«Aie soin de faire tout d’après le modèle»

L’importance des modèles

Un modèle, nous le savons tous, c’est ce qui est donné pour servir de référence, pour être reproduit. C’est un original à imiter. Celui qui a conçu un modèle peut montrer à celui qui doit le reproduire un échantillon ou prototype. Il peut aussi lui donner une liste de critères à respecter, des instructions orales ou écrites.

L’emploi de modèles est courant dans presque tous les domaines de la vie. Une cliente apporte à son couturier une robe et un tissu. La robe doit lui servir de modèle pour qu’il en fasse une autre du même style et de la même taille. Un client montre à son menuisier la photo d’un meuble qu’il veut faire confectionner, ajoutant oralement des détails sur les dimensions. Un maître d’école affiche des exemplaires de toutes les lettres de l’alphabet pour que les écoliers apprennent à les reproduire dans leurs cahiers. Un entrepreneur fournit à des constructeurs des plans préparés par un architecte pour que l’édifice soit à la fois solide, fonctionnel et conforme au goût de celui pour qui on le construit.

Dans tous ces domaines et bien d’autres, dévier du modèle a des conséquences parfois désastreuses. Dans l’industrie, les pièces de rechange sont inutiles s’ils ne sont pas conformes aux modèles dans les moindres détails. Dans l’éducation, l’élève ne réussit pas s’il n’apprend pas à faire ce que le maître lui montre. Dans l’artisanat, le tailleur, le menuisier ou le sculpteur qui n’arrive pas à bien copier le modèle qui lui est donné perdra tous ses clients. Le bâtiment qui n’est pas construit selon des plans professionnels peut s’écrouler et occasionner la mort de tous ceux qui se trouvent à l’intérieur.

Il faut se référer constamment au modèle pour ne pas introduire des éléments qui n’y sont pas conformes, qui faussent le résultat final, qui affaiblissent ce qu’on veut bâtir, ou qui déplaisent au client ou patron. Ne pas respecter le modèle empêche l’uniformité. C’est le désordre, la confusion et l’échec qui en résultent.

L’existence d’un modèle dans le christianisme

Le principe de suivre un modèle est important dans le domaine de la religion, aussi. Dans l’Ancien Testament, Dieu a ordonné à Moïse de faire construire un lieu d’adoration, une tente sacrée appelée « le tabernacle ». Dieu a précisé dans les moindres détails de quelle manière il serait construit, les meubles qui s’y trouveraient, l’habillement des sacrificateurs qui y célébreraient un culte, et les cérémonies que ces sacrificateurs devaient faire. Et il tenait absolument à ce que sa volonté soit respectée en ces choses. Hébreux 8.5 nous dit que Moïse fut « divinement averti » : « Aie soin, lui fut-il dit, de faire tout d’après le modèle qui t’a été montré sur la montagne. » Dieu ne laissa pas aux Israélites la liberté de décider de quelle manière ils serviraient l’Éternel. Dans le Nouveau Testament pareillement, il est clair que le Seigneur lui-même a décidé ce que son Église doit faire et enseigner, ce à quoi elle doit ressembler, et de quelle manière ses membres doivent se conduire et travailler. Jésus a parlé sévèrement de ceux qui délaissaient les choses que Dieu avait ordonnées et qui instituaient des pratiques d’origine humaine : « C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes. Il leur dit encore : Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition » (Marc 7.7-9).

Il ressort clairement des épîtres de Paul qu’il enseignait la même chose partout où il allait. Ce n’est pas qu’il manquait d’originalité pour trouver de nouvelles idées. Ce n’est pas non plus que la culture était pareille dans tous les pays où il travaillait. Les gens de Lystre et de Derbe étaient considérés par les autres comme ignorants, superstitieux et presque « sauvages » ; les Corinthiens étaient des gens mondains qui poursuivaient avant tout le luxe et le plaisir sexuel ; ceux de Philippes étaient fiers de leur citoyenneté et culture romaines, qui les distinguaient des villes grecques aux alentours ; la force des Ephésiens, c’était la magie ; la gloire des Athéniens, c’était la philosophie. Chaque ville, chaque pays avait ses propres culture et mentalité, mais l’apôtre était convaincu que tous avaient besoin du même enseignement. Il recommandait les mêmes pratiques partout. Et pourquoi ? Parce qu’il était très conscient du fait qu’il y avait un modèle à suivre, un modèle qu’il n’avait pas inventé, mais qui lui avait été montré par le Seigneur et auquel il devait être fidèle. Le Créateur de tous les hommes était, aux yeux de Paul, parfaitement capable de concevoir un plan et promulguer un message appropriés à tous les hommes de tous les pays. Quand on considère l’interdiction de changer les institutions divines (Jean 8.31; 2 Jean 9; Jude 3; Apoc. 22.18,19; etc), il est évident que le plan et le message donnés par Dieu seraient appropriés, non seulement dans tous les pays, mais également aux hommes de toute génération. Ils n’auraient donc pas besoin d’être adaptés ou modifiés pour satisfaire aux besoins de l’homme « moderne ».

Le modèle s’applique à tout ce qui concerne la foi chrétienne

Le message

C’est Dieu lui-même qui a déterminé ce que son Église doit prêcher aux hommes perdus. Nous n’avons aucun droit de dévier de l’Évangile tel qu’il fût révélé aux apôtres. Paul dit aux Corinthiens : « Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain » (1 Cor. 15.1-2). Certains dans les Églises de la Galatie avaient déjà commencé à changer le message qu’ils avaient reçu. Paul leur adresse un avertissement très sévère : « Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un Évangile s’écartant de celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème (maudit) ! » (Galates 1.8).

En 1 Corinthiens 7.17-24, Paul explique qu’il ne faut pas enseigner des conditions de salut que Dieu n’a pas imposées. Le célibataire qui se gardait pur n’avait pas besoin de se marier pour être chrétien ; le marié qui avait, selon la parole de Dieu, le droit de se marier, n’avait pas besoin de redevenir célibataire pour servir Dieu. L’incirconcis n’a pas besoin d’être circoncis pour être sauvé, et l’esclave n’est pas obligé de devenir un homme libre pour plaire à Dieu. Ces conditions ne sont pas des états de péché, et Paul dit : « Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l’appel qu’il a reçu de Dieu… Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé » (1 Cor. 7.17,24). Mais ce que nous voulons souligner dans ce passage, c’est la fin du verset 17 : « C’est ainsi que je l’ordonne dans toutes les Églises. » Paul annonçait le même Évangile et les mêmes conditions de salut partout où il allait, parce qu’il se conformait au modèle révélé par Dieu.

L’organisation de l’Église

En Actes 14.23, nous voyons que Paul et Barnabas ont conduit les Églises de la Galatie (Antioche, Icone, Lystre et Derbe) à mettre en place une même forme d’organisation : « Ils firent nommer des anciens dans chaque Église. » Ils n’ont pas enseigné à chaque assemblée de s’organiser selon son propre goût, soit avec un chef d’Église, un pasteur unique, un archevêque ou un président. Ils ont amené chaque assemblée à nommer un groupe d’hommes pour la diriger, des anciens. Chaque Église était autonome et avait ses propres anciens au lieu d’être soumise à un conseil ou dirigeant national ou régional. La Bible ne parle ni de paroisse ni de diocèse. Environ vingt ans plus tard, Paul donna des instructions pour les Églises dans un autre pays, mais ce fût le même plan d’organisation qu’il recommanda. Il dit à Tite : « Je t’ai laissé en Crète, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville » (Tite 1.5).

Dans les versets suivants, Paul énumère les critères à remplir par ceux qu’on choisirait comme anciens ou évêques (deux noms pour la même fonction) (Tite 1.6-9). Puisque cet enseignement fait partie du modèle inspiré de Dieu, nous ne devons pas être surpris de découvrir que ces qualifications correspondent à celles qui devaient être enseignées par Timothée dans la ville d’Éphèse (1 Tim. 3.3-7). L’organisation désirée ne variait pas selon l’endroit ou l’année. Elle constituait une partie du modèle.

Le financement du travail de l’Église

En Actes 11.29, nous voyons l’assemblée d’Antioche en Syrie qui envoie de l’aide aux frères pauvres en Judée. Elle n’a pas imposé une cotisation ou montant fixe que chaque membre de l’ Église devait contribuer. Au contraire, « les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon ses moyens, un secours aux frères qui habitaient la Judée ». L’apôtre Paul enseignait à l’Église de Corinthe de suivre le même principe. « Que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur » (2 Corinthiens 9.7), et que chacun donne « selon sa prospérité » 1 Corinthiens 16.2).

Un autre principe concernant le financement des œuvres de l’Église, c’est que l’on faisait la collecte « le premier jour de la semaine » (1 Corinthiens 16.2), c’est -a-dire le dimanche. Encore, il est important de souligner que cette recommandation ne se limitait pas à l’Église de Corinthe, à elle seule. Paul introduit cet enseignement en disant : « Pour ce qui concerne la collecte en faveur des saints, agissez vous aussi, comme je l’ai ordonné aux Églises de Galatie » (1 Corinthiens 16.1). Ce modèle s’appliquait partout.

L’adoration

Quand Paul envoyait à l’Église de Corinthe des instructions concernant le culte, il était très clair que ces règles s’appliquaient dans toutes les autres assemblées, aussi. Prenez, par exemple, le bon ordre et le silence des femmes : « Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre mais de paix. Comme dans toutes les Églises des saints, que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi … Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est sortie ? Ou est-ce à vous seuls qu’elle est parvenue ? Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur » (1 Corinthiens 14.33,34,36,37). L’Église de Corinthe n’avait pas la liberté de donner la parole aux femmes pour prêcher ou conduire des prières ou cantiques lors du culte. Elle n’avait pas le droit d’innover de cette façon. Le modèle biblique exige que ce soit des hommes et non des femmes qui prennent la direction de l’adoration en public.

Un autre exemple est l’enseignement sur le repas du Seigneur en 1 Corinthiens 11.17-34. Paul précise au verset 23 : « Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné. » Le modèle n’est venu ni de Paul ni d’un homme quelconque. C’est le Seigneur qui a confié aux apôtres ce qu’ils devaient enseigner au sujet de la communion.

L’enseignement

Ce n’est pas seulement l’enseignement sur le culte, mais toute doctrine, qui doit être conforme au modèle. Paul dit à Timothée : « Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle de saines paroles que tu as reçues de moi. Garde le bon dépôt… » (2 Timothée 1.13,14). Ces saines paroles devaient être transmises fidèlement d’une génération d’enseignants à une autre : « Ce que tu as entendu de moi, en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles qui soient capables de l’enseigner aussi à d’autres » (2 Timothée 2.2).

La vie et le ministère

Enfin, la Bible parle d’un modèle, non seulement pour l’organisation, le financement, l’adoration et l’enseignement de l’Église, mais aussi pour la manière de vivre et de servir. Paul était conscient du fait qu’il laissait un exemple à suivre en ce qu’il disait, mais aussi en ce qu’il faisait : « Ce que vous avez appris, reçu et entendu de moi, et ce que vous avez vu en moi, pratiquez-le. Et le Dieu de paix sera avec vous » (Phil. 4.9). Si nous suivons l’exemple que Paul et les autres apôtres nous ont laissé, Dieu sera avec nous. Si nous nous éloignons du modèle divin, nous serons, au contraire, sous la condamnation.

Comment identifier le modèle biblique

Comme nous l’avons dit, un tailleur, un menuisier, un constructeur ou un élève arrive à reproduire le modèle qui lui est fourni s’il regarde bien un exemplaire, une photo ou un plan, et s’il prête attention aux instructions qui accompagnent l’exemplaire. En tant que chrétiens, nous pouvons identifier le modèle à suivre si, en étudiant le Nouveau Testament, nous recherchons :

  1. des exemples approuvés, c’est-à-dire des passages qui nous montrent des Églises en train de mettre en pratique un enseignement inspiré, sous la direction ou avec l’approbation des apôtres ; et
  2. des commandements ou instructions données aux Églises, aux chrétiens ou à ceux qui voulaient devenir chrétiens.

En suivant ces exemples et commandements, nous devons respecter le silence de la Bible (Deut. 4.2; 12.32; Prov. 30.6; 1 Cor. 4.6; 2 Jean 9-11; Apoc. 22.18,19). Quand un parent donne de l’argent à son enfant et l’envoie à la boutique en lui disant de payer cinq bouteilles de coca-cola, l’enfant n’a pas le droit d’acheter également quelques bouteilles de bière et un jouet simplement parce que son père ne lui a pas dit expressément de ne pas faire ainsi. Le père n’a pas besoin de citer tout ce qu’il ne veut pas. Le modèle biblique autorise l’emploi du fruit de la vigne et du pain sans levain pour le repas du Seigneur. La parole ne dit rien au sujet de viande et de tomates en ce qui concerne ce repas, mais ce n’est pas pour cela que nous pouvons ajouter ces éléments. Le silence n’autorise pas à faire tout ce qui n’est pas expressément défendu.

Respecter le silence des Écritures signifie également que l’on ne doit pas imposer des devoirs dans la religion qui ne sont pas enseignés dans la parole de Dieu.

En suivant les commandements, il faut aussi considérer à quel point un commandement est spécifique ou générique. Par exemple, quand Dieu dit à Noé de construire l’arche, il a précisé : « Fais-toi une arche de bois de gopher » (Genèse 6.14). Le commandement étant très spécifique, l’utilisation d’autres espèces de bois, tel que le chêne, le pin ou l’ébène, était exclue. Quand Jésus dit, par contre, « Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle » (Marc 16.15), l’ordre d’aller est très générique et n’impose pas un seul moyen de transport. On peut aller à pied, en voiture, ou en avion, pourvu qu’on aille.

Conclusion

Une chose qui distingue les Églises du Christ de la plupart des groupes religieux, c’est la conviction que Jésus-Christ a bâti une seule Église, et que l’homme n’a ni besoin ni droit d’en créer une autre. Le plan de Dieu pour son Église est amplement révélée dans le Nouveau Testament. Si nous nous conformons réellement à ce modèle divin, nous n’aurons pas créé quelque chose de nouveau mais retrouvé l’original. Ce n’est pas de l’orgueil qui nous pousse à dire que l’Église du Christ n’est pas une dénomination. Ce n’est pas que l’on se croit plus spirituel ou plus intelligent que tous les autres. Mais force est de reconnaître qu’aucun homme n’est capable d’améliorer ce que Dieu a fait ou conçu.

La parole de Dieu est comme une semence (Luc 8.11) : Si on la prêche sans y ajouter les doctrines des hommes, elle produira toujours la même Église qu’elle a produite au premier siècle. Malgré des centaines d’années d’apostasie, les hommes peuvent, grâce à cette parole éternelle, découvrir et restaurer l’Église de Jésus-Christ.

Ayons donc soin de faire tout d’après le modèle qui nous a été montré.

B. B.
(Dans Vol. 6, No. 6)