous avons admis qu’un lieu de culte peut être très utile pour une assemblée et constituer une aide dans son travail d’évangélisation. Il y a peu de gens qui diraient le contraire. Mais nombreux sont ceux qui exagèrent l’importance du local. Le dirigeant d’une Église en Côte d’Ivoire me parlait un jour du grand édifice que son assemblée construisait depuis plusieurs années. J’ai été fort surpris de l’entendre dire : « C’est ce bâtiment qui va évangéliser pour nous. » Je me suis demandé si ce bâtiment serait capable de produire la foi dans le cœur des hommes, car la Bible dit : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ » (Romains 10.17). J’ai pensé aux chapelles et aux cathédrales que j’avais vues en Europe qui étaient beaucoup plus magnifiques que ce que son assemblée construisait ; pourtant ces édifices n’étaient plus fréquentés. J’ai pensé à un joli lieu de culte que des Américains avaient construit quelques années auparavant pour une assemblée baptiste dans une autre ville ivoirienne : ce « temple », beau et spacieux, ne recevait pourtant qu’une poignée de fidèles. Je pensais aux villageois qui avaient encouragé les chrétiens à construire, en disant : « Quand vous aurez construit votre église, nous serons avec vous, car nous voyons que vous prêchez la vérité. » Le bâtiment fut construit, mais ces gens-là n’ont jamais rejoint ceux qui y adoraient. Si la vérité ne pouvait pas les gagner sans bâtiment, c’est qu’ils n’aimaient pas vraiment la vérité.

Pareillement, certains frères se plaignent qu’ils convertissent des gens, mais que ces convertis ne restent pas longtemps parce que le lieu de culte n’est pas satisfaisant. Jésus dit en Matthieu 10.37-39 :

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Celui qui conservera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de moi la retrouvera. »

Le problème n’est probablement pas le lieu de culte, mais plutôt le fait que ces « convertis » n’avaient pas la sorte d’engagement que Jésus demande ; ils n’avaient pas « calculé la dépense » (Luc 14.28-30) ; ils n’étaient pas dignes d’être ses disciples. L’Église au premier siècle ne disposait pas de lieux de culte comme ceux auxquels on pense de nos jours ; en plus, elle était persécutée avec furie. Et pourtant, elle grandissait et remplissait le monde de sa doctrine.

Ce qui contribue réellement à la croissance

L’Évangile que nous devons prêcher et le cœur de celui qui l’écoute sont les deux éléments les plus importants dans la conversion. Certaines personnes ne se convertissent pas ou ne restent pas fidèles parce qu’elles n’ont pas le cœur « honnête et bon », comme Jésus nous l’enseigne dans la parabole des sols (Luc 8.5-15). Si nous cherchons, après ces deux éléments, des facteurs secondaires, soyons assez honnêtes pour reconnaître que le lieu de culte est relativement bas sur la liste. Beaucoup plus nécessaires sont le zèle et la fidélité dans l’enseignement de la Parole de Dieu, l’amour sincère les uns pour les autres et pour ceux du dehors, des vies dans la communauté qui s’harmonisent avec notre prédication, et un accueil chaleureux pour tous – qu’ils soient riches ou pauvres, autochtones ou étrangers. Est-ce que des visiteurs ou de nouveaux convertis trouvent des gens qui sont plutôt moroses, qui se plaignent de ce qu’on ne les aide pas, et qui se comparent défavorablement aux autres groupes religieux ? Ou bien, ces visiteurs et nouveaux chrétiens découvrent-ils des personnes qui sont heureuses d’appartenir à l’Église que Jésus a créée, de faire partie d’une vraie famille spirituelle, de posséder la vérité qui sauve leurs âmes, et de pouvoir consacrer leurs vies et leurs biens à la gloire de Dieu ? Si ces visiteurs découvrent un peuple avec une telle joie, avec ou sans bâtiment, ils seront attirés.

Mettons donc l’accent là où la Parole de Dieu le met :

« Exhorte de même les jeunes gens à être modérés, te montrant toi-même à tous égards un modèle de bonnes œuvres, et donnant un enseignement pur, digne, une parole saine, irréprochable, afin que l’adversaire soit confus, n’ayant aucun mal à dire de nous. » (Tite 2.6-8)

« Alors le proconsul crut […] étant frappé de la doctrine du Seigneur. » (Actes 13.12)

« Faites tout sans murmure ni plainte. Ne soyez pas de perpétuels mécontents ou hésitants. Mettez-vous en garde contre un esprit de contestation et de doute. Alors personne ne saura vous trouver en faute, vous pourrez vous présenter en hommes irréprochables, nets de toute fausseté, en authentiques enfants de Dieu au sein d’une humanité dégénérée et corrompue. En cette époque perverse et dépravée, brillez comme des foyers de lumière au milieu d’un monde enténébré. » (Philippiens 2.14,15, Parole vivante)

« À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13.35)

B. B.
(Dans Vol. 12, No. 2)

Conseils pour de petites assemblées

La plupart des Églises du Christ dans le monde francophone sont de petites assemblées – composées de moins de vingt membres. Certaines n’ont que quatre ou cinq membres. Une assemblée peut certainement être une Église valable aux yeux de Dieu bien qu’elle ait peu de membres. Jésus nous assure : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matthieu 18.20). En s’adressant à l’Église de Philadelphie le Seigneur dit : « Je connais tes œuvres. Voici, parce que tu as peu de puissance, et que tu as gardé ma parole, et que tu n’as pas renié mon nom, j’ai mis devant toi une porte ouverte, que personne ne peut fermer » (Apocalypse 3.8). L’Église de Philadelphie n’était peut-être pas une grande assemblée – elle avait « peu de puissance ». Et pourtant, le Seigneur félicita cette assemblée à cause de sa fidélité.

Aux yeux de Dieu, le fait d’avoir un nombre restreint n’est pas un défaut en soi pour une Église. Parfois le manque de croissance est le résultat de certains défauts chez l’assemblée tels que la division, un mauvais témoignage à cause du péché, ou un manque de zèle et de persévérance dans l’évangélisation. Mais Dieu ne juge pas les assemblées sur le nombre de leur assistance.

Les petites assemblées, pourtant, doivent être particulièrement vigilantes pour éviter certaines erreurs qui peuvent non seulement faire obstacle à leur croissance, mais aussi déplaire à Dieu.

1. Heures des réunions non respectées

Un petit groupe peut se permettre d’être plus flexible en ce qui concerne ses réunions, mais cette flexibilité peut jouer contre les efforts d’attirer les autres. Si l’on n’a pas d’heure fixe ou que l’on ne la respecte pas, les visiteurs qui ne vous trouvent pas prêts pour le culte risquent de ne plus revenir. (Ce qui est encore pire, c’est de ne même pas se réunir par occasion. C’est un défaut constaté dans certaines petites assemblées et qui précipite leur mort en tant qu’Église.)

2. Mauvaise préparation des leçons

Généralement celui qui doit s’adresser à une grande assistance ne veut pas avoir honte devant tant de personnes. Pour cette raison il prend le temps nécessaire de bien préparer ce qu’il va dire. Il veut avoir quelque chose de bon à présenter de la Parole de Dieu. Dans une petite assemblée, on sent moins de pression. Et pourtant, que les hommes soient nombreux ou pas, tout ce que nous faisons pour Dieu doit être de notre mieux. C’est la faveur de Dieu que nous devons rechercher en toutes choses (Galates 1.10).

En plus, la petite assemblée peut avoir en son sein moins de frères doués pour l’enseignement. Si l’on veut que les membres soient nourris spirituellement et que les visiteurs soient convaincus, ceux qui doivent enseigner ont besoin de faire encore plus d’efforts dans leurs préparatifs par rapport à la personne ayant plus de formation, d’expérience ou de dons naturels.

3. Négligence dans l’observance du repas du Seigneur

Certaines petites assemblées sont très irrégulières en ce qui concerne la communion, surtout des assemblées se trouvant loin de la ville. Elles ne prévoient pas l’achat du jus de la vigne ou même la farine pour faire du pain sans levain. Il n’y a pas d’excuse pour une telle négligence. Bien avant le dimanche il faut s’assurer que le nécessaire est là pour rendre à Dieu un culte conforme au modèle biblique.

4. La paresse en ce qui concerne le lieu d’adoration

Quand une assemblée vient de commencer, elle est souvent obligée de « se débrouiller » pour avoir un lieu de réunion. Ce sera peut-être dans le salon d’un frère ou même d’un « sympathisant », dans une salle de classe d’une école primaire, ou même sous un arbre. Ces solutions devraient généralement être provisoires. L’Église peut ne disposer du lieu que pendant des heures bien déterminées, ce qui l’empêche d’organiser des activités spéciales. L’assemblée peut être « chassée » par un nouvel administrateur de l’école ou suite à un changement d’attitude chez le propriétaire de la maison. Et bien sûr, un arbre ne constitue pas un abri pendant la saison des pluies. Si vous vous êtes jamais réunis dans de tels lieux, vous pourriez énumérer d’autres inconvénients. Parfois on se contente de ces solutions insatisfaisantes parce qu’elles ne demandent pas de sacrifice financier. Au lieu de faire l’effort nécessaire afin de pourvoir un lieu propre à l’Église, on opte pour la voie la plus facile. Frères, un tel comportement ne convient pas au service de Dieu et ne contribue pas au progrès de l’Église.

5. Le défaitisme

Quand on est peu nombreux, on est souvent tenté de penser que l’on ne peut rien réaliser, que ses ressources sont trop limitées. Sans même faire d’effort on se voit déjà comme vaincu. Que ce soit une question d’évangélisation, de construction de lieu de culte, d’œuvre bénévole, ou de l’organisation d’une période de communion fraternelle, certains frères sont prêts à décourager toute initiative en prédisant son échec. On oublie si vite que « je puis tout par celui qui me fortifie » (Philippiens 4.13), que « tout est possible à celui qui croit » (Marc 9.23), et que Dieu « peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons » (Éphésiens 3.20).

Tant qu’elle est fidèle, une petite assemblée n’a pas besoin d’avoir honte du fait qu’elle est petite. Mais que les nombres restreints ne deviennent jamais une excuse pour la négligence dans l’œuvre du Seigneur.

B. B.
(Dans Vol. 2, No. 4)