Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu

Depuis presque un siècle, la Palestine était tombée sous la domination de l’Empire romain, et la plupart des Juifs en étaient très mécontents. Les travaux forcés, les symboles idolâtres étalés dans « la terre sainte », la manière dont les opposants étaient torturés et mis à mort, la perte de liberté et de dignité – tout cela contribuait à la rancœur. Les impôts que les Romains imposaient au peuple juif étaient particulièrement détestés, un rappel continuel de l’humiliation nationale. Chacun devait verser à ce pouvoir étranger 10 % de sa production de céréales, 20 % des vins et des huiles, 1 % de tous ses revenus et un denier (l’équivalent du salaire d’une journée) par personne chaque année. Voilà la mise en scène d’un piège que les ennemis de Jésus lui ont tendu. Ils cherchaient une occasion soit de discréditer Jésus auprès du peuple juif, soit de l’accuser de rébellion auprès des autorités romaines.

« Et ils vinrent lui dire : Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu ne t’inquiètes de personne ; car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes, et tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ? Devons-nous payer, ou ne pas payer ? Jésus, connaissant leur hypocrisie, leur répondit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, afin que je le voie. Ils en apportèrent un ; et Jésus leur demanda : De qui sont cette effigie et cette inscription ? De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils furent à son égard dans l’étonnement. » (Marc 12.14-17)

Le fait que l’on pouvait produire si facilement une pièce de monnaie romaine montrait que les Juifs étaient sous l’autorité de César, car ces pièces n’étaient employées que sur le territoire romain. D’ailleurs, les pièces émises par un roi de l’antiquité pour l’utilisation sur son territoire étaient considérées comme étant sa propriété – d’où la parole de Jésus, « Rendez à César ce qui est à César ». Mais tout en affirmant un devoir envers les gouvernements humains, Jésus a souligné aussi les devoirs envers le Roi de l’univers.

Les gouvernements civils et l’Église ont tous les deux été établis par Dieu, mais ils n’ont ni les mêmes rôles ni les mêmes champs d’action. L’État a, par exemple, le droit de punir les malfaiteurs, même jusqu’à l’application de la peine de mort. Quant à l’Église, « les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles » (2 Cor. 10.4). Ce n’est pas à l’Église d’« exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal » (Rom. 13.4). Par contre, ce n’est pas à l’État civil de décider comment les chrétiens doivent adorer Dieu ou quel message ils doivent prêcher. Ces choses sont déterminées par la Bible seule.

Considérons donc nos responsabilités envers le gouvernement, après quoi nous verrons ce qu’il faut rendre à Dieu.

Rendez à César ce qui est à César

Les impôts

Jésus enseigne clairement en Marc 12.17 que nous devons payer des impôts. Il semble que la majorité des gouvernements soient caractérisés par le gaspillage, l’inefficacité et la corruption, mais cela ne change pas notre devoir. « Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut » (Rom. 13.7). Que ce soit les taxes douanières, les impôts sur le revenu, la TVA, les permis obligatoires ou d’autres obligations financières imposées par l’État, le chrétien ne doit pas agir malhonnêtement pour les éviter. Peu importe si nos concitoyens sont nombreux à commettre avec succès de la fraude fiscale, nous ne devons pas leur ressembler.

L’obéissance

Plusieurs passages du Nouveau Testament insistent sur la nécessité d’obéir aux lois des gouvernements humains sous lesquels nous vivons :

« Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute autorité établie parmi les hommes, soit au roi comme souverain, soit aux gouverneurs comme envoyés par lui pour punir les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien. » (1 Pi. 2.13,14 )

« Rappelle-leur d’être soumis aux magistrats et aux autorités, d’obéir, d’être prêts à toute bonne œuvre. » (Tite 3.1)

Le texte le plus complet à ce sujet se trouve en Romains 13.

« Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais le bien, et tu auras son approbation. Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience. » (Rom. 13.1-5)

Le chrétien se soumet au gouvernement, non seulement pour éviter d’être puni par les autorités, mais surtout à cause de son respect pour Dieu. Il y a, bien sûr, des lois dont tout le monde reconnaît le bien-fondé, comme celles qui interdisent le vol, le meurtre, le viol, etc., mais l’enfant de Dieu est appelé à se soumettre même aux règlements qui semblent parfois gênants. Par exemple, certains trouvent que les lois sur l’immigration sont trop compliquées ou onéreuses ; que cela soit le cas ou non, le chrétien qui voudrait immigrer dans un pays qui n’est pas le sien doit procéder de la façon légale. Les limites de vitesse semblent parfois trop basses, mais ce ne sont pas simplement des suggestions ; il faut essayer sincèrement de les respecter. Le mariage traditionnel est plus courant que le mariage légal dans beaucoup de pays, mais si la loi chez vous ordonne de légaliser vos unions conjugales, vous devez, en tant que chrétiens, vous conformer à ces exigences. Si vous habitez un pays qui offre des aides en matière de logement, santé, retraite, éducation, etc., vous ne devez pas employer de faux papiers ou donner des pots-de-vin pour obtenir des avantages auxquels vous n’avez pas droit. Le chrétien respecte la loi.

C’est Dieu qui a voulu l’existence de l’institution qu’on appelle « gouvernement ». L’État a été établi par Dieu pour le bien de la société. Il est presque toujours préférable d’avoir même un mauvais gouvernement que de ne pas en avoir du tout. Demandez à quiconque subit les effets de l’anarchie dans un pays déchiré par la guerre et dont l’État ne peut assurer la sécurité de personne. Les chapitres 17 à 21 du livre des Juges décrivent une période de violence et d’injustice criante en Israël. Et pourquoi le désordre avait-il augmenté à ce point ? « En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qu’il voulait » (Jug. 21.25). Dieu a donc établi le gouvernement pour notre bien.

Mais c’est aussi Dieu qui fait que telle ou telle personne détienne le pouvoir ; c’est lui qui établit les autorités. Selon Daniel 4.17, Dieu promit d’exercer un jugement sur Nebuchadnetsar, le roi orgueilleux de Babylone, « afin que les vivants sachent que le Très-Haut domine sur le règne des hommes, qu’il le donne à qui il lui plaît, et qu’il y élève le plus vil des hommes ». Ceux qui sont au pouvoir ne comprennent pas souvent cette vérité. En Ésaïe 10.5-17, Dieu appelle le roi assyrien la verge de sa colère, la verge dans sa main pour punir son peuple infidèle (Israël), mais ce roi « n’en juge pas ainsi, et ce n’est pas là la pensée de son cœur. Il ne songe qu’à détruire ». Le verset 12 ajoute : « Mais, quand le Seigneur aura accompli toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, je punirai le roi d’Assyrie pour le fruit de son cœur orgueilleux, et pour l’arrogance de ses regards hautains ». Tout le livre de l’Apocalypse souligne le fait que Dieu, en son temps, allait punir et renverser l’Empire romain qui persécutait l’Église. De nombreux passages bibliques montrent que Dieu élève au pouvoir et enlève du pouvoir, pas forcément à cause de la justice ou de l’injustice de ces chefs d’État, mais pour accomplir ses propres desseins. Malgré les apparences, c’est toujours le Seigneur qui règne. Le chrétien ne se joindrait pas à une rébellion armée pour renverser un gouvernement, car c’est à Dieu d’établir ou d’enlever qui il veut et quand il le veut.

La prière

« J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des prières, des supplications, des requêtes, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur. » (1 Tim. 2.1-3)

Le devoir de prier pour les autorités ne dépend pas de leur justice. Les empereurs romains qui régnaient sur le monde quand Paul écrivait ces mots étaient des hommes immoraux et injustes. Mais remarquons que la Parole ne dit pas qu’il faut forcément demander à Dieu de donner au chef d’État une longue vie ou le succès de tous ses projets ou sa réélection. On prie Dieu que les décisions des autorités permettent aux chrétiens de vivre dans la paix et la piété. Quand ceux qui gouvernent sont favorables à l’œuvre de Dieu, on peut en remercier Dieu et lui demander de les bénir dans ce qu’ils font de positif. Quand ils se mettent à persécuter le peuple de Dieu ou à promouvoir l’immoralité et l’injustice, on peut prier Dieu de les amener, si possible, à la repentance, pour leur propre bien, le bien de la société et le bien de l’Église.

L’honneur

« Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur. » (Rom. 13.7)

« Craignez Dieu ; honorez le roi. » (1 Pi. 2.17)

Quand Dieu ordonne d’honorer quelqu’un, que ce soit nos parents, les gouverneurs ou les rois, il importe peu si nous estimons qu’ils sont personnellement dignes d’honneur. Il y a des pères négligents ou sans tendresse paternelle, des mères qui sont esclaves de la boisson ou la drogue, et des autorités civiles qui sont remplies d’orgueil et assoiffées d’argent et de pouvoir. Mais nous les traitons avec du respect à cause de leur position d’autorité à notre égard, sachant que c’est Dieu qui les a placés. Quand le roi Saül cherchait à faire mourir le jeune homme David, qui ne lui avait fait aucun mal, David eut plus d’une fois l’occasion de tuer Saül. L’entourage de David l’encouragea à le faire, en lui disant que Dieu avait livré Saül entre ses mains. Saül était devenu un tyran, et son caractère ne méritait plus le respect. C’est à cause de son grand respect pour Dieu que David ne s’est pas permis de faire du mal à Saül, parce que Dieu l’avait établi roi, ou « oint ».

« Qui pourrait impunément porter la main sur l’oint de l’Éternel ? Et David dit : L’Éternel est vivant ! C’est à l’Éternel seul à le frapper, soit que son jour vienne et qu’il meure, soit qu’il descende sur un champ de bataille et qu’il y périsse. Que l’Éternel me garde de porter la main sur l’oint de l’Éternel ! » (1 Sam. 26.9-11)

Dans la société moderne, l’exemple de la presse nous apprend soit à critiquer impitoyablement et sans cesse nos autorités, soit à les soutenir aveuglément et servilement dans toutes leurs politiques. Le chrétien doit essayer de parler toujours avec respect pour les autorités, même s’il doit parfois, comme Jean-Baptiste a fait à l’égard du roi Hérode (Matt. 14.3,4), leur dire des vérités qu’elles ne voudraient pas entendre.

Remarquez que ces passages bibliques qui parlent de nos devoirs à l’égard des autorités n’enseignent pas qu’il faut forcément participer au processus politique, qu’il faut voter ou qu’il faut être très patriotique. Ils ne défendent pas ces choses, non plus, mais l’activité politique n’est apparemment pas une partie essentielle de la vie chrétienne. La Bible ne recommande ni la monarchie ni la démocratie – l’une ou l’autre peut servir les besoins du peuple ou, au contraire, permettre d’exercer la tyrannie sur une partie de la population. Les chrétiens doivent s’accrocher fermement à leur foi face aux régimes oppressifs et ne pas tomber dans la paresse spirituelle sous des gouvernements tolérants. Dans tous les cas, la prédication de l’Église devrait être apolitique, dans le sens où elle ne s’aligne pas derrière un parti ou un homme politique. En plus, l’Église de Dieu n’a pas de nationalité.

Rendez à Dieu ce qui est à Dieu

Tous « nos » biens

Le chrétien reconnaît que tous « ses » biens appartiennent déjà à Dieu ; nous n’en sommes que des gestionnaires. Voilà l’idée derrière les paraboles des talents (Matt. 25.13-46) et des mines (Luc 19.11-26), dans lesquelles Jésus parle de maîtres qui confient à leurs serviteurs des sommes d’argent pour les faire valoir et rendre compte par la suite de leur gestion. Comme Dieu avait dit par le prophète Aggée : « L’argent est à moi, et l’or est à moi » (Ag. 2.8). Le roi David reconnut cette vérité quand il présentait à Dieu une offrande de la part de son peuple :

« Éternel, notre Dieu, c’est de ta main que viennent toutes ces richesses que nous avons préparées pour te bâtir une maison, à toi, à ton saint nom, et c’est à toi que tout appartient. » (1 Chr. 29.16)

L’obéissance absolue

On doit obéir aux gouvernements humains, mais que faire si un homme ordonne ce qui est contraire aux ordres de Dieu ? La Bible est très claire : en cas de conflit entre les ordres d’un homme quelconque et ceux du Seigneur, « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5.29). Jésus avait ordonné à ses disciples de prêcher l’Évangile au monde entier, mais les chefs juifs leur interdirent de parler en son nom.

« Pierre et Jean leur répondirent : Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu ; car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu. » (Actes 4.19,20)

Les apôtres et des chrétiens sans nombre depuis leur temps ont accepté l’emprisonnement, la torture, l’exil et la mort au lieu de se taire et de désobéir ainsi à leur Seigneur.

Schadrac, Méschac et Abed-Nego, les trois célèbres amis de Daniel, ont reçu l’ordre de se prosterner devant la statue dressée par le roi Nebucadnetsar et de l’adorer ; autrement, ils seraient jetés dans une fournaise ardente. Mais Dieu avait dit à son peuple :

« Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras pas d’image taillée […] Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux. » (Exode 20.3-5)

Voici donc la réaction de ces hommes pleins de courage :

« Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi. Même s’il ne le fait pas, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as élevée. » (Dan. 3.17,18)

Nos corps et nos vies

Que ce soit pour réclamer le droit à l’avortement ou le droit de refuser une injection, on voit parfois le slogan, « Mon corps, mon choix ». Mais pour le chrétien, son corps ne lui appartient pas, à plus forte raison il n’appartient à l’État.

« Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu. » (1 Cor. 6.19,20)

Dans le contexte, l’apôtre Paul enseigne que le chrétien n’a pas le droit de se servir de son corps pour commettre du péché sexuel. Il va sans dire que si mon corps appartient à Dieu, je n’ai pas non plus le droit de l’abîmer ou le détruire. Je fais de mon mieux pour le maintenir pour le service de Dieu, son vrai propriétaire.

Notre amour

Le véritable amour est toujours quelque chose de bien, que ce soit pour sa famille, ses voisins ou sa patrie, tout comme l’orgueil et l’égoïsme sont toujours condamnables. Mais il y a un amour qui doit primer sur tous les autres : quand on demanda à Jésus quel était le plus grand commandement de la loi, il répondit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Matt. 22.37). Comparés à l’amour que nous devons avoir pour Jésus, tous les autres amours, y compris l’amour pour nous-mêmes, ressembleraient à de la haine :

« Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (Luc 14.26 ; voir aussi Matt. 10.37)

Daniel manifesta son amour pour Dieu et son courage quand il choisit de prier Dieu au lieu de se soumettre à l’ordre du roi des Mèdes et des Perses qui interdisait d’adresser des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté au roi lui-même, sous peine d’être jeté dans la fosse aux lions.

« Lorsque Daniel sut que le décret était écrit, il se retira dans sa maison, où les fenêtres de la chambre supérieure étaient ouvertes dans la direction de Jérusalem ; et trois fois le jour il se mettait à genoux, il priait, et il louait son Dieu, comme il le faisait auparavant. » (Dan. 6.10)

L’amour pour Dieu se manifeste dans les actions.

Dieu établit les autorités, mais elles ne doivent pas usurper les droits qui appartiennent à Dieu seul. Évidemment, pour nous les chrétiens, ni notre pays ni son gouvernement ne peut jamais avoir la première place dans notre cœur, car elle appartient déjà à notre Seigneur.

Citoyens du royaume des cieux

Quand nous sommes nés d’eau et d’Esprit par l’obéissance à l’Évangile (Jean 3.5), nous avons été transportés dans le royaume de Christ (Col. 1.13). Nous nous attachons désormais, non plus aux choses de la terre, mais aux « choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3.1), car son royaume « n’est point d’ici-bas » (Jean 18.36). Nous sommes désormais « citoyens des cieux, d’où nous attendons que vienne notre Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ » (Phil. 3.20, FC). Cela fait de nous des « étrangers et voyageurs sur la terre » (1 Pi. 2.11). Et contrairement à tous les gouvernements humains, ce royaume que nous recevons est inébranlable (Héb. 12.28). Soyons de bons sujets des pays où nous sommes de passage, mais soyons aussi de bons citoyens de notre patrie céleste, et ne négligeons jamais de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 4)

Qui règne sur le monde?

Les hommes sont loin d’être tous d’accord sur la question de qui règne sur ce monde dans lequel nous vivons. Tandis que les uns affirment avec confiance que Jésus règne, d’autres ne sont pas convaincus. Parfois cela se manifeste dans leurs doctrines. Par exemple, certaines dénominations enseignent que Jésus ne régnera qu’à son retour. Pour ces personnes, le fait qu’il y a encore des souffrances et de l’injustice prouve que ce n’est pas le Seigneur qui règne actuellement.

Parfois le doute que Jésus règne se manifeste dans la crainte et dans la tentation de se tourner vers d’autres puissances pour résoudre ses problèmes. Ceux qui ne croient pas que Dieu règne sur le monde en Jésus-Christ ont souvent peur d’être les victimes des sorciers, des mauvais sorts, des ancêtres, des démons. Pour se protéger, ils cherchent une puissance. Si l’on ne croit pas que la puissance de Jésus soit disponible, on risque de mettre sa confiance dans la magie ou d’autres pratiques animistes.

Selon Satan lui-même, la puissance et la gloire de tous les royaumes lui appartiennent. Il dit : « Elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux » (Luc 4.5,6). En plus, Jésus l’a, à plusieurs reprises, appelé par le titre « le prince de ce monde » (Jean 12.31; 14.30; 16.11). L’apôtre Paul aussi l’appelle « le dieu de ce siècle » (2 Corinthiens 4.4) et « le prince de la puissance de l’air » (Éphésiens 2.2). Règne-t-il réellement sur notre monde en tant que « prince » ?

Nous chantons à Dieu : « Toi qui disposes de toutes choses et nous les donnes chaque jour… » Ou encore : « Avant son retour, glorifions-le ; c’est Jésus qui est le roi. » Mais qu’en est-il ? Est-ce Satan ou Dieu qui dispose de toutes choses ? Est-ce Satan ou Jésus qui a droit au titre de Prince et Roi ? Qui règne sur le monde ?

I. Dieu a l’autorité sur les nations pour établir des rois et les enlever du pouvoir.

Selon l’apôtre Paul, Dieu gouverne dans les affaires de tous les hommes et de leurs royaumes, « ayant déterminé la durée des temps et les bornes de leurs demeures » (Actes 17.26).

Le prophète Daniel a beaucoup insisté sur cette activité de Dieu dans le monde. Il dit :

« Béni soit le nom de Dieu, d’éternité en éternité ! […] C’est lui qui change les temps et les circonstances, qui renverse et qui établit les rois […] Le Très-Haut domine sur le règne des hommes, il le donne à qui il lui plaît, et il y élève le plus vil des hommes. » (Daniel 2.20,21; 4.17)

En parlant à Nebuchadnetsar, le grand roi babylonien, Daniel dit :

« Ô roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t’a donné l’empire, la puissance, la force, et la gloire ; il a remis entre tes mains […] les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t’a fait dominer sur eux tous. » (Daniel 2.37,38)

Il est vrai qu’en se basant uniquement sur les apparences, on ne dirait pas toujours que c’est Dieu qui ait exalté tel peuple ou tel roi. Même les peuples et les rois en question ne reconnaissent pas toujours Dieu. Ce fut le cas de l’Empire assyrien que Dieu a employé pour punir son peuple Israël. Par le prophète Ésaïe, Dieu a déclaré :

« Malheur à l’Assyrien, verge de ma colère ! […] Je l’ai lâché contre une nation impie, je l’ai fait marcher contre le peuple de mon courroux, pour qu’il se livre au pillage et fasse du butin […] Mais il n’en juge pas ainsi, et ce n’est pas là la pensée de son cœur ; il ne songe qu’à détruire […] Mais, quand le Seigneur aura accompli toute son œuvre sur la montagne de Sion et à Jérusalem, je punirai le roi d’Assyrie pour le fruit de son cœur orgueilleux […] Car il dit : C’est par la force de ma main que j’ai agi, c’est par ma sagesse, car je suis intelligent. » (Ésaïe 10.5-7,12,13)

En Romains 13.1 le Nouveau Testament aussi soutient l’idée que c’est Dieu qui met des hommes au pouvoir :

« Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. »

Que les rois et les gouvernements le sachent ou pas, c’est Dieu qui les exalte au pouvoir, et c’est Dieu qui les enlève de leurs positions d’autorité.

II. La richesse et la gloire des royaumes appartiennent à Dieu.

Au temps du roi David, le peuple et le roi ont fait de riches offrandes volontaires pour la construction du temple de l’Éternel. Ils ont reconnu, pourtant, que si Dieu ne les avait pas bénis, ils n’auraient pas eu de quoi lui offrir en retour. À cette occasion David pria ainsi :

« À toi, Éternel, la grandeur, la force et la magnificence, l’éternité et la gloire, car tout ce qui est au ciel et sur la terre t’appartient […] C’est de toi que viennent la richesse et la gloire, c’est toi qui domines sur tout. » (1 Chroniques 29.11,12)

Beaucoup plus tard les Juifs construisaient un autre temple pour remplacer le premier qui avait été démoli par les Babyloniens. Cette deuxième maison de Dieu commença de manière beaucoup plus modeste. Mais par le prophète Aggée, Dieu rassura son peuple que ce temple aussi serait magnifique. Ayant à sa disposition toutes les richesses des nations, Dieu était capable de le rendre glorieux.

« J’ébranlerai toutes les nations ; les trésors de toutes les nations viendront, et je remplirai de gloire cette maison, dit l’Éternel des armées. L’argent est à moi, et l’or est à moi, dit l’Éternel des armées. » (Aggée 2.7,8)

III. C’est Dieu qui dispense les bonnes choses dans la vie.

« Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. » (Jacques 1.17)

« [Dieu] donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses. » (Actes 17.25)

« Recommande aux riches du présent siècle de ne pas être orgueilleux, et de ne pas mettre leur espérance dans des richesses incertaines, mais de la mettre en Dieu, qui nous donne avec abondance toutes choses pour que nous en jouissions. » (1 Timothée 6.17)

Il est vrai qu’uniquement ceux qui cherchent premièrement le royaume et la justice de Dieu ont sa promesse que les nécessités de la vie leur seront données (Matt. 6.33). Mais il est aussi vrai que Dieu n’accorde pas ses bénédictions dans ce monde aux seuls justes. « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matt. 5.45). Le fait qu’on jouit des bénédictions temporelles n’est pas une preuve de la faveur de Dieu. Ce qu’il faut reconnaître est que c’est Dieu qui nous donne ce qui est bien, que nous en soyons dignes ou pas. C’est cette vérité que la nation d’Israël au temps d’Osée ne reconnaissait pas. Dieu dit à son sujet : « Elle n’a pas reconnu que c’était moi qui lui donnais le blé, le moût et l’huile ; et l’on a consacré à Baal l’argent et l’or que je lui prodiguais » (Osée 2.10).

(Avant de continuer, faisons une distinction entre la prospérité accordée par Dieu dans sa bonté, et la richesse obtenue injustement par le vol, l’oppression, ou la fraude. Au lieu de dire que Dieu « donne » l’argent à celui qui le vole, disons que Dieu lui permet de l’obtenir, mais qu’il l’appellera en jugement pour ses mauvais actes. Ajoutons que Dieu est capable d’enlever à l’injuste ce qu’il a obtenu et de le donner à l’homme qui lui plaît – Ps. 127.1,2; Eccl. 5.12,13).

IV. C’est Dieu qui place des limites sur Satan.

Nous ne nions pas ici toute activité de Satan dans le monde. Mais la rébellion de Satan et de ses anges n’enlève rien à la souveraineté de Dieu. Satan ne peut faire que ce qui lui est permis par Dieu.

Un exemple très clair nous est donné dans le livre de Job. Satan avait mis en doute l’intégrité de Job, un serviteur fidèle de Dieu. Il prétendit que Job était un homme juste seulement par intérêt matériel. Il affirmait que Job maudirait Dieu en face si Dieu le laissait souffrir. Pour prouver donc l’intégrité de Job, Dieu permit à Satan premièrement de lui enlever sa famille et tous ses biens. Mais c’est Dieu qui fixa les limites : « L’Éternel dit à Satan : Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre ; seulement, ne porte pas la main sur lui » (Job 1.12). Plus tard, Satan demanda le droit d’aller plus loin, et de mettre la main sur Job. Dieu permit alors à Satan de lui enlever sa santé. Mais encore, ce fut Dieu qui définit les limites que Satan ne devait pas dépasser. « Voici, je te le livre : seulement, épargne sa vie » (Job 2.6).

En ce qui concerne ses enfants aujourd’hui, Dieu continue de limiter l’action de Satan. Paul dit en 1 Corinthiens 10.13 : « Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. »

V. Dieu a remis toute autorité, non à Satan, mais à Jésus.

« Jésus, s’étant approché, leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. » (Matthieu 28.18)

Ayant parlé de l’infinie grandeur de la puissance de Dieu, Paul dit que Dieu

« … l’a déployée en Christ, en le ressuscitant des morts, et en le faisant asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, et toute dignité, et de tout nom qui se peut nommer, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds. » (Éph. 1.20-22)

Un roi s’assoit sur son trône pour juger, pour faire un décret, pour recevoir des ambassadeurs, bref, pour exercer son règne. Dans ce passage, comme dans plusieurs autres où il est dit que le Christ s’est « assis » (Actes 2.34-36; Col. 3.1; Héb. 1.3; 10.12), Jésus est présenté comme assis parce qu’il règne déjà. Il « est à la droite de Dieu, depuis qu’il est allé au ciel, et que les anges, les autorités, et les puissances lui ont été soumis » (1 Pi. 3.22). Jésus est maintenant « le prince des rois de la terre » (Apoc. 1.5; cf. 2.26,27).

Conclusion

Malgré le péché qui existe, la Bible enseigne clairement que c’est Dieu qui a toujours régné sur le monde. C’est de lui que viennent le pouvoir, les richesses et la gloire. Et c’est à Jésus que le Père a donné l’autorité de disposer des nations et de donner leur gloire à qui il veut.

Que faire donc des prétentions de Satan, les promesses qu’il fit à Jésus ? Reconnaissons qu’il est menteur et le père du mensonge (Jean 8.44). Il promettait ce qui ne lui appartenait pas.

Et le titre de « prince de ce monde » que même Jésus lui attribua ? Pourquoi Jésus l’appela-t-il ainsi si Satan n’est pas prince ? Cette expression est sûrement employée dans le même sens que « le dieu de ce siècle » que nous trouvons en 2 Corinthiens 4.4. Il est appelé « dieu » seulement parce que des hommes le traitent comme s’il était Dieu. On lui donne, à tort, l’honneur qui est dû à Dieu seul. De même, ceux de ce monde perdu le suivent comme leur prince. Mais c’est un usurpateur, et il ne réussira pas. Sa rébellion sera écrasée, et lui avec tous ses partisans seront punis.

Et les apparences ? Il semble si souvent que l’injustice triomphe. Ce fait prouve-t-il que Jésus ne règne pas encore ? Si oui, l’existence du péché serait aussi la preuve que Dieu n’a jamais régné. Or, Psaume 29.10 dit le contraire : « L’Éternel était sur son trône lors du déluge ; l’Éternel sur son trône règne éternellement » – même lorsque l’iniquité des hommes avait atteint le point où « toutes les pensées de leur cœur se portaient chaque jour uniquement vers le mal » (Gen. 6.5).

Pourquoi Dieu permet-il que l’injustice existe ? D’abord on peut dire que Dieu est patient même avec les méchants, et il leur donne parfois du temps pour se repentir (2 Pierre 3.9). Parfois il permet les souffrances et les tentations afin d’éprouver ses serviteurs (1 Pierre 1.6,7). Mais d’autres fois il agit à la vue de tous pour exécuter la justice et punir les rebelles (Luc 19.41-44).

Ce n’est pas à nous de dire à Dieu comment il doit exercer son règne (Romains 9.20-23; 11.33-36). Mais reconnaissons que c’est bien lui qui règne et que Jésus est le Roi des rois.

B. B.
(Dans Vol. 4, No. 5)