Les miracles sont-ils nécessaires

Dans les Églises du Christ, nous parlons de l’importance de restaurer l’Église telle qu’elle nous est décrite dans les pages du Nouveau Testament. Nous cherchons à enseigner uniquement ce qui était enseigné dans l’Église au temps des apôtres. Nous voulons rendre à Dieu un culte qui soit conforme au modèle laissé par les premiers chrétiens. Et nous croyons que même l’organisation de l’Église doit être identique à celle qui est révélée dans la Bible.

Certains, qui sont habitués à voir l’accent mis sur les miracles dans les Églises modernes, s’étonnent de ce que nous ne cherchons pas à restaurer cet élément de la vie de l’Église primitive. En effet, personne ne peut nier que le livre des Actes contient de nombreuses références aux miracles opérés parmi les chrétiens. Ces miracles, ne sont-ils pas nécessaires à une restauration authentique de l’Église du premier siècle ?

Avant d’entamer une réponse, notons que dans la Bible le mot « miracle » a un sens plus restreint que pour beaucoup de lecteurs. Nous ne parlons pas ici de ce qu’on appelle parfois « les petits miracles », ni des œuvres providentielles, mais néanmoins merveilleuses que Dieu fait tous les jours. Dans cet article il s’agit plutôt des « grands miracles » dont nous lisons dans la Bible, les miracles puissants et instantanés attribués aux apôtres et à certains autres chrétiens.

Pour déterminer si les miracles sont toujours nécessaires, il faut définir le rôle des miracles dans l’Église du premier siècle. À quoi servaient-ils ? Plusieurs passages montrent que les miracles étaient des « signes » pour confirmer que l’Évangile était la Parole de Dieu et que les apôtres servaient de porte-parole du Seigneur. Dieu appuyait le témoignage porté par ces hommes. « Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut, qui, annoncé d’abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté » (Hébreux 2.3,4). « Et ils s’en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient » (Marc 16.20).

Bien des maux furent soulagés par les miracles de Jésus et de ses apôtres. Certainement, la compassion les motivait souvent à faire des miracles. Cependant, la raison fondamentale pour les miracles était de prouver la divinité du Christ et la véracité de ses messagers. Après tout, Dieu est capable d’ôter de la terre toute souffrance et toute maladie d’un seul coup. Bien qu’il soit compatissant, ce n’était pas selon son dessein de faire ainsi. Il visait premièrement la foi, et non la guérison en elle-même.

Ajoutons qu’il n’est pas nécessaire de voir les miracles personnellement pour en être convaincu. En lisant les récits des miracles contenus dans la Bible, nous recevons le même bienfait que les témoins oculaires : la foi. « Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d’autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (Jean 20.30,31).

Les miracles du premier siècle prouvaient l’inspiration de l’Évangile de Christ. Cet Évangile, dont l’origine divine fut confirmée au premier siècle, est conservé pour nous aujourd’hui dans l’Écriture. Il n’a pas besoin d’être révélé et confirmé de nouveau puisque la foi chrétienne « a été transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 3). En lisant ou en écoutant l’enseignement biblique aujourd’hui, on peut être convaincu sans voir des miracles, car « la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ » (Romains 10.17).

Dans l’histoire du mauvais riche et du pauvre Lazare, le riche (se trouvant comme Lazare dans le séjour des morts) demande au père Abraham d’envoyer Lazare auprès de ses frères pour les persuader de se repentir. Il pense qu’un tel miracle persuadera ces hommes au cœur dur : « Si quelqu’un des morts va vers eux, ils se repentiront. Et Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu’un des morts ressusciterait » (Luc 16.30,31). En disant « Moïse et les prophètes », Abraham se réfère à leurs écrits, puisque Moïse et les prophètes étaient morts depuis des siècles lorsque Jésus racontait cette histoire. Les générations qui ont vécu bien après le temps de Moïse furent obligées d’accepter la loi de Moïse comme authentique, bien qu’elles n’aient pas vu personnellement tous les signes par lesquels Dieu confirma qu’il était son prophète. Ce fait fut établi une fois pour toutes du vivant de Moïse. De même, l’inspiration de l’Évangile fut établie au temps des apôtres. Dieu s’attend à ce que les hommes écoutent sa Parole dans le Nouveau Testament, sans demander des preuves supplémentaires.


Répondons ensuite à des arguments qui sont souvent avancés pour soutenir que les miracles sont nécessaires de nos jours.

1. « Aux temps apostoliques le Saint-Esprit accordait à certains hommes des dons miraculeux. Si le même Esprit est présent aujourd’hui, il accordera les mêmes dons. »

Ce raisonnement est erroné. Le même Père céleste existe aujourd’hui comme toujours, mais il n’est plus en train de créer le monde. Il a fini de créer, mais il n’est pas inactif ; il soutient le monde actuellement par sa même puissance. Nous avons le même Seigneur Jésus que les hommes ont connu au premier siècle, mais il ne mourra plus. Il est mort sur la croix une fois pour toutes. Maintenant il règne et il intercède pour les siens auprès de Dieu. Et le même Esprit Saint vit dans l’Église aujourd’hui, mais il a fini de transmettre la foi chrétienne. Il a fait cela une fois pour toutes. Il n’est pas pour cela « à la retraite » ; il demeure dans les chrétiens pour les fortifier et les aider à vivre dans la sainteté.

La nature de Dieu ne change pas. Il est le même hier, aujourd’hui et éternellement. Mais cela ne veut pas dire qu’il soit obligé de répéter dans chaque génération ce qu’il a fait dans le passé. Il a achevé certains aspects de son œuvre et certaines manifestations de son pouvoir ont déjà servi leur but.

2. « Il faut les miracles pour convaincre les Thomas modernes. Comme Dieu veut que tous soient sauvés, il accordera des miracles pour ceux qui ne sont pas persuadés sans voir. Pour eux la vérité de l’Évangile n’est pas encore prouvée. »

En Jean 11.47,48 et 12.9-11 nous voyons que les principaux sacrificateurs et les pharisiens reconnaissaient les miracles de Jésus. Ils savaient même que Jésus avait ressuscité Lazare d’entre les morts. Ils avaient vu les preuves et elles étaient suffisantes pour convaincre un homme à l’esprit ouvert. Mais au lieu de croire en lui, ces chefs religieux cherchaient un moyen pour arrêter Jésus ou même le faire mourir. Que certains refusent de croire en un fait ne diminue pas la qualité des preuves en sa faveur. Les preuves de l’Évangile sont là, et on peut les examiner.

Ceux qui continuent de nier ce qui a été suffisamment démontré ont généralement d’autres motifs que l’amour de la vérité, et Dieu ne se plie pas devant leurs exigences. Au contraire, il permet aux ouvriers de Satan de faire des miracles pour égarer ceux qui s’intéressent plus aux miracles qu’à la vérité (2 Thessaloniciens 2.9-12).

La vérité de l’Évangile fut prouvée pour tous (qu’ils le reconnaissent ou pas) par la résurrection de Jésus. « Il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts… » (Actes 17.31). Les miracles des apôtres prouvaient, non pas la divinité du Christ, mais l’autorité de ses porte-parole. Y aura-t-il des miracles pour les Thomas modernes ? Non. Dieu considère que sa parole est suffisante pour produire la foi en son Fils (Jean 20.30,31; Romains 10.17).

3. « Les miracles sont nécessaires pour discerner le vrai du faux. »

Un regard autour de nous montre que cela n’est pas vrai. La multiplicité d’Églises montre que les miracles ne permettent pas de savoir qui est dans la vérité. Des groupes aussi divers que les Assemblées de Dieu, l’Église du Christianisme Céleste, l’Église Papa Nouveau, le Renouveau Catholique, et des dizaines d’autres prétendent tous faire des miracles par la puissance de Dieu, mais leurs messages sont éperdument contradictoires.

C’est la Bible seule qui peut nous permettre de distinguer entre l’erreur et la vérité. Satan se sert souvent des miracles pour tromper les hommes (2 Thessaloniciens 2.8-10; Matthieu 24.24; 2 Corinthiens 11.13-15).

4. « Sans miracles, l’œuvre ne sera ni solide ni durable. »

Ce qui est nécessaire pour un travail solide et durable est plutôt des cœurs bons et honnêtes pour recevoir la bonne nouvelle (Luc 8.11-15). Jésus se méfiait des hommes qui étaient attirés surtout par le miraculeux, et il les exhortait à chercher avant tout la parole (Jean 6.26,27).

Les Hébreux avaient témoigné des miracles, mais ils risquaient d’abandonner la foi et négliger leur salut (Hébreux. 2.1-4), raison pour laquelle l’Épître aux Hébreux leur fut envoyée. Les miracles sont-ils nécessaires à une restauration de l’Église du Nouveau Testament ? Non. C’est la Parole de Dieu, enseignée fidèlement, qui crée chez les hommes la foi en Christ, et qui les dirige en tant que chrétiens dans les voies qui plaisent à Dieu.

B. B.
(Dans Vol. 2, No. 2)