Reconnaître les faux docteurs

Un désir pour l’unité religieuse est naturel et louable, et les murs sectaires semblent s’écrouler de nos jours, au moins parmi ceux qui croient en Jésus. D’un côté, c’est une bonne chose, mais de l’autre, il est possible que beaucoup minimisent les distinctions doctrinales entre les communautés parce qu’ils ont décidé que la vérité d’un enseignement n’importe pas, pourvu que l’on soit sincère. Mais la Bible nous dit que la fausse doctrine est dangereuse et qu’il faut être vigilant.

Des avertissements dans la Bible

Le Seigneur Jésus dit de ne pas croire tous ceux qui emploient son nom :

« Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens. […] Si quelqu’un vous dit alors : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes. » (Matthieu 24.4,5,23,24)

L’apôtre Pierre donne cet avertissement :

« Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des hérésies qui mènent à la perdition, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une perdition soudaine. Plusieurs les suivront dans leur immoralité, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Par cupidité [amour de l’argent], ils vous exploiteront au moyen de paroles trompeuses. » (2 Pierre 2.1-3)

L’apôtre Paul, pour sa part, sonne l’alarme concernant d’autres personnes dont il faudrait se méfier :

« Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque du fer rouge dans leur propre conscience. » (1 Timothée 4.1,2)

En fait, le Nouveau Testament contient de très nombreux passages qui nous mettent en garde contre le risque représenté par ceux qui enseignent le mensonge et l’erreur. Même des enseignements qui peuvent nous paraître assez inoffensifs, quoiqu’erronés, peuvent être des « doctrines de démons ».

Les conséquences sont très graves pour ceux qui propagent l’erreur comme pour ceux qui sont séduits. Nous voyons ce principe déjà dans l’Ancien Testament, lorsque le prophète Jérémie annonçait un grand jugement de la part de l’Éternel sur son peuple rebelle et idolâtre. Jérémie dit que le peuple ne se repentait pas, parce que les faux prophètes promettaient que le malheur ne viendrait pas. Mais Dieu répondit :

« C’est le mensonge que prophétisent en mon nom les prophètes ; je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d’ordre, je ne leur ai point parlé ; ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, des tromperies de leur cœur, qu’ils vous prophétisent. C’est pourquoi ainsi parle l’Éternel sur les prophètes qui prophétisent en mon nom, sans que je les aie envoyés, et qui disent : Il n’y aura dans ce pays ni épée ni famine : Ces prophètes périront par l’épée et par la famine. Et ceux à qui ils prophétisent seront étendus dans les rues de Jérusalem, par la famine et par l’épée. » (Jér. 14.14-16)

Jésus confirma ce principe en Matthieu 15.14 lorsqu’il dit concernant des conducteurs religieux de son temps : « Ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une fosse. »

Pourquoi on ne reconnaît pas la fausse doctrine

Puisque Dieu est juste, il ne nous condamnera pas pour ce qui n’est pas de notre faute ou ce qu’on n’aura pas pu éviter. Compte tenu de ce que nous avons vu concernant les conséquences de l’erreur, il faut donc reconnaître que ceux qui acceptent les fausses doctrines ont leur part de faute. Ils pourraient éviter d’être séduits, et rien ne les oblige à suivre aveuglément les faux docteurs.

Pourquoi, alors, beaucoup de gens ne reconnaissent-ils pas l’erreur doctrinale ? Pourquoi acceptent-ils si facilement la fausse doctrine ?

Très souvent, c’est la disposition de cœur des auditeurs qui est le problème. Il y a des points dans la Bible qui sont difficiles à comprendre (2 Pierre 3.15,16), mais en général, les gens ne tombent pas dans l’erreur par défaut d’intelligence. Ils ont besoin d’examiner non seulement le message qu’ils écoutent et le comparer aux Écritures, mais aussi leur cœur en se demandant ce qui les motive. Jésus dit en Jean 7.16,17 : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. Si quelqu’un veut faire sa volonté, il saura si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de ma propre autorité. »

Trop de personnes ne cherchent ni à faire la volonté de Dieu ni à savoir ce qui est vrai. Paul prédit en 2 Timothée 4.3,4 :

« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité et se tourneront vers les fables. »

Des auditeurs de ce type ne veulent pas de prédication qui condamne leurs péchés et les appelle à la repentance, qui recommande de s’abstenir de certains plaisirs du monde ou qui relève l’erreur des traditions religieuses auxquelles ils s’attachent.

Paul suggère un problème similaire chez ceux qui recherchent les miracles plus que la vérité. En parlant d’un certain « impie » qui allait égarer beaucoup de gens, Paul dit :

« L’apparition de cet impie se fera par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. » (2 Thessaloniciens 2.9,10)

Bien que la puissance de Satan soit un facteur dans l’activité de ce faux docteur, il n’aurait sûrement pas l’air malveillant ou diabolique. Ceux qui se fient aux apparences sont facilement séduits par de tels imposteurs.

« Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres. » (2 Corinthiens 11.13-15)

Parfois, il n’est pas question d’apparences trompeuses : il y a bien des gens qui propagent l’erreur doctrinale qui sont complètement sincères, et cette sincérité fait qu’ils sont plus convaincants (et donc plus dangereux). Mais la sincérité ne change pas l’erreur en vérité. Paul parle de Juifs qui étaient réellement dévoués envers Dieu, mais ils étaient perdus parce qu’ils rejetaient l’Évangile.

« Frères, le vœu de mon cœur et ma prière à Dieu pour eux, c’est qu’ils soient sauvés. Je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence : ne connaissant pas la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. » (Romains 10.1-3).

Pour certains, peut-être comme ces Juifs, la loyauté à la foi de leurs ancêtres ou du groupe social auquel ils appartiennent leur fait perdre toute objectivité. Il est vrai que la Bible nous recommande d’apprécier et de respecter nos conducteurs (1 Thessaloniciens 5.12,13), mais il faut admettre qu’ils ne sont pas infaillibles, et la fausse doctrine peut être propagée même par des prédicateurs ou des anciens qui ont été fidèles dans le passé. C’était aux anciens de l’Église d’Éphèse que Paul adressa cet avertissement :

« Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses perverses, pour entraîner les disciples après eux. » (Actes 20.29,30)

Pour d’autres, au lieu d’employer l’intelligence que Dieu leur a donnée, ils s’appuient uniquement sur les émotions pour déterminer ce qui est vrai, sans jamais se dire que le mensonge que l’on croit peut produire des émotions aussi fortes que la vérité. Ces émotions ne permettent donc pas d’évaluer une doctrine. (Rappelez-vous l’histoire de Jacob qui pleura son fils Joseph pendant des années, parce qu’il avait cru, à tort, que ce dernier était mort. Sa douleur n’aurait pas été plus intense si Joseph était réellement mort.)

La nécessité de contrôler au moyen des Écritures

Un autre problème qui fait qu’on ne reconnaît pas les faux docteurs est la paresse. Beaucoup ne veulent pas faire l’effort d’étudier soigneusement les Écritures afin d’évaluer correctement les messages qu’ils entendent. Ils ont besoin de suivre l’exemple des Béréens qui écoutaient la prédication de Paul et Silas.

« Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact. » (Actes 17.11)

Trop de croyants, dans leur respect profond pour Dieu, estiment que du moment qu’une personne prétend parler au nom du Seigneur, il ne faut pas contester ce qu’elle dit. Mais en réalité, on a le droit d’éprouver ceux qui prétendent être des prophètes de Dieu ou des apôtres : « Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4.1). « Tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs » (Apocalypse 2.2). Le même principe s’applique aux enseignants qui ne prétendent pas être inspirés – on a besoin de les éprouver pour savoir si leurs paroles s’accordent avec celles de la Bible.

Pour ce faire, il est important de respecter certains principes très simples. Il faut :

  • Respecter la distinction entre l’ancienne alliance, qui n’est plus en vigueur, et le Nouveau Testament, sous lequel nous vivons (Hébreux 8.6-13).
  • Vérifier ce qui entoure un verset pour ne pas sortir les phrases de leur contexte.
  • Ne pas aller au-delà de ce qui est écrit ou imposer au texte des idées qui ne s’y trouvent pas (1 Corinthiens 4.6; 2 Jean 9,10).
  • Demander toujours par quelle autorité une idée ou pratique est recommandée (Marc 11.27-33; Colossiens 3.17).

Comment agir envers ceux qui sont dans l’erreur doctrinale

Supposons donc que vous êtes en face de quelqu’un qui répand une doctrine qui n’est pas conforme à l’enseignement du Nouveau Testament. Que devez-vous faire ?

Disons d’abord qu’il est toujours mieux de supposer que la personne est sincère. Dieu seul connaît le cœur de chacun. Jusqu’à preuve du contraire, nous pouvons nous dire que « le faux docteur » n’a pas l’intention d’égarer les autres. Il serait lui-même égaré sans le savoir. Nous voulons donc essayer humblement de lui montrer son erreur. Apollos enseignait aux autres, mais il ne connaissait pas la vérité au sujet du baptême. Aquilas et Priscille « le prirent avec eux, et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu » (Actes 18.26). C’était une démonstration d’amour de leur part qui était dans l’intérêt d’Apollos et de tous ceux que ce dernier enseignerait par la suite.

Si vous êtes l’un des conducteurs de l’Église, tel qu’un ancien ou un évangéliste, vous avez le devoir de protéger le troupeau. Paul dit à Tite :

« Il y a beaucoup de gens rebelles, de vains discoureurs et de séducteurs, auxquels il faut fermer la bouche. Ils bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce qu’on ne doit pas enseigner. » (Tite 1.10,11)

De quelle manière fallait-il leur fermer la bouche ? En les réfutant. En démontrant à tous, au moyen des Écritures, que leurs enseignements étaient faux. Ils seraient obligés de se taire quand tout le monde verrait qu’ils propagent l’erreur. Ainsi, nous constatons que l’une des qualifications pour être un ancien est qu’il faut être « attaché à la vraie parole telle qu’elle a été enseignée, afin d’être capable d’exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs » (Tite 1.9).

Certes, en parlant de l’importance de réfuter l’erreur, nous ne voulons pas minimiser la nécessité de refuser la parole dans l’Église à ceux qui enseignent ce qui est contraire à l’enseignement de la Bible. Quand on autorise de telles personnes à prêcher dans l’assemblée, non seulement on peut donner l’impression de cautionner leurs enseignements, mais on leur donne l’occasion de persuader ceux qui sont moins affermis dans la Parole. Pour ce qui est d’un prédicateur qui soit de passage, on veut bien être hospitalier, mais il faut s’assurer qu’il apporte la saine doctrine avant de l’inviter à prêcher dans l’assemblée.

L’évangéliste, aussi bien que les anciens, a le devoir de sonner l’alarme quand quelqu’un enseigne ce qui n’est pas biblique. Après avoir parlé en 1 Timothée 4.1-5 des faux docteurs et de certaines de leurs fausses doctrines, l’apôtre Paul donne à Timothée ce conseil : « En exposant ces choses aux frères, tu seras un bon ministre de Jésus-Christ, nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as exactement suivie » (1 Timothée 4.6). Un prédicateur qui expose et réfute les fausses doctrines et les pratiques non bibliques n’est pas un fauteur de troubles ou quelqu’un qui sème la division ; c’est plutôt « un bon ministre de Jésus-Christ ».

Ayant dit cela, ajoutons encore qu’il faut toujours garder une attitude appropriée. On n’éprouve pas de plaisir à dénoncer le faux docteur. On n’a pas de haine pour lui. Plutôt, on « doit redresser avec douceur les adversaires, dans l’espérance que Dieu leur donnera la repentance pour arriver à la connaissance de la vérité et que, revenus à leur bon sens, ils se dégageront des pièges du diable, qui s’est emparé d’eux pour les soumettre à sa volonté » (2 Timothée 2.25,26).

Le devoir de mettre un terme à l’activité des faux docteurs dans l’Église ne s’arrête pas au niveau de l’évangéliste (ou des anciens, si l’assemblée a le bonheur d’en avoir). Paul donna l’instruction suivante à l’Église entière de Rome :

« Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales, au préjudice de l’enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d’eux, car de tels hommes ne servent point Christ notre Seigneur, mais leur propre ventre ; et, par des paroles douces et flatteuses, ils séduisent les cœurs des simples. » (Romains 16.17,18)

Si, après les efforts de corriger l’erreur de celui qui répand la fausse doctrine, la personne persiste dans son erreur et, au lieu de se taire, sème de la division ou continue de détourner les autres de la saine doctrine, il faut que l’Église s’éloigne d’elle. Tout comme l’immoralité, la fausse doctrine, quand on ne s’en repent pas, constitue une raison pour exercer la discipline dans l’Église. L’apôtre Jean écrit :

« Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense. Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres. » (2 Jean 8-11)

Si de telles paroles nous paraissent exagérées, il est probable que nous sous-estimions la gravité aux yeux de Dieu de l’erreur doctrinale. Quand on s’égare de la vérité de sa Parole, du modèle qu’il nous a fourni pour son Église et des commandements de l’Évangile, quand on dispense des doctrines d’origine humaine à la place de l’enseignement de la Bible, des âmes sont mises en danger. Écoutons donc les appels passionnés des Écritures : « Que personne ne vous trompe par des discours séduisants. […] Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes. […] Qu’aucun homme […] ne vous ravisse à son gré le prix de la course » (Colossiens 2.4,8,18). Jésus dit : « La vérité vous rendra libres » (Jean 8.32).

B. B.
(dans Vol. 20, No. 4)

La restauration : Un retour en arrière

En Luc 18.8 Jésus a posé une question surprenante : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t‑il la foi sur la terre ? » Sans répondre directement à cette question, les apôtres de Jésus ont plus tard émis plusieurs avertissements en disant qu’un bon nombre de chrétiens seraient détournés de la vraie foi par de faux prophètes et de faux docteurs. Ils ont prédit une grande apostasie, c’est-à-dire un abandon de la vérité (1 Timothée 4.1-3; Actes 20.29,30; 2 Thessaloniciens 2.3; 2 Timothée 4.3; 2 Pierre 2.1; etc.). Ces prophéties se sont accomplies dans les siècles qui ont suivi la mort des apôtres. Bien que les hommes continuent de se considérer comme des chrétiens, beaucoup sont tombés dans le même genre de pièges que les Juifs que Paul décrit en Romains 10.2,3 :

« Je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence : ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. »

Bien qu’ils se voient comme étant toujours dans la bonne voie, ils ne le sont pas. Les paroles de Jésus en Marc 7.8,9 les décrivent parfaitement : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. »

Au problème de l’éloignement de la vérité biblique s’ajoute le fléau de la division entre les croyants. Divers efforts de réformer des institutions étrangères à la Bible, des Églises totalement distinctes de celle dont nous lisons dans les pages du Nouveau Testament, ont eu pour résultat la création d’une multitude de dénominations. Par exemple, l’Église du Nazaréen est née au 19e siècle d’un désir de ramener le méthodisme aux principes de son fondateur, John Wesley. Au cours du siècle précédent, les méthodistes avaient vu le besoin de changement au sein de l’Église anglicane, et l’anglicanisme, quant à lui, avait voulu, deux siècles plus tôt, réformer le catholicisme, au moins en Angleterre. Mais il est clair qu’aucune de ces Églises – nazaréenne, méthodiste, anglicane ou catholique – n’était connue des apôtres. Elles sont différentes les unes des autres, et différentes de l’Église du premier siècle. Cette confusion est contraire à la volonté de Jésus, qui avait prié pour que ces disciples soient un, comme lui et son Père sont un (Jean 17.20,21).

Ces deux problèmes, l’apostasie et la division religieuse, pourraient être résolus, nous semble-t‑il, par le même remède : un retour en arrière. Un retour radical aux Écritures, qui sont la base de la véritable foi chrétienne, permettrait de redécouvrir ce que le Seigneur avait voulu et ordonné pour son Église. Il permettrait ainsi de restaurer les pratiques et les enseignements qui ont été perdus dans l’accumulation continuelle de traditions et de commandements d’hommes.

Un retour en arrière est-il désirable ?

Il y a une tendance à penser que ce qui est nouveau est toujours meilleur. On parle de progrès, d’évolution, d’amélioration, de développement, etc. On pense que l’Église a besoin de changer avec le temps, de s’adapter aux différentes cultures et aux différentes mentalités au fil des années, de se rendre moderne. Ce qu’il faut se rappeler, c’est que l’Église a été conçue par Celui qui a créé tous les hommes. Non seulement il connaît parfaitement l’être humain et son caractère, mais il a toute l’intelligence et toute la sagesse nécessaires pour définir une voie qui convienne aux besoins de tous les hommes, quels que soient leurs pays ou leur époque. Ni le message de l’Évangile ni la nature de l’Église n’ont besoin d’être améliorés ou d’être adaptés par les hommes.

En lisant le Nouveau Testament, nous pouvons voir qu’il y avait dans la pensée de Dieu un modèle pour son Église, un modèle qu’il a révélé aux hommes inspirés, lesquels avaient le devoir de le suivre et de l’enseigner aux autres, sans y apporter leurs propres modifications. Quand Dieu ordonna à Moïse de faire construire le tabernacle, un lieu d’adoration pour les Israélites, Moïse devait suivre un modèle. Hébreux 8.5 nous rappelle cette nécessité. Il dit que Moïse fut averti par Dieu en ces termes : « Aie soin […] de faire tout d’après le modèle qui t’a été montré. » Dieu ne laissa pas aux Israélites la liberté de décider de quelle manière ils le serviraient. Dans le Nouveau Testament, pareillement, il est manifeste que le Seigneur lui-même a décidé ce que son Église doit faire et enseigner, ce à quoi elle doit ressembler. Jésus a parlé sévèrement de ceux qui délaissaient les choses que Dieu avait ordonnées et qui instituaient des pratiques à leur propre goût. Il dit : « C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes » (Marc 7.7).

Il ressort clairement des épîtres de Paul qu’il enseignait la même chose partout où il allait. Ce n’est pas que la culture était pareille dans tous les pays où il travaillait. Au contraire, les gens de Lystre et de Derbe étaient considérés comme étant ignorants, superstitieux et presque « sauvages » ; les Corinthiens étaient des gens mondains qui recherchaient avant tout le luxe et le plaisir sexuel ; ceux de Philippes étaient fiers de leur citoyenneté et de leur culture romaines, lesquelles les distinguaient des villes grecques des alentours ; la force des Éphésiens, c’était la magie ; la gloire des Athéniens, c’était la philosophie. Chaque pays et même chaque ville avait sa propre culture et sa propre mentalité, mais l’apôtre était convaincu que tous avaient besoin du même enseignement. Il recommandait les mêmes pratiques partout. Et pourquoi ? Parce qu’il était conscient qu’il y avait un modèle donné par le Seigneur et auquel il devait être fidèle. Considérez les expressions suivantes tirées de ses écrits : « C’est ainsi que j’ordonne dans toutes les Églises » (1 Corinthiens 7.17) ; « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné » (1 Corinthiens 11.23) ; « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées » (1 Corinthiens 14.33,34) ; « Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle de saines paroles que tu as reçues de moi. Garde le bon dépôt » (2 Timothée 1.13,14).

Compte tenu de ce langage, nous pouvons dire qu’un retour aux enseignements inspirés des apôtres est tout à fait souhaitable, voire nécessaire. Après tout, pousser en avant ne nous amène pas toujours là où il faut. Si l’on a pris un mauvais tournant et que l’on ne suit plus la bonne direction, on n’arrivera jamais où l’on veut aller, à moins qu’on ne reconnaisse et corrige son erreur. Voilà pourquoi le prophète Jérémie dit à ses compatriotes qui avaient abandonné la loi de Dieu :

« Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y et vous trouverez le repos de vos âmes ! » (Jérémie 6.16)

Peut-on retourner en arrière ? Parfois il n’y a pas d’autre choix, si l’on veut arriver à bon port.

Un retour en arrière est-il possible ?

Mais par quel moyen pouvons-nous retrouver la pureté et la simplicité du christianisme originel ? Est-ce vraiment possible de retourner en arrière, de reprendre des pratiques qui appartiennent à une autre époque, de retrouver ce qui a été délaissé par ceux qui nous ont précédés ? Plusieurs exemples bibliques nous montrent qu’il est tout à fait possible de le faire. Prenons-en deux.

Deux Chroniques 34 et 35 nous parle du roi Josias, qui a régné sur le royaume de Juda environ 600 ans avant Jésus. Le père et le grand-père de Josias, qui l’avaient précédé sur le trône à Jérusalem, avaient pratiqué toutes sortes d’idolâtrie criminelle. Pendant leur règne, la maison de l’Éternel était tombée dans un état déplorable. Arrivé au pouvoir, le jeune roi Josias fit tout ce qu’il put pour débarrasser le pays des idoles et pour ramener les hommes vers l’Éternel. Il donna aussi l’ordre de réparer le temple de Dieu à Jérusalem.

Au cours des travaux, un sacrificateur découvrit un livre : c’était la loi de l’Éternel, donnée par Moïse, la loi qui devait gouverner tous les Israélites en tant que peuple de Dieu. Ce sacrificateur remit le livre à un ministre du roi, qui l’apporta à Josias et lui en fit lecture.

« Lorsque le roi entendit les paroles de la loi, il déchira ses vêtements. Et le roi donna cet ordre à [ses serviteurs] : Allez, consultez l’Éternel pour moi et pour ce qui reste en Israël et en Juda, au sujet des paroles de ce livre qu’on a trouvé ; car grande est la colère de l’Éternel qui s’est répandue sur nous, parce que nos pères n’ont point observé la parole de l’Éternel et n’ont point mis en pratique tout ce qui est écrit dans ce livre. » (2 Chroniques 34.19-21)

Josias convoqua par la suite tous les habitants du pays pour une lecture publique du livre de la loi ; le roi et son peuple s’engagèrent alors à observer tout ce qui était écrit dans le livre de Dieu. Dans ce même mois, la nation d’Israël devait, selon la loi de Moïse, observer une fête importante, qui était la Pâque. Ne confondez pas celle-ci avec la fête de Pâques célébrée de nos jours. La Pâque juive commémorait la délivrance que Dieu accorda aux Israélites au temps de Moïse après 400 ans d’esclavage en Égypte. Sous la direction du roi Josias, le peuple obéit donc à toutes les ordonnances concernant la Pâque. Mais ces ordonnances avaient été négligées en Israël depuis plus longtemps que les règnes du père et du grand-père de Josias. Deux Chroniques 35.18 nous dit : « Aucune Pâque pareille à celle-là n’avait été célébrée en Israël depuis les jours de Samuel le prophète. » Cela veut dire que la volonté de Dieu à cet égard n’avait pas été respectée depuis environ quatre siècles. Mais grâce aux instructions dans le livre de la loi, Josias et son peuple purent restaurer l’observance de la Pâque.

Un autre exemple se trouve dans le livre de Néhémie, chapitre 8. Il s’agit de l’époque où les Juifs revinrent de leur captivité qui dura 70 ans à Babylone, et là encore il est question de l’une des trois grandes fêtes juives. Comme cela avait été ordonné, le peuple s’assembla à Jérusalem le premier jour du septième mois de l’année juive, et le scribe Esdras lut publiquement dans le livre de la loi. Comme au temps de Josias, il y eut un grand remords, car le peuple découvrit que la loi de Dieu n’avait pas été suivie. Mais ce remords fut suivi d’un empressement à mieux faire. Nous lisons à partir du verset 14 :

« Ils trouvèrent écrit dans la loi que l’Éternel avait prescrite par Moïse que les enfants d’Israël devaient habiter sous des tentes pendant la fête du septième mois, et proclamer cette publication dans toutes leurs villes et à Jérusalem : Allez chercher à la montagne des rameaux […] d’arbres touffus, pour faire des tentes, comme il est écrit. Alors le peuple alla chercher des rameaux, et ils se firent des tentes […] Toute l’assemblée de ceux qui étaient revenus de la captivité fit des tentes, et ils habitèrent sous ces tentes. Depuis le temps de Josué, fils de Nun, jusqu’à ce jour, les enfants d’Israël n’avaient rien fait de pareil. Et il y eut de très grandes réjouissances. » (Néhémie 8.14-17)

Cette fois-ci il s’agit d’un ordre de Dieu auquel le peuple n’avait pas obéi depuis environ mille ans ! Mais ce n’est pas parce que leurs ancêtres n’avaient pas obéi à la Parole de Dieu sur ce point depuis le temps de Josué que les Juifs du temps d’Esdras et Néhémie ne mirent pas en pratique ce qu’ils lurent. Ils constatèrent et regrettèrent l’apostasie de leurs pères en ce qui concerne la fête des Tabernacles, mais ils prirent par la suite la résolution d’obéir à la Parole là où ils ne l’avaient pas fait auparavant.

Le principe de restauration

Nous avons employé tout à l’heure le verbe « restaurer », et c’est un mot qui a toute son utilité lorsque nous traitons du problème de l’apostasie. Il évoque, en effet, toute l’approche que nous voulons recommander. On parle souvent de réforme. Il y a eu, par exemple, ce qu’on a l’habitude d’appeler « la Réforme protestante ». L’objectif des réformateurs était, au moins à l’origine, de réformer, d’améliorer ou de corriger les abus dans l’Église catholique. Sans vouloir condamner des hommes de grande foi et de bonne volonté, on peut constater qu’une des conséquences de leur travail a été la division. L’Église catholique n’ayant pas voulu accepter les réformes proposées, et les réformateurs n’étant pas toujours d’accord entre eux quant au degré de modification qui s’imposait, on a assisté à l’apparition d’une multitude d’Églises différentes, distinctes les unes des autres de par leurs noms, enseignements et chefs. Comme nous l’avons vu, certaines ne sont pas nées d’un désir de réformer l’Église catholique, mais de réformer une Église protestante qui semblait s’égarer de sa voie. Mais n’y a-t‑il pas un problème fondamental dans la notion de réforme ? Jésus dit en parabole : « Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste sera déracinée » (Matthieu 15.13). Si nous comprenons que des Églises dont la Bible ne parle pas ne sont pas des « plantes » que Dieu le Père a plantées, il est évident que ces Églises ne seront pas reconnues par lui. Elles ont des hommes comme fondateurs, et de plusieurs manières elles ne répondent pas à la description de l’Église dont parle le Nouveau Testament. Au lieu de vouloir réformer ou améliorer des institutions que Dieu n’a pas créées, ne vaut-il pas mieux restaurer ce qui était à l’origine ?

Une tentative de restauration

Dans un autre numéro de Chemin de Vérité (« Travaillons ensemble », Vol. 15, No. 5), nous avons parlé d’un organe religieux appelé le « Presbytère de Springfield » qui présidait à une communauté dynamique et croissante de plusieurs Églises locales dans l’état américain de Kentucky il y a plus de 200 ans. Malgré leur succès évident, les dirigeants de cette dénomination commencèrent à douter du bien-fondé de leur existence en tant qu’organisation. En effet, dans leur étude de la Bible, ils n’ont trouvé aucune justification pour soutenir l’existence d’une Église qui était manifestement distincte, non seulement des autres Églises modernes, mais surtout de celle qui est décrite dans la Bible. Ces hommes entreprirent donc une action courageuse et inédite : ils rédigèrent un document pour renoncer à leur propre autorité religieuse et dissoudre volontairement l’organisation qu’ils avaient créée. Ce document, parfois un peu humoristique, prit la forme du testament d’une personne sur le point de mourir et exprimant ses dernières volontés. Le titre du document est, en effet, « Testament et dernières volontés du Presbytère de Springfield », signé le 28 juin 1804.

En voici un extrait :

« Nous voulons que ce corps meure, qu’il soit dissous, et qu’il devienne un avec le corps de Christ […] car il n’y a qu’un seul corps, et un seul Esprit, comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance par notre vocation.

Nous voulons que notre nom de distinction, avec son titre révérend, soit oublié, et qu’il n’y ait qu’un seul Seigneur sur l’héritage de Dieu et que son nom soit unique.

Nous voulons que notre pouvoir de faire des lois pour gouverner l’Église soit aboli à jamais, que le peuple ait libre accès à la Bible et qu’il adopte la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ […]

Nous voulons que le peuple prenne désormais la Bible comme le seul guide sûr pour aller au ciel. »

Ces hommes n’avaient pas du tout l’idée de « réformer » leur Église ; ils avaient décidé que leur Église, n’ayant pas été établie par le Seigneur lui-même, n’avait pas lieu d’exister. Ils voulaient que les hommes soient désormais membres, non pas d’une dénomination, mais de l’Église du Christ. Ils voulaient voir une « restauration » de l’Église du premier siècle.

Conclusion

Ce qui compte ici, ce n’est pas tellement le terme réforme ou restauration ; c’est l’intention de se conformer en tout à ce que le Nouveau Testament nous révèle au sujet de l’Église. Il faut être conscient que nous n’avons ni besoin ni le droit de créer une Église distincte de celle que Jésus a bâtie. Et il faut avoir confiance que la Bible nous révèle tout ce dont nous avons besoin pour devenir membres de cette Église et pour organiser des assemblées locales de cette seule Église. Comme nous le lisons en 2 Pierre 1.3 : « Sa puissance divine nous a donné tout ce qu’il faut pour accéder à la vie véritable et pour marcher selon la volonté de Dieu » (Parole vivante).

Pour résoudre le problème de l’apostasie, il faut revenir en arrière. Il faut reconnaître que les hommes ont fait fausse route en abandonnant les pratiques et les doctrines des apôtres de Jésus, et que la seule solution, c’est de revenir à la source, c’est-à-dire au Nouveau Testament. C’est ainsi que nous connaîtrons réellement la faveur de Dieu.

B. B.
(Dans Vol. 20, No. 1)

Ceux qui se disent « apôtres »

Lors d’une visite en République Démocratique du Congo, je me suis trouvé un jour en compagnie d’un prêtre catholique qui causait avec moi des défis spirituels dans son pays. Il dit : « Ici au Congo, c’est grave. L’homme s’endort ; quand il se réveille, il est apôtre ! » Ce prêtre était troublé parce que le peuple acceptait facilement comme légitimes ces « apôtres » autoproclamés. Un simple rêve (ou la prétention d’avoir fait un rêve) suffit-il pour qualifier une personne comme apôtre de Jésus-Christ ?

Ce n’est pas exactement que ce prêtre refusait l’idée qu’il peut y avoir, dans un sens, des apôtres de nos jours. En effet, l’Église catholique présente ses évêques comme étant « les successeurs des apôtres ». Mais on ne devient pas évêque catholique parce qu’on croit avoir été appelé à cette fonction par le Seigneur lui-même. Il y a un processus établi par lequel la hiérarchie de l’Église désigne et élève des hommes à ce rang. D’autres communautés également, telles que les mormons et l’Église néo-apostolique, donnent le titre d’apôtre à certains dirigeants qui ont gravi les échelons. Mais dans certains milieux, il est souvent vrai que toute personne peut s’ordonner pasteur, ou apôtre, sans avoir besoin de la reconnaissance d’une autorité religieuse ou d’un diplôme.

Ce qui nous intéresse est de savoir ce que la Bible enseigne sur le rôle et les qualifications des apôtres. Est-il nécessaire ou même possible d’avoir des apôtres dans les Églises aujourd’hui ? Est-il permis de mettre en doute la prétention d’un homme qui se dit apôtre de Christ, que ce soit sur la base d’un rêve ou de la décision d’une Église ? Serait-on irréligieux de contester ou de douter ?

La fonction des apôtres

Jésus avait beaucoup de disciples, mais un jour il a fait un choix parmi eux. « En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand le jour parut, il appela ses disciples, et il en choisit douze, auxquels il donna le nom d’apôtres » (Luc 6.12,13). L’Évangile de Marc ajoute : « Il en établit douze, pour les avoir avec lui et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons » (Marc 3.14,15).

Le mot « apôtre » veut dire quelqu’un de choisi et envoyé avec une mission spéciale ; il est envoyé en tant que représentant autorisé de celui qui envoie. La Bible elle-même emploie ce mot dans deux sens. Parfois c’est dans le sens large et non officiel pour parler de quelqu’un qui est envoyé par une assemblée pour prêcher, comme ceux que nous appelons souvent « missionnaires ». Mais généralement la Bible emploie le mot apôtre dans le sens de quelqu’un qui a été choisi par le Seigneur Jésus lui-même et doté par lui de certains pouvoirs et d’une autorité pour parler à son nom. C’est ainsi que nous voyons que Jésus a donné à ces hommes la mission de prêcher et le pouvoir de chasser des démons et guérir les malades.

Mais le mot-clé en ce qui concerne le travail d’un apôtre de Christ est le mot « témoin ». Les apôtres étaient témoins du ministère, de la mort et de la résurrection de Jésus, et leur témoignage est la base de la foi chrétienne. Considérez combien de fois ce mot est employé en rapport avec les apôtres.

En Jean 15.26,27 Jésus leur dit avant sa mort :

« Quand sera venu le consolateur, que je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité, qui vient du Père, il rendra témoignage de moi ; et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi dès le commencement. »

En Luc 24.46,48, le jour de sa résurrection, Jésus leur dit : « Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour […] Vous êtes témoins de ces choses. »

En Actes 1.8, avant de remonter au ciel, il leur dit encore :

« Mais vous recevrez une puissance lorsque le Saint-Esprit viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. »

Les apôtres eux-mêmes ont compris que ce témoignage était au cœur du rôle qu’ils devaient jouer. Ayant constaté la trahison et le suicide de Judas Iscariot, ils ont dit :

« Il faut donc que d’entre les hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui nous soit associé comme témoin de sa résurrection. » (Actes 1.21,22)

Comme Pierre l’a expliqué des années plus tard dans la maison de Corneille : « Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et il a permis qu’il apparaisse, non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d’avance par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il fut ressuscité des morts » (Actes 10.40,41).

Les qualifications nécessaires

Les passages que nous venons de lire indiquent clairement les deux qualifications qu’un homme devait avoir pour être apôtre. Premièrement il fallait être témoin de la résurrection de Jésus. Voilà pourquoi l’apôtre Paul, lorsque les fausses accusations le poussaient à défendre son apostolat, soulignait qu’il était, lui aussi, témoin de la résurrection de Jésus. En 1 Corinthiens 9.1, il dit : « Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? » Les deux idées vont forcément ensemble. En 1 Corinthiens 15.7-9 Paul dit : « [Jésus] est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Après eux tous, il m’est aussi apparu à moi, comme à l’avorton ; car je suis le moindre des apôtres. »

Non seulement il fallait être témoin de la résurrection de Jésus pour être apôtre, mais il était aussi nécessaire d’être « choisi » par le Seigneur lui-même. Même quand les onze ont cherché à remplacer Judas, ils ne prétendaient pas choisir par eux-mêmes. Ils ont sélectionné des témoins de la vie et de la résurrection du Seigneur, Justus et Barsabbas ; puis « ils firent cette prière : Seigneur, toi qui connais les cœurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi, afin qu’il ait part à ce ministère et à cet apostolat » (Actes 1.24,25).

Ceux que le Seigneur avait choisis comme témoins voyaient leur légitimité confirmée par les pouvoirs miraculeux qui sont décrits dans le Nouveau Testament. À ce propos l’apôtre Paul écrit en 2 Corinthiens 12.11,12 :

« Je n’ai été inférieur en rien aux apôtres par excellence, quoique je ne sois rien. Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges, et des miracles. »

L’impossibilité de succession

Quand nous comprenons l’importance capitale de l’aspect « témoin » du travail des apôtres, nous voyons facilement que ceux-ci ne pouvaient avoir de successeurs – et qu’ils n’en auraient d’ailleurs pas besoin. Une organisation ne peut pas nommer un témoin si la personne n’a pas vu ce dont elle doit témoigner. Un témoin ne peut pas avoir de successeur. Si j’ai vu deux voitures se heurter, je suis témoin de l’accident. Mais je ne peux pas, avant de mourir, nommer mon fils comme successeur, comme témoin de l’accident à ma place, s’il n’a pas été présent, lui, et n’a pas vu personnellement ce qui s’est passé.

Judas Iscariot, en trahissant le Seigneur et en se donnant la mort par la suite, a renoncé à sa place, et de plus il n’a pas vu le Christ ressuscité. Pierre dit en Actes 1.25 que Judas avait « abandonné » l’apostolat « pour aller en son lieu », et que, selon les Écritures, un autre devait prendre sa charge (Actes 1.20). Lorsque, quelques années plus tard, l’apôtre Jacques fut mis à mort (Actes 12.1,2), on n’a pas cherché de remplaçant ou de successeur. Malgré sa mort, Jacques conservait encore sa place. En réalité, par sa mort comme martyr, en acceptant de mourir plutôt que de renoncer à l’Évangile, il a scellé et embelli son témoignage de la résurrection ; il l’a aussi rendu encore plus convaincant.

Il continue ainsi de remplir sa fonction en tant que témoin. Les autres apôtres, eux aussi, sont restés fidèles à leur témoignage jusqu’à la mort. L’Église aujourd’hui a donc les mêmes apôtres qu’au premier siècle, à savoir les 12 plus Paul. (En se référant à lui-même comme « l’avorton » parmi les apôtres, Paul a ainsi signalé qu’il n’y aurait pas d’autres apôtres après lui. Quand une chienne met bas, le dernier chiot de la portée est parfois plus petit que les autres, il est faible et chétif : on l’appelle l’avorton. L’avorton est le dernier des chiots, et Paul était le dernier des apôtres.)

Il est certainement vrai que les apôtres chargeaient les évêques de paître les assemblées où ils se trouvaient, comme Paul le fit pour ceux d’Éphèse en Actes 20.28-30 et ceux de Galatie en Actes 14.21-23 avant de se séparer d’eux, mais les apôtres n’ont jamais appelé les évêques leurs successeurs ou leurs remplaçants.

Des révélateurs de la volonté du Seigneur

Intimement lié avec le rôle qu’ils jouaient en tant que témoins du ministère, de la mort et de la résurrection de Jésus venait s’ajouter le rôle des apôtres en tant que révélateurs de la volonté du Seigneur, comme porte-parole qui transmettaient à l’Église les enseignements et les commandements de son chef. Après l’établissement de l’Église, nous voyons que les premiers chrétiens « persévéraient dans la doctrine des apôtres » (Actes 2.42). Aujourd’hui donc nous enseignons ce qui a été révélé auparavant, ce qui est conservé dans les pages de la Bible ; les apôtres recevaient directement du Seigneur, c’est-à-dire par inspiration divine, les messages qu’ils transmettaient. C’est ce que Jésus leur avait promis en Jean 14.26 et 16.13 : « L’Esprit-Saint […] vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit […] Il vous conduira dans toute la vérité […] Il vous annoncera les choses à venir. » L’apôtre Jean parle donc de tous les apôtres, quand il dit : « Nous, nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas : c’est par là que nous connaissons l’esprit de la vérité et l’esprit de l’erreur » (1 Jean 4.6).

Le fondement des apôtres et des prophètes

Les apôtres avaient la possibilité, en imposant les mains à certaines personnes dans l’Église, de leur transmettre des dons ou pouvoirs miraculeux. Parmi ces dons était celui de la prophétie. Bibliquement, le mot « prophétie » ne se réfère pas particulièrement au fait de prédire l’avenir, mais plutôt au fait de transmettre des messages reçus directement de la part de Dieu, de parler par inspiration. Ceux qui avaient reçu ce don étaient appelés « prophètes ». Dieu révélait aux prophètes ses enseignements, ses exhortations et d’autres messages destinés aux assemblées ainsi qu’à certains individus. Le rôle de prophète est cité juste après celui d’apôtre dans une liste de fonctions dans l’Église en Éphésiens 4.11. En effet, les rôles d’apôtre et de prophète étaient étroitement liés. Ils sont souvent mentionnés ensemble. En Éphésiens 2.20 Paul dit : « Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. » Dans le chapitre suivant, il dit que le mystère de Christ « n’a pas été manifesté aux fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l’Esprit aux saints apôtres et prophètes de Christ » (Éphésiens 3.5).

Un fondement (témoignage et révélation de la vérité) posé au début

Il est significatif que Paul se réfère au « fondement des apôtres et prophètes ». Le témoignage des apôtres concernant Jésus-Christ et les enseignements inspirés qu’ils nous ont transmis avec les prophètes, lesquels ont été conservés pour nous dans le Nouveau Testament, constituent bien un fondement sur lequel le christianisme est construit. La foi chrétienne tient debout depuis deux mille ans parce que son fondement est solide. Mais nous savons tous qu’un fondement est posé au début de la construction d’un immeuble. Quand il est bien fait, on ne revient pas dessus pour le modifier ou le rendre plus solide. La pose du fondement est achevée, mais la construction se poursuit. De même, l’Église continue à grandir au fil du temps, au fur et à mesure que des gens se convertissent et y sont ajoutés, telles des « pierres vivantes » selon 1 Pierre 2.5 et Éphésiens 2.20-22, mais le fondement demeure le même.

Cette réalité s’accorde bien avec deux choses que nous constatons dans les Écritures : la déclaration selon laquelle les prophéties prendraient fin, et l’absence de successeurs pour les apôtres.

En effet, Paul dit en 1 Corinthiens 13.8-10 :

« Les prophéties prendront fin […] Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra. »

Quand la Bible serait achevée et que la révélation complète serait donnée, les prophéties, n’étant que des révélations partielles de la volonté de Dieu, ne seraient plus nécessaires. La révélation de toute la vérité ayant été accomplie du vivant des apôtres, ceux-ci, ne s’attendant pas à avoir de successeurs, ne laissèrent aucune instruction en ce sens afin que l’Église choisisse des hommes pour les remplacer. L’apôtre Pierre expliquait en 2 Pierre 1.12-15 que Dieu lui avait fait savoir qu’il mourrait subitement. Il écrivit donc à l’Église, en disant : « J’aurai soin qu’après mon départ vous puissiez toujours vous souvenir de ces choses » (2 Pierre 1.15).

« De faux apôtres »

Revenons à la question que nous avons posée plus haut : Est-il permis de mettre en doute la prétention d’un homme qui se dit apôtre de Jésus-Christ, que ce soit sur la base d’un rêve ou d’une décision des hommes qui dirigent l’Église ?

En réalité, il se trouve que la Bible répond explicitement à cette question. Le Christ lui-même félicite l’Église d’Éphèse en ces termes :

« Je connais tes œuvres, ton travail et ta persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants ; que tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les as trouvés menteurs. » (Apocalypse 2.2)

L’assemblée d’Éphèse avait tout à fait raison d’éprouver ceux qui se disaient apôtres. Étaient-ils témoins oculaires de la résurrection de Jésus ? Avaient-ils été choisis par de simples hommes ou par le Seigneur lui-même ? Étaient-ils capables d’opérer les signes miraculeux d’un apôtre (2 Corinthiens 12.11,12) ? La doctrine qu’ils apportaient, était-elle en harmonie avec celle des apôtres reconnus (Galates 1.8,9; 2 Jean 9-11; 1 Jean 4.6) ?

Il est important de comprendre que les faux apôtres ont souvent l’air saints et pieux. Il faut s’y attendre et ne pas se laisser tromper. La Bible nous avertit clairement :

« Ces hommes-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, déguisés en apôtres de Christ. Et cela n’est pas étonnant, puisque Satan lui-même se déguise en ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres aussi se déguisent en ministres de justice. Leur fin sera selon leurs œuvres. » (2 Corinthiens 11.13-15)

Il est possible que certains hommes croient sincèrement que leur Église a le droit de leur donner le titre d’apôtre. Il est possible que certains hommes se soient persuadés que Dieu les a appelés au ministère d’apôtre à travers un rêve ou une prétendue prophétie. C’est Dieu, et non pas nous, qui juge les cœurs. Mais cela n’empêche que ces hommes soient dans l’erreur, et que la faute soit très grave.

Au temps du prophète Jérémie, Dieu annonçait (par de vrais prophètes comme Jérémie, Ézéchiel et Habacuc) le châtiment qui venait sur le peuple d’Israël à cause de ses péchés, mais de faux prophètes parmi le peuple donnaient l’assurance qu’il n’en serait pas ainsi. C’était tragique pour le peuple et pour les faux prophètes.

« Et l’Éternel me dit : C’est le mensonge que prophétisent en mon nom les prophètes ; je ne les ai point envoyés, je ne leur ai point donné d’ordre, je ne leur ai point parlé ; ce sont des visions mensongères, de vaines prédictions, des tromperies de leur cœur, qu’ils vous prophétisent. C’est pourquoi ainsi parle l’Éternel sur les prophètes qui prophétisent en mon nom, sans que je les aie envoyés, et qui disent : Il n’y aura dans ce pays ni épée ni famine : Ces prophètes périront par l’épée et par la famine. Et ceux à qui ils prophétisent seront étendus dans les rues de Jérusalem, par la famine et par l’épée. » (Jérémie 14.14,15)

Dire au nom de Dieu ce qu’il n’a pas dit n’est pas sans conséquence ! C’est dangereux pour celui qui ose parler ainsi, et dangereux pour ceux qui y croient. Réclamer le titre et le rôle d’apôtre alors qu’on n’y a pas droit ressemble au crime commis lors de la révolte de Koré (Nombres 16, 17). Des hommes osèrent « s’attribuer la dignité » d’être sacrificateurs sans être appelés par Dieu (Hébreux 5.4), une faute qu’ils payèrent de leurs vies, eux et les gens qui les avaient suivis. Ne sous-estimons pas la gravité du péché de s’autoproclamer apôtre de Jésus-Christ.

B. B.
(Dans Vol. 18, No. 5)

Les « dénominations » – Qu’y a-t-il de mal en cela ?

Dans le monde de nos jours il existe une multitude de confessions religieuses qui se réclament de Jésus-Christ. Elles se distinguent les unes des autres sur plusieurs plans : elles ont des organisations distinctes, elles ont parfois différentes façons d’adorer Dieu, il y a des différences au niveau doctrinal, et elles se distinguent généralement les unes des autres par des noms. C’est ainsi que nous appelons parfois ces confessions des « dénominations ». Le mot évoque un groupe qui se distingue des autres par un nom.

Plus inquiétant que le fait de se distinguer les unes des autres, ces dénominations, par leurs messages concernant le salut ou les conditions du salut, par leurs formes de gouvernement, par leur culte, ou par des doctrines non-bibliques, se distinguent de l’Église dont nous lisons dans la Bible, celle que Jésus a promis de bâtir (Matt. 16.18). (Notons qu’il est bien possible qu’un groupe religieux porte un nom biblique, comme Église de Christ ou Église de Dieu, mais qu’il soit quand même une dénomination à cause d’autres éloignements de la doctrine du Nouveau Testament. Malgré le nom qu’elle se donne, elle ne serait pas l’Église du Seigneur.)

Parler de « l’Église du Christ et des autres dénominations » révèle une fausse conception. Si une assemblée se conforme strictement au modèle de l’Église dans la Bible, elle n’est pas une dénomination, mais une assemblée locale de l’Église que Jésus a bâtie. Elle n’est ni catholique ni protestante, ni évangélique, mais tout simplement chrétienne.

Alors, quelle doit être notre attitude à l’égard des dénominations ? Supposons que je cherche à être un chrétien sans étiquette, un simple chrétien comme l’étaient les apôtres et tous les membres de l’Église au premier siècle. J’ai obéi à l’évangile tel qu’il est présenté dans la Bible, et je sais que le Christ m’a ajouté à son Église. Est-il maintenant question de choisir une dénomination ? Puis-je participer au culte de n’importe quelle confession religieuse ou même devenir membre d’une Église quelconque, surtout si elle insiste beaucoup sur la Bible ? Les gens choisissent des Églises pour beaucoup de raisons : la proximité (ou la beauté) du lieu de culte, la présence des amis ou des parents, les programmes intéressants pour les enfants, le goût personnel, etc. Après tout, dit-on, nous adorons tous le même Dieu. Mais est-ce que tous les cultes sont égaux aux yeux de Dieu, qui ne s’intéresserait qu’au cœur des adorateurs ? Est-ce que pour Dieu le choix d’une confession religieuse n’a pas d’importance, pourvu qu’on y soit fidèle, actif et sincère ?

En fait, l’existence d’une multitude de confessions qui se disent toutes « chrétiennes » présente des dangers réels. Si l’on ne fait pas attention, on risque d’adorer Dieu inutilement, se laisser égarer loin de la vérité et se rendre coupable de cautionner des faux docteurs.

Le problème de l’adoration non-biblique

Qu’on le veuille ou pas, la Bible enseigne clairement que ce ne sont pas tous les cultes qui sont acceptables à Dieu. Nous devons montrer « notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable » (Héb. 12.28). C’est Dieu, et non pas les hommes, qui doit apprécier le culte. Déjà dans le livre de Genèse, nous voyons par l’histoire de Caïn et Abel que ces deux frères ont offert un culte à Dieu, mais l’Éternel « ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande » (Gen. 4.5). Les paroles de Christ confirment que Dieu ne veut pas de certains cultes qu’on pourrait lui vouer : « Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4.23,24). Adorer Dieu en esprit, c’est l’adorer en sincérité, du cœur, dans l’homme intérieur ; adorer Dieu en vérité, c’est l’adorer conformément à sa parole, car sa parole est la vérité (Jean 17.17). Adorer Dieu en suivant les commandements des hommes, c’est l’adorer en vain (Matt. 15.9) ; c’est donc une perte de temps.

La plupart des dénominations s’éloignent de l’enseignement du Nouveau Testament, d’une manière ou d’une autre, en ce qui concerne l’adoration en assemblée. Certaines négligent de célébrer le repas du Seigneur (la fraction du pain), alors que les premiers chrétiens l’observaient chaque dimanche (Actes 2.42; 20.7; 1 Cor. 11.23-26; etc.) ; d’autres déforment ce repas sacré en utilisant du pain contenant du levain (Luc 22.1, 14-20; 1 Cor. 5.6-8), ou bien en refusant la coupe aux « simples fidèles » (Matt. 26.27). Certaines dénominations font la prière dans le désordre, en invitant toute l’assistance à parler à haute voix en même temps, contrairement aux instructions apostoliques (1 Cor. 14.16,17,26-33,40) ; d’autres adressent des prières et des chants à Marie, aux anges ou aux « saints » plutôt qu’à Dieu seul (Actes 10.25,26; Col. 3.17; Apoc. 19.10; 22.8,9). La plupart des dénominations se permettent d’ajouter au culte chrétien des éléments du culte de l’ancienne alliance. Bien qu’elles n’optent pas pour les sacrifices d’animaux et l’encens, elles incorporent à leur adoration l’emploi des instruments de musique, le battement des mains, ou même la danse. Malgré l’interdiction formelle de donner la parole aux femmes quand toute l’Église est réunie pour le culte (1 Cor. 14.33-37; 1 Tim. 2.11-15), on trouve des femmes qui conduisent les assemblées en prière ou dans la lecture biblique, ou qui montent à la chaire pour prêcher.

Certaines personnes ont du mal à reconnaître qu’il est possible de pécher par le fait d’offrir à Dieu un culte qui n’est pas conforme à ses commandements. Elles ont besoin de réfléchir à l’exemple de Nadab et Abihu en Lévitique 10.1-3. Dieu les a punis de mort pour n’avoir pas suivi sa parole en ce qui concerne un acte d’adoration. « Ces choses leur sont arrivées pour servir d’exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles. Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! » (1 Cor. 10.11,12).

Nous ne pouvons pas, en principe, adorer Dieu en bonne conscience quand nous sommes conscients de faire ce qu’il n’a pas autorisé, ce qu’il a peut-être même défendu. Nous savons que l’obéissance à Dieu signifie que l’on n’ajoute pas à ce qu’il autorise et qu’on ne néglige pas ce qu’il ordonne. « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris » (Deut. 4.2). Nous pouvons avec un esprit tranquille suivre ce que la Bible enseigne. Si, par contre, nous dévions de ce chemin sûr, nous n’avons aucune assurance de la faveur de Dieu. Les Écritures sont la seule source légitime de notre foi (Rom. 10.17). « Tout acte qui n’est pas fondé sur la foi est péché » (Rom. 14.23, FC). Des actes d’adoration qui ne sont pas autorisés par la Bible ne peuvent pas être « fondés sur la foi » ; ils sont plutôt fondés sur des désirs personnels ou des raisonnements humains.

Ce qu’on fait au départ malgré soi, on finit le plus souvent par l’accepter même sans soutien biblique. J’ai une fois entendu un chrétien qui encourageait ses frères à accepter les instruments de musique dans le culte. Il leur a dit : « Moi aussi, j’étais gêné au départ quand je me suis mis à participer à des cultes avec des instruments. Mais après, je m’y suis habitué, et ça ne me gêne plus. » Un tel argument devrait nous faire peur au lieu de nous convaincre. Cet homme n’avait pas été persuadé par un argument biblique. Il avait plutôt violé sa conscience tant de fois qu’elle ne l’accusait plus sur ce point. Il ressemblait, sûrement sans le savoir, aux faux docteurs « dont la conscience est morte, comme si on l’avait brûlée au fer rouge » (1 Timothée 4.2, FC).

L’influence des faux enseignements

S’il existe de nombreuses divisions parmi ceux qui croient en Jésus, cela est dû en grande partie aux faux enseignements. Non seulement ceux-ci créent la division, ils mettent en péril les âmes des personnes qui acceptent ces erreurs. En effet, si nous voulons être sauvés, nous devons rester dans la bonne doctrine (doctrine signifie enseignement.) « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ, n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils » (2 Jean 9). « Veille sur toi-même et sur ton enseignement ; persévère dans ces choses, car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent » (1 Tim. 4.16).

Il y a une tendance à minimiser la gravité des erreurs doctrinales. Certes, nous devons aborder ceux qui sont dans l’erreur doctrinale avec amour et humilité, comme nous le ferions quand nous cherchons à aider des personnes qui se trouvent dans toute autre sorte de péché. « Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté » (Gal. 6.1). Mais l’amour et la tolérance ne doivent pas nous amener à traiter à la légère le problème des faux enseignements. Parfois nous nous permettons de déclarer que telle ou telle erreur ne peut pas mettre en danger le salut de quelqu’un. Si nous traitons d’un sujet sur lequel Dieu lui-même a parlé dans sa parole, nous devons faire très attention de ne pas le déclarer de faible importance. Ne soyons pas prétentieux. Même si Jésus a dit qu’il y a des choses « plus importantes » comme « la justice, la miséricorde et la fidélité », il dit bien qu’il ne faut pas « négliger les autres choses » (Matt. 23.23). Il dit au diable que l’homme « vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matt. 4.4), et Paul précise que « toute Écriture inspirée de Dieu est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre » (2 Tim. 3.16,17).

Considérez quelques erreurs que les apôtres ont eu à condamner ou à combattre au premier siècle :

  • Certains croyants enseignaient des erreurs concernant la résurrection d’entre les morts (1 Cor. 15.12; 2 Tim. 2.18).
  • D’autres faisaient de la grâce une justification pour le péché (Jude 3,4; 2 Pierre 2.1,2,18,19).
  • D’autres disaient de s’abstenir du mariage ou imposaient des lois sur le régime alimentaire du chrétien (1 Tim. 4.1-5).
  • D’autres enseignaient que les chrétiens vivent encore sous la loi de Moïse (Col. 2.8-10,16-18; Gal. 1:6-8; 5.1-4).
  • D’autres encourageaient les chrétiens à se permettre de manger des viandes sacrifiées aux idoles (Apoc. 2.14-16).
  • D’autres encore répandaient des erreurs concernant le retour de Jésus-Christ (2 Thess. 2:1,2; 2 Pierre 3.10,17).
  • D’autres niaient que Jésus était venu en chair (2 Jn. 7).
  • D’autres déformaient le repas du Seigneur (1 Cor. 11.17-34).

Cette liste n’est pas exhaustive, et les hommes y ont ajouté beaucoup d’autres fausses doctrines depuis le temps des apôtres. Ce qu’il faut remarquer à l’égard de toutes ces erreurs, c’est que la Bible dit qu’elles sont bien capables de faire perdre ceux qui y croient. Les apôtres n’hésitaient pas à qualifier de « faux docteurs » ceux qui les répandaient. La fausse doctrine n’est pas un problème à minimiser. Les anciens de l’Église ont un devoir de réfuter les faux docteurs et les empêcher ainsi d’égarer les brebis (Tite 1.9-11; Actes 20.28-31). Jésus a condamné les Églises de Pergame et de Thyatire pour avoir permis à de faux enseignants d’enseigner et de séduire ses serviteurs (Apoc. 2.14-16,20).

Des gens enseignent de fausses doctrines pour différentes raisons : certains sont motivés par des intérêts matériels, par l’amour de l’argent (2 Pierre 2.3) ; d’autres sont simplement ignorants de la vérité ou ils ont eux-mêmes été égarés (Gal. 3.1; 5.7-9; 2 Tim. 2.25,26). Il n’est pas forcément utile ou nécessaire de dénoncer publiquement quelqu’un comme faux docteur. Parfois il y a lieu de faire comme Aquilas et Priscille ont discrètement fait à l’égard d’Apollos : ils « le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la voie de Dieu » (Actes 18.26).

Mais qu’une personne enseigne la fausse doctrine sciemment ou pas, de bonne ou de mauvaise foi, nous voulons insister plus sur le besoin de tout chrétien de se protéger de son influence. « Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde… Prenez garde à vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine récompense » (2 Jean 7,8). « Quant à vous, mes chers amis, vous êtes maintenant avertis. Prenez donc garde, ne vous laissez pas égarer par les erreurs de gens sans scrupules et n’allez pas perdre la position solide qui est la vôtre » (2 Pierre 3.17, FC). Si l’on s’expose régulièrement à de faux enseignements en fréquentant une dénomination, on peut facilement finir par accepter ce qu’il ne faut pas. Après tout, « la foi vient de ce qu’on entend » (Rom. 10.17), y compris la foi aux faussetés. À force d’écouter ce qui est contraire à l’enseignement du Nouveau Testament, à force de ne pas entendre certaines vérités, il arrive aux gens de croire à ce qu’ils reconnaissaient comme étant faux et d’oublier des vérités qu’ils avaient comprises.

Le péché de soutenir l’erreur

Non seulement le fait de fréquenter une dénomination ou de s’y associer de certaines manières expose le chrétien fidèle au danger d’être induit en erreur, mais il peut se rendre coupable de contribuer à l’égarement d’autres personnes. L’apôtre Jean a écrit des paroles très fortes à ce sujet : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres » (2 Jean 9-11). L’apôtre Paul, pour sa part, souligne le même principe : « Ne participe pas au péché d’autrui » (1 Tim. 5.22). « Heureux celui qui ne se condamne pas dans ce qu’il approuve » (Rom. 14.22). Si je reconnais qu’une doctrine est fausse et dangereuse, qu’une organisation n’est pas autorisée dans les Écritures, qu’une pratique dans l’adoration n’est pas biblique, ne suis-je pas capable de reconnaître aussi que ma présence régulière, mes dons financiers ou mon silence à l’égard de l’erreur pourraient constituer une « participation », une « approbation » ou un encouragement ?

Notre Seigneur nous enseigne l’amour pour nos ennemis : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Matt. 5.44). À plus forte raison aurons-nous de l’amour pour ceux qui partagent avec nous la foi en Dieu et en Jésus-Christ comme son Fils unique, l’amour pour la Bible, la moralité chrétienne, et qui font de bonnes œuvres qui glorifient le Seigneur. Cela est particulièrement vrai en des milieux où la majorité montre du mépris pour Jésus et sa parole. En même temps, nous devons reconnaître la triste réalité que la fausse doctrine et les innovations humaines qui éloignent les hommes de l’enseignement du Nouveau Testament constituent une barrière à la communion fraternelle dont nous voudrions jouir avec tous ceux qui invoquent le nom de Jésus. Quand les autres ne suivent pas l’enseignement que Jésus Christ et ses apôtres inspirés nous ont laissé, nous ne pouvons pas faire comme s’il n’y avait pas de problème. L’apôtre Paul dit : « Je vous le demande, frères, prenez garde à ceux qui suscitent des divisions et égarent les croyants en s’opposant à l’enseignement que vous avez reçu. Éloignez-vous d’eux, car les gens de cette espèce ne servent pas le Christ notre Seigneur » (Rom. 16.17,18 FC). Même si certains d’entre eux se persuadent qu’ils servent Christ, ils ne font pas la volonté du Père (Matt. 7.21-23). Nous les aimons, mais nous devons éviter de les encourager dans le mal, nous méfier de l’influence de leurs enseignements et nous garder d’adorer Dieu en vain en suivant des commandements d’hommes (Matt. 15.9).

B. B.
(Dans Vol. 15, No. 4)

Ne jugez point ?

L’un de ces passages bibliques qui sont les mieux connus et le moins compris (ou peut-être le plus souvent tordus) se trouve en Matthieu 7.1, où Jésus dit : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés » (Matt. 7.1). Yann Opsitch, dans le petit livre Paroles du Christ sur la montagne (Éditions CEB), dit qu’en lisant ce verset tout seul on risque de « conclure que nous pourrions, simplement, éviter le jugement divin en ne jugeant point nous-mêmes. Notre salut dépendrait de notre capacité de ne pas juger ! … Mais il ne faut pas faire un dogme de ce qui est, en fait, une parole de sage. » Le frère Opsitch suggère que le sens de ces paroles de Jésus est : « La miséricorde dont Dieu fait preuve envers ses enfants doit, en retour, se manifester en eux. Pourquoi seraient-ils jugés avec miséricorde si eux-mêmes n’ont pas été miséricordieux ? »

La Bible enseigne clairement qu’il y a des sortes de jugements qui ne sont pas interdites, et des situations ou nous avons même un devoir de « juger ». Par exemple, dans le même chapitre où Jésus dit de ne pas juger pour ne pas être jugé, il dit : « Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont les loups ravisseurs… C’est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Matt. 7.15,20). Une idée similaire est enseignée par l’apôtre Jean : « Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4.1). Il faut exercer une sorte de jugement, n’est-ce pas, afin d’identifier les faux prophètes et ne pas se laisser tromper (Col. 2.4,8,18-23).

Il ne faut pas prendre la parole de Jésus en Matthieu 7.1 pour une interdiction à quiconque d’exercer le rôle de magistrat. Les magistrats doivent certainement faire leur travail avec intégrité, sans se laisser corrompre par l’argent ou influencer par le racisme ou le favoritisme. Mais ils ne sont pas condamnés par Dieu pour avoir « jugé » ceux qui sont au banc des accusés. Si le magistrat condamne, conformément à la loi du pays, les coupables parmi les accusés, il n’a pas péché. « Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal » (Rom. 13.4).

Une autre sorte de jugement qui est nécessaire concerne la correction spirituelle qu’exerce l’Église quand un membre qui vit dans le péché n’accepte pas de se repentir. L’apôtre Paul écrit à l’assemblée de Corinthe

« … de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme. Qu’ai-je, en effet, à juger ceux du dehors ? N’est-ce pas ceux du dedans que vous avez à juger ? Pour ceux du dehors, Dieu les juge. Ôtez le méchant du milieu de vous. » (1 Cor. 5.11-13)

L’Église est appelée parfois à « juger » un chrétien qui ne cherche pas à vivre selon les commandements de Dieu parce qu’elle veut éviter que d’autres membres se mettent à pratiquer les mêmes choses, parce qu’elle cherche à préserver la réputation de l’Église (qui porte le nom de son Sauveur), et parce qu’elle espère amener le fautif à la repentance. (Pour plus d’explications, voir « La correction spirituelle ».)

Alors, qu’est-ce que Jésus voulait dire par « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés » ? Les versets suivants montrent qu’il visait ceux qui jugent sans miséricorde, sans humilité, et sans vouloir le bien de celui qui est tombé dans le péché. L’apôtre Paul dit en Galates 6.1 : « Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté. » Celui qui « juge » avec une telle attitude n’est pas en danger de violer l’enseignement de Jésus en Matthieu 7.

B. B.
(Dans Vol. 14, No. 4)

L’apostasie

Parmi les premières épîtres du Nouveau Testament à être écrites sont les deux épîtres de Paul aux Thessaloniciens. Un problème dans l’Église de la ville de Thessalonique dont il est question dans ces épîtres est que de fausses doctrines se répandaient au sujet du retour de Jésus-Christ. Dans la première épître Paul rassure les disciples que leurs frères chrétiens qui étaient déjà décédés seraient ressuscités à la venue de Jésus et enlevés avec les sauvés pour être à jamais avec le Seigneur au ciel (1 Thessaloniciens 4.13-18). Dans sa deuxième lettre, Paul dément la fausse idée que le jour du Seigneur était déjà venu sans que beaucoup d’hommes le sachent. En 2 Thessaloniciens 2, un chapitre qui contient quelques points difficiles à interpréter avec certitude, Paul dit à ces chrétiens du milieu du premier siècle que ce jour n’arriverait pas avant que ne se produise un événement appelé « l’apostasie » (1 Th. 2.1-3).

Qu’est-ce que l’apostasie ?

Très simplement, le mot « apostasie » signifie l’abandon d’une religion. Bibliquement, il s’agit, bien sûr, de se détourner de la vraie religion, celle qui est révélée dans les Écritures. Un individu peut « apostasier » en faisant retour à une vie mondaine et pécheresse. Un individu, ou même une Église, peut apostasier également en se détournant de la vraie doctrine pour enseigner des faussetés et suivre des pratiques qui sont contraires à l’enseignement de la Bible. Il semble que l’apostasie dont Paul parle aux Thessaloniciens devait être à grande échelle.

L’apostasie prédite

Plusieurs autres passages parlent d’une apostasie, sans employer le mot. En Actes 20.29,30 Paul avertit ainsi les anciens de l’Église d’Éphèse : « Je sais qu’il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau, et qu’il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux. » L’apôtre Pierre, également, prédit l’activité de faux docteurs parmi les chrétiens et la création de sectes pernicieuses (dangereuses ou nuisibles) : « Il y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront sur eux une ruine soudaine. Plusieurs les suivront dans leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses » (2 Pierre 2.1-3).

En 1 Timothée 4.1-3 nous avons encore cette prophétie : « Mais l’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par l’hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience, prescrivant de ne pas se marier et de s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour qu’ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. »

Les derniers temps ?

L’expression « dans les derniers temps » qui paraît en 1 Timothée 4 et d’autres passages mène beaucoup de personnes à conclure que l’Esprit parle de quelque chose qui ne devait pas concerner le christianisme pendant la plupart de son histoire, mais seulement pour les dernières quelques années avant la fin du monde. En voyant la multiplicité de dénominations modernes, elles s’exclament : « Jésus va sûrement revenir très bientôt, puisque la Bible a dit qu’il y aurait beaucoup d’Églises à la fin du monde. »

Je ne soutiens pas ici que Jésus NE revient PAS bientôt – Dieu seul sait combien de temps reste jusqu’à la fin de toutes choses. Mais l’avertissement contre l’apostasie et les sectes ne concerne pas uniquement la période juste avant l’avènement du Seigneur pour le jugement. On ne peut pas supposer que toute Église sur la scène religieuse depuis un certain nombre d’années est admissible, et que c’est uniquement de celles qui sont créées de nos jours qu’il faut se méfier.

En effet, l’expression « les derniers jours » (ou « les derniers temps ») est employée dans la Bible pour parler de toute l’ère chrétienne. Par exemple, le jour de la Pentecôte l’apôtre Pierre voulait expliquer le phénomène du parler en langues comme une manifestation du Saint-Esprit qui avait été promis. Il cite une prophétie du livre de Joël qui dit : « Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils et vos filles prophétiseront… » Et en parlant de ce que les hommes voyaient ce jour de la Pentecôte, Pierre dit : « C’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël » (Actes 2.16,17). Selon ce passage, Pierre et ses auditeurs se trouvaient déjà, il y a 2.000 ans, aux derniers jours !

Hébreux 1.1,2 dit : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils… » La version Segond révisée (dite Colombe) le rend encore plus clair : « Dans ces temps qui sont les derniers ». D’autres passages qui identifient le premier siècle comme faisant déjà partie des derniers jours ou derniers temps sont : Jacques 5.3; 1 Pierre 1.20; 1 Jean 2.18; Jude 17-19. Depuis le premier jour de la Pentecôte après la mort du Christ, donc, jour où l’Évangile fut prêché pour la première fois, nous sommes aux derniers temps, la dernière ère qui existera avant la fin du monde. Les avertissements au sujet d’une apostasie dans les derniers temps ne se référaient donc pas spécialement au vingtième ou vingt et unième siècle.

L’apostasie combattue au temps des apôtres

C’est ainsi que nous voyons déjà au premier siècle une lutte menée par les apôtres et d’autres hommes fidèles contre la tendance de se détourner de la vérité ou de déformer l’Église. Paul écrivit aux chrétiens galates pour les ramener dans la voie dont ils s’égaraient déjà : « Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Dieu pour passer à un autre Évangile. Non pas qu’il y ait un autre Évangile, mais il y a des gens qui vous troublent et qu’ils veulent renverser l’Évangile de Christ »(Galates 1.6,7). Aux Corinthiens il dit : « Or, si l’on prêche que Christ est ressuscité des morts, comment quelques-uns parmi vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection des morts ? S’il n’y a point de résurrection des morts, Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine » (1 Corinthiens 15.12-14). À Timothée Paul écrivit ceci : « Je te rappelle l’exhortation que je te fis, à mon départ pour la Macédoine, lorsque je t’engageai à rester à Éphèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d’autres doctrines » (1 Timothée 1.3). En fait, le Nouveau Testament est rempli de traces d’une lutte contre l’apostasie en forme de diverses fausses doctrines, lutte qui avait déjà commencé.

La nature progressive de l’apostasie

L’abandon de la vérité se produit rarement d’un seul coup. Le plus souvent l’éloignement de la vérité biblique se fait petit à petit, parfois si graduellement que l’on ne s’en aperçoit pas.

Prenons deux exemples d’éloignement de la simplicité et la pureté de l’Église et de son enseignement tels qu’ils sont présentés dans la Bible.

L’organisation de l’Église

Dans le Nouveau Testament, nous trouvons que chaque assemblée locale était dirigée par son propre groupe d’anciens ou évêques, établis selon des critères enseignés par les apôtres (1 Timothée 3.1-7; Tite 1.5-9; Actes 14.23; 20.17,28; 1 Pierre 5.1-4; Philippiens 1.1). Aucune distinction n’était faite entre l’autorité d’un ancien et d’un autre. Les mots « ancien » et « évêque » étaient employés interchangeablement.

Selon l’histoire, une évolution en ce qui concerne l’organisation de l’Église a commencé graduellement au deuxième siècle. Au lieu d’avoir des anciens qui étaient tous égaux, des Églises élevaient un de leurs anciens au-dessus des autres et lui réservaient le titre d’évêque. Par la suite l’autorité de ces « évêques » qui se trouvaient dans les grandes villes s’étendit petit à petit sur les assemblées dans les petites villes et les villages aux alentours. Vers la fin du quatrième siècle, on distinguait les évêques de cinq villes importantes (Jérusalem, Antioche, Alexandrie, Constantinople, et Rome) comme « Patriarches » établis sur les différentes régions du monde. Mais il a fallu encore plus de deux cents ans jusqu’à ce que l’évêque de Rome parvienne, au début du septième siècle, à se faire reconnaître dans une grande partie du monde comme « évêque universel », ou « Pape », chef sur toute l’Église. Les hommes ont ainsi abandonné l’autonomie des Églises locales sous la conduite de leurs propres anciens pour créer une hiérarchie mondiale d’origine humaine. L’égarement ne s’est pas arrêté là, pourtant. Les honneurs et les droits attribués au Pape se sont accumulés au cours du temps jusqu’à ce qu’en 1870 la doctrine de l’infaillibilité fut adoptée comme dogme, c’est à dire, une croyance officielle de l’Église Catholique. Selon cette doctrine, il est impossible que le Pape soit en erreur en matière de doctrine quand il parle officiellement pour l’Église. Il ne peut pas se tromper !

Le rôle de Marie, la mère de Jésus

Une grande transformation a eu lieu également en ce qui concerne les attitudes envers Marie. Dans le Nouveau Testament, elle est représentée comme la femme pieuse que Dieu choisit pour mettre au monde Jésus le Sauveur. Elle avait sûrement sa place parmi les hommes et femmes de foi qui servaient d’exemple à suivre pour les chrétiens. Elle est mentionnée par nom pour la dernière fois dans la Bible, pourtant, en Actes 1.14 où il est simplement dit qu’elle était parmi les disciples à Jérusalem entre l’ascension de Jésus et le Jour de la Pentecôte. Rien dans le Nouveau Testament ne lui attribue un rôle quelconque dans la vie quotidienne du chrétien. Aucun passage dans les épîtres ne l’honore ni ne recommande de lui adresser des prières.

Mais à cet égard aussi on constate un éloignement de plus en plus prononcé par rapport à ce que la Parole de Dieu enseigne. À la fin du deuxième siècle, on rencontre pour la première fois l’idée que Marie est restée vierge même après la naissance de Jésus, bien que cette idée soit vivement contestée au départ. Au début du cinquième siècle, certains ont avancé l’idée que Marie n’avait jamais commis du péché. En 431 un concile tenu à Éphèse lui donna le titre « Mère de Dieu ». Aussi pendant le cinquième siècle commença-t-on à l’invoquer comme un intercesseur, une médiatrice. L’exaltation de Marie continua, et continue jusqu’à ce jour. En 1854 l’Église Catholique accepta officiellement la doctrine de la conception immaculée, qui enseigne que Marie fut née exempte de la souillure du péché originel. (On pourrait dire, en passant, que même l’idée d’une souillure du péché originel héritée de nos premiers parents fait partie des fausses doctrines de l’apostasie.) En 1950 l’Église Catholique affirma solennellement que Marie fut enlevée miraculeusement au ciel sans passer par la mort (l’assomption).

De nombreuses doctrines non bibliques, acceptées non seulement par les catholiques, mais aussi par beaucoup de protestants, pourraient illustrer ce principe : l’apostasie est un processus qui se déroule au fil du temps quand les hommes ne s’attachent pas à la vraie parole, telle qu’elle est conservée dans la Bible.

Les fruits de l’apostasie

Les effets de l’abandon de la vérité sont très graves. Un verset que nous avons cité, 2 Pierre 2.1, attribue aux faux docteurs l’introduction des « sectes », ou divisions. Ceux qui ne se conforment pas à l’enseignement de la Bible, et non ceux qui refusent de se soumettre aveuglément aux dirigeants humains d’une Église établie, sont à l’origine des sectes. Un groupe n’est pas une secte parce qu’elle est minoritaire, mais parce qu’elle ne suit pas la voie qui nous est indiquée dans la Parole de Dieu.

Un deuxième effet de l’apostasie est la condamnation éternelle. Paul dit aux Galates : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème (maudit) » (Galates 1.8). Aux Corinthiens Paul rappela l’Évangile « par lequel vous êtes sauvés SI vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (1 Corinthiens 15.2). Pierre parle de ceux qui tordent le sens des Écritures pour leur propre ruine, et il nous exhorte : « Vous donc, bien-aimés, mettez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté » (2 Pierre 3.16,17).

La solution au problème

L’apostasie a donc été prédite, et ces prédictions se sont réalisées il y a bien longtemps – et elles continuent de se réaliser tant que les hommes s’attachent à des doctrines qui sont étrangères à la Bible. Ces apostasies sèment la division parmi ceux qui croient en Jésus. En plus, elles apportent la condamnation à ceux qui séduisent et à ceux qui sont séduits (Matthieu 15.13,14). Quelle est donc la solution à ce grand mal ?

Le prophète Jérémie donna la réponse six cents ans avant Jésus : « Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes » (Jérémie 6.16). Il suffit de faire un retour en arrière, à l’aide de la Parole de Dieu. Un tel retour à la bonne voie n’est pas aussi difficile qu’on ne le pense.

Ce serait une erreur, d’ailleurs, d’affirmer que l’apostasie a jamais été universelle, au point de faire disparaître de la face de la terre l’Église que le Seigneur a fondée. En prophétisant au sujet de l’Église, ou royaume, Daniel dit : « Le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit » et qui « subsistera éternellement » (Daniel 2.44). Bien que souvent persécutés par les autorités ou ignorés par la majorité des hommes, des groupes de fidèles qui cherchaient à être tout simplement des chrétiens et à suivre l’enseignement de la Bible seule ont existé dans plusieurs pays au cours des âges, depuis le premier siècle et jusqu’à nos jours. De tels mouvements, dont plusieurs étaient en existence même pendant le Moyen Âge et bien avant le commencement de la Réforme protestante, ont laissé des traces dans l’histoire ou continuent de prêcher la simple vérité en Albanie, Allemagne, Amérique, Angleterre, Arménie, Belgique (Flandre), Espagne, Finlande, France, Grèce, Inde, Serbie, Suisse, Tchécoslovaquie, Ukraine, Yougoslavie et ailleurs. Leur but n’était pas de « réformer » des dénominations d’origine humaine, mais de tout simplement pratiquer le christianisme révélé dans la Bible. Le fait que les livres d’histoire ne parlent pas souvent de ces groupes du passé, ou que les journaux ne mentionnent pas ceux qui sont actifs aujourd’hui, ne réfute pas leur existence. « Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent » (2 Timothée 2.19).

La possibilité de restaurer ou de redécouvrir l’Église dont la Bible nous parle est confirmée non seulement par l’exemple de ces groupes dont nous venons de parler. Le principe biblique que la Parole de Dieu est comme une semence nous assure que cette possibilité existera toujours. « La semence, c’est la parole de Dieu » (Luc 8.11). « Vous avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu […] la parole de Dieu demeure éternellement » (1 Pierre 1.23,25). Une semence produit toujours la même espèce de plante, quel que soit le lieu ou l’année où on la sème. Les doctrines des hommes produisent des dénominations, mais la saine doctrine de la Parole de Dieu produira toujours ce qu’elle a produit au premier siècle : de simples chrétiens et des Églises de Christ.

B. B.
(Dans Vol. 5, No. 1)