La dîme

La dîme est un sujet qui est partout mal compris, même dans l’Église du Seigneur. Il s’agit tout simplement de la pratique de garder pour Dieu la dixième part de ce qu’on gagne. Dans l’Ancien Testament, cette pratique était la base, le point de départ en ce qui concerne les dons matériels offerts à Dieu. Nous la voyons pour la première fois, non pas dans la loi de Moïse, mais 400 ans plus tôt, au temps d’Abraham. En Genèse 14, Abraham avait pris 318 de ses serviteurs pour se battre contre des soldats de Mésopotamie et sauver son neveu Lot et les autres habitants de Sodome qui avaient été pris captifs. Quand Abraham revenait avec Lot, les autres captifs qu’il avait délivrés et beaucoup de butin, Melchisédek, « sacrificateur du Dieu Très-Haut », est allé à sa rencontre. Il bénit Abraham, et Abraham lui a donné la dîme de tout le butin. Plus tard, quand Jacob, petit-fils d’Abraham, quittait le pays de Canaan pour séjourner chez son oncle Laban, il a fait cette promesse en Genèse 28.20-22 : « Si Dieu est avec moi et me garde pendant ce voyage que je fais, s’il me donne du pain à manger et des habits pour me vêtir, et si je retourne en paix à la maison de mon père, alors l’Éternel sera mon Dieu ; cette pierre, que j’ai dressée pour monument, sera la maison de Dieu, et je te donnerai la dîme de tout ce que tu me donneras. » Dans ces deux cas, Abraham et Jacob ne semblent pas avoir reçu de commandement de donner la dîme, mais il est possible qu’ils suivaient une pratique ou un principe qui leur était déjà connu.

Plus tard, quand Dieu donna la loi par Moïse, il en a fait un commandement direct. En fait, il a ordonné trois dîmes. La première, appelée la dîme de l’Éternel, est ordonné en Lévitique 27.30,32. Elle devait être remise aux Lévites, qui étaient chargés d’assister les sacrificateurs dans le service de Dieu. La deuxième dîme est décrite en Deutéronome 14.22-27 ; elle est parfois appelée la dîme festin parce qu’on devait la transporter au temple et la manger là devant l’Éternel comme élément d’une fête de réjouissance et de reconnaissance à Dieu. Tous les trois ans, il y avait une troisième dîme que l’on devait apporter pour les Lévites encore, mais surtout pour les pauvres, les étrangers, et les orphelins (Deutéronome 14.28,29). D’une part il est vrai que la dîme était une obligation pour les Israélites, un commandement direct. D’autre part, on ne trouve pas de police établie pour veiller à ce que chacun paie sa dîme. Aucune punition n’était appliquée par les hommes à la personne qui négligeait de payer (sauf le fait d’exiger 12 % au lieu de 10 % de la personne qui avait manqué de donner la dîme quand elle devait le faire). Sinon, c’est Dieu lui-même qui bénirait celui qui donnerait la dîme, et qui ne ferait pas prospérer celui qui ne la donnait pas.

À nous les chrétiens, Dieu n’a pas donné un commandement qui prescrit de donner forcément la dîme. Malgré les pratiques des dénominations, dans l’Église du Christ nous ne nous permettons pas d’enseigner le contraire. Il n’y a pas un verset dans le Nouveau Testament qui dit clairement que le chrétien a l’obligation de verser la dîme à l’Église. Malheureusement, au lieu de dire que l’on n’est pas obligé par une loi à donner la dîme, certains membres de l’Église affirment parfois que l’on ne doit pas donner la dîme. Et même si l’on reconnaît que l’on peut donner la dîme ou même plus que la dîme, il n’y a pas beaucoup qui le font. En fait, dans de nombreuses assemblées locales, on constate que la collecte ne représente qu’au maximum entre 3 % et 4 % de ce que les membres gagnent, ou souvent moins que cela. Dans les assemblées rurales où il y a une période de l’année où les revenus sont nettement plus élevés (la moisson ou la traite), les montants qui entrent dans la caisse de l’Église sont généralement pareils à ce qui est donné pendant le reste de l’année. En ville comme à la campagne, on est très loin de donner « plus que la dîme ».

Évidemment si chacun donnait au moins 10 % de ce que Dieu lui confiait, l’Église aurait beaucoup plus d’argent pour soutenir des évangélistes dans les assemblées qui existent déjà et pour envoyer des évangélistes ailleurs dans le but de créer des assemblées là où il n’y en a pas encore. Les Églises pourraient construire des lieux de culte convenables. Elles pourraient faire plus de bonnes œuvres en faveur des plus nécessiteux. Elles pourraient faire beaucoup plus pour avancer la cause de Christ et glorifier Dieu. Voilà autant de bonnes raisons qui devraient pousser chaque chrétien à se résoudre à contribuer à l’Église un minimum de 10 % de ce qu’il gagne.

Alors pourquoi tant de chrétiens n’acceptent-ils pas de donner volontairement la dîme ?

1. Certains citent comme raison le fait que la dîme n’est pas une loi pour le chrétien. Il est vrai que la loi de Moïse n’est plus en vigueur (Galates 3.21-25; 2 Corinthiens 3.7-11; Hébreux 8.6-13; etc.), et le Nouveau Testament n’a pas introduit « une dîme chrétienne ». La dîme n’est plus une obligation légale. Pourtant, ce n’est pas là un argument contre la pratique de donner la dîme volontairement. Nous faisons d’autres choses que nous ne sommes pas légalement obligés de faire, pourvu que nous reconnaissions leur utilité pour notre vie spirituelle ou pour l’œuvre de Dieu. Il n’est pas précisé dans la Bible qu’une assemblée doit se réunir pour l’étude biblique le mercredi soir ou pour la prière le vendredi soir, mais beaucoup d’Églises organisent de telles réunions pour l’édification de leurs membres. Le Nouveau Testament n’a nulle part ordonné de jeûner. Ce n’est pas une obligation. Mais de nombreux chrétiens jeûnent parce qu’ils reconnaissent que c’est utile.

Quand nous sommes motivés par l’amour, nous ne cherchons pas à faire le minimum qui nous est imposé. Nous ne demandons pas : « Combien dois-je donner ? » mais plutôt : « Combien puis-je donner ? »

2. D’autres disent qu’ils ne donnent pas la dîme parce que c’est une pratique des dénominations, c’est-à-dire des Églises d’origine humaine. Il est vrai que notre modèle doit être l’Église du Nouveau Testament et non pas les dénominations. Mais ce n’est pas parce qu’une personne ou une Église croit à une erreur que tout ce qu’elle fait ou croit est contraire à la vérité. Ce n’est pas une erreur que d’encourager les hommes à donner au moins 10 % de leurs revenus à Dieu. L’erreur c’est d’introduire la contrainte, de vouloir forcer les gens à donner la dîme. Dieu n’a pas dit : « Ne donnez pas 10 %. » Il a dit « Ne donnez pas par contrainte » (2 Corinthiens 9.7).

3. D’autres encore disent : « Je ne donne pas la dîme parce que je n’aurais pas assez pour satisfaire à mes besoins et accomplir mes responsabilités. » On se dit que déjà on n’arrive pas à joindre les deux bouts ; comment ferait-on si l’on enlevait 10 % de son maigre salaire pour le donner à Dieu ? On peut facilement comprendre ce souci quand on dresse une liste de ses dépenses légitimes : loyer, factures de courant et d’eau, nourriture, savon, scolarité des enfants, aide aux parents âgés, habillement pour toute sa famille, économie pour les urgences (médicaments, funérailles, autres imprévus), transport, diverses cotisations au travail ou aux associations auxquelles on appartient, remboursement de dettes, etc. Même quand son salaire est assez élevé, on peut être financièrement serré. Salomon dit : « Quand le bien abonde, ceux qui le mangent abondent ; et quel avantage en revient-il à son possesseur, sinon qu’il le voit de ses yeux ? » (Ecclésiaste 5.10). Celui qui a un bon salaire a souvent plus de personnes à sa charge.

Après s’être occupé de toutes ces dépenses nécessaires, le chrétien trouve souvent qu’il ne reste rien pour Dieu. Pour calmer sa conscience, il trouvera quelques jetons pour mettre dans la collecte chaque dimanche, mais il ne voit pas comment il peut accorder un pourcentage fixe de son salaire à Dieu quand tout est déjà consacré aux autres besoins.

Ceux qui raisonnent de cette manière ont besoin de reconnaître deux principes fondamentaux de la Parole de Dieu :

(A) Il faut donner la part de Dieu avant de s’occuper de soi-même (Lévitique 23.10-14). Tout appartient à Dieu ; tout ce que nous avons lui appartient (Lévitique 25.23; Psaume 50.10-12; Aggée 2.8; 1 Chronique 29.11-14), mais il nous le confie et nous demande de le gérer selon sa volonté (1 Corinthiens 4.2; Luc 16.12). Pour nous rappeler cette réalité, Dieu ordonnait à son peuple de lui apporter les prémices, la première partie de leurs récoltes (Exode 23.19; 34.26; Deutéronome 26.1-11; Proverbes 3.9,10). Dieu est au-dessus de tout et il mérite ce qui est meilleur ; on ne lui offre ni les miettes ni ce qui est de qualité inférieure (Malachie 1.6-9,14). L’offrande à Dieu doit être la première chose sur notre liste de dépenses à faire.

(B) Dieu promet subvenir à tous nos besoins si nous montrons notre confiance en lui par nos dons. Il ne dit pas que nous serons forcément riches, mais nous aurons le nécessaire pour la vie et même plus afin d’abonder en bonnes œuvres.

« Honore l’Éternel avec tes biens, et avec les prémices de tout ton revenu : alors tes greniers seront remplis d’abondance, et tes cuves regorgeront de moût. » (Proverbes 3.9,10)

« Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison ; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Éternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pour vous les écluses des cieux, si je ne répands sur vous la bénédiction en abondance. Pour vous je menacerai celui qui dévore, et il ne vous détruira pas les fruits de la terre, et la vigne ne sera pas stérile dans vos campagnes, dit l’Éternel des armées. Toutes les nations vous diront heureux. » (Malachie 3.10-12)

« Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » (Matthieu 6.33)

« Donnez, et il vous sera donné : on versera dans votre sein une bonne mesure, serrée, secouée et qui déborde ; car on vous mesurera avec la mesure dont vous vous serez servis. » (Luc 6.38)

« J’ai été comblé de biens, en recevant par Épaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable. Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. » (Philippiens 4.18,19)

« Sachez-le, celui qui sème peu moissonnera peu, et celui qui sème abondamment moissonnera abondamment… Et Dieu peut vous combler de toutes sortes de grâces, afin que, possédant toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore en abondance pour toute bonne œuvre, selon qu’il est écrit : Il a fait des largesses, il a donné aux indigents, sa justice subsiste à jamais. Celui qui fournit de la semence au semeur, et du pain pour sa nourriture, vous fournira et vous multipliera la semence, et il augmentera les fruits de votre justice. Vous serez de la sorte enrichis à tous égards pour toute espèce de libéralités. » 2 Corinthiens 9.6,8-11)

Si nous ne donnons pas 10 % parce que nous craignons ne pas avoir assez pour nos besoins, il faut dire que nous ne croyons tout simplement pas aux promesses de Dieu. Où est donc notre foi ? Et pourtant les témoignages abondent pour attester que Dieu a tous les moyens pour nous bénir matériellement quand nous montrons notre confiance en lui de cette manière. Les Juifs, qu’ils soient riches ou pauvres, donnaient bien au-delà de 10 % de leurs revenus à Dieu, et il s’occupait d’eux. Des membres des dénominations donnent la dîme, bien que ce soit souvent par contrainte ; ils ne sont pas pour cela plus appauvris que leurs prochains. Pourquoi douter de la fidélité de Dieu ?

Si vous donnez déjà 10 % à Dieu, vous savez sûrement que Dieu vous bénit. Mais au lieu de vous contenter de la dîme comme si vous aviez accompli une exigence légale, pourquoi ne pas chercher à faire encore mieux ? Prenez 10 % comme un minimum et non pas un maximum à donner à Dieu.

Conclusion

Une Église du Christ n’introduira jamais un élément de contrainte pour obliger qui que ce soit à donner la dîme. Nous n’essayerons pas de forcer quelqu’un à faire ce qu’il n’a pas assez d’amour ou de foi pour faire. Mais nous avons besoin de nous mettre sérieusement au défi les uns les autres pour donner plus à notre Dieu. Cherchons à lui donner de façon qu’il soit honoré.

Prions Dieu de nous aider à grandir là où nous sommes faibles. Que ce soit l’amour ou la foi qui nous manque, qu’il nous pardonne et qu’il nous fortifie.

B. B.
(Dans Vol. 6, No. 2)

L’ancienne alliance: est-elle toujours en vigueur

Une lecture même superficielle des Écritures nous montre clairement que l’ancienne alliance faite entre Dieu et Israël était appelée à disparaître pour faire face à une loi meilleure. Jérémie le prophète l’annonce plusieurs siècles avant Jésus-Christ, on ne peut plus nettement (Jérémie 31.31ss). Plus tard, lorsque le Christ aura accompli sa mission parmi les hommes, l’écrivain d’Hébreux consacrera la quasi totalité de sa lettre à l’explication du rapport qui existe entre l’ancienne alliance et la nouvelle inaugurée par le Christ. C’est là que nous lisons :

« Il y a ainsi abolition d’une ordonnance antérieure, à cause de son impuissance et de son inutilité, – car la loi n’a rien amené à la perfection – et introduction d’une espérance par laquelle nous nous approchons de Dieu. » (Hébreux 7.18,19)

Puis après avoir parlé du rôle de Moïse sous l’ancien régime, il déclare que Jésus « a obtenu un ministère d’autant plus supérieur qu’il est le médiateur d’une alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses. En effet, si la première alliance avait été sans défaut, il n’aurait pas été question de la remplacer par une seconde » (Hébreux 8.6,7).

Ce langage ne permet plus aucun doute sur cette question. Il est clair que le système de l’ancienne loi a été aboli, abrogé, et remplacé, avec le Christ, par une meilleure alliance. Il est également clair que c’est toute l’ancienne loi qui a disparu et non une partie seulement. (Nous reviendrons plus tard à cet aspect de la question.)

Pour accomplir

À ce point, quelqu’un dira peut-être : N’y a-t-il pas une contradiction frappante entre ce que nous venons de lire et ce que Jésus dit lui-même, a savoir :

« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à ce que tout soit arrivé. » (Matthieu 5.17,18)

Jésus ne souligne-t-il pas ici la durabilité de la loi, jusqu’à la fin du monde ? Ce n’est pas du tout l’enseignement qu’il veut donner.

Notons encore la seconde partie de la déclaration ; elle est la clé de ce texte : « Il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à ce que tout soit arrivé. » (Certaines traductions disent : « jusqu’à ce que tout soit accompli ».) Jésus déclare ici qu’il est venu réaliser tout ce qui est dit de lui dans l’Écriture et que rien ne pourra l’empêcher de le faire. Car tout l’Ancien Testament est comme une chrysalide qui attend de s’ouvrir pour laisser sortir le papillon accompli. C’est ainsi que nous rencontrons souvent dans les pages des Évangiles cette expression significative : afin que s’accomplisse ce qui avait été dit par le prophète. Voyez Matthieu 2.15,17,23; 4.14; 8.17; 13.14,35; 21.4; 26.56; 27.9; 27.35; Jean 12.38; 13.18, etc.

Les derniers mots du crucifié

Vers la fin de son ministère terrestre, après sa résurrection, il déclare à ses disciples émerveillés

« C’est là ce que je disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. Alors, il leur ouvrit l’esprit afin qu’ils comprennent les Écritures. Et il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations. » (Luc 24.44-47)

La loi ne devait pas disparaître « jusqu’à ce que tout soit réalisé ». Or, tout était maintenant accompli. Ce sont les derniers mots du crucifié (Jean 19.30).

Le voile du temple se déchira

À la lumière de ces textes, nous pouvons mieux comprend pourquoi le voile du temple se déchira depuis le haut jusqu’en bas tandis qu’expirait le réalisateur de la loi. Nous pouvons mieux saisir toute la portée de ces mots de Paul : « Christ est la fin de la loi » (Rom. 10.4). « Vous avez été, par le corps de Christ, mis à mort en ce qui concerne la loi, pour que vous apparteniez à un autre… Nous avons été dégagés de la loi » (Romains 7.4,6).

Une autre question s’éclaire également ; sous l’ancienne loi, avant la venue du Christ, il y avait d’une part les Juifs et d’autre part les païens, c’est-à-dire tous les non Juifs. Le mur de séparation était la loi, accordée aux Juifs, et inconnue des païens. Mais à présent, en Jésus-Christ, il n’y a plus de différence, car Juifs comme païens sont également appelés à former un seul peuple par la foi en Christ. Paul explique comment cela a été réalisé :

« Il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié, […] afin de créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau. » (Éphésiens 2.14,15)

Un pédagogue

En disant que la loi a été comme un pédagogue pour nous amener à Christ, les Écritures expliquent clairement que la loi a eu un rôle temporaire, et que ce rôle est accompli. (Un pédagogue est une sorte de précepteur, un tuteur, responsable de la formation d’un élève jusqu’à son émancipation.) Le texte ajoute :

« La foi étant venue [c’est-à-dire l’Évangile par le Christ], nous ne sommes plus sous ce pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ ; vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus-Christ. » (Galates 3.25-28)

Une seule loi

À ce point, il faut signaler, sinon dénoncer, une théorie tout à fait erronée en ce qui concerne la loi de l’Ancien Testament. Comme de trop nombreux textes déclarent sans confusion possible que la loi ancienne a été abolie, on a imaginé qu’il y a dans l’Ancien Testament deux sortes de loi : la loi cérémoniale, de caractère temporaire, abolie effectivement par le Christ ; et la loi morale, qui dure à jamais. On ajoute à cela que la première est appelée « la loi de Moïse » et que les Écritures désignent la seconde par l’expression « la loi de Dieu ».

Il est vrai que l’Ancien Testament comprend plusieurs sortes de lois. Il y a des lois morales, des lois cérémoniales, des lois civiles, etc. Mais il est à noter qu’elles s’entremêlent au point de rendre toute distinction presque impossible ; et cela tout simplement parce que la loi est une et indivisible. Que ce soit un rite cérémonial, que ce soit un acte social, tout était réglé par Dieu dans la loi donnée par Moïse. Le langage biblique ne connaît pas de distinction entre loi morale et loi cérémoniale. Lorsque Jésus dit qu’il est venu accomplir la loi, il parle de la loi en entier, la loi dans sa totalité, de tout le système mosaïque. Quand Jésus dit qu’il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre jusqu’à ce que tout soit arrivé, il parle de toute la loi, voire de tout l’Ancien Testament. Les termes employés dans la Bible pour indiquer les divisions de l’Ancien Testament sont : la loi, les psaumes et les prophètes ; ou simplement : la loi et les prophètes (Matthieu 7.12; Luc 16.16; Luc 24.44; Actes 24.14). Ces expressions désignaient l’ensemble de la loi. Mais parler de loi morale et de loi cérémoniale pour donner à l’une un caractère passager et à l’autre un caractère éternel serait se servir d’un langage et de conceptions étrangers à la Bible. Nous devons nous garder de donner au vocabulaire biblique un sens qu’il n’avait pas dans l’esprit de ses auteurs.

Établissons donc bien ce fait dans nos esprits : lorsque Jésus, un apôtre, ou n’importe quel auteur biblique parle de la loi de Moïse, qu’il s’agisse de l’obéissance à cette loi ou de son abrogation, c’est de toute la loi qu’il parle.

Quant à la distinction que l’on fait entre loi de Dieu et loi de Moïse, le texte biblique ne l’autorise pas davantage. Voyez les textes suivants : Néhémie 8.18; 10.29; Esdras 7.6; 2 Chroniques 34.14, où la Bible parle tantôt de « la loi de Dieu donnée par Moïse » tantôt de « la loi de Moïse donnée par Dieu », et souvent dans le même contexte.

Les commandements : un résume

On insiste souvent sur le fait que la loi des dix commandements est une loi immuable. D’abord parce que c’est la « loi morale » ( !), ensuite parce que c’est Dieu lui-même qui l’a gravée dans la pierre. Cela n’est-il pas significatif ?

Lorsque Moïse descendit de la montagne, il tenait dans ses bras les tables de la loi. Elles étaient la preuve que Dieu lui avait parlé, que ces commandements étaient de Dieu lui-même, d’autant plus que son visage resplendissait d’un éclat insoutenable. C’est pourquoi ces tables sont appelées « le témoignage » (Exode 16.34; 25.16; 27.21; etc.) Mais ces tables n’étaient que le résumé de la loi donnée à Israël. Elles ne constituaient pas un recueil de la loi à part, destiné à survivre au reste des préceptes. Car, nous l’avons vu, la loi était toute la loi.

On insiste beaucoup dans certains groupes sur le caractère éternel des dix commandements, car ils renferment la loi du sabbat. C’est la seule vraie raison pour laquelle on tient tellement à ces tables de la loi.

Parler des tables de la loi, c’est évoquer toute la loi dont elles étaient le symbole. Ainsi, lorsque l’apôtre Paul parle du remplacement de la loi ancienne par la loi supérieure du Christ, il fait précisément intervenir les dix commandements dans son explication, et il en parle comme d’un ministère de mort et de condamnation par contraste avec le ministère de l’Esprit (c’est-à-dire l’Évangile du Christ). Voici ce qu’il écrit :

« Or, si le ministère de la mort, gravé avec des lettres sur des pierres, a été glorieux, au point que les fils d’Israël ne pouvaient fixer les regards sur le visage de Moïse, à cause de la gloire de son visage, bien que cette gloire soit passagère, combien le ministère de l’esprit ne sera-t-il pas plus glorieux !… Si le ministère de la condamnation a été glorieux, le ministère de la justice est de beaucoup supérieur en gloire. Et, sous ce rapport, ce qui a été glorieux ne l’a point été, à cause de cette gloire qui lui est supérieure. En effet, si ce qui était passager a été glorieux, ce qui est permanent est bien plus glorieux. » (2 Corinthiens 3.7-11)

Richard ANDREJEWSKI
(Dans Vol. 1, No. 3)