Simplement chrétiens

Il existe aujourd’hui une vraie multitude d’Églises différentes. De certaines manières elles se ressemblent toutes. Mais quand on les regarde de plus près, on découvre qu’elles se contredisent les unes les autres et se distinguent les unes des autres par leurs noms, leurs doctrines et leurs pratiques. On appelle parfois ces différentes Églises des « dénominations ». Il y en a des milliers.

Il y a aussi partout dans le monde de nombreuses personnes qui croient en Jésus-Christ comme les membres de ces diverses dénominations croient en lui, mais elles sont attristées par l’état divisé du christianisme. Elles remarquent que dans la Bible on ne parle pas de différentes sortes de chrétiens – des chrétiens catholiques et des chrétiens protestants, des chrétiens adventistes et des chrétiens baptistes, des chrétiens pentecôtistes ou charismatiques et des chrétiens orthodoxes, des chrétiens évangéliques et des chrétiens méthodistes. Ayant le désir de retrouver la pureté et la simplicité du christianisme du premier siècle, de nombreux croyants ont préféré laisser de côté ces étiquettes et ces organisations qui ne se trouvent pas dans la Bible. Ils se disent tout simplement « chrétiens ». Ils adorent ensemble, et ils appellent les assemblées qu’ils forment « des Églises du Christ », ou « des Églises du Seigneur », ou « des Églises de Dieu », ou tout simplement « l’Église ». Mais dans un monde habitué à une multitude d’Églises, chacune avec son nom distinctif, on a parfois du mal à comprendre cette attitude.

L’importance du nom

Il est vrai que le fait de porter un nom ne sauve pas – que ce soit nous-mêmes ou les autres qui nous donnent ce nom. En Apocalypse 3.1 Jésus a dit à l’Église de Sardes : « Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort. » Littéralement, il dit : « Tu as le nom de vivre, mais tu es mort. »

On peut porter le nom de Christ sans lui être agréable. Mais est-ce que les noms sont pour cela sans aucune importance ? Loin de là ! Puisque le nom représente la personne, l’autorité, le pouvoir et la dignité de celui qui est nommé, le nom est important.

Considérez ces passages :

Actes 4.11,12 : « Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez, et qui est devenue la principale de l’angle. Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

1 Pierre 4.16 : « Si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom. »

Colossiens 3.17 : « Et quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus. »

Non, utiliser le nom qu’il faut ne suffit pas. Mais la Bible montre clairement que le nom est quand même important. Ceux qui disent que le nom qu’on porte n’a pas d’importance ne donneraient quand même pas à leurs propres enfants des noms comme « Judas », « Satan », ou « Hitler ». En effet, le nom qu’on porte, tout comme le nom qu’on invoque, a de l’importance spirituelle. Voyons donc de plus près le nom de chrétien.

Le nom « chrétien »

Dieu avait signalé sept cents ans avant la venue du Christ, par la voix du prophète Ésaïe, qu’il allait donner un nouveau nom à son peuple. En Ésaïe 62.2 nous lisons : « Alors les nations verront ton salut, et tous les rois ta gloire ; et l’on t’appellera d’un nom nouveau, que la bouche de l’Éternel déterminera. » Le seul nom nouveau dans la Bible donné au peuple de Dieu est celui de chrétien. Nous lisons en Actes 11.26 : « Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. » Quelques années plus tard, ce nom sera connu même par le roi Agrippa. En écoutant la prédication de l’apôtre Paul, il déclara : « Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien » (Actes 26.28). Et comme nous l’avons déjà vu, Pierre dira que ce nom est tout à fait honorable et acceptable : « Mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom » (1 Pierre 4.16).

Généralement, on accepte que ceux qui croient en Jésus portent le nom de chrétien. Le problème se pose quand nous refusons d’ajouter autre étiquette, quand nous disons qu’il vaut mieux être simple chrétien, ou chrétien seulement. C’est là que les questions commencent à se poser. Ces questions nous permettront d’exposer des principes plus larges, des principes fondamentaux de la Parole de Dieu. Répondons donc à la question « Pourquoi chrétien seulement ? » en parlant d’abord d’un principe très simple :

Nous voulons que la gloire soit pour Jésus.

Quand on donne le nom de quelqu’un à une organisation, un bâtiment, un enfant, une rue, etc., c’est une manière d’honorer la personne. Or, personne n’est digne de plus d’honneur que Jésus-Christ. Après avoir parlé de la mort de Jésus pour notre salut, Paul dit en Philippiens 2.9-11 :

« C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. »

Jésus est particulièrement digne d’honneur en tout ce qui concerne son peuple, l’Église. Il en est le chef et le sauveur. Éphésiens 5.23 dit : « Car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. » Il en est également le fondateur et le propriétaire. Comme le mari donne son nom à son épouse, et comme, dans beaucoup de cultures le fondateur d’un village l’identifie par son nom personnel, Christ donne son nom à l’Église. C’est ainsi que nous voyons des paroles comme celles de Romains 16.16 : « Toutes les Églises de Christ vous saluent. »

Non seulement personne n’est plus digne d’honneur que Jésus, mais il n’est pas normal de lui faire partager sa gloire avec de simples hommes mortels. L’apôtre Paul ne voulait pas que des chrétiens se désignent par son nom. Il écrivit en 1 Corinthiens 1.12,13 :

« Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul ! et moi, d’Apollos ! et moi, de Céphas ! et moi, de Christ ! Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? »

Il ajouta plus tard, au 3.5 :

« Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun. »

Ce n’est pas Paul seulement qui vit l’erreur de se distinguer des autres croyants en portant des noms humains, au lieu de se contenter de porter le beau nom de Jésus-Christ. De grands hommes religieux du passé ont parlé de la même manière. John Wesley, fondateur de l’Église Méthodiste, dit il y a plus de deux cents ans :

« Plaise à Dieu que tout nom de parti et toute expression et forme nonbiblique qui a divisé le monde chrétien soit oublié, et que nous, comme disciples humbles et pleins d’amour, puissions nous asseoir aux pieds du Maître, lire sa sainte parole, être pénétrés de son Esprit et reproduire sa vie dans la nôtre… En ce qui concerne le nom de chrétien, je dirais qu’il n’y en a aucun qui lui est comparable ; donnez-le-moi, et dans la vie et dans la mort je glorifierais Dieu dans ce nom. »

Bien avant le temps de Wesley, le grand réformateur Martin Luther avait dit :

« Je vous prie de laisser mon nom et de ne pas vous appeler Luthériens, mais chrétiens. Qui est Luther ? … Je n’ai été crucifié pour personne… Comment donc conviendrait-il à moi, un sac misérable de poussière et de cendres, de donner mon nom aux enfants de Christ. Cessez, mes chers amis, de vous accrocher à ces noms de parti et ces distinctions. Bannissez-les tous, et appelons-nous chrétiens seulement, à l’honneur de Celui de qui vient notre doctrine. »

(Ne prenez pas cette étude comme une attaque lancée contre une Église particulière. Il s’agit plutôt d’un appel à abandonner une pratique qui est commune à la grande majorité de ceux qui croient en Jésus – la pratique de se distinguer les uns des autres par des noms et des étiquettes qui sont étrangers à la Bible. Cette pratique n’honore pas notre Chef à nous tous, et n’encourage pas l’entente entre les croyants.)

Nous voulons faire ce que nous savons agréable à Dieu.

Voici une deuxième raison pour être simple chrétien. Quand on fait ce qui est enseigné dans la Bible, on est sûr d’avoir la faveur de Dieu. Il faut demeurer dans ses commandements et ne pas aller plus loin. Jésus dit en Jean 8.31 : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. »

Dieu a toujours agi ainsi avec les hommes. Il promet une bénédiction pour ceux qui respectent sa Parole telle qu’il la donne, sans la modifier. En Deutéronome 4.1,2, Moïse dit au peuple d’Israël :

« Maintenant, Israël, écoute les lois et les ordonnances que je vous enseigne. Mettez-les en pratique… Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. »

Quand on fait, par contre, ce qui n’est pas contenu dans la doctrine biblique, on s’expose au danger de déplaire à Dieu. Malgré les avertissements de Moïse, deux sacrificateurs israélites, Nadab et Abihu, ont fait ce qui leur semblait bien, au lieu de se limiter à ce que Dieu avait autorisé. Et ils ont payé très cher pour leur faute. Dieu leur avait dit de prendre des charbons de l’autel des holocaustes pour brûler du parfum dans le tabernacle. Écoutez ce que nous dit Lévitique 10.1-3 :

« Les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus ; ils apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné. Alors le feu sortit de devant l’Éternel, et les consuma ; ils moururent devant l’Éternel. Moïse dit à Aaron : C’est ce que l’Éternel a déclaré, lorsqu’il a dit : Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple. »

Nabab et Abihu prirent autre feu que ce que Dieu avait précisé ; Dieu n’en fut pas content. Il considéra leur acte comme une désobéissance, et il les punit sévèrement.

En tant que peuple de Dieu aujourd’hui, nous devons nous efforcer de faire scrupuleusement ce qu’il nous recommande, sans y ajouter ni en retrancher. 2 Jean 9 nous dit : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. » Tout ce que nous faisons dans la religion doit faire partie de la doctrine de Christ, doctrine qui est contenue dans le Nouveau Testament. C’est une voie qui est sûre et ne peut pas être fausse.

Les noms que nous employons pour désigner le peuple de Dieu ne sont qu’une seule des nombreuses applications de ce principe. Quand une personne qui a décidé de suivre Jésus et qui a été sauvée par lui se dit chrétienne, elle emploie un nom biblique de la manière que la Bible l’emploie. C’est conforme à la doctrine de Christ. Cela ne peut pas déplaire à Dieu. Quand on décide de se désigner non seulement comme chrétien, mais comme une certaine sorte de chrétien (catholique ou protestant ou autre), on n’est plus en train de se conformer à un exemple ou un enseignement de l’Évangile. On ne peut pas être sûr que cette étiquette plaît à Dieu. On ne base pas sa décision sur la doctrine de Christ. Alors, pourquoi ne pas se contenter de faire ce qui est clairement approuvé dans les Écritures et ne pas aller plus loin ?

Nous ne voulons pas contribuer à la division parmi ceux qui croient en Jésus.

Une dernière raison pour porter uniquement le nom de chrétien, sans autre étiquette, est que nous ne voulons pas contribuer à la division. Le Seigneur pria en Jean 17 pour que ceux qui croiraient en lui soient un comme lui et son Père sont un. L’apôtre Paul exhorta les chrétiens à être parfaitement unis et à tenir tous un même langage (1 Corinthiens 1.10). Là où existe la division, il y a du péché, et nous ne devons pas le prendre à la légère.

Quels sont donc les obstacles à l’unité ? La première épître de Paul aux Corinthiens peut nous éclairer sur ce point. En effet, la division était devenue un problème pour l’Église de Corinthe, et Paul y consacra les quatre premiers chapitres de son épître. Après avoir beaucoup parlé de la nécessité de mettre l’accent sur ce qui est de Dieu et non sur les hommes ou ce qui est des hommes, Paul résume au 4.6 de cette manière :

« C’est à cause de vous, frères, que j’ai fait de ces choses une application à ma personne et à celle d’Apollos, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit, et que nul ne conçoive de l’orgueil en faveur de l’un contre l’autre. »

Voilà les deux plus grands obstacles à l’unité. (1) Certains vont au-delà de ce qui est écrit pour enseigner et pratiquer ce qui ne vient pas de la Parole de Dieu, (2) et certains s’attachent trop à de simples hommes.

Trois approches pour rechercher l’unité

Pour atteindre l’unité sur le plan religieux, trois approches sont proposées.

(1) Certains disent qu’il faut que tous se soumettent à un seul chef humain. Si tous les croyants reconnaissaient l’autorité d’un seul pour se prononcer sur toute question de foi ou de doctrine, ils seraient tous d’accord. Si tous étaient d’accord avec ce chef, qu’il soit à Rome, à Abidjan, ou à Brooklyn aux États-Unis, ils seraient automatiquement d’accord les uns avec les autres.

Cette approche pourrait donner une espèce d’unité, mais cette solution n’est pas satisfaisante. En effet, Jésus dit que nous serons jugés, non selon les décisions d’un chef humain établi sur toutes les Églises, mais sur la base de sa parole. Jésus dit en Jean 12.48 : « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a son juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. » Au lieu de féliciter ceux qui se soumettent sans raisonner à tout ce que leurs enseignants leur disent, la Bible loue une autre sorte de personne :

« Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17.11).

(2) Une deuxième approche à l’unité, appelée l’œcuménisme, consiste à se mettre d’accord de ne pas être d’accord. On reconnaît, quand il le faut, que les différentes confessions se contredisent dans ce qu’elles recommandent de faire pour obtenir le pardon de Dieu, ou pour adorer Dieu, ou pour former une assemblée. On prône différentes formes de baptême, on prêche différentes choses concernant la nature de Dieu, mais on affirme que tout ce qui compte, c’est de croire au même Dieu et de prêcher que Jésus est Seigneur. Tout le reste serait secondaire. Selon cette approche, il ne faut pas faire cas de nos différences. On ferme les yeux dessus, et l’on s’accepte mutuellement.

Certainement, des attitudes d’humilité, de patience et de douceur sont nécessaires si nous voulons être unis, mais l’unité pour laquelle Jésus a prié n’est pas une unité superficielle. Il a voulu que les disciples soient un comme lui et son Père sont un. Or, le Père et le Fils ne se contredisent pas comme les différentes Églises le font. Paul n’a pas exhorté les Corinthiens à considérer tous les points de doctrine comme sans importance. Il a dit :

« Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi nous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment. »

Paul décrit une situation ou tous s’entendent et tous annoncent le même message et suivent le même enseignement.

(3) La troisième approche pour atteindre l’unité consiste à s’unir sur la base de la Bible. Puisque la vaste majorité des croyants acceptent déjà qu’elle est bien la Parole de Dieu, c’est le point que nous avons tous en commun, un point de départ naturel pour ceux qui cherchent l’unité. Ce que nous devons faire, c’est de parler là où la Bible parle, et nous taire là où la Bible se tait ; il faut suivre tout ce qu’elle recommande au peuple de Dieu de faire, et laisser tomber tout ce qu’elle n’enseigne pas. Et cela nous ramène à la question des noms que nous devons porter. Tous les croyants peuvent admettre le nom de « chrétien ». Tous reconnaissent que l’Église appartient à Jésus-Christ. Sur ces points, on pourrait être d’accord. Pourquoi, donc, ajouter des noms que tous ne peuvent pas ou ne voudront pas employer pour désigner l’Église ou ses membres ?

Le seul moyen de s’unir de manière acceptable à Dieu, c’est de faire retour à la Bible seule et de devenir de simples chrétiens. Mais même si certains n’acceptent pas de rechercher l’unité de cette manière, cela ne nous empêche pas, vous et moi, d’être chrétiens seulement, tout comme Paul et Pierre et d’autres l’étaient au premier siècle. Nous donnerons la gloire à Jésus seul, nous ferons ce que nous savons que Dieu accepte, et nous ne serons pas nous-mêmes un obstacle à l’unité.

B. B.
(Dans  Vol. 9, No. 4)


Précisons que d’autres termes sont employés dans la Bible pour parler de ceux qui croyaient au Seigneur. Par exemple, ils sont appelés « disciples », ce qui veut dire qu’il suivent Jésus pour apprendre de lui et parvenir à être comme lui – Jean 15.8; Actes 11.26; ils sont appelés « frères », parce qu’ils ont tous un même Père céleste et sont égaux – Matthieu 23.8; Luc 8.21; Galates 6.1; ils sont appelés « saints » parce qu’ils ont tous été mis à part pour Dieu et sont appelés à vivre dans la pureté et la sainteté – Romains 1.7; 15.25,26; ils sont appelés « enfants de Dieu » parce qu’ils sont nés de nouveau et que Dieu les a pris comme ses propres enfants adoptifs – 1 Jean 3.1. Tous ces noms, comme le nom « chrétien » sont bibliques et légitimes pour parler de ceux que Dieu a sauvés en Jésus-Christ. Mais ce ne sont pas des noms que l’on utilise pour faire une distinction entre les sauvés. Il n’y a pas dans l’Église certains qui sont des « enfants de Dieu » et d’autres qui sont des « saints ». Tous les chrétiens sont enfants de Dieu, comme tous sont saints. Ce que nous recommandons de laisser, ce sont les noms comme « catholique », « protestant », « évangélique », « luthérien », « pentecôtiste », etc., des noms qui appuient les distinctions entre différents groupes qui prétendent tous suivre Jésus.

La liberté chrétienne et la division

Introduction

La division est un fléau parmi les chrétiens qui est souvent le fruit de la fausse doctrine.

« Quelques-uns abandonnent la foi pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons par l’hypocrisie de faux docteurs. » (1 Timothée 4.1,2)

Lorsque cela arrive, la division peut être inévitable :

« Car il faut qu’il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous. » (1 Corinthiens 11.19)

Le Seigneur a reproché les Églises de Pergame et de Thyatire pour avoir toléré dans leur sein des gens qui s’étaient donnés à la fausse doctrine (Apocalypse 2.14,15,20). Les fausses doctrines doivent être identifiées, et il faut « marquer » ceux qui suscitent des divisions en les enseignant (1 Timothée 4.1-6; Romains 16.17,18; Tite 3.10,11; 2 Jean 9-11).

Mais la division et la discorde viennent trop souvent, non pas parce qu’il y a égarement de la vérité biblique, mais parce que les chrétiens manquent de la patience, de l’humilité et de l’amour fraternel. Il y a des aspects de la vie chrétienne où Dieu a laissé à chacun une certaine liberté, où il n’y a pas de modèle éternel auquel chaque chrétien et chaque assemblée doivent se conformer. On peut trouver une diversité de points de vue et de pratiques sans que cela soit un sujet de division. Mais il faut que certaines attitudes soient cultivées parmi nous pour que l’amour et l’harmonie soient préservés.

Un chapitre-clé

En Romains 14 Paul présente les attitudes qui doivent prévaloir parmi les chrétiens quand il y a des différences parmi eux concernant ce qui ne fait pas l’objet d’un commandent du Seigneur. Dans les exemples cités par Paul dans ce chapitre, il s’agit des actions des chrétiens en tant qu’individus et non pas des actions de l’Église collectivement. Bien que les principes qu’il donne puissent avoir des applications en ce qui concerne la manière de faire le culte du dimanche ou la manière de dépenser l’argent dans la caisse de l’assemblée, Paul traite ici des décisions personnelles, comme, par exemple, si l’on va manger un certain aliment.

En fait, puisqu’il s’agit de questions où Dieu nous a laissé de la liberté, ce sont des actions qui ne sont pas en elles-mêmes des péchés. Une personne qui comprend la liberté que Dieu lui a accordée sait qu’elle peut faire certaines choses sans que ce soit un péché. Une autre personne peut pour diverses raisons croire, à tort, qu’elle ne doit pas faire ces choses. Cette dernière personne est identifiée dans ce passage comme celle qui est « faible ». Elle n’a pas encore une foi forte, une ferme conviction qu’elle a le droit de faire les choses en question. Elle peut aussi se croire obligée de faire ce qu’elle est libre de ne pas faire étant en Christ.

Dans les douze premiers versets du chapitre, nous trouvons le principe suivant :

Il ne faut pas se juger les uns les autres en matière d’opinion

Le premier verset a été traduit de plusieurs manières, mais la traduction la plus littérale est celle de Darby : « Or quant à celui qui est faible en foi, recevez-le ; non pas pour la décision de questions [douteuses]. » Le mot « décision » (« disputer » dans la Segond) est employé pour un mot grec qui parle de l’acte de distinguer, discerner, juger, ou prononcer un jugement. « Questions [douteuses] » (« opinions » dans la Segond) traduit un mot qui signifie « raisonnements » et qui est employé pour se référer à la pensée d’un homme qui réfléchit en lui-même sur une décision à prendre. Le mot peut même porter l’idée d’hésitation ou de doute.

Le sens du verset est qu’il faut recevoir comme frère celui qui a des doutes que nous n’avons pas, celui qui n’a pas encore compris le sens de la liberté chrétienne. Les convictions personnelles ne lui permettent pas de faire certaines choses que nous reconnaissons comme permises en Christ, ou bien ses convictions le poussent à se voir sous des obligations qui ne sont pas réelles. Il faut recevoir ce frère sans le condamner parce que sa conscience est trop sensible.

Dans le deuxième verset, Paul identifie le genre de « questions » ou « opinions » qu’il a en vue. « Tel croit pouvoir manger de tout : tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes. » Certains ne reconnaissaient pas leur droit de manger de tout et décidaient en eux-mêmes de ne manger que des légumes. Paul ne dit pas pour quelle raison un chrétien aurait pris la décision d’être végétarien. Certains simplifiaient le respect de la distinction entre aliments purs et impurs faite dans la loi de Moïse en ne mangeant pas de la viande du tout (voir Daniel 1.8-12). D’autres encore, pensaient peut-être à la possibilité de manger, sans le savoir, de la viande qui avait été offerte en sacrifice à une idole. En effet, une grande partie de la viande vendue dans les marchés à l’époque avait d’abord été consacrée dans un temple païen. Qu’en est-il de ces idées concernant les aliments ?

Faut-il s’abstenir des aliments déclarés impurs dans l’Ancien Testament ?

Pour la question des aliments purs et impurs selon la loi mosaïque, plusieurs passages démontrent que ces lois ont été abrogées ou annulées quand Jésus est mort sur la croix. (Voir, par exemple, Colossiens 2.14-17 et Hébreux 9.9,10.) Selon l’Épître aux Galates, imposer ces lois aux chrétiens ou en faire une condition du salut serait pervertir l’Évangile et se séparer du Christ.

Peut-on manger de la viande sacrifiée aux idoles ?

Quant à la viande sacrifiée, Paul en parle en 1 Corinthiens 10, où il répond à trois questions des Corinthiens :

  1. Peut-on s’asseoir dans un temple païen et manger de la viande sacrifiée, sachant dans son cœur que l’idole n’est rien et se disant qu’on ne l’adore pas ?
  2. Peut-on acheter au marché de la viande qui a été sacrifiée à un dieu païen ?
  3. Peut-on manger chez un païen, ne sachant pas si la viande qu’il sert a été offerte en sacrifice ?

Pour la première question, Paul explique aux versets 14-22 que participer à un festin en honneur d’une idole, quelle que soit son intention personnelle, est un acte d’adoration qui met la personne en communion avec l’idole. Ce serait manger à la table des démons et provoquer la jalousie du Seigneur. La réponse est non.

Pour la deuxième question, Paul répond aux versets 25 et 26 que l’on pouvait manger de tout ce qui se vendait au marché, mais que l’on ne devait pas poser des questions pour savoir si la viande avait été sacrifiée. En ajoutant : « car la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme », il veut dire que la viande n’appartenait pas réellement à l’idole, même si elle lui avait été consacrée. Dieu est le propriétaire de toutes choses, et les actions des hommes ne peuvent rien changer à cette vérité. La viande n’était pas souillée en elle-même.

Pour la troisième question, Paul dit aux versets 27 et 28 que nous pouvons manger ce qu’on nous sert chez un païen, mais que si quelqu’un nous informe que la viande a été sacrifiée, nous ne devons pas en manger.

La conclusion est que le chrétien doit s’abstenir totalement de tout ce qui est identifié comme étant sacrifié à une idole, mais manger d’un sacrifice sans le savoir ne souille pas.

Pour revenir en Romains 14, nous voyons qu’il n’était pas interdit de manger de la viande en général, bien que certains chrétiens ne comprenaient pas encore cette vérité. Par contre, rappelons-nous que Dieu n’a pas ordonné aux hommes de manger certains aliments. C’est un droit mais pas une obligation.

Compte tenu de cette divergence d’idées, qu’est-ce que Dieu nous recommande ?

« Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l’a accueilli. » (verset 3)

Il faut éviter ces attitudes très communes quand on n’est pas du même avis qu’un autre.

Paul continue :

« Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d’autrui ? S’il se tient debout ou s’il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir de l’affermir. » (verset 4)

Ici Paul reproche le chrétien qui juge son frère, en lui rappelant que c’est la place du Seigneur que de juger ses serviteurs. Selon le contexte, il s’agit, bien sûr, de celui qui condamne un autre serviteur pour avoir violé ce qui n’est pas un commandement du maître. Là où le maître n’a pas donné de règle pour gouverner son serviteur, personne d’autre n’a le droit d’en donner. Aucun chrétien n’a le droit de juger un autre, sauf où le Christ l’autorise et nous donne la règle à appliquer. Il y a des situations où nous avons un devoir de juger (1 Cor. 5.1-5,9-13; 6.1-7; Matthieu 7.15-20), mais il faut toujours aborder de telles situations avec beaucoup d’humilité, de compassion et d’amour. Là où le jugement ne s’impose pas, l’accent doit être mis sur la patience, la tolérance et le respect mutuel.

Faut-il observer des « jours saints » ?

Au verset 5 nous voyons un autre exemple du genre de principes personnels au sujet desquels on ne devait pas se juger les uns les autres : les distinctions entre les jours. Paul ne parle pas ici des jours de réunions de l’Église, comme le dimanche. Ces réunions devaient être respectées (Hébreux 10.25), et à l’égard de ces réunions, le premier jour de la semaine avait une importance particulière (Actes 20.7; 1 Corinthiens 16.1,2) et un nom spécial (Apocalypse 1.10 – comment Jean pouvait-il désigner un jour en particulier comme « le jour du Seigneur » s’il n’y avait absolument pas de distinction entre les jours ?). Paul ne parle pas non plus des soi-disant « fêtes chrétiennes » telles que Pâques, Noël, Ascension, Toussaint, etc. Premièrement, ces fêtes étaient inconnues au premier siècle, et deuxièmement, leur observance engage généralement des Églises entières. Or Paul parle ici de décisions personnelles qui n’engageaient pas les autres membres de l’Église à faire quoi que ce soit. (Si un chrétien choisit de marquer spécialement à son propre niveau un jour pour se rappeler la naissance de Jésus ou son ascension, les autres ne devraient pas, selon ce passage, le juger. Mais instituer une telle observance au niveau de toute l’Église enlève la question des jours du cadre de Romains 14.)

Ce qui est plus probable est que Paul parle du chrétien d’origine juive qui a toujours observé les jours saints indiqués dans la loi de Moïse : les fêtes, les nouvelles lunes et les sabbats (Col. 2.16). Étant devenue chrétienne, cette personne pourrait avoir du mal à accepter qu’elle n’avait plus besoin de respecter ces jours.

Dans les versets qui suivent, Paul nous dit, en effet, de croire à la sincérité de nos frères, même quand nous ne partageons pas leur point de vue sur de telles questions. Chacun cherche à plaire au Seigneur. Celui qui mange de tout n’est pas en train de vivre pour son propre plaisir parce qu’il mange. Il reconnaît le Seigneur comme la source de ce qu’il reçoit. Celui qui s’abstient de viande rend grâces aussi, étant donné qu’il s’en abstient de bon cœur afin de plaire au Christ. Les deux camps reconnaissent la souveraineté du Seigneur en toutes choses.

À partir du verset 13, Paul introduit la deuxième idée principale :

Il ne faut pas pousser votre frère à pécher en violant sa conscience

Ne faites rien qui puisse le faire tomber. Dans la question d’aliments, il est clair que celui qui croit pouvoir manger de tout a raison. Le Seigneur a déclaré purs tous les aliments. « … Rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller, car cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre » (Marc 7.18,19). « Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière » (1 Timothée 4.4,5). Puisqu’il en est ainsi, un aliment n’est plus impur que dans le cas où quelqu’un le considère comme impur.

On peut, cependant, avoir raison sur un point mais ne pas agir avec amour. Dans ce cas, on est condamnable, malgré le fait qu’on a raison en ce qu’on croit. Si je reconnais que l’aliment est pur, il ne peut pas me souiller, mais ce n’est pas pour cela que je peux en manger. Il faut considérer l’effet de mon action sur les autres. Si je mange devant mon frère qui considère l’aliment comme souillé, il sera peiné en me voyant faire ce qu’il considère un péché. Mais ce qui est encore plus grave, c’est qu’il risque de se conformer à mon exemple, malgré ses doutes privés, et en mangeant violer sa conscience. Je dois attacher plus d’importance à mon frère qu’à la nourriture. Mon droit de manger de la viande n’est pas plus important que le salut d’un homme.

À partir du verset 16, le sujet passe du singulier au pluriel. C’est la réputation de toute l’Église qui est en vue maintenant. C’est bien d’avoir la liberté de manger (ou de ne pas manger), mais ce n’est pas là l’essentiel du royaume. Ce qui est vraiment important, c’est la justice, la paix et la joie. Se juger et se mépriser les uns les autres et user de ses « droits » quels que soient les effets sur les autres attirera des calomnies contre la liberté chrétienne.

Quelques applications

Ayant expliqué le chapitre dans son contexte d’origine, comment peut-on l’appliquer de nos jours ? Rappelons-nous que ce chapitre parle des attitudes qui doivent prévaloir parmi les chrétiens quand il y a des différences parmi eux concernant ce qui ne fait pas l’objet d’un commandement du Seigneur. Ces principes ne concernent pas des violations de la volonté de Dieu. Il est important de se rappeler aussi qu’il s’agit des actions des chrétiens en tant qu’individus et non pas des actions de l’Église collectivement.

Paul a déjà appliqué ces principes à la question des aliments, des jours saints et du vin (v. 21). En ce qui concerne le fait de boire du vin (sans s’enivrer, bien sûr, puisque l’ivresse est clairement condamnée comme un péché), il y a le danger d’entraîner une autre personne dans le péché, soit parce qu’elle violerait sa conscience soit parce qu’elle risquerait de ne pas rester sobre.

Une autre application pourrait être dans le domaine de l’habillement. Une femme ne devrait pas s’habiller de façon séduisante (habits qui serrent trop, jupes trop courtes, excès de maquillage, etc.) tout en se disant : « Si les hommes ont des convoitises à mon égard, c’est leur problème ; ils ne devraient pas penser ainsi. J’ai le droit de me vêtir comme je le veux. » Au contraire, « Il est bien […] de s’abstenir de ce qui peut être pour ton frère une occasion de chute, de scandale ou de faiblesse. » (La modestie est, bien sûr un principe que les hommes aussi doivent observer.)

Certains chrétiens jugent les autres au sujet de leurs méthodes d’évangélisation. Il est vrai que certaines méthodes sont plus efficaces que d’autres, mais le Seigneur n’a pas ordonné une seule méthode. Quelle que soit sa méthode, c’est pour le Seigneur qu’on travaille. On ne doit pas nous juger.

D’autres jugent leurs frères sur le fait de regarder la télévision, de jouer aux sports, ou d’écouter de la musique non religieuse. D’un côté, ne critiquons pas si facilement, mais reconnaissons la différence entre nos principes personnels et les commandements du Seigneur ; de l’autre côté, soyons sensibles à l’influence de nos actions sur les autres, et abstenons-nous de ce qui peut nuire à notre frère ou à l’Église.

Conclusion

La division dans une assemblée ne commence pas toujours par la fausse doctrine. Elle commence souvent par le fait de mépriser ceux qui ne partagent pas nos opinions. Elle s’aggrave quand nous tenons à exercer nos « droits » sans considérer l’effet de nos actions sur nos frères. Apprenons à distinguer entre les enseignements bibliques et nos opinions ou principes personnels. Et efforçons-nous toujours « de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix » (Éphésiens 4.3).

B. B.
(Dans Vol. 4, No. 3)