La restauration : Un retour en arrière

En Luc 18.8 Jésus a posé une question surprenante : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t‑il la foi sur la terre ? » Sans répondre directement à cette question, les apôtres de Jésus ont plus tard émis plusieurs avertissements en disant qu’un bon nombre de chrétiens seraient détournés de la vraie foi par de faux prophètes et de faux docteurs. Ils ont prédit une grande apostasie, c’est-à-dire un abandon de la vérité (1 Timothée 4.1-3; Actes 20.29,30; 2 Thessaloniciens 2.3; 2 Timothée 4.3; 2 Pierre 2.1; etc.). Ces prophéties se sont accomplies dans les siècles qui ont suivi la mort des apôtres. Bien que les hommes continuent de se considérer comme des chrétiens, beaucoup sont tombés dans le même genre de pièges que les Juifs que Paul décrit en Romains 10.2,3 :

« Je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence : ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. »

Bien qu’ils se voient comme étant toujours dans la bonne voie, ils ne le sont pas. Les paroles de Jésus en Marc 7.8,9 les décrivent parfaitement : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. »

Au problème de l’éloignement de la vérité biblique s’ajoute le fléau de la division entre les croyants. Divers efforts de réformer des institutions étrangères à la Bible, des Églises totalement distinctes de celle dont nous lisons dans les pages du Nouveau Testament, ont eu pour résultat la création d’une multitude de dénominations. Par exemple, l’Église du Nazaréen est née au 19e siècle d’un désir de ramener le méthodisme aux principes de son fondateur, John Wesley. Au cours du siècle précédent, les méthodistes avaient vu le besoin de changement au sein de l’Église anglicane, et l’anglicanisme, quant à lui, avait voulu, deux siècles plus tôt, réformer le catholicisme, au moins en Angleterre. Mais il est clair qu’aucune de ces Églises – nazaréenne, méthodiste, anglicane ou catholique – n’était connue des apôtres. Elles sont différentes les unes des autres, et différentes de l’Église du premier siècle. Cette confusion est contraire à la volonté de Jésus, qui avait prié pour que ces disciples soient un, comme lui et son Père sont un (Jean 17.20,21).

Ces deux problèmes, l’apostasie et la division religieuse, pourraient être résolus, nous semble-t‑il, par le même remède : un retour en arrière. Un retour radical aux Écritures, qui sont la base de la véritable foi chrétienne, permettrait de redécouvrir ce que le Seigneur avait voulu et ordonné pour son Église. Il permettrait ainsi de restaurer les pratiques et les enseignements qui ont été perdus dans l’accumulation continuelle de traditions et de commandements d’hommes.

Un retour en arrière est-il désirable ?

Il y a une tendance à penser que ce qui est nouveau est toujours meilleur. On parle de progrès, d’évolution, d’amélioration, de développement, etc. On pense que l’Église a besoin de changer avec le temps, de s’adapter aux différentes cultures et aux différentes mentalités au fil des années, de se rendre moderne. Ce qu’il faut se rappeler, c’est que l’Église a été conçue par Celui qui a créé tous les hommes. Non seulement il connaît parfaitement l’être humain et son caractère, mais il a toute l’intelligence et toute la sagesse nécessaires pour définir une voie qui convienne aux besoins de tous les hommes, quels que soient leurs pays ou leur époque. Ni le message de l’Évangile ni la nature de l’Église n’ont besoin d’être améliorés ou d’être adaptés par les hommes.

En lisant le Nouveau Testament, nous pouvons voir qu’il y avait dans la pensée de Dieu un modèle pour son Église, un modèle qu’il a révélé aux hommes inspirés, lesquels avaient le devoir de le suivre et de l’enseigner aux autres, sans y apporter leurs propres modifications. Quand Dieu ordonna à Moïse de faire construire le tabernacle, un lieu d’adoration pour les Israélites, Moïse devait suivre un modèle. Hébreux 8.5 nous rappelle cette nécessité. Il dit que Moïse fut averti par Dieu en ces termes : « Aie soin […] de faire tout d’après le modèle qui t’a été montré. » Dieu ne laissa pas aux Israélites la liberté de décider de quelle manière ils le serviraient. Dans le Nouveau Testament, pareillement, il est manifeste que le Seigneur lui-même a décidé ce que son Église doit faire et enseigner, ce à quoi elle doit ressembler. Jésus a parlé sévèrement de ceux qui délaissaient les choses que Dieu avait ordonnées et qui instituaient des pratiques à leur propre goût. Il dit : « C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes » (Marc 7.7).

Il ressort clairement des épîtres de Paul qu’il enseignait la même chose partout où il allait. Ce n’est pas que la culture était pareille dans tous les pays où il travaillait. Au contraire, les gens de Lystre et de Derbe étaient considérés comme étant ignorants, superstitieux et presque « sauvages » ; les Corinthiens étaient des gens mondains qui recherchaient avant tout le luxe et le plaisir sexuel ; ceux de Philippes étaient fiers de leur citoyenneté et de leur culture romaines, lesquelles les distinguaient des villes grecques des alentours ; la force des Éphésiens, c’était la magie ; la gloire des Athéniens, c’était la philosophie. Chaque pays et même chaque ville avait sa propre culture et sa propre mentalité, mais l’apôtre était convaincu que tous avaient besoin du même enseignement. Il recommandait les mêmes pratiques partout. Et pourquoi ? Parce qu’il était conscient qu’il y avait un modèle donné par le Seigneur et auquel il devait être fidèle. Considérez les expressions suivantes tirées de ses écrits : « C’est ainsi que j’ordonne dans toutes les Églises » (1 Corinthiens 7.17) ; « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné » (1 Corinthiens 11.23) ; « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées » (1 Corinthiens 14.33,34) ; « Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle de saines paroles que tu as reçues de moi. Garde le bon dépôt » (2 Timothée 1.13,14).

Compte tenu de ce langage, nous pouvons dire qu’un retour aux enseignements inspirés des apôtres est tout à fait souhaitable, voire nécessaire. Après tout, pousser en avant ne nous amène pas toujours là où il faut. Si l’on a pris un mauvais tournant et que l’on ne suit plus la bonne direction, on n’arrivera jamais où l’on veut aller, à moins qu’on ne reconnaisse et corrige son erreur. Voilà pourquoi le prophète Jérémie dit à ses compatriotes qui avaient abandonné la loi de Dieu :

« Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y et vous trouverez le repos de vos âmes ! » (Jérémie 6.16)

Peut-on retourner en arrière ? Parfois il n’y a pas d’autre choix, si l’on veut arriver à bon port.

Un retour en arrière est-il possible ?

Mais par quel moyen pouvons-nous retrouver la pureté et la simplicité du christianisme originel ? Est-ce vraiment possible de retourner en arrière, de reprendre des pratiques qui appartiennent à une autre époque, de retrouver ce qui a été délaissé par ceux qui nous ont précédés ? Plusieurs exemples bibliques nous montrent qu’il est tout à fait possible de le faire. Prenons-en deux.

Deux Chroniques 34 et 35 nous parle du roi Josias, qui a régné sur le royaume de Juda environ 600 ans avant Jésus. Le père et le grand-père de Josias, qui l’avaient précédé sur le trône à Jérusalem, avaient pratiqué toutes sortes d’idolâtrie criminelle. Pendant leur règne, la maison de l’Éternel était tombée dans un état déplorable. Arrivé au pouvoir, le jeune roi Josias fit tout ce qu’il put pour débarrasser le pays des idoles et pour ramener les hommes vers l’Éternel. Il donna aussi l’ordre de réparer le temple de Dieu à Jérusalem.

Au cours des travaux, un sacrificateur découvrit un livre : c’était la loi de l’Éternel, donnée par Moïse, la loi qui devait gouverner tous les Israélites en tant que peuple de Dieu. Ce sacrificateur remit le livre à un ministre du roi, qui l’apporta à Josias et lui en fit lecture.

« Lorsque le roi entendit les paroles de la loi, il déchira ses vêtements. Et le roi donna cet ordre à [ses serviteurs] : Allez, consultez l’Éternel pour moi et pour ce qui reste en Israël et en Juda, au sujet des paroles de ce livre qu’on a trouvé ; car grande est la colère de l’Éternel qui s’est répandue sur nous, parce que nos pères n’ont point observé la parole de l’Éternel et n’ont point mis en pratique tout ce qui est écrit dans ce livre. » (2 Chroniques 34.19-21)

Josias convoqua par la suite tous les habitants du pays pour une lecture publique du livre de la loi ; le roi et son peuple s’engagèrent alors à observer tout ce qui était écrit dans le livre de Dieu. Dans ce même mois, la nation d’Israël devait, selon la loi de Moïse, observer une fête importante, qui était la Pâque. Ne confondez pas celle-ci avec la fête de Pâques célébrée de nos jours. La Pâque juive commémorait la délivrance que Dieu accorda aux Israélites au temps de Moïse après 400 ans d’esclavage en Égypte. Sous la direction du roi Josias, le peuple obéit donc à toutes les ordonnances concernant la Pâque. Mais ces ordonnances avaient été négligées en Israël depuis plus longtemps que les règnes du père et du grand-père de Josias. Deux Chroniques 35.18 nous dit : « Aucune Pâque pareille à celle-là n’avait été célébrée en Israël depuis les jours de Samuel le prophète. » Cela veut dire que la volonté de Dieu à cet égard n’avait pas été respectée depuis environ quatre siècles. Mais grâce aux instructions dans le livre de la loi, Josias et son peuple purent restaurer l’observance de la Pâque.

Un autre exemple se trouve dans le livre de Néhémie, chapitre 8. Il s’agit de l’époque où les Juifs revinrent de leur captivité qui dura 70 ans à Babylone, et là encore il est question de l’une des trois grandes fêtes juives. Comme cela avait été ordonné, le peuple s’assembla à Jérusalem le premier jour du septième mois de l’année juive, et le scribe Esdras lut publiquement dans le livre de la loi. Comme au temps de Josias, il y eut un grand remords, car le peuple découvrit que la loi de Dieu n’avait pas été suivie. Mais ce remords fut suivi d’un empressement à mieux faire. Nous lisons à partir du verset 14 :

« Ils trouvèrent écrit dans la loi que l’Éternel avait prescrite par Moïse que les enfants d’Israël devaient habiter sous des tentes pendant la fête du septième mois, et proclamer cette publication dans toutes leurs villes et à Jérusalem : Allez chercher à la montagne des rameaux […] d’arbres touffus, pour faire des tentes, comme il est écrit. Alors le peuple alla chercher des rameaux, et ils se firent des tentes […] Toute l’assemblée de ceux qui étaient revenus de la captivité fit des tentes, et ils habitèrent sous ces tentes. Depuis le temps de Josué, fils de Nun, jusqu’à ce jour, les enfants d’Israël n’avaient rien fait de pareil. Et il y eut de très grandes réjouissances. » (Néhémie 8.14-17)

Cette fois-ci il s’agit d’un ordre de Dieu auquel le peuple n’avait pas obéi depuis environ mille ans ! Mais ce n’est pas parce que leurs ancêtres n’avaient pas obéi à la Parole de Dieu sur ce point depuis le temps de Josué que les Juifs du temps d’Esdras et Néhémie ne mirent pas en pratique ce qu’ils lurent. Ils constatèrent et regrettèrent l’apostasie de leurs pères en ce qui concerne la fête des Tabernacles, mais ils prirent par la suite la résolution d’obéir à la Parole là où ils ne l’avaient pas fait auparavant.

Le principe de restauration

Nous avons employé tout à l’heure le verbe « restaurer », et c’est un mot qui a toute son utilité lorsque nous traitons du problème de l’apostasie. Il évoque, en effet, toute l’approche que nous voulons recommander. On parle souvent de réforme. Il y a eu, par exemple, ce qu’on a l’habitude d’appeler « la Réforme protestante ». L’objectif des réformateurs était, au moins à l’origine, de réformer, d’améliorer ou de corriger les abus dans l’Église catholique. Sans vouloir condamner des hommes de grande foi et de bonne volonté, on peut constater qu’une des conséquences de leur travail a été la division. L’Église catholique n’ayant pas voulu accepter les réformes proposées, et les réformateurs n’étant pas toujours d’accord entre eux quant au degré de modification qui s’imposait, on a assisté à l’apparition d’une multitude d’Églises différentes, distinctes les unes des autres de par leurs noms, enseignements et chefs. Comme nous l’avons vu, certaines ne sont pas nées d’un désir de réformer l’Église catholique, mais de réformer une Église protestante qui semblait s’égarer de sa voie. Mais n’y a-t‑il pas un problème fondamental dans la notion de réforme ? Jésus dit en parabole : « Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste sera déracinée » (Matthieu 15.13). Si nous comprenons que des Églises dont la Bible ne parle pas ne sont pas des « plantes » que Dieu le Père a plantées, il est évident que ces Églises ne seront pas reconnues par lui. Elles ont des hommes comme fondateurs, et de plusieurs manières elles ne répondent pas à la description de l’Église dont parle le Nouveau Testament. Au lieu de vouloir réformer ou améliorer des institutions que Dieu n’a pas créées, ne vaut-il pas mieux restaurer ce qui était à l’origine ?

Une tentative de restauration

Dans un autre numéro de Chemin de Vérité (« Travaillons ensemble », Vol. 15, No. 5), nous avons parlé d’un organe religieux appelé le « Presbytère de Springfield » qui présidait à une communauté dynamique et croissante de plusieurs Églises locales dans l’état américain de Kentucky il y a plus de 200 ans. Malgré leur succès évident, les dirigeants de cette dénomination commencèrent à douter du bien-fondé de leur existence en tant qu’organisation. En effet, dans leur étude de la Bible, ils n’ont trouvé aucune justification pour soutenir l’existence d’une Église qui était manifestement distincte, non seulement des autres Églises modernes, mais surtout de celle qui est décrite dans la Bible. Ces hommes entreprirent donc une action courageuse et inédite : ils rédigèrent un document pour renoncer à leur propre autorité religieuse et dissoudre volontairement l’organisation qu’ils avaient créée. Ce document, parfois un peu humoristique, prit la forme du testament d’une personne sur le point de mourir et exprimant ses dernières volontés. Le titre du document est, en effet, « Testament et dernières volontés du Presbytère de Springfield », signé le 28 juin 1804.

En voici un extrait :

« Nous voulons que ce corps meure, qu’il soit dissous, et qu’il devienne un avec le corps de Christ […] car il n’y a qu’un seul corps, et un seul Esprit, comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance par notre vocation.

Nous voulons que notre nom de distinction, avec son titre révérend, soit oublié, et qu’il n’y ait qu’un seul Seigneur sur l’héritage de Dieu et que son nom soit unique.

Nous voulons que notre pouvoir de faire des lois pour gouverner l’Église soit aboli à jamais, que le peuple ait libre accès à la Bible et qu’il adopte la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ […]

Nous voulons que le peuple prenne désormais la Bible comme le seul guide sûr pour aller au ciel. »

Ces hommes n’avaient pas du tout l’idée de « réformer » leur Église ; ils avaient décidé que leur Église, n’ayant pas été établie par le Seigneur lui-même, n’avait pas lieu d’exister. Ils voulaient que les hommes soient désormais membres, non pas d’une dénomination, mais de l’Église du Christ. Ils voulaient voir une « restauration » de l’Église du premier siècle.

Conclusion

Ce qui compte ici, ce n’est pas tellement le terme réforme ou restauration ; c’est l’intention de se conformer en tout à ce que le Nouveau Testament nous révèle au sujet de l’Église. Il faut être conscient que nous n’avons ni besoin ni le droit de créer une Église distincte de celle que Jésus a bâtie. Et il faut avoir confiance que la Bible nous révèle tout ce dont nous avons besoin pour devenir membres de cette Église et pour organiser des assemblées locales de cette seule Église. Comme nous le lisons en 2 Pierre 1.3 : « Sa puissance divine nous a donné tout ce qu’il faut pour accéder à la vie véritable et pour marcher selon la volonté de Dieu » (Parole vivante).

Pour résoudre le problème de l’apostasie, il faut revenir en arrière. Il faut reconnaître que les hommes ont fait fausse route en abandonnant les pratiques et les doctrines des apôtres de Jésus, et que la seule solution, c’est de revenir à la source, c’est-à-dire au Nouveau Testament. C’est ainsi que nous connaîtrons réellement la faveur de Dieu.

B. B.
(Dans Vol. 20, No. 1)

Les « dénominations » – Qu’y a-t-il de mal en cela ?

Dans le monde de nos jours il existe une multitude de confessions religieuses qui se réclament de Jésus-Christ. Elles se distinguent les unes des autres sur plusieurs plans : elles ont des organisations distinctes, elles ont parfois différentes façons d’adorer Dieu, il y a des différences au niveau doctrinal, et elles se distinguent généralement les unes des autres par des noms. C’est ainsi que nous appelons parfois ces confessions des « dénominations ». Le mot évoque un groupe qui se distingue des autres par un nom.

Plus inquiétant que le fait de se distinguer les unes des autres, ces dénominations, par leurs messages concernant le salut ou les conditions du salut, par leurs formes de gouvernement, par leur culte, ou par des doctrines non-bibliques, se distinguent de l’Église dont nous lisons dans la Bible, celle que Jésus a promis de bâtir (Matt. 16.18). (Notons qu’il est bien possible qu’un groupe religieux porte un nom biblique, comme Église de Christ ou Église de Dieu, mais qu’il soit quand même une dénomination à cause d’autres éloignements de la doctrine du Nouveau Testament. Malgré le nom qu’elle se donne, elle ne serait pas l’Église du Seigneur.)

Parler de « l’Église du Christ et des autres dénominations » révèle une fausse conception. Si une assemblée se conforme strictement au modèle de l’Église dans la Bible, elle n’est pas une dénomination, mais une assemblée locale de l’Église que Jésus a bâtie. Elle n’est ni catholique ni protestante, ni évangélique, mais tout simplement chrétienne.

Alors, quelle doit être notre attitude à l’égard des dénominations ? Supposons que je cherche à être un chrétien sans étiquette, un simple chrétien comme l’étaient les apôtres et tous les membres de l’Église au premier siècle. J’ai obéi à l’évangile tel qu’il est présenté dans la Bible, et je sais que le Christ m’a ajouté à son Église. Est-il maintenant question de choisir une dénomination ? Puis-je participer au culte de n’importe quelle confession religieuse ou même devenir membre d’une Église quelconque, surtout si elle insiste beaucoup sur la Bible ? Les gens choisissent des Églises pour beaucoup de raisons : la proximité (ou la beauté) du lieu de culte, la présence des amis ou des parents, les programmes intéressants pour les enfants, le goût personnel, etc. Après tout, dit-on, nous adorons tous le même Dieu. Mais est-ce que tous les cultes sont égaux aux yeux de Dieu, qui ne s’intéresserait qu’au cœur des adorateurs ? Est-ce que pour Dieu le choix d’une confession religieuse n’a pas d’importance, pourvu qu’on y soit fidèle, actif et sincère ?

En fait, l’existence d’une multitude de confessions qui se disent toutes « chrétiennes » présente des dangers réels. Si l’on ne fait pas attention, on risque d’adorer Dieu inutilement, se laisser égarer loin de la vérité et se rendre coupable de cautionner des faux docteurs.

Le problème de l’adoration non-biblique

Qu’on le veuille ou pas, la Bible enseigne clairement que ce ne sont pas tous les cultes qui sont acceptables à Dieu. Nous devons montrer « notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable » (Héb. 12.28). C’est Dieu, et non pas les hommes, qui doit apprécier le culte. Déjà dans le livre de Genèse, nous voyons par l’histoire de Caïn et Abel que ces deux frères ont offert un culte à Dieu, mais l’Éternel « ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande » (Gen. 4.5). Les paroles de Christ confirment que Dieu ne veut pas de certains cultes qu’on pourrait lui vouer : « Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.23,24). Adorer Dieu en esprit, c’est l’adorer en sincérité, du cœur, dans l’homme intérieur ; adorer Dieu en vérité, c’est l’adorer conformément à sa parole, car sa parole est la vérité (Jean 17.17). Adorer Dieu en suivant les commandements des hommes, c’est l’adorer en vain (Matt. 15.9) ; c’est donc une perte de temps.

La plupart des dénominations s’éloignent de l’enseignement du Nouveau Testament, d’une manière ou d’une autre, en ce qui concerne l’adoration en assemblée. Certaines négligent de célébrer le repas du Seigneur (la fraction du pain), alors que les premiers chrétiens l’observaient chaque dimanche (Actes 2.42; 20.7; 1 Cor. 11.23-26; etc.) ; d’autres déforment ce repas sacré en utilisant du pain contenant du levain (Luc 22.1, 14-20; 1 Cor. 5.6-8), ou bien en refusant la coupe aux « simples fidèles » (Matt. 26.27). Certaines dénominations font la prière dans le désordre, en invitant toute l’assistance à parler à haute voix en même temps, contrairement aux instructions apostoliques (1 Cor. 14.16,17,26-33,40) ; d’autres adressent des prières et des chants à Marie, aux anges ou aux « saints » plutôt qu’à Dieu seul (Actes 10.25,26; Col. 3.17; Apoc. 19.10; 22.8,9). La plupart des dénominations se permettent d’ajouter au culte chrétien des éléments du culte de l’ancienne alliance. Bien qu’elles n’optent pas pour les sacrifices d’animaux et l’encens, elles incorporent à leur adoration l’emploi des instruments de musique, le battement des mains, ou même la danse. Malgré l’interdiction formelle de donner la parole aux femmes quand toute l’Église est réunie pour le culte (1 Cor. 14.33-37; 1 Tim. 2.11-15), on trouve des femmes qui conduisent les assemblées en prière ou dans la lecture biblique, ou qui montent à la chaire pour prêcher.

Certaines personnes ont du mal à reconnaître qu’il est possible de pécher par le fait d’offrir à Dieu un culte qui n’est pas conforme à ses commandements. Elles ont besoin de réfléchir à l’exemple de Nadab et Abihu en Lévitique 10.1-3. Dieu les a punis de mort pour n’avoir pas suivi sa parole en ce qui concerne un acte d’adoration. « Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! » (1 Cor. 10.11,12).

Nous ne pouvons pas, en principe, adorer Dieu en bonne conscience quand nous sommes conscients de faire ce qu’il n’a pas autorisé, ce qu’il a peut-être même défendu. Nous savons que l’obéissance à Dieu signifie que l’on n’ajoute pas à ce qu’il autorise et qu’on ne néglige pas ce qu’il ordonne. « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris » (Deut. 4.2). Nous pouvons avec un esprit tranquille suivre ce que la Bible enseigne. Si, par contre, nous dévions de ce chemin sûr, nous n’avons aucune assurance de la faveur de Dieu. Les Écritures sont la seule source légitime de notre foi (Rom. 10.17). « Tout acte qui n’est pas fondé sur la foi est péché » (Rom. 14.23, FC). Des actes d’adoration qui ne sont pas autorisés par la Bible ne peuvent pas être « fondés sur la foi » ; ils sont plutôt fondés sur des désirs personnels ou des raisonnements humains.

Ce qu’on fait au départ malgré soi, on finit le plus souvent par l’accepter même sans soutien biblique. J’ai une fois entendu un chrétien qui encourageait ses frères à accepter les instruments de musique dans le culte. Il leur a dit : « Moi aussi, j’étais gêné au départ quand je me suis mis à participer à des cultes avec des instruments. Mais après, je m’y suis habitué, et ça ne me gêne plus. » Un tel argument devrait nous faire peur au lieu de nous convaincre. Cet homme n’avait pas été persuadé par un argument biblique. Il avait plutôt violé sa conscience tant de fois qu’elle ne l’accusait plus sur ce point. Il ressemblait, sûrement sans le savoir, aux faux docteurs « dont la conscience est morte, comme si on l’avait brûlée au fer rouge » (1 Timothée 4.2, FC).

L’influence des faux enseignements

S’il existe de nombreuses divisions parmi ceux qui croient en Jésus, cela est dû en grande partie aux faux enseignements. Non seulement ceux-ci créent la division, ils mettent en péril les âmes des personnes qui acceptent ces erreurs. En effet, si nous voulons être sauvés, nous devons rester dans la bonne doctrine (doctrine signifie enseignement.) « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ, n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils » (2 Jean 9). « Veille sur toi-même et sur ton enseignement ; persévère dans ces choses, car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent » (1 Tim. 4.16).

Il y a une tendance à minimiser la gravité des erreurs doctrinales. Certes, nous devons aborder ceux qui sont dans l’erreur doctrinale avec amour et humilité, comme nous le ferions quand nous cherchons à aider des personnes qui se trouvent dans toute autre sorte de péché. « Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté » (Gal. 6.1). Mais l’amour et la tolérance ne doivent pas nous amener à traiter à la légère le problème des faux enseignements. Parfois nous nous permettons de déclarer que telle ou telle erreur ne peut pas mettre en danger le salut de quelqu’un. Si nous traitons d’un sujet sur lequel Dieu lui-même a parlé dans sa parole, nous devons faire très attention de ne pas le déclarer de faible importance. Ne soyons pas prétentieux. Même si Jésus a dit qu’il y a des choses « plus importantes » comme « la justice, la miséricorde et la fidélité », il dit bien qu’il ne faut pas « négliger les autres choses » (Matt. 23.23). Il dit au diable que l’homme « vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matt. 4.4), et Paul précise que « toute Écriture inspirée de Dieu est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre » (2 Tim. 3.16,17).

Considérez quelques erreurs que les apôtres ont eu à condamner ou à combattre au premier siècle :

  • Certains croyants enseignaient des erreurs concernant la résurrection d’entre les morts (1 Cor. 15.12; 2 Tim. 2.18).
  • D’autres faisaient de la grâce une justification pour le péché (Jude 3,4; 2 Pierre 2.1,2,18,19).
  • D’autres disaient de s’abstenir du mariage ou imposaient des lois sur le régime alimentaire du chrétien (1 Tim. 4.1-5).
  • D’autres enseignaient que les chrétiens vivent encore sous la loi de Moïse (Col. 2.8-10,16-18; Gal. 1:6-8; 5.1-4).
  • D’autres encourageaient les chrétiens à se permettre de manger des viandes sacrifiées aux idoles (Apoc. 2.14-16).
  • D’autres encore répandaient des erreurs concernant le retour de Jésus-Christ (2 Thess. 2:1,2; 2 Pierre 3.10,17).
  • D’autres niaient que Jésus était venu en chair (2 Jn. 7).
  • D’autres déformaient le repas du Seigneur (1 Cor. 11.17-34).

Cette liste n’est pas exhaustive, et les hommes y ont ajouté beaucoup d’autres fausses doctrines depuis le temps des apôtres. Ce qu’il faut remarquer à l’égard de toutes ces erreurs, c’est que la Bible dit qu’elles sont bien capables de faire perdre ceux qui y croient. Les apôtres n’hésitaient pas à qualifier de « faux docteurs » ceux qui les répandaient. La fausse doctrine n’est pas un problème à minimiser. Les anciens de l’Église ont un devoir de réfuter les faux docteurs et les empêcher ainsi d’égarer les brebis (Tite 1.9-11; Actes 20.28-31). Jésus a condamné les Églises de Pergame et de Thyatire pour avoir permis à de faux enseignants d’enseigner et de séduire ses serviteurs (Apoc. 2.14-16,20).

Des gens enseignent de fausses doctrines pour différentes raisons : certains sont motivés par des intérêts matériels, par l’amour de l’argent (2 Pierre 2.3) ; d’autres sont simplement ignorants de la vérité ou ils ont eux-mêmes été égarés (Gal. 3.1; 5.7-9; 2 Tim. 2.25,26). Il n’est pas forcément utile ou nécessaire de dénoncer publiquement quelqu’un comme faux docteur. Parfois il y a lieu de faire comme Aquilas et Priscille ont discrètement fait à l’égard d’Apollos : ils « le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu » (Actes 18.26).

Mais qu’une personne enseigne la fausse doctrine sciemment ou pas, de bonne ou de mauvaise foi, nous voulons insister plus sur le besoin de tout chrétien de se protéger de son influence. « Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde… Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense » (2 Jean 7,8). « Quant à vous, mes chers amis, vous êtes maintenant avertis. Prenez donc garde, ne vous laissez pas égarer par les erreurs de gens sans scrupules et n’allez pas perdre la position solide qui est la vôtre » (2 Pierre 3.17, FC). Si l’on s’expose régulièrement à de faux enseignements en fréquentant une dénomination, on peut facilement finir par accepter ce qu’il ne faut pas. Après tout, « la foi vient de ce qu’on entend » (Rom. 10.17), y compris la foi aux faussetés. À force d’écouter ce qui est contraire à l’enseignement du Nouveau Testament, à force de ne pas entendre certaines vérités, il arrive aux gens de croire à ce qu’ils reconnaissaient comme étant faux et d’oublier des vérités qu’ils avaient comprises.

Le péché de soutenir l’erreur

Non seulement le fait de fréquenter une dénomination ou de s’y associer de certaines manières expose le chrétien fidèle au danger d’être induit en erreur, mais il peut se rendre coupable de contribuer à l’égarement d’autres personnes. L’apôtre Jean a écrit des paroles très fortes à ce sujet : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres » (2 Jean 9-11). L’apôtre Paul, pour sa part, souligne le même principe : « Ne participe pas au péché d’autrui » (1 Tim. 5.22). « Heureux celui qui ne se condamne pas dans ce qu’il approuve » (Rom. 14.22). Si je reconnais qu’une doctrine est fausse et dangereuse, qu’une organisation n’est pas autorisée dans les Écritures, qu’une pratique dans l’adoration n’est pas biblique, ne suis-je pas capable de reconnaître aussi que ma présence régulière, mes dons financiers ou mon silence à l’égard de l’erreur pourraient constituer une « participation », une « approbation » ou un encouragement ?

Notre Seigneur nous enseigne l’amour pour nos ennemis : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matt. 5.44). À plus forte raison aurons-nous de l’amour pour ceux qui partagent avec nous la foi en Dieu et en Jésus-Christ comme son Fils unique, l’amour pour la Bible, la moralité chrétienne, et qui font de bonnes œuvres qui glorifient le Seigneur. Cela est particulièrement vrai en des milieux où la majorité montre du mépris pour Jésus et sa parole. En même temps, nous devons reconnaître la triste réalité que la fausse doctrine et les innovations humaines qui éloignent les hommes de l’enseignement du Nouveau Testament constituent une barrière à la communion fraternelle dont nous voudrions jouir avec tous ceux qui invoquent le nom de Jésus. Quand les autres ne suivent pas l’enseignement que Jésus Christ et ses apôtres inspirés nous ont laissé, nous ne pouvons pas faire comme s’il n’y avait pas de problème. L’apôtre Paul dit : « Je vous le demande, frères, prenez garde à ceux qui suscitent des divisions et égarent les croyants en s’opposant à l’enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d’eux, car les gens de cette espèce ne servent pas le Christ notre Seigneur » (Rom. 16.17,18 FC). Même si certains d’entre eux se persuadent qu’ils servent Christ, ils ne font pas la volonté du Père (Matt. 7.21-23). Nous les aimons, mais nous devons éviter de les encourager dans le mal, nous méfier de l’influence de leurs enseignements et nous garder d’adorer Dieu en vain en suivant des commandements d’hommes (Matt. 15.9).

B. B.
(Dans Vol. 15, No. 4)

Le Livre de Mormon

Ayant connu plusieurs membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, j’ai eu plusieurs occasions de discuter et d’étudier avec eux au sujet de leur foi. J’ai passé de nombreuses heures à étudier leurs écritures et d’autres publications mormones. Bien que j’aie vu en toutes ces personnes beaucoup à admirer, je n’ai pas vu – ni dans les écrits ni dans nos entretiens – de quoi me convaincre de la vérité de leur message. Au contraire, je pense qu’un examen objectif des arguments pour et contre pourrait démontrer aux membres de l’Église Mormone que leur foi n’est pas fondée sur la vérité.

Je ne demande jamais aux hommes de croire aveuglément à la Bible : elle ne craint pas l’examen objectif des faits. Examiner la Bible à la lumière des découvertes de l’archéologie, l’histoire profane, la science, et la linguistique ne fait qu’augmenter ma confiance en elle. Si le Livre de Mormon était, lui aussi, inspiré de Dieu, je m’attendrais à la même sorte de confirmation de sa fidélité. Ce n’est pas ce que je trouve.

Les amis mormons m’ont toujours demandé de prier Dieu et lui demander un témoignage en faveur du Livre de Mormon. Je peux dire que je l’ai fait dans la sincérité, sans recevoir de confirmation quelconque. Mais il faut dire que si cette confirmation venait en forme de sentiment que Dieu me disait de croire à ce livre, je serais obligé de mettre en doute ce sentiment si un examen objectif des faits, et surtout de la Bible, démentait ce « témoignage ». Je dis cela parce que les sentiments sont souvent trompeurs. Beaucoup de personnes prétendent avoir un « sentiment dans le cœur » qu’elles sont sauvées, et pourtant, elles n’ont pas accompli les conditions du salut précisées dans la Parole de Dieu. Les Juifs de Bérée, dont nous lisons en Actes 17.11, ont démontré leur caractère noble en ceci : « Ils examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact. » Pour vérifier un message, il faut examiner, non pas son propre cœur, mais les Saintes Écritures.

L’origine prétendue et le contenu du Livre de Mormon

Dans les premières pages de chaque exemplaire du Livre de Mormon se trouve l’explication que fournit Joseph Smith, fondateur de l’Église Mormone, concernant l’origine de ce livre. Smith, que les mormons considèrent être un prophète, prétendit avoir reçu, à l’âge de 18 ans, la visite d’un ange du nom de Moroni. Ce fut en 1823 dans l’état de New York. Ce messager lui dit qu’il existait un livre caché, écrit sur des plaques d’or, donnant l’histoire des anciens habitants de l’Amérique. Il dit aussi que la plénitude de l’évangile éternel y était contenue, telle qu’elle avait été donnée par le Sauveur à ces anciens habitants. Les plaques lui furent montrées, mais ce fut quatre ans plus tard que le messager céleste lui permit de les enlever de leur place et lui donna les moyens miraculeux de traduire leur contenu de la langue « égyptienne réformée » en anglais. L’œuvre fut publiée en 1830.

Il n’y a aucun moyen de vérifier ce récit, car, selon Smith, l’ange lui a repris les plaques après qu’il avait fini de les traduire et elles ne se trouvent plus sur la terre. Il est vrai que onze hommes, dont les noms figurent au début de chaque exemplaire du Livre de Mormon, ont attesté qu’ils avaient bien vu les plaques d’or ; trois d’entre eux ont prétendu avoir vu un ange. Il est difficile de respecter le témoignage de ces hommes quand on considère que la plupart des témoins sont tombés dans l’apostasie du point de vue mormon. Oliver Cowdery devint plus tard méthodiste, reconnut qu’il avait commis une erreur, implora le pardon et dit qu’il avait honte d’avoir été associé au mormonisme. David Whitmer fut accusé par ses associés mormons d’être menteur, voleur, tricheur, fabricant de faux billets et d’avoir jeté le discrédit sur son témoignage. Martin Harris changea huit fois sa position religieuse, y compris des conversions à d’autres religions après être devenu mormon.

Pour ce qui est du contenu, le Livre de Mormon donne l’histoire de trois groupes de personnes qui auraient quitté la Palestine pour se rendre en Amérique. Le premier groupe, les Jarédites, partit vers le temps de la tour de Babel (2200 av. J.-C.) et donc aurait échappé à la confusion des langues décrite en Genèse 11. Ils traversèrent l’océan Atlantique dans huit petits bateaux avec l’aide miraculeuse de Dieu. Ce peuple se détruisit complètement au cours d’une bataille à la colline de Cumorah. Deux millions de personnes – toute la nation – périrent donc avant l’arrivée du deuxième groupe d’immigrants. Ce groupe était le moins important des trois. C’étaient des Juifs sous la conduite d’un fils du roi Sédécias vers le temps de la captivité des Juifs en Babylonie. Ils ne restèrent pas fidèles à Dieu, n’ayant pas apporté avec eux les Saintes Écritures.

Le troisième groupe aurait quitté la Palestine vers 600 av. J.-C. sous la direction d’un prophète appelé Léhi. Environ 23 personnes arrivèrent avec lui en Amérique. Deux parties distinctes se formèrent bientôt : les Lamanites (des méchants) et des Néphites (des bons). La plupart du Livre de Mormon concerne les luttes entre ces deux factions. Dieu punit les Lamanites en rendant leur peau d’une couleur sombre, mais les Néphites écoutaient les prophètes que Dieu leur envoyait. Pendant les trois jours que Jésus passa au tombeau, il apparut (selon Le livre de Mormon, bien sûr) au peuple en Amérique, où il exerça un ministère d’enseignement et de guérison. Il donna le Saint-Esprit et choisit 12 apôtres. L’Église prospéra en Amérique pendant deux siècles, mais beaucoup reprirent les mauvaises habitudes de leurs ancêtres. Entre 400 et 421 apr. J.-C. une deuxième bataille à la colline de Cumorah vit la mort de 230 000 hommes. Tous les justes périrent, et les autochtones (Indiens américains) que les Européens trouvèrent en Amérique des siècles plus tard seraient les descendants des méchants Lamanites (à la peau sombre) qui survécurent.

Disons en passant que les mormons ont produit d’autres livres qu’ils considèrent comme inspirés de Dieu : Doctrines et alliances (composés de révélations modernes données à Joseph Smith et ses successeurs) et La perle de grand prix, qui comporte les articles de foi de l’Église mormone, d’autres écrits de Joseph Smith (tel que le récit de sa première vision), et des écrits d’Abraham et de Moïse.

Qu’est-ce qui pousserait quelqu’un à rejeter les prétentions des mormons à l’égard de leur livre ?

Problèmes linguistiques

À part le Livre de Mormon, il n’existe aucun autre document en langue « égyptienne réformée ». Les originaux à partir desquels Smith aurait traduit son livre ne sont pas disponibles pour qu’on les examine aujourd’hui. L’existence même de cette langue doit donc être mise en doute. Si l’on voulait admettre la possibilité de son existence, on serait toujours confrontés à plusieurs invraisemblances : Pourquoi des Juifs, qui avaient déjà un meilleur système d’écriture que les Égyptiens, auraient-ils daigné préserver des écrits sacrés dans une langue païenne ? Pourquoi ne trouve-t-on pas d’autres écrits égyptiens en Amérique ? Si l’ancienne Amérique fut habitée par des Hébreux qui employaient aussi la langue égyptienne, comment peut-on expliquer l’absence totale de mots et d’influence hébreux et égyptiens dans les langues des Indiens américains ?

Un texte écrit par des Juifs qui auraient quitté la Palestine avant la captivité babylonienne (au début du 6e siècle av. J.-C.) ne pourrait pas contenir des mots et des noms grecs. En effet, l’influence grecque ne se fit ressentir en Palestine qu’après la conquête d’Alexandre le Grand, presque 300 ans plus tard. Mais le Livre de Mormon contient plusieurs mots grecs : alpha et oméga (3 Néphi 9.18), Timothée et Jonas (3 Néphi 19.4), synagogue (2 Néphi 26.26), etc. D’ailleurs, l’institution de la synagogue ne fut créée par les Juifs qu’après la déportation à Babylone : par quel moyen les Juifs « américains » du Livre de Mormon en auraient-ils eu connaissance ?

Là où il est possible de vérifier le travail de Joseph Smith comme traducteur, on trouve que ce qu’il appelle une traduction ne correspond nullement au sens du texte qu’il prétendait avoir traduit. Il s’agit du Livre d’Abraham, une partie du Perle de grand prix. En 1966 le papyrus que Smith « traduisit » et auquel il donna le titre de « Livre d’Abraham » fut retrouvé au Musée Métropolitain d’Art de New York, et reconnu comme tel par les responsables de l’Église Mormone. À l’époque de Smith, personne en Amérique n’était en mesure de valider ou d’invalider sa traduction, car ce n’était qu’à partir des années 1830 que Champollion, en Europe, arriva à déchiffrer les hiéroglyphes (caractères d’écriture égyptiens). Les experts modernes qui examinèrent le papyrus en question déclarèrent qu’il comporte, en fait, « un livre de soufflements et deux livres des morts », se rapportant aux croyances égyptiennes à l’égard de l’existence après la mort. Le texte ne contient aucune référence à Abraham ni aux choses décrites dans la « traduction » de Smith.

Conflits avec la Bible

Nous avons déjà cité l’exemple des Béréens que la Bible félicite parce qu’ils « examinaient chaque jour les écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17.11). Pour celui qui accepte l’inspiration de la Bible, tout livre qui n’est pas en harmonie avec elle ne pourrait jamais être reconnu comme étant la parole de Dieu, celui qui ne se contredit pas.

Il y a plusieurs points où le Livre de Mormon ne s’accorde pas avec la Bible. Tout lecteur de la Bible sait que selon l’Évangile (Matthieu 2.1-6) et selon les prophètes de l’Ancien Testament (Michée 5.1,2), Jésus-Christ devait naître à Bethléhem, la ville de David, son ancêtre. Le Livre de Mormon, par contre, place la naissance du Sauveur à Jérusalem (Alma 7.10). Ce ne sont pas deux appellations pour la même ville.

La Bible parle en Genèse et dans l’Épître aux Hébreux d’un personnage assez mystérieux du nom de Melchisédek. Un fait très remarquable à son sujet, c’est qu’il « est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours ni fin de vie » (Hébreux 7.1-3). Le Livre de Mormon, par contre, dit au sujet de Melchisédek : « Il régna sous son père » (Alma 13.18).

En bas de chaque page du Livre de Mormon l’on trouve la date des événements décrits. Il est donc intéressant de constater que ce qui est relaté en Mosiah 18.17 eut lieu en l’an 147 av. J.-C. Ce verset dit : « Et désormais ils furent appelés l’Église de Dieu ou l’Église du Christ. Et quiconque était baptisé par le pouvoir et l’autorité de Dieu était ajouté à son Église. » Et pourtant, en Matthieu 16.18 Jésus dit pendant son ministère terrestre (27-30 apr. J.-C.) « Je bâtirai mon Église. » Remarquez bien qu’il met son verbe au temps futur, car son Église n’était pas encore établie. Le Nouveau Testament, en effet, ne remplaça l’ancienne loi mosaïque qu’après la mort de Christ : « Car là où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur soit constatée. Un testament, en effet, n’est valable qu’en cas de mort, puisqu’il n’a aucune force tant que le testateur vit » (Hébreux 9.16,17). C’est ainsi que dans la Bible l’Église n’est mentionnée comme une réalité présente qu’à partir du jour de la Pentecôte (l’an 30 apr. J.-C.) en Actes 2.

Un autre anachronisme évident dans le Livre du Mormon, quand on le compare à la Bible, est l’emploi du nom « chrétien » : « Ceux qui appartenaient à l’Église étaient fidèles ; oui, tous ceux qui croyaient vraiment au Christ prirent avec joie le nom du Christ ou de chrétiens qu’on leur donnait. » Ce fut, selon la date en bas de la page, en 73 av. J.-C. Mais la Bible dit catégoriquement en Actes 11.26 : « Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. » Ce fut donc plusieurs années après la mort et la résurrection du Christ, et à Antioche (en Syrie) plutôt qu’en Amérique. Peut-on vraiment croire que le Livre de Mormon ait raison de parler de chrétiens avant Christ ?

Problèmes internes

Le contenu du Livre de Mormon présente des problèmes même en dehors de ses contradictions avec la Bible. Il y a, par exemple, ce passage en 2 Néphi 5.15 : « Et j’enseignai à mon peuple l’art de bâtir des maisons et de faire toutes sortes d’ouvrages en bois, en fer, en cuivre, en airain, en acier, en or, en argent, et en minerais précieux qui étaient en grande abondance. » Où est le problème ? Le verset suivant, qui dit : « Et moi, Néphi, je bâtis un temple et je le construisis sur le modèle du temple de Salomon, à part qu’il ne fut pas construit de tant de choses précieuses, parce qu’on ne pouvait pas les trouver dans le pays. » On se demandera naturellement laquelle de ces deux déclarations est vraie, car on a du mal à les concilier.

En Mosiah 12.1 on trouve ce récit curieux : « Au bout de deux ans, Abinadi vint parmi eux, déguisé de manière à ne pas être reconnu. Il commença à prophétiser parmi eux, disant : Le Seigneur m’a donné ce commandement – Abinadi, va, prophétise parmi ce peuple, car il s’est endurci son cœur contre ma parole. » On se demande bien pendant combien de temps ce déguisement a réussi à cacher l’identité du prophète !

Encore, essayez d’imaginer, si possible, la scène décrite dans ces versets : « Et quand Coriantumr se fut appuyé sur son épée pour se reposer un peu, il coupa la tête de Shiz. Et quand il eut coupé la tête à Shiz, Shiz se souleva sur les mains et tomba ; et après avoir essayé de respirer, il mourut » (Éther 15.30,31). Un homme décapité, peut-il essayer de respirer ?

Et que penser de ce passage fameux du Livre de Mormon ? Ne semble-t-il pas que ce livre « sacré » fut écrit par une personne raciste plutôt qu’un Dieu qui aime TOUS les hommes qu’il a créés, quelle que soit leur race ? « Et il avait fait tomber la malédiction sur eux, oui, même une grande malédiction, à cause de leur iniquité. Car voici, ils s’étaient endurci le cœur contre lui, et ils étaient devenus durs comme le roc : et comme ils étaient blancs, très beaux et pleins de charme, le Seigneur Dieu couvrit leur peau d’une couleur sombre, afin qu’ils ne fussent point un sujet de séduction pour mon peuple. Et ainsi dit le Seigneur Dieu : Je les rendrai repoussants pour mon peuple, à moins qu’ils ne se repentent de leurs iniquités » (2 Néphi 5.21,22). Ce passage explique le fait que jusqu’aux années 1970, les noirs n’avaient pas les mêmes privilèges que les blancs dans l’Église Mormone, et on n’évangélisait pas en Afrique.

La plupart de ce qui distingue les mormons ne se trouve même pas dans le Livre de Mormon

Beaucoup de croyances et de pratiques distinguent les mormons des autres groupes religieux. Joseph Smith dit, par exemple : « Tel que l’homme est maintenant, Dieu était autrefois ; tel que Dieu est maintenant, l’homme peut devenir. » La doctrine de la progression éternelle chez les mormons enseigne que Dieu a progressé jusqu’à sa position actuelle, et qu’il continuera de progresser. La doctrine mormone maintient qu’il y a trois degrés de salut : les niveaux céleste, terrestre et téleste. Elle enseigne que les mariages prononcés dans des temples mormons sont scellés pour le temps et pour l’éternité. Elle enseigne qu’il y a des péchés qui sont trop graves pour que le sang de Christ les purifie, et que seul le sang du coupable lui-même suffira pour purifier son âme. Un devoir et un privilège du mormon est celui de se faire baptiser pour des morts afin que ces derniers puissent être sauvés si, dans le séjour des morts, ils croient à l’Évangile qui leur sera prêché (malgré l’enseignement clair de la Bible qui dit qu’au dernier jugement chacun recevra « selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps » – 2 Cor. 5.10). Le mormonisme enseigne que Dieu et Christ sont des êtres distincts qui ont des corps littéraux composés de chair et d’os, comme nos corps terrestres. (Malgré que Jésus dit que « Dieu est esprit » – Jean 4.24 – et « un esprit n’a ni chair ni os » – Luc 24.39.)

Ce qui est étonnant, c’est qu’aucune de ces doctrines distinctives ne peut se trouver dans le Livre de Mormon ! Et pourtant, on devrait s’attendre à les trouver quand on considère les prétentions faites en faveur de ce livre.

Selon Joseph Smith, le Livre de Mormon est le livre le plus correct au monde, la pierre angulaire de la religion mormone, et qu’un homme pourrait s’approcher plus de Dieu en suivant ses préceptes que par tout autre livre (Histoire de l’Église, vol. 4, p. 461). Si ce livre est la pierre angulaire du mormonisme, et s’il était nécessaire que ce livre soit donné au monde par l’intermédiaire de Joseph Smith, n’est-ce pas curieux que le Livre de Mormon omet presque tout ce qui distingue la foi mormone des autres religions ?

La suffisance de la Bible

Pour « vendre » le Livre de Mormon, et donc leur religion, les mormons essayent de créer un besoin, de convaincre les gens qu’un besoin existe pour une révélation en plus de la Bible. Afin d’atteindre ce but, ils dévaluent la Bible de deux manières. Premièrement, ils soulignent le fait que la Bible mentionne certains livres qui n’ont pas été conservés et ne font pas partie de la Bible : « le Livre des guerres d’Israël », « le Livre de l’Alliance », « le Livre des actes de Salomon », « l’Épître aux Laodicéens », etc. Mais le fait que la Bible cite un livre ou le mentionne ne prouve pas que ce livre soit inspiré. L’apôtre Paul a cité des auteurs païens (Actes 17.28; Tite 1.12), mais cela ne signifie pas que leurs écrits doivent faire partie de la Bible. Le même argument pourrait se faire contre le Livre de Mormon qui parle des écrits de Zénos, Zénock, Néum, et Ézias, alors que ces ouvrages ne se trouvent pas dans le Livre de Mormon (1 Néphi 19.10). La deuxième manière des mormons de réduire la confiance à la Bible est de suggérer que les manuscrits de la Bible sont corrompus et que des parties importantes en ont été perdues. Mais la science et la découverte de vieux manuscrits, tels que les célèbres manuscrits de la mer Morte, appuient de plus en plus notre confiance à la fiabilité du texte de la Bible tel qu’il nous est parvenu.

En réalité, la Bible est une révélation complète de la volonté de Dieu pour les hommes, et Dieu a toujours veillé sur cette parole de telle sorte qu’il n’ait pas besoin de la révéler de nouveau. Jésus dit aux apôtres en Jean 16.13 que le Saint-Esprit les conduirait dans toute la vérité, et l’apôtre Paul dit aux anciens de l’Église d’Éphèse qu’il leur avait déclaré tout le conseil de Dieu (Actes 20.27). L’apôtre Pierre dit qu’au premier siècle Dieu avait déjà donné aux hommes tout ce qui contribue à la vie et à la piété (2 Pierre 1.3). Pierre et d’autres apôtres ont écrit ce que nous avons dans le Nouveau Testament afin qu’après leur départ nous puissions nous souvenir de ces choses (2 Pierre 1.12-15). Cette parole inspirée est « vivante et permanente, » et elle « demeure éternellement » (1 Pierre 1.23-25; Matt. 24.35). Dieu veille sur elle pour la préserver. C’est ainsi que le Seigneur nous dit concernant la foi chrétienne (l’ensemble des vérités auxquelles nous croyons en tant que chrétiens) qu’elle « a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). Le Livre de Mormon n’est ni digne de confiance ni nécessaire, car nous avons dans la Bible tout ce qu’il nous faut.

B. B.
(Dans Vol. 13., No. 2)

Simplement chrétiens

Il existe aujourd’hui une vraie multitude d’Églises différentes. De certaines manières elles se ressemblent toutes. Mais quand on les regarde de plus près, on découvre qu’elles se contredisent les unes les autres et se distinguent les unes des autres par leurs noms, leurs doctrines et leurs pratiques. On appelle parfois ces différentes Églises des « dénominations ». Il y en a des milliers.

Il y a aussi partout dans le monde de nombreuses personnes qui croient en Jésus-Christ comme les membres de ces diverses dénominations croient en lui, mais elles sont attristées par l’état divisé du christianisme. Elles remarquent que dans la Bible on ne parle pas de différentes sortes de chrétiens – des chrétiens catholiques et des chrétiens protestants, des chrétiens adventistes et des chrétiens baptistes, des chrétiens pentecôtistes ou charismatiques et des chrétiens orthodoxes, des chrétiens évangéliques et des chrétiens méthodistes. Ayant le désir de retrouver la pureté et la simplicité du christianisme du premier siècle, de nombreux croyants ont préféré laisser de côté ces étiquettes et ces organisations qui ne se trouvent pas dans la Bible. Ils se disent tout simplement « chrétiens ». Ils adorent ensemble, et ils appellent les assemblées qu’ils forment « des Églises du Christ », ou « des Églises du Seigneur », ou « des Églises de Dieu », ou tout simplement « l’Église ». Mais dans un monde habitué à une multitude d’Églises, chacune avec son nom distinctif, on a parfois du mal à comprendre cette attitude.

L’importance du nom

Il est vrai que le fait de porter un nom ne sauve pas – que ce soit nous-mêmes ou les autres qui nous donnent ce nom. En Apocalypse 3.1 Jésus a dit à l’Église de Sardes : « Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort. » Littéralement, il dit : « Tu as le nom de vivre, mais tu es mort. »

On peut porter le nom de Christ sans lui être agréable. Mais est-ce que les noms sont pour cela sans aucune importance ? Loin de là ! Puisque le nom représente la personne, l’autorité, le pouvoir et la dignité de celui qui est nommé, le nom est important.

Considérez ces passages :

Actes 4.11,12 : « Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez, et qui est devenue la principale de l’angle. Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

1 Pierre 4.16 : « Si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom. »

Colossiens 3.17 : « Et quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus. »

Non, utiliser le nom qu’il faut ne suffit pas. Mais la Bible montre clairement que le nom est quand même important. Ceux qui disent que le nom qu’on porte n’a pas d’importance ne donneraient quand même pas à leurs propres enfants des noms comme « Judas », « Satan », ou « Hitler ». En effet, le nom qu’on porte, tout comme le nom qu’on invoque, a de l’importance spirituelle. Voyons donc de plus près le nom de chrétien.

Le nom « chrétien »

Dieu avait signalé sept cents ans avant la venue du Christ, par la voix du prophète Ésaïe, qu’il allait donner un nouveau nom à son peuple. En Ésaïe 62.2 nous lisons : « Alors les nations verront ton salut, et tous les rois ta gloire ; et l’on t’appellera d’un nom nouveau, que la bouche de l’Éternel déterminera. » Le seul nom nouveau dans la Bible donné au peuple de Dieu est celui de chrétien. Nous lisons en Actes 11.26 : « Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. » Quelques années plus tard, ce nom sera connu même par le roi Agrippa. En écoutant la prédication de l’apôtre Paul, il déclara : « Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien » (Actes 26.28). Et comme nous l’avons déjà vu, Pierre dira que ce nom est tout à fait honorable et acceptable : « Mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom » (1 Pierre 4.16).

Généralement, on accepte que ceux qui croient en Jésus portent le nom de chrétien. Le problème se pose quand nous refusons d’ajouter autre étiquette, quand nous disons qu’il vaut mieux être simple chrétien, ou chrétien seulement. C’est là que les questions commencent à se poser. Ces questions nous permettront d’exposer des principes plus larges, des principes fondamentaux de la Parole de Dieu. Répondons donc à la question « Pourquoi chrétien seulement ? » en parlant d’abord d’un principe très simple :

Nous voulons que la gloire soit pour Jésus.

Quand on donne le nom de quelqu’un à une organisation, un bâtiment, un enfant, une rue, etc., c’est une manière d’honorer la personne. Or, personne n’est digne de plus d’honneur que Jésus-Christ. Après avoir parlé de la mort de Jésus pour notre salut, Paul dit en Philippiens 2.9-11 :

« C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. »

Jésus est particulièrement digne d’honneur en tout ce qui concerne son peuple, l’Église. Il en est le chef et le sauveur. Éphésiens 5.23 dit : « Car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. » Il en est également le fondateur et le propriétaire. Comme le mari donne son nom à son épouse, et comme, dans beaucoup de cultures le fondateur d’un village l’identifie par son nom personnel, Christ donne son nom à l’Église. C’est ainsi que nous voyons des paroles comme celles de Romains 16.16 : « Toutes les Églises de Christ vous saluent. »

Non seulement personne n’est plus digne d’honneur que Jésus, mais il n’est pas normal de lui faire partager sa gloire avec de simples hommes mortels. L’apôtre Paul ne voulait pas que des chrétiens se désignent par son nom. Il écrivit en 1 Corinthiens 1.12,13 :

« Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul ! et moi, d’Apollos ! et moi, de Céphas ! et moi, de Christ ! Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? »

Il ajouta plus tard, au 3.5 :

« Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun. »

Ce n’est pas Paul seulement qui vit l’erreur de se distinguer des autres croyants en portant des noms humains, au lieu de se contenter de porter le beau nom de Jésus-Christ. De grands hommes religieux du passé ont parlé de la même manière. John Wesley, fondateur de l’Église Méthodiste, dit il y a plus de deux cents ans :

« Plaise à Dieu que tout nom de parti et toute expression et forme nonbiblique qui a divisé le monde chrétien soit oublié, et que nous, comme disciples humbles et pleins d’amour, puissions nous asseoir aux pieds du Maître, lire sa sainte parole, être pénétrés de son Esprit et reproduire sa vie dans la nôtre… En ce qui concerne le nom de chrétien, je dirais qu’il n’y en a aucun qui lui est comparable ; donnez-le-moi, et dans la vie et dans la mort je glorifierais Dieu dans ce nom. »

Bien avant le temps de Wesley, le grand réformateur Martin Luther avait dit :

« Je vous prie de laisser mon nom et de ne pas vous appeler Luthériens, mais chrétiens. Qui est Luther ? … Je n’ai été crucifié pour personne… Comment donc conviendrait-il à moi, un sac misérable de poussière et de cendres, de donner mon nom aux enfants de Christ. Cessez, mes chers amis, de vous accrocher à ces noms de parti et ces distinctions. Bannissez-les tous, et appelons-nous chrétiens seulement, à l’honneur de Celui de qui vient notre doctrine. »

(Ne prenez pas cette étude comme une attaque lancée contre une Église particulière. Il s’agit plutôt d’un appel à abandonner une pratique qui est commune à la grande majorité de ceux qui croient en Jésus – la pratique de se distinguer les uns des autres par des noms et des étiquettes qui sont étrangers à la Bible. Cette pratique n’honore pas notre Chef à nous tous, et n’encourage pas l’entente entre les croyants.)

Nous voulons faire ce que nous savons agréable à Dieu.

Voici une deuxième raison pour être simple chrétien. Quand on fait ce qui est enseigné dans la Bible, on est sûr d’avoir la faveur de Dieu. Il faut demeurer dans ses commandements et ne pas aller plus loin. Jésus dit en Jean 8.31 : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. »

Dieu a toujours agi ainsi avec les hommes. Il promet une bénédiction pour ceux qui respectent sa Parole telle qu’il la donne, sans la modifier. En Deutéronome 4.1,2, Moïse dit au peuple d’Israël :

« Maintenant, Israël, écoute les lois et les ordonnances que je vous enseigne. Mettez-les en pratique… Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. »

Quand on fait, par contre, ce qui n’est pas contenu dans la doctrine biblique, on s’expose au danger de déplaire à Dieu. Malgré les avertissements de Moïse, deux sacrificateurs israélites, Nadab et Abihu, ont fait ce qui leur semblait bien, au lieu de se limiter à ce que Dieu avait autorisé. Et ils ont payé très cher pour leur faute. Dieu leur avait dit de prendre des charbons de l’autel des holocaustes pour brûler du parfum dans le tabernacle. Écoutez ce que nous dit Lévitique 10.1-3 :

« Les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus ; ils apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné. Alors le feu sortit de devant l’Éternel, et les consuma ; ils moururent devant l’Éternel. Moïse dit à Aaron : C’est ce que l’Éternel a déclaré, lorsqu’il a dit : Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple. »

Nabab et Abihu prirent autre feu que ce que Dieu avait précisé ; Dieu n’en fut pas content. Il considéra leur acte comme une désobéissance, et il les punit sévèrement.

En tant que peuple de Dieu aujourd’hui, nous devons nous efforcer de faire scrupuleusement ce qu’il nous recommande, sans y ajouter ni en retrancher. 2 Jean 9 nous dit : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. » Tout ce que nous faisons dans la religion doit faire partie de la doctrine de Christ, doctrine qui est contenue dans le Nouveau Testament. C’est une voie qui est sûre et ne peut pas être fausse.

Les noms que nous employons pour désigner le peuple de Dieu ne sont qu’une seule des nombreuses applications de ce principe. Quand une personne qui a décidé de suivre Jésus et qui a été sauvée par lui se dit chrétienne, elle emploie un nom biblique de la manière que la Bible l’emploie. C’est conforme à la doctrine de Christ. Cela ne peut pas déplaire à Dieu. Quand on décide de se désigner non seulement comme chrétien, mais comme une certaine sorte de chrétien (catholique ou protestant ou autre), on n’est plus en train de se conformer à un exemple ou un enseignement de l’Évangile. On ne peut pas être sûr que cette étiquette plaît à Dieu. On ne base pas sa décision sur la doctrine de Christ. Alors, pourquoi ne pas se contenter de faire ce qui est clairement approuvé dans les Écritures et ne pas aller plus loin ?

Nous ne voulons pas contribuer à la division parmi ceux qui croient en Jésus.

Une dernière raison pour porter uniquement le nom de chrétien, sans autre étiquette, est que nous ne voulons pas contribuer à la division. Le Seigneur pria en Jean 17 pour que ceux qui croiraient en lui soient un comme lui et son Père sont un. L’apôtre Paul exhorta les chrétiens à être parfaitement unis et à tenir tous un même langage (1 Corinthiens 1.10). Là où existe la division, il y a du péché, et nous ne devons pas le prendre à la légère.

Quels sont donc les obstacles à l’unité ? La première épître de Paul aux Corinthiens peut nous éclairer sur ce point. En effet, la division était devenue un problème pour l’Église de Corinthe, et Paul y consacra les quatre premiers chapitres de son épître. Après avoir beaucoup parlé de la nécessité de mettre l’accent sur ce qui est de Dieu et non sur les hommes ou ce qui est des hommes, Paul résume au 4.6 de cette manière :

« C’est à cause de vous, frères, que j’ai fait de ces choses une application à ma personne et à celle d’Apollos, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit, et que nul ne conçoive de l’orgueil en faveur de l’un contre l’autre. »

Voilà les deux plus grands obstacles à l’unité. (1) Certains vont au-delà de ce qui est écrit pour enseigner et pratiquer ce qui ne vient pas de la Parole de Dieu, (2) et certains s’attachent trop à de simples hommes.

Trois approches pour rechercher l’unité

Pour atteindre l’unité sur le plan religieux, trois approches sont proposées.

(1) Certains disent qu’il faut que tous se soumettent à un seul chef humain. Si tous les croyants reconnaissaient l’autorité d’un seul pour se prononcer sur toute question de foi ou de doctrine, ils seraient tous d’accord. Si tous étaient d’accord avec ce chef, qu’il soit à Rome, à Abidjan, ou à Brooklyn aux États-Unis, ils seraient automatiquement d’accord les uns avec les autres.

Cette approche pourrait donner une espèce d’unité, mais cette solution n’est pas satisfaisante. En effet, Jésus dit que nous serons jugés, non selon les décisions d’un chef humain établi sur toutes les Églises, mais sur la base de sa parole. Jésus dit en Jean 12.48 : « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a son juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. » Au lieu de féliciter ceux qui se soumettent sans raisonner à tout ce que leurs enseignants leur disent, la Bible loue une autre sorte de personne :

« Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17.11).

(2) Une deuxième approche à l’unité, appelée l’œcuménisme, consiste à se mettre d’accord de ne pas être d’accord. On reconnaît, quand il le faut, que les différentes confessions se contredisent dans ce qu’elles recommandent de faire pour obtenir le pardon de Dieu, ou pour adorer Dieu, ou pour former une assemblée. On prône différentes formes de baptême, on prêche différentes choses concernant la nature de Dieu, mais on affirme que tout ce qui compte, c’est de croire au même Dieu et de prêcher que Jésus est Seigneur. Tout le reste serait secondaire. Selon cette approche, il ne faut pas faire cas de nos différences. On ferme les yeux dessus, et l’on s’accepte mutuellement.

Certainement, des attitudes d’humilité, de patience et de douceur sont nécessaires si nous voulons être unis, mais l’unité pour laquelle Jésus a prié n’est pas une unité superficielle. Il a voulu que les disciples soient un comme lui et son Père sont un. Or, le Père et le Fils ne se contredisent pas comme les différentes Églises le font. Paul n’a pas exhorté les Corinthiens à considérer tous les points de doctrine comme sans importance. Il a dit :

« Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi nous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment. »

Paul décrit une situation ou tous s’entendent et tous annoncent le même message et suivent le même enseignement.

(3) La troisième approche pour atteindre l’unité consiste à s’unir sur la base de la Bible. Puisque la vaste majorité des croyants acceptent déjà qu’elle est bien la Parole de Dieu, c’est le point que nous avons tous en commun, un point de départ naturel pour ceux qui cherchent l’unité. Ce que nous devons faire, c’est de parler là où la Bible parle, et nous taire là où la Bible se tait ; il faut suivre tout ce qu’elle recommande au peuple de Dieu de faire, et laisser tomber tout ce qu’elle n’enseigne pas. Et cela nous ramène à la question des noms que nous devons porter. Tous les croyants peuvent admettre le nom de « chrétien ». Tous reconnaissent que l’Église appartient à Jésus-Christ. Sur ces points, on pourrait être d’accord. Pourquoi, donc, ajouter des noms que tous ne peuvent pas ou ne voudront pas employer pour désigner l’Église ou ses membres ?

Le seul moyen de s’unir de manière acceptable à Dieu, c’est de faire retour à la Bible seule et de devenir de simples chrétiens. Mais même si certains n’acceptent pas de rechercher l’unité de cette manière, cela ne nous empêche pas, vous et moi, d’être chrétiens seulement, tout comme Paul et Pierre et d’autres l’étaient au premier siècle. Nous donnerons la gloire à Jésus seul, nous ferons ce que nous savons que Dieu accepte, et nous ne serons pas nous-mêmes un obstacle à l’unité.

B. B.
(Dans  Vol. 9, No. 4)


Précisons que d’autres termes sont employés dans la Bible pour parler de ceux qui croyaient au Seigneur. Par exemple, ils sont appelés « disciples », ce qui veut dire qu’il suivent Jésus pour apprendre de lui et parvenir à être comme lui – Jean 15.8; Actes 11.26; ils sont appelés « frères », parce qu’ils ont tous un même Père céleste et sont égaux – Matthieu 23.8; Luc 8.21; Galates 6.1; ils sont appelés « saints » parce qu’ils ont tous été mis à part pour Dieu et sont appelés à vivre dans la pureté et la sainteté – Romains 1.7; 15.25,26; ils sont appelés « enfants de Dieu » parce qu’ils sont nés de nouveau et que Dieu les a pris comme ses propres enfants adoptifs – 1 Jean 3.1. Tous ces noms, comme le nom « chrétien » sont bibliques et légitimes pour parler de ceux que Dieu a sauvés en Jésus-Christ. Mais ce ne sont pas des noms que l’on utilise pour faire une distinction entre les sauvés. Il n’y a pas dans l’Église certains qui sont des « enfants de Dieu » et d’autres qui sont des « saints ». Tous les chrétiens sont enfants de Dieu, comme tous sont saints. Ce que nous recommandons de laisser, ce sont les noms comme « catholique », « protestant », « évangélique », « luthérien », « pentecôtiste », etc., des noms qui appuient les distinctions entre différents groupes qui prétendent tous suivre Jésus.

L’apostasie

Parmi les premières épîtres du Nouveau Testament à être écrites sont les deux épîtres de Paul aux Thessaloniciens. Un problème dans l’Église de la ville de Thessalonique dont il est question dans ces épîtres est que de fausses doctrines se répandaient au sujet du retour de Jésus-Christ. Dans la première épître Paul rassure les disciples que leurs frères chrétiens qui étaient déjà décédés seraient ressuscités à la venue de Jésus et enlevés avec les sauvés pour être à jamais avec le Seigneur au ciel (1 Thessaloniciens 4.13-18). Dans sa deuxième lettre, Paul dément la fausse idée que le jour du Seigneur était déjà venu sans que beaucoup d’hommes le sachent. En 2 Thessaloniciens 2, un chapitre qui contient quelques points difficiles à interpréter avec certitude, Paul dit à ces chrétiens du milieu du premier siècle que ce jour n’arriverait pas avant que ne se produise un événement appelé « l’apostasie » (1 Th. 2.1-3).

Qu’est-ce que l’apostasie ?

Très simplement, le mot « apostasie » signifie l’abandon d’une religion. Bibliquement, il s’agit, bien sûr, de se détourner de la vraie religion, celle qui est révélée dans les Écritures. Un individu peut « apostasier » en faisant retour à une vie mondaine et pécheresse. Un individu, ou même une Église, peut apostasier également en se détournant de la vraie doctrine pour enseigner des faussetés et suivre des pratiques qui sont contraires à l’enseignement de la Bible. Il semble que l’apostasie dont Paul parle aux Thessaloniciens devait être à grande échelle.

L’apostasie prédite

Plusieurs autres passages parlent d’une apostasie, sans employer le mot. En Actes 20.29,30 Paul avertit ainsi les anciens de l’Église d’Éphèse : « Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. » L’apôtre Pierre, également, prédit l’activité de faux docteurs parmi les chrétiens et la création de sectes pernicieuses (dangereuses ou nuisibles) : « Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses » (2 Pierre 2.1-3).

En 1 Timothée 4.1-3 nous avons encore cette prophétie : « Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, prescrivant de ne pas se marier et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. »

Les derniers temps ?

L’expression « dans les derniers temps » qui paraît en 1 Timothée 4 et d’autres passages mène beaucoup de personnes à conclure que l’Esprit parle de quelque chose qui ne devait pas concerner le christianisme pendant la plupart de son histoire, mais seulement pour les dernières quelques années avant la fin du monde. En voyant la multiplicité de dénominations modernes, elles s’exclament : « Jésus va sûrement revenir très bientôt, puisque la Bible a dit qu’il y aurait beaucoup d’Églises à la fin du monde. »

Je ne soutiens pas ici que Jésus NE revient PAS bientôt – Dieu seul sait combien de temps reste jusqu’à la fin de toutes choses. Mais l’avertissement contre l’apostasie et les sectes ne concerne pas uniquement la période juste avant l’avènement du Seigneur pour le jugement. On ne peut pas supposer que toute Église sur la scène religieuse depuis un certain nombre d’années est admissible, et que c’est uniquement de celles qui sont créées de nos jours qu’il faut se méfier.

En effet, l’expression « les derniers jours » (ou « les derniers temps ») est employée dans la Bible pour parler de toute l’ère chrétienne. Par exemple, le jour de la Pentecôte l’apôtre Pierre voulait expliquer le phénomène du parler en langues comme une manifestation du Saint-Esprit qui avait été promis. Il cite une prophétie du livre de Joël qui dit : « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront… » Et en parlant de ce que les hommes voyaient ce jour de la Pentecôte, Pierre dit : « C’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël » (Actes 2.16,17). Selon ce passage, Pierre et ses auditeurs se trouvaient déjà, il y a 2.000 ans, aux derniers jours !

Hébreux 1.1,2 dit : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils… » La version Segond révisée (dite Colombe) le rend encore plus clair : « Dans ces temps qui sont les derniers ». D’autres passages qui identifient le premier siècle comme faisant déjà partie des derniers jours ou derniers temps sont : Jacques 5.3; 1 Pierre 1.20; 1 Jean 2.18; Jude 17-19. Depuis le premier jour de la Pentecôte après la mort du Christ, donc, jour où l’Évangile fut prêché pour la première fois, nous sommes aux derniers temps, la dernière ère qui existera avant la fin du monde. Les avertissements au sujet d’une apostasie dans les derniers temps ne se référaient donc pas spécialement au vingtième ou vingt et unième siècle.

L’apostasie combattue au temps des apôtres

C’est ainsi que nous voyons déjà au premier siècle une lutte menée par les apôtres et d’autres hommes fidèles contre la tendance de se détourner de la vérité ou de déformer l’Église. Paul écrivit aux chrétiens galates pour les ramener dans la voie dont ils s’égaraient déjà : « Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Dieu pour passer à un autre Évangile. Non pas qu’il y ait un autre Évangile, mais il y a des gens qui vous troublent et qu’ils veulent renverser l’Évangile de Christ »(Galates 1.6,7). Aux Corinthiens il dit : « Or, si l’on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection des morts ? S’il n’y a point de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine » (1 Corinthiens 15.12-14). À Timothée Paul écrivit ceci : « Je te rappelle l’exhortation que je te fis, à mon départ pour la Macédoine, lorsque je t’engageai à rester à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Timothée 1.3). En fait, le Nouveau Testament est rempli de traces d’une lutte contre l’apostasie en forme de diverses fausses doctrines, lutte qui avait déjà commencé.

La nature progressive de l’apostasie

L’abandon de la vérité se produit rarement d’un seul coup. Le plus souvent l’éloignement de la vérité biblique se fait petit à petit, parfois si graduellement que l’on ne s’en aperçoit pas.

Prenons deux exemples d’éloignement de la simplicité et la pureté de l’Église et de son enseignement tels qu’ils sont présentés dans la Bible.

L’organisation de l’Église

Dans le Nouveau Testament, nous trouvons que chaque assemblée locale était dirigée par son propre groupe d’anciens ou évêques, établis selon des critères enseignés par les apôtres (1 Timothée 3.1-7; Tite 1.5-9; Actes 14.23; 20.17,28; 1 Pierre 5.1-4; Philippiens 1.1). Aucune distinction n’était faite entre l’autorité d’un ancien et d’un autre. Les mots « ancien » et « évêque » étaient employés interchangeablement.

Selon l’histoire, une évolution en ce qui concerne l’organisation de l’Église a commencé graduellement au deuxième siècle. Au lieu d’avoir des anciens qui étaient tous égaux, des Églises élevaient un de leurs anciens au-dessus des autres et lui réservaient le titre d’évêque. Par la suite l’autorité de ces « évêques » qui se trouvaient dans les grandes villes s’étendit petit à petit sur les assemblées dans les petites villes et les villages aux alentours. Vers la fin du quatrième siècle, on distinguait les évêques de cinq villes importantes (Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Constantinople, et Rome) comme « Patriarches » établis sur les différentes régions du monde. Mais il a fallu encore plus de deux cents ans jusqu’à ce que l’évêque de Rome parvienne, au début du septième siècle, à se faire reconnaître dans une grande partie du monde comme « évêque universel », ou « Pape », chef sur toute l’Église. Les hommes ont ainsi abandonné l’autonomie des Églises locales sous la conduite de leurs propres anciens pour créer une hiérarchie mondiale d’origine humaine. L’égarement ne s’est pas arrêté là, pourtant. Les honneurs et les droits attribués au Pape se sont accumulés au cours du temps jusqu’à ce qu’en 1870 la doctrine de l’infaillibilité fut adoptée comme dogme, c’est à dire, une croyance officielle de l’Église Catholique. Selon cette doctrine, il est impossible que le Pape soit en erreur en matière de doctrine quand il parle officiellement pour l’Église. Il ne peut pas se tromper !

Le rôle de Marie, la mère de Jésus

Une grande transformation a eu lieu également en ce qui concerne les attitudes envers Marie. Dans le Nouveau Testament, elle est représentée comme la femme pieuse que Dieu choisit pour mettre au monde Jésus le Sauveur. Elle avait sûrement sa place parmi les hommes et femmes de foi qui servaient d’exemple à suivre pour les chrétiens. Elle est mentionnée par nom pour la dernière fois dans la Bible, pourtant, en Actes 1.14 où il est simplement dit qu’elle était parmi les disciples à Jérusalem entre l’ascension de Jésus et le Jour de la Pentecôte. Rien dans le Nouveau Testament ne lui attribue un rôle quelconque dans la vie quotidienne du chrétien. Aucun passage dans les épîtres ne l’honore ni ne recommande de lui adresser des prières.

Mais à cet égard aussi on constate un éloignement de plus en plus prononcé par rapport à ce que la Parole de Dieu enseigne. À la fin du deuxième siècle, on rencontre pour la première fois l’idée que Marie est restée vierge même après la naissance de Jésus, bien que cette idée soit vivement contestée au départ. Au début du cinquième siècle, certains ont avancé l’idée que Marie n’avait jamais commis du péché. En 431 un concile tenu à Éphèse lui donna le titre « Mère de Dieu ». Aussi pendant le cinquième siècle commença-t-on à l’invoquer comme un intercesseur, une médiatrice. L’exaltation de Marie continua, et continue jusqu’à ce jour. En 1854 l’Église Catholique accepta officiellement la doctrine de la conception immaculée, qui enseigne que Marie fut née exempte de la souillure du péché originel. (On pourrait dire, en passant, que même l’idée d’une souillure du péché originel héritée de nos premiers parents fait partie des fausses doctrines de l’apostasie.) En 1950 l’Église Catholique affirma solennellement que Marie fut enlevée miraculeusement au ciel sans passer par la mort (l’assomption).

De nombreuses doctrines non bibliques, acceptées non seulement par les catholiques, mais aussi par beaucoup de protestants, pourraient illustrer ce principe : l’apostasie est un processus qui se déroule au fil du temps quand les hommes ne s’attachent pas à la vraie parole, telle qu’elle est conservée dans la Bible.

Les fruits de l’apostasie

Les effets de l’abandon de la vérité sont très graves. Un verset que nous avons cité, 2 Pierre 2.1, attribue aux faux docteurs l’introduction des « sectes », ou divisions. Ceux qui ne se conforment pas à l’enseignement de la Bible, et non ceux qui refusent de se soumettre aveuglément aux dirigeants humains d’une Église établie, sont à l’origine des sectes. Un groupe n’est pas une secte parce qu’elle est minoritaire, mais parce qu’elle ne suit pas la voie qui nous est indiquée dans la Parole de Dieu.

Un deuxième effet de l’apostasie est la condamnation éternelle. Paul dit aux Galates : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème (maudit) » (Galates 1.8). Aux Corinthiens Paul rappela l’Évangile « par lequel vous êtes sauvés SI vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (1 Corinthiens 15.2). Pierre parle de ceux qui tordent le sens des Écritures pour leur propre ruine, et il nous exhorte : « Vous donc, bien-aimés, mettez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté » (2 Pierre 3.16,17).

La solution au problème

L’apostasie a donc été prédite, et ces prédictions se sont réalisées il y a bien longtemps – et elles continuent de se réaliser tant que les hommes s’attachent à des doctrines qui sont étrangères à la Bible. Ces apostasies sèment la division parmi ceux qui croient en Jésus. En plus, elles apportent la condamnation à ceux qui séduisent et à ceux qui sont séduits (Matthieu 15.13,14). Quelle est donc la solution à ce grand mal ?

Le prophète Jérémie donna la réponse six cents ans avant Jésus : « Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes » (Jérémie 6.16). Il suffit de faire un retour en arrière, à l’aide de la Parole de Dieu. Un tel retour à la bonne voie n’est pas aussi difficile qu’on ne le pense.

Ce serait une erreur, d’ailleurs, d’affirmer que l’apostasie a jamais été universelle, au point de faire disparaître de la face de la terre l’Église que le Seigneur a fondée. En prophétisant au sujet de l’Église, ou royaume, Daniel dit : « Le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit » et qui « subsistera éternellement » (Daniel 2.44). Bien que souvent persécutés par les autorités ou ignorés par la majorité des hommes, des groupes de fidèles qui cherchaient à être tout simplement des chrétiens et à suivre l’enseignement de la Bible seule ont existé dans plusieurs pays au cours des âges, depuis le premier siècle et jusqu’à nos jours. De tels mouvements, dont plusieurs étaient en existence même pendant le Moyen Âge et bien avant le commencement de la Réforme protestante, ont laissé des traces dans l’histoire ou continuent de prêcher la simple vérité en Albanie, Allemagne, Amérique, Angleterre, Arménie, Belgique (Flandre), Espagne, Finlande, France, Grèce, Inde, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Ukraine, Yougoslavie et ailleurs. Leur but n’était pas de « réformer » des dénominations d’origine humaine, mais de tout simplement pratiquer le christianisme révélé dans la Bible. Le fait que les livres d’histoire ne parlent pas souvent de ces groupes du passé, ou que les journaux ne mentionnent pas ceux qui sont actifs aujourd’hui, ne réfute pas leur existence. « Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent » (2 Timothée 2.19).

La possibilité de restaurer ou de redécouvrir l’Église dont la Bible nous parle est confirmée non seulement par l’exemple de ces groupes dont nous venons de parler. Le principe biblique que la Parole de Dieu est comme une semence nous assure que cette possibilité existera toujours. « La semence, c’est la parole de Dieu » (Luc 8.11). « Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu […] la parole de Dieu demeure éternellement » (1 Pierre 1.23,25). Une semence produit toujours la même espèce de plante, quel que soit le lieu ou l’année où on la sème. Les doctrines des hommes produisent des dénominations, mais la saine doctrine de la Parole de Dieu produira toujours ce qu’elle a produit au premier siècle : de simples chrétiens et des Églises de Christ.

B. B.
(Dans Vol. 5, No. 1)