Y aura-​t-⁠il un enlèvement et une grande tribulation ?

Avez-vous déjà entendu parler de « l’enlèvement » et « la grande tribulation » ? Ces idées, qui figurent dans les doctrines de beaucoup d’Églises, surtout les communautés évangéliques, sont-elles bibliques ? « L’enlèvement » se réfère à un retour secret de Jésus pour enlever de la terre ses fidèles serviteurs, et « la grande tribulation » serait une période de sept années où le monde entier connaîtra des désastres, la souffrance, l’angoisse, le désordre et toutes sortes de mal. On dit généralement que ceux qui bénéficient de l’enlèvement sont épargnés de la tribulation.

Ces deux événements, ainsi que l’arrivée de l’Antichrist, la bataille d’Harmaguédon et le règne millénaire du Christ sur un trône à Jérusalem, constituent des éléments fondamentaux d’une croyance connue sous le nom de « dispensationalisme prémillénariste ». Il existe de nombreuses variations sur ce thème, mais certains estiment qu’un croyant sur quatre est membre d’une communauté qui adhère à cette doctrine. Elle a été attribuée à John Darby, un prêtre irlandais qui quitta l’Église anglicane en 1840 pour se joindre aux Assemblées des frères (appelés aussi les Frères de Plymouth). Elle fut largement disséminée dans le monde grâce à C. I. Scofield (1843–1921), qui publia en 1909 une Bible d’étude dont les notes expliquent et défendent la doctrine « dispensationaliste ».

Seize romans, la série Les survivants de l’Apocalypse (Left Behind), écrits par Tim LaHaye et Jerry B. Jenkins et adaptés pour le cinéma, ont rendu la doctrine de l’enlèvement encore plus populaire. Ils décrivent les événements après l’enlèvement. Le premier livre/film se concentre sur les premières heures et le chaos après la découverte de la disparition de millions de personnes sans véritable explication. Le premier livre présente des avions qui tombent du ciel parce que les pilotes chrétiens ont été enlevés, des infirmières pédiatriques paniquées qui cherchent des bébés disparus (innocents et donc sauvés), des églises qui sont d’un coup à moitié vides, car seuls les hypocrites sont restés, des directeurs de pompes funèbres qui appellent les autorités pour signaler le vol des cadavres, etc.

Tous ces scénarios sont captivants, mais ils sont fictifs et manquent de fondement biblique. Comme nous le verrons, Jésus lui-même nous dit ce à quoi il faut s’attendre à la fin du monde, et ce qu’il nous explique ne correspond pas à la doctrine prémillénariste.

Un bref résumé du prémillénarisme

Cette doctrine est assez complexe, et l’espace ne nous permet pas d’entrer dans tous les détails, mais voici quelques-uns des points principaux :

1. On commence par la supposition que la promesse faite à David en 2 Samuel 7.12,13 se réfère à un royaume terrestre (politique) sur lequel le Christ régnera, assis sur le trône de David à Jérusalem. On prétend que lorsque Jésus est venu la première fois, son objectif était d’établir un tel royaume, mais puisque la plupart des Juifs le rejetèrent, le projet fut mis en attente jusqu’à sa deuxième venue. Entretemps, l’Église fut établie comme une sorte de « plan B » ; l’ère chrétienne serait donc une simple parenthèse, plutôt qu’un élément du plan éternel de Dieu.

2. Selon cette doctrine, le retour du Christ sera en secret, invisible aux yeux de l’humanité à l’exception des chrétiens. Lors de ce retour, Jésus ressuscitera les morts justes – la résurrection des méchants serait pour plus tard – et transformera les vivants justes en leur donnant un corps spirituel. Tous ces saints iront donc à la rencontre du Seigneur dans les airs et seront avec lui pour sept ans. C’est lors de cet enlèvement que le jugement aura lieu pour les justes et que chacun recevra sa récompense.

3. On dit que pendant ces sept années, le monde sera dominé par « l’Antichrist », et ceux qui seront restés sur la terre passeront par « la grande tribulation ». Quelques-uns se convertiront, et les Juifs se convertiront en masse et retourneront en Palestine. Mais l’Antichrist, un dictateur mondial, unira les nations contre eux, et elles se rangeront pour la bataille finale à Harmaguédon.

4. Le Christ reviendra à temps, à la fin des sept ans, pour la deuxième étape de son retour. Il viendra avec tous les saints qu’il aura pris lors de l’enlèvement. Il vaincra les forces de l’Antichrist à Harmaguédon. Il y aura alors une deuxième résurrection, cette fois de ceux qui se seraient convertis pendant la tribulation et seraient morts avant l’arrivée de Jésus. Les morts incrédules ne ressusciteront pas encore.

5. Le prémillénarisme dit qu’ensuite viendra le règne millénaire du Christ sur la terre.

6. À la fin des 1 000 ans, cette doctrine prévoit une troisième résurrection ; cette fois-ci ce sera le tour des morts méchants, ceux qui n’auront pas été sauvés. Certains pensent que l’univers sera alors détruit, alors que d’autres disent que la terre sera renouvelée pour devenir un paradis éternel.

Quelle sorte de royaume ?

Il y a de nombreux problèmes avec cette théorie, à commencer par la thèse que Jésus est venu il y a 2 000 ans dans le but d’établir un royaume politique et que l’Église n’était qu’un pis-aller dans la pensée de Dieu. Au contraire, Jésus dit à Pilate :

« Mon royaume n’est pas de ce monde, répondit Jésus. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour moi afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est point d’ici-bas. » (Jean 18.36)

Son royaume est spirituel, et il existe déjà, car Paul dit en Colossiens 1.12 que Dieu nous a déjà « transportés dans le royaume du Fils de son amour ». Ce royaume existe, et nous en sommes citoyens. Le Christ n’attend pas son retour pour régner, car il règne déjà (Matt. 28.18; Éph. 1.20-22; 1 Pi. 3.22; Apoc. 17.14; etc.). À la fin, Christ ne se mettra pas à régner ; c’est là qu’il remettra le royaume à son Père (1 Cor. 15.24,25). En plus, l’apôtre Paul dit en Éphésiens 3.10,11 que l’Église (qui, en fait, peut être décrite comme la phase terrestre du royaume) a toujours fait partie du dessein éternel de Dieu. Les Juifs n’auraient pas pu frustrer les plans de celui qui connaît la fin dès le commencement (Ésaïe 46.10). Et s’ils le pouvaient, qu’est-ce qui les empêcherait de rejeter Jésus comme leur roi s’il revenait une deuxième fois pour établir son royaume ? Le point de départ de la doctrine prémillénariste est donc une erreur.

En plus, la conception populaire de l’Antichrist n’a rien à voir avec ce que la Bible en dit. Le terme « antichrist » ne paraît que dans les Épîtres de Jean, où il se réfère à quelqu’un qui niait que Jésus était le Christ (1 Jn. 2.22), qui ne confessait pas Jésus (1 Jn. 4.3), ou qui ne confessait pas que Jésus était venu dans la chair (2 Jn. 7). Il s’agit de ceux qui s’opposent au Christ en niant des doctrines essentielles au sujet de sa personne et sa venue. La Bible n’emploie pas ce terme pour parler d’un méchant dictateur mondial, et il n’est jamais utilisé en rapport avec la fameuse bête de l’Apocalypse 13 et 17. Un antichrist est un faux docteur, et selon 1 Jean 2.18, il y en a eu plusieurs.

Mais nous voulons fixer notre attention particulièrement sur deux aspects de cette doctrine : l’enlèvement et la tribulation. On prétend que les sauvés seront enlevés de la terre, alors que les perdus continueront de l’habiter. Quant aux morts, les justes seraient ressuscités bien avant les injustes, 1 007 ans avant les injustes, pour être précis. Est-ce que Jésus suggérait une telle situation ?

La fin du monde selon Jésus

Dans ses enseignements, Jésus nous donne un aperçu de la fin du monde qui ne correspond pas du tout à la chronologie prémillénariste et qui ne laisse pas de place pour un enlèvement des saints, une tribulation de sept années pour les incrédules, une troisième venue et trois résurrections. Prenons, par exemple, ce qu’il dit dans la parabole de l’ivraie.

« Le royaume des cieux est semblable à un homme qui a semé une bonne semence dans son champ. Mais, pendant que les gens dormaient, son ennemi vint, sema de l’ivraie parmi le blé et s’en alla. Lorsque l’herbe eut poussé et donné du fruit, l’ivraie parut aussi. Les serviteurs du maître de la maison vinrent lui dire : Seigneur, n’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ? Il leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui dirent : Veux-tu que nous allions l’arracher ? Non, dit-il, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même temps le blé. Laissez croître ensemble l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et, à l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier. […]

Ses disciples s’approchèrent de lui et dirent : Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ. Il répondit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les fils du royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du malin ; l’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. Or, comme on arrache l’ivraie et qu’on la jette au feu, il en sera de même à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. » (Matt. 13.24-30,36-43)

La présence de l’ivraie aussi bien que du blé dans le champ représente le mélange toujours présent des bons et des mauvais dans la société humaine. Les bons sont ceux qui sont sous l’influence de Dieu ; toute méchanceté est le résultat des semailles de Satan. Malgré la présence non désirée de l’ivraie, le maître décida que l’ivraie et le blé pousseraient ensemble jusqu’à la moisson. Ceci illustre non seulement le fait que la société est composée de bons et de mauvais, mais aussi que les deux sortes seront présentes jusqu’à la fin. Le monde ne connaîtra jamais d’utopie morale et spirituelle. Le moment ne viendra pas où il n’y aura que des bons ou que des mauvais dans le monde.

Mais à la fin du monde, il y aura une séparation totale. L’ivraie et le blé poussent ensemble maintenant, mais le triage aura lieu à la fin. La parabole du filet en Matthieu 13.47-50 enseigne la même leçon : « Il en sera de même à la fin du monde. Les anges viendront séparer les méchants d’avec les justes. » La scène du dernier jugement dépeint par Jésus en Matthieu 25.31-46 est aussi en harmonie avec ces deux paraboles :

« Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. » (Matt. 25.31-33)

La doctrine moderne de l’enlèvement parle d’une période de sept années pendant lesquelles les justes seront quelque part hors de ce monde, alors que les méchants continueront de vivre dans le monde et de souffrir dans « la grande tribulation ». Mais le Seigneur, dans son explication de la parabole de l’ivraie, nous fait comprendre que « l’enlèvement » et le jugement de tous auront lieu en même temps. La doctrine qui prétend que les saints seront rassemblés et enlevés dans un premier temps est démentie par les paroles mêmes de Jésus : « Arrachez d’abord l’ivraie » (Matt. 13.30) ; il explique lui-même le sens de cette image : « Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité : et ils les jetteront dans la fournaise ardente » (Matt. 13.41,42). C’est après que les méchants auront été mis à part que les justes « resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (v. 43). En réalité, l’idée n’est pas tellement que les méchants seront punis avant que les justes ne soient récompensés, mais plutôt que les deux choses auront lieu à la fin du monde.

C’est exactement ce que Jésus expliqua en Matthieu 25.31-46. Il dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » Mais aux autres : « Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges » (Matt. 25.34,41). Pour que tous soient présents au grand jour de jugement, il faudra que tous les morts ressuscitent. Il s’agit évidemment de la résurrection de tous – de tous les sauvés et tous les perdus. Paul dit en Actes 24.15 qu’il y aura « une résurrection des justes et des injustes ».

Remarquez aussi que lorsque l’apôtre parle du retour de Jésus en 2 Thessaloniciens 1.6-10, il dit que ce sera pour « rendre la souffrance à ceux qui vous font souffrir, et de vous donner, à vous qui souffrez, du repos avec nous lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance ». Mais il est clair qu’il ne parle pas de la souffrance d’une tribulation de sept années, car il poursuit en disant qu’il vient « au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force ».

Quatre fois en Jean 6, Jésus affirme que la résurrection aura lieu « au dernier jour » (Jean 6.39,40,44,54). Dans ces versets, Jésus parle de la résurrection des justes – le sort des injustes n’est pas en vue. Mais plus tard dans l’Évangile de Jean, il cite ce même « dernier jour » comme étant le moment où ceux qui l’auront rejeté seront jugés (Jean 12.48). Il est important de comprendre que, selon Jésus, le jugement des justes et le jugement des injustes auront lieu au dernier jour. Certains enseignent qu’il y aura deux ou même trois résurrections différentes et que le jugement des non-croyants aura lieu longtemps après la résurrection des justes, mais Jésus dit que les deux événements auront lieu au dernier jour. Évidemment, il ne peut y avoir plus d’un dernier jour.

La question est sûrement réglée une fois pour toutes par la déclaration de Jésus :

« Ne vous étonnez pas de cela ; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. » (Jean 5.28,29)

« Le jugement » dans ce verset a le même sens que « ils les jetteront dans la fournaise ardente », et « la vie » signifie la même chose que « les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (Matt. 13.42,43).

Arguments en faveur ?

Alors, d’où vient cette doctrine de l’enlèvement et de la grande tribulation ? Regardons brièvement quatre passages qui sont mal compris et donc utilisés pour soutenir une fausse théorie.

1 Thessaloniciens 4.16 : « Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. »

Si vous lisiez 1 Thessaloniciens 4.16 tout seul, sans son contexte, vous pourriez conclure que le verset parle de deux résurrections, dont la première serait uniquement pour ceux qui sont en Christ. Mais il suffit de regarder le contexte pour se rendre compte que le sujet qui semble avoir préoccupé les chrétiens de Thessalonique était le sort de leurs frères qui « dormaient », c’est-à-dire qui étaient physiquement morts avant le retour de Jésus. Paul dit que ceux qui seront encore en vie lorsque Jésus reviendra ne partiront pas au ciel pour laisser derrière les chrétiens qui seront morts avant le jour de son retour. Vous n’allez pas rater le bateau simplement parce que vous êtes mort avant le deuxième avènement de Christ. En fait, vous n’allez même pas arriver à la fête en retard. « Nous les vivants, qui serons restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts » (v. 15). Avant que nous ne partions, « les morts en Christ ressusciteront premièrement ». Ce qui vient après cela n’est pas la résurrection des morts qui ne sont pas en Christ. Le texte dit : « Ensuite, nous les vivants qui serons restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (v. 17). (C’est peut-être de ceci que Jésus parle quand il dit en Matthieu 24.40 : « De deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé. ») Une résurrection des morts injustes n’est même pas mentionnée, parce que l’objectif de Paul dans ce passage ne les concerne pas. Il écrit pour que les chrétiens puissent se consoler et s’encourager les uns les autres au sujet de leurs frères et sœurs en Christ qui étaient morts. Le réconfort n’est pas pour ceux qui sont morts dans la désobéissance. (Remarquez en passant que Paul ne dit pas : « Ainsi nous serons avec le Seigneur pour sept années », mais « toujours avec le Seigneur ».)

Quand on parle de « la grande tribulation », on se réfère souvent à Matthieu 24.21, qui dit, dans la Nouvelle version Segond révisée : « Car alors, il y aura une grande tribulation telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant, et qu’il n’y en aura jamais plus. » (Vous avez peut-être une traduction qui emploie le mot « détresse » à la place de « tribulation ».) Encore, il faut prendre en compte le contexte. En Matthieu 24.4-34, il est clair que Jésus parle d’une situation historique qui a déjà eu lieu : le siège de la ville de Jérusalem par les Romains en 70 apr. J.-⁠C. Quand l’armée romaine viendrait pour assiéger la ville, les disciples de Jésus ne devaient pas chercher un refuge derrière les murs de Jérusalem comme les autres Juifs l’ont fait. Jésus dit plutôt : « Que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes » (v. 16). Les chrétiens suivirent ce conseil et eurent la vie sauve, mais les Juifs incrédules furent « emprisonnés » dans leur propre ville, et plus d’un million d’entre eux moururent de la faim et la maladie dans les conditions les plus déplorables, ou ils furent massacrés quand les Romains ouvrirent une brèche dans la muraille. Ce passage n’a donc rien à voir avec une période de sept années à la fin du monde. Il se rapporte à la destruction de Jérusalem.

Le troisième texte préféré des prémillénaristes est le seul dans la Bible qui se réfère à une période 1 000 ans. Il s’agit d’Apocalypse 20.

« Et je vis des trônes ; et à ceux qui s’y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n’avaient pas adoré la bête ni son image et qui n’avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant 1 000 ans. Les autres morts ne revinrent point à la vie jusqu’à ce que les 1 000 ans soient accomplis. C’est la première résurrection. » (Apocalypse 20.4,5)

Comme c’est souvent le cas, ce passage biblique est mal compris parce qu’on ne tient pas compte du contexte. Pour ce qui est de l’Apocalypse, il est très important de prêter attention à ce que le livre dit concernant son propre contenu. Le premier verset de l’Apocalypse est bien précis : le livre concerne des choses qui devaient arriver « bientôt ». Encore, le verset 3 dit que le temps était proche. Vers la fin de l’Apocalypse, le Seigneur rappelle au lecteur qu’il parle de « choses qui doivent arriver bientôt », et il dit à Jean : « Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car le temps est proche » (Apoc. 22.6,10). Le mot « bientôt » doit être compris de la perspective de ceux à qui le livre s’adressa à l’origine : les chrétiens du premier siècle. Ils entraient dans une période de persécution intense de la part de l’Empire romain. C’est une clé essentielle à la bonne compréhension du livre. Le sujet du livre n’est pas des événements qui auraient lieu des milliers d’années plus tard ; il fut écrit pour fortifier le peuple de Dieu face à la persécution romaine.

Pour comprendre ces versets en Apocalypse 20, il est important de voir les parallèles avec le chapitre 6 :

« Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix forte en disant : Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » (Apocalypse 6.9,10)

Dans les deux passages, les personnes en question sont appelées des « âmes ». Au chapitre 6 elles sont désignées comme « ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu », et au chapitre 20 ce sont « ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu » – manifestement les mêmes personnes. Au chapitre 6, elles sont « sous l’autel » – elles sont des victimes. Au chapitre 20, elles sont assises sur des trônes – ce sont des vainqueurs. Dans le premier passage, elles demandent la justice : « Jusqu’à quand, Maître saint et véritable, tardes-tu à juger et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? » Dans le deuxième passage, le texte grec dit littéralement : « Le jugement leur fut donné. » Justice leur a été faite.

Ce passage ne parle pas de tous les chrétiens de tous les pays et tous les temps qui doivent ressusciter physiquement pour un règne politique sur la terre. C’est une image (et le livre d’Apocalypse est un livre plein de symboles) qui parle de la justification des chrétiens fidèles qui allaient mourir pendant la persécution de l’Église par les empereurs romains. Au chapitre 20, nous voyons une prophétie de l’accomplissement de la promesse que Dieu vengerait le sang de ses serviteurs ; les victimes de la persécution romaine auraient la victoire finale.

Ceux qui s’attachent à la doctrine de l’enlèvement soulignent parfois que, selon des textes comme 1 Thessaloniciens 5.2, le Seigneur doit revenir « comme un voleur dans la nuit ». Ils prétendent que sa venue sera donc secrète et silencieuse, que les hommes ne se rendront pas compte qu’il est là, jusqu’à ce qu’il soit parti. Mais encore, un coup d’œil sur le contexte montre que le point de comparaison n’est pas que le voleur passe inaperçu, mais qu’il vient au moment où l’on ne s’y attend pas. Jésus ne préviendra pas avant de revenir. Les deux versets suivants disent :

« Quand les hommes diront : Paix et sûreté ! alors une ruine soudaine les surprendra, comme les douleurs de l’enfantement surprennent la femme enceinte, et ils n’échapperont point. Mais vous, frères, vous n’êtes pas dans les ténèbres pour que ce jour vous surprenne comme un voleur. »

Conclusion

Le plus important, c’est d’être prêt quand il reviendra. Vous n’aurez pas l’occasion, pendant une prétendue « grande tribulation », de vous repentir et de saisir le salut en Christ. Ni l’Antichrist ni le Seigneur Jésus ne régnera sur le monde après son retour, car ce monde ne sera plus.

« Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée. Puisque donc toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté de votre conduite et votre piété ! » (2 Pierre 3.10,11)

« Tenez-vous prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas. » (Luc 12.40)

B. B.
(Dans Vol. 20, No. 2)

Israël

Voici les questions qu’un chrétien est souvent amené à se poser concernant Israël :

  • La formation de l’État d’Israël a-t-elle une signification religieuse pour un chrétien ?
  • Sommes-nous, à notre époque, les témoins de l’accomplissement d’une prophétie biblique concernant le retour des Juifs en Palestine ?
  •  Le peuple juif est-il encore le peuple de Dieu dans le sens du peuple élu de l’Ancien Testament ?

Nous voulons répondre à ces questions aussi clairement que possible. Pour cela, il faut se servir de la Bible et remonter à la source où tout a commencé, c’est-à-dire jusqu’à Abraham, l’ami de Dieu.

Voici la première promesse faite à cet ancêtre du peuple juif, alors qu’il s’appelait encore Abram :

« L’Éternel dit à Abram : Va-t’en de ton pays, de ta patrie et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Abram partit comme l’Éternel le lui avait dit […] Abram parcourut le pays jusqu’au lieu nommé Sichem, jusqu’aux chênes de Moré. Les Cananéens étaient alors dans le pays. L’Éternel apparut à Abram et dit : Je donnerai ce pays à ta postérité. » (Genèse 12.1-4,6,7)

C’est ici la première promesse explicite relative au pays de Canaan. Plus tard, cette même promesse sera renouvelée, mais en des termes encore plus forts :

« Lève les yeux, et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et le sud, vers l’est et l’ouest ; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. […] Lève-toi, parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur ; car je te le donnerai. » (Genèse 13.14-17)

Selon la promesse, ce pays appartiendrait à Abraham. C’est d’ailleurs là que reposent ses cendres en attendant la résurrection. Mais ce pays n’était pas une fin en soi. Il ne constituait pas le but suprême. C’est souvent ce que l’on oublie lorsqu’on évoque ce sujet. Le pays de Canaan n’était que le symbole du Royaume que Dieu donnera en partage à tous ses élus. Il est d’ailleurs intéressant de lire l’Épître aux Hébreux sur ce point, dans le Nouveau Testament. Au chapitre 11, il est révélé que

« … c’est par la foi qu’il [Abraham] vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse. Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » (Héb. 11.9,10)

Abraham comme ses descendants se sentait « étranger et voyageur sur la terre ». Leurs pérégrinations montrent qu’ils cherchaient une patrie. Or il est écrit que

« … s’ils avaient eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner. Mais maintenant ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire une céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité. » (Hébreux 11.15,16)

Trois erreurs fondamentales

Ceux qui aujourd’hui prétendent que la réintégration de la Palestine par les Juifs est l’accomplissement de la promesse faite à Abraham commettent trois erreurs fondamentales :

  1. Ils font de la Palestine le but suprême. Le Paradis en quelque sorte. Ce n’était certes pas l’avis des patriarches comme nous venons de le voir, car ils avaient en vue quelque chose de meilleur.
  2. Ils ne semblent pas avoir lu dans leur Bible que la promesse faite à Abraham a déjà été réalisée dans sa totalité.
  3. Ils oublient aussi la réalisation profondément spirituelle de cette promesse.

Mais revenons à une autre répétition de cette promesse en Genèse 15. Elle comporte un élément prophétique très intéressant. En effet,

« En ce jour-là, l’Éternel fit alliance avec Abram et dit : Je donne ce pays à ta postérité depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate. » (Genèse 15.18)

Certains font remarquer que cette promesse n’est pas encore totalement réalisée puisque les Israélites n’ont jamais occupé un territoire aussi vaste que celui que Dieu avait promis, à savoir du fleuve de l’Égypte jusqu’au fleuve d’Euphrate. Ceux qui font cette remarque se plaisent évidemment à voir dans les événements du Moyen-Orient l’accomplissement définitif de cette promesse. Ils n’ont apparemment pas lu le texte biblique qui les renseigne pourtant suffisamment. En effet, après leur sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse, après avoir retrouvé leur terre promise, Josué, successeur de Moïse, déclare dans son livre « que l’Éternel donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères ; ils en prirent possession et s’y établirent » (Josué 21.43).

N’est-il pas écrit en outre que

« Salomon dominait encore sur tous les royaumes depuis le fleuve [Euphrate] jusqu’au pays des Philistins et jusqu’à la frontière d’Égypte » (1 Rois 4.21) !?

Où se trouvent donc ces promesses non encore réalisées ? N’est-ce pas faire preuve d’obstination insensée que de vouloir prétendre que Dieu n’a pas encore tenu toute sa promesse sur cette question territoriale alors que la Bible dit expressément :

« De toutes les bonnes paroles que l’Éternel avait dites à la maison d’Israël, aucune ne resta sans effet : toutes s’accomplirent. » (Josué 21.45)

Nous savons qu’à cause de l’infidélité du peuple, Dieu permit qu’il soit déporté par les Babyloniens et tenu prisonnier pendant 70 ans ; Moïse et Josué et les prophètes avaient mis le peuple en garde : Dieu le chasserait du pays et le disperserait sur la face de la terre s’ils s’écartaient de sa loi. La promesse devenait conditionnelle.

« Lorsque tu auras des enfants, et des enfants de tes enfants, et que vous serez depuis longtemps dans le pays, si vous vous corrompez, si vous faites des images taillées, des représentations de quoi que ce soit, si vous faites ce qui est mal aux yeux de l’Éternel, votre Dieu, pour l’irriter – j’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre – vous disparaîtrez par une mort rapide du pays dont vous allez prendre possession au-delà du Jourdain, vous n’y prolongerez pas vos jours, car vous serez entièrement détruits. L’Éternel vous dispersera parmi les peuples, et vous ne resterez qu’un petit nombre au milieu des nations où l’Éternel vous emmènera. » (Deutéronome 4.25-27)

« Soyez certains que l’Éternel, votre Dieu, ne continuera pas à chasser ces nations devant vous […] jusqu’à ce que vous ayez péri de dessus ce bon pays que l’Éternel, votre Dieu, vous a donné. » (Josué 23.13)

C’est ce qui se produisit. Une partie du peuple réintégra la Palestine, mais dix tribus étaient perdues.

Il est vrai que plusieurs passages de l’Ancien Testament prédisent un retour des Juifs dans leur patrie. Nous lisons, par exemple, en Ésaïe 43.5,6 :

« Ne crains rien, car je suis avec toi ; je ramènerai ta descendance de l’est, et je te rassemblerai de l’ouest. Je dirai au nord : Donne ! Et au sud : Ne retiens point ! Fais venir mes fils des pays lointains, et mes filles de l’extrémité de la terre. »

Mais ces prophéties d’un retour vers la Palestine ont déjà trouvé, elles aussi, leur accomplissement. Elles se rapportent, en effet, à ce qui s’est passé à la fin des 70 ans de la captivité des Juifs en Babylonie, entre 606 et 536 av. J.‑C. Ceci est très souvent évident quand on regarde le contexte des prophéties. Pour ce qui est du passage que nous venons de citer en Ésaïe 43, on peut lire quelques versets plus loin :

« Voici ce que le Seigneur déclare, lui qui prend votre cause en main, lui le Saint d’Israël : Par amour pour vous j’envoie quelqu’un à Babylone pour faire tomber tous les verrous. Alors, chez les Babyloniens, les cris de joie se changeront en lamentations. » (v. 14, Bible de Jérusalem)

Après avoir châtié son peuple, Dieu suscita les Mèdes et les Perses qui renversèrent l’Empire babylonien et permirent aux Juifs de regagner Jérusalem et reconstruire le temple de l’Éternel. Il donna ainsi à son peuple une autre occasion de se montrer fidèle.

Malheureusement, installés de nouveau dans le pays de Palestine, les Israélites se rebellèrent contre Dieu et provoquèrent encore sa colère. Dans leur ensemble, ils rejetèrent le plus grand envoyé de Dieu, son Fils unique, Jésus-Christ. Les conséquences en furent énormes. Jésus pensait à ces conséquences quand il entra dans la ville de Jérusalem le dimanche avant sa crucifixion :

« Quand Jésus fut près de la ville et qu’il la vit, il pleura sur elle, en disant : Si seulement tu comprenais toi aussi, en ce jour, ce qui peut te donner la paix ! Mais maintenant, cela t’est caché, tu ne peux pas le voir ! Car des jours vont venir pour toi où tes ennemis t’entoureront d’ouvrages fortifiés, t’assiégeront et te presseront de tous côtés. Ils te détruiront complètement, toi et ta population ; ils ne te laisseront pas une seule pierre posée sur une autre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où Dieu est venu te secourir ! » (Luc 19.41-44, Français courant)

Un peu plus tard, Jésus raconta la parabole des vignerons méchants qui refusèrent de donner au propriétaire (Dieu) le produit de sa vigne (Matthieu 21.33-44). Le maître leur envoya des serviteurs (les prophètes), mais les vignerons battirent l’un, tuèrent l’autre, et lapidèrent le troisième. Quand le propriétaire envoya son propre fils (Jésus), ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent. Le maître fit donc périr ces misérables et loua la vigne à d’autres vignerons. Jésus en a fait l’application : « C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé et sera donné à une nation qui en rendra les fruits » (Matt 21.43). Le pays de Palestine, la ville de Jérusalem, et la position privilégiée de peuple de Dieu n’appartiendraient plus spécialement aux Juifs. Et cette fois-ci, quand les Romains détruiraient la ville, massacreraient la population et banniraient les survivants, aucune promesse d’un retour éventuel ne serait donnée.

La postérité d’Abraham

Abordons maintenant la réalisation profonde, spirituelle, de la promesse faite à Abraham. Ici je vous demande de prêter particulièrement attention à ce texte que nous tirons de la lettre de Paul aux Galates :

« Comme Abraham crut à Dieu, et que cela lui fut imputé à justice, reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham. Aussi l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens par la foi, a d’avance annoncé cette bonne nouvelle à Abraham : Toutes les nations seront bénies en toi ! de sorte que ceux qui croient sont bénis avec Abraham le croyant. […] Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité […] c’est-à-dire à Christ. […]

Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, héritiers selon la promesse. » (Galates 3.6-9,16,26-29)

Cette déclaration de l’apôtre montre clairement que les Juifs ne sont plus le peuple élu de Dieu. Il n’y a plus désormais de distinction entre Juif et païen (Actes 10.34,35). S’ils croient en Christ, Dieu leur accorde la même grâce. L’Israël de Dieu n’est plus uniquement la nation juive circoncise dans sa chair.

« Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors ; et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu. » (Romains 2.28,29)

L’Israël de Dieu est le peuple des sauvés en Christ, composé de toutes les races et de toutes les nations, portant en lui la marque de l’Esprit de Christ.

« Car ce n’est rien que d’être circoncis ou incirconcis ; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature. Paix et miséricorde sur tous ceux qui suivront cette règle, et sur l’Israël de Dieu ! » (Galates 6.15,16)

« Car les circoncis, c’est nous, qui rendons à Dieu notre culte par l’Esprit de Dieu, qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui ne mettons point notre confiance en la chair. » (Philippiens 3.3)

Lorsque Pierre écrit : « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis », ce n’est pas à la nation juive qu’il s’adresse, mais au peuple des chrétiens. Il ajoute d’ailleurs : « Vous qui autrefois n’étiez pas un peuple [parce qu’ils étaient païens] et qui maintenant êtes le peuple de Dieu » (1 Pierre 2.9,10).

Cette vérité Jésus l’avait annoncé en parabole en Jean 10 :

« J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie [les païens]. Celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. » (v. 16)

La même vérité est enseignée en Éphésiens 2.13,14, où Paul dit aux chrétiens d’origine païenne :

« Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ. Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation. »

Il n’y a ni Juif ni païen

Il est évident que tout ce qui précède ne signifie pas que Dieu a rejeté le peuple juif. Paul met ses lecteurs en garde contre une telle pensée. L’idée principale en Romains 11 est que le rejet d’Israël n’est ni total ni inaltérable. Dans ce chapitre Paul répond à la question : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? C’est-à-dire, l’a-t-il rejeté en bloc et pour toujours ? À cette question la réponse est « loin de là », « pas du tout ». Leur rejet n’est pas total puisqu’il y avait des Juifs qui étaient sauvés (l’apôtre Paul lui-même par exemple), et puisque la porte leur resterait ouverte pour accepter l’Évangile.

Une illustration que Paul emploie pour soutenir ses idées est celle de l’olivier. Si la racine de l’arbre était bonne, tout l’arbre serait bon. L’arbre, le peuple de Dieu, avait pour racine Abraham. La racine était sainte. L’arbre entier, donc, la postérité d’Abraham, était saint également. Certaines branches de l’arbre, des Juifs, avaient été retranchées à cause de leur incrédulité. Ils n’étaient plus du peuple de Dieu. Des branches d’olivier sauvage, des païens, furent greffées à leur place à cause de leur foi. Les païens ne devaient pas être orgueilleux, cependant, mais plutôt se rappeler que le salut avait été donné à travers le peuple juif. Les branches dépendent de la racine. En plus, si les branches naturelles pouvaient être retranchées, certainement les branches de l’olivier sauvage pouvaient être retranchées aussi. Elles ne subsistaient que par leur foi. (Leur salut n’était pas inconditionnel, mais dépendait de leur fidélité.)

La leçon principale à tirer de la comparaison est que les branches naturelles, les Juifs, pourraient être greffées à nouveau sur l’arbre – à condition de ne pas persister dans l’incrédulité : « S’ils ne persistent pas dans l’incrédulité, ils seront greffés ; car Dieu est puissant pour les greffer de nouveau » (v. 23). Cette condition est donnée si clairement qu’il est étonnant de trouver ceux qui considèrent que les Juifs sont sauvés, qu’ils soient chrétiens ou pas.

Au verset 25 Paul dit à ses lecteurs « un mystère », c’est-à-dire une vérité qui n’avait pas été révélée auparavant et qui ne pourrait pas être découverte par la simple sagesse humaine. La traduction de ce qui suit est malheureuse dans la plupart des versions, qui la rendent : « Une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement. » Cela n’était pas un secret. N’importe qui aurait pu constater cette réalité. La traduction de J. N. Darby est plus fidèle à l’original : « Un endurcissement partiel est arrivé à Israël. » L’idée essentielle est que l’endurcissement d’Israël incrédule ne serait pas total. Il ne conduirait pas à la destruction du peuple juif, comme cela avait été le cas pour les autres qui avait subi « l’endurcissement judiciaire de Dieu ». Dans tous les autres cas, où Dieu avait endurci ceux qui s’étaient endurcis eux-mêmes, ce jugement a conduit à une destruction totale et une disparition en tant que peuple. Tel fut le cas pour Sodome, Gomorrhe, Tyr, Sidon, Ninive, Babylone et d’autres. Dans le cas d’Israël, cet endurcissement serait partiel « jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée ». En d’autres termes, les Juifs seront là tant qu’il y a des païens en train d’être sauvés. Israël continuerait de subsister afin de bénéficier, s’il se repentait, des promesses faites aux patriarches. À cause de son amour pour leurs pères, Dieu accorderait toujours aux Juifs l’occasion de répondre à son appel et recevoir ses dons (v. 29).

« Ainsi, tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : Le libérateur viendra de Sion » (v. 26). En disant qu’il sera sauvé, Paul indique déjà qu’il parle d’Israël spirituel, d’origine juive comme non juive. Tout Israël sera sauvé par Jésus, le libérateur qui est venu de Sion. Ceux qui ne se laissent pas sauver par Jésus ne seront pas sauvés. Tout Israël sera sauvé en conformité avec l’alliance par laquelle Dieu ôte les péchés, c’est-à-dire la nouvelle alliance (v. 27). Si les Juifs doivent se convertir, leur conversion est soumise aux mêmes conditions que les autres « créatures » vers lesquelles le Christ avait envoyé ses disciples. « Allez par tout le monde » avait-il dit « et prêchez l’Évangile à toute la création » (Marc 16.15). « Allez faites de toutes les nations des disciples » (Matthieu 28.19). « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. Celui qui ne croira pas sera condamné » (Mark 16.16).

Il n’y a pas d’exception. Le Christ est mort pour tous. Il exige de tous foi et obéissance. Comme le dit l’apôtre Paul, si les Juifs « ne persistent pas dans l’incrédulité » (Romains 11.23), ils peuvent retrouver la faveur de Dieu. Mais le temps est court. Lorsque le Christ reviendra, il sera trop tard.

Pour nous résumer, nous dirons que :

  1. Toutes les promesses faites à Israël concernant la Terre Promise ont toutes eu leur réalisation complète.
  2. La formation d’un État juif en Palestine en nos temps modernes n’a donc aucune signification religieuse pour les chrétiens ; elle ne constitue certes pas l’achèvement de la réalisation de la promesse faite à Abraham, ou de quelque autre prophétie.
  3. Devant Dieu, il n’y a plus ni Juif ni païen. Ils sont tous appelés à former un seul corps en Christ, la véritable Israël de Dieu.

adapté d’un article par Richard ANDREJEWSKI
(Dans Vol. 11, No. 3)

Un règne de mille ans sur la terre ?

L’idée d’un règne de mille ans vient d’un passage symbolique, Apocalypse 20.1-6. Ce passage ne mentionne ni la fin du monde, ni le retour de Jésus, ni une résurrection corporelle, ni un règne « sur la terre ». Pour imposer ces idées au passage, il faudrait l’arracher de son contexte. En fait, la plupart du livre de l’Apocalypse traite le conflit entre l’Église et l’Empire romain, qui dans les visions de Jean a été représenté par l’image d’une bête ayant sept têtes. L’empereur avait exigé que tous l’adorent comme un dieu, ce que les chrétiens refusaient de faire. Pour cette raison ils étaient persécutés à la mort. Quand on arrive au chapitre 20, on a déjà vu dans les visions la persécution des chrétiens et aussi le châtiment et la destruction de l’Empire romain. Ceux qui, dans la vision, devaient régner avec Christ pendant mille ans étaient « ceux qui n’avaient pas adoré la bête ni son image ».

Dans la vision nous voyons un ange descendre du ciel ayant la clef de l’abîme et une grande chaîne dans la main. Il saisit le dragon, qui représente le diable qui avait incité l’Empire romain à persécuter l’Église, et le lie pour mille ans. Comme la plupart des chiffres dans l’Apocalypse, celui-ci exprime une idée et non pas une durée chronologique à prendre à la lettre. Le chiffre mille a été employé dans l’Apocalypse pour signifier la plénitude, la totalité, ce qui est complet. Lier Satan pendant 1 000 ans, c’est lui enlever complètement les pouvoirs qu’il exerçait pendant la persécution romaine. En rapport avec l’enchaînement du dragon pendant mille ans, « les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus… et de ceux qui n’avaient pas adoré la bête » ont le privilège de régner avec leur Seigneur. Ce règne se situe, non sur la terre, mais au ciel, où se trouvent tous les trônes dans l’Apocalypse.

L’exaltation des martyrs, la justification de la cause pour laquelle ils sont morts, la satisfaction qu’ils éprouvent en voyant que la justice leur a été faite, est appelée « la première résurrection ». Il y aura une seule résurrection corporelle des morts, et elle aura lieu pour tous lors du deuxième avènement de Christ (Jean 5.28,29). La première résurrection est une manière de se référer au triomphe des martyrs par la chute de Rome. La seconde est la résurrection générale des morts au retour de Christ. Ceux qui ont part à la première n’ont pas besoin de craindre la seconde mort.

B. B.
(Dans Vol. 5, No. 3)