L’obéissance

Dieu n’est pas bête. C’est le titre d’un recueil de poèmes, prières et méditations écrit par Lois Cheney et publié en 1969. Voici une traduction de l’article qui fournit au livre son titre :

On dit que Dieu est infiniment patient, et cela me réconforte énormément.

On dit que Dieu est toujours là, et cette pensée satisfait profondément.

On dit que Dieu t’accueille à nouveau sans cesse, et cette certitude me donne de la paresse.

On dit que Dieu ne désespère jamais, et je compte dessus.

On dit que tu peux t’éloigner de lui pour de longues années, et il sera là, en attente, quand tu reviendras.

On dit que tu peux commettre faute sur faute, et que Dieu pardonnera toujours, oubliera toujours.

On dit beaucoup de choses, ces gens qui ne lisent jamais l’Ancien Testament.

Mais il arrive un moment, un temps spécifique et certain, où Dieu se retourne.

Je ne crois pas que Dieu ait changé de peau quand le Christ a introduit le Nouveau Testament ;

Christ nous a montré un autre côté de Dieu, et c’est vraiment merveilleux.

Mais il n’a pas changé Dieu. Dieu demeure à tout jamais, et ce Dieu n’est pas bête.

L’idée que Dieu a dû changer (ou que le Dieu de l’Ancien Testament et celui du Nouveau Testament sont deux êtres différents) n’est pas nouvelle. Déjà au deuxième siècle, un hérétique du nom de Marcion proclamait que le Dieu miséricordieux du Nouveau Testament n’avait rien à voir avec le Dieu justicier de l’Ancien Testament. Pour lui, le Père de Jésus-Christ n’était pas celui qui avait parlé avec Moïse au désert. Afin de rester fidèle à sa propre conviction là-dessus, Marcion s’est même permis de rejeter plusieurs écrits du Nouveau Testament qui ne s’harmonisaient pas facilement avec son idée – il n’acceptait que l’Évangile de Luc et les écrits de l’apôtre Paul. (Et même là, tellement il était opposé à ce que le Dieu de l’Ancien Testament avait à dire, il supprimait dans les écrits de Luc et de Paul toutes les citations tirées de l’Ancien Testament.)

Il n’y a probablement plus de disciples de Marcion aujourd’hui, mais une mauvaise compréhension de la relation entre l’Ancien Testament et le Nouveau, entre la Loi et l’Évangile, persiste encore. Elle prend parfois la forme de la pensée que Lois Cheney mettait en cause dans son écrit, la pensée que depuis la venue de Jésus-Christ, Dieu n’est plus exigeant avec les hommes. La grâce de Dieu qui s’est manifestée si clairement dans l’Évangile aurait éclipsé sa justice et rendu la stricte obéissance à ses ordres une question d’importance secondaire, voire négligeable.

La rigueur de Dieu sous l’Ancien Testament

Au cours des siècles décrits dans l’Ancien Testament, Dieu s’est révélé à son peuple, et dans cette révélation de sa propre nature, il insistait à maintes reprises sur certaines vérités :

◈ Il est le seul vrai Dieu, et il se réserve à lui seul le droit d’être adoré.

« Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras pas d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux. » (Exode 20.3-5)

◈ Il est un Dieu saint, et son peuple doit être saint comme lui.

« Car je suis l’Éternel, qui vous ai fait monter du pays d’Égypte, pour être votre Dieu, et pour que vous soyez saints ; car je suis saint […] Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Éternel ; je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi. » (Lévitique 11.45; 20.26)

◈ Il bénit abondamment ceux qui mettent leur confiance en lui et qui expriment cette confiance par l’obéissance à ses commandements.

Un exemple concret de ce dernier principe se voit dans le cas du roi Ézéchias. Considérez comment la Bible le décrit :

« Il mit sa confiance en l’Éternel, le Dieu d’Israël ; et parmi tous les rois de Juda qui vinrent après lui ou qui le précédèrent, il n’y en eut point de semblable à lui. Il fut attaché à l’Éternel, il ne se détourna point de lui, et il observa les commandements que l’Éternel avait prescrits à Moïse. Et l’Éternel fut avec Ézéchias, qui réussit dans toutes ses entreprises. » (2 Rois 18.5-7)

Tous les rois d’Israël et de Juda furent évalués selon ce même critère et non selon leurs succès militaires, diplomatiques ou économiques.

À maintes reprises dans les paroles que Dieu adressa à Israël, il avait insisté sur les récompenses de la foi et l’obéissance et sur les conséquences désastreuses de l’incrédulité et la désobéissance. Voici un exemple typique :

« Si vous suivez mes lois, si vous gardez mes commandements et les mettez en pratique, je vous enverrai des pluies en leur saison, la terre donnera ses produits et les arbres des champs donneront leurs fruits… vous mangerez votre pain à satiété, et vous habiterez en sécurité dans votre pays. Je mettrai la paix dans le pays, et personne ne troublera votre sommeil […]

Mais si vous ne m’écoutez pas et ne mettez pas en pratique tous ces commandements, si vous méprisez mes lois, et si votre âme a en horreur mes ordonnances, en sorte que vous ne pratiquiez pas tous mes commandements et que vous rompiez mon alliance, voici alors ce que je vous ferai : j’enverrai sur vous la terreur, la consomption et la fièvre, qui vous consumeront les yeux et rendront votre âme souffrante […] Je tournerai ma face contre vous, et vous serez battus devant vos ennemis ; ceux qui vous haïssent domineront sur vous, et vous fuirez sans que l’on vous poursuive.

Si, malgré cela, vous ne m’écoutez pas, je vous châtierai sept fois plus pour vos péchés. » (Lévitique 26.3-6, 14-18)

Voici un autre texte qui établit le même lien entre l’obéissance aux commandements de Dieu et ses bénédictions :

« J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l’Éternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t’attacher à lui : car de cela dépendent ta vie et la prolongation de tes jours, et c’est ainsi que tu pourras demeurer dans le pays que l’Éternel a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. » (Deutéronome 30.19,20)

Exemples de désobéissance

Plusieurs récits bien connus dans l’Ancien Testament illustrent le principe. Par exemple, en Nombres 20, le peuple d’Israël que Dieu avait délivré de la servitude en Égypte manquait d’eau dans le désert.

« L’Éternel parla à Moïse, et dit : Prends la verge, et convoque l’assemblée, toi et ton frère Aaron. Vous parlerez en leur présence au rocher, et il donnera ses eaux ; tu feras sortir pour eux de l’eau du rocher, et tu abreuveras l’assemblée et leur bétail. » (Nombres 20.7,8)

Au lieu de parler au rocher, comme Dieu lui avait clairement dit de faire,

« Moïse leva la main et frappa deux fois le rocher avec sa verge. Il sortit de l’eau en abondance. L’assemblée but, et le bétail aussi.

Alors l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous n’avez pas cru en moi, pour me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël, vous ne ferez point entrer cette assemblée dans le pays que je lui donne. » (v. 11,12)

Moïse n’a pas suivi les instructions de Dieu. Quelques chapitres plus loin, Dieu rappelle à Moïse pourquoi son frère et lui devaient mourir sans entrer dans le pays promis : « Vous avez été rebelles à mon ordre, dans le désert de Tsin, lors de la contestation de l’assemblée, et […] vous ne m’avez point sanctifié à leurs yeux à l’occasion des eaux » (Nombres 27.14). Cette erreur qu’ont commise Moïse et Aaron peut ne pas nous sembler bien grave. Quel mal cela a-t-il fait que de frapper le rocher au lieu de lui parler ? Mais Moïse et Aaron devaient donner le bon exemple d’obéissance au peuple. Quand on n’obéit pas à Dieu, on n’agit pas par la foi. Quand on fait confiance totale en Dieu, on fait ce qu’il dit, sans se détourner de ses ordres et sans mettre en cause le bien-fondé de sa volonté. Les conséquences de cette désobéissance étaient très douloureuses pour Moïse.

Un autre exemple se voit dans la vie de Saül, le premier roi d’Israël. En tant que juge souverain du monde, l’Éternel avait donné l’ordre au roi Saül de détruire les Amalécites, un peuple païen qui avait attaqué sans cause et sans provocation les Israélites. Dieu dit à Saül :

« Va maintenant, frappe Amalek, et dévouez par interdit tout ce qui lui appartient ; tu ne l’épargneras point, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes. » (1 Samuel 15.3)

Saül rassembla une armée et partit en guerre contre Amalek, mais il n’obéit que partiellement :

« Mais Saül et le peuple épargnèrent Agag [le roi d’Amalek], et les meilleures brebis, les meilleurs bœufs, les meilleures bêtes de la seconde portée, les agneaux gras, et tout ce qu’il y avait de bon ; ils ne voulurent pas le dévouer par interdit, et ils dévouèrent seulement tout ce qui était méprisable et chétif. » (1 Samuel 15.9)

Alors Dieu envoya le prophète Samuel à la rencontre de Saül, et Samuel le confronta pour sa désobéissance. Saül prétendit dans un premier temps qu’il avait bien suivi les ordres de Dieu de détruire Amalek, mais Samuel lui fit remarquer le bruit des animaux qu’il entendait. Saül rejeta alors la faute sur le peuple, qui, selon lui, avait gardé les meilleures bêtes afin de les offrir en sacrifice à l’Éternel. Samuel répondit :

« L’Éternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l’obéissance à la voix de l’Éternel ? Voici, l’obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l’observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers. Car la désobéissance est aussi coupable que la divination, et la résistance ne l’est pas moins que l’idolâtrie et les théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de l’Éternel, il te rejette aussi comme roi. » (1 Samuel 15.22,23)

Pour Dieu, l’obéissance partielle est égale à la désobéissance. Saül paya sa faute au prix de son trône pour lui-même et pour ses descendants. On a beau offrir un culte enthousiaste à Dieu et lui faire des offrandes généreuses ; si l’on prend ses commandements à la légère, ce culte ne sera pas accepté.

L’exemple d’Uzza, en 2 Samuel 6.1-7, nous enseigne que même ce qui nous semble une bonne action accomplie avec des motifs purs est coupable aux yeux de Dieu si elle constitue une désobéissance à ses lois. Le roi David faisait transporter l’arche le l’alliance, cette caisse sacrée qui contenait les dix commandements, pour la faire venir à Jérusalem. Malheureusement, il ne faisait pas suivre les instructions de Dieu concernant la manière de la transporter. Elle devait être portée sur les épaules de quatre hommes à l’aide de deux longues barres passées par des anneaux aux coins de l’arche, mais on l’a mise plutôt sur un char tiré par des bœufs. Arrivés à un certain endroit, les bœufs faisaient pencher l’arche, et un Lévite du nom d’Uzza étendit la main pour saisir l’arche et l’empêcher de tomber. « La colère de l’Éternel s’enflamma contre Uzza, et l’Éternel le frappa parce qu’il avait étendu la main sur l’arche. Uzza mourut là, devant Dieu » (1 Chroniques 13.10). Pourquoi Uzza fut-il mis à mort pour avoir voulu faire du bien ? Parce que Dieu avait dit explicitement dans sa loi que personne ne devait toucher l’arche, sous peine de mort (Nombres 4.15-20). Quelles que soient nos bonnes intentions, nous n’avons pas droit de mettre de côté des commandements de Dieu. La désobéissance, c’est la désobéissance. La sincérité de cœur est indispensable, mais elle ne remplace pas la conformité à la Parole de Dieu.

Dieu n’a pas changé

La Bible affirme clairement que Dieu ne change pas. « Car je suis l’Éternel, je ne change pas » (Malachie 3.6; voir aussi Hébreux 1.8-10). Il est vrai que Jésus a fait connaître la nature de Dieu plus clairement et plus pleinement que jamais auparavant. En souffrant et en mourant pour les hommes pécheurs, il a prouvé incontestablement l’amour de Dieu (Romains 5.8). L’apôtre Jean écrit :

« La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. » (Jean 1.17,18)

Mais la nature de Dieu n’a pas changé. Dieu aimait déjà ses créatures dans le passé, et il avait toujours préféré pardonner que de punir. Il dit à Israël par le prophète Ézéchiel :

« Revenez et détournez-vous de toutes vos transgressions, afin que l’iniquité ne cause pas votre ruine. Rejetez loin de vous toutes les transgressions par lesquelles vous avez péché ; faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. Pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l’Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez. » (Ézéchiel 18.30-32)

De même, les qualités de Dieu mises en exergue dans l’Ancien Testament, y compris sa sévérité à l’égard du péché, n’ont pas disparu dans le Nouveau Testament. Dieu continue de ressentir de la colère face à la rébellion et le péché. L’auteur de l’Épître aux Hébreux nous rappelle :

« Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles. Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins ; de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu comme sans valeur le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié et qui aura insulté l’Esprit de la grâce ? Car nous connaissons celui qui a dit : À moi la vengeance, à moi la rétribution ! et encore : Le Seigneur jugera son peuple. C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. » (Hébreux 10.26-31)

La colère de Dieu a été versée sur Jésus. « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Corinthiens 5.21). Mais comme le texte en Hébreux nous le dit, il ne faut pas insulter l’Esprit de la grâce. Cette grâce est merveilleuse, mais elle ne s’accorde pas de façon inconditionnelle : il faut la foi, exprimée dans l’obéissance.

Que ce soit l’Ancien Testament ou le Nouveau, la Bible présente Dieu d’une manière équilibrée :

« Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité envers ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu envers toi, si tu demeures ferme dans cette bonté ; autrement, tu seras aussi retranché. » (Romains 11.22)

Dieu exige toujours l’obéissance

Voici quelques-uns des nombreux passages du Nouveau Testament qui montrent que l’obéissance est toujours essentielle :

« Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7.21)

« Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6.46)

« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai et je me ferai connaître à lui. » (Jean 14.21)

« Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant vous-même par de faux raisonnements. » (Jacques 1.22)

« [Jésus] est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel. » (Hébreux 5.9)

« Le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. » (2 Thessaloniciens 1.7,8)

« Mais, par ton endurcissement et par ton cœur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres ; réservant […] l’irritation et la colère à ceux qui, par esprit de dispute, sont rebelles à la vérité et obéissent à l’injustice. » (Romains 2.5-8)

L’obéissance à l’Évangile par la foi, la repentance, la confession de foi et le baptême (immersion dans l’eau pour le pardon des péchés) est nécessaire pour le salut. Et pour entendre un jour les mots, « C’est bien, bon et fidèle serviteur ; […] entre dans la joie de ton maître » (Matthieu 25.21), nous devons, après notre baptême, continuer à obéir au Seigneur.

Il y a au moins deux catégories de personnes qui ont grand besoin de réfléchir à ce que nous venons de voir dans la Bible sur le sujet de l’obéissance. Premièrement, il y a des gens qui croient en Jésus, mais qui hésitent ou qui négligent d’obéir à l’Évangile dans la repentance et le baptême. Peut-être qu’ils ne pensent pas au fond d’eux-mêmes que Dieu soit capable de condamner des hommes pécheurs. Leur conception de Dieu ressemble à l’image d’un grand-père indulgent qui excuse tout. Peut-être qu’on leur a enseigné qu’ils sont sauvés par la foi seule : puisque le salut est par la grâce et non par les œuvres, on leur dit que l’obéissance aux commandements de l’Évangile n’a aucun rôle à jouer dans leur salut. Les œuvres par lesquelles on pense mériter le salut sont bien exclues, ainsi que les œuvres de la loi de Moïse, mais la grâce n’est pas inconditionnelle : il faut une foi obéissante.

Deuxièmement, il y a ceux qui pensent que, pour une personne qui est déjà en Christ, le sang de Christ la purifie continuellement (1 Jean 1.7) et que « l’écoute sélective » des commandements de Dieu ne pose pas de vrai problème. Mais il faut lire le verset en entier. 1 Jean 1.7 dit : « Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. » Si nous marchons réellement dans la lumière, si nous aimons réellement Jésus, si nous voulons vraiment aller au ciel, nous garderons ses commandements (Jean 14.15). Que le sujet soit l’adoration, l’honnêteté dans les affaires ou la pureté sexuelle, le devoir d’évangéliser ou de donner selon notre prospérité, la nécessité du baptême, l’interdit de divorcer et se remarier, le rôle des femmes dans l’Église ou tout autre sujet sur lequel Dieu nous donne des instructions, nous devons faire tous nos efforts pour lui obéir avec du sérieux, du respect et de l’amour.

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 1)

La suffisance des Écritures

De faux docteurs troublaient l’Église dans la ville de Colosses. Pour vendre leur fausse doctrine, ils essayaient de semer le doute dans l’esprit des chrétiens et leur faire croire qu’il leur manquait quelque chose. Ils prétendaient détenir des vérités cachées, des trésors spirituels, une sorte de « plénitude » qui n’était pas à la portée de tous ceux qui étaient en Christ. Ces enseignants voulaient faire croire aux chrétiens qu’ils n’avaient pas encore tout ce qu’il fallait pour leur épanouissement. Paul dit dans son Épître aux Colossiens qu’en réalité Dieu leur avait déjà donné tout pleinement en Christ. Il leur rappela qu’en lui « sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science. Je dis cela afin que personne ne vous trompe par des discours séduisants » (Col. 2.3,4). Il poursuivit son idée quelques versets plus loin :

« Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ. Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Vous avez tout pleinement en lui. » (Col. 2.8-10)

Oui, dans son amour et sa sagesse parfaite Dieu « nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété » (2 Pierre 1.3). Par la mort et la résurrection de Jésus, il nous donne l’espérance de la vie éternelle et le courage de persévérer (1 Cor. 15). Par son pouvoir absolu sur le monde (Éph. 1.20,21; 1 Cor. 3.21-23), il fait concourir toutes choses à notre bien (Rom. 8.28). Par son Saint-Esprit dans notre homme intérieur, il nous fortifie spirituellement et nous aide à développer les différents fruits de l’Esprit, tels que l’amour, la joie, la paix, la patience, etc. (Éph. 3.16; Gal. 5.22). Dieu a aussi mis à notre disposition toute la connaissance dont nous avons besoin pour guider nos pas dans ce monde, pour le servir comme il le faut, pour amener les autres à croire et pour arriver nous-mêmes au ciel. Dans la Bible Dieu nous donne tout ce dont nous avons besoin :

« Toute Écriture inspirée de Dieu est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. » (2 Tim. 3.17)

Comme à Colosses au premier siècle, il y a de nos jours ceux qui voudraient nous faire douter du caractère suffisant de ce que Dieu nous a donné. Ils suggèrent que la Bible n’est pas complète, qu’elle ne pourrait convenir à toutes les cultures et toutes les générations ou qu’elle n’est pas capable de produire la foi. Ils disent que nous avons donc besoin d’autre chose. Comme Paul le dit, « que personne ne vous trompe par des discours séduisants ».

Il n’y a pas besoin d’autres révélations pour compléter les Écritures.

Dieu a toujours su révéler ce que son peuple avait besoin de savoir pour le servir, même s’il ne dévoilait pas tout ce qui aurait pu satisfaire à leur curiosité. Moïse dit au peuple d’Israël : « Les choses cachées sont à l’Éternel, notre Dieu ; les choses révélées sont à nous et à nos enfants, à perpétuité, afin que nous mettions en pratique toutes les paroles de cette loi » (Deut. 29.29). Dans l’ère chrétienne, aussi, Dieu a fait connaître par Jésus et ses apôtres tout ce qui nous est utile pour notre salut. Paul dit aux Éphésiens : « Je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu » (Actes 20.27). Ce conseil de Dieu est conservé dans « les saintes lettres [les Écritures] qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ » (2 Tim. 3.15).

Quand Jésus était encore avec ses apôtres, il leur a fait cette promesse : « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16.13). Cette promesse fut accomplie. Inspirés du Saint-Esprit, les apôtres ont transmis de la part du Seigneur toute la vérité concernant la volonté de Dieu, tout ce que l’homme doit savoir pour plaire à Dieu. Ils ont aussi consigné par écrit ces révélations dont toute génération aurait besoin. Pierre dit, par exemple :

« Voilà pourquoi je vous rappellerai toujours ces choses, bien que vous les connaissiez déjà et que vous restiez fermement attachés à la vérité que vous avez reçue. Mais j’estime juste de vous tenir en éveil par mes rappels, tant que je suis encore en vie. Car je sais que je vais bientôt quitter ce corps mortel, comme notre Seigneur Jésus-Christ me l’a révélé. Je ferai donc en sorte que, même après ma mort, vous puissiez toujours vous rappeler ces choses. » (2 Pierre 1.12-15, FC)

Les écrits des apôtres ne sont pas de simples paroles d’hommes. Paul dit sans ambiguïté : « Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur » (1 Cor. 14.37).

Puisque les Écritures suffisent pour que « l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre », Paul exhorte les Corinthiens « à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit » (1 Cor. 4.6). Ils doivent au contraire demeurer dans la Parole de Christ. Comme Jésus lui-même le dit en Jean 8.31,32 : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » L’apôtre Jean reprend la même expression en 2 Jean 9 : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. » Compte tenu des mots « quiconque va plus loin », les mots « demeurer dans la doctrine » portent surtout l’idée de ne pas emprunter sa propre voie au lieu de rester dans les limites de l’enseignement autorisé par Dieu, c’est-à-dire de la révélation que nous avons dans l’Écriture.

Voilà pourquoi dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau Testament nous trouvons de nombreux avertissements de ne pas ajouter à la Parole de Dieu.

« Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. » (Deut. 4.2)

Remarquez qu’il est assez clair que l’on peut être coupable d’avoir « ajouté » à la Parole par la manière de l’observer. Qu’on ajoute des mots au texte ou pas, on ajoute à la Parole quand on introduit dans la religion des pratiques, des devoirs, des exceptions, etc. qui ne font pas partie de la loi de Dieu.

Nous lisons aussi :

« N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur. » (Prov. 30.6)

« Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre. » (Apoc. 22.18)

La Bible, telle que Dieu l’a donnée, répond à nos besoins spirituels. Il ne faut donc pas modifier son enseignement de quelque manière que ce soit.

« Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain. » (1 Cor. 15.1,2)

« Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un Évangile s’écartant de celui que nous vous avons prêché, qu’il soit maudit ! Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu’un vous annonce un Évangile s’écartant de celui que vous avez reçu, qu’il soit maudit. » (Gal. 1.8,9)

Dieu n’enverra pas de message, ni par un ange ni par un prophète ou soi-disant apôtre, qui soit différent de celui qui est conservé dans l’Écriture. Comme Jude le dit, la foi chrétienne « a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). Évidemment, si tel est le cas, Dieu doit veiller sur sa Parole. C’est exactement ce qu’il a promis de faire, car elle doit être préservée afin de remplir son rôle dans le salut des hommes :

« Je veille sur ma parole, pour l’exécuter. » (Jér. 1.12)

« Vous êtes nés de nouveau, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu. Car toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe. L’herbe sèche, et la fleur tombe ; mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Et cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Évangile. » (1 Pierre 1.23,25)

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » (Marc 13.31)

Quand on considère tous les efforts accomplis par des hommes puissants au cours de l’histoire pour détruire toutes les copies de l’Écriture, quand on pense à tous les ouvrages des siècles passés dont pas un seul exemplaire n’existe de nos jours, il serait difficile de croire que la Bible ait survécu sans l’intervention de Dieu. Il veille réellement sur ce livre.

Dieu n’a aucun besoin de donner de nouvelles révélations aux hommes aujourd’hui, car

  • il a déjà révélé tout ce dont nous avons besoin ;
  • cette révélation a été conservée dans les Écritures ;
  • les Écritures ont été préservées à travers les siècles jusqu’à notre temps.

Il n’y a pas besoin de traditions humaines pour compléter les Écritures.

Bien que Dieu ait donné toutes les instructions dont nous avons besoin dans la Sainte Bible, les hommes ont toujours eu tendance à chercher ailleurs. Ils semblent se considérer comme obligés de se conformer, par exemple, aux traditions reçues de leurs parents ou de leurs prédécesseurs, plus qu’aux Écritures. Jésus accusait les Juifs de son temps d’avoir élevé au-dessus de la Parole de Dieu leurs traditions, qu’il qualifiait de « commandements d’hommes ».

« Jésus leur répondit : Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore : Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition. » (Marc 7.6-9)

Si, au lieu de se référer aux Écritures pour justifier une croyance ou une pratique, on parle du fait qu’on a toujours cru ou fait de cette façon, c’est qu’il s’agit d’une tradition. Même si la pratique n’est pas contraire à l’enseignement de la Bible, on n’a pas le droit de l’imposer aux hommes, et l’on aurait tort de permettre à cette coutume d’empêcher l’obéissance à ce que Dieu a réellement commandé dans sa Parole.

Le monde dit chrétien est rempli de pratiques transmises d’une génération à l’autre mais qui ne sont autorisées nulle part dans le Nouveau Testament :

  • le baptême des nouveau-nés ou les cérémonies de présentation d’enfants
  • l’emploi d’instruments de musique, de bougies, d’encens, d’images et de danse dans les cultes
  • les fêtes telles que les Pâques, la Noël, la Toussaint, l’Assomption, etc.
  • les hiérarchies ecclésiastiques, les sièges et organisations nationales, régionales ou internationales
  • le célibat, les ordres monastiques, le chapelet
  • les noms protestant, évangélique, catholique, etc.

Au lieu de fournir quelque chose d’utile qui manquerait à la Bible, les traditions humaines éloignent les hommes de ce que Dieu demande réellement. Comme le prophète Ésaïe le dit au peuple de son temps : « C’est aux instructions et aux messages du Seigneur qu’il faut revenir. Celui qui n’adoptera pas ce mot d’ordre ne verra pas l’aurore » (Ésaïe 8.20, FC).

Le problème n’est pas que la Bible ne s’adresse pas tous les besoins des hommes individuels ou tous les besoins de l’Église ; notre problème, c’est que nous n’étudions pas suffisamment et ne connaissons pas suffisamment la Bible pour profiter pleinement de sa lumière.

Il n’y a pas besoin de miracles pour compléter les Écritures.

Encore une autre manière de traiter les Écritures d’insuffisantes est de prétendre qu’il faut des miracles modernes pour que les hommes soient amenés à la conversion. On se dit que sans guérisons miraculeuses, sans prophéties, sans prodiges impressionnants, la plupart des gens n’accepteront jamais l’Évangile.

La Bible elle-même, par contre, insiste beaucoup sur la puissance de la Parole de Dieu pour produire la foi, pour transformer des vies, pour sauver les hommes perdus.

Romains 10.17 : « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. »

Jean 20.30,31 : « Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. »

Romains 1.16 : « Car je n’ai point honte de l’Évangile : c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec. »

Hébreux 4.12 : « Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du cœur. »

Luc 8.11,15 : « Voici ce que signifie cette parabole : La semence, c’est la parole de Dieu… Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole avec un cœur honnête et bon, la retiennent, et portent du fruit avec persévérance. »

Il est vrai que le Saint-Esprit convainc les hommes en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement, comme Jésus l’a dit en Jean 16.8-11, mais le Saint-Esprit le fait au moyen des Écritures qu’il a inspirées (2 Pierre 1.21). Ceux qui insistent sur la nécessité de révélations modernes déprécient toujours la Bible, qu’ils l’avouent ou pas. Ils pensent que la Bible est insuffisante.

Dans l’histoire de l’homme riche et Lazare que Jésus a racontée en Luc, l’homme riche, dans le séjour des morts, a demandé dans un premier temps que Lazare soit envoyé du « sein d’Abraham », où il était consolé, pour apporter un peu d’eau afin de soulager la soif de l’homme riche, qui était tourmenté dans les flammes. Quand Abraham l’informa que cela n’était pas possible, il dit :

« Je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ; car j’ai cinq frères. C’est pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments. Abraham répondit [en se référant aux Écritures dont les Juifs disposaient au temps de Jésus] : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent. Et il dit : Non, père Abraham, mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront. Et Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu’un des morts ressusciterait. » (Luc 16.27-31)

L’homme riche pensait que l’Écriture n’était pas suffisante pour convaincre ses frères, et qu’il fallait y ajouter un grand miracle. Abraham lui dit qu’il avait tort.

Quand Dieu donna ses lois par Moïse, beaucoup de miracles ont attesté que Moïse parlait réellement de la part de Dieu. Les livres de Moïse étaient donc reconnus comme étant inspirés. C’était la loi de Dieu. Le temps n’a pas changé l’origine ni l’inspiration des livres de Moïse – ils avaient été confirmés quand Dieu les a donnés, et ils demeuraient sa Parole.

Quand Dieu a introduit la nouvelle alliance, l’Évangile de Christ, beaucoup de miracles ont attesté que Jésus et ses apôtres parlaient de la part de Dieu. Les écrits du Nouveau Testament et leur message de salut en Christ ont ainsi été reconnus comme étant inspirés. Ce « si grand salut… annoncé d’abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté » (Hébreux 2.3,4). L’apôtre Paul dit aux Corinthiens : « Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles » (2 Cor. 12.12). Les lecteurs pouvaient donc être convaincus que ce qu’il écrivait était les commandements du Seigneur (1 Cor. 14.37). Comme pour les livres de Moïse et des prophètes, les écrits des apôtres demeurent la Parole de Dieu, toujours vivante et efficace.

Cette Parole est une vraie arme spirituelle. C’est « l’épée de l’Esprit » (Éph. 6.17). C’est à l’aide de cette arme que nous pouvons partir à la conquête du monde pour notre Seigneur. C’est par elle que les perdus seront régénérés, ou nés de nouveau (1 Pi. 1.23 ; 1 Cor. 4.15). C’est par elle que les âmes perdues seront sauvées (Jacques 1.21).

Conclusion

Comme Paul a exhorté les Colossiens, que personne ne vous trompe. Dieu vous a vraiment donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété. Son Esprit a conduit les apôtres dans toute la vérité, et cette vérité est à notre portée, dans les pages de la Sainte Bible. Nous n’avons pas besoin d’une autre révélation pour nous guider, et les traditions des hommes n’ont rien à ajouter à la sagesse de Dieu contenue dans sa Parole. Cette Parole n’a pas besoin d’être complétée par des miracles, étant confirmée depuis deux mille ans et déjà capable de produire la foi dans des cœurs honnêtes.

B. B.
(Dans Vol. 17, No. 1)

Écriture et tradition

L’article suivant consiste principalement en extraits de Once A Catholic, un livre écrit par Tony Coffey, ancien catholique irlandais. (Toutes les citations bibliques sont tirées de la Bible de Jérusalem.) Notez que ses observations sur la tradition s’appliquent à beaucoup de groupes religieux et non seulement à l’Église catholique.

B. B.


Des changements positifs

Depuis que le Pape Jean XXIII appela l’Église catholique Romaine à ouvrir les fenêtres et laisser entrer de l’air frais, un vent puissant a soufflé à travers cette Église, apportant beaucoup de changements dans une institution considérée comme étant stationnaire. Le temps était arrivé où l’Église immuable se transformerait. Les documents du Deuxième Concile du Vatican surgirent de cet environnement et reflétèrent le nouveau visage du Catholicisme. Les documents furent reçus avec enthousiasme par le monde catholique et avec approbation des autres traditions chrétiennes.

La papauté reçut également un nouveau visage. Dans toute sa longue histoire, la papauté n’a jamais joui d’une si grande visibilité. Le Pape ne reste plus dans les murs du Vatican ; parcourir le globe fait maintenant partie de ses devoirs. Le média accorde à la papauté la condition d’une célébrité. Les aspects honteux ou sinistres de son passé sont quasiment oubliés.

Le renouveau charismatique dans l’Église catholique a aussi contribué à la transformation de son image de marque. Quelles que soient les appréhensions que l’on puisse avoir à l’égard de ce mouvement, il faut reconnaître qu’il a produit des fruits positifs. Pour la toute première fois, les Écritures ont commencé à jouer un rôle indispensable dans la vie de nombreux catholiques.

Un problème fondamental demeure

Bien que les changements dans l’Église catholique aient été nombreux et favorables, le problème le plus fondamental n’a pas encore été résolu : le problème de l’autorité. Faut-il accepter les Écritures seules pour traiter toute question de foi et de pratique, ou bien faut-il, comme le prétend l’Église catholique, que les Écritures soient complétées par la tradition ? Il faut prendre une décision là-dessus, car il est impossible que toutes les deux positions soient correctes. Les siècles de tradition ont donné lieu à des doctrines inconnues de Jésus et ses apôtres.

Les catholiques acceptent l’autorité de leur Église en plus de celle des Écritures. Ils maintiennent que la plénitude de la Vérité n’est pas contenue dans les seules Écritures, mais dans les Écritures plus la tradition. Par « tradition » j’entends l’enseignement de l’Église catholique. Ce sont des enseignements dont l’origine n’est pas la Bible, mais qui ont évolué au cours des siècles et qui ont finalement été définis par l’Église comme dogmes (points fondamentaux de doctrine).

Cette idée se voit clairement dans la citation suivante, tirée de la Catéchisme de l’Église catholique (1992) :

« La Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit… Quant à la Sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu, confiée… aux apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs… Il en résulte que l’Église à laquelle est confiée la transmission et l’interprétation de la Révélation, “ne tire pas de la seule Écriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation. C’est pourquoi l’une et l’autre doivent être reçues et vénérées avec égal sentiment d’amour et respect.” La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l’Église…, c’est-à-dire aux évêques en communion avec le successeur de Pierre, l’évêque de Rome. » (¶81,82,85)

Quant à moi, j’ai pris la décision de reconnaître les Écritures comme seule autorité dans la religion. Ce n’est pas l’Église, mais plutôt ce que dit la Bible qui détermine les limites de mes croyances.

Ceci n’a pas toujours été ma position. Les racines de mon héritage religieux sont bien dans le catholicisme, qui fit venir dans ma vie des bénédictions incontestables. Mais nous avons fini par nous séparer. Je me suis trouvé à un carrefour spirituel, et une décision s’imposait. Devais-je rejeter beaucoup de ce qu’on m’avait enseigné en tant que catholique, des enseignements qui n’étaient pas fondés sur la Bible, et baser ma foi plutôt sur l’Écriture seule ? Le chemin que j’avais besoin d’emprunter était clairement indiqué. « Moi, je suis la lumière du monde – dit Jésus ; Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres… » (Jean 8.12). Si je me fiais totalement à Jésus et ne suivais que ce qu’il disait, comment pourrais-je me tromper ? Je commençai ainsi une nouvelle vie en tant que son disciple. Dès ce jour j’ai eu le désir de partager ma foi avec d’autres personnes. Voilà pourquoi j’écris aujourd’hui.

Faut-il parler des erreurs religieuses ?

Je crains que certains me voient comme n’étant pas au courant du climat œcuménique de notre temps. On considère que l’idée de réfuter les croyances d’autrui appartient au passé reculé. Comment faut-il répondre à une telle attitude ?

En fait, la vie et les enseignements de Jésus, même pendant son ministère, suscitaient de la polémique, mais il ne fuyait pas la controverse. Il était souvent en conflit avec l’établissement religieux ; il réfutait leurs croyances et condamnait leurs pratiques qui étaient fondées sur la tradition et n’avaient aucun rapport avec la parole de Dieu. Jésus avait-il tort de signaler leurs erreurs ? Bien sûr que non.

L’apôtre Paul avait-il tort de défendre l’Évangile qu’il voyait miné par des traditions religieuses ? Il employa un langage si fort pour dénoncer ceux qui prêchaient un autre évangile que beaucoup de personnes de nos jours l’auraient trouvé offensif :

« Eh bien ! si nous-mêmes, si un ange venu du ciel vous annonçait un évangile différent de celui que nous avons prêché, qu’il soit anathème ! (maudit). Nous l’avons déjà dit, et aujourd’hui je le répète : si quelqu’un vous annonce un évangile différent de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » (Galates 1.8,9)

Ce sont bien des paroles très fortes. Mais remercions Dieu pour des hommes comme Paul qui désirent plus défendre le message salvateur de Jésus que jouir de la faveur de l’établissement religieux.

L’attitude de Jésus à l’égard de l’Écriture

En naviguant la vie, nous devons, si nous voulons atteindre notre destination céleste, imiter l’attitude de Jésus à l’égard des Écritures. Jésus dit : « L’Écriture ne peut être récusée » (Jean 10.35). (Le mot récuser signifie, selon Le petit Larousse 2003, « ne pas admettre l’autorité de quelqu’un, la valeur de quelque chose dans une décision ».) Une déclaration si claire devrait décider pour tous les temps la question de l’autorité des Écritures. L’obéissance à ce que dit la Bible n’est pas facultative.

Selon l’éducation que j’avais reçue, je croyais à l’autorité de l’enseignement de l’Église catholique. Mais en lisant les quatre Évangiles, je fus constamment frappé en voyant que Jésus se référait uniquement à l’Écriture et jamais à la tradition quand il enseignait sur la foi et la moralité. C’était très différent de la pratique de l’Église catholique de faire appel aux enseignements des Papes, à leurs décrets et à la tradition, mais rarement à la Bible. J’ai raisonné que si Jésus n’acceptait que les Écritures, je ne pourrais pas me tromper en suivant son exemple.

Je vous prie de lire les exemples qui suivent pour voir comment Jésus traitait quelques-unes des questions les plus importantes de la vie. Dans chaque cas, il renvoie les gens à la parole écrite de Dieu.

Dans le premier des quatre exemples, un expert dans la Loi (juive) posa une question à Jésus. C’était la question la plus importante qu’un homme puisse poser : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il écrit ? Comment lis-tu ? » (Luc 10.25,26). Je suis impressionné par le fait qu’il répond à une question concernant la vie éternelle en se référant, non pas à la tradition, mais aux Écritures.

Comment l’Église catholique répondrait-elle à la question que cet homme soumit à Jésus ? Chercherait-on la réponse dans les Écritures, ou bien ferait-on appel à une source additionnelle ? Ce ne serait pas aux Écritures, puisque l’Église catholique ne croit pas que toute la volonté de Dieu soit contenue dans les Écritures seules, mais que l’Écriture doit être complétée par l’enseignement de l’Église. Pourtant, je suis tout à fait persuadé que si l’on posait à Jésus la même question aujourd’hui, il ne dirait pas : « Vous devez écouter l’Église catholique. » Il nous renverrait plutôt aux Écritures, comme il le faisait toujours pendant son ministère sur la terre.

Un deuxième exemple se trouve dans une histoire que Jésus dit au sujet de deux hommes, un riche et un mendiant. Il arriva que tous les deux moururent. Le pauvre alla au paradis, et le riche se trouva aux tourments. Dans sa souffrance ce dernier plaida pour qu’on envoie quelqu’un auprès de sa famille pour l’avertir, de peur que ses frères ne finissent par subir le même sort que lui. Il fut informé que cela n’était pas nécessaire, car Dieu avait déjà pourvu les Écritures pour donner aux hommes la direction spirituelle dont ils avaient besoin. « Ils ont Moïse et les Prophètes ; qu’ils les écoutent » (Luc 16.29).

Cette histoire contient plusieurs leçons importantes, mais celle qui nous intéresse, c’est que le Seigneur croyait que les Écritures (Moïse et les Prophètes) étaient largement suffisantes pour montrer à l’être humain comment vivre pour Dieu. Jésus nous enseigne que les hommes peuvent éviter d’être perdus s’ils écoutent ce que Dieu nous dit dans les Écritures. Le problème n’est pas que Dieu ait été silencieux ; c’est que nous sommes de mauvais auditeurs.

Notre troisième exemple est tiré du récit de l’entretien de Jésus avec deux disciples sur la route d’Emmaüs, le jour même de sa résurrection. La mort du Christ avait enlevé toute joie et tout espoir du cœur de ces deux hommes. Mais ce soir-là, Jésus se révéla à leurs yeux, « et commençant par Moïse et parcourant tous les prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait » (Luc 24.27). Quelle étude biblique merveilleuse cela devait être ! « Ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ? » (Luc 24.32). Au cours de cette discussion, Jésus aurait cité tous les textes majeurs de l’Ancien Testament qui se référaient à sa venue dans le monde et son œuvre de rédemption pour chacun de nous. Toutes ces grandes doctrines étaient contenues, non pas dans un corps de tradition pareil à celui que l’on retrouve dans l’Église catholique, mais dans les seules Écritures.

Finalement, Jésus dit à ses disciples avant son ascension : « Telles sont bien les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes » (Luc 24.44). On ne peut pas trop insister dessus : Jésus est venu, non pour accomplir la tradition, mais pour accomplir seulement ce qui était écrit dans l’Écriture (Matthieu 7.17). Jésus pouvait se référer aux Écritures pour établir son identité et la nature de sa mission dans le monde. Il pouvait indiquer les écrits de Moïse, Ésaïe, Daniel, David, etc., et dire : « Le voici ; lisez pour vous-même. »

Étudier les prophéties concernant Jésus a convaincu beaucoup de gens que les Écritures sont bien de Dieu. Par exemple, comment les prophètes qui ont vécu des siècles avant la naissance de Jésus pouvaient-ils connaître tant de détails le concernant ? Comment savaient-ils qu’il serait né d’une vierge dans la ville de Bethléem ? Qu’il serait élevé à Nazareth ? Qu’il serait trahi pour trente pièces d’argent ? Comment savaient-ils qu’il serait crucifié entre deux brigands et qu’il ressusciterait d’entre les morts ? Une seule explication est possible : « Ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussés par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1.21). Ainsi les paroles de l’apôtre Paul : « Toute Écriture est inspirée de Dieu… » (2 Timothée 3.16).

Les enseignements de l’Église catholique ne pourraient jamais être reproduits à partir des Écritures seules, car de son propre aveu, une bonne partie de la croyance catholique est fondée sur la tradition et non sur l’Écriture. C’est un aveu auquel tout catholique devrait prêter très attention, car vous ne seriez jamais catholique si vous suiviez tout simplement les enseignements qui se trouvent dans la Bible.

L’Écriture, non pas la tradition, fait autorité en toute question de doctrine et de moralité. Jésus dit : « L’Écriture ne peut être récusée » (Jean 10.35).

Pourquoi les Juifs rejetèrent-ils Jésus ?

Je me suis souvent demandé pourquoi Jésus fut rejeté par un peuple si religieux qui croyait en Dieu. En plus, ils étudiaient beaucoup sa Parole – ils devaient reconnaître en Jésus le Sauveur promis. Jésus dit aux chefs religieux :

« Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle, et ce sont elles qui me rendent témoignage, et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !… Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, car c’est de moi qu’il a écrit. » (Jean 5.39,44,46)

Le problème c’est que leur religion se basait en grande partie sur la tradition plutôt que la parole de Dieu. Leurs traditions les aveuglaient et les empêchaient de reconnaître le message très clair de l’Écriture. Jésus n’était pas la sorte de Messie auquel ils s’attendaient. Leur déception n’était pas due à quelque chose que l’Écriture avait dit, mais à ce que disait leur tradition au sujet du Messie. Ainsi, on évaluait Jésus selon la tradition.

La loi du sabbat fut donnée aux Juifs pour commémorer leur délivrance de l’Égypte (Deutéronome 5.15). Ils devaient sanctifier ce jour en s’abstenant de travailler (Exode 20.8-11). Au cours des siècles, les enseignants juifs avaient dressé une longue liste d’activités qu’ils considéraient comme interdites ou permises le jour du sabbat, et on imposait ces règles détaillées au peuple. À cause de cela Jésus accusa les docteurs de la Loi de « charger les gens de fardeaux impossibles à porter » (Luc 11.46). Lorsque Jésus vint et qu’il opéra des miracles le jour du sabbat, les autorités juives le dénoncèrent comme un pécheur, un rebelle à l’égard de la loi de Dieu. Mais Jésus viola-t-il réellement le commandement de Dieu ? Certes non ! Il viola simplement des traditions faites par des hommes.

Un jour de sabbat Jésus guérit un homme aveugle-né. Certains des Juifs dirent alors à son sujet : « Il ne vient pas de Dieu, cet homme-là, puisqu’il n’observe pas le sabbat… Nous, c’est de Moïse que nous sommes disciples. Nous savons, nous, que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est » (Jean 9.16,28,29). L’homme qui avait été guéri leur répondit : « C’est bien là l’étonnant : que vous ne sachiez pas d’où il est, et qu’il m’ait ouvert les yeux… Jamais on n’a ouï dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire » (Jean 9.30,32,33). Ils lui répondirent : « De naissance tu n’es que péché et tu nous fais la leçon ! Et ils le jetèrent dehors ! » Excommunié !

Qu’est-ce qui les empêchait de voir que Jésus était de Dieu ? Ils étaient aveuglés par leurs propres traditions de sorte qu’ils ne puissent pas admettre la possibilité qu’ils aient tort. Une fois que l’on abandonne l’Écriture comme règle, on se retrouve sur une pente glissante. Quand on ne reconnaît plus l’autorité de l’Écriture, on a beau l’étudier ; cela ne profite pas.

J’ai vu comment cela se passe, et combien les propos de Jésus sont pertinents pour notre époque. Dans mon travail d’évangéliste, je me suis souvent entretenu sur les Écritures avec des prêtres catholiques. Je me rappelle plusieurs occasions où nous avons discuté des merveilles de la croix du Christ et ce qu’elle représente pour nous – à savoir, que dans sa mort, Jésus a pleinement payé le prix de nos péchés, qu’il a subi la peine que nous avions méritée ; par conséquent, nous sommes libérés : « Il n’y a donc plus maintenant de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Romains 8.1). Jusqu’à ce point, nous étions toujours d’accord. Puis, je demandais : « Étant donné que la mort de Jésus nous purifie de toute iniquité (1 Jean 1.7; Hébreux 7.25; 10.14; etc.), quel besoin y a-t-il du Purgatoire ? » [Pour les lecteurs qui ne connaissent pas ce mot, voici l’explication fournie dans le Catéchisme de l’Église catholique : « Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est distincte du châtiment des damnés » (¶ 1030, 1031).] Sans exception, la réponse de ces prêtres à ma question était : « Mais l’Église catholique enseigne… » Peu importe l’efficacité des arguments avancés sur la base de ce que la Bible dit, peu importe la clarté des passages bibliques qui enseignent que Jésus nous pardonne pleinement et que l’idée du Purgatoire est une insulte au sacrifice du Christ, la réponse ne variait pas : « Mais l’Église catholique dit… » La même réponse était donnée quand on parlait d’autres pratiques ou doctrines qui étaient absentes de la Bible ou qui contredisaient carrément des enseignements bibliques.

Voyez-vous ce qui se passe ? Bien que les preuves de l’Écriture soient irrésistibles, on les rejette en faveur des traditions qui se basent sur les enseignements des hommes. Ce que Jésus dit au sujet des Juifs de son époque s’applique aussi à l’enseignement catholique : « Les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains. Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes » (Marc 7.7,8).

S’attacher à ce qui ne change pas

Je vois la folie de suivre les enseignements des hommes quand je considère certaines croyances auxquelles les catholiques s’attachaient autrefois. Je me rappelle certaines règles que nous étions tenus à garder sous peine de « péché mortel ». Avant de recevoir la sainte Communion nous devions jeûner à partir de minuit le samedi. Rompre le jeûne et puis recevoir la Communion était un péché. Pareillement, il était strictement interdit de manger de la viande le vendredi. Ces lois ne sont plus en vigueur. Elles ont été faites par des hommes et ont été enlevées par des hommes, ce qui prouve qu’elles n’avaient pas été données par Dieu. Comment une chose pourrait-elle être un péché hier et ne pas être un péché aujourd’hui, or que nous vivons toujours sous la même alliance (Héb. 8.6-13) ?

J’ai quitté l’Église une fois que j’ai été convaincu que les Écritures seules font autorité finale. Ma façon de penser commença à changer lorsque je me suis mis à lire les Écritures. C’était une nouvelle expérience pour moi. Ce que je faisais m’effrayait et me passionnait à la fois. J’avais peur parce que je m’aventurais dans des eaux inconnues et sortais des frontières à l’intérieur desquelles, me disait-on, réside toute vérité, à savoir dans l’enseignement officiel de l’Église. Mais j’étais passionné en découvrant la simplicité d’un retour aux Écritures pour n’être rien qu’un chrétien, membre du corps de Christ. Je voulais m’attacher à quelque chose qui ne change jamais ; l’Écriture m’a fourni le seul message qui est à la fois vrai et immuable.

Tony COFFEY
(Dans Vol. 10, No. 3)

«Aie soin de faire tout d’après le modèle»

L’importance des modèles

Un modèle, nous le savons tous, c’est ce qui est donné pour servir de référence, pour être reproduit. C’est un original à imiter. Celui qui a conçu un modèle peut montrer à celui qui doit le reproduire un échantillon ou prototype. Il peut aussi lui donner une liste de critères à respecter, des instructions orales ou écrites.

L’emploi de modèles est courant dans presque tous les domaines de la vie. Une cliente apporte à son couturier une robe et un tissu. La robe doit lui servir de modèle pour qu’il en fasse une autre du même style et de la même taille. Un client montre à son menuisier la photo d’un meuble qu’il veut faire confectionner, ajoutant oralement des détails sur les dimensions. Un maître d’école affiche des exemplaires de toutes les lettres de l’alphabet pour que les écoliers apprennent à les reproduire dans leurs cahiers. Un entrepreneur fournit à des constructeurs des plans préparés par un architecte pour que l’édifice soit à la fois solide, fonctionnel et conforme au goût de celui pour qui on le construit.

Dans tous ces domaines et bien d’autres, dévier du modèle a des conséquences parfois désastreuses. Dans l’industrie, les pièces de rechange sont inutiles s’ils ne sont pas conformes aux modèles dans les moindres détails. Dans l’éducation, l’élève ne réussit pas s’il n’apprend pas à faire ce que le maître lui montre. Dans l’artisanat, le tailleur, le menuisier ou le sculpteur qui n’arrive pas à bien copier le modèle qui lui est donné perdra tous ses clients. Le bâtiment qui n’est pas construit selon des plans professionnels peut s’écrouler et occasionner la mort de tous ceux qui se trouvent à l’intérieur.

Il faut se référer constamment au modèle pour ne pas introduire des éléments qui n’y sont pas conformes, qui faussent le résultat final, qui affaiblissent ce qu’on veut bâtir, ou qui déplaisent au client ou patron. Ne pas respecter le modèle empêche l’uniformité. C’est le désordre, la confusion et l’échec qui en résultent.

L’existence d’un modèle dans le christianisme

Le principe de suivre un modèle est important dans le domaine de la religion, aussi. Dans l’Ancien Testament, Dieu a ordonné à Moïse de faire construire un lieu d’adoration, une tente sacrée appelée « le tabernacle ». Dieu a précisé dans les moindres détails de quelle manière il serait construit, les meubles qui s’y trouveraient, l’habillement des sacrificateurs qui y célébreraient un culte, et les cérémonies que ces sacrificateurs devaient faire. Et il tenait absolument à ce que sa volonté soit respectée en ces choses. Hébreux 8.5 nous dit que Moïse fut « divinement averti » : « Aie soin, lui fut-il dit, de faire tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne. » Dieu ne laissa pas aux Israélites la liberté de décider de quelle manière ils serviraient l’Éternel. Dans le Nouveau Testament pareillement, il est clair que le Seigneur lui-même a décidé ce que son Église doit faire et enseigner, ce à quoi elle doit ressembler, et de quelle manière ses membres doivent se conduire et travailler. Jésus a parlé sévèrement de ceux qui délaissaient les choses que Dieu avait ordonnées et qui instituaient des pratiques d’origine humaine : « C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore : Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition » (Marc 7.7-9).

Il ressort clairement des épîtres de Paul qu’il enseignait la même chose partout où il allait. Ce n’est pas qu’il manquait d’originalité pour trouver de nouvelles idées. Ce n’est pas non plus que la culture était pareille dans tous les pays où il travaillait. Les gens de Lystre et de Derbe étaient considérés par les autres comme ignorants, superstitieux et presque « sauvages » ; les Corinthiens étaient des gens mondains qui poursuivaient avant tout le luxe et le plaisir sexuel ; ceux de Philippes étaient fiers de leur citoyenneté et culture romaines, qui les distinguaient des villes grecques aux alentours ; la force des Ephésiens, c’était la magie ; la gloire des Athéniens, c’était la philosophie. Chaque ville, chaque pays avait ses propres culture et mentalité, mais l’apôtre était convaincu que tous avaient besoin du même enseignement. Il recommandait les mêmes pratiques partout. Et pourquoi ? Parce qu’il était très conscient du fait qu’il y avait un modèle à suivre, un modèle qu’il n’avait pas inventé, mais qui lui avait été montré par le Seigneur et auquel il devait être fidèle. Le Créateur de tous les hommes était, aux yeux de Paul, parfaitement capable de concevoir un plan et promulguer un message appropriés à tous les hommes de tous les pays. Quand on considère l’interdiction de changer les institutions divines (Jean 8.31; 2 Jean 9; Jude 3; Apoc. 22.18,19; etc), il est évident que le plan et le message donnés par Dieu seraient appropriés, non seulement dans tous les pays, mais également aux hommes de toute génération. Ils n’auraient donc pas besoin d’être adaptés ou modifiés pour satisfaire aux besoins de l’homme « moderne ».

Le modèle s’applique à tout ce qui concerne la foi chrétienne

Le message

C’est Dieu lui-même qui a déterminé ce que son Église doit prêcher aux hommes perdus. Nous n’avons aucun droit de dévier de l’Évangile tel qu’il fût révélé aux apôtres. Paul dit aux Corinthiens : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (1 Cor. 15.1-2). Certains dans les Églises de la Galatie avaient déjà commencé à changer le message qu’ils avaient reçu. Paul leur adresse un avertissement très sévère : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un Évangile s’écartant de celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème (maudit) ! » (Galates 1.8).

En 1 Corinthiens 7.17-24, Paul explique qu’il ne faut pas enseigner des conditions de salut que Dieu n’a pas imposées. Le célibataire qui se gardait pur n’avait pas besoin de se marier pour être chrétien ; le marié qui avait, selon la parole de Dieu, le droit de se marier, n’avait pas besoin de redevenir célibataire pour servir Dieu. L’incirconcis n’a pas besoin d’être circoncis pour être sauvé, et l’esclave n’est pas obligé de devenir un homme libre pour plaire à Dieu. Ces conditions ne sont pas des états de péché, et Paul dit : « Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé » (1 Cor. 7.17,24). Mais ce que nous voulons souligner dans ce passage, c’est la fin du verset 17 : « C’est ainsi que je l’ordonne dans toutes les Églises. » Paul annonçait le même Évangile et les mêmes conditions de salut partout où il allait, parce qu’il se conformait au modèle révélé par Dieu.

L’organisation de l’Église

En Actes 14.23, nous voyons que Paul et Barnabas ont conduit les Églises de la Galatie (Antioche, Icone, Lystre et Derbe) à mettre en place une même forme d’organisation : « Ils firent nommer des anciens dans chaque Église. » Ils n’ont pas enseigné à chaque assemblée de s’organiser selon son propre goût, soit avec un chef d’Église, un pasteur unique, un archevêque ou un président. Ils ont amené chaque assemblée à nommer un groupe d’hommes pour la diriger, des anciens. Chaque Église était autonome et avait ses propres anciens au lieu d’être soumise à un conseil ou dirigeant national ou régional. La Bible ne parle ni de paroisse ni de diocèse. Environ vingt ans plus tard, Paul donna des instructions pour les Églises dans un autre pays, mais ce fût le même plan d’organisation qu’il recommanda. Il dit à Tite : « Je t’ai laissé en Crète, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville » (Tite 1.5).

Dans les versets suivants, Paul énumère les critères à remplir par ceux qu’on choisirait comme anciens ou évêques (deux noms pour la même fonction) (Tite 1.6-9). Puisque cet enseignement fait partie du modèle inspiré de Dieu, nous ne devons pas être surpris de découvrir que ces qualifications correspondent à celles qui devaient être enseignées par Timothée dans la ville d’Éphèse (1 Tim. 3.3-7). L’organisation désirée ne variait pas selon l’endroit ou l’année. Elle constituait une partie du modèle.

Le financement du travail de l’Église

En Actes 11.29, nous voyons l’assemblée d’Antioche en Syrie qui envoie de l’aide aux frères pauvres en Judée. Elle n’a pas imposé une cotisation ou montant fixe que chaque membre de l’ Église devait contribuer. Au contraire, « les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon ses moyens, un secours aux frères qui habitaient la Judée ». L’apôtre Paul enseignait à l’Église de Corinthe de suivre le même principe. « Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur » (2 Corinthiens 9.7), et que chacun donne « selon sa prospérité » 1 Corinthiens 16.2).

Un autre principe concernant le financement des œuvres de l’Église, c’est que l’on faisait la collecte « le premier jour de la semaine » (1 Corinthiens 16.2), c’est -a-dire le dimanche. Encore, il est important de souligner que cette recommandation ne se limitait pas à l’Église de Corinthe, à elle seule. Paul introduit cet enseignement en disant : « Pour ce qui concerne la collecte en faveur des saints, agissez vous aussi, comme je l’ai ordonné aux Églises de Galatie » (1 Corinthiens 16.1). Ce modèle s’appliquait partout.

L’adoration

Quand Paul envoyait à l’Église de Corinthe des instructions concernant le culte, il était très clair que ces règles s’appliquaient dans toutes les autres assemblées, aussi. Prenez, par exemple, le bon ordre et le silence des femmes : « Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre mais de paix. Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi … Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est sortie ? Ou est-ce à vous seuls qu’elle est parvenue ? Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur » (1 Corinthiens 14.33,34,36,37). L’Église de Corinthe n’avait pas la liberté de donner la parole aux femmes pour prêcher ou conduire des prières ou cantiques lors du culte. Elle n’avait pas le droit d’innover de cette façon. Le modèle biblique exige que ce soit des hommes et non des femmes qui prennent la direction de l’adoration en public.

Un autre exemple est l’enseignement sur le repas du Seigneur en 1 Corinthiens 11.17-34. Paul précise au verset 23 : « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné. » Le modèle n’est venu ni de Paul ni d’un homme quelconque. C’est le Seigneur qui a confié aux apôtres ce qu’ils devaient enseigner au sujet de la communion.

L’enseignement

Ce n’est pas seulement l’enseignement sur le culte, mais toute doctrine, qui doit être conforme au modèle. Paul dit à Timothée : « Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle de saines paroles que tu as reçues de moi. Garde le bon dépôt… » (2 Timothée 1.13,14). Ces saines paroles devaient être transmises fidèlement d’une génération d’enseignants à une autre : « Ce que tu as entendu de moi, en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres » (2 Timothée 2.2).

La vie et le ministère

Enfin, la Bible parle d’un modèle, non seulement pour l’organisation, le financement, l’adoration et l’enseignement de l’Église, mais aussi pour la manière de vivre et de servir. Paul était conscient du fait qu’il laissait un exemple à suivre en ce qu’il disait, mais aussi en ce qu’il faisait : « Ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi, et ce que vous avez vu en moi, pratiquez-le. Et le Dieu de paix sera avec vous » (Phil. 4.9). Si nous suivons l’exemple que Paul et les autres apôtres nous ont laissé, Dieu sera avec nous. Si nous nous éloignons du modèle divin, nous serons, au contraire, sous la condamnation.

Comment identifier le modèle biblique

Comme nous l’avons dit, un tailleur, un menuisier, un constructeur ou un élève arrive à reproduire le modèle qui lui est fourni s’il regarde bien un exemplaire, une photo ou un plan, et s’il prête attention aux instructions qui accompagnent l’exemplaire. En tant que chrétiens, nous pouvons identifier le modèle à suivre si, en étudiant le Nouveau Testament, nous recherchons :

  1. des exemples approuvés, c’est-à-dire des passages qui nous montrent des Églises en train de mettre en pratique un enseignement inspiré, sous la direction ou avec l’approbation des apôtres ; et
  2. des commandements ou instructions données aux Églises, aux chrétiens ou à ceux qui voulaient devenir chrétiens.

En suivant ces exemples et commandements, nous devons respecter le silence de la Bible (Deut. 4.2; 12.32; Prov. 30.6; 1 Cor. 4.6; 2 Jean 9-11; Apoc. 22.18,19). Quand un parent donne de l’argent à son enfant et l’envoie à la boutique en lui disant de payer cinq bouteilles de coca-cola, l’enfant n’a pas le droit d’acheter également quelques bouteilles de bière et un jouet simplement parce que son père ne lui a pas dit expressément de ne pas faire ainsi. Le père n’a pas besoin de citer tout ce qu’il ne veut pas. Le modèle biblique autorise l’emploi du fruit de la vigne et du pain sans levain pour le repas du Seigneur. La parole ne dit rien au sujet de viande et de tomates en ce qui concerne ce repas, mais ce n’est pas pour cela que nous pouvons ajouter ces éléments. Le silence n’autorise pas à faire tout ce qui n’est pas expressément défendu.

Respecter le silence des Écritures signifie également que l’on ne doit pas imposer des devoirs dans la religion qui ne sont pas enseignés dans la parole de Dieu.

En suivant les commandements, il faut aussi considérer à quel point un commandement est spécifique ou générique. Par exemple, quand Dieu dit à Noé de construire l’arche, il a précisé : « Fais-toi une arche de bois de gopher » (Genèse 6.14). Le commandement étant très spécifique, l’utilisation d’autres espèces de bois, tel que le chêne, le pin ou l’ébène, était exclue. Quand Jésus dit, par contre, « Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle » (Marc 16.15), l’ordre d’aller est très générique et n’impose pas un seul moyen de transport. On peut aller à pied, en voiture, ou en avion, pourvu qu’on aille.

Conclusion

Une chose qui distingue les Églises du Christ de la plupart des groupes religieux, c’est la conviction que Jésus-Christ a bâti une seule Église, et que l’homme n’a ni besoin ni droit d’en créer une autre. Le plan de Dieu pour son Église est amplement révélée dans le Nouveau Testament. Si nous nous conformons réellement à ce modèle divin, nous n’aurons pas créé quelque chose de nouveau mais retrouvé l’original. Ce n’est pas de l’orgueil qui nous pousse à dire que l’Église du Christ n’est pas une dénomination. Ce n’est pas que l’on se croit plus spirituel ou plus intelligent que tous les autres. Mais force est de reconnaître qu’aucun homme n’est capable d’améliorer ce que Dieu a fait ou conçu.

La parole de Dieu est comme une semence (Luc 8.11) : Si on la prêche sans y ajouter les doctrines des hommes, elle produira toujours la même Église qu’elle a produite au premier siècle. Malgré des centaines d’années d’apostasie, les hommes peuvent, grâce à cette parole éternelle, découvrir et restaurer l’Église de Jésus-Christ.

Ayons donc soin de faire tout d’après le modèle qui nous a été montré.

B. B.
(Dans Vol. 6, No. 6)

La musique dans le culte

AVANT-PROPOS

On s’interroge souvent sur les raisons pour lesquelles les Églises du Christ n’utilisent pas d’instruments de musique dans le culte. C’est peut-être l’une des choses les plus frappantes pour le visiteur qui assiste pour la première fois à nos réunions, que de constater l’absence d’orgue, de piano, de guitare, de tam-tam, ou d’autres instruments d’accompagnement du culte. Cet étonnement est assez naturel si l’on considère que l’usage en est presque universel.

Par la voie de cet article, nous croyons utile de répondre à la question posée, en nous rapportant aux paroles de l’apôtre Pierre, qui nous dit : « Soyez toujours prêts à vous défendre, avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 Pierre 3.15).

Signalons immédiatement que ce n’est ni par goût personnel ni par mesure d’économie que nous nous abstenons d’employer des instruments de musique dans l’exercice du culte que nous rendons à Dieu, mais que c’est par principe de foi.


Qu’a autorisé Dieu dans le culte chrétien, quant à l’adoration sous forme de cantiques ? Écoutons le Saint-Esprit quand il dit : « Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur » (Éphésiens 5.19). Écoutons la même expression de pensée dans l’Épître aux Colossiens : « Instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs sous l’inspiration de la grâce » (Colossiens 3.16).

Notons en particulier que l’Esprit Saint nous recommande expressément de nous « entretenir », c’est-à-dire, nous « instruire » et de nous « exhorter » mutuellement par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, et de chanter à Dieu sous l’inspiration de la grâce. Il s’avère que Dieu autorise, pour sa louange, l’usage de nos voix et de « nos cœurs », en chantant, en récitant les psaumes, etc.

La musique que Dieu agrée pour le culte qu’on lui rend se « joue » uniquement par les « cordes » de nos cœurs et s’élève jusqu’à lui par nos voix. Il n’est nulle part question dans le Nouveau Testament que ce culte lui soit rendu avec l’addition ou par le moyen d’instruments quelconques.

Telle est la voie indiquée par Dieu. Et puisque c’est Dieu que nous voulons adorer et exalter, et puisque c’est à lui que nous voulons plaire, obéissons attentivement à ses instructions.

En parlant de culte, nous faisons uniquement allusion à celui pratiqué sous l’ère chrétienne et non à celui pratiqué sous l’ère patriarcale ou mosaïque. Nous savons, en effet, que sous la loi de Moïse la musique instrumentale était non seulement tolérée, mais commandée par le livre des Chroniques dans les termes suivants : « Il fit placer les Lévites dans la maison de l’Éternel avec des cymbales, des luths et des harpes, selon l’ordre de David, de Gad le voyant du roi, et de Nathan le prophète ; car c’était un ordre de l’Éternel, transmis par ses prophètes » (1 Chroniques 29.25). Mais il faut cependant remarquer qu’à l’époque indiquée l’exercice du culte comprenait également des sacrifices d’animaux qui ne seraient assurément plus tolérés de nos jours.

De même, si un homme se présentait à notre lieu de culte avec un agneau sans défaut, afin de l’offrir en sacrifice à Dieu, lui serait-il permis de le faire sous prétexte que David offrait de tels sacrifices et qu’ils étaient à cette époque agréables à Dieu ? Que répondrions-nous ? Simplement que nous ne vivons plus actuellement sous la loi qui commandait des sacrifices d’animaux.

L’apôtre Paul a averti les chrétiens de Galatie que s’ils cherchaient leur justification dans la loi de Moïse, ils seraient « déchus de la grâce » et « séparés de Christ. » Dans le même contexte, il leur dit que s’ils cherchaient leur justification dans une partie de la loi, ils étaient tenus logiquement de l’observer tout entière (Galates 5.4,3; voir aussi Jacques 2.10).

Il faut donc s’en reporter à Jésus plutôt qu’à Moïse pour l’observance justifiée des pratiques auxquelles doivent obéir ceux qui s’appellent des chrétiens. Paul nous exhorte : « Quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père » (Colossiens 3.17). Ainsi tout ce que nous faisons en tant que chrétiens doit s’accomplir, non au nom de Moïse, mais « au nom du Seigneur Jésus ». Cette expression « au nom de » implique l’autorité dont elle est revêtue. Par exemple, « au nom du roi » implique l’autorité royale comme base de directive. Faire quelque chose au nom du Seigneur signifie le faire par son autorité. Or, nous ne pouvons pas employer les instruments de musique dans le culte pour la bonne raison qu’il ne les a jamais autorisés.

Et ceux qui les emploient sans l’autorité divine doivent tenir compte de l’avertissement de l’apôtre Jean : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu » (2 Jean 9). Or, aller plus loin que la doctrine (ou l’enseignement) du Christ, c’est faire ce qu’il n’a pas autorisé, et c’est le cas lorsqu’on se sert d’instruments de musique dans le culte. Il ne s’agit pas là d’une opinion ou d’une théorie humaine, mais bien d’un principe enseigné dans l’Écriture Sainte.

Il ne faut pas se tromper sur l’importance d’un ordre ou d’une directive émanant de Dieu. Il est clair que Dieu exige toujours que nous observions scrupuleusement sa parole. Comparons les avertissements de l’Ancien Testament avec ceux du Nouveau Testament. Dans le premier cas, Dieu dit : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris et vous n’en retrancherez rien, mais vous observerez les commandements de l’Éternel votre Dieu, tels que je vous les prescris » (Deutéronome 4.2). Dans le Nouveau Testament il est tout aussi sévère quant à ceux qui modifient sa parole (voir Apocalypse 22.18,19).

Considérons le cas de Moïse qui, pour avoir frappé un rocher afin qu’il en sorte de l’eau, au lieu de simplement lui parler comme Dieu lui avait ordonné de faire, perdit son droit d’entrer en Terre Promise (Nombres 20.8-12). Et pourtant, Dieu lui avait ordonné auparavant de frapper un rocher (Exode 17.6). Il faut donc faire attention à ne rien faire que Dieu n’ait pas autorisé.

Sur le point de quitter ses apôtres et de retourner chez son Père, le Christ comprenait et prévoyait qu’ils auraient besoin de directives infaillibles, bien qu’il les eût personnellement instruits pendant plus de trois ans. C’est pourquoi il leur dit : « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir » (Jean 14.16,17). Il leur dit encore : « Mais le consolateur, l’Esprit de vérité, vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir » (Jean 16.13). L’Esprit Saint descendit sur les apôtres au jour de la Pentecôte suivant la résurrection du Christ (Actes 2.1-4). Comme prévu et annoncé il vint sur eux pour les diriger dans toute la vérité. Les apôtres ont reçu et annoncé dans l’Évangile cette vérité qui sauve (1 Pierre 1.22-25). Il est à remarquer pourtant que l’Esprit n’a pas indiqué aux apôtres d’employer la musique instrumentale en les dirigeant « dans toute la vérité ».

Il s’en suit forcément que l’emploi d’instruments de musique ne fait aucunement partie de la « vérité » transmise par les apôtres.

Écoutons l’avertissement biblique contre la tendance qui prévaut d’élever nos propres désirs jusqu’à ne plus supporter la saine doctrine qui est l’Évangile de Christ (2 Timothée 4.3,4).

Des objections

Certaines objections sont soulevées contre cette pratique, pourtant apostolique, d’exclure les instruments de musique du culte chrétien.

1. « La Bible ne défend pas de se servir d’instruments de musique dans le culte chrétien. »

Répondons qu’il n’est pas nécessaire que Dieu défende spécifiquement tout ce qu’il ne veut pas, et méditons l’exemple ci-après. Dans le livre du Lévitique, nous lisons que Nadab et Abihu, fils d’Aaron « apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné », au lieu du feu qu’il autorisait. À cause de cette substitution, que Dieu compta comme désobéissance volontaire, « le feu sortit de devant l’Éternel et les consuma : ils moururent devant l’Éternel » (Lévitique 10.1,2). Il est vrai que Dieu n’avait pas dit explicitement de ne pas utiliser le feu que ces deux sacrificateurs ont employé pour brûler le parfum. Mais il n’est pas nécessaire que Dieu défende spécifiquement tout ce qu’il ne veut pas qu’on fasse. Un ordre positif et explicite exclut d’office tout ce qui n’est pas compris dans un tel ordre. La parole de Dieu est en même temps exclusive et inclusive : elle inclut tout ce qui est commandé et elle exclut tout ce qui ne l’est pas.

Voyons un autre exemple : lorsque Dieu dit à Noé de construire l’arche, il lui dit de la construire en bois de gopher (Genèse 6.14). Dieu ne lui a pas dit : « Tu ne te serviras pas de bois de sapin, ou de chêne. » En spécifiant « bois de gopher », toutes autres espèces de bois étaient automatiquement exclues, sans que Dieu fût tenu à les citer par leur nom.

Le même principe doit s’appliquer aux instruments de musique. Il y a deux sortes de musique : la musique vocale et la musique instrumentale.

Le Seigneur ayant spécifié la musique vocale, il n’était pas nécessaire de défendre explicitement tout autre genre de musique. Le commandement de chanter précise ce que Dieu veut et exclut la musique instrumentale tout comme dans la Sainte Cène, l’ordre spécifiant le pain et le fruit de la vigne élimine tout autre aliment de la table du Seigneur. La substitution ou l’addition de lait, de viande, de pommes de terre, d’eau, etc., serait une désobéissance à l’ordre. Puisque nous admettons tous que Dieu exclut d’une manière positive et définitive tout autre aliment de cette partie du culte sans l’interdire explicitement, pourquoi ne pas faire application du même principe en ce qui concerne la musique instrumentale dans le culte ? Le commandement positif et explicite de chanter est une exclusion de tout autre genre de musique.

2. On peut nous objecter que « le Nouveau Testament nous exhorte à adorer Dieu par des Psaumes, et le 150e, parmi d’autres, recommandant qu’on l’adore avec toutes sortes d’instruments ; nous pouvons donc le faire. »

Cette objection contre notre thèse perd sa force lorsque l’on considère à nouveau les textes des Écritures précités. En effet, il ne faut pas perdre de vue que les Psaumes issus de l’Ancien Testament recommandent aussi aux adorateurs d’autres actes de culte tels que les holocaustes (Psaumes 66.13-15), actes qui ont été abolis.

En effet, les Psaumes et de telles prescriptions font partie de l’Ancienne Alliance, qui fut remplacée par la Nouvelle (Hébreux 8.7).

L’usage recommandé par le Nouveau Testament pour les Psaumes nous autorise à les chanter ou à les réciter, mais n’autorise pas l’emploi d’instruments de musique.

3. « Il est loisible d’avoir des instruments de musique chez soi ; pourquoi donc ne pas les avoir dans l’Église ? »

Chez soi, tout ce qui est moralement juste est permis, mais dans l’Église rien n’est permis qui ne soit autorisé par le Nouveau Testament. Ce qui est moralement acceptable chez soi n’est pas nécessairement permis dans le culte. Par exemple, il est moralement permis de se laver les mains avant le repas, mais ce ne sera pas là un acte de culte.

4. « Il n’y a pas de différence entre l’emploi d’instruments de musique, et l’emploi d’un baptistère ou d’un recueil de cantiques ; ils sont l’un et l’autre tout simplement des aides dans le service de Dieu. »

Il est vrai qu’un baptistère et un recueil de cantiques sont des aides, mais l’instrument de musique est une addition. L’acte accompli dans un baptistère est l’acte ordonné par Dieu tandis que l’acte exécuté quand on joue d’un instrument de musique est un acte que Dieu n’a pas ordonné. Se servir d’un livre de cantiques en chantant constitue un acte que Dieu a ordonné (ni plus ni moins), mais chanter n’est pas jouer : ce sont deux actes bien différents. Chacun peut exister sans l’autre. Dieu a ordonné l’un dans le culte mais pas l’autre.

Des instruments dans l’Église

Il n’y a pas eu d’instruments de musique dans le culte chrétien pendant plus de 600 ans après la mort du Christ – 600 ans après l’établissement de l’Église du Seigneur. Citons L’American Encyclopedia : « Le Pape Vitalien a, pour la première fois, introduit les orgues dans quelques églises d’Europe occidentale vers l’an 670. Mais le plus ancien rapport digne de confiance est celui d’un orgue envoyé comme cadeau par l’empereur grec Constantin Copronymu, à Pépin, roi des Francs, en 755 » (Tome XII, page 688).

Citons aussi la Schaff-Herzog Encyclopedia : « Dans l’Église grecque l’orgue n’est jamais entré en usage. Mais après le 8e siècle il est devenu de plus en plus courant dans l’Église latine : pas toutefois, sans opposition du côté des moines… » (Tome 3, page 702). L’Église orthodoxe, quoique ne suivant pas les ordonnances bibliques en bien des points, a conservé néanmoins l’exemple biblique dans le baptême par immersion et dans la musique a capella, c’est-à-dire sans instrument.

Le fait d’exclure les instruments de musique dans leur culte n’est pas une « idée fixe » suivie uniquement par les Églises du Christ. C’est plutôt un point de conviction commun à plusieurs chefs religieux des plus éminents et érudits. Écoutons ce que quelques-uns d’entre eux disent à ce sujet.

Martin Luther rejeta l’emploi de l’orgue en disant : « L’orgue dans le culte à Dieu est un insigne de Baal. »

Jean Calvin disait de l’orgue dans le culte : « Les instruments de musique pour célébrer les louanges de Dieu ne sont pas plus appropriés que de brûler de l’encens, d’allumer des lampes ou de restaurer les autres ombres de la loi. Les hommes qui aiment la pompe extérieure peuvent se réjouir dans ce bruit mais la simplicité que Dieu nous recommande par les apôtres lui est de beaucoup plus agréable… La voix humaine… surpasse assurément tous les instruments de musique » (Dans son commentaire du 23e Psaume).

John Wesley dit : « Je n’ai point d’objection contre les instruments de musique dans nos églises, pourvu qu’ils ne soient ni vus, ni entendus » (Adam Clarke’s Commentary, Tome 4, page 684).

Adam Clarke est compté parmi les plus éminents commentateurs bibliques au monde. Il fut contemporain de John Wesley. Concernant les orgues dans le culte, il dit : « Je suis un vieil homme et un vieux prédicateur : et je déclare que je n’ai jamais pu constater qu’ils aient été producteurs d’un bien quelconque dans l’adoration de Dieu : et j’ai des raisons de croire qu’ils ont été producteurs de beaucoup de mal. La musique en tant que science, je l’estime et l’admire, mais les instruments de musique dans la maison de Dieu je les ai en abomination et je les déteste ; c’est l’abus de la musique et je joins ma protestation contre toutes corruptions pareilles dans le culte de l’Auteur du Christianisme » (Adam Clarke’s Commentary, page 684).

Ce qu’ont pensé ces hommes ne prouve pas qu’on ne doit pas se servir d’instruments de musique dans le culte chrétien : seul l’enseignement du Christ et de ses apôtres peut établir cette interdiction. Mais ces hommes sont cités pour démontrer que de tels instruments dans le culte ont été rejetés par beaucoup parmi les plus grands chefs religieux.

Résumons donc en disant au sujet de la musique instrumentale que ni le Christ, ni le Saint-Esprit, ni les apôtres ne l’ont jamais autorisée. Aucune assemblée apostolique ne l’a employée. Prenant le Nouveau Testament comme notre seule règle de foi et de pratique en matière du culte chrétien, et voulant demeurer dans l’enseignement apostolique, nous nous voyons dans l’obligation absolue d’exclure les instruments de musique de notre culte.

Auteur inconnu
(Dans Vol. 4, No. 4)