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Le Fils de Dieu

De nombreux passages dans le Nouveau Testament se réfèrent à Jésus en employant le nom homme. Par exemple, 1 Timothée 2.5 dit : « Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme. » En Romains 5.15, Paul parle du « don de la grâce venant d’un seul homme, Jésus-Christ ». Par contre, de nombreux autres passages distinguent Jésus des êtres humains que nous sommes. Le même apôtre Paul écrit en Galates 1.11,12 : « Je vous déclare, frères, que l’Évangile qui a été annoncé par moi n’est pas de l’homme ; car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ. »

Fils de l’homme

Le titre que Jésus employait plus que tout autre pour se référer à lui-même était « le Fils de l’homme » (81 fois dans les Évangiles), une expression qui soulignait sans aucun doute son humanité.

La Bible emploie souvent le mot « fils » dans un sens figuré ou spirituel. Elle nous parle, par exemple, de « Joseph, surnommé par les apôtres Barnabas, ce qui signifie fils d’exhortation » (Actes 4.36). Évidemment cet homme avait l’habitude de toujours encourager ou exhorter ; cela faisait partie de son caractère. La Bible appelle ceux qui désobéissent à Dieu « les fils de la rébellion » (Éphésiens 5.6) ; ceux qui vivent selon la justice sont appelés « des enfants de la lumière » (1 Thessaloniciens 5.5). Selon ce que nous venons de voir, Jésus indiquait par le titre « le Fils de l’homme » qu’il avait revêtu quelque chose de la nature d’un homme. Comme tout homme, il vivait dans un corps physique – ce qui veut dire qu’il pouvait être fatigué, avoir faim ou soif, être vu et touché physiquement par les hommes, et oui, il pouvait mourir. Il était réellement un homme.

Mais cette expression (le Fils de l’homme) signifiait quelque chose de plus pour un Juif. En effet, le prophète Daniel avait reçu une vision plus de cinq cents ans avant Jésus :

« Je regardais pendant mes visions nocturnes, et voici, sur les nuées des cieux arriva quelqu’un de semblable à un fils de l’homme ; il s’avança vers l’ancien des jours, et on le fit approcher de lui. On lui donna la domination, la gloire et le règne ; et tous les peuples, les nations, et les hommes de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera jamais détruit. » (Daniel 7.13,14, cf. Marc 14.61,62)

En s’identifiant comme le Fils de l’homme, Jésus annonçait qu’il était un personnage spécial, un personnage dont les prophètes de Dieu avaient parlé et que le peuple avait attendu depuis très longtemps. En plus, il s’identifiait comme celui qui, selon la prophétie, serait revêtu d’une autorité universelle. Malgré son apparence humble, une gloire incroyable l’attendait.

Fils de Dieu

Mais Jésus acceptait un autre titre que nous connaissons tous : Fils de Dieu. Nous lisons dans un passage bien connu que Jésus demanda un jour à ses disciples :

« Qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole, lui dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 16.15-17)

Jean-Baptiste avait déjà dit : « Et j’ai vu, et j’ai rendu témoignage qu’il est le Fils de Dieu » (Jean 1.34). Les démons que Jésus chassait employaient ce terme, comme nous le voyons en Marc 3.11 : « Les esprits impurs, quand ils le voyaient, se prosternaient devant lui et s’écriaient : Tu es le Fils de Dieu. » Après l’avoir vu marcher sur l’eau et apaiser le vent, « ceux qui étaient dans la barque vinrent se prosterner devant Jésus et dirent : Tu es véritablement le Fils de Dieu » (Matthieu 14.33). Lors du procès de Jésus, il employa le titre « Fils de l’homme ». Considérez la réaction de ses juges : « Tous dirent : Tu es donc le Fils de Dieu ? Et il leur répondit : Vous le dites, je le suis » (Luc 22.70). Après quoi, ils le condamnèrent à mort pour avoir blasphémé.

Enfin, on ne peut pas être chrétien et jouir de la vie éternelle sans accepter la réalité que Jésus est bien le Fils de Dieu. Jean 20.31 : « Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. » Ailleurs dans ses écrits, Jean déclare : « Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu » (1 Jean 4.15). Et encore : « Qui est celui qui a triomphé du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? » (1 Jean 5.5). C’est ainsi que l’eunuque éthiopien fit « la belle confession », « Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu », avant de recevoir le baptême (Actes 8.37).

Mais que signifie l’expression, « Fils de Dieu » ? Compte tenu de ce que nous avons vu concernant le terme « Fils de l’homme » (ou « fils de » en général), on s’attendrait à ce qu’il désigne celui qui a la nature ou le caractère de Dieu. Le fils de l’homme était un être humain ; le Fils de Dieu ne serait-il pas divin ? L’expression « fils de l’homme » ne suggérait nullement que Jésus était moins qu’un homme ; est-ce que les mots « Fils de Dieu », loin de suggérer qu’il était inférieur à Dieu, nous font comprendre qu’il lui est égal ?

Certains font remarquer qu’Adam était aussi « fils de Dieu » (Luc 3.38), et personne n’en déduit qu’il était égal à Dieu ! Nous-mêmes, nous sommes devenus fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ (Gal 3.26), et chaque chrétien peut appeler Dieu « mon Père », sans se faire égal à Dieu !

Un coup d’œil juste sur quelques passages que nous avons déjà cités où ce titre est attribué à Jésus révèle sans contredit que Jésus n’est pas « Fils de Dieu » dans le même sens qu’Adam, qui est appelé ainsi parce qu’il avait été créé à l’image de Dieu. Pour le chrétien, le fait qu’il est enfant adoptif de Dieu (Rom. 8.15; Éph. 1.5) lui rappelle que Dieu l’aime, qu’il doit imiter Dieu dans son comportement et qu’il peut espérer l’héritage céleste, mais il ne se fait pas d’illusions de grandeur, comme s’il possédait tous les traits de Dieu – une existence depuis l’éternité, la sainteté parfaite, l’omniscience, la puissance divine, le droit de recevoir l’adoration, etc. Mais ceux qui appelaient Jésus « le Fils de Dieu » voulaient dire infiniment plus que ce que l’on entend quand on dit qu’Adam était fils de Dieu ou que tous les chrétiens sont enfants de Dieu.

Comment les Juifs comprenaient-ils le titre « Fils de Dieu », eux qui vivaient dans la même culture et qui étaient bien placés pour reconnaître la portée des paroles du Seigneur ?

« Mais Jésus leur répondit : Mon Père agit jusqu’à présent ; moi aussi, j’agis. À cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, non seulement parce qu’il violait le sabbat, mais parce qu’il appelait Dieu son propre Père, se faisant lui-même égal à Dieu. » (Jean 5.17,18)

En plus de cela, la Bible ajoute parfois un mot qui confirme que Jésus est le Fils de Dieu dans un sens qui ne pourrait s’appliquer à aucun autre : c’est le mot « unique » (Jean 1.14; 3.16). Le mot grec dans ces passages est monogenes, formé de monos (unique), et genos (espèce), et qui signifie « le seul de son espèce ». Certaines traductions, s’appuyant sur la traduction latine appelée la Vulgate, ont traduit ce mot par « seul engendré », mais le sens de ce mot n’était pas strictement physique — il parlait simplement de l’unicité du Christ en tant que Fils unique de Dieu. Le fait que Jésus est appelé « Fils unique » le distingue nettement de nous autres « enfants » de Dieu. L’équivalent le plus proche du mot grec monogenes serait l’expression « seul en son genre ».

Quand on l’avait pendu à la croix, des passants se moquaient de Jésus, en disant : « Il s’est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime. Car il a dit : Je suis Fils de Dieu » (Matthieu 27.43). Nous voyons ici un deuxième sens porté par l’expression « Fils de Dieu » : Jésus prétendait jouir d’une relation spéciale avec le Père céleste. En Jean 8.29 il dit : « Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » La veille de sa mort, il pria : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17.24). Jésus avait une relation avec Dieu qui était supérieure à celle de toute autre personne au monde, comme celle d’un fils unique, un fils obéissant et bien-aimé, avec son père.

Avant la fondation du monde

Parlons un peu plus de ce dernier verset. Si nous voulons comprendre la nature de cet « homme » qu’on appelle Jésus, nous devons faire face à ce que la Bible dit à propos de son existence et de son activité avant de venir dans ce monde.

Constatons d’abord que rien dans la Bible ne suggère que vous et moi, nous avons existé quelque part avant d’être conçus dans le ventre de nos mères. Ce n’était pas le cas de Jésus.

« Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel. » (Jean 3.13)

« Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. » (Jean 8.23)

Peu avant sa mort, Jésus pria :

« Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. » (Jean 17.5)

En parlant un jour avec les Juifs, Jésus dit :

« Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour : il l’a vu, et il s’est réjoui. Les Juifs lui dirent : Tu n’as pas encore 50 ans, et tu as vu Abraham ! Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. Là-dessus, ils prirent des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha, et il sortit du temple. » (Jean 8.56-59)

Les auditeurs de Jésus à cette occasion furent choqués, non seulement de ce que Jésus prétendait avoir connu Abraham, qui avait vécu presque 2000 ans plus tôt, mais aussi parce qu’il s’appliquait à lui-même le nom de Dieu : JE SUIS (voir Exode 3.14). Croire à la réincarnation serait une erreur, mais ces Juifs ont bien compris que Jésus ne prétendait pas avoir connu Abraham dans une vie antérieure. Il s’identifiait au Dieu qui avait parlé avec Moïse. Comme ils croyaient que Jésus n’était qu’un homme, ils voulurent le lapider à mort pour avoir commis un blasphème.

Plusieurs passages parlent du fait que, non seulement Jésus existait avec Dieu avant de venir dans ce monde, mais il a participé activement à la création de toutes choses.

« Dieu, dans ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui il a aussi créé le monde. » (Hébreux 1.1,2)

Plus loin dans le même chapitre, l’auteur inclut les mots suivants, qui s’adressent à Jésus :

« Toi, Seigneur, tu as au commencement fondé la terre, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains ; ils périront, mais tu subsistes ; ils vieilliront tous comme un vêtement, tu les rouleras comme un manteau et ils seront changés ; mais toi, tu restes le même, et tes années ne finiront point. » (v. 10-12)

Les paroles de Paul en Colossiens 1 ne pourraient s’appliquer à aucun simple homme :

« Car en lui [Jésus] ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. » (Colossiens 1.16,17)

Dans la Bible des Témoins de Jéhovah, ils ont modifié le texte de ce passage en ajoutant le mot « autre » pour lui faire dire : « Toutes les autres choses ont été créées par son intermédiaire. » Mais l’original ne contient pas ce mot. Comme Jésus ne pouvait pas se créer lui-même, il est donc évident qu’il ne figure pas parmi les choses qui ont été créées.

Le texte suivant est encore plus explicite.

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. […] Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père. » (Jean 1.1-3,14)

Ce dernier passage affirme non seulement que rien n’a été fait sans Jésus, la Parole, mais aussi que « la Parole était Dieu ». Dans ce verset, le mot « Dieu » est employé de deux manières : la Parole était avec Dieu (le Père) et la Parole était Dieu (divin, ayant pleinement la nature ou la qualité de Dieu).

En Philippiens 2.5-11, Paul nous dit qu’avant de prendre la forme d’un serviteur en devenant un homme, Jésus existait en forme de Dieu, mais il ne s’est pas accroché à son égalité avec Dieu. Il s’est dépouillé pour un temps afin de nous sauver de nos péchés.

« Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » (Phil. 2.5-11)

Les Témoins de Jéhovah, qui rejettent la divinité du Christ, expliquent la préexistence de Jésus en disant qu’il était un archange que Dieu a exalté et à qui il donna le titre honorifique de « Fils de Dieu ». Mais l’Épître aux Hébreux dit clairement que Jésus n’était pas un ange : « Car auquel des anges Dieu a-t‑il jamais dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ? Et encore : Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils ? » (Hébreux 1.5). (Le mot « engendré », en parlant de Jésus, ne se réfère pas à sa naissance, mais à sa résurrection, par laquelle son identité fut confirmée aux hommes – voir Actes 13.33 et Romains 1.4.)

Peut-on l’adorer ?

Jésus n’était donc pas un ange ; au contraire, Dieu dit aux anges d’adorer son Fils, qu’il qualifie de Dieu :

« Et lorsqu’il introduit de nouveau dans le monde le premier-né, il dit : Que tous les anges de Dieu l’adorent ! De plus, il dit des anges : Celui qui fait de ses anges des vents, et de ses serviteurs une flamme de feu. Mais il dit au Fils : Ton trône, ô Dieu, est éternel. » (Hébreux 1.6-8)

[Ajoutons ici un mot d’explication du terme « premier-né » : Lorsque Paul dit en Colossiens 1.15 que Jésus est « le premier-né de toute la création », cette expression ne signifie pas « le premier à être créé parmi toutes les (autres) créatures », mais évoque les idées de prééminence, de privilège, d’autorité et de supériorité. Dieu appelle Israël « mon fils, mon premier-né » (Exode 4.22). Le pharaon, donc, doit faire attention à sa façon de traiter Israël, le fils premier-né de Dieu. Dieu dit à l’égard de David :

« Et moi, je ferai de lui le premier-né,
Le plus élevé des rois de la terre.
 » (Ps. 89.28)

David n’existait certainement pas avant tous les autres rois ; beaucoup de rois avaient existé avant lui. Dans la structure parallèle de ce verset, « le plus élevé des rois » explique « le premier-né ». « Premier-né » dans ce cas veut dire sans nul doute « prééminent », c’est-à- dire supérieur en rang, en dignité, en droits.]

Dans le Nouveau Testament, il y a plusieurs autres exemples de gens qui ont adoré Jésus. Un lépreux en Matthieu 8.2 ; Jaïrus, dont Jésus a ressuscité la fille en Matthieu 9.18 ; la femme cananéenne en Matthieu 15.25 ; l’aveugle-né que Jésus a guéri en Jean 9.35,38 ; les femmes, après la résurrection de Jésus en Matthieu 28.9,17 ; et ses disciples juste avant qu’il soit enlevé aux cieux en Matthieu 28.17. Or, pas une seule fois Jésus n’a dit à ces personnes qu’il ne fallait pas faire cela.

Certains nous font remarquer que le verbe grec proskuneo, employé dans ces versets, signifie « se prosterner », ce qui n’était pas toujours un acte d’adoration. Mais très souvent, le contexte montre clairement qu’il s’agit d’adoration, et le mot est donc souvent traduit par « adorer ». Pierre a refusé que Corneille « se prosterne » devant lui, car il n’était qu’un homme (Actes 10.25,26) ; Jésus a refusé de « se prosterner » devant Satan, car il faut « adorer » (proskuneo) Dieu seul (Matt. 4.9,10) ; un ange a défendu à Jean de tomber à ses pieds, car il n’était qu’un compagnon de service et il faut « adorer » (proskuneo) Dieu seul (Apoc. 19.10). Mais Jésus n’a jamais refusé qu’on se prosterne devant lui. Bien qu’il reconnaisse que Dieu seul a le droit d’être adoré, Jésus acceptait d’être adoré. Il avait ce droit en tant que Fils unique de Dieu.

Jésus est-il Dieu ?

Compte tenu de tout ce que nous avons vu concernant la vérité que Jésus est le Fils de Dieu, serait-il juste de dire que non seulement le Père céleste est Dieu, mais que Jésus-Christ est Dieu, aussi ? En guise de réponse, regardons Jean 20.27,28. L’apôtre Thomas, n’ayant pas été présent lors de la première manifestation du Christ à ses apôtres après sa résurrection, refuse d’y croire sans voir dans le corps du Christ les marques mêmes de sa souffrance. Lorsque Jésus apparaît pour la deuxième fois, cette fois-ci en présence de Thomas, ce dernier est totalement convaincu. Jésus lui dit : « Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu ! » Thomas appelle Jésus-Christ Dieu, et Jésus l’accepte. Non seulement il l’accepte, mais il bénit Thomas pour avoir reconnu cette vérité. Au verset 29 il lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru. »

B. B.
(dans Vol. 20, No. 3)

Y aura-​t-⁠il un enlèvement et une grande tribulation ?

Avez-vous déjà entendu parler de « l’enlèvement » et « la grande tribulation » ? Ces idées, qui figurent dans les doctrines de beaucoup d’Églises, surtout les communautés évangéliques, sont-elles bibliques ? « L’enlèvement » se réfère à un retour secret de Jésus pour enlever de la terre ses fidèles serviteurs, et « la grande tribulation » serait une période de sept années où le monde entier connaîtra des désastres, la souffrance, l’angoisse, le désordre et toutes sortes de mal. On dit généralement que ceux qui bénéficient de l’enlèvement sont épargnés de la tribulation.

Ces deux événements, ainsi que l’arrivée de l’Antichrist, la bataille d’Harmaguédon et le règne millénaire du Christ sur un trône à Jérusalem, constituent des éléments fondamentaux d’une croyance connue sous le nom de « dispensationalisme prémillénariste ». Il existe de nombreuses variations sur ce thème, mais certains estiment qu’un croyant sur quatre est membre d’une communauté qui adhère à cette doctrine. Elle a été attribuée à John Darby, un prêtre irlandais qui quitta l’Église anglicane en 1840 pour se joindre aux Assemblées des frères (appelés aussi les Frères de Plymouth). Elle fut largement disséminée dans le monde grâce à C. I. Scofield (1843–1921), qui publia en 1909 une Bible d’étude dont les notes expliquent et défendent la doctrine « dispensationaliste ».

Seize romans, la série Les survivants de l’Apocalypse (Left Behind), écrits par Tim LaHaye et Jerry B. Jenkins et adaptés pour le cinéma, ont rendu la doctrine de l’enlèvement encore plus populaire. Ils décrivent les événements après l’enlèvement. Le premier livre/film se concentre sur les premières heures et le chaos après la découverte de la disparition de millions de personnes sans véritable explication. Le premier livre présente des avions qui tombent du ciel parce que les pilotes chrétiens ont été enlevés, des infirmières pédiatriques paniquées qui cherchent des bébés disparus (innocents et donc sauvés), des églises qui sont d’un coup à moitié vides, car seuls les hypocrites sont restés, des directeurs de pompes funèbres qui appellent les autorités pour signaler le vol des cadavres, etc.

Tous ces scénarios sont captivants, mais ils sont fictifs et manquent de fondement biblique. Comme nous le verrons, Jésus lui-même nous dit ce à quoi il faut s’attendre à la fin du monde, et ce qu’il nous explique ne correspond pas à la doctrine prémillénariste.

Un bref résumé du prémillénarisme

Cette doctrine est assez complexe, et l’espace ne nous permet pas d’entrer dans tous les détails, mais voici quelques-uns des points principaux :

1. On commence par la supposition que la promesse faite à David en 2 Samuel 7.12,13 se réfère à un royaume terrestre (politique) sur lequel le Christ régnera, assis sur le trône de David à Jérusalem. On prétend que lorsque Jésus est venu la première fois, son objectif était d’établir un tel royaume, mais puisque la plupart des Juifs le rejetèrent, le projet fut mis en attente jusqu’à sa deuxième venue. Entretemps, l’Église fut établie comme une sorte de « plan B » ; l’ère chrétienne serait donc une simple parenthèse, plutôt qu’un élément du plan éternel de Dieu.

2. Selon cette doctrine, le retour du Christ sera en secret, invisible aux yeux de l’humanité à l’exception des chrétiens. Lors de ce retour, Jésus ressuscitera les morts justes – la résurrection des méchants serait pour plus tard – et transformera les vivants justes en leur donnant un corps spirituel. Tous ces saints iront donc à la rencontre du Seigneur dans les airs et seront avec lui pour sept ans. C’est lors de cet enlèvement que le jugement aura lieu pour les justes et que chacun recevra sa récompense.

3. On dit que pendant ces sept années, le monde sera dominé par « l’Antichrist », et ceux qui seront restés sur la terre passeront par « la grande tribulation ». Quelques-uns se convertiront, et les Juifs se convertiront en masse et retourneront en Palestine. Mais l’Antichrist, un dictateur mondial, unira les nations contre eux, et elles se rangeront pour la bataille finale à Harmaguédon.

4. Le Christ reviendra à temps, à la fin des sept ans, pour la deuxième étape de son retour. Il viendra avec tous les saints qu’il aura pris lors de l’enlèvement. Il vaincra les forces de l’Antichrist à Harmaguédon. Il y aura alors une deuxième résurrection, cette fois de ceux qui se seraient convertis pendant la tribulation et seraient morts avant l’arrivée de Jésus. Les morts incrédules ne ressusciteront pas encore.

5. Le prémillénarisme dit qu’ensuite viendra le règne millénaire du Christ sur la terre.

6. À la fin des 1 000 ans, cette doctrine prévoit une troisième résurrection ; cette fois-ci ce sera le tour des morts méchants, ceux qui n’auront pas été sauvés. Certains pensent que l’univers sera alors détruit, alors que d’autres disent que la terre sera renouvelée pour devenir un paradis éternel.

Quelle sorte de royaume ?

Il y a de nombreux problèmes avec cette théorie, à commencer par la thèse que Jésus est venu il y a 2 000 ans dans le but d’établir un royaume politique et que l’Église n’était qu’un pis-aller dans la pensée de Dieu. Au contraire, Jésus dit à Pilate :

« Mon royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas. » (Jean 18.36)

Son royaume est spirituel, et il existe déjà, car Paul dit en Colossiens 1.12 que Dieu nous a déjà « transportés dans le royaume du Fils de son amour ». Ce royaume existe, et nous en sommes citoyens. Le Christ n’attend pas son retour pour régner, car il règne déjà (Matt. 28.18; Éph. 1.20-22; 1 Pi. 3.22; Apoc. 17.14; etc.). À la fin, Christ ne se mettra pas à régner ; c’est là qu’il remettra le royaume à son Père (1 Cor. 15.24,25). En plus, l’apôtre Paul dit en Éphésiens 3.10,11 que l’Église (qui, en fait, peut être décrite comme la phase terrestre du royaume) a toujours fait partie du dessein éternel de Dieu. Les Juifs n’auraient pas pu frustrer les plans de celui qui connaît la fin dès le commencement (Ésaïe 46.10). Et s’ils le pouvaient, qu’est-ce qui les empêcherait de rejeter Jésus comme leur roi s’il revenait une deuxième fois pour établir son royaume ? Le point de départ de la doctrine prémillénariste est donc une erreur.

En plus, la conception populaire de l’Antichrist n’a rien à voir avec ce que la Bible en dit. Le terme « antichrist » ne paraît que dans les Épîtres de Jean, où il se réfère à quelqu’un qui niait que Jésus était le Christ (1 Jn. 2.22), qui ne confessait pas Jésus (1 Jn. 4.3), ou qui ne confessait pas que Jésus était venu dans la chair (2 Jn. 7). Il s’agit de ceux qui s’opposent au Christ en niant des doctrines essentielles au sujet de sa personne et sa venue. La Bible n’emploie pas ce terme pour parler d’un méchant dictateur mondial, et il n’est jamais utilisé en rapport avec la fameuse bête de l’Apocalypse 13 et 17. Un antichrist est un faux docteur, et selon 1 Jean 2.18, il y en a eu plusieurs.

Mais nous voulons fixer notre attention particulièrement sur deux aspects de cette doctrine : l’enlèvement et la tribulation. On prétend que les sauvés seront enlevés de la terre, alors que les perdus continueront de l’habiter. Quant aux morts, les justes seraient ressuscités bien avant les injustes, 1 007 ans avant les injustes, pour être précis. Est-ce que Jésus suggérait une telle situation ?

La fin du monde selon Jésus

Dans ses enseignements, Jésus nous donne un aperçu de la fin du monde qui ne correspond pas du tout à la chronologie prémillénariste et qui ne laisse pas de place pour un enlèvement des saints, une tribulation de sept années pour les incrédules, une troisième venue et trois résurrections. Prenons, par exemple, ce qu’il dit dans la parabole de l’ivraie.

« Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé et s’en alla. Lorsque l’herbe eut poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? Il leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l’arracher ? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier. […]

Ses disciples s’approchèrent de lui et dirent : Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ. Il répondit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les fils du royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du malin ; l’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. Or, comme on arrache l’ivraie et qu’on la jette au feu, il en sera de même à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. » (Matt. 13.24-30,36-43)

La présence de l’ivraie aussi bien que du blé dans le champ représente le mélange toujours présent des bons et des mauvais dans la société humaine. Les bons sont ceux qui sont sous l’influence de Dieu ; toute méchanceté est le résultat des semailles de Satan. Malgré la présence non désirée de l’ivraie, le maître décida que l’ivraie et le blé pousseraient ensemble jusqu’à la moisson. Ceci illustre non seulement le fait que la société est composée de bons et de mauvais, mais aussi que les deux sortes seront présentes jusqu’à la fin. Le monde ne connaîtra jamais d’utopie morale et spirituelle. Le moment ne viendra pas où il n’y aura que des bons ou que des mauvais dans le monde.

Mais à la fin du monde, il y aura une séparation totale. L’ivraie et le blé poussent ensemble maintenant, mais le triage aura lieu à la fin. La parabole du filet en Matthieu 13.47-50 enseigne la même leçon : « Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d’avec les justes. » La scène du dernier jugement dépeint par Jésus en Matthieu 25.31-46 est aussi en harmonie avec ces deux paraboles :

« Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. » (Matt. 25.31-33)

La doctrine moderne de l’enlèvement parle d’une période de sept années pendant lesquelles les justes seront quelque part hors de ce monde, alors que les méchants continueront de vivre dans le monde et de souffrir dans « la grande tribulation ». Mais le Seigneur, dans son explication de la parabole de l’ivraie, nous fait comprendre que « l’enlèvement » et le jugement de tous auront lieu en même temps. La doctrine qui prétend que les saints seront rassemblés et enlevés dans un premier temps est démentie par les paroles mêmes de Jésus : « Arrachez d’abord l’ivraie » (Matt. 13.30) ; il explique lui-même le sens de cette image : « Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente » (Matt. 13.41,42). C’est après que les méchants auront été mis à part que les justes « resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (v. 43). En réalité, l’idée n’est pas tellement que les méchants seront punis avant que les justes ne soient récompensés, mais plutôt que les deux choses auront lieu à la fin du monde.

C’est exactement ce que Jésus expliqua en Matthieu 25.31-46. Il dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » Mais aux autres : « Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (Matt. 25.34,41). Pour que tous soient présents au grand jour de jugement, il faudra que tous les morts ressuscitent. Il s’agit évidemment de la résurrection de tous – de tous les sauvés et tous les perdus. Paul dit en Actes 24.15 qu’il y aura « une résurrection des justes et des injustes ».

Remarquez aussi que lorsque l’apôtre parle du retour de Jésus en 2 Thessaloniciens 1.6-10, il dit que ce sera pour « rendre la souffrance à ceux qui vous font souffrir, et de vous donner, à vous qui souffrez, du repos avec nous lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance ». Mais il est clair qu’il ne parle pas de la souffrance d’une tribulation de sept années, car il poursuit en disant qu’il vient « au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force ».

Quatre fois en Jean 6, Jésus affirme que la résurrection aura lieu « au dernier jour » (Jean 6.39,40,44,54). Dans ces versets, Jésus parle de la résurrection des justes – le sort des injustes n’est pas en vue. Mais plus tard dans l’Évangile de Jean, il cite ce même « dernier jour » comme étant le moment où ceux qui l’auront rejeté seront jugés (Jean 12.48). Il est important de comprendre que, selon Jésus, le jugement des justes et le jugement des injustes auront lieu au dernier jour. Certains enseignent qu’il y aura deux ou même trois résurrections différentes et que le jugement des non-croyants aura lieu longtemps après la résurrection des justes, mais Jésus dit que les deux événements auront lieu au dernier jour. Évidemment, il ne peut y avoir plus d’un dernier jour.

La question est sûrement réglée une fois pour toutes par la déclaration de Jésus :

« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. » (Jean 5.28,29)

« Le jugement » dans ce verset a le même sens que « ils les jetteront dans la fournaise ardente », et « la vie » signifie la même chose que « les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Matt. 13.42,43).

Arguments en faveur ?

Alors, d’où vient cette doctrine de l’enlèvement et de la grande tribulation ? Regardons brièvement quatre passages qui sont mal compris et donc utilisés pour soutenir une fausse théorie.

1 Thessaloniciens 4.16 : « Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. »

Si vous lisiez 1 Thessaloniciens 4.16 tout seul, sans son contexte, vous pourriez conclure que le verset parle de deux résurrections, dont la première serait uniquement pour ceux qui sont en Christ. Mais il suffit de regarder le contexte pour se rendre compte que le sujet qui semble avoir préoccupé les chrétiens de Thessalonique était le sort de leurs frères qui « dormaient », c’est-à-dire qui étaient physiquement morts avant le retour de Jésus. Paul dit que ceux qui seront encore en vie lorsque Jésus reviendra ne partiront pas au ciel pour laisser derrière les chrétiens qui seront morts avant le jour de son retour. Vous n’allez pas rater le bateau simplement parce que vous êtes mort avant le deuxième avènement de Christ. En fait, vous n’allez même pas arriver à la fête en retard. « Nous les vivants, qui serons restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts » (v. 15). Avant que nous ne partions, « les morts en Christ ressusciteront premièrement ». Ce qui vient après cela n’est pas la résurrection des morts qui ne sont pas en Christ. Le texte dit : « Ensuite, nous les vivants qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (v. 17). (C’est peut-être de ceci que Jésus parle quand il dit en Matthieu 24.40 : « De deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé. ») Une résurrection des morts injustes n’est même pas mentionnée, parce que l’objectif de Paul dans ce passage ne les concerne pas. Il écrit pour que les chrétiens puissent se consoler et s’encourager les uns les autres au sujet de leurs frères et sœurs en Christ qui étaient morts. Le réconfort n’est pas pour ceux qui sont morts dans la désobéissance. (Remarquez en passant que Paul ne dit pas : « Ainsi nous serons avec le Seigneur pour sept années », mais « toujours avec le Seigneur ».)

Quand on parle de « la grande tribulation », on se réfère souvent à Matthieu 24.21, qui dit, dans la Nouvelle version Segond révisée : « Car alors, il y aura une grande tribulation telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais plus. » (Vous avez peut-être une traduction qui emploie le mot « détresse » à la place de « tribulation ».) Encore, il faut prendre en compte le contexte. En Matthieu 24.4-34, il est clair que Jésus parle d’une situation historique qui a déjà eu lieu : le siège de la ville de Jérusalem par les Romains en 70 apr. J.-⁠C. Quand l’armée romaine viendrait pour assiéger la ville, les disciples de Jésus ne devaient pas chercher un refuge derrière les murs de Jérusalem comme les autres Juifs l’ont fait. Jésus dit plutôt : « Que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes » (v. 16). Les chrétiens suivirent ce conseil et eurent la vie sauve, mais les Juifs incrédules furent « emprisonnés » dans leur propre ville, et plus d’un million d’entre eux moururent de la faim et la maladie dans les conditions les plus déplorables, ou ils furent massacrés quand les Romains ouvrirent une brèche dans la muraille. Ce passage n’a donc rien à voir avec une période de sept années à la fin du monde. Il se rapporte à la destruction de Jérusalem.

Le troisième texte préféré des prémillénaristes est le seul dans la Bible qui se réfère à une période 1 000 ans. Il s’agit d’Apocalypse 20.

« Et je vis des trônes ; et à ceux qui s’y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n’avaient pas adoré la bête ni son image et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant 1 000 ans. Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu’à ce que les 1 000 ans soient accomplis. C’est la première résurrection. » (Apocalypse 20.4,5)

Comme c’est souvent le cas, ce passage biblique est mal compris parce qu’on ne tient pas compte du contexte. Pour ce qui est de l’Apocalypse, il est très important de prêter attention à ce que le livre dit concernant son propre contenu. Le premier verset de l’Apocalypse est bien précis : le livre concerne des choses qui devaient arriver « bientôt ». Encore, le verset 3 dit que le temps était proche. Vers la fin de l’Apocalypse, le Seigneur rappelle au lecteur qu’il parle de « choses qui doivent arriver bientôt », et il dit à Jean : « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car le temps est proche » (Apoc. 22.6,10). Le mot « bientôt » doit être compris de la perspective de ceux à qui le livre s’adressa à l’origine : les chrétiens du premier siècle. Ils entraient dans une période de persécution intense de la part de l’Empire romain. C’est une clé essentielle à la bonne compréhension du livre. Le sujet du livre n’est pas des événements qui auraient lieu des milliers d’années plus tard ; il fut écrit pour fortifier le peuple de Dieu face à la persécution romaine.

Pour comprendre ces versets en Apocalypse 20, il est important de voir les parallèles avec le chapitre 6 :

« Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix forte en disant : Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » (Apocalypse 6.9,10)

Dans les deux passages, les personnes en question sont appelées des « âmes ». Au chapitre 6 elles sont désignées comme « ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu », et au chapitre 20 ce sont « ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu » – manifestement les mêmes personnes. Au chapitre 6, elles sont « sous l’autel » – elles sont des victimes. Au chapitre 20, elles sont assises sur des trônes – ce sont des vainqueurs. Dans le premier passage, elles demandent la justice : « Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » Dans le deuxième passage, le texte grec dit littéralement : « Le jugement leur fut donné. » Justice leur a été faite.

Ce passage ne parle pas de tous les chrétiens de tous les pays et tous les temps qui doivent ressusciter physiquement pour un règne politique sur la terre. C’est une image (et le livre d’Apocalypse est un livre plein de symboles) qui parle de la justification des chrétiens fidèles qui allaient mourir pendant la persécution de l’Église par les empereurs romains. Au chapitre 20, nous voyons une prophétie de l’accomplissement de la promesse que Dieu vengerait le sang de ses serviteurs ; les victimes de la persécution romaine auraient la victoire finale.

Ceux qui s’attachent à la doctrine de l’enlèvement soulignent parfois que, selon des textes comme 1 Thessaloniciens 5.2, le Seigneur doit revenir « comme un voleur dans la nuit ». Ils prétendent que sa venue sera donc secrète et silencieuse, que les hommes ne se rendront pas compte qu’il est là, jusqu’à ce qu’il soit parti. Mais encore, un coup d’œil sur le contexte montre que le point de comparaison n’est pas que le voleur passe inaperçu, mais qu’il vient au moment où l’on ne s’y attend pas. Jésus ne préviendra pas avant de revenir. Les deux versets suivants disent :

« Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l’enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n’échapperont point. Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. »

Conclusion

Le plus important, c’est d’être prêt quand il reviendra. Vous n’aurez pas l’occasion, pendant une prétendue « grande tribulation », de vous repentir et de saisir le salut en Christ. Ni l’Antichrist ni le Seigneur Jésus ne régnera sur le monde après son retour, car ce monde ne sera plus.

« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée. Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété ! » (2 Pierre 3.10,11)

« Tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas. » (Luc 12.40)

B. B.
(Dans Vol. 20, No. 2)

La restauration : Un retour en arrière

En Luc 18.8 Jésus a posé une question surprenante : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t‑il la foi sur la terre ? » Sans répondre directement à cette question, les apôtres de Jésus ont plus tard émis plusieurs avertissements en disant qu’un bon nombre de chrétiens seraient détournés de la vraie foi par de faux prophètes et de faux docteurs. Ils ont prédit une grande apostasie, c’est-à-dire un abandon de la vérité (1 Timothée 4.1-3; Actes 20.29,30; 2 Thessaloniciens 2.3; 2 Timothée 4.3; 2 Pierre 2.1; etc.). Ces prophéties se sont accomplies dans les siècles qui ont suivi la mort des apôtres. Bien que les hommes continuent de se considérer comme des chrétiens, beaucoup sont tombés dans le même genre de pièges que les Juifs que Paul décrit en Romains 10.2,3 :

« Je leur rends le témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais sans intelligence : ne connaissant pas la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. »

Bien qu’ils se voient comme étant toujours dans la bonne voie, ils ne le sont pas. Les paroles de Jésus en Marc 7.8,9 les décrivent parfaitement : « Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. »

Au problème de l’éloignement de la vérité biblique s’ajoute le fléau de la division entre les croyants. Divers efforts de réformer des institutions étrangères à la Bible, des Églises totalement distinctes de celle dont nous lisons dans les pages du Nouveau Testament, ont eu pour résultat la création d’une multitude de dénominations. Par exemple, l’Église du Nazaréen est née au 19e siècle d’un désir de ramener le méthodisme aux principes de son fondateur, John Wesley. Au cours du siècle précédent, les méthodistes avaient vu le besoin de changement au sein de l’Église anglicane, et l’anglicanisme, quant à lui, avait voulu, deux siècles plus tôt, réformer le catholicisme, au moins en Angleterre. Mais il est clair qu’aucune de ces Églises – nazaréenne, méthodiste, anglicane ou catholique – n’était connue des apôtres. Elles sont différentes les unes des autres, et différentes de l’Église du premier siècle. Cette confusion est contraire à la volonté de Jésus, qui avait prié pour que ces disciples soient un, comme lui et son Père sont un (Jean 17.20,21).

Ces deux problèmes, l’apostasie et la division religieuse, pourraient être résolus, nous semble-t‑il, par le même remède : un retour en arrière. Un retour radical aux Écritures, qui sont la base de la véritable foi chrétienne, permettrait de redécouvrir ce que le Seigneur avait voulu et ordonné pour son Église. Il permettrait ainsi de restaurer les pratiques et les enseignements qui ont été perdus dans l’accumulation continuelle de traditions et de commandements d’hommes.

Un retour en arrière est-il désirable ?

Il y a une tendance à penser que ce qui est nouveau est toujours meilleur. On parle de progrès, d’évolution, d’amélioration, de développement, etc. On pense que l’Église a besoin de changer avec le temps, de s’adapter aux différentes cultures et aux différentes mentalités au fil des années, de se rendre moderne. Ce qu’il faut se rappeler, c’est que l’Église a été conçue par Celui qui a créé tous les hommes. Non seulement il connaît parfaitement l’être humain et son caractère, mais il a toute l’intelligence et toute la sagesse nécessaires pour définir une voie qui convienne aux besoins de tous les hommes, quels que soient leurs pays ou leur époque. Ni le message de l’Évangile ni la nature de l’Église n’ont besoin d’être améliorés ou d’être adaptés par les hommes.

En lisant le Nouveau Testament, nous pouvons voir qu’il y avait dans la pensée de Dieu un modèle pour son Église, un modèle qu’il a révélé aux hommes inspirés, lesquels avaient le devoir de le suivre et de l’enseigner aux autres, sans y apporter leurs propres modifications. Quand Dieu ordonna à Moïse de faire construire le tabernacle, un lieu d’adoration pour les Israélites, Moïse devait suivre un modèle. Hébreux 8.5 nous rappelle cette nécessité. Il dit que Moïse fut averti par Dieu en ces termes : « Aie soin […] de faire tout d’après le modèle qui t’a été montré. » Dieu ne laissa pas aux Israélites la liberté de décider de quelle manière ils le serviraient. Dans le Nouveau Testament, pareillement, il est manifeste que le Seigneur lui-même a décidé ce que son Église doit faire et enseigner, ce à quoi elle doit ressembler. Jésus a parlé sévèrement de ceux qui délaissaient les choses que Dieu avait ordonnées et qui instituaient des pratiques à leur propre goût. Il dit : « C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes » (Marc 7.7).

Il ressort clairement des épîtres de Paul qu’il enseignait la même chose partout où il allait. Ce n’est pas que la culture était pareille dans tous les pays où il travaillait. Au contraire, les gens de Lystre et de Derbe étaient considérés comme étant ignorants, superstitieux et presque « sauvages » ; les Corinthiens étaient des gens mondains qui recherchaient avant tout le luxe et le plaisir sexuel ; ceux de Philippes étaient fiers de leur citoyenneté et de leur culture romaines, lesquelles les distinguaient des villes grecques des alentours ; la force des Éphésiens, c’était la magie ; la gloire des Athéniens, c’était la philosophie. Chaque pays et même chaque ville avait sa propre culture et sa propre mentalité, mais l’apôtre était convaincu que tous avaient besoin du même enseignement. Il recommandait les mêmes pratiques partout. Et pourquoi ? Parce qu’il était conscient qu’il y avait un modèle donné par le Seigneur et auquel il devait être fidèle. Considérez les expressions suivantes tirées de ses écrits : « C’est ainsi que j’ordonne dans toutes les Églises » (1 Corinthiens 7.17) ; « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné » (1 Corinthiens 11.23) ; « Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées » (1 Corinthiens 14.33,34) ; « Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle de saines paroles que tu as reçues de moi. Garde le bon dépôt » (2 Timothée 1.13,14).

Compte tenu de ce langage, nous pouvons dire qu’un retour aux enseignements inspirés des apôtres est tout à fait souhaitable, voire nécessaire. Après tout, pousser en avant ne nous amène pas toujours là où il faut. Si l’on a pris un mauvais tournant et que l’on ne suit plus la bonne direction, on n’arrivera jamais où l’on veut aller, à moins qu’on ne reconnaisse et corrige son erreur. Voilà pourquoi le prophète Jérémie dit à ses compatriotes qui avaient abandonné la loi de Dieu :

« Ainsi parle l’Éternel : Placez-vous sur les chemins, regardez, et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y et vous trouverez le repos de vos âmes ! » (Jérémie 6.16)

Peut-on retourner en arrière ? Parfois il n’y a pas d’autre choix, si l’on veut arriver à bon port.

Un retour en arrière est-il possible ?

Mais par quel moyen pouvons-nous retrouver la pureté et la simplicité du christianisme originel ? Est-ce vraiment possible de retourner en arrière, de reprendre des pratiques qui appartiennent à une autre époque, de retrouver ce qui a été délaissé par ceux qui nous ont précédés ? Plusieurs exemples bibliques nous montrent qu’il est tout à fait possible de le faire. Prenons-en deux.

Deux Chroniques 34 et 35 nous parle du roi Josias, qui a régné sur le royaume de Juda environ 600 ans avant Jésus. Le père et le grand-père de Josias, qui l’avaient précédé sur le trône à Jérusalem, avaient pratiqué toutes sortes d’idolâtrie criminelle. Pendant leur règne, la maison de l’Éternel était tombée dans un état déplorable. Arrivé au pouvoir, le jeune roi Josias fit tout ce qu’il put pour débarrasser le pays des idoles et pour ramener les hommes vers l’Éternel. Il donna aussi l’ordre de réparer le temple de Dieu à Jérusalem.

Au cours des travaux, un sacrificateur découvrit un livre : c’était la loi de l’Éternel, donnée par Moïse, la loi qui devait gouverner tous les Israélites en tant que peuple de Dieu. Ce sacrificateur remit le livre à un ministre du roi, qui l’apporta à Josias et lui en fit lecture.

« Lorsque le roi entendit les paroles de la loi, il déchira ses vêtements. Et le roi donna cet ordre à [ses serviteurs] : Allez, consultez l’Éternel pour moi et pour ce qui reste en Israël et en Juda, au sujet des paroles de ce livre qu’on a trouvé ; car grande est la colère de l’Éternel qui s’est répandue sur nous, parce que nos pères n’ont point observé la parole de l’Éternel et n’ont point mis en pratique tout ce qui est écrit dans ce livre. » (2 Chroniques 34.19-21)

Josias convoqua par la suite tous les habitants du pays pour une lecture publique du livre de la loi ; le roi et son peuple s’engagèrent alors à observer tout ce qui était écrit dans le livre de Dieu. Dans ce même mois, la nation d’Israël devait, selon la loi de Moïse, observer une fête importante, qui était la Pâque. Ne confondez pas celle-ci avec la fête de Pâques célébrée de nos jours. La Pâque juive commémorait la délivrance que Dieu accorda aux Israélites au temps de Moïse après 400 ans d’esclavage en Égypte. Sous la direction du roi Josias, le peuple obéit donc à toutes les ordonnances concernant la Pâque. Mais ces ordonnances avaient été négligées en Israël depuis plus longtemps que les règnes du père et du grand-père de Josias. Deux Chroniques 35.18 nous dit : « Aucune Pâque pareille à celle-là n’avait été célébrée en Israël depuis les jours de Samuel le prophète. » Cela veut dire que la volonté de Dieu à cet égard n’avait pas été respectée depuis environ quatre siècles. Mais grâce aux instructions dans le livre de la loi, Josias et son peuple purent restaurer l’observance de la Pâque.

Un autre exemple se trouve dans le livre de Néhémie, chapitre 8. Il s’agit de l’époque où les Juifs revinrent de leur captivité qui dura 70 ans à Babylone, et là encore il est question de l’une des trois grandes fêtes juives. Comme cela avait été ordonné, le peuple s’assembla à Jérusalem le premier jour du septième mois de l’année juive, et le scribe Esdras lut publiquement dans le livre de la loi. Comme au temps de Josias, il y eut un grand remords, car le peuple découvrit que la loi de Dieu n’avait pas été suivie. Mais ce remords fut suivi d’un empressement à mieux faire. Nous lisons à partir du verset 14 :

« Ils trouvèrent écrit dans la loi que l’Éternel avait prescrite par Moïse que les enfants d’Israël devaient habiter sous des tentes pendant la fête du septième mois, et proclamer cette publication dans toutes leurs villes et à Jérusalem : Allez chercher à la montagne des rameaux […] d’arbres touffus, pour faire des tentes, comme il est écrit. Alors le peuple alla chercher des rameaux, et ils se firent des tentes […] Toute l’assemblée de ceux qui étaient revenus de la captivité fit des tentes, et ils habitèrent sous ces tentes. Depuis le temps de Josué, fils de Nun, jusqu’à ce jour, les enfants d’Israël n’avaient rien fait de pareil. Et il y eut de très grandes réjouissances. » (Néhémie 8.14-17)

Cette fois-ci il s’agit d’un ordre de Dieu auquel le peuple n’avait pas obéi depuis environ mille ans ! Mais ce n’est pas parce que leurs ancêtres n’avaient pas obéi à la Parole de Dieu sur ce point depuis le temps de Josué que les Juifs du temps d’Esdras et Néhémie ne mirent pas en pratique ce qu’ils lurent. Ils constatèrent et regrettèrent l’apostasie de leurs pères en ce qui concerne la fête des Tabernacles, mais ils prirent par la suite la résolution d’obéir à la Parole là où ils ne l’avaient pas fait auparavant.

Le principe de restauration

Nous avons employé tout à l’heure le verbe « restaurer », et c’est un mot qui a toute son utilité lorsque nous traitons du problème de l’apostasie. Il évoque, en effet, toute l’approche que nous voulons recommander. On parle souvent de réforme. Il y a eu, par exemple, ce qu’on a l’habitude d’appeler « la Réforme protestante ». L’objectif des réformateurs était, au moins à l’origine, de réformer, d’améliorer ou de corriger les abus dans l’Église catholique. Sans vouloir condamner des hommes de grande foi et de bonne volonté, on peut constater qu’une des conséquences de leur travail a été la division. L’Église catholique n’ayant pas voulu accepter les réformes proposées, et les réformateurs n’étant pas toujours d’accord entre eux quant au degré de modification qui s’imposait, on a assisté à l’apparition d’une multitude d’Églises différentes, distinctes les unes des autres de par leurs noms, enseignements et chefs. Comme nous l’avons vu, certaines ne sont pas nées d’un désir de réformer l’Église catholique, mais de réformer une Église protestante qui semblait s’égarer de sa voie. Mais n’y a-t‑il pas un problème fondamental dans la notion de réforme ? Jésus dit en parabole : « Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste sera déracinée » (Matthieu 15.13). Si nous comprenons que des Églises dont la Bible ne parle pas ne sont pas des « plantes » que Dieu le Père a plantées, il est évident que ces Églises ne seront pas reconnues par lui. Elles ont des hommes comme fondateurs, et de plusieurs manières elles ne répondent pas à la description de l’Église dont parle le Nouveau Testament. Au lieu de vouloir réformer ou améliorer des institutions que Dieu n’a pas créées, ne vaut-il pas mieux restaurer ce qui était à l’origine ?

Une tentative de restauration

Dans un autre numéro de Chemin de Vérité (« Travaillons ensemble », Vol. 15, No. 5), nous avons parlé d’un organe religieux appelé le « Presbytère de Springfield » qui présidait à une communauté dynamique et croissante de plusieurs Églises locales dans l’état américain de Kentucky il y a plus de 200 ans. Malgré leur succès évident, les dirigeants de cette dénomination commencèrent à douter du bien-fondé de leur existence en tant qu’organisation. En effet, dans leur étude de la Bible, ils n’ont trouvé aucune justification pour soutenir l’existence d’une Église qui était manifestement distincte, non seulement des autres Églises modernes, mais surtout de celle qui est décrite dans la Bible. Ces hommes entreprirent donc une action courageuse et inédite : ils rédigèrent un document pour renoncer à leur propre autorité religieuse et dissoudre volontairement l’organisation qu’ils avaient créée. Ce document, parfois un peu humoristique, prit la forme du testament d’une personne sur le point de mourir et exprimant ses dernières volontés. Le titre du document est, en effet, « Testament et dernières volontés du Presbytère de Springfield », signé le 28 juin 1804.

En voici un extrait :

« Nous voulons que ce corps meure, qu’il soit dissous, et qu’il devienne un avec le corps de Christ […] car il n’y a qu’un seul corps, et un seul Esprit, comme aussi nous avons été appelés à une seule espérance par notre vocation.

Nous voulons que notre nom de distinction, avec son titre révérend, soit oublié, et qu’il n’y ait qu’un seul Seigneur sur l’héritage de Dieu et que son nom soit unique.

Nous voulons que notre pouvoir de faire des lois pour gouverner l’Église soit aboli à jamais, que le peuple ait libre accès à la Bible et qu’il adopte la loi de l’esprit de vie en Jésus-Christ […]

Nous voulons que le peuple prenne désormais la Bible comme le seul guide sûr pour aller au ciel. »

Ces hommes n’avaient pas du tout l’idée de « réformer » leur Église ; ils avaient décidé que leur Église, n’ayant pas été établie par le Seigneur lui-même, n’avait pas lieu d’exister. Ils voulaient que les hommes soient désormais membres, non pas d’une dénomination, mais de l’Église du Christ. Ils voulaient voir une « restauration » de l’Église du premier siècle.

Conclusion

Ce qui compte ici, ce n’est pas tellement le terme réforme ou restauration ; c’est l’intention de se conformer en tout à ce que le Nouveau Testament nous révèle au sujet de l’Église. Il faut être conscient que nous n’avons ni besoin ni le droit de créer une Église distincte de celle que Jésus a bâtie. Et il faut avoir confiance que la Bible nous révèle tout ce dont nous avons besoin pour devenir membres de cette Église et pour organiser des assemblées locales de cette seule Église. Comme nous le lisons en 2 Pierre 1.3 : « Sa puissance divine nous a donné tout ce qu’il faut pour accéder à la vie véritable et pour marcher selon la volonté de Dieu » (Parole vivante).

Pour résoudre le problème de l’apostasie, il faut revenir en arrière. Il faut reconnaître que les hommes ont fait fausse route en abandonnant les pratiques et les doctrines des apôtres de Jésus, et que la seule solution, c’est de revenir à la source, c’est-à-dire au Nouveau Testament. C’est ainsi que nous connaîtrons réellement la faveur de Dieu.

B. B.
(Dans Vol. 20, No. 1)

Y a-​t‑il des contradictions dans la Bible ?

C’est une question légitime. Il est vrai que des adversaires du christianisme ne sont pas toujours de bonne foi quand ils font leurs accusations concernant les soi-disant erreurs et contradictions dans la Bible. Ils emploient des critères que l’on n’applique à aucun autre document ancien ou moderne ; ils tirent des mots hors de leur contexte pour faire dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas ; ils font exprès pour cacher des détails qui pourraient enlever les difficultés.

Mais même la personne qui croit à la Bible, qui la connaît assez bien et qui l’aime sincèrement se demande parfois si elle ne contient pas quelques erreurs. Sur l’Internet on trouve facilement des sites athées ou musulmans qui dressent des listes de douzaines ou même d’une centaine de supposées contradictions, et beaucoup ne savent pas comment concilier ces textes qui, à première vue, ne s’accordent pas. Certains finissent par perdre la confiance qu’ils avaient placée dans la Bible. Est-il possible de défendre la Bible de manière rationnelle et convaincante ?

La nature d’une vraie contradiction

De nombreuses contradictions supposées disparaissent lorsqu’on tient compte du sens du mot « contradiction ». Selon Aristote, « il est impossible qu’un même attribut appartienne et n’appartienne pas en même temps et sous le même rapport à une même chose ».

Quelqu’un ferait remarquer, par exemple, que selon 2 Samuel 14.27, Absalom, le fils du roi David, avait des fils : « Il naquit à Absalom trois fils, et une fille nommée Tamar. » Mais selon 2 Samuel 18.18, il n’avait pas de fils :

« De son vivant, Absalom s’était fait ériger un monument dans la vallée du roi ; car il disait : Je n’ai point de fils par qui le souvenir de mon nom puisse être conservé. »

Si ces deux textes se référaient au même moment dans la vie d’Absalom, on pourrait bien parler de contradiction. Mais en fait, l’un des passages décrit la situation tôt dans la vie d’Absalom, alors que l’autre décrit la situation quand il mourut. Remarquez qu’Absalom ne dit pas qu’il n’avait pas engendré d’enfants, mais qu’il n’avait pas de fils. Trois fils lui avaient été nés, mais quand il érigeait le monument en sa mémoire, ces enfants étaient morts. Étant donné le taux de mortalité infantile à l’absence des soins médicaux modernes, un tel scénario n’est pas difficile à imaginer. Cet exemple sert donc à illustrer le fait qu’un attribut peut bien appartenir et ne pas appartenir au même sujet, si ce n’est pas en même temps.

Un attribut peut bien appartenir et ne pas appartenir au même sujet aussi quand ce n’est pas sous le même rapport, ou dans le même sens. Par exemple, quand certains Juifs demandèrent à Jean-Baptiste : « Es-tu Élie ? », il leur répondit : « Je ne le suis pas » (Jean 1.21). Le prophète Malachie avait, en effet, prédit un retour d’Élie avant l’arrivée du Messie, et Jésus identifia plus tard Jean-Baptiste comme étant l’accomplissement de cette prédiction. Il dit en Matthieu 17.12,13 :

« Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, qu’ils ne l’ont pas reconnu et qu’ils l’ont traité comme ils ont voulu. De même le Fils de l’homme souffrira de leur part. Les disciples comprirent alors qu’il leur parlait de Jean-Baptiste. »

Est-ce une contradiction ? Non, car la réponse de Jean signifiait qu’il n’était pas Élie réincarné ou ressuscité – il n’était pas littéralement le prophète Élie. Mais Jésus confirmait que Jean était venu, comme l’ange qui annonçait sa naissance l’avait dit, « avec l’esprit et la puissance d’Élie » (Luc 1.17). Jean était Élie dans un sens figuré, mais non dans le sens littéral.

Et avant de crier « Contradiction ! », il faut s’assurer que les deux versets que l’on croit être en conflit parlent bien du même sujet. Par exemple, l’apôtre Paul dit en Galates 6.2 : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ », mais au verset 5 du même chapitre, il semble se contredire quand il écrit : « Chacun portera son propre fardeau. » En réalité, le mot fardeau ne se réfère pas à la même chose dans ces deux versets, et l’apôtre, qui écrivait en grec, employa deux mots grecs différents. Que ce soit pour aider un frère à résoudre un problème de péché dans sa vie ou à supporter une épreuve, surmonter une faiblesse ou satisfaire à un besoin important, l’amour dans l’Église nous apprend à tendre une main secourable à autrui. C’est l’idée de s’intéresser à son frère, de sympathiser, de ne pas prendre l’attitude de celui qui dit : « C’est son problème ; cela ne me regarde pas. » C’est dans ce sens que Paul parle de « fardeau » au verset 2. Par contre, au verset 5 l’apôtre nous rappelle que chacun sera jugé selon sa propre responsabilité envers Dieu, et non pas sur la base d’une comparaison à d’autres personnes. En effet, pour signaler que Paul n’employa pas le même mot grec, certaines traductions de la Bible emploient le mot « fardeau » au verset 2 et le mot « charge » au verset 5.

Non seulement il faut tenir compte du vrai sens du mot « contradiction », mais il faut aussi faire preuve de fair-play. Lorsque nous rencontrons des déclarations qui semblent contradictoires dans les écrits d’un auteur quelconque, il n’est pas normal d’exagérer les différences afin de l’accuser ; il faut un effort honnête de les harmoniser. Nous avons tous vu des situations où une personne a dit deux choses qui semblaient être en conflit, mais en y regardant de plus près, nous voyons que les deux déclarations sont en parfait accord. Surtout quand nous avons affaire aux écrits de personnes avec qui nous ne pouvons pas communiquer, tels que les auteurs d’une autre époque, il faut se rappeler qu’une explication raisonnable d’une contradiction apparente doit suffire pour qu’on n’accuse pas l’auteur d’être en erreur ou d’avoir menti. Or, il y a souvent plusieurs façons possibles de concilier les déclarations « contradictoires » de la Bible. Nous n’avons pas besoin de pouvoir déterminer avec certitude si telle explication est la bonne, pourvu qu’elle soit plausible.

Différences entre les Évangiles

Prenons le cas des Évangiles de Matthieu, Marc et Luc. Il y a de nombreux passages où l’un des Évangiles contient des détails que l’un des autres omet, ou même que les deux autres n’ont pas inclus. Il y a des passages où les mots employés par Jésus varient d’un Évangile à l’autre. Il y a même des récits qui semblent, au premier abord, se contredire les uns les autres. Certains érudits se basent sur ces différences pour postuler l’existence d’une multitude d’anciennes sources, écrites ou orales, dont les auteurs des différents Évangiles se seraient servis pour bricoler leurs ouvrages. Mais ces théories commencent par des présuppositions hostiles à l’inspiration et à l’authenticité des livres de la Bible, elles se construisent sur des « sources » qui sont de pures suppositions, pour ne pas dire imaginaires, et elles ignorent (volontairement ?) d’autres explications plausibles pour ces différences.

Certains décalages dans les paroles de Jésus d’un Évangile à l’autre s’expliquent ainsi : il n’est pas raisonnable de supposer que Jésus aurait prononcé chaque enseignement une seule fois, à une seule occasion. De petites différences de vocabulaire ou de détails peuvent parfois s’attribuer au fait que Jésus répétait les mêmes paraboles ou donnait plus ou moins le même enseignement à différents auditoires ou parfois aux mêmes auditeurs à différentes occasions. (Comparer Matt. 16.24,25; 10.38s ; Marc 8.34s ; Luc 9.23; 14.27; 17.33; où il est clair que Jésus a employé un langage similaire en différentes situations pour insister sur les mêmes vérités concernant la nécessité d’accepter de « porter sa croix », « renoncer à soi-même » et « perdre sa vie » si l’on voulait suivre Jésus.)

Ajoutons aussi que deux récits peuvent être différents sans pour autant être incompatibles. La déclaration que deux anges étaient présents au tombeau de Jésus le dimanche matin (Jean 20.12) est différente de la déclaration qu’un ange s’y trouvait (Marc 16.5), mais sont-elles contradictoires ? Aucune des déclarations ne nie que l’autre soit vraie. L’une fournit simplement un détail que l’autre n’a pas fourni : la présence d’un deuxième ange.

Les différences sont parfois dues au fait que les auteurs n’avaient pas les mêmes lecteurs en vue. Matthieu écrit particulièrement à des Juifs. Il cite très souvent des prophéties de l’Ancien Testament qui trouvent leur accomplissement dans la vie du Christ, sachant que ces choses seraient très importantes pour ses premiers lecteurs, ces Juifs qui connaissaient et croyaient profondément à leurs Écritures. Marc écrit à des non-juifs, probablement des Romains ; il n’inclut pas la généalogie de Jésus, dont ses lecteurs n’auraient pas apprécié l’importance, mais il ajoute des explications de certaines expressions ou coutumes juives dont ils auraient besoin. Alors que les autres Évangiles se réfèrent 35 fois à la Loi de Moïse, Marc ne la mentionne pas explicitement une seule fois. Le mot « prophète » ne paraît que rarement dans Marc, alors que Matthieu l’emploie 17 fois.

Non seulement les premiers lecteurs, mais les témoins (Matthieu, Pierre, Jean) avaient des perspectives différentes. Trois ou quatre témoins d’un même événement relatent souvent des détails différents, selon ce qui a frappé ou retenu l’intérêt de chacun. Il ne s’agit pas de contradictions, mais d’une simple confirmation de l’indépendance de chacun des auteurs. Matthieu et Luc ne copiaient pas servilement l’ouvrage de Marc.

Quelques sources de contradictions apparentes

La nature du langage

Chaque langue humaine a ses points forts et ses faiblesses, et quand on traduit un texte d’une langue à une autre, il est parfois difficile de communiquer toutes les nuances de l’original ou, par contre, de préserver son caractère obscur et imprécis.

Comment de telles différences peuvent-elles donner la fausse impression que la Bible se contredit ? Prenons un exemple très simple. Lorsque Saul de Tarse se dirigeait vers Damas pour y persécuter des chrétiens, une lumière venant du ciel resplendit autour de lui, et le Seigneur ressuscité lui parla. Selon Actes 9.7, « les hommes qui l’accompagnaient demeurèrent stupéfaits ; ils entendaient bien la voix, mais ils ne voyaient personne ». Cependant, lorsque Saul (l’apôtre Paul) racontait plus tard son expérience, il dit : « Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui parlait » (Actes 22.9, Segond, 1910). La « contradiction » disparaît lorsqu’on tient compte d’un aspect de la grammaire grecque : l’emploi du génitif dans le premier passage et de l’accusatif dans le deuxième. Avec le génitif, « entendre » signifie que l’oreille perçoit des sons, sans indiquer si la personne comprend ce qu’elle entend ou pas ; avec l’accusatif, le même verbe décrit l’action d’entendre et précise que la personne comprend le message prononcé. Il n’y a donc pas de conflit entre Actes 9.7 et 22.9.

Les mêmes noms pour désigner différentes personnes (ou lieux) et différents noms pour désigner les mêmes personnes

Selon Actes 12.1,2, « vers le même temps, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques membres de l’Église, et il fit mourir par l’épée Jacques, frère de Jean ». Par contre, trois chapitres plus tard, l’auteur des Actes dit que Jacques était bien en vie et qu’il participa à une discussion entre les apôtres et les anciens à Jérusalem. Comment pouvait-il être mort et vivant en même temps ? La réponse évidente est que Luc écrit au sujet de deux hommes différents qui portaient tous les deux le nom de Jacques. Celui qui fut mis à mort était le frère de Jean (Actes 12.2), le fils de Zébédée. Celui dont il est question en Actes 15 était le frère de Jésus (Gal. 1.19; Matt. 13.55; Actes 12.17). Le nom Jacques figure 42 fois dans le Nouveau Testament, mais il faut garder à l’esprit qu’il se réfère à quatre hommes différents.

De l’autre côté, une même personne pouvait être désignée par des noms différents. Parfois il est simplement question d’orthographe. Par exemple, Abija est une variante d’Abijam, Micaja est une variante de Maaca, et Abisalom est une variante d’Absalom (1 Rois 15.1,2; 2 Chr. 13.1,2). Il n’y a aucune raison de lire ces passages et conclure qu’il y a contradiction. (Notez en plus que le terme « fils de » ou « fille de » renvoyait parfois au parent direct, et parfois à un ancêtre plus célèbre. Voir, par exemple, 2 Sam. 1.24.) Et en dehors des questions de différentes orthographes, certains personnages bibliques sont désignés par plus d’un nom : Jacob/Israël, Ésaü/Édom, Simon/Pierre/Céphas, Joseph/Barnabas, Matthieu/Lévi, etc.

Différentes méthodes pour compter le temps

Plusieurs passages disent que Jésus ressusciterait le troisième jour (Matt. 17.23; Luc 9.22; 1 Cor. 15.4; etc.), alors que d’autres textes semblent indiquer que ce serait après trois jours, ou qu’il passerait trois jours et trois nuits dans le tombeau (Marc 8.31; 9.31; Matt. 12.40; etc.). Pour le lecteur moderne, cela présente une contradiction, mais selon la manière de compter le temps à l’époque, les deux façons de s’exprimer étaient valables. Selon une citation du rabbi Eleazar ben Azariah dans le Talmud de Jérusalem (vers 100 apr. J.‑C.), « un jour et une nuit sont un onah (une période de temps) et la portion d’un onah est comme l’onah entier ». Des exemples de cette manière de parler du temps se trouvent tout au long de la Bible (par ex. Genèse 42.17,18; 1 Samuel 30.12,13; Esther 4.16 et 5.1; 2 Chroniques 10.5,12; etc.). Un exemple moderne serait la manière des hôtels de faire payer les clients : celui qui arrive et s’inscrit à la réception à 20 h 30 un mercredi et qui libère la chambre jeudi à 17 h 30 doit payer deux nuitées. Puisqu’il n’a pas libéré la chambre avant l’heure obligatoire de 11 h, il sera facturé pour deux jours entiers, alors que son séjour a duré moins de 24 heures. En parlant de la prophétie de Jésus concernant sa résurrection, les pharisiens avaient compris Jésus et employèrent la même sorte de langage :

« Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore : « Après trois jours je ressusciterai. » Ordonne donc que le tombeau soit gardé jusqu’au troisième jour. » (Matthieu 27.63,64)

Des erreurs des copistes ou des manuscrits endommagés

Certaines divergences d’une importance mineure peuvent être attribuées aux « fautes de frappe » commises par ceux qui recopiaient les textes bibliques à la main au cours des siècles. Or, il est important de souligner que personne ne prétend que les copistes et les traducteurs sont inspirés de Dieu comme l’étaient les auteurs des livres qui composent la Bible. Les scribes étaient remarquablement exacts et minutieux dans ce qu’ils faisaient, mais leur travail n’est pas infaillible. Ceci est évident surtout quand il s’agit des noms propres et des chiffres, car certains caractères se ressemblaient beaucoup. Ainsi, l’on trouve parfois un cas comme ce qui suit. 1 Chroniques 18.3 dit : « David battit Hadarézer, roi de Tsoba, vers Hamath, lorsqu’il alla établir sa domination sur le fleuve de l’Euphrate. » Par contre, 2 Samuel 8.3 dit : « David battit Hadadézer, fils de Rehob, roi de Tsoba, lorsqu’il alla rétablir sa domination sur le fleuve de l’Euphrate. » Il s’agit évidemment du même roi vaincu dans ces deux textes, bien que les noms diffèrent légèrement. Les lettres « r » et « d » se distinguent facilement l’une de l’autre en français, mais ce n’est pas du tout le cas en hébreu. Un scribe a dû se tromper en copiant le nom. Cela ne porte pas atteinte à l’inspiration de la Bible, et il est clair qu’une telle erreur ne change nullement son contenu doctrinal.

Conclusion

L’espace ne permet pas de détailler toutes les prétendues contradictions dans la Bible, ni même toutes les sortes de supposés conflits. Des livres volumineux ont été écrits pour répondre à tous les cas cités par ceux qui mettent en doute l’exactitude de la Bible. Mais des considérations telles que nous venons de voir permettent de résoudre la plupart des problèmes et de nous rassurer que des explications existent, même si nous ne les connaissons pas. Terminons avec cette pensée du Professeur W. Arndt, auteur du livre, Does the Bible Contradict Itself ? (La Bible se contredit-elle ?)

« Lorsque nous rencontrons une contradiction apparente dans la Bible que nous n’arrivons pas à résoudre, nous ne devons pas conclure qu’un décalage réel ait été découvert. Bien que nous soyons incapables de balayer une certaine difficulté, cela ne prouve pas que personne d’autre ne puisse trouver une explication plausible. Notre connaissance est imparfaite, notre expérience est limitée et nous manquons parfois de recul. Quelle folie pour un homme de déclarer que ce qui lui paraît difficile ou impossible à comprendre doit forcément l’être pour tout le monde ! Certaines choses qui confondaient nos pères ne nous laissent pas perplexes aujourd’hui. Il se peut que des générations futures n’aient aucun problème pour résoudre certaines difficultés qui nous troublent actuellement. »

« La Bible, tant de fois battue, haïe, moquée – malgré les coups qui pleuvent, tonnent et fulminent, l’enclume est intacte… les marteaux sont brisés. »

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 6)

Les mariages mixtes (sur le plan religieux)

Est-ce qu’il importe à Dieu avec qui vous vous mariez ? Le choix d’un conjoint est l’une des décisions les plus importantes que l’on prend dans sa vie. Cette décision aura sans doute des conséquences pour votre bonheur sur la terre, le service que vous pourrez rendre à Dieu, l’avenir de vos enfants et votre propre salut éternel. Dans bien des cas, elle révèle vos priorités et vos valeurs. Il serait donc étonnant si Dieu y était indifférent.

Il y a, bien sûr, bon nombre de considérations valables qui peuvent figurer dans le choix d’un conjoint, mais pour le chrétien, le facteur qui devrait prendre plus d’importance que les autres, c’est la foi.

Pourquoi se marier avec un chrétien fidèle ?

Examinons trois raisons fondamentales de se marier dans l’Église, c’est-à-dire avec un chrétien fidèle.

À cause de votre âme

Commençons par deux textes de l’Ancien Testament. Nous reconnaissons que le chrétien ne vit pas sous la loi de Moïse, mais cette loi nous enseigne souvent des principes spirituels ou pratiques qui valent pour les chrétiens aussi bien que pour les Israélites d’autrefois.

Avant que le peuple d’Israël ne fasse la conquête du pays de Canaan, Dieu lui donna des instructions très claires concernant les nations idolâtres qu’il allait déposséder :

« Tu ne contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne prendras point leurs filles pour tes fils ; car ils détourneraient de moi tes fils, qui serviraient d’autres dieux, et la colère de l’Éternel s’enflammerait contre vous : il te détruirait promptement. » (Deut. 7.3,4)

Remarquez que ce n’était pas une question de racisme. L’obstacle au mariage n’était pas l’importance de préserver la pureté du sang des Israélites ; le problème était religieux, spirituel. Dieu dit : les païens « détourneraient de moi tes fils, qui serviraient d’autres dieux ». (Dans le livre de Ruth, l’ancêtre du roi David a épousé une femme moabite, mais cette femme s’était déjà engagée à servir l’Éternel – Ruth 1.16,17. Ce mariage ne présentait pas de danger spirituel.) Remarquez aussi que les Israélites ne devaient permettre le mariage ni de leurs fils ni de leurs filles à ces peuples qui ne servaient pas le vrai Dieu. Chez les musulmans, il est généralement interdit à la fille musulmane de devenir l’épouse d’un chrétien, mais on accepte souvent que l’homme musulman se marie avec une fille chrétienne, car il est sous-entendu que le mari est le chef de la famille. Mais Dieu interdit tous les mariages mixtes entre les Israélites et les non-croyants, le danger spirituel étant un problème pour les hommes aussi bien que les femmes.

Dans la vie du roi Salomon, nous voyons la tragédie qui s’est produite quand il choisit de désobéir au commandement de Dieu dans ce domaine.

« Le roi Salomon aima beaucoup de femmes étrangères […] appartenant aux nations dont l’Éternel avait dit aux enfants d’Israël : Vous n’irez point chez elles, et elles ne viendront point chez vous ; elles tourneraient certainement vos cœurs du côté de leurs dieux […] À l’époque de la vieillesse de Salomon, ses femmes inclinèrent son cœur vers d’autres dieux ; et son cœur ne fut point tout entier à l’Éternel, son Dieu, comme l’avait été le cœur de David, son père. » (1 Rois 11.1,2,4)

Salomon désobéit à Dieu en épousant des femmes païennes, puis il eut l’audace de construire à Jérusalem, la ville sainte, des temples d’idoles pour complaire à ces femmes (v. 7). Comme on pouvait s’y attendre, il finit par adorer lui-même les faux dieux.

Salomon est connu pour avoir été l’homme le plus sage de l’histoire, et Dieu lui avait même apparu par deux fois.

« Il n’y avait point de roi semblable à lui parmi la multitude des nations, il était aimé de son Dieu, et Dieu l’avait établi roi sur tout Israël ; néanmoins, les femmes étrangères l’entraînèrent aussi dans le péché. » (Néh. 13.26)

Si le cœur même de Salomon fut détourné de Dieu à cause de son amour pour des femmes qui suivaient d’autres religions, un chrétien aujourd’hui ne devrait pas se croire si fort qu’il peut se marier sans danger avec un non-chrétien.

Le même principe est enseigné dans le Nouveau Testament. En 1 Corinthiens 7.39 la Bible donne la règle suivante :

« Une femme est liée aussi longtemps que son mari est vivant ; mais si le mari meurt, elle est libre de se marier à qui elle veut ; seulement, que ce soit dans le Seigneur. »

Une veuve peut bien se remarier après la mort de son premier mari, mais qu’elle se marie avec un chrétien.

En 1 Corinthiens 9.5, Paul dit qu’il avait, en tant qu’apôtre, certains droits, même s’il n’en usait pas toujours. Il dit qu’il avait, par exemple, le droit d’épouser une femme (contrairement à la doctrine de certaines Églises qui défendent aux conducteurs chrétiens de se marier) : « N’avons-nous pas le droit de mener avec nous une sœur qui soit notre épouse, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur et Céphas ? » Vous remarquerez que Paul précise « une sœur », c’est-à-dire une chrétienne, une femme qui serait sa sœur en Christ ; il n’aurait jamais songé à se lier avec une non-chrétienne dans le mariage. Quelle entrave ce serait pour son ministère ! En fait, aucun passage du Nouveau Testament ne suggère qu’il serait acceptable de choisir un mari ou une femme qui ne soit pas déjà en Christ.

Voici un conseil sage : cherchez un conjoint qui vous aidera à parvenir au ciel. La vie chrétienne a beaucoup de récompenses, mais elle n’est pas du tout facile. Les tentations abondent. La faiblesse est toujours là. Voilà pourquoi la Bible est remplie de passages qui nous recommandent de faire certaines choses « les uns pour les autres » : Aimez-vous les uns les autres. Exhortez-vous réciproquement. Portez les fardeaux les uns des autres. Soyez serviteurs les uns des autres. Supportez-vous, édifiez-vous, consolez-vous les uns les autres. Il est évident que nous avons besoin de l’aide spirituelle de nos frères et sœurs en Christ, et quand le mari et la femme sont tous deux chrétiens, cette aide si nécessaire est disponible tous les jours à la maison.

Quand on se marie, même avec un non-chrétien, on peut espérer des avantages sur le plan matériel, de la satisfaction sur le plan sexuel, de l’aide pratique pour la vie professionnelle ou domestique, et plus, mais le chrétien qui se marie à quelqu’un d’une autre religion ne doit pas s’attendre au soutien de son partenaire sur le plan spirituel. Au contraire, il risque de rencontrer tôt ou tard l’incompréhension, le mépris, la moquerie, les bâtons dans les roues, voire l’opposition ouverte. Certains non-chrétiens trouvent divers moyens pour empêcher leurs conjoints de se rendre au culte, de participer aux activités de l’Église, de recevoir la visite des frères et sœurs en Christ. Même dans le meilleur des cas, on ne reçoit pas de son mari ou sa femme l’encouragement dont nous avons tous besoin ; au contraire, on aura à faire avec l’indifférence, l’hostilité ou même la persécution.

Même quand votre partenaire semble neutre à l’égard de votre foi et ne fait rien pour vous empêcher dans vos activités spirituelles, son influence humaniste, mondaine ou païenne risque de vous transformer avec le temps. « Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Cor. 15.33). Quant à ceux qui croient en Jésus, mais qui adhèrent fortement à de fausses doctrines, ils peuvent finir par vous convaincre que la conformité à la Parole de Dieu n’est pas si importante que ça. À la longue vous risquez de vous éloigner de l’Église du Seigneur.

À cause de votre foyer

En 2 Corinthiens 6 nous avons cette exhortation :

« Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. [Ne formez pas un attelage disparate ou hétérogène.] Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? » (2 Cor. 6.14,15)

Deux bêtes attelées sous un même joug sont obligées d’aller dans le même sens, de collaborer étroitement ensemble. C’est l’image d’une association intime dont on ne peut pas facilement se dégager. Il ne convient pas de placer sous un même joug deux bêtes qui sont trop différentes l’une de l’autre. Moïse a même ordonné : « Tu ne laboureras point avec un bœuf et un âne attelés ensemble » (Deut. 22.10). L’image du joug correspond au mariage, et l’image d’un bœuf et un âne attelés ensemble représente bien l’union d’un chrétien et un non-chrétien dans le mariage. Ce n’est pas normal, et ça ne marche pas bien.

Quand deux personnes se marient, elles sont censées avoir tout en commun, former une seule chair (Éph. 5.31), s’unir profondément pour former un couple et, par la grâce de Dieu, faire des enfants et les élever ensemble. C’est l’union la plus profonde qui puisse exister entre deux êtres humains. Mais quand l’un est chrétien et l’autre ne l’est pas, ils n’ont pas en commun ce qui est le plus fondamental, le plus important. L’un veut vivre dans la lumière du Christ, alors que l’autre reste encore dans les ténèbres. L’apôtre Paul nous dit de ne pas nous mettre dans une telle situation.

Le mariage est censé être une bénédiction, mais il demande beaucoup d’effort. Il finit trop souvent dans le divorce ou la misère. Nous avons besoin de ce qui peut renforcer nos unions. La foi commune en Jésus-Christ, la détermination d’atteindre le même objectif (le ciel), les valeurs partagées que nous apprenons dans la Bible et qui nous guident dans les décisions de chaque jour, la consolation et le courage dans les épreuves que nous avons grâce à notre espérance chrétienne – toutes ces choses contribuent au succès d’un foyer chrétien.

Quand vous êtes marié avec un non-chrétien, non seulement vous n’avez pas tout cela pour vous rapprocher, mais vous devez faire face à beaucoup qui peut vous diviser. Vous n’avez pas les mêmes valeurs et priorités, et vous risquez d’avoir des points de vue inconciliables sur l’utilisation de l’argent (le non-chrétien ne veut pas le « gaspiller » en le donnant à l’Église), sur la permanence du mariage (le non-chrétien trouve qu’il y a de nombreuses causes valables du divorce), sur la consommation de l’alcool, sur l’avortement comme moyen de contrôler les naissances, sur la nécessité de réserver tous les dimanches pour aller au culte (sans parler des réunions de prière ou les études bibliques), sur l’obligation absolue de la fidélité sexuelle de l’homme aussi bien que de la femme, sur la possibilité de consulter un charlatan si votre enfant est malade et que les médecins ne le soignent pas avec succès, etc. Il y a de nombreuses sources potentielles de conflit. Même si votre conjoint est un croyant fervent, mais membre d’une autre communauté, il faut prévoir la possibilité de conflits : Dans quelle communauté allez-vous élever vos enfants ? Comment pourrez-vous évangéliser ensemble si vous n’êtes pas d’accord sur les conditions du salut ? Chacun sera-t‑il satisfait de voir une partie de l’argent, pour lequel il a fait sa part afin de le gagner, utilisée pour propager des doctrines qu’il n’accepte pas ?

À cause de vos enfants

Rappelez-vous qu’en choisissant la personne que vous allez épouser, vous choisissez pour vos enfants futurs leur père ou leur mère. Ce choix aura certainement des retombées sur votre capacité de les éduquer comme Dieu le veut. Les parents ont toujours eu le devoir de transmettre à leurs enfants la connaissance de Dieu et de sa volonté. L’Éternel dit aux Israélites :

« Quelle est la grande nation qui ait des lois et des ordonnances justes, comme toute cette loi que je vous présente aujourd’hui ? Seulement, prends garde à toi et veille attentivement sur ton âme, tous les jours de ta vie, de peur que tu n’oublies les choses que tes yeux ont vues, et qu’elles ne sortent de ton cœur ; enseigne-les à tes enfants et aux enfants de tes enfants. » (Deut. 4.8,9)

« Et ces commandements, que je te donne aujourd’hui, seront dans ton cœur. Tu les inculqueras à tes enfants, et tu en parleras quand tu seras dans ta maison, quand tu iras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te lèveras. » (Deut. 6.6,7)

Le même devoir incombe aux parents chrétiens : « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur » (Éph. 6.4).

Si le non-chrétien ne participe pas à la vie de l’Église, l’autre pourrait quand même, en principe, amener les enfants au culte et à l’étude biblique. (Cela n’est pas forcément le cas. Si l’évêque catholique autorise un catholique à entrer dans un mariage mixte, il est dit explicitement que les enfants doivent être éduqués dans la foi catholique. Dans certains pays musulmans, l’enfant d’un parent musulman est automatiquement et légalement musulman, et c’est un crime que de l’influencer à devenir chrétien.) Mais même si le non-croyant permet à son partenaire de partir à l’église avec les enfants, son exemple aura quand même une influence négative sur eux. Quand les enfants grandiront, ils voudront peut-être, comme le parent non chrétien, rester à la maison le dimanche, dormir, regarder la télé, recevoir des amis, etc. En plus de son exemple, le parent d’une autre religion aura certainement une influence à travers ses conseils, sa façon de raisonner, sa moralité et la place qu’il aura naturellement dans le cœur de ses enfants.

Le chrétien qui se propose d’épouser un non-chrétien doit bien réfléchir à cette question : « Et si je mourais ? » Au cas où le parent chrétien meurt, que deviendront les enfants si le parent qui reste n’est pas chrétien ? Les accompagnera-t‑il aux activités de l’Église ? Leur montrera-t‑il chaque jour comment vivre pour plaire à Dieu ?

Si vous êtes déjà dans un mariage mixte

Si vous vous êtes déjà mariés avec un non-chrétien, vous avez besoin de comprendre deux vérités :

1) Un mariage mixte est toujours un mariage aux yeux de Dieu. Parfois c’est le résultat d’une mauvaise décision du côté du chrétien, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans certaines cultures, les parents choisissent des époux pour leurs enfants et ne cherchent pas l’avis de ces derniers. Souvent, l’homme et sa femme étaient déjà mariés avant d’entendre l’Évangile ; l’un devient chrétien et l’autre rejette la Parole. Du coup, c’est un mariage mixte. Parfois, les deux époux sont chrétiens au départ, mais l’un d’eux abandonne sa foi. Alors que dans l’Islam, un mariage est suspendu ou annulé si, par exemple, la femme se convertit et le mari demeure incrédule (le Coran, sourate 60, ayat 10), selon la Bible, les obligations conjugales subsistent.

« Si un frère a une femme non-croyante et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie point ; et si une femme a un mari non-croyant et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie point son mari. Car le mari non-croyant est sanctifié par la femme, et la femme non-croyante est sanctifiée par le frère ; autrement, vos enfants seraient impurs, tandis que maintenant ils sont saints. » (1 Cor. 7.12-14)

Même si vous avez pris une mauvaise décision dans votre choix d’un conjoint, vous êtes engagé. C’est toujours un mariage aux yeux de Dieu, et vos enfants ne sont pas illégitimes.

(2) Vous avez le devoir d’être un bon époux et de garder l’espoir que votre mari ou femme se convertira un jour. « Car que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Ou que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ? » (1 Cor. 7.16).

« Femmes, soyez de même soumises à vos maris, afin que, si quelques-uns n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans parole par la conduite de leurs femmes, en voyant votre manière de vivre chaste et réservée. » (1 Pierre 3.1,2)

Si vous n’êtes pas encore engagé

Supposons que vous êtes encore célibataire, et que vous commenciez à vous intéresser à une personne que vous espérez convertir avant de vous marier avec elle. Voici deux conseils pratiques :

(1) Ne lui dites surtout pas qu’elle doit devenir chrétienne avant que vous ne l’épousiez. Il se peut qu’elle se fasse baptiser juste pour que vous acceptiez de vous marier avec elle. Ainsi, elle ne sera pas baptisée pour les bonnes raisons et risque de ne pas respecter son engagement.

(2) Ne vous mariez pas en pensant que vous allez convertir l’autre après le mariage. Ne vous mariez pas avec quelqu’un en ayant à l’esprit l’idée de changer son caractère, ses activités, ses habitudes ou sa façon de penser. Vouloir forcer votre conjoint à changer est un moyen assez sûr de provoquer les conflits et le malheur dans le foyer.

Lorsqu’un chrétien choisit de se marier avec quelqu’un d’une autre religion, il y a 80 % de probabilité qu’il n’arrivera pas à convertir son époux et jouir du bonheur d’un foyer chrétien ; d’ailleurs, plus de 50 % des chrétiens qui se marient à des non-chrétiens finissent par devenir eux-mêmes infidèles et quitter l’Église. Le risque d’une catastrophe spirituelle est très grand.

Enfin, répétons-le : choisissez quelqu’un qui vous aidera à aller au ciel, quelqu’un avec qui vous vous entendrez puisqu’il partage vos valeurs chrétiennes, et quelqu’un qui sera un bon parent chrétien pour vos enfants. Demandez à Dieu de vous aider, et cherchez parmi son peuple.


Que voulons-nous dire par chrétien ou non-chrétien ?

Il va sans dire que la personne qui ne partage pas la foi en Christ serait dans la catégorie de non-chrétien. Un païen – quelqu’un, par exemple, qui adore des idoles ou les esprits des ancêtres, qui craint les mauvais sorts et les malédictions, qui pratique la magie ou cherche des amulettes pour se protéger contre la sorcellerie – est un non-chrétien. Le Juif qui ne croit pas que Jésus est le Christ est un non-chrétien. L’homme moderne qui, explicitement athée ou pas, ne s’intéresse qu’aux choses mondaines n’est manifestement pas un disciple du Christ. Et les musulmans, dont beaucoup prétendent croire en Jésus, bien qu’ils ne croient pas la même chose à son sujet que ce que la Bible enseigne, ne sont pas chrétiens.

Mais il faut considérer une autre sorte de personne : le non-chrétien peut être celui ou celle qui est membre fidèle d’une dénomination ou communauté dite chrétienne. Selon la Bible, ceux qui appellent Jésus « Seigneur, Seigneur » ne font pas tous la volonté du Père et ne seront pas tous reconnus par lui au dernier jour (Luc 6.46 ; Matt. 7.21-23). Qu’ils soient sincères ou pas, beaucoup n’ont pas obéi au plan du salut enseigné dans le Nouveau Testament, car ils adhèrent à une confession qui prêche une doctrine contraire. Beaucoup adorent Dieu en suivant des traditions humaines plutôt que la Parole de Dieu (Matt. 15.9). Quand nous parlons de chrétiens fidèles, nous n’entendons pas les membres des dénominations, ces Églises qui sont étrangères à la Parole de Dieu.

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 5)

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu

Depuis presque un siècle, la Palestine était tombée sous la domination de l’Empire romain, et la plupart des Juifs en étaient très mécontents. Les travaux forcés, les symboles idolâtres étalés dans « la terre sainte », la manière dont les opposants étaient torturés et mis à mort, la perte de liberté et de dignité – tout cela contribuait à la rancœur. Les impôts que les Romains imposaient au peuple juif étaient particulièrement détestés, un rappel continuel de l’humiliation nationale. Chacun devait verser à ce pouvoir étranger 10 % de sa production de céréales, 20 % des vins et des huiles, 1 % de tous ses revenus et un denier (l’équivalent du salaire d’une journée) par personne chaque année. Voilà la mise en scène d’un piège que les ennemis de Jésus lui ont tendu. Ils cherchaient une occasion soit de discréditer Jésus auprès du peuple juif, soit de l’accuser de rébellion auprès des autorités romaines.

« Et ils vinrent lui dire : Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu ne t’inquiètes de personne ; car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes, et tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ? Devons-nous payer, ou ne pas payer ? Jésus, connaissant leur hypocrisie, leur répondit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, afin que je le voie. Ils en apportèrent un ; et Jésus leur demanda : De qui sont cette effigie et cette inscription ? De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils furent à son égard dans l’étonnement. » (Marc 12.14-17)

Le fait que l’on pouvait produire si facilement une pièce de monnaie romaine montrait que les Juifs étaient sous l’autorité de César, car ces pièces n’étaient employées que sur le territoire romain. D’ailleurs, les pièces émises par un roi de l’antiquité pour l’utilisation sur son territoire étaient considérées comme étant sa propriété – d’où la parole de Jésus, « Rendez à César ce qui est à César ». Mais tout en affirmant un devoir envers les gouvernements humains, Jésus a souligné aussi les devoirs envers le Roi de l’univers.

Les gouvernements civils et l’Église ont tous les deux été établis par Dieu, mais ils n’ont ni les mêmes rôles ni les mêmes champs d’action. L’État a, par exemple, le droit de punir les malfaiteurs, même jusqu’à l’application de la peine de mort. Quant à l’Église, « les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles » (2 Cor. 10.4). Ce n’est pas à l’Église d’« exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal » (Rom. 13.4). Par contre, ce n’est pas à l’État civil de décider comment les chrétiens doivent adorer Dieu ou quel message ils doivent prêcher. Ces choses sont déterminées par la Bible seule.

Considérons donc nos responsabilités envers le gouvernement, après quoi nous verrons ce qu’il faut rendre à Dieu.

Rendez à César ce qui est à César

Les impôts

Jésus enseigne clairement en Marc 12.17 que nous devons payer des impôts. Il semble que la majorité des gouvernements soient caractérisés par le gaspillage, l’inefficacité et la corruption, mais cela ne change pas notre devoir. « Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut » (Rom. 13.7). Que ce soit les taxes douanières, les impôts sur le revenu, la TVA, les permis obligatoires ou d’autres obligations financières imposées par l’État, le chrétien ne doit pas agir malhonnêtement pour les éviter. Peu importe si nos concitoyens sont nombreux à commettre avec succès de la fraude fiscale, nous ne devons pas leur ressembler.

L’obéissance

Plusieurs passages du Nouveau Testament insistent sur la nécessité d’obéir aux lois des gouvernements humains sous lesquels nous vivons :

« Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute autorité établie parmi les hommes, soit au roi comme souverain, soit aux gouverneurs comme envoyés par lui pour punir les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien. » (1 Pi. 2.13,14 )

« Rappelle-leur d’être soumis aux magistrats et aux autorités, d’obéir, d’être prêts à toute bonne œuvre. » (Tite 3.1)

Le texte le plus complet à ce sujet se trouve en Romains 13.

« Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais le bien, et tu auras son approbation. Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience. » (Rom. 13.1-5)

Le chrétien se soumet au gouvernement, non seulement pour éviter d’être puni par les autorités, mais surtout à cause de son respect pour Dieu. Il y a, bien sûr, des lois dont tout le monde reconnaît le bien-fondé, comme celles qui interdisent le vol, le meurtre, le viol, etc., mais l’enfant de Dieu est appelé à se soumettre même aux règlements qui semblent parfois gênants. Par exemple, certains trouvent que les lois sur l’immigration sont trop compliquées ou onéreuses ; que cela soit le cas ou non, le chrétien qui voudrait immigrer dans un pays qui n’est pas le sien doit procéder de la façon légale. Les limites de vitesse semblent parfois trop basses, mais ce ne sont pas simplement des suggestions ; il faut essayer sincèrement de les respecter. Le mariage traditionnel est plus courant que le mariage légal dans beaucoup de pays, mais si la loi chez vous ordonne de légaliser vos unions conjugales, vous devez, en tant que chrétiens, vous conformer à ces exigences. Si vous habitez un pays qui offre des aides en matière de logement, santé, retraite, éducation, etc., vous ne devez pas employer de faux papiers ou donner des pots-de-vin pour obtenir des avantages auxquels vous n’avez pas droit. Le chrétien respecte la loi.

C’est Dieu qui a voulu l’existence de l’institution qu’on appelle « gouvernement ». L’État a été établi par Dieu pour le bien de la société. Il est presque toujours préférable d’avoir même un mauvais gouvernement que de ne pas en avoir du tout. Demandez à quiconque subit les effets de l’anarchie dans un pays déchiré par la guerre et dont l’État ne peut assurer la sécurité de personne. Les chapitres 17 à 21 du livre des Juges décrivent une période de violence et d’injustice criante en Israël. Et pourquoi le désordre avait-il augmenté à ce point ? « En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qu’il voulait » (Jug. 21.25). Dieu a donc établi le gouvernement pour notre bien.

Mais c’est aussi Dieu qui fait que telle ou telle personne détienne le pouvoir ; c’est lui qui établit les autorités. Selon Daniel 4.17, Dieu promit d’exercer un jugement sur Nebuchadnetsar, le roi orgueilleux de Babylone, « afin que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur le règne des hommes, qu’il le donne à qui il lui plaît, et qu’il y élève le plus vil des hommes ». Ceux qui sont au pouvoir ne comprennent pas souvent cette vérité. En Ésaïe 10.5-17, Dieu appelle le roi assyrien la verge de sa colère, la verge dans sa main pour punir son peuple infidèle (Israël), mais ce roi « n’en juge pas ainsi, et ce n’est pas là la pensée de son cœur. Il ne songe qu’à détruire ». Le verset 12 ajoute : « Mais, quand le Seigneur aura accompli toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, je punirai le roi d’Assyrie pour le fruit de son cœur orgueilleux, et pour l’arrogance de ses regards hautains ». Tout le livre de l’Apocalypse souligne le fait que Dieu, en son temps, allait punir et renverser l’Empire romain qui persécutait l’Église. De nombreux passages bibliques montrent que Dieu élève au pouvoir et enlève du pouvoir, pas forcément à cause de la justice ou de l’injustice de ces chefs d’État, mais pour accomplir ses propres desseins. Malgré les apparences, c’est toujours le Seigneur qui règne. Le chrétien ne se joindrait pas à une rébellion armée pour renverser un gouvernement, car c’est à Dieu d’établir ou d’enlever qui il veut et quand il le veut.

La prière

« J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur. » (1 Tim. 2.1-3)

Le devoir de prier pour les autorités ne dépend pas de leur justice. Les empereurs romains qui régnaient sur le monde quand Paul écrivait ces mots étaient des hommes immoraux et injustes. Mais remarquons que la Parole ne dit pas qu’il faut forcément demander à Dieu de donner au chef d’État une longue vie ou le succès de tous ses projets ou sa réélection. On prie Dieu que les décisions des autorités permettent aux chrétiens de vivre dans la paix et la piété. Quand ceux qui gouvernent sont favorables à l’œuvre de Dieu, on peut en remercier Dieu et lui demander de les bénir dans ce qu’ils font de positif. Quand ils se mettent à persécuter le peuple de Dieu ou à promouvoir l’immoralité et l’injustice, on peut prier Dieu de les amener, si possible, à la repentance, pour leur propre bien, le bien de la société et le bien de l’Église.

L’honneur

« Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur. » (Rom. 13.7)

« Craignez Dieu ; honorez le roi. » (1 Pi. 2.17)

Quand Dieu ordonne d’honorer quelqu’un, que ce soit nos parents, les gouverneurs ou les rois, il importe peu si nous estimons qu’ils sont personnellement dignes d’honneur. Il y a des pères négligents ou sans tendresse paternelle, des mères qui sont esclaves de la boisson ou la drogue, et des autorités civiles qui sont remplies d’orgueil et assoiffées d’argent et de pouvoir. Mais nous les traitons avec du respect à cause de leur position d’autorité à notre égard, sachant que c’est Dieu qui les a placés. Quand le roi Saül cherchait à faire mourir le jeune homme David, qui ne lui avait fait aucun mal, David eut plus d’une fois l’occasion de tuer Saül. L’entourage de David l’encouragea à le faire, en lui disant que Dieu avait livré Saül entre ses mains. Saül était devenu un tyran, et son caractère ne méritait plus le respect. C’est à cause de son grand respect pour Dieu que David ne s’est pas permis de faire du mal à Saül, parce que Dieu l’avait établi roi, ou « oint ».

« Qui pourrait impunément porter la main sur l’oint de l’Éternel ? Et David dit : L’Éternel est vivant ! C’est à l’Éternel seul à le frapper, soit que son jour vienne et qu’il meure, soit qu’il descende sur un champ de bataille et qu’il y périsse. Que l’Éternel me garde de porter la main sur l’oint de l’Éternel ! » (1 Sam. 26.9-11)

Dans la société moderne, l’exemple de la presse nous apprend soit à critiquer impitoyablement et sans cesse nos autorités, soit à les soutenir aveuglément et servilement dans toutes leurs politiques. Le chrétien doit essayer de parler toujours avec respect pour les autorités, même s’il doit parfois, comme Jean-Baptiste a fait à l’égard du roi Hérode (Matt. 14.3,4), leur dire des vérités qu’elles ne voudraient pas entendre.

Remarquez que ces passages bibliques qui parlent de nos devoirs à l’égard des autorités n’enseignent pas qu’il faut forcément participer au processus politique, qu’il faut voter ou qu’il faut être très patriotique. Ils ne défendent pas ces choses, non plus, mais l’activité politique n’est apparemment pas une partie essentielle de la vie chrétienne. La Bible ne recommande ni la monarchie ni la démocratie – l’une ou l’autre peut servir les besoins du peuple ou, au contraire, permettre d’exercer la tyrannie sur une partie de la population. Les chrétiens doivent s’accrocher fermement à leur foi face aux régimes oppressifs et ne pas tomber dans la paresse spirituelle sous des gouvernements tolérants. Dans tous les cas, la prédication de l’Église devrait être apolitique, dans le sens où elle ne s’aligne pas derrière un parti ou un homme politique. En plus, l’Église de Dieu n’a pas de nationalité.

Rendez à Dieu ce qui est à Dieu

Tous « nos » biens

Le chrétien reconnaît que tous « ses » biens appartiennent déjà à Dieu ; nous n’en sommes que des gestionnaires. Voilà l’idée derrière les paraboles des talents (Matt. 25.13-46) et des mines (Luc 19.11-26), dans lesquelles Jésus parle de maîtres qui confient à leurs serviteurs des sommes d’argent pour les faire valoir et rendre compte par la suite de leur gestion. Comme Dieu avait dit par le prophète Aggée : « L’argent est à moi, et l’or est à moi » (Ag. 2.8). Le roi David reconnut cette vérité quand il présentait à Dieu une offrande de la part de son peuple :

« Éternel, notre Dieu, c’est de ta main que viennent toutes ces richesses que nous avons préparées pour te bâtir une maison, à toi, à ton saint nom, et c’est à toi que tout appartient. » (1 Chr. 29.16)

L’obéissance absolue

On doit obéir aux gouvernements humains, mais que faire si un homme ordonne ce qui est contraire aux ordres de Dieu ? La Bible est très claire : en cas de conflit entre les ordres d’un homme quelconque et ceux du Seigneur, « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5.29). Jésus avait ordonné à ses disciples de prêcher l’Évangile au monde entier, mais les chefs juifs leur interdirent de parler en son nom.

« Pierre et Jean leur répondirent : Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu ; car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu. » (Actes 4.19,20)

Les apôtres et des chrétiens sans nombre depuis leur temps ont accepté l’emprisonnement, la torture, l’exil et la mort au lieu de se taire et de désobéir ainsi à leur Seigneur.

Schadrac, Méschac et Abed-Nego, les trois célèbres amis de Daniel, ont reçu l’ordre de se prosterner devant la statue dressée par le roi Nebucadnetsar et de l’adorer ; autrement, ils seraient jetés dans une fournaise ardente. Mais Dieu avait dit à son peuple :

« Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras pas d’image taillée […] Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux. » (Exode 20.3-5)

Voici donc la réaction de ces hommes pleins de courage :

« Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi. Même s’il ne le fait pas, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as élevée. » (Dan. 3.17,18)

Nos corps et nos vies

Que ce soit pour réclamer le droit à l’avortement ou le droit de refuser une injection, on voit parfois le slogan, « Mon corps, mon choix ». Mais pour le chrétien, son corps ne lui appartient pas, à plus forte raison il n’appartient à l’État.

« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu. » (1 Cor. 6.19,20)

Dans le contexte, l’apôtre Paul enseigne que le chrétien n’a pas le droit de se servir de son corps pour commettre du péché sexuel. Il va sans dire que si mon corps appartient à Dieu, je n’ai pas non plus le droit de l’abîmer ou le détruire. Je fais de mon mieux pour le maintenir pour le service de Dieu, son vrai propriétaire.

Notre amour

Le véritable amour est toujours quelque chose de bien, que ce soit pour sa famille, ses voisins ou sa patrie, tout comme l’orgueil et l’égoïsme sont toujours condamnables. Mais il y a un amour qui doit primer sur tous les autres : quand on demanda à Jésus quel était le plus grand commandement de la loi, il répondit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Matt. 22.37). Comparés à l’amour que nous devons avoir pour Jésus, tous les autres amours, y compris l’amour pour nous-mêmes, ressembleraient à de la haine :

« Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (Luc 14.26 ; voir aussi Matt. 10.37)

Daniel manifesta son amour pour Dieu et son courage quand il choisit de prier Dieu au lieu de se soumettre à l’ordre du roi des Mèdes et des Perses qui interdisait d’adresser des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté au roi lui-même, sous peine d’être jeté dans la fosse aux lions.

« Lorsque Daniel sut que le décret était écrit, il se retira dans sa maison, où les fenêtres de la chambre supérieure étaient ouvertes dans la direction de Jérusalem ; et trois fois le jour il se mettait à genoux, il priait, et il louait son Dieu, comme il le faisait auparavant. » (Dan. 6.10)

L’amour pour Dieu se manifeste dans les actions.

Dieu établit les autorités, mais elles ne doivent pas usurper les droits qui appartiennent à Dieu seul. Évidemment, pour nous les chrétiens, ni notre pays ni son gouvernement ne peut jamais avoir la première place dans notre cœur, car elle appartient déjà à notre Seigneur.

Citoyens du royaume des cieux

Quand nous sommes nés d’eau et d’Esprit par l’obéissance à l’Évangile (Jean 3.5), nous avons été transportés dans le royaume de Christ (Col. 1.13). Nous nous attachons désormais, non plus aux choses de la terre, mais aux « choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3.1), car son royaume « n’est point d’ici-bas » (Jean 18.36). Nous sommes désormais « citoyens des cieux, d’où nous attendons que vienne notre Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ » (Phil. 3.20, FC). Cela fait de nous des « étrangers et voyageurs sur la terre » (1 Pi. 2.11). Et contrairement à tous les gouvernements humains, ce royaume que nous recevons est inébranlable (Héb. 12.28). Soyons de bons sujets des pays où nous sommes de passage, mais soyons aussi de bons citoyens de notre patrie céleste, et ne négligeons jamais de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 4)

La prière pour les morts

Entendez-vous jamais, lors d’un décès, qu’il est du devoir des vivants de prier pour l’âme du défunt ? Dans les messages de consolation, on trouve très souvent des paroles comme « Qu’il repose en paix » ou « Paix à son âme ». Certaines communautés consacrent un jour spécial chaque année à la prière pour les morts. La Commémoration de tous les fidèles Défunts, appelée aussi jour des Morts, est une célébration catholique qui a lieu chaque année le 2 novembre, le lendemain du jour de la Toussaint. Que ce soit chez les catholiques, les orthodoxes, les musulmans, les bouddhistes, les hindous ou certains protestants, il est recommandé de prier pour des morts.

Dans le catholicisme, les pratiques de prier, d’allumer des cierges et de payer des messes pour les morts sont liées à la croyance au Purgatoire. Selon le catéchisme de l’Église catholique :

« Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel. L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés […] Le recours à la communion des saints permet au pécheur contrit d’être plus tôt et plus efficacement purifié des peines du péché […] Puisque les fidèles défunts sont aussi membres de la même communion des saints, nous pouvons les aider en obtenant pour eux des indulgences, de sorte qu’ils soient acquittés des peines temporelles dues pour leurs péchés. » (¶ 1030, 1031, 1475, 1479)

Les Églises orthodoxes n’acceptent pas l’idée d’un lieu de tourment appelé « Purgatoire », mais elles recommandent les mêmes moyens que l’Église catholique (la prière, l’Eucharistie, les œuvres de charité, etc.) pour libérer les âmes d’un « lieu de ténèbres et de tristesse » où elles sont purifiées de leurs péchés. Pareillement, les musulmans ne parlent pas de Purgatoire, mais ils prient pour les morts qui n’ont peut-être pas été assez justes pour accéder au paradis, afin de faire pencher la balance en leur faveur.

Que faut-il penser de la prière pour les morts ? S’agit-il d’un devoir ? Et les formules telles que « Paix à son âme », sont-elles utiles ou bien relèvent-elles du vœu pieux ? Pouvons-nous aider, après leur mort, ceux que nous avons aimés dans cette vie ?

En fait, cette pratique pose de sérieux problèmes.

De faux espoirs

Dans l’histoire de l’homme riche et Lazare que Jésus raconte en Luc 16.19-31, il nous donne un aperçu de l’état de ceux qui sont déjà morts et qui attendent le Jugement dernier. (Nous savons que le Jugement dernier n’avait pas encore eu lieu dans le récit, car l’homme riche s’inquiétait pour ses cinq frères et voulait qu’ils se repentent, avant qu’il ne soit trop tard, afin de ne pas le rejoindre dans le tourment.) Étant dans le séjour des morts, l’homme riche souffrait déjà, et Lazare, dans « le sein d’Abraham », était déjà consolé des souffrances qu’il avait endurées pendant sa vie. Dieu, qui ne fait pas d’erreurs, avait mis chacun dans les conditions appropriées pour attendre la résurrection, et ces âmes ne changeraient pas de place, quel que soit le temps qui passerait sur la terre. Abraham expliqua à l’homme riche : « D’ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire » (Luc 16.26). Jésus ne parla d’aucun lieu temporaire de châtiment ou de purification, d’où une personne sortirait tôt ou tard.

Craintes inutiles

Alors que la croyance au Purgatoire et la pratique de la prière pour les morts encouragent des espoirs sans fondement chez les uns, elles suscitent des craintes inutiles chez les autres. Si l’immense majorité de chrétiens fidèles, « ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu », doit, après la mort, passer un temps plus ou moins long dans le tourment, alors la peur, sinon la terreur, sera inévitable. Pourtant, la Bible dit que Jésus nous délivre de la crainte de la mort.

« Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même, afin de détruire, par la mort, celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et de délivrer ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude. » (Hébreux 2.14,15)

Comment être libres de la peur, sachant que nous allons directement dans les flammes du tourment pour une durée inconnue – des années ou même des siècles ? ! La Bible, par contre, promet à ceux qui meurent en Christ quelque chose de mieux après cette vie :

« Et j’entendis du ciel une voix qui disait : Écris : Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l’Esprit, afin qu’ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. » (Apocalypse 14.13)

Dénigrement de l’œuvre du Christ

Enseigner que les morts en Christ ont encore besoin de nos prières est une façon de refuser à l’œuvre du Christ toute sa vraie valeur. C’est nier l’efficacité de son sang pour la purification des pécheurs. Il est vrai que même un chrétien fidèle n’est pas assez juste, par sa propre justice personnelle, d’accéder à la présence du Dieu trois fois saint. Comme Ésaïe 64.5 le dit : « Nous sommes tous comme des impurs, et toute notre justice est comme un vêtement souillé. » Même le chrétien sincère et dévoué lutte avec ses faiblesses et se reconnaît chaque jour endetté envers la grâce divine. Mais gloire à Dieu ! Cette grâce est disponible et parfaitement efficace.

« Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. […] Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. » (1 Jean 1.7,9)

La doctrine catholique qualifie différents péchés

de « mortels » (graves) et « véniels » (moins graves) et prétend que ce sont les péchés véniels qui sont expiés dans le Purgatoire. Ceux qui sont coupables de péchés mortels iraient directement en enfer. Mais la Bible n’emploie pas les termes mortel et véniel, et elle ne contient aucune liste de péchés rangés selon le caractère sérieux de tel ou tel acte. Elle nous informe que le salaire du péché (tout péché), c’est la mort (Romains 6.23), et que le sang de Jésus purifie de tout péché celui qui est sauvé.

L’apôtre Paul fait le contraste entre la misère de la personne qui n’est pas pardonnée et le bonheur de ceux qui sont en Christ :

« Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ? Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! […] Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ. » (Romains 7.24,25 ; 8.1)

L’Épître aux Hébreux aussi insiste sur la perfection de ce que Jésus, notre souverain sacrificateur, a fait pour résoudre notre problème de péché :

« Car, par une seule offrande il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. C’est ce que le Saint-Esprit nous atteste aussi […] : Et je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités. » (Hébreux 10.14-17)

Aucune autre œuvre n’est nécessaire après notre mort pour que Dieu nous accepte. S’il ne se souvient plus de nos péchés, pourrait-il s’attendre à ce que nous payions le prix de ces péchés au Purgatoire ? Une seule de ces deux choses peut arriver : soit le châtiment, soit le pardon, mais non pas tous les deux.

Conflit avec le principe de la responsabilité individuelle

La Bible enseigne de plusieurs manières que chacun de nous sera jugé selon ses propres choix, sa propre vie. Déjà dans l’Ancien Testament, on trouve ce principe :

« L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. » (Ézéchiel 18.20)

Le Nouveau Testament le dit plus succinctement : « Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même » (Romains 14.12). Nous pouvons essayer d’influencer les autres pour le bien, mais nous ne pouvons pas obéir à Dieu à leur place.

Beaucoup ont l’idée erronée que nous sommes tous condamnés par le péché de nos premiers parents, qui ont vécu très longtemps avant nous. Pourquoi alors, se disent-ils, ne serions-nous pas épargnés du châtiment grâce à la piété de ceux qui nous survivent sur la terre ? En réalité, personne n’est souillé devant Dieu par les péchés de ses ancêtres. Quand l’apôtre Paul voulait prouver dans l’Épître aux Romains que tous ont besoin du salut, il ne dit pas que tous héritent le péché – il énuméra plutôt les péchés que commettaient les païens et les péchés que commettaient les Juifs, avant de conclure : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3.23). Il est vrai que nous subissons certaines conséquences des actes de ceux qui nous ont précédés sur la terre, y compris Adam et Ève, mais une conséquence n’est pas la même chose que la culpabilité. Nous nous rendons coupables quand nous commettons personnellement du péché.

Le fait que nous avons tous péché nous aide à comprendre pourquoi Jésus est la seule personne dont la justice pourrait nous sauver. En effet, il n’a commis aucun péché (2 Corinthiens 5.21; Hébreux 4.14,15). Il n’avait pas, comme toute autre personne, sa propre dette à payer ; il n’avait pas mérité « le salaire du péché [qui est] la mort » (Romains 6.23). Jésus, et Jésus seul, est spirituellement riche et capable de nous venir en aide. Mais personne ne peut accepter son offre de la grâce à ma place. Personne ne peut s’engager comme disciple de Jésus à ma place. Personne ne peut persévérer en Christ à ma place. Je rendrai compte à Dieu pour moi-même.

La date limite

Nous ne pouvons pas obéir à Dieu pour ceux que nous aimons ; nous ne pouvons que faire de notre mieux pour les influencer dans le bon sens. Mais il arrive un moment où il est trop tard pour nous de les influencer et trop tard pour eux de se laisser influencer par nos paroles, nos exemples et notre amour. Ce moment, c’est la mort. Hébreux 9.27 nous avertit : « Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement. »

Le jugement en question sera basé entièrement sur les décisions que nous prenons et les actes que nous posons pendant que nous sommes dans notre corps physique, c’est-à-dire avant notre mort. Notre justification dépendra de la foi obéissante que nous aurons exprimée personnellement durant notre vie sur terre.

« Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps. » (2 Corinthiens 5.10)

Si, après ma mort, mes enfants, ma veuve ou mes frères en Christ font des prières en ma faveur ou posent des actes de charité à mon nom, cela ne pourra pas figurer dans ma récompense dans l’au-delà. Ce que je recevrai dépendra de ce que j’aurai fait de mon vivant.

Soutien biblique ?

N’y a-t-il aucun passage biblique qui soutienne la doctrine du purgatoire et la pratique de prier pour les morts ? Certains textes sont proposés, mais, quand on les regarde de près, ils ne fournissent pas les preuves souhaitées.

1 Corinthiens 3.15 – le Purgatoire ?

Un passage de choix aux yeux des catholiques se trouve en 1 Corinthiens 3.15 : « Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu. » On nous dit que Paul enseigne ici que la personne dont il parle est sauvée, mais que sa vie et son caractère doivent être purifiés de ce qui est indigne ; cette purification s’accomplirait au moyen des flammes du Purgatoire.

Comme c’est généralement le cas lorsqu’on cherche à comprendre un verset biblique, il est nécessaire de tenir compte du contexte. Prenez donc le temps de commencer votre lecture à partir du verset 4 et de lire jusqu’au verset 17. Vous verrez que l’apôtre ne traite pas le sujet de la vie et du caractère d’un individu qui se sont construits au long de son séjour sur terre. Paul parle d’avoir semé la Parole de Dieu à Corinthe, une semence qui a été arrosée par la suite grâce aux efforts d’Apollos. Il se réfère à l’Église comme le champ de Dieu, et puis il change de métaphore pour l’appeler un édifice. Paul lui-même commença cette œuvre à Corinthe ; il en avait posé le fondement, et d’autres construisaient dessus. Mais ils avaient besoin de faire du bon travail afin que ce qu’ils accomplissaient dans l’œuvre du Seigneur soit aussi durable que possible. Il dit que si les efforts d’un évangéliste tel qu’Apollos ou Paul, ou de n’importe quel chrétien, d’ailleurs, contribuaient à l’œuvre, la qualité de son travail serait évidente pour tous à la fin, « car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun » (v. 13). Le feu représente soit le Jugement dernier soit les épreuves telles que la persécution, parce que dans les deux cas on verra, parmi les âmes que nous conduisons au Seigneur, les personnes qui auront été animées d’une foi sincère et solide.

Notre propre salut ne dépend ni de l’obéissance, ni de la persévérance, ni du salut final de ceux que nous essayons d’évangéliser, mais, si nous arrivons à amener d’autres âmes au ciel avec nous, nous aurons une récompense. Lorsque Paul dit : « Si l’œuvre de quelqu’un est consumée », il se réfère aux gens qui ont été gagnés au Christ par nos efforts, mais qui ne restent pas fidèles et finissent par perdre leur salut (voir Chemin de Vérité, Vol. 10, No. 5). Dans un tel cas, le chrétien qui les avait évangélisés « perdra sa récompense ; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu » (v. 15). C’est l’image d’une personne qui s’échappe d’une maison qui a pris feu, mais sans pouvoir récupérer les choses de valeur qui s’y trouvaient. Ce passage n’a rien à voir avec un chrétien qui serait tourmenté au Purgatoire afin d’expier ses « péchés véniels » ou d’apprendre ce qu’il n’a pas appris sur terre et devenir ainsi suffisamment pur pour entrer au paradis.

2 Maccabées 12.39-46 – La prière pour les morts ?

Dans le livre de 2 Maccabées, on lit qu’à la suite d’une bataille entre les Juifs et les ennemis qui occupaient leur pays aux années 160 av. J.‑C., le général juif, Judas Maccabée, et ses hommes trouvèrent sur les cadavres de leurs frères juifs qui avaient péri dans le combat des objets associés à l’idolâtrie. Selon les versets 43,44 :

« Puis, ayant fait une collecte d’environ 2 000 drachmes, il l’envoya à Jérusalem afin qu’on offrît un sacrifice pour le péché, agissant fort bien et noblement d’après le concept de la résurrection. Car, s’il n’avait pas espéré que les soldats tombés dussent ressusciter, il était superflu et sot de prier pour les morts. » (2 Macc. 12.43,44)

Le premier problème que nous constatons à l’égard de ce texte est qu’il provient de l’Apocryphe, une collection de livres que l’on trouve dans les éditions de la Bible dites catholiques, mais qui est absente des autres éditions. Le mot « apocryphe » est dérivé d’un mot grec qui signifiait à l’origine « caché », mais qui, avant la fin du deuxième siècle, avait revêtu le sens de « douteux, suspect, ou contrefait ». L’Église catholique appelle ces livres « deutérocanoniques », ce qui signifie « appartenant à la deuxième liste » et qui suggère quand même que ces livres ne sont pas au même niveau que les autres livres dans la Bible. Alors, ces livres, qui contiennent, il faut le reconnaître, des renseignements utiles et des passages édifiants, pourquoi ne sont-ils pas inclus dans toutes les Bibles ?

Premièrement, les Juifs ne les ont pas reconnus comme faisant partie de la révélation de Dieu. Ceci est important, car l’apôtre Paul écrit en Romains 3.1,2 : « Quel est donc l’avantage des Juifs, ou quelle est l’utilité de la circoncision ? Il est grand de toute manière, et tout d’abord en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés. » Les Juifs, qui avaient l’honneur d’être les gardiens des Écritures venues de Dieu, ne considéraient pas les livres de l’Apocryphe comme y faisant partie.

Cela explique ce fait curieux : ni Jésus ni ses apôtres n’ont jamais cité l’un des livres « deutérocanoniques », alors qu’ils tiraient des citations de pratiquement tous les autres livres de l’Ancien Testament (ou au moins y faisaient des allusions nettes). Ces autres livres reconnus comme étant la Parole de Dieu faisaient autorité, ce qui n’était pas le cas de l’Apocryphe.

De plus, aucun des livres en question ne prétend être inspiré. Le livre de 2 Maccabées fait même comprendre qu’il ne l’est pas. Vers la fin de sa composition, l’auteur écrit :

« Je vais arrêter ici mon récit. S’il est bien composé et intéressant, alors j’ai atteint mon but ; s’il est imparfait et sans grande valeur, j’ai tout de même fait ce que j’ai pu. » (2 Macc. 15.37,38)

Ce n’est pas ainsi que l’on s’exprime quand on croit avoir été guidé par l’Esprit de Dieu pour écrire les paroles de Dieu lui-même (cf. 1 Cor. 14.37; 1 Th. 2.13). Il est clair qu’un passage d’un tel livre ne constitue pas une preuve biblique.

Un deuxième problème concernant ce texte, c’est que 2 Maccabées 12 contredit la doctrine catholique qui précise que l’on prie seulement pour les péchés véniels, car ceux qui meurent dans le péché mortel sont censés partir directement en enfer. Or, les soldats dont il est question dans ce passage avaient commis l’idolâtrie, un péché mortel. La prière n’aurait servi à rien.

1 Jean 5.16,17 – Le péché mortel ?

Nous avons parlé plus haut de la doctrine catholique qui crée une distinction entre les péchés « mortels » et les péchés « véniels ». Voici un passage qui paraît, à première vue, appuyer cette conception :

« Si quelqu’un voit son frère commettre un péché qui ne mène point à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à ce frère, il la donnera à ceux qui commettent un péché qui ne mène point à la mort. Il y a un péché qui mène à la mort ; ce n’est pas pour ce péché-là que je dis de prier. Toute désobéissance à la loi est un péché, mais il y a tel péché qui ne mène pas à la mort. » (1 Jean 5.16,17)

Si un « péché qui conduit à la mort » était égal au péché mortel et un « péché qui ne conduit pas à la mort » était un synonyme de péché véniel, le sens du passage serait : « Si quelqu’un voit son frère commettre un péché véniel, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à ce frère[…] Il y a un péché mortel ; ce n’est pas pour ce péché-là que je dis de prier. » Mais cela ne correspond pas à la position catholique. Il n’est pas dit que, si vous voyez quelqu’un commettre un péché véniel, vous pouvez prier pour lui, mais que s’il commet un péché mortel, vous ne devriez pas prier pour lui. Vous pouvez prier qu’une personne qui commet n’importe quel péché puisse revenir à la raison et se repentir. Et si elle se repent, vous pouvez certainement prier Dieu de lui pardonner.

Alors, à quoi se réfère l’apôtre quand il parle de péché « à la mort » ? Il a déjà écrit en 1 Jean 1.9 que Dieu pardonnera tout péché qu’un frère pénitent confessera. S’il y a donc un péché que Dieu ne pardonne pas, il semble raisonnable de conclure qu’il s’agit d’un péché que le chrétien refuse de reconnaître et dont il ne se détourne pas. Il serait inutile de prier Dieu de pardonner à un tel frère.

Conclusion

Non seulement la doctrine du Purgatoire et la pratique de prier pour les morts ne s’harmonisent pas avec des enseignements clairs de la Parole de Dieu, mais elles n’ont aucun soutien dans la Bible. Absolument aucun exemple biblique ne nous montre les chrétiens du temps des apôtres en train de prier pour les morts, que les défunts soient chrétiens ou pas. Aucune épître ne contient de recommandation de faire de telles prières et aucun passage ne suggère l’existence du Purgatoire. N’allons pas au-delà de ce qui est écrit (1 Cor. 4.6) pour offrir de faux espoirs ou créer de la peur inutile. Au contraire, faisons tout pour être trouvés en Christ, des serviteurs fidèles de Jésus, lors de son retour.

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 3)

Les péchés de la langue

Beaucoup connaissent bien ces paroles : « Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission ; oui, j’ai vraiment péché. » Elles sont sans aucun doute des paroles que toute personne sincère pourrait prononcer, car, comme Jacques 3.2 le dit : « Nous trébuchons tous de plusieurs manières. » Mais fixons notre pensée sur deux petits mots : J’ai péché en parole. Jacques les souligne dans la suite du verset que nous venons de citer : « Si quelqu’un ne trébuche point en paroles, c’est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride. » Plus loin dans cet avertissement concernant l’usage de la langue, l’auteur dit :

« De même, la langue est un petit membre, mais elle se vante de grandes choses. Voici, comme un petit feu peut embraser une grande forêt ! La langue aussi est un feu ; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. Toutes les espèces de bêtes et d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins sont domptés et ont été domptés par l’espèce humaine ; mais la langue, aucun homme ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel. » (Jac. 3.5-8)

Non seulement nous sommes capables de faire des ravages par les choses que nous disons, mais nous n’arrivons jamais au point où nous n’avons plus besoin de vigilance dans ce domaine. Comme il faut toujours veiller sur un animal dangereux qui ne peut pas être réellement apprivoisé, nous devons veiller continuellement sur nos paroles et bien réfléchir avant de parler. Nous devons imiter le comportement que David essayait d’adopter : « Je veillerai sur mes voies, de peur de pécher par ma langue ; je mettrai un frein à ma bouche, tant que le méchant sera devant moi » (Ps. 39.2).

Jésus, aussi, a parlé de la gravité de pécher en paroles : « Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné » (Matt. 12.36,37).

Mais pouvons-nous éviter les péchés de la langue si nous ne sommes pas capables de les identifier ? Prenons donc le temps d’énumérer et expliquer brièvement les différents péchés de la langue.

Les mensonges

Commençons par l’un des péchés les plus évidents. Les hommes reconnaissent presque universellement qu’il n’est pas bien de mentir, peut-être parce que personne n’aime qu’on lui mente. Mais étrangement, presque tout le monde se permet, au moins de temps en temps, de mentir aux autres. Nous trouvons de nombreux prétextes pour justifier nos mensonges (pour ne pas offenser, pour protéger, pour éviter une perte financière, ou tout simplement parce qu’on était « obligé » de mentir), mais Dieu, « qui ne ment point » (Tite 1.2) et qui nous appelle à être saints comme lui, nous défend tout mensonge.

« Vous n’userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres. » (Lév. 19.11)

« Il y a six choses que hait l’Éternel et même sept qu’il a en horreur : les yeux hautains, la langue menteuse, les mains qui répandent le sang innocent, le cœur qui médite des projets iniques, les pieds qui se hâtent de courir au mal, le faux témoin qui dit des mensonges, et celui qui excite des querelles entre frères. » (Prov. 6.16-19)

« Les lèvres fausses sont en horreur à l’Éternel, mais ceux qui agissent avec vérité lui sont agréables. » (Prov. 12.22)

« C’est pourquoi, renoncez au mensonge, et que chacun de vous parle selon la vérité à son prochain. » (Éph. 4.25)

Ces principes ne sont pas simplement pour les autres, et comme nous l’avons souligné dans un numéro assez récent (Vol. 18, No. 3), la fin ne justifie pas les moyens. Parmi les derniers mots de la Bible on trouve ceci : « Pour […] tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre : cela, c’est la seconde mort » (Apoc. 21.8).

Les insultes

Jésus nous défend catégoriquement de lancer des injures (Matt. 5.21,22). Peu importe si « c’est lui qui a commencé ! » La Bible nous dit à plus d’une reprise : « Ne rendez point mal pour mal, ni insulte pour insulte » (1 Pi. 3.9). Si vous n’êtes pas sûr que ce que vous vous apprêtez à dire constitue une parole injurieuse que le Seigneur nous défendrait d’employer, demandez-vous ce que vous ressentiriez si l’on vous le disait. Après tout, nous avons aussi cette règle pour nous guider : « Et comme vous voulez que les hommes agissent envers vous, agissez de même envers eux » (Luc 6.31, TOB). Veillez non seulement sur les paroles que vous dites, mais aussi sur le ton que vous employez. Nous savons tous très bien que les paroles apparemment innocentes peuvent être prononcées de manière à blesser, à humilier, à culpabiliser ou à produire d’autres effets négatifs sur ceux qui entendent.

Les murmures

« Ne murmurez point comme murmurèrent quelques-uns d’eux, qui périrent par l’exterminateur » (1 Cor. 10.10). Murmurer doucement à l’oreille de son enfant pour le calmer n’est clairement pas un péché. Alors, quel est ce péché qui est condamné si sévèrement ? L’apôtre Paul se réfère aux Israélites du temps de Moïse qui « murmurèrent » et provoquèrent souvent la colère de Dieu. Après que Dieu leur avait fait voir son grand pouvoir et sa grâce en les délivrant de l’esclavage en Égypte, ils murmurèrent quand il leur manquait de nourriture (Ex. 16.1-3), quand il leur manquait de l’eau (Ex. 17.1-4), quand ils ne croyaient pas que Dieu leur ferait conquérir le pays de Canaan (Nomb. 14.1-4,36,37), quand Dieu avait puni des rebelles parmi eux (Nomb. 16.1-3,41), et quand ils voulaient autre chose que la nourriture que Dieu leur donnait chaque jour (Nomb. 21.4,5).

Ces exemples nous aident à comprendre la nature de ce péché. Au lieu de supporter gracieusement une situation qui ne plaît pas, ou de parler ouvertement mais respectueusement à ceux qui pourraient y remédier, au lieu de garder sa confiance en Dieu et d’être toujours reconnaissant pour ses diverses grâces, on se plaint à voix basse et l’on crée du mécontentement autour de soi. On sème ainsi la discorde et l’on démoralise les autres. Comme la plupart des péchés de la langue, le problème se trouve au niveau du cœur : on manque de confiance en Dieu, de gratitude et de respect. Jésus dit, en effet : « C’est de l’abondance du cœur que la bouche parle » (Matt. 12.34). Ne soyons pas comme les Israélites, mais obéissons au conseil de l’apôtre Paul : « Faites toutes choses sans murmures ni hésitations » (Phil. 2.14).

La calomnie

Calomnier, c’est dire du mal faussement d’autrui, mais il ne s’agit pas forcément d’inventer de toute pièce des mensonges qui n’ont aucune base dans la réalité. Calomnier peut être le fait de dénaturer sciemment quelque chose par de fausses interprétations. Combien de fois avons-nous attribué à quelqu’un des mobiles coupables pour un acte ou une parole, alors qu’il n’avait pas expliqué ce qui le motivait (et nous ne connaissions certainement pas son cœur) ? Parfois l’intention méchante qui a été faussement attribuée à la personne devient une partie intégrante de la rumeur qui sera publiée au loin. Peu importe si je suis convaincu que l’autre a parlé ou agi pour telle raison, je n’ai pas le droit d’affirmer comme une certitude ce que je ne peux pas prouver, surtout si mes paroles auront l’effet de diminuer l’estime des autres pour cette personne. Non seulement je ne dois pas présenter mes soupçons comme des certitudes, mais je ne dois pas non plus intoxiquer mon entourage et le tourner contre quelqu’un par des suggestions, des insinuations ou des sous-entendus.

Une connaissance croise mon chemin sans répondre à ma salutation, et cela me blesse. Je commence à dire aux autres que cette personne est snob ou orgueilleuse. Pourtant, la personne était, en réalité, tellement préoccupée par un problème personnel – la maladie d’un proche, la perte de son emploi, le trouble dans son foyer – qu’il ne m’a ni vu ni entendu. Je l’ai accusé à tort, sans même l’aborder pour demander si je l’avais offensé sans m’en rendre compte, ou s’il avait, lui, un problème que je pourrais l’aider à résoudre. On suppose le pire, et puis on parle aux autres comme s’il s’agit d’un fait établi.

Mais souvent, le calomniateur est tout à fait conscient que ses paroles sont fausses, et il les prononce avec l’intention d’infliger le plus de mal que possible à sa victime. Que ce soit par jalousie, par amertume ou par haine, il n’hésite pas à prononcer des mensonges éhontés pour ruiner une réputation, un commerce, un mariage ou toute autre chose de valeur.

Ce péché figure dans plusieurs listes de choses qui nous souillent et que nous devons rejeter. « … la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme » (Marc 7.22,23). « Que […] toute calomnie et toute espèce de méchanceté disparaissent du milieu de vous » (Éph. 4.31). « Renoncez […] à la calomnie » (Col. 3.8).

La médisance

Un autre péché de la langue dont la Parole de Dieu nous met plusieurs fois en garde, c’est la médisance : « Rejetant donc toute malfaisance et toute fraude, la dissimulation, l’envie et toute médisance… » (1 Pi. 2.1). La médisance consiste à révéler les défauts de quelqu’un avec l’intention de nuire. Même quand le mal qu’on dit concernant quelqu’un est réel, nous devons considérer ce qui nous motive. Il y a bien des situations où il peut être nécessaire de dire ouvertement le mal commis par quelqu’un afin de protéger les autres. Par exemple, l’apôtre Paul avertit son collaborateur concernant un certain adversaire à la vérité : « Alexandre, le forgeron, m’a fait beaucoup de mal. Le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Garde-toi aussi de lui, car il s’est fortement opposé à nos paroles » (2 Tim. 4.14,15). Mais très souvent, il ne sert à rien de dévoiler les erreurs ou les défauts d’autrui. Si l’on examinait son cœur, on se rendrait compte que l’on est motivé par le plaisir de rabaisser quelqu’un ou de se présenter comme était moralement supérieur à l’autre. Il ne suffit pas d’objecter que vos paroles sont vraies. Sont-elles utiles ou nécessaires ?

Les malédictions

Est-il possible de faire tomber le malheur sur quelqu’un par ses paroles ? Proverbes 26.2 dit : « Comme l’oiseau s’échappe, comme l’hirondelle s’envole, ainsi la malédiction sans cause n’a point d’effet. » Cela pourrait laisser supposer qu’une malédiction méritée est capable de faire du mal. Quoi qu’il en soit, le chrétien ne doit pas maudire un autre, non parce que nous ne croyons pas à l’efficacité des malédictions, mais parce nous ne laissons pas de place dans nos cœurs pour la rancune. Au lieu d’appeler sur quelqu’un le malheur ou la colère divine, nous devons souhaiter pour celui qui agit mal qu’il se repente et reçoive le pardon.

« Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas. » (Rom. 12.14)

« Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. » (Matt. 5.43-45)

Le blasphème

Le blasphème signifie, selon larousse.com, « parole ou discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré ». (Comme nous le voyons en Actes 19.37, le blasphème est à distinguer du sacrilège : le premier consiste en paroles, le second en actes.) Sous la loi de Moïse, c’était un crime qui devait être puni par la peine de mort :

« Celui qui blasphémera le nom de l’Éternel sera puni de mort : toute l’assemblée le lapidera. Qu’il soit étranger ou indigène, il mourra pour avoir blasphémé le nom de Dieu. » (Lév. 24.16)

On blasphème quand on parle mal de Dieu. Paul dit à des Juifs hypocrites : « Car le nom de Dieu est à cause de vous blasphémé parmi les païens » (Rom. 2.24). On blasphème quand on s’attribue des honneurs qui appartiennent à Dieu seul (Apoc. 13.1 ; Jean 10.33), ou quand on accepte que les autres nous les attribuent (Actes 12.20-23 ; 14.11-18). Il y a des chefs religieux de nos jours qui devraient se repentir d’avoir commis du blasphème dans ce sens. Il y a des fidèles qui devraient examiner les paroles de louange qu’ils ont l’habitude d’adresser à des êtres qui ne sont pas Dieu. Ce qu’on justifie comme « vénération » peut bien être, aux yeux de Dieu, du blasphème pur et simple.

Il y a différentes manières de manquer de respect envers Dieu dans nos paroles, en plus des outrages manifestes et du fait d’accepter des honneurs divins. Que ce soit dans l’orgueil, dans la colère ou pour faire rire, des hommes profèrent trop souvent des paroles qui déshonorent Dieu. L’humour ne rend pas acceptable l’irrespect à l’égard de ce qui est saint. Il faut donc veiller soigneusement sur ce qu’on dit quand on parle de Dieu et des choses sacrées. Nous n’approuvons pas les mesures violentes que certains musulmans prennent pour venger l’honneur de leur Dieu et leur prophète, mais nous leur donnons raison en ceci : leur profond respect les amène à comprendre que le Dieu très-haut et sa sainte Parole ne sont pas des sujets appropriés pour les blagues.

Le nom de Dieu pris en vain

« Tu ne prendras pas le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain (Ex. 20.7). On peut prendre le nom de Dieu en vain soit en jurant faussement au nom de Dieu, soit en utilisant son nom comme un juron ou même une simple exclamation que l’on prononce pour exprimer un sentiment quelconque, mais sans penser réellement à Dieu ni lui faire appel. Même certains croyants ont l’habitude de s’écrier sans réflexion, « Oh, mon Dieu ! » ou « Oh, Seigneur ! » quand ils sont surpris par quelque chose, ou simplement quand ils s’asseyent à la fin d’une journée fatigante.

Les Juifs devaient jurer au nom de l’Éternel au lieu de jurer au nom des dieux païens, comme leurs voisins. Mais Jésus nous dit de ne même pas jurer.

« Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu as déclaré par serment. Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu ; ni par la terre, parce que c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand roi. Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux rendre blanc ou noir un seul cheveu. Que votre parole soit oui, oui, non, non ; ce qu’on y ajoute vient du malin. » (Matt. 5.33-37)

Le chrétien devrait avoir la réputation d’être si véridique qu’on ne pense pas avoir besoin de lui faire jurer pour appuyer sa parole.

Les promesses non tenues

L’Ecclésiaste nous offre de bons conseils concernant les promesses que nous faisons à Dieu, et ces conseils s’appliquent également aux promesses que nous faisons aux hommes :

« Ne parle pas précipitamment et ne décide pas trop vite de faire des promesses à Dieu ; Dieu est au ciel et toi, tu es sur la terre. Par conséquent, mesure tes paroles. En effet, plus on parle, plus on risque de prononcer des propos irréfléchis, de même que plus on a de soucis, plus on risque d’avoir de mauvais rêves. Si tu fais une promesse à Dieu, accomplis-la sans retard, car Dieu n’aime pas ceux qui agissent sans réfléchir. C’est pourquoi, tiens ce que tu promets. Il vaut mieux ne pas promettre que de promettre sans tenir parole. Évite les propos qui te rendraient coupable. » (Eccl. 5.1-5, FC)

Les paroles grossières

« Mais maintenant, renoncez à toutes ces choses, à la colère, à l’animosité, à la méchanceté, à la calomnie, aux paroles grossières qui pourraient sortir de votre bouche » (Col. 3.8). Avant de devenir chrétien, vous aviez peut-être déjà l’habitude d’employer un langage ordurier ou sale. Peut-être que votre entourage parlait de cette façon et que vous ne vous rendiez pas compte que certains de vos mots étaient malséants, obscènes ou offensifs. Étant maintenant enfant de Dieu, il est important d’éliminer de votre vocabulaire quotidien tous les gros mots.

Un dernier mot

Que ce soit le mensonge, les murmures ou les gros mots, évitons avec soin tous les péchés de la langue. Essayons, au contraire, d’employer notre langue pour ne faire que du bien. Gardons à l’esprit cette exhortation de l’apôtre Paul :

« Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise, mais, s’il y a lieu, quelque bonne parole qui serve à l’édification et communique une grâce à ceux qui l’entendent. » (Éph. 4.29)

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 2)

L’obéissance

Dieu n’est pas bête. C’est le titre d’un recueil de poèmes, prières et méditations écrit par Lois Cheney et publié en 1969. Voici une traduction de l’article qui fournit au livre son titre :

On dit que Dieu est infiniment patient, et cela me réconforte énormément.

On dit que Dieu est toujours là, et cette pensée satisfait profondément.

On dit que Dieu t’accueille à nouveau sans cesse, et cette certitude me donne de la paresse.

On dit que Dieu ne désespère jamais, et je compte dessus.

On dit que tu peux t’éloigner de lui pour de longues années, et il sera là, en attente, quand tu reviendras.

On dit que tu peux commettre faute sur faute, et que Dieu pardonnera toujours, oubliera toujours.

On dit beaucoup de choses, ces gens qui ne lisent jamais l’Ancien Testament.

Mais il arrive un moment, un temps spécifique et certain, où Dieu se retourne.

Je ne crois pas que Dieu ait changé de peau quand le Christ a introduit le Nouveau Testament ;

Christ nous a montré un autre côté de Dieu, et c’est vraiment merveilleux.

Mais il n’a pas changé Dieu. Dieu demeure à tout jamais, et ce Dieu n’est pas bête.

L’idée que Dieu a dû changer (ou que le Dieu de l’Ancien Testament et celui du Nouveau Testament sont deux êtres différents) n’est pas nouvelle. Déjà au deuxième siècle, un hérétique du nom de Marcion proclamait que le Dieu miséricordieux du Nouveau Testament n’avait rien à voir avec le Dieu justicier de l’Ancien Testament. Pour lui, le Père de Jésus-Christ n’était pas celui qui avait parlé avec Moïse au désert. Afin de rester fidèle à sa propre conviction là-dessus, Marcion s’est même permis de rejeter plusieurs écrits du Nouveau Testament qui ne s’harmonisaient pas facilement avec son idée – il n’acceptait que l’Évangile de Luc et les écrits de l’apôtre Paul. (Et même là, tellement il était opposé à ce que le Dieu de l’Ancien Testament avait à dire, il supprimait dans les écrits de Luc et de Paul toutes les citations tirées de l’Ancien Testament.)

Il n’y a probablement plus de disciples de Marcion aujourd’hui, mais une mauvaise compréhension de la relation entre l’Ancien Testament et le Nouveau, entre la Loi et l’Évangile, persiste encore. Elle prend parfois la forme de la pensée que Lois Cheney mettait en cause dans son écrit, la pensée que depuis la venue de Jésus-Christ, Dieu n’est plus exigeant avec les hommes. La grâce de Dieu qui s’est manifestée si clairement dans l’Évangile aurait éclipsé sa justice et rendu la stricte obéissance à ses ordres une question d’importance secondaire, voire négligeable.

La rigueur de Dieu sous l’Ancien Testament

Au cours des siècles décrits dans l’Ancien Testament, Dieu s’est révélé à son peuple, et dans cette révélation de sa propre nature, il insistait à maintes reprises sur certaines vérités :

◈ Il est le seul vrai Dieu, et il se réserve à lui seul le droit d’être adoré.

« Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras pas d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux. » (Exode 20.3-5)

◈ Il est un Dieu saint, et son peuple doit être saint comme lui.

« Car je suis l’Éternel, qui vous ai fait monter du pays d’Égypte, pour être votre Dieu, et pour que vous soyez saints ; car je suis saint […] Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Éternel ; je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi. » (Lévitique 11.45; 20.26)

◈ Il bénit abondamment ceux qui mettent leur confiance en lui et qui expriment cette confiance par l’obéissance à ses commandements.

Un exemple concret de ce dernier principe se voit dans le cas du roi Ézéchias. Considérez comment la Bible le décrit :

« Il mit sa confiance en l’Éternel, le Dieu d’Israël ; et parmi tous les rois de Juda qui vinrent après lui ou qui le précédèrent, il n’y en eut point de semblable à lui. Il fut attaché à l’Éternel, il ne se détourna point de lui, et il observa les commandements que l’Éternel avait prescrits à Moïse. Et l’Éternel fut avec Ézéchias, qui réussit dans toutes ses entreprises. » (2 Rois 18.5-7)

Tous les rois d’Israël et de Juda furent évalués selon ce même critère et non selon leurs succès militaires, diplomatiques ou économiques.

À maintes reprises dans les paroles que Dieu adressa à Israël, il avait insisté sur les récompenses de la foi et l’obéissance et sur les conséquences désastreuses de l’incrédulité et la désobéissance. Voici un exemple typique :

« Si vous suivez mes lois, si vous gardez mes commandements et les mettez en pratique, je vous enverrai des pluies en leur saison, la terre donnera ses produits et les arbres des champs donneront leurs fruits… vous mangerez votre pain à satiété, et vous habiterez en sécurité dans votre pays. Je mettrai la paix dans le pays, et personne ne troublera votre sommeil […]

Mais si vous ne m’écoutez pas et ne mettez pas en pratique tous ces commandements, si vous méprisez mes lois, et si votre âme a en horreur mes ordonnances, en sorte que vous ne pratiquiez pas tous mes commandements et que vous rompiez mon alliance, voici alors ce que je vous ferai : j’enverrai sur vous la terreur, la consomption et la fièvre, qui vous consumeront les yeux et rendront votre âme souffrante […] Je tournerai ma face contre vous, et vous serez battus devant vos ennemis ; ceux qui vous haïssent domineront sur vous, et vous fuirez sans que l’on vous poursuive.

Si, malgré cela, vous ne m’écoutez pas, je vous châtierai sept fois plus pour vos péchés. » (Lévitique 26.3-6, 14-18)

Voici un autre texte qui établit le même lien entre l’obéissance aux commandements de Dieu et ses bénédictions :

« J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité, pour aimer l’Éternel, ton Dieu, pour obéir à sa voix, et pour t’attacher à lui : car de cela dépendent ta vie et la prolongation de tes jours, et c’est ainsi que tu pourras demeurer dans le pays que l’Éternel a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. » (Deutéronome 30.19,20)

Exemples de désobéissance

Plusieurs récits bien connus dans l’Ancien Testament illustrent le principe. Par exemple, en Nombres 20, le peuple d’Israël que Dieu avait délivré de la servitude en Égypte manquait d’eau dans le désert.

« L’Éternel parla à Moïse, et dit : Prends la verge, et convoque l’assemblée, toi et ton frère Aaron. Vous parlerez en leur présence au rocher, et il donnera ses eaux ; tu feras sortir pour eux de l’eau du rocher, et tu abreuveras l’assemblée et leur bétail. » (Nombres 20.7,8)

Au lieu de parler au rocher, comme Dieu lui avait clairement dit de faire,

« Moïse leva la main et frappa deux fois le rocher avec sa verge. Il sortit de l’eau en abondance. L’assemblée but, et le bétail aussi.

Alors l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous n’avez pas cru en moi, pour me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël, vous ne ferez point entrer cette assemblée dans le pays que je lui donne. » (v. 11,12)

Moïse n’a pas suivi les instructions de Dieu. Quelques chapitres plus loin, Dieu rappelle à Moïse pourquoi son frère et lui devaient mourir sans entrer dans le pays promis : « Vous avez été rebelles à mon ordre, dans le désert de Tsin, lors de la contestation de l’assemblée, et […] vous ne m’avez point sanctifié à leurs yeux à l’occasion des eaux » (Nombres 27.14). Cette erreur qu’ont commise Moïse et Aaron peut ne pas nous sembler bien grave. Quel mal cela a-t-il fait que de frapper le rocher au lieu de lui parler ? Mais Moïse et Aaron devaient donner le bon exemple d’obéissance au peuple. Quand on n’obéit pas à Dieu, on n’agit pas par la foi. Quand on fait confiance totale en Dieu, on fait ce qu’il dit, sans se détourner de ses ordres et sans mettre en cause le bien-fondé de sa volonté. Les conséquences de cette désobéissance étaient très douloureuses pour Moïse.

Un autre exemple se voit dans la vie de Saül, le premier roi d’Israël. En tant que juge souverain du monde, l’Éternel avait donné l’ordre au roi Saül de détruire les Amalécites, un peuple païen qui avait attaqué sans cause et sans provocation les Israélites. Dieu dit à Saül :

« Va maintenant, frappe Amalek, et dévouez par interdit tout ce qui lui appartient ; tu ne l’épargneras point, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes. » (1 Samuel 15.3)

Saül rassembla une armée et partit en guerre contre Amalek, mais il n’obéit que partiellement :

« Mais Saül et le peuple épargnèrent Agag [le roi d’Amalek], et les meilleures brebis, les meilleurs bœufs, les meilleures bêtes de la seconde portée, les agneaux gras, et tout ce qu’il y avait de bon ; ils ne voulurent pas le dévouer par interdit, et ils dévouèrent seulement tout ce qui était méprisable et chétif. » (1 Samuel 15.9)

Alors Dieu envoya le prophète Samuel à la rencontre de Saül, et Samuel le confronta pour sa désobéissance. Saül prétendit dans un premier temps qu’il avait bien suivi les ordres de Dieu de détruire Amalek, mais Samuel lui fit remarquer le bruit des animaux qu’il entendait. Saül rejeta alors la faute sur le peuple, qui, selon lui, avait gardé les meilleures bêtes afin de les offrir en sacrifice à l’Éternel. Samuel répondit :

« L’Éternel trouve-t-il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l’obéissance à la voix de l’Éternel ? Voici, l’obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l’observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers. Car la désobéissance est aussi coupable que la divination, et la résistance ne l’est pas moins que l’idolâtrie et les théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de l’Éternel, il te rejette aussi comme roi. » (1 Samuel 15.22,23)

Pour Dieu, l’obéissance partielle est égale à la désobéissance. Saül paya sa faute au prix de son trône pour lui-même et pour ses descendants. On a beau offrir un culte enthousiaste à Dieu et lui faire des offrandes généreuses ; si l’on prend ses commandements à la légère, ce culte ne sera pas accepté.

L’exemple d’Uzza, en 2 Samuel 6.1-7, nous enseigne que même ce qui nous semble une bonne action accomplie avec des motifs purs est coupable aux yeux de Dieu si elle constitue une désobéissance à ses lois. Le roi David faisait transporter l’arche le l’alliance, cette caisse sacrée qui contenait les dix commandements, pour la faire venir à Jérusalem. Malheureusement, il ne faisait pas suivre les instructions de Dieu concernant la manière de la transporter. Elle devait être portée sur les épaules de quatre hommes à l’aide de deux longues barres passées par des anneaux aux coins de l’arche, mais on l’a mise plutôt sur un char tiré par des bœufs. Arrivés à un certain endroit, les bœufs faisaient pencher l’arche, et un Lévite du nom d’Uzza étendit la main pour saisir l’arche et l’empêcher de tomber. « La colère de l’Éternel s’enflamma contre Uzza, et l’Éternel le frappa parce qu’il avait étendu la main sur l’arche. Uzza mourut là, devant Dieu » (1 Chroniques 13.10). Pourquoi Uzza fut-il mis à mort pour avoir voulu faire du bien ? Parce que Dieu avait dit explicitement dans sa loi que personne ne devait toucher l’arche, sous peine de mort (Nombres 4.15-20). Quelles que soient nos bonnes intentions, nous n’avons pas droit de mettre de côté des commandements de Dieu. La désobéissance, c’est la désobéissance. La sincérité de cœur est indispensable, mais elle ne remplace pas la conformité à la Parole de Dieu.

Dieu n’a pas changé

La Bible affirme clairement que Dieu ne change pas. « Car je suis l’Éternel, je ne change pas » (Malachie 3.6; voir aussi Hébreux 1.8-10). Il est vrai que Jésus a fait connaître la nature de Dieu plus clairement et plus pleinement que jamais auparavant. En souffrant et en mourant pour les hommes pécheurs, il a prouvé incontestablement l’amour de Dieu (Romains 5.8). L’apôtre Jean écrit :

« La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui l’a fait connaître. » (Jean 1.17,18)

Mais la nature de Dieu n’a pas changé. Dieu aimait déjà ses créatures dans le passé, et il avait toujours préféré pardonner que de punir. Il dit à Israël par le prophète Ézéchiel :

« Revenez et détournez-vous de toutes vos transgressions, afin que l’iniquité ne cause pas votre ruine. Rejetez loin de vous toutes les transgressions par lesquelles vous avez péché ; faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. Pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? Car je ne désire pas la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur, l’Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez. » (Ézéchiel 18.30-32)

De même, les qualités de Dieu mises en exergue dans l’Ancien Testament, y compris sa sévérité à l’égard du péché, n’ont pas disparu dans le Nouveau Testament. Dieu continue de ressentir de la colère face à la rébellion et le péché. L’auteur de l’Épître aux Hébreux nous rappelle :

« Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles. Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins ; de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu comme sans valeur le sang de l’alliance par lequel il a été sanctifié et qui aura insulté l’Esprit de la grâce ? Car nous connaissons celui qui a dit : À moi la vengeance, à moi la rétribution ! et encore : Le Seigneur jugera son peuple. C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant. » (Hébreux 10.26-31)

La colère de Dieu a été versée sur Jésus. « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu » (2 Corinthiens 5.21). Mais comme le texte en Hébreux nous le dit, il ne faut pas insulter l’Esprit de la grâce. Cette grâce est merveilleuse, mais elle ne s’accorde pas de façon inconditionnelle : il faut la foi, exprimée dans l’obéissance.

Que ce soit l’Ancien Testament ou le Nouveau, la Bible présente Dieu d’une manière équilibrée :

« Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu : sévérité envers ceux qui sont tombés, et bonté de Dieu envers toi, si tu demeures ferme dans cette bonté ; autrement, tu seras aussi retranché. » (Romains 11.22)

Dieu exige toujours l’obéissance

Voici quelques-uns des nombreux passages du Nouveau Testament qui montrent que l’obéissance est toujours essentielle :

« Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 7.21)

« Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6.46)

« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai et je me ferai connaître à lui. » (Jean 14.21)

« Mettez en pratique la parole, et ne vous bornez pas à l’écouter, en vous trompant vous-même par de faux raisonnements. » (Jacques 1.22)

« [Jésus] est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel. » (Hébreux 5.9)

« Le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. » (2 Thessaloniciens 1.7,8)

« Mais, par ton endurcissement et par ton cœur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses œuvres ; réservant […] l’irritation et la colère à ceux qui, par esprit de dispute, sont rebelles à la vérité et obéissent à l’injustice. » (Romains 2.5-8)

L’obéissance à l’Évangile par la foi, la repentance, la confession de foi et le baptême (immersion dans l’eau pour le pardon des péchés) est nécessaire pour le salut. Et pour entendre un jour les mots, « C’est bien, bon et fidèle serviteur ; […] entre dans la joie de ton maître » (Matthieu 25.21), nous devons, après notre baptême, continuer à obéir au Seigneur.

Il y a au moins deux catégories de personnes qui ont grand besoin de réfléchir à ce que nous venons de voir dans la Bible sur le sujet de l’obéissance. Premièrement, il y a des gens qui croient en Jésus, mais qui hésitent ou qui négligent d’obéir à l’Évangile dans la repentance et le baptême. Peut-être qu’ils ne pensent pas au fond d’eux-mêmes que Dieu soit capable de condamner des hommes pécheurs. Leur conception de Dieu ressemble à l’image d’un grand-père indulgent qui excuse tout. Peut-être qu’on leur a enseigné qu’ils sont sauvés par la foi seule : puisque le salut est par la grâce et non par les œuvres, on leur dit que l’obéissance aux commandements de l’Évangile n’a aucun rôle à jouer dans leur salut. Les œuvres par lesquelles on pense mériter le salut sont bien exclues, ainsi que les œuvres de la loi de Moïse, mais la grâce n’est pas inconditionnelle : il faut une foi obéissante.

Deuxièmement, il y a ceux qui pensent que, pour une personne qui est déjà en Christ, le sang de Christ la purifie continuellement (1 Jean 1.7) et que « l’écoute sélective » des commandements de Dieu ne pose pas de vrai problème. Mais il faut lire le verset en entier. 1 Jean 1.7 dit : « Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion et le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. » Si nous marchons réellement dans la lumière, si nous aimons réellement Jésus, si nous voulons vraiment aller au ciel, nous garderons ses commandements (Jean 14.15). Que le sujet soit l’adoration, l’honnêteté dans les affaires ou la pureté sexuelle, le devoir d’évangéliser ou de donner selon notre prospérité, la nécessité du baptême, l’interdit de divorcer et se remarier, le rôle des femmes dans l’Église ou tout autre sujet sur lequel Dieu nous donne des instructions, nous devons faire tous nos efforts pour lui obéir avec du sérieux, du respect et de l’amour.

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 1)

Qu’est-ce qui empêche 
que je sois baptisé ?

Dans un numéro récent de Chemin de Vérité, nous avons tiré des leçons de la conversion de l’eunuque éthiopien, dont le récit est préservé pour nous en Actes 8.26-40. L’évangéliste Philippe trouva cet homme en train de lire une prophétie du livre d’Ésaïe, « et commençant par ce passage, lui annonça la bonne nouvelle de Jésus » (v. 35). Ayant compris à travers l’enseignement de Philippe qu’il avait besoin d’être baptisé, et voyant qu’il y avait suffisamment d’eau à proximité, l’eunuque posa la question qui servira de titre à cette étude : Qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ?

Philippe avait sans aucun doute enseigné, et l’eunuque avait bien compris, ce que Jésus avait dit avant de remonter au ciel après sa résurrection : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16.15,16). Philippe avait, de toute évidence, prêché de la même manière que l’apôtre Pierre, qui ordonna à ceux qui avaient cru à sa prédication le jour de la Pentecôte : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés » (Actes 2.38). L’eunuque avait naturellement saisi le caractère urgent de son besoin, cette urgence qu’Ananias avait tenté de communiquer à Saul de Tarse quand il lui dit : « Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur » (Actes 22.16).

Mais il arrive que certaines personnes qui ont compris le sens et la nécessité du baptême pour leur salut ne pensent pas pouvoir le recevoir. Elles croient, à raison ou à tort, qu’il existe des obstacles à leur obéissance. Certains de ces « obstacles » n’existent que dans l’esprit, alors que d’autres, qui sont quand même réels, peuvent être enlevés par les concernés.

Un manque de foi

Pour répondre à la question de l’eunuque, Philippe a indiqué clairement que s’il n’avait pas la foi en Christ, il ne pourrait pas être baptisé : « Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible » (Actes 8.37). Jésus avait bien dit, en effet : « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. » La foi est la base de tout, le point de départ. Que l’on soit baptisé ou pas, les paroles de Christ, « si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés » (Jean 8.24), s’appliquent toujours. Si vous ne pouvez pas dire sincèrement, comme l’eunuque : « Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu » (Actes 8.37), le baptême ne vous servira à rien. Vous ne remplissez pas la première condition pour recevoir le baptême.

Voilà une raison pour laquelle, si vous avez été « baptisé » en tant que bébé, vous n’avez pas vraiment été baptisé. Vous avez subi une cérémonie avec de l’eau, mais cette expérience ne correspond pas au baptême biblique. Même si la forme de votre baptême était conforme à l’enseignement de la Bible, c’est-à-dire que vous avez été immergé dans l’eau, sans la foi ce n’est pas ce que la Bible appelle « baptême ». Vous avez été mouillé, et c’est tout.

Si vous n’êtes pas sûr que vous croyez que Jésus est le Fils de Dieu, lisez encore la Bible, et surtout les Évangiles. Jean dit à la fin de son Évangile : « Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jean 20.31), et Paul dit en Romains 10.17 : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. »

Un manque de repentance

Une autre condition pour recevoir le baptême, c’est la repentance. Si vous n’êtes pas prêt à vous repentir, cela devrait vous empêcher d’être baptisé.

La repentance n’est pas le simple remords, bien que « la tristesse selon Dieu produit [la] repentance » (2 Corinthiens 7.9,10). La repentance n’est pas le changement de vie, car ce changement est le « fruit digne de la repentance » (Matthieu 3.8), c’est le résultat. La repentance est la décision sincère que l’on prend d’abandonner ses péchés ; c’est une résolution de faire de son mieux pour vivre désormais dans la soumission envers Dieu, dans l’obéissance à sa Parole. Pour que le baptême soit valable, la repentance est aussi nécessaire que la foi.

Nous avons déjà cité les paroles de Pierre en Actes 2.38 : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé pour le pardon de vos péchés. » La foi et le baptême sont des conditions de salut, mais la repentance en est une aussi. « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés » (Actes 3.19). « Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils aient à se repentir, parce qu’il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice » (Actes 17.30,31).

Si vous êtes conscient de péché dans votre vie auquel vous n’avez pas l’intention de renoncer, vous n’êtes pas apte au baptême. La personne, par exemple, qui vit dans le concubinage, la polygamie, le libertinage sexuel ou une relation adultère, et qui ne s’engage pas à abandonner ces péchés ne devrait pas cacher sa pensée et persister à demander le baptême. Il serait inutile de procéder au baptême dans un tel cas. L’apôtre Pierre décrit ainsi ceux qui se font purifier du péché, mais qui se plongent de nouveau dans « les souillures du monde » :

« Car mieux valait pour eux n’avoir pas connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné. Il leur est arrivé ce que dit un proverbe vrai : Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie lavée s’est vautrée dans le bourbier. » (2 Pierre 2.21,22)

Jésus a comparé la personne qui pense devenir son disciple à celui qui se propose de construire un bâtiment :

« Car, lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer, de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pas pu achever ? » (Luc 14.28-30)

Ainsi, la personne qui veut devenir chrétienne, mais qui n’a pas, par exemple, l’intention de participer fidèlement à la vie de l’Église (Hébreux 10.25,26), à laquelle le Seigneur ajoute ceux qui sont sauvés (Actes 2.47), le corps du Christ que nous formons à partir de notre baptême (1 Corinthiens 12.13) – cette personne ne se soumet pas encore à la volonté de Dieu et n’est donc pas prête pour le baptême.

La réaction des autres

Trop souvent, des gens qui ont compris leur besoin d’être baptisés craignent ce que les autres diront ou feront. Dans certains cas, les autres membres de la famille ne croient pas en Christ et ne veulent pas que l’un des leurs accepte l’Évangile, soit parce que ce ne serait pas dans son intérêt, soit parce qu’ils pensent à l’honneur de la famille au sein de leur communauté. Dans d’autres cas, la famille se considère chrétienne, et les membres sont profondément blessés de ce que l’enfant à qui ils croyaient avoir donné la bonne éducation spirituelle accepte une doctrine différente. Quelle que soit la situation précise, certaines familles exercent une pression énorme sur celui dont la conscience le pousse au baptême. Elles le boudent ou elles crient sur lui ; elles le privent d’assistance ou elles le déshéritent ; dans certains cas extrêmes, des familles font mourir celui ou celle qui ose quitter la religion familiale.

Même quand la personne qui pense se faire baptiser ne dépend pas matériellement de sa famille, il est difficile de se voir rejeter par ceux qu’on aime. Mais Jésus est catégorique : il n’accepte pas la deuxième place. « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Matthieu 10.37). Nos actions révèlent ce qui nous importe le plus. Par exemple, certains des chefs juifs ont cru en Jésus, « mais, à cause des pharisiens, ils n’en faisaient pas l’aveu, dans la crainte d’être exclus de la synagogue » (Jean 12.42). Qu’ils l’aient reconnu ou pas, leur problème, selon le verset suivant, était ceci : « Ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu. » Nous devons parfois nous demander à qui nous cherchons à plaire. Quant à l’apôtre Paul, il a bien fait son choix : « Et maintenant, est-ce la faveur des hommes que je désire ou celle de Dieu ? […] Si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas serviteur de Christ » (Galates 1.10).

Il y a des gens qui veulent, plus que tout, être acceptés et appréciés par les autres, mais la faveur des hommes ne donne pas le bonheur dans cette vie, et elle aura encore moins d’utilité au Jugement dernier. Le but de notre existence est de faire la volonté de celui qui nous a créés et de lui plaire.

Les parents décédés

Parfois, ce n’est pas seulement les membres de la famille encore en vie qui découragent l’obéissance au commandement du Seigneur ; certaines personnes hésitent à se faire baptiser parce qu’elles pensent à des parents ou des grands-parents morts qui n’ont pas été baptisés. Elles se disent que ce serait un acte de déloyauté envers leurs aïeux que de recevoir un baptême que ces bien-aimés n’ont pas connu ou n’ont pas accepté. Ils étaient pourtant de braves gens, voire même des personnes pieuses qui aimaient Dieu.

Prenons d’abord le scénario où l’on ne leur a jamais enseigné pleinement ce que la Bible enseigne au sujet du baptême ; ils ne comprenaient pas son vrai sens. Nous n’avons aucun besoin de nous mettre à la place de Dieu et de prononcer leur sort éternel ; nous avons simplement le devoir d’enseigner fidèlement aux vivants ce que la Parole de Dieu ordonne et d’y obéir nous-mêmes. Mais supposons que ces personnes étaient maintenant privées de toute espérance de vie éternelle à cause de leurs péchés, n’ayant pas obéi à la vraie doctrine pour obtenir le pardon de ces péchés. Ne pensez-vous pas que, s’ils avaient connu la vérité, étant des gens sincères et justes, ils auraient obéi à cette vérité ? Si oui, nous marchons quand même dans les traces de leur soumission pieuse quand nous obéissons à l’ordre de nous faire baptiser. (D’ailleurs, nous ne nous abstenons pas des avantages terrestres, tels que la médecine moderne, les téléphones cellulaires, les voitures et les avions, parce que nos ancêtres n’ont pas pu en jouir. Pourquoi donc nous passer des biens célestes ? En quoi est-ce que cela ferait honneur à qui que ce soit ?)

Même si nos parents n’étaient pas très spirituels pendant leur vie sur terre, même s’ils entendirent et rejetèrent la Vérité de leur vivant, pensez-vous vraiment qu’ils voudraient que leurs enfants et petits-enfants les rejoignent inutilement dans un lieu de châtiment ? Dans l’Évangile de Luc, Jésus a raconté l’histoire d’un homme riche qui avait mené une vie plutôt égoïste et qui, après sa mort, s’est retrouvé dans une souffrance atroce au séjour des morts. Voyant le patriarche Abraham à l’autre côté d’un abîme infranchissable, avec un pauvre nommé Lazare, qui était consolé des maux qu’il avait supportés pendant sa vie, l’homme riche fit cette demande : « Je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ; car j’ai cinq frères. C’est pour qu’il leur atteste ces choses, afin qu’ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments » (Luc 16.27,28). Qu’il ait la possibilité d’un soulagement pour lui-même ou pas, cet homme perdu ne voulait pas que les membres de sa famille soient perdus comme lui.

De fausses conceptions

D’autres personnes ne se font pas baptiser ou tardent à le faire parce qu’ils ont diverses idées erronées. Par exemple, elles pensent qu’il faut avoir une large connaissance de la Bible avant d’être qualifié pour le baptême. Cette idée est appuyée par la pratique de certaines dénominations qui imposent des cours de baptême de quelques mois, ou même des années. À la fin du cours et avant d’accéder au baptême, le candidat doit apprendre par cœur les Dix commandements, les noms des douze apôtres ou d’autres informations bibliques. On ne remarque pas que, dans le livre des Actes, la plupart des convertis furent baptisés après avoir entendu un seul message au sujet du Christ. Il y avait forcément plein de choses qu’ils ne connaissaient pas encore. Mais cela s’accorde avec ce que Jésus a commandé en Matthieu 28.19,20 :

« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. »

Remarquez que Jésus parle d’enseigner avant de baptiser (faire des disciples), de baptiser, et puis d’enseigner encore. Logiquement, avant de s’engager à être disciple de Jésus, on doit comprendre que l’on a désespérément besoin de lui (parce qu’on est pécheur et parce que le Fils de Dieu est le seul Sauveur), on doit « s’asseoir et calculer la dépense », ou mesurer l’engagement qui est demandé (Luc 14.28-30), et l’on doit comprendre le vrai sens de l’acte que l’on s’apprête à poser (le baptême). Mais il est clair que l’enseignement essentiel pour ces choses peut se dispenser en une seule séance, puisque plusieurs récits le confirment :

« Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s’augmenta d’environ 3 000 âmes. » (Actes 2.41)

« Comme ils continuaient leur chemin, ils rencontrèrent de l’eau. Et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé ? […] Il fit arrêter le char ; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque. » (Actes 8.36-38)

« Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison. Il les prit avec lui, à cette heure même de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens. » (Actes 16.32,33 – le geôlier philippien)

Après le baptême en Christ (où a lieu la nouvelle naissance, selon Jean 3.1-5), une personne est une nouvelle créature (2 Corinthiens 5.17), un nouveau-né spirituel qui a besoin de l’aliment spirituel de la Parole de Dieu : « Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut » (1 Pierre 2.2). C’est ainsi qu’après la conversion des Juifs le jour de la Pentecôte, « ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres » (Actes 2.42). Il n’était pas nécessaire de tout savoir avant le baptême, car après, on devait leur enseigner à observer tout ce que le Seigneur avait ordonné.

D’autres personnes pensent à tort qu’il faut avoir déjà surmonté presque tous les péchés dans leur vie avant de procéder au baptême, et encore, certaines dénominations appuient cette fausse idée en faisant attendre les candidats pour qu’on observe leur conduite pendant des mois ou des années avant de les approuver. Les mêmes versets que nous venons de voir concernant ceux qui recevaient le baptême juste après avoir entendu l’Évangile montrent que cette pratique n’est pas biblique. D’ailleurs, c’est lors du baptême que l’on reçoit le don du Saint-Esprit (Actes 2.38), qui nous aide à vivre la vie chrétienne. S’il fallait atteindre la quasi-perfection avant de recevoir le baptême, c’est que finalement le don du Saint-Esprit ne servirait pas à grand-chose. Non, si l’on veut être baptisé, il faut se résoudre à chercher la conformité parfaite à la volonté de Dieu, sachant que cette recherche se poursuivra, avec l’aide de Dieu, tout au long de sa vie chrétienne. Le baptême ressemble plus à l’inscription dans l’école de Dieu qu’à la cérémonie de remise de diplômes.

Beaucoup pensent que le baptême doit avoir lieu dans certaines circonstances « sacrées », dans une chapelle ou cathédrale, administré par un membre du clergé, avec des habits « appropriés » (soutane ou robe blanche) et suffisamment de pompe. La date doit être choisie avec soin, bien à l’avance, et des personnes importantes devraient être présentes pour y assister. Mais l’eunuque a été baptisé sur-le-champ au bord de la route sur laquelle il voyageait. Et aucun récit d’un baptême dans le Nouveau Testament ne mentionne ces différentes circonstances qui sont aujourd’hui considérées comme étant essentielles au baptême.

Des obstacles créés par les Églises

Enfin, ce sont parfois les Églises elles-mêmes qui empêchent d’être baptisés ceux qui le désirent. Dans la plupart des dénominations, un baptême n’est pas reconnu s’il n’a pas été administré par une personne autorisée – un prêtre ou un « pasteur titulaire ». J’ai connu une Église protestante dans un village en Afrique où une centaine de croyants avaient attendu le baptême depuis 10 ans pour la simple raison que le pasteur n’était pas venu de la ville pour organiser la cérémonie. Le prédicateur, qui n’était pas un pasteur « ordonné », n’osait pas les baptiser, car son Église ne le lui permettait pas. Mais la Bible n’enseigne nulle part que seuls certains individus ont le droit de plonger dans l’eau au nom de Jésus ceux qui ont cru et qui se sont repentis. Tous les chrétiens à Corinthe avaient été baptisés (Actes 18.8; 1 Cor. 6.11; 12.13), mais ce n’était pas l’apôtre Paul qui les avait immergés (1 Cor. 1.14-17). Pour Paul, il n’était pas important de savoir qui administrait le baptême – c’est celui qui reçoit le baptême qui compte. La Bible ne parle même pas de « clergé ». On n’a pas besoin de demander si l’homme qui baptise est « ordonné » pasteur ou prêtre, puisque n’importe quel chrétien peut obéir à l’ordre de baptiser (Matt. 28.19). Il faut plutôt demander si celui qui est baptisé croit en Jésus de tout son cœur et s’il se repent de ses péchés.

Les Églises font fréquemment attendre des candidats au baptême jusqu’à une date fixée pour baptiser tout un groupe ensemble, parfois en période de Pâques ou d’une autre fête. On pense que baptiser plusieurs à la fois fait joli et rend la cérémonie plus impressionnante, en plus du fait que c’est commode. Mais cette façon de faire révèle une grave erreur dans la manière de comprendre le baptême, et donc inévitablement d’enseigner sur le baptême. Elle révèle que cette Église ne croit pas ce que la Bible dit sur le but du baptême, qui est le pardon des péchés, le salut (Marc 16.16; Actes 2.38; 22.16; etc.). Si l’on comprenait cet aspect fondamental du baptême, on reconnaîtrait aussi son urgence et ne mettrait pas les âmes en péril par le fait de tant reporter leur obéissance à l’Évangile. Si ce qui vous empêche d’être baptisé, c’est la pratique que nous venons de décrire, vous ne cherchez pas le baptême là où il faut.

Qu’est-ce qui VOUS empêche d’être baptisé ?

Comme nous l’avons vu, certains obstacles au baptême ont été créés par des hommes, et vous n’avez aucun besoin de les permettre de vous empêcher d’être sauvé. D’autres obstacles, tels qu’un manque de foi ou de repentance, sont réels, mais vous avez la possibilité de les balayer – le choix est à vous.

Si vous voulez être lavé de vos péchés par le sang précieux de Jésus, vous avez besoin d’être baptisé, immergé dans l’eau à l’image de sa mort, son ensevelissement et sa résurrection. Le baptême seul ne sauve pas, mais sans passer par le baptême biblique un pécheur n’a pas la promesse de la vie éternelle. Si vous croyez que Jésus est le Fils de Dieu et si vous vous repentez de vos péchés, ne tardez pas pour rien à vous faire baptiser. Le jour de la Pentecôte, Pierre « les implorait et les exhortait, disant : Sauvez-vous de cette génération perverse » (Actes 2.40). Nous voulons faire de même à votre égard.

B. B.
(Dans Vol. 18, No. 6)