Gardez-vous des idoles

Qu’est-ce qu’une idole ?

Tout le monde ne comprend pas l’idolâtrie de la même manière. Selon le Petit Larousse, une idole est une « image ou représentation d’une divinité qui est l’objet d’un culte d’adoration ». D’autres dictionnaires parlent également de « figure, statue, objet matériel qu’on suppose habités par la divinité qu’ils représentent et qui sont adorés comme la divinité elle-même ». En d’autres termes, certains considèrent l’idole comme une simple représentation de quelque chose qu’ils adorent ; d’autres considèrent l’idole comme étant habitée ou animée d’un être ou puissance spirituel et donc un objet d’adoration en elle-même.

Bizarrement, on peut avoir une idole dans sa vie sans s’en rendre compte. Selon Éphésiens 5.5, ceux qui sont cupides, c’est-à-dire amoureux de l’argent, ont une idole : « Car, sachez-le bien, aucun… cupide, c’est-à-dire idolâtre, n’a d’héritage dans le royaume de Christ et de Dieu. » Jésus parle de la même vérité en Matthieu 6.24 : « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon [la richesse]. » Le Seigneur nous enseigne donc que l’argent peut devenir une sorte d’idole, un faux dieu que nous servons, même si nous ne dirions jamais en nous-mêmes que l’argent est notre dieu.

Quelle est l’attitude de Dieu à l’égard de l’idolâtrie ?

Que ce soit une statue devant laquelle on se prosterne ou quelque chose que nous avons trop exalté dans notre cœur et que nous « servons » même inconsciemment, l’attitude de Dieu envers les idoles a toujours été très nette : « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Exode 20.3).

Mais considérons en particulier son attitude à l’égard des idoles dans le premier sens du mot, celui des images, statues ou objets dont on se sert dans la religion, devant lesquels on se prosterne, fait des prières ou offre divers genres de sacrifices. Le deuxième des dix commandements est catégorique :

« Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux. » (Exode 20.4,5)

Malgré ces commandements si clairs, Israël tomba maintes fois dans le péché de l’idolâtrie, et les prophètes de Dieu appelaient constamment le peuple à se repentir et à servir l’Éternel seul. Voici, par exemple, les propos du prophète Habacuc :

« À quoi sert une image taillée, pour qu’un ouvrier la taille ? À quoi sert une image en fonte et qui enseigne le mensonge, pour que l’ouvrier qui l’a faite place en elle sa confiance, tandis qu’il fabrique des idoles muettes ? Malheur à celui qui dit au bois : Lève-toi ! À une pierre muette : Réveille-toi ! Donnera-t-elle instruction ? Voici, elle est garnie d’or et d’argent, mais il n’y a point en elle un esprit qui l’anime. L’Éternel est dans son saint temple. Que toute la terre fasse silence devant lui ! » (Habacuc 2.18-20)

L’attitude de Dieu envers les idoles n’a pas changé dans le Nouveau Testament. Après avoir parlé du péché commis par les Israélites, l’apôtre Paul dit aux Corinthiens : « Ne devenez pas idolâtres, comme quelques-uns d’eux » (1 Cor. 10.7). Il écrit aux Galates : « Or, les œuvres de la chair sont manifestes, ce sont l’impudicité, l’impureté, la dissolution, l’idolâtrie… Je vous dis d’avance, comme je l’ai déjà dit, que ceux qui commettent de telles choses n’hériteront point le royaume de Dieu » (Gal. 5.19-21). L’Apocalypse de Jean contient plusieurs références à l’idolâtrie, et elles sont toutes négatives :

« Les autres hommes… ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, de manière à ne point adorer les démons, et les idoles d’or, d’argent, d’airain, de pierre et de bois, qui ne peuvent ni voir, ni entendre, ni marcher… Mais pour les… idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort… Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge ! » (Apocalypse 9.20; 21.8; 22.15)

Pourquoi Dieu déteste-t-il tellement l’idolâtrie ?

Comme nous l’avons vu en Exode 20.5, Dieu lui-même dit qu’il est un Dieu jaloux. Il ne tolère pas de rivaux. Quand on demanda à Jésus-Christ quel était le premier de tous les commandements, « Jésus répondit : Voici le premier : Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur ; et : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force » (Marc 12.29,30). Dieu ne veut pas d’un cœur partagé. Il est vrai que la jalousie est, dans beaucoup de situations, un trait négatif ; il y a, par contre, des relations où elle est très importante, car son absence signifie un manque d’amour. Un homme marié qui ne ressent rien quand il apprend que sa femme commet l’adultère avec un autre homme n’aime tout simplement pas son épouse. Si sa femme est amoureuse d’un autre, et que cela lui est égal, il y a un problème très grave. Dieu est jaloux pour nous parce qu’il nous a créés et qu’il nous aime. Jacques s’adresse en termes très forts à certains qui ne comprennent pas cette réalité :

« Adultères que vous êtes ! Ne savez-vous pas l’amour du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. Croyez-vous que l’Écriture parle en vain ? C’est avec jalousie que Dieu chérit l’esprit qu’il a fait habiter en nous. » (Jacques 4.4,5)

Certains insistent sur l’idée qu’ils n’adorent pas le bout de bois ou le bloc de pierre qu’est l’idole – ils n’adorent que Dieu, celui que l’image représente pour eux. Peu importe. Le commandement de Dieu est clair, et il ne comporte pas d’exception pour celui qui pense à l’image d’une certaine manière : « Tu ne te feras point d’image taillée… Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras pas » (Exode 20.4,5). Et si l’on veut bien voir, la première fois que les Israélites désobéirent à ce commandement en faisant la statue d’un veau d’or, il était clair que l’image était pour eux une simple représentation du Dieu qui les avait délivrés de l’esclavage en Égypte.

« Et tous ôtèrent les anneaux d’or qui étaient à leurs oreilles, et ils les apportèrent à Aaron. Il les reçut de leurs mains, jeta l’or dans un moule, et fit un veau en fonte. Et ils dirent : Israël ! Voici ton dieu, qui t’a fait sortir du pays d’Égypte. Lorsqu’Aaron vit cela, il bâtit un autel devant lui, et il s’écria : Demain, il y aura fête en l’honneur de l’Éternel ! » (Exode 32.3-5)

Ils traitaient cette statue comme un simple objet visible pour faciliter leur adoration du Dieu invisible. Cela n’empêche pas qu’ils avaient désobéi à l’ordre exprès de Dieu, qui se mit colère face à cette infidélité. Il dit à Moïse, qui se trouvait sur le mont Sinaï : « Va, descends ; car ton peuple, que tu as fait sortir du pays d’Égypte, s’est corrompu. Ils se sont promptement écartés de la voie que je leur avais prescrite » (Exode 32.7,8).

Représenter le Dieu incomparable par l’image d’une créature ne lui fait pas honneur. Au contraire. Le prophète Ésaïe demanda : « À qui voulez-vous comparer Dieu ? Et quelle représentation dresserez-vous de lui ? » (Ésaïe 40.18). L’apôtre Paul dit que les hommes « ont remplacé la gloire du Dieu incorruptible par des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles » (Romains 1.23, Version Colombe). Il avait prêché aux hommes d’Athènes : « Nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’industrie de l’homme » (Actes 17.29). Toute image que l’on ferait pour représenter Dieu constitue, en réalité, une insulte à sa gloire.

Mais ce n’est pas tout. Même si des hommes ont fabriqué des images avec des sentiments pieux dans le but de faciliter l’adoration du Dieu invisible, force est de reconnaître que beaucoup de gens, surtout les moins instruits, se mettent à adorer les images elles-mêmes plutôt que ce qu’elles sont censées représenter. Leur confiance est placée dans les idoles. Les prophètes de Dieu rappelaient donc sans cesse que ces objets, fabriqués par les mains d’homme, étaient impuissants. « Ils reculeront, ils seront confus, ceux qui se confient aux idoles taillées, ceux qui disent aux idoles de fonte : Vous êtes nos dieux ! » (Ésaïe 42.17).

Jérémie dit que les idoles ne sont que mensonge, une œuvre de tromperie (Jérémie 10.1-16). Ce sont les démons qui s’en servent pour tromper les hommes. Oui, qu’on le reconnaisse ou pas, de mauvais esprits se cachent derrière les idoles et sont à l’œuvre par ce moyen pour détourner les hommes de la volonté de Dieu. L’image taillée n’a pas de pouvoir ; si une puissance se manifeste aux adorateurs des idoles, nous savons d’où elle vient :

« Que dis-je donc ? Que la viande sacrifiée aux idoles est quelque chose, ou qu’une idole est quelque chose ? Nullement. Je dis que ce qu’on sacrifie, on le sacrifie à des démons, et non à Dieu ; or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons » (1 Corinthiens 10.19,20).

Quelle attitude la Bible recommande-t-elle au chrétien ?

L’enseignement des apôtres à l’égard des idoles était très simple et très clair : les païens devaient rompre totalement avec l’idolâtrie dans toutes ses formes. Ils recommandèrent « qu’on leur écrive de s’abstenir des souillures des idoles » (Actes 15.20). Paul dit aux Corinthiens : « C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie » (1 Cor. 10.14). « Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant… C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai » (2 Cor. 6.16,17). Quant aux chrétiens de Thessalonique, Paul leur écrit : « On raconte à notre sujet, quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai » (1 Th. 1.9). Le Nouveau Testament ne recommande jamais que les païens soient sevrés petit à petit de leurs habitudes en ce qui concerne les pratiques idolâtres et l’emploi des images. Non. Il faut une rupture totale au moment de la conversion. Comme les Éphésiens qui ont brûlé leurs livres de magie (Actes 19.19), un païen qui vient à Christ devrait brûler ses fétiches au nom de Jésus et renoncer à tout ce qui est associé aux faux dieux. Il ne faut pas se référer aux manières d’adorer ces anciens dieux pour que la transition à l’adoration du vrai Dieu soit plus facile. Considérez ce que Dieu ordonna aux Israélites quand ils s’installaient dans le pays de Canaan :

« Lorsque l’Éternel, ton Dieu, aura exterminé les nations que tu vas chasser devant toi… garde-toi de te laisser prendre au piège en les imitant… Garde-toi de t’informer de leurs dieux et de dire : Comment ces nations servaient-elles leurs dieux ? Moi aussi, je veux faire de même. Tu n’agiras pas ainsi à l’égard de l’Éternel, ton Dieu. » (Deutéronome 12.29-31)

Soyons clairs : celui qui vient à Christ, mais qui s’attache encore aux idoles, n’est pas encore venu à Christ. Jésus le dit lui-même : « Nul ne peut servir deux maîtres. »

Que penser des statues de Jésus, de Marie et des « saints » ?

Contrairement à tout ce que nous venons de lire, l’Église Catholique recommande l’emploi des images dans l’adoration. « De plus, on doit avoir et garder, surtout dans les églises, les images du Christ, de la Vierge Marie Mère de Dieu et des autres saints, et leur rendre l’honneur et la vénération qui leur sont dus… à travers les images que nous baisons, devant lesquelles nous nous découvrons et nous prosternons, c’est le Christ que nous adorons et les saints, dont elles portent la ressemblance, que nous vénérons. C’est ce qui a été défini par les décrets des conciles » (Session 25 du Concile de Trente, article 1823). L’Église Orthodoxe, pour sa part, rejette les statues, mais « vénère » avec beaucoup de zèle les tableaux, ou icônes, qui représentent les mêmes personnages.

L’Église Catholique avance cet argument : « Dieu est Esprit et on ne peut pas le représenter… mais un jour, le Fils de Dieu s’est abaissé jusqu’à se faire homme comme nous : c’est Jésus-Christ (Phil. 2.6-8) – alors nous pouvons le représenter soit par un dessin soit par une statue. C’est la conséquence de l’Incarnation, le mystère du Fils de Dieu, fait homme » (70 Questions – Réponses, écrit par le prêtre Gilles Babinet, et autorisé par Noël KOKORA TEKRY, Évêque de Gagnoa, Côte d’Ivoire).

Quand on nous dit : « C’est différent maintenant », nous voulons demander : « Selon qui ? ». Est-ce que Dieu dans sa Sainte Parole nous dit quelque part qu’il est désormais permis de faire des images et de se prosterner devant elles ? Les apôtres ont-ils jamais fabriqué une statue du Seigneur pour que les premiers chrétiens s’en servent dans leur adoration ? Il n’y a dans la Bible ni commandement, ni enseignement, ni exemple apostolique pour soutenir cette pratique. Or, la Bible dit : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu » (2 Jean 9).

Pour ce qui est des images de Marie, la mère de Jésus, et des « saints », on ne peut pas les justifier en parlant de l’incarnation de Jésus. En tant que Fils de Dieu, Jésus est digne d’être adoré, même si on ne doit pas le faire au moyen des statues. Mais Marie et les « Saints » ne sont pas divins. Ils sont des créatures, et non pas Dieu. On n’a aucun droit de leur vouer un culte quelconque.

Adoration ou vénération ?

L’Église Catholique essaie de créer une distinction entre « adorer » et « vénérer ». On adore Dieu, mais on ne fait que vénérer les images, Marie, les « saints » et les anges. Pour être honnête, il faut dire qu’il s’agit d’un jeu de mots, car on parle des mêmes actes : que ce soit pour Jésus, Marie ou les saints, on se prosterne devant leurs images, on leur adresse des prières et des louanges, on les chante, on allume des cierges (bougies) pour eux, etc. Considérez les propos de cette célèbre prière qu’on recommande de faire à la Vierge Marie et demandez-vous sincèrement en quoi elle ne constitue pas de l’adoration :

« Auguste Reine des cieux et Maîtresse des Anges, vous qui avez reçu de Dieu le pouvoir et la mission d’écraser la tête de Satan, nous vous le demandons humblement, envoyez les légions célestes pour que, sous vos ordres, elles poursuivent les démons, les combattent partout, répriment leur audace et les refoulent dans l’abîme. « Qui est comme Dieu ? »

Ô bonne et tendre Mère, vous serez toujours notre amour et notre espérance.

Ô divine Mère, envoyez les saints Anges pour me défendre et repousser loin de moi le cruel ennemi. Saints Anges et Archanges, défendez-nous, gardez-nous. »

À la lumière des passages que nous avons vus au début de cette étude, la colère du Dieu jaloux, qui exige d’être le seul objet de l’adoration, ne serait-elle pas provoquée par le fait que de telles paroles s’adressent à de simples créatures ? Quel que soit le mot qu’on emploie pour en parler, il est clair qu’il s’agit de l’adoration de ce qui n’est pas Dieu. C’est un cas d’idolâtrie.

Marie s’est décrite simplement comme « la servante du Seigneur » (Luc 1.38). Comment « Saint » Pierre a-t-il réagi quand Corneille tomba à ses pieds et se prosterna ? « Pierre le releva, en disant : Lève-toi, moi aussi, je suis un homme » (Actes 10.26). Comment l’ange puissant de l’Apocalypse réagit-il quand Jean tomba à ses pieds ? « Il me dit : Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de service, et celui de tes frères qui ont le témoignage de Jésus. Adore Dieu » (Apoc. 19.10). Marie, Pierre et l’ange ne se réjouiraient pas de voir la « vénération » qui leur est offerte aujourd’hui.

Conclusion

Il n’y a qu’un seul Être suprême et incomparable, Créateur et Maître de toutes choses, majestueux et glorieux. « Au roi des siècles, immortel, invisible, seul Dieu, soient honneur et gloire, aux siècles des siècles ! » (1 Tim. 1.17). Lui seul est digne de l’adoration de tout ce qui vit. De plein droit il s’attend à ce que ses créatures l’honorent de manière exclusive. Qu’on serve un autre être à la place de Dieu ou en plus de Dieu, on commet le péché de l’idolâtrie. Les vrais serviteurs de Dieu n’accepteraient jamais l’adoration, car tout leur souhait est que Dieu lui-même reçoive honneur et louange.

Dieu a toujours défendu catégoriquement qu’on se serve des statues et des images dans l’adoration. Soit elles rabaissent Dieu, soit elles détournent la dévotion des hommes de celui qu’il faut adorer. Là aussi, c’est de l’idolâtrie. Ne vous laissez pas séduire par les arguments humains. La volonté de Dieu est claire : « Tu ne te feras pas d’image taillée… tu ne te prosterneras pas devant elles ».

« Petits enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5.21).

B. B.
(Dans Vol. 13 No. 3)


Voir aussi Peut-on prier les « Saints » tant qu’on n’a pas recours aux images ?

L’apostasie

Parmi les premières épîtres du Nouveau Testament à être écrites sont les deux épîtres de Paul aux Thessaloniciens. Un problème dans l’Église de la ville de Thessalonique dont il est question dans ces épîtres est que de fausses doctrines se répandaient au sujet du retour de Jésus-Christ. Dans la première épître Paul rassure les disciples que leurs frères chrétiens qui étaient déjà décédés seraient ressuscités à la venue de Jésus et enlevés avec les sauvés pour être à jamais avec le Seigneur au ciel (1 Thessaloniciens 4.13-18). Dans sa deuxième lettre, Paul dément la fausse idée que le jour du Seigneur était déjà venu sans que beaucoup d’hommes le sachent. En 2 Thessaloniciens 2, un chapitre qui contient quelques points difficiles à interpréter avec certitude, Paul dit à ces chrétiens du milieu du premier siècle que ce jour n’arriverait pas avant que ne se produise un événement appelé « l’apostasie » (1 Th. 2.1-3).

Qu’est-ce que l’apostasie ?

Très simplement, le mot « apostasie » signifie l’abandon d’une religion. Bibliquement, il s’agit, bien sûr, de se détourner de la vraie religion, celle qui est révélée dans les Écritures. Un individu peut « apostasier » en faisant retour à une vie mondaine et pécheresse. Un individu, ou même une Église, peut apostasier également en se détournant de la vraie doctrine pour enseigner des faussetés et suivre des pratiques qui sont contraires à l’enseignement de la Bible. Il semble que l’apostasie dont Paul parle aux Thessaloniciens devait être à grande échelle.

L’apostasie prédite

Plusieurs autres passages parlent d’une apostasie, sans employer le mot. En Actes 20.29,30 Paul avertit ainsi les anciens de l’Église d’Éphèse : « Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. » L’apôtre Pierre, également, prédit l’activité de faux docteurs parmi les chrétiens et la création de sectes pernicieuses (dangereuses ou nuisibles) : « Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses » (2 Pierre 2.1-3).

En 1 Timothée 4.1-3 nous avons encore cette prophétie : « Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, prescrivant de ne pas se marier et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. »

Les derniers temps ?

L’expression « dans les derniers temps » qui paraît en 1 Timothée 4 et d’autres passages mène beaucoup de personnes à conclure que l’Esprit parle de quelque chose qui ne devait pas concerner le christianisme pendant la plupart de son histoire, mais seulement pour les dernières quelques années avant la fin du monde. En voyant la multiplicité de dénominations modernes, elles s’exclament : « Jésus va sûrement revenir très bientôt, puisque la Bible a dit qu’il y aurait beaucoup d’Églises à la fin du monde. »

Je ne soutiens pas ici que Jésus NE revient PAS bientôt – Dieu seul sait combien de temps reste jusqu’à la fin de toutes choses. Mais l’avertissement contre l’apostasie et les sectes ne concerne pas uniquement la période juste avant l’avènement du Seigneur pour le jugement. On ne peut pas supposer que toute Église sur la scène religieuse depuis un certain nombre d’années est admissible, et que c’est uniquement de celles qui sont créées de nos jours qu’il faut se méfier.

En effet, l’expression « les derniers jours » (ou « les derniers temps ») est employée dans la Bible pour parler de toute l’ère chrétienne. Par exemple, le jour de la Pentecôte l’apôtre Pierre voulait expliquer le phénomène du parler en langues comme une manifestation du Saint-Esprit qui avait été promis. Il cite une prophétie du livre de Joël qui dit : « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront… » Et en parlant de ce que les hommes voyaient ce jour de la Pentecôte, Pierre dit : « C’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël » (Actes 2.16,17). Selon ce passage, Pierre et ses auditeurs se trouvaient déjà, il y a 2.000 ans, aux derniers jours !

Hébreux 1.1,2 dit : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils… » La version Segond révisée (dite Colombe) le rend encore plus clair : « Dans ces temps qui sont les derniers ». D’autres passages qui identifient le premier siècle comme faisant déjà partie des derniers jours ou derniers temps sont : Jacques 5.3; 1 Pierre 1.20; 1 Jean 2.18; Jude 17-19. Depuis le premier jour de la Pentecôte après la mort du Christ, donc, jour où l’Évangile fut prêché pour la première fois, nous sommes aux derniers temps, la dernière ère qui existera avant la fin du monde. Les avertissements au sujet d’une apostasie dans les derniers temps ne se référaient donc pas spécialement au vingtième ou vingt et unième siècle.

L’apostasie combattue au temps des apôtres

C’est ainsi que nous voyons déjà au premier siècle une lutte menée par les apôtres et d’autres hommes fidèles contre la tendance de se détourner de la vérité ou de déformer l’Église. Paul écrivit aux chrétiens galates pour les ramener dans la voie dont ils s’égaraient déjà : « Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Dieu pour passer à un autre Évangile. Non pas qu’il y ait un autre Évangile, mais il y a des gens qui vous troublent et qu’ils veulent renverser l’Évangile de Christ »(Galates 1.6,7). Aux Corinthiens il dit : « Or, si l’on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection des morts ? S’il n’y a point de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine » (1 Corinthiens 15.12-14). À Timothée Paul écrivit ceci : « Je te rappelle l’exhortation que je te fis, à mon départ pour la Macédoine, lorsque je t’engageai à rester à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Timothée 1.3). En fait, le Nouveau Testament est rempli de traces d’une lutte contre l’apostasie en forme de diverses fausses doctrines, lutte qui avait déjà commencé.

La nature progressive de l’apostasie

L’abandon de la vérité se produit rarement d’un seul coup. Le plus souvent l’éloignement de la vérité biblique se fait petit à petit, parfois si graduellement que l’on ne s’en aperçoit pas.

Prenons deux exemples d’éloignement de la simplicité et la pureté de l’Église et de son enseignement tels qu’ils sont présentés dans la Bible.

L’organisation de l’Église

Dans le Nouveau Testament, nous trouvons que chaque assemblée locale était dirigée par son propre groupe d’anciens ou évêques, établis selon des critères enseignés par les apôtres (1 Timothée 3.1-7; Tite 1.5-9; Actes 14.23; 20.17,28; 1 Pierre 5.1-4; Philippiens 1.1). Aucune distinction n’était faite entre l’autorité d’un ancien et d’un autre. Les mots « ancien » et « évêque » étaient employés interchangeablement.

Selon l’histoire, une évolution en ce qui concerne l’organisation de l’Église a commencé graduellement au deuxième siècle. Au lieu d’avoir des anciens qui étaient tous égaux, des Églises élevaient un de leurs anciens au-dessus des autres et lui réservaient le titre d’évêque. Par la suite l’autorité de ces « évêques » qui se trouvaient dans les grandes villes s’étendit petit à petit sur les assemblées dans les petites villes et les villages aux alentours. Vers la fin du quatrième siècle, on distinguait les évêques de cinq villes importantes (Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Constantinople, et Rome) comme « Patriarches » établis sur les différentes régions du monde. Mais il a fallu encore plus de deux cents ans jusqu’à ce que l’évêque de Rome parvienne, au début du septième siècle, à se faire reconnaître dans une grande partie du monde comme « évêque universel », ou « Pape », chef sur toute l’Église. Les hommes ont ainsi abandonné l’autonomie des Églises locales sous la conduite de leurs propres anciens pour créer une hiérarchie mondiale d’origine humaine. L’égarement ne s’est pas arrêté là, pourtant. Les honneurs et les droits attribués au Pape se sont accumulés au cours du temps jusqu’à ce qu’en 1870 la doctrine de l’infaillibilité fut adoptée comme dogme, c’est à dire, une croyance officielle de l’Église Catholique. Selon cette doctrine, il est impossible que le Pape soit en erreur en matière de doctrine quand il parle officiellement pour l’Église. Il ne peut pas se tromper !

Le rôle de Marie, la mère de Jésus

Une grande transformation a eu lieu également en ce qui concerne les attitudes envers Marie. Dans le Nouveau Testament, elle est représentée comme la femme pieuse que Dieu choisit pour mettre au monde Jésus le Sauveur. Elle avait sûrement sa place parmi les hommes et femmes de foi qui servaient d’exemple à suivre pour les chrétiens. Elle est mentionnée par nom pour la dernière fois dans la Bible, pourtant, en Actes 1.14 où il est simplement dit qu’elle était parmi les disciples à Jérusalem entre l’ascension de Jésus et le Jour de la Pentecôte. Rien dans le Nouveau Testament ne lui attribue un rôle quelconque dans la vie quotidienne du chrétien. Aucun passage dans les épîtres ne l’honore ni ne recommande de lui adresser des prières.

Mais à cet égard aussi on constate un éloignement de plus en plus prononcé par rapport à ce que la Parole de Dieu enseigne. À la fin du deuxième siècle, on rencontre pour la première fois l’idée que Marie est restée vierge même après la naissance de Jésus, bien que cette idée soit vivement contestée au départ. Au début du cinquième siècle, certains ont avancé l’idée que Marie n’avait jamais commis du péché. En 431 un concile tenu à Éphèse lui donna le titre « Mère de Dieu ». Aussi pendant le cinquième siècle commença-t-on à l’invoquer comme un intercesseur, une médiatrice. L’exaltation de Marie continua, et continue jusqu’à ce jour. En 1854 l’Église Catholique accepta officiellement la doctrine de la conception immaculée, qui enseigne que Marie fut née exempte de la souillure du péché originel. (On pourrait dire, en passant, que même l’idée d’une souillure du péché originel héritée de nos premiers parents fait partie des fausses doctrines de l’apostasie.) En 1950 l’Église Catholique affirma solennellement que Marie fut enlevée miraculeusement au ciel sans passer par la mort (l’assomption).

De nombreuses doctrines non bibliques, acceptées non seulement par les catholiques, mais aussi par beaucoup de protestants, pourraient illustrer ce principe : l’apostasie est un processus qui se déroule au fil du temps quand les hommes ne s’attachent pas à la vraie parole, telle qu’elle est conservée dans la Bible.

Les fruits de l’apostasie

Les effets de l’abandon de la vérité sont très graves. Un verset que nous avons cité, 2 Pierre 2.1, attribue aux faux docteurs l’introduction des « sectes », ou divisions. Ceux qui ne se conforment pas à l’enseignement de la Bible, et non ceux qui refusent de se soumettre aveuglément aux dirigeants humains d’une Église établie, sont à l’origine des sectes. Un groupe n’est pas une secte parce qu’elle est minoritaire, mais parce qu’elle ne suit pas la voie qui nous est indiquée dans la Parole de Dieu.

Un deuxième effet de l’apostasie est la condamnation éternelle. Paul dit aux Galates : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème (maudit) » (Galates 1.8). Aux Corinthiens Paul rappela l’Évangile « par lequel vous êtes sauvés SI vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (1 Corinthiens 15.2). Pierre parle de ceux qui tordent le sens des Écritures pour leur propre ruine, et il nous exhorte : « Vous donc, bien-aimés, mettez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté » (2 Pierre 3.16,17).

La solution au problème

L’apostasie a donc été prédite, et ces prédictions se sont réalisées il y a bien longtemps – et elles continuent de se réaliser tant que les hommes s’attachent à des doctrines qui sont étrangères à la Bible. Ces apostasies sèment la division parmi ceux qui croient en Jésus. En plus, elles apportent la condamnation à ceux qui séduisent et à ceux qui sont séduits (Matthieu 15.13,14). Quelle est donc la solution à ce grand mal ?

Le prophète Jérémie donna la réponse six cents ans avant Jésus : « Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes » (Jérémie 6.16). Il suffit de faire un retour en arrière, à l’aide de la Parole de Dieu. Un tel retour à la bonne voie n’est pas aussi difficile qu’on ne le pense.

Ce serait une erreur, d’ailleurs, d’affirmer que l’apostasie a jamais été universelle, au point de faire disparaître de la face de la terre l’Église que le Seigneur a fondée. En prophétisant au sujet de l’Église, ou royaume, Daniel dit : « Le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit » et qui « subsistera éternellement » (Daniel 2.44). Bien que souvent persécutés par les autorités ou ignorés par la majorité des hommes, des groupes de fidèles qui cherchaient à être tout simplement des chrétiens et à suivre l’enseignement de la Bible seule ont existé dans plusieurs pays au cours des âges, depuis le premier siècle et jusqu’à nos jours. De tels mouvements, dont plusieurs étaient en existence même pendant le Moyen Âge et bien avant le commencement de la Réforme protestante, ont laissé des traces dans l’histoire ou continuent de prêcher la simple vérité en Albanie, Allemagne, Amérique, Angleterre, Arménie, Belgique (Flandre), Espagne, Finlande, France, Grèce, Inde, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Ukraine, Yougoslavie et ailleurs. Leur but n’était pas de « réformer » des dénominations d’origine humaine, mais de tout simplement pratiquer le christianisme révélé dans la Bible. Le fait que les livres d’histoire ne parlent pas souvent de ces groupes du passé, ou que les journaux ne mentionnent pas ceux qui sont actifs aujourd’hui, ne réfute pas leur existence. « Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent » (2 Timothée 2.19).

La possibilité de restaurer ou de redécouvrir l’Église dont la Bible nous parle est confirmée non seulement par l’exemple de ces groupes dont nous venons de parler. Le principe biblique que la Parole de Dieu est comme une semence nous assure que cette possibilité existera toujours. « La semence, c’est la parole de Dieu » (Luc 8.11). « Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu […] la parole de Dieu demeure éternellement » (1 Pierre 1.23,25). Une semence produit toujours la même espèce de plante, quel que soit le lieu ou l’année où on la sème. Les doctrines des hommes produisent des dénominations, mais la saine doctrine de la Parole de Dieu produira toujours ce qu’elle a produit au premier siècle : de simples chrétiens et des Églises de Christ.

B. B.
(Dans Vol. 5, No. 1)

Sans péché?

Pélage (370-440 après Jésus-Christ) enseignait que Marie ne commit jamais de péché. D’autres personnes ont enseigné que Marie était totalement sans péché et l’ont appelée « toute sainte ».

Certes, la Bible loue Marie. L’ange Gabriel l’appela « toi à qui une grâce a été faite » (ou « comblée de grâce ») (Luc 1.28). Sa parente Élisabeth dit : « Tu es bénie entre les femmes » et l’appela « la mère de mon Seigneur » (Luc 1.42,43). Marie elle-même dit : « Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Luc 1.48). Marie était certainement une servante de Dieu humble, fidèle et remarquable.

Mais la Bible ne dit jamais que Marie ou une personne quelconque ait mené une vie sans péché, à l’exception de Jésus seul. Au contraire, la Bible dit : « Il n’y a point de juste, pas même un seul ; tous sont égarés… Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3.10,11,23). « Non, il n’y a sur la terre point d’homme juste qui fasse le bien et qui ne pèche jamais » (Ecclésiaste 7.20). « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous » (1 Jean 1.8). « Mais l’Écriture a tout renfermé sous le péché… » (Galates 3.22). Salomon dit : « Il n’y a point d’homme qui ne pèche » (1 Rois 8.46). Marie elle-même s’est référée à Dieu comme « Dieu mon Sauveur » (Luc 1.47).

La seule personne de qui la Bible parle comme étant complètement sans péché, c’est Jésus-Christ. La Bible se réfère à lui comme « saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs » (Hébreux 7.26) ; « sans tache » (Hébreux 9.14) ; « ton Saint » (Actes 2.27) ; et « le Saint et le Juste » (Actes 3.14). Voir aussi Jean 8.46, 14.30; 1 Pierre 1.19. Jésus dit à des ennemis : « Celui qui m’a envoyé est avec moi. Il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean 8.29).

La Bible nous dit que Jésus-Christ « n’a point commis de péché » (1 Pierre 2.22), « n’a point connu le péché » (2 Corinthiens 5.21), et « a été tenté comme nous en toutes choses sans commettre du péché » (Hébreux 4.15). Jean écrivit : « Il n’y a point en lui de péché » (1 Jean 3.5). La Bible ne fait pas de telles déclarations au sujet de Marie, ni au sujet de qui que ce soit à part Jésus.

Pélage n’avait aucun moyen de savoir que Marie était sans péché. Personne n’a la capacité de connaître toutes les actions dans la vie de Marie et toutes les pensées de son cœur. Dieu seul est capable de connaître ces choses à l’égard de Marie. Dans sa parole écrite, il ne dit jamais que Marie était sans péché, et il ne l’appela jamais « toute sainte ». Puisque Dieu ne l’a pas révélé dans la Bible, nous n’avons aucune raison de croire que Marie ait vécu une vie totalement sans péché.

Royce FREDERICK
(Dans Vol. 3, No. 6)


Voir aussi Marie, la mère de Jésus.

Marie, la mère de Jésus

Je vous invite à examiner avec moi tous les principaux textes bibliques qui ont trait à Marie et au rôle qu’elle a joué dans l’histoire du salut.

Toutes les citations bibliques que nous employons dans cette étude sont tirées de la Bible de Jérusalem.

La première référence précise concernant la naissance du Christ se trouve dans la prophétie d’Ésaïe (7.14) : « C’est donc le Seigneur lui-même qui va vous donner un signe. Voici la jeune fille est enceinte et va enfanter un fils qu’on appellera Emmanuel. »

Cette prophétie, un ange du Seigneur la rappela implicitement à Joseph, quelque 700 ans plus tard, car le jour de sa réalisation était arrivé. Joseph songeait en effet à rompre avec sa fiancée Marie, car elle se trouvait enceinte « avant qu’ils n’eussent mené vie commune ». Mais l’ange lui dit :

« Joseph, fils de David, ne crains point de prendre chez toi Marie, ton épouse ; car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint. Elle enfantera un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus ; car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Matthieu 1.18-21)

L’annonciation faite à Marie

Nous savons que l’ange était déjà apparu à Marie. C’est d’ailleurs la très belle et très célèbre annonciation à Marie, rapportée dans l’Évangile de Luc :

« Il entra chez elle et lui dit : Salut, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. À ces mots elle fut bouleversée et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Mais l’ange lui dit : Rassure-toi Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras et enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et on l’appellera Fils du Très-Haut… »

Puis elle apprend que sa cousine Élisabeth est déjà prête à donner naissance à un fils, elle qu’on croyait stérile. Marie dit alors une phrase où transparaît toute son humilité et sa soumission : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon sa Parole ! » (Luc 1.26-38).

Peu de temps après, le récit de Luc décrit la visite de Marie à sa parente Élisabeth, qui elle, doit bientôt donner naissance à Jean-Baptiste. En voyant Marie, Élisabeth s’exclame :

« Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m’est-il arrivé que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car, vois-tu, dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! »

À son tour, Marie glorifiera Dieu dans une grande exultation de son âme :

« Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur son humble servante. Oui désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses… »

Et elle précise quelles sont ces grandes choses : la merveilleuse naissance qu’elle attend et qui constitue l’intervention personnelle de Dieu pour le salut de tout un peuple (Luc 1.39-55).

Jésus, Marie et Joseph

Lorsque ce jour arrive à Bethléem, Marie et Joseph reçoivent la visite de bergers qui leur racontent ce qui vient de leur arriver et tout ce que les anges leur ont appris. L’évangéliste Luc nous confie délicatement que Marie « conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait en son cœur » (Luc 2.15-20).

Lors de la présentation au temple, le vieux prophète Siméon dévoile à Marie : « L’accueil qui sera fait au Messie : Il est destiné à être une occasion de chute ou de relèvement en Israël ; on prendra parti pour ou contre lui ; il sera un signe contesté, admis par les uns rejeté par les autres. » Puis il dit à Marie : « et toi-même, un glaive te transpercera l’âme » (Luc 2.33-35).

En effet, de voir le fruit de sa chair ainsi méconnu et haï, son cœur en sera comme brisé.

Cependant ni Marie, ni Joseph, ne connaissaient la nature exacte de la mission de leur Fils. Il y avait bien eu l’annonce faite par l’ange du Seigneur, l’apparition extraordinaire aux bergers de Bethléem et la prophétie de Siméon, mais tout cela était encore vague. Ils devaient comprendre petit à petit, par étapes successives.

L’épisode de Jésus perdu à Jérusalem et retrouvé parmi les docteurs traduit le désarroi de Marie et de Joseph devant l’attitude de leur fils.

« Pourquoi me cherchiez-vous ? » leur dit-il. « Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? Mais ils ne comprirent pas la parole qu’il venait de leur dire » (Luc 2.46-50).

Jésus vient ici d’affirmer sa conscience de la mission que son Père céleste lui a confiée. « Il revendique des devoirs particuliers à l’égard de son Père et pour les remplir une indépendance absolue envers les créatures » (note de la Bible de Jérusalem). Ce sentiment, Jésus l’exprimera encore à maintes reprises. Qu’on se souvienne des noces de Cana (Jean 2.1-12). Le vin venant à manquer, Marie en parle à Jésus et ce dernier lui répond : « Que me veux-tu femme ? Mon heure n’est pas encore venue ! » Littéralement, il dit : « Quoi à moi et à toi ? » Dans ses notes, la Bible de Jérusalem signale que cette expression est typiquement sémitique. On l’emploie pour repousser une intervention jugée inopportune ou même pour signifier à quelqu’un qu’on ne veut avoir aucun rapport avec lui.

L’image d’une mère

Jusqu’à présent, dans l’Évangile, nous avons de Marie l’image d’une femme effacée et soumise, même à travers l’émerveillement et l’exaltation des premiers temps. C’est aussi l’image typique d’une mère qui veille sur son enfant et qui « repasse dans son cœur » tout ce qui le concerne. Désormais, les Évangiles ne parleront plus guère de Marie. Après les noces de Cana, elle disparaît de la vie publique du Christ. Nous la retrouvons au pied de la croix. Là, nous la devinons, mère prostrée, cruellement déchirée par la douleur, car celui qui pend là, sur le bois, elle l’a porté dans son sein.

Voyant sa mère et près d’elle l’apôtre Jean, Jésus la lui confiera dans un dernier geste de sollicitude et de tendresse : « Femme, voici ton fils ; puis il dit au disciple : Voici ta mère ; et dès ce moment le disciple la prit chez lui » (Jean 19.25-27).

Nous voyons Marie pour la dernière fois, peu de temps après l’ascension du Christ. Elle est présente avec les apôtres, en compagnie d’autres femmes ainsi que des frères de Jésus. Ils sont tous assemblés pour prier (Actes 1.12-14). La Bible ne dit absolument pas qu’elle ait été présente lors de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres.

Le culte à Marie

Nous avons annoncé au début de notre texte que nous allions examiner tous les principaux textes bibliques ayant trait à Marie. La chose étant faite, nous ne pouvons que nous étonner de leur nombre restreint. En fait, il n’y a que les deux premiers chapitres de l’Évangile selon Luc qui nous renseignent le mieux sur les circonstances de la naissance du Sauveur. Nous avons ensuite quelques versets consacrés aux noces de Cana, à Marie au pied de la croix et une brève mention de sa présence lors d’une réunion de prières avec les apôtres… c’est tout.

Encore une fois, on ne peut que s’étonner de la disproportion qui existe entre ces quelques versets qui font mention d’elle et le culte zélé qu’on lui voue aujourd’hui. Non pas que l’importance d’une doctrine doive se mesurer d’après la quantité de versets bibliques qui la développent. Mais ce qui est surprenant dans ce cas précis, c’est que si l’on ne s’en tient qu’aux données du texte biblique, rien ne nous permet de vouer à Marie un culte quelconque, encore moins de la faire monter au ciel et de faire d’elle une médiatrice et une co-rédemptrice avec le Christ ! Et cela au mépris de ce que l’apôtre Paul a expressément déclaré :

« Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus homme lui-même qui s’est livré en rançon pour tous » (1 Timothée 2.5,6).

À en juger par la place qu’occupe Marie dans la religion d’aujourd’hui, on croirait volontiers que la Bible toute entière baigne dans sa personne ; on affirmerait que toutes ses pages sont imprégnées de sa présence ; on soutiendrait que les premiers chrétiens ne cessaient d’invoquer son intercession. Mais, comme nous venons de le voir, cette impression est loin de correspondre aux faits.

Aux noces de Cana, Marie avait dit aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Si les hommes avaient suivi son conseil, s’ils avaient écouté l’exemple du Christ plutôt que la voix trompeuse de leur raisonnement humain, Marie serait toujours « la servante du Seigneur » que connaît l’Évangile, mais non pas la déesse des hommes et reine des cieux que l’Évangile ne connaît pas.

Un jour que Jésus enseignait la foule assise autour de lui, « sa mère et ses frères (Matthieu 12.46-50) se tenant dehors le firent demander… et on lui dit : Voilà que ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors, qui te cherchent. Il leur répondit : Qui est ma mère ? Et mes frères ? Et, promenant son regard sur ceux qui étaient assis en rond autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère et ma sœur et ma mère. » (Marc 3.31-35)

L’attitude du Christ semble décourager tout intérêt qui n’est pas exclusivement orienté vers le Père. Un jour, élevant la voix du milieu de la foule, une femme extasiée lui dit :

« Heureux le sein qui t’a porté ! Heureuses les mamelles qui t’ont allaité ! Et il répondit : Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent ! » (Luc 11.27,28)

Marie absente des épîtres

Jusqu’à présent, nous nous sommes presque uniquement limités aux données des Évangiles de Matthieu, Luc et Jean. Mais quel est le témoignage des épîtres ? Ici, les mentions de Marie sont pratiquement nulles. Vingt et une épîtres rédigées par les apôtres Pierre, Paul, Jude, Jacques. Vingt et une lettres couvrant environ les 70 premières années de l’Église, et Marie n’y est pas mentionnée une seule fois. Le centre de ces écrits inspirés de Dieu, c’est Christ le Sauveur, seul médiateur entre Dieu et les hommes.

L’apôtre Paul se contente d’écrire dans sa lettre « aux Galates » que « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi » (Galates 4.4). C’est tout. C’est en somme un résumé en une phrase du récit des Évangiles qui commence d’ailleurs par ces mots : « Et voici comment Jésus-Christ fut engendré » (Matthieu 1.18).

Que penser de cela ? Quelle disproportion entre ce silence des premiers chrétiens et les clameurs d’aujourd’hui sur cette même question !

Comment Marie a-t-elle pu prendre une place aussi considérable dans la piété populaire, au point que si du jour au lendemain, le culte marial devait être aboli pour des raisons théologiques, la foi de millions de personnes sombrerait du même coup ?

Se pourrait-il que les hommes aient abandonné les Écritures pour mieux s’abandonner à leurs raisonnements sentimentaux ? Se pourrait-il qu’ils aient dédaigné le silence éloquent des épîtres sur cette question et jonglé avec quelques textes pour étayer leur raisonnement ?

Se pourrait-il que les hommes aient établi leur tradition au mépris et au détriment du commandement de Dieu (Marc 7.7-9) ?

Se pourrait-il enfin qu’ils aient pu commettre la double folie d’inventer ce que la Bible ne dit pas, pour lui faire dire ce qu’ils voudraient qu’elle dise, tout en taisant les enseignements qu’elle contient ?

L’humble servante

En lisant et en étudiant les Écritures, sans idées préconçues, gardons-nous d’aller au-delà du texte pour promouvoir artificiellement une doctrine qui nous tient à cœur, mais qui est issue de la pensée de l’homme. Aimons et respectons le souvenir de Marie qui a été la bienheureuse mère du Christ. Et si l’ange a annoncé qu’elle était comblée de grâce, ne nous hâtons pas de déduire des choses qui ne sont soutenues ni par l’attitude du Christ, ni par celle de tous les apôtres, ni par conséquent de toute l’Église du premier siècle. Car, en réalité, ce que l’ange a dit à Marie pourrait être traduit par ces mots : « Réjouis-toi, Privilégiée, le Seigneur est avec toi » (Audet-Revue biblique cité par Salvoni).

Et c’est à cause de ce privilège, de cette grande mission, que Marie glorifiait le Seigneur dont elle était et demeura l’humble servante. N’oublions pas en outre, que le centre, le fil conducteur, la raison d’être de toute la Bible, c’est le Christ notre Sauveur. C’est lui qui déclare une fois pour toutes :

« Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jean 14.6)

Richard ANDREJEWSKI
(Dans Vol. 3, No. 6)


Voir aussi Sans péché?.