Qui est mon frère ?

Il y a de nombreuses années, je suis allé pour ma première fois dans l’extrême ouest de la Côte d’Ivoire pour évangéliser. Un ami m’avait demandé de l’accompagner dans son village natal pour y annoncer la Parole. Nous sommes arrivés dans le village, et après un accueil chaleureux, on m’a montré ma case pour que je me repose un peu. J’étais donc couché quand mon ami a frappé à la porte en me disant que mes frères étaient venus me voir ! Quels frères ? Je ne connaissais personne dans toute la région, et il n’y avait pas d’Église dans le village. J’étais perplexe. Je suis donc sorti pour découvrir mes « frères ». C’étaient des hommes libériens qui vivaient là et qui, ayant entendu qu’un Américain était arrivé, voulaient causer avec moi. Après, j’ai demandé à mon ami pourquoi il avait dit que ces hommes étaient mes frères. Il a répondu : « Ce sont des Libériens, donc ils parlent anglais. Vous êtes Américain, et vous parlez anglais. Ça fait que vous êtes frères, non ? »

Il est sûr que le mot frère peut être employé de plusieurs manières. Paul dit en Actes 17.26 que tous les hommes sont sortis d’un seul sang – nous sommes tous descendus d’Adam et Ève et sommes donc tous, dans un sens très large, frères et sœurs. Dans ce sens tout être humain est mon frère. Ananias a appelé Saul de Tarse « mon frère » parce qu’ils étaient tous deux de la nation juive (Actes 9.17) ; dans ce sens, tous mes compatriotes sont mes frères. Parfois on emploie le mot frère pour parler de ceux qui nous sont parentés de manière biologique, surtout si nous sommes enfants d’un même père ou d’une même mère. Et puis l’on constate que le mot frère est employé plus que tout autre pour parler des chrétiens, de ceux qui font partie de la même famille spirituelle en Christ. C’est dans ce sens que Pierre emploie le mot quand il écrit en 1 Pierre 2.17 pour encourager un attachement particulier entre chrétiens : « Honorez tout le monde ; aimez les frères. »

Pour mieux comprendre à qui il devait de l’amour, un homme demanda à Jésus : « Qui est mon prochain ? » De même, il nous serait utile de poser la question : « Qui est mon frère en Christ ? » Ce n’est pas que nous avons l’intention de maltraiter ou de mépriser ceux qui ne sont pas nos frères spirituels ; Pierre a bien dit d’honorer tout le monde. Mais nous sommes appelés à une communion profonde avec nos frères et sœurs, et cette communion est fondée sur la relation que nous avons avec Dieu. Les apôtres prêchaient l’Évangile pour que les autres soient en communion avec Dieu et donc avec eux.

« Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. » (1 Jean 1.3)

Par contre, quelqu’un qui n’est pas encore chrétien n’est pas encore en communion avec Dieu et donc pas encore en communion avec le peuple de Dieu. En Éphésiens 2.12 Paul décrit des non-chrétiens comme étant « sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde ». Cela peut paraître dur, mais ceux qui ne sont pas nés dans la famille (ou n’ont pas été adoptés par le père) ne sont pas de la famille. Ils sont parfois « amis » de la famille, mais ils n’hériteront pas avec les enfants légitimes. Il est donc important de pouvoir faire la part des choses et savoir qui sont nos frères. Autrement, nous risquons de laisser dans l’ignorance des personnes qui ont besoin de comprendre leur vraie condition devant Dieu et de savoir ce qu’ils ont besoin de faire pour être réellement en communion avec lui.

Choses qui ne suffisent pas

Commençons par considérer des choses qui ne suffisent pas pour faire de quelqu’un un frère en Christ.

Mener une bonne vie morale

Corneille était un homme admirable qui menait une vie exemplaire. La Bible le décrit en ces termes :

« Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centenier dans la cohorte dite italienne. Cet homme était pieux et craignait Dieu, avec toute sa maison ; il faisait beaucoup d’aumônes au peuple, et priait Dieu continuellement. » (Actes 10.1,2)

N’importe quel chrétien aurait eu du respect pour un tel homme. Même Dieu n’était pas indifférent à l’égard de ses œuvres, car il envoya un ange qui lui dit : « Tes prières et tes aumônes sont montées devant Dieu, et il s’en est souvenu » (Actes 10.4). Mais Corneille n’était pas encore enfant de Dieu ; il n’était pas encore sauvé. Il avait besoin d’entendre et d’obéir à l’Évangile, car l’ange lui dit en plus : « Envoie à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre, qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison » (Actes 11.13,14). Reconnaître que quelqu’un n’est pas sauvé ne veut pas dire qu’on se croit meilleur que cette personne. Mais même une personne aussi pieuse et généreuse que Corneille a besoin d’être en Christ pour avoir le pardon de ses péchés.

Avoir du zèle pour Dieu

Ce n’est pas parce qu’un homme est animé d’un zèle sincère pour Dieu qu’il serait mon frère en Christ. Il y a des gens qui font preuve d’un très grand courage en prêchant des vérités concernant Dieu à des auditeurs hostiles. Il y a des gens qui font de très grands sacrifices pour servir, par amour pour Dieu, les pauvres, les malades et les malheureux. Il y a des gens qui acceptent le martyre au lieu de renier leur foi. J’ai beaucoup d’estime pour toutes ces personnes, mais il faut reconnaître qu’elles ne sont pas forcément des enfants de Dieu.

L’apôtre Paul écrivit concernant les Juifs qui n’acceptaient pas la bonne nouvelle :

« Frères, ce que je désire de tout mon cœur et que je demande à Dieu pour les Juifs, c’est qu’ils soient sauvés. Certes, je peux témoigner en leur faveur qu’ils sont pleins de zèle pour Dieu, mais leur zèle n’est pas éclairé par la connaissance. En effet, ils n’ont pas compris comment Dieu rend les hommes justes devant lui et ils ont cherché à établir leur propre façon de l’être. Ainsi, ils ne se sont pas soumis à l’œuvre salutaire de Dieu. » (Romains 10.1-3, FC)

Certes, le manque de zèle ne plaît pas à Dieu (Apoc. 3.14-19), mais il ne suffit pas d’être plein de zèle pour être sauvé.

Employer le nom de Christ

Il est même possible qu’une personne invoque le nom de Christ et reconnaisse Jésus comme Sauveur, sans être un enfant de Dieu (et donc un frère en Christ). C’est Jésus lui-même qui nous a signifié cette possibilité : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7.21). Cela donne à réfléchir, n’est-ce pas ? On peut considérer Jésus comme son Sauveur sans pour autant accomplir la volonté de Dieu et avoir accès au royaume des cieux.

Jésus poursuit cette pensée en ajoutant que certaines personnes auront même fait des miracles au nom de Jésus sans avoir jamais été les siens :

« Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. » (Matt. 7.22,23)

Ce texte ne donne pas l’impression que ces personnes étaient des hypocrites qui faisaient semblant de vouloir servir Dieu. Ils avaient l’air surpris de ne pas pouvoir entrer au paradis. Ils étaient des gens religieux, des gens qui se considéraient certainement chrétiens, mais ils avaient manqué quelque part de faire la volonté de Dieu qui nous est exposée dans sa Parole. Ils n’étaient pas sauvés.

Ce qu’il faut pour être frère

Que faut-il faire alors pour être enfant de Dieu et donc frère en Christ ? C’est la Parole de Dieu seule qui donne la réponse à cette question, et la réponse n’est pas compliquée.

1. Croire en Jésus

Le Christ a donné sa vie « afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3.16). À ceux qui croient, la Bible dit : « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Jésus-Christ » (Galates 3.26). Mais à l’égard des autres qui ont quand même entendu la Bonne Nouvelle, « la parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu’elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l’entendirent » (Hébreux 4.2). La Bible ne dit nulle part que l’homme est sauvé par « la foi seule », mais la foi en Jésus-Christ comme Fils de Dieu est absolument nécessaire.

2. Se repentir du péché

Si nous désirons le pardon de nos péchés, si nous regrettons d’avoir désobéi à Dieu, nous serons prêts à nous détourner du mal. La décision de se repentir du péché portera du fruit – un changement de comportement. Renoncer à tout péché dans sa vie n’est pas facile ; on doit s’asseoir pour « calculer la dépense » (Luc 14.27-30) avant de s’engager. Mais difficile ou pas, il faut passer par la repentance pour arriver au pardon. « Dieu annonce maintenant à tous les hommes en tous lieux qu’ils aient à se repentir » (Actes 17.30). La repentance est nécessaire. Mais ce n’est pas au moment du repentir que le pécheur est pardonné.

3. Confesser sa foi en Jésus

Une foi qui reste cachée dans le cœur n’est pas ce que le Seigneur demande. Il veut que cette conviction soit annoncée aux autres.

« Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car c’est en croyant du cœur qu’on parvient à la justice, et c’est en confessant de la bouche qu’on parvient au salut. » (Romains 10.9,10)

Confesser sa foi (dire aux autres que l’on croit en Jésus) est nécessaire pour devenir chrétien (Actes 8.36-38). Jésus lui-même a dit : « Quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 10.32,33). Par contre, il ne faut pas se contenter d’honorer Jésus de sa bouche, car il a dit aussi : « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Luc 6.46). La confession de foi est nécessaire, mais elle ne suffit pas.

4. Se faire baptiser

Jésus a commandé aux hommes d’être baptisés aussi pour recevoir le salut : « Allez par tout le monde et prêchez la Bonne Nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé » (Marc 16.15,16). Les apôtres n’ont donc pas manqué de préciser dans leur prédication que le baptême est nécessaire pour le pardon des péchés : « Pierre leur dit : Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés » (Actes 2.38).

Le baptême, c’est l’immersion (l’ensevelissement) du croyant dans l’eau (Actes 8.36-39) à l’image de la mort, l’enterrement et la résurrection de Jésus-Christ (Romains 6.2-4). Ce n’est pas par le baptême seul qu’on est sauvé. Pourtant, la personne qui a cru en Jésus-Christ, qui s’est repentie de ses péchés et qui a confessé sa foi reçoit dans le baptême le pardon – « Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur » (Actes 22.16).

La Bible nous dit que « toute bénédiction spirituelle » est « en Christ » (Éphésiens 1.3). C’est par le baptême que le croyant pénitent entre en Christ. « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? » (Romains 6.3). « Ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui » (Colossiens 2.12). « Vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ » (Galates 3.27). Celui qui n’est pas encore baptisé en Christ ne peut pas, quelles que soient ses qualités, être mon frère en Christ.

La foi est, bien sûr, la condition de base pour recevoir le salut, mais le baptême est le moment critique où Dieu « nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour » (Colossiens 1.13). C’est le point où nous sommes ajoutés à l’Église, qui est la famille de Dieu, le corps de Christ : « Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps » (1 Corinthiens 12.13).

Rappelons-nous que nous n’avons pas droit de prendre des termes bibliques et leur donner un autre sens que celui voulu par l’auteur inspiré. Quand Jésus, Pierre, Paul ou d’autres parlaient dans les Écritures de l’acte du baptême, il ne s’agissait pas de toutes les cérémonies que les hommes ont l’habitude d’appeler « baptême ». Cela n’avait rien à voir avec le fait de mettre quelques gouttes d’eau sur la tête d’une personne, qu’elle soit nouveau-née ou adulte. Le mot grec traduit par « baptême » signifie toujours immersion et jamais aspersion. Voilà pourquoi Jésus, en Matthieu 3.13-17, et l’eunuque éthiopien en Actes 8.35-39, descendirent dans l’eau pour être baptisés et sortirent de l’eau après leur baptême.

Le baptême biblique n’est pas le symbole extérieur d’une grâce intérieure qu’un individu a déjà reçue. Ce n’est pas simplement un commandement de Jésus auquel il faut obéir après avoir été sauvé. Si l’on se croit sauvé avant de se faire baptiser, on ne comprend pas le sens biblique du baptême, car la Bible dit de se faire baptiser « pour le pardon des péchés » (Actes 2.38).

En Actes 19.1-5, l’apôtre Paul rencontra des disciples qui avaient été immergés, mais le sens de leur baptême ne correspondait pas au sens du baptême que Jésus avait ordonné. Ils avaient reçu le baptême de Jean-Baptiste. Paul ne leur dit pas : « Ne vous inquiétez pas. Vous avez la foi, et le baptême que vous avez eu est suffisant, même s’il n’était pas exactement conforme à l’Évangile. » Non. Comme Aquilas et Priscille avaient fait pour Apollos en Actes 18.24-27, Paul leur exposa « plus exactement la voie de Dieu » et les baptisa.

Une guerre entre le cœur et la tête

Certains chrétiens comprennent depuis longtemps l’enseignement biblique sur le rôle du baptême dans le plan du salut, mais aujourd’hui ils ne veulent pas qu’on dise clairement que ceux qui ne sont pas baptisés bibliquement en Christ ne sont pas nos frères en Christ. Parfois ils disent que les autres ne comprennent pas de la même manière que nous, mais que ce n’est pas pour cela qu’on ne doit pas les accepter comme frères. Ils admirent leurs bonnes qualités et ont envie d’être en communion avec toutes ces personnes sincères et pleines de foi qui n’ont jamais été baptisées bibliquement. Ou peut-être qu’ils vivent là où il y a très peu de gens qui partagent vraiment la même foi, et donc ils cherchent la fraternité auprès de ceux qui reconnaissent au moins que Jésus est le Fils de Dieu.

On peut comprendre le désir d’accepter et d’être accepté. On veut être des artisans de paix et ne pas construire de barrières. On veut garder l’humilité. Mais il faut reconnaître que le conflit est, en fin de compte, entre nos émotions et la vérité de la Parole de Dieu, et dans ce conflit, c’est la vérité qui doit prendre le dessus. La Bible est très claire sur les conditions à remplir pour être sauvé. Si nous refusons de reconnaître ce qu’elle dit sur ce sujet si fondamental, nous minons la confiance en la Parole de Dieu comme guide. Nous faisons croire que la Bible ne peut pas être comprise de toute façon, alors qu’en fait le vrai problème vient des hommes, qui s’accrochent à leurs traditions, leurs émotions ou leurs raisonnements humains.

Si au niveau de notre assemblée locale, on s’abstient de poser des questions sur le baptême d’une personne qui vient d’une autre communauté et qui veut devenir membre de notre assemblée, si nous avons peur de l’offenser ou le frustrer et préférons l’accepter quelle que soit la sorte de baptême qu’elle a reçue, nous faisons du tort à cette nouvelle personne et à l’Église. Nous avons le devoir de « proclamer la vérité avec amour » (Éphésiens 4.15).

Quand j’étais adolescent, j’ai connu une jeune femme qui avait été « baptisée » comme bébé, mais qui a commencé à fréquenter l’Église du Christ. Elle a beaucoup aimé l’enseignement et l’ambiance. Elle a été bien reçue par les autres jeunes, et elle se sentait vraiment en famille. Mais après plusieurs mois, un membre de l’Église l’a prise à part pour lui dire : « Anne, tu sais que nous t’aimons tous énormément. Mais il faut que tu comprennes que tu n’es pas membre de la famille. Nous voulons que tu sois notre sœur, mais tu n’as pas encore obéi à l’Évangile. » Anne m’a dit qu’elle est rentrée chez elle cette nuit-là, et elle a pleuré à chaudes larmes. Mais quand elle s’est calmée, elle s’est rendu compte que ce membre lui avait simplement dit la vérité. Elle avait déjà entendu le plan de salut et savait que son baptême n’était pas conforme à l’enseignement de la Bible. Alors, elle n’a plus attendu pour se faire immerger pour le pardon de ses péchés, et une joie durable a pris la place de ses larmes.

Conclusion

Une campagne de sensibilisation il y a quelques années disait : « Les amis ne laissent pas leurs amis conduire en état d’ivresse. » Nous pourrions dire aussi que les vrais amis ne laissent pas leurs amis continuer à croire qu’ils sont frères quand ils ne le sont pas, mais pourraient le devenir.

Jésus parlait un jour avec un pharisien qui n’était pas comme les autres. Il lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu » (Marc 12.34). Il y a toujours des gens comme cela, des gens qui aiment Dieu et qui comprennent des vérités très fondamentales que certains chrétiens n’ont pas encore saisies. Mais être « non loin du royaume » ne suffit pas. Ayons le courage et l’amour nécessaires pour montrer à de telles personnes ce qui leur manque encore.

B. B.
(Dans Vol. 17, No. 5)

Simplement chrétiens

Il existe aujourd’hui une vraie multitude d’Églises différentes. De certaines manières elles se ressemblent toutes. Mais quand on les regarde de plus près, on découvre qu’elles se contredisent les unes les autres et se distinguent les unes des autres par leurs noms, leurs doctrines et leurs pratiques. On appelle parfois ces différentes Églises des « dénominations ». Il y en a des milliers.

Il y a aussi partout dans le monde de nombreuses personnes qui croient en Jésus-Christ comme les membres de ces diverses dénominations croient en lui, mais elles sont attristées par l’état divisé du christianisme. Elles remarquent que dans la Bible on ne parle pas de différentes sortes de chrétiens – des chrétiens catholiques et des chrétiens protestants, des chrétiens adventistes et des chrétiens baptistes, des chrétiens pentecôtistes ou charismatiques et des chrétiens orthodoxes, des chrétiens évangéliques et des chrétiens méthodistes. Ayant le désir de retrouver la pureté et la simplicité du christianisme du premier siècle, de nombreux croyants ont préféré laisser de côté ces étiquettes et ces organisations qui ne se trouvent pas dans la Bible. Ils se disent tout simplement « chrétiens ». Ils adorent ensemble, et ils appellent les assemblées qu’ils forment « des Églises du Christ », ou « des Églises du Seigneur », ou « des Églises de Dieu », ou tout simplement « l’Église ». Mais dans un monde habitué à une multitude d’Églises, chacune avec son nom distinctif, on a parfois du mal à comprendre cette attitude.

L’importance du nom

Il est vrai que le fait de porter un nom ne sauve pas – que ce soit nous-mêmes ou les autres qui nous donnent ce nom. En Apocalypse 3.1 Jésus a dit à l’Église de Sardes : « Je sais que tu passes pour être vivant, mais tu es mort. » Littéralement, il dit : « Tu as le nom de vivre, mais tu es mort. »

On peut porter le nom de Christ sans lui être agréable. Mais est-ce que les noms sont pour cela sans aucune importance ? Loin de là ! Puisque le nom représente la personne, l’autorité, le pouvoir et la dignité de celui qui est nommé, le nom est important.

Considérez ces passages :

Actes 4.11,12 : « Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez, et qui est devenue la principale de l’angle. Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés. »

1 Pierre 4.16 : « Si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom. »

Colossiens 3.17 : « Et quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus. »

Non, utiliser le nom qu’il faut ne suffit pas. Mais la Bible montre clairement que le nom est quand même important. Ceux qui disent que le nom qu’on porte n’a pas d’importance ne donneraient quand même pas à leurs propres enfants des noms comme « Judas », « Satan », ou « Hitler ». En effet, le nom qu’on porte, tout comme le nom qu’on invoque, a de l’importance spirituelle. Voyons donc de plus près le nom de chrétien.

Le nom « chrétien »

Dieu avait signalé sept cents ans avant la venue du Christ, par la voix du prophète Ésaïe, qu’il allait donner un nouveau nom à son peuple. En Ésaïe 62.2 nous lisons : « Alors les nations verront ton salut, et tous les rois ta gloire ; et l’on t’appellera d’un nom nouveau, que la bouche de l’Éternel déterminera. » Le seul nom nouveau dans la Bible donné au peuple de Dieu est celui de chrétien. Nous lisons en Actes 11.26 : « Ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens. » Quelques années plus tard, ce nom sera connu même par le roi Agrippa. En écoutant la prédication de l’apôtre Paul, il déclara : « Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien » (Actes 26.28). Et comme nous l’avons déjà vu, Pierre dira que ce nom est tout à fait honorable et acceptable : « Mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom » (1 Pierre 4.16).

Généralement, on accepte que ceux qui croient en Jésus portent le nom de chrétien. Le problème se pose quand nous refusons d’ajouter autre étiquette, quand nous disons qu’il vaut mieux être simple chrétien, ou chrétien seulement. C’est là que les questions commencent à se poser. Ces questions nous permettront d’exposer des principes plus larges, des principes fondamentaux de la Parole de Dieu. Répondons donc à la question « Pourquoi chrétien seulement ? » en parlant d’abord d’un principe très simple :

Nous voulons que la gloire soit pour Jésus.

Quand on donne le nom de quelqu’un à une organisation, un bâtiment, un enfant, une rue, etc., c’est une manière d’honorer la personne. Or, personne n’est digne de plus d’honneur que Jésus-Christ. Après avoir parlé de la mort de Jésus pour notre salut, Paul dit en Philippiens 2.9-11 :

« C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. »

Jésus est particulièrement digne d’honneur en tout ce qui concerne son peuple, l’Église. Il en est le chef et le sauveur. Éphésiens 5.23 dit : « Car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur. » Il en est également le fondateur et le propriétaire. Comme le mari donne son nom à son épouse, et comme, dans beaucoup de cultures le fondateur d’un village l’identifie par son nom personnel, Christ donne son nom à l’Église. C’est ainsi que nous voyons des paroles comme celles de Romains 16.16 : « Toutes les Églises de Christ vous saluent. »

Non seulement personne n’est plus digne d’honneur que Jésus, mais il n’est pas normal de lui faire partager sa gloire avec de simples hommes mortels. L’apôtre Paul ne voulait pas que des chrétiens se désignent par son nom. Il écrivit en 1 Corinthiens 1.12,13 :

« Je veux dire que chacun de vous parle ainsi : Moi, je suis de Paul ! et moi, d’Apollos ! et moi, de Céphas ! et moi, de Christ ! Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? »

Il ajouta plus tard, au 3.5 :

« Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun. »

Ce n’est pas Paul seulement qui vit l’erreur de se distinguer des autres croyants en portant des noms humains, au lieu de se contenter de porter le beau nom de Jésus-Christ. De grands hommes religieux du passé ont parlé de la même manière. John Wesley, fondateur de l’Église Méthodiste, dit il y a plus de deux cents ans :

« Plaise à Dieu que tout nom de parti et toute expression et forme nonbiblique qui a divisé le monde chrétien soit oublié, et que nous, comme disciples humbles et pleins d’amour, puissions nous asseoir aux pieds du Maître, lire sa sainte parole, être pénétrés de son Esprit et reproduire sa vie dans la nôtre… En ce qui concerne le nom de chrétien, je dirais qu’il n’y en a aucun qui lui est comparable ; donnez-le-moi, et dans la vie et dans la mort je glorifierais Dieu dans ce nom. »

Bien avant le temps de Wesley, le grand réformateur Martin Luther avait dit :

« Je vous prie de laisser mon nom et de ne pas vous appeler Luthériens, mais chrétiens. Qui est Luther ? … Je n’ai été crucifié pour personne… Comment donc conviendrait-il à moi, un sac misérable de poussière et de cendres, de donner mon nom aux enfants de Christ. Cessez, mes chers amis, de vous accrocher à ces noms de parti et ces distinctions. Bannissez-les tous, et appelons-nous chrétiens seulement, à l’honneur de Celui de qui vient notre doctrine. »

(Ne prenez pas cette étude comme une attaque lancée contre une Église particulière. Il s’agit plutôt d’un appel à abandonner une pratique qui est commune à la grande majorité de ceux qui croient en Jésus – la pratique de se distinguer les uns des autres par des noms et des étiquettes qui sont étrangers à la Bible. Cette pratique n’honore pas notre Chef à nous tous, et n’encourage pas l’entente entre les croyants.)

Nous voulons faire ce que nous savons agréable à Dieu.

Voici une deuxième raison pour être simple chrétien. Quand on fait ce qui est enseigné dans la Bible, on est sûr d’avoir la faveur de Dieu. Il faut demeurer dans ses commandements et ne pas aller plus loin. Jésus dit en Jean 8.31 : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples. »

Dieu a toujours agi ainsi avec les hommes. Il promet une bénédiction pour ceux qui respectent sa Parole telle qu’il la donne, sans la modifier. En Deutéronome 4.1,2, Moïse dit au peuple d’Israël :

« Maintenant, Israël, écoute les lois et les ordonnances que je vous enseigne. Mettez-les en pratique… Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris. »

Quand on fait, par contre, ce qui n’est pas contenu dans la doctrine biblique, on s’expose au danger de déplaire à Dieu. Malgré les avertissements de Moïse, deux sacrificateurs israélites, Nadab et Abihu, ont fait ce qui leur semblait bien, au lieu de se limiter à ce que Dieu avait autorisé. Et ils ont payé très cher pour leur faute. Dieu leur avait dit de prendre des charbons de l’autel des holocaustes pour brûler du parfum dans le tabernacle. Écoutez ce que nous dit Lévitique 10.1-3 :

« Les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus ; ils apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné. Alors le feu sortit de devant l’Éternel, et les consuma ; ils moururent devant l’Éternel. Moïse dit à Aaron : C’est ce que l’Éternel a déclaré, lorsqu’il a dit : Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de moi, et je serai glorifié en présence de tout le peuple. »

Nabab et Abihu prirent autre feu que ce que Dieu avait précisé ; Dieu n’en fut pas content. Il considéra leur acte comme une désobéissance, et il les punit sévèrement.

En tant que peuple de Dieu aujourd’hui, nous devons nous efforcer de faire scrupuleusement ce qu’il nous recommande, sans y ajouter ni en retrancher. 2 Jean 9 nous dit : « Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. » Tout ce que nous faisons dans la religion doit faire partie de la doctrine de Christ, doctrine qui est contenue dans le Nouveau Testament. C’est une voie qui est sûre et ne peut pas être fausse.

Les noms que nous employons pour désigner le peuple de Dieu ne sont qu’une seule des nombreuses applications de ce principe. Quand une personne qui a décidé de suivre Jésus et qui a été sauvée par lui se dit chrétienne, elle emploie un nom biblique de la manière que la Bible l’emploie. C’est conforme à la doctrine de Christ. Cela ne peut pas déplaire à Dieu. Quand on décide de se désigner non seulement comme chrétien, mais comme une certaine sorte de chrétien (catholique ou protestant ou autre), on n’est plus en train de se conformer à un exemple ou un enseignement de l’Évangile. On ne peut pas être sûr que cette étiquette plaît à Dieu. On ne base pas sa décision sur la doctrine de Christ. Alors, pourquoi ne pas se contenter de faire ce qui est clairement approuvé dans les Écritures et ne pas aller plus loin ?

Nous ne voulons pas contribuer à la division parmi ceux qui croient en Jésus.

Une dernière raison pour porter uniquement le nom de chrétien, sans autre étiquette, est que nous ne voulons pas contribuer à la division. Le Seigneur pria en Jean 17 pour que ceux qui croiraient en lui soient un comme lui et son Père sont un. L’apôtre Paul exhorta les chrétiens à être parfaitement unis et à tenir tous un même langage (1 Corinthiens 1.10). Là où existe la division, il y a du péché, et nous ne devons pas le prendre à la légère.

Quels sont donc les obstacles à l’unité ? La première épître de Paul aux Corinthiens peut nous éclairer sur ce point. En effet, la division était devenue un problème pour l’Église de Corinthe, et Paul y consacra les quatre premiers chapitres de son épître. Après avoir beaucoup parlé de la nécessité de mettre l’accent sur ce qui est de Dieu et non sur les hommes ou ce qui est des hommes, Paul résume au 4.6 de cette manière :

« C’est à cause de vous, frères, que j’ai fait de ces choses une application à ma personne et à celle d’Apollos, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit, et que nul ne conçoive de l’orgueil en faveur de l’un contre l’autre. »

Voilà les deux plus grands obstacles à l’unité. (1) Certains vont au-delà de ce qui est écrit pour enseigner et pratiquer ce qui ne vient pas de la Parole de Dieu, (2) et certains s’attachent trop à de simples hommes.

Trois approches pour rechercher l’unité

Pour atteindre l’unité sur le plan religieux, trois approches sont proposées.

(1) Certains disent qu’il faut que tous se soumettent à un seul chef humain. Si tous les croyants reconnaissaient l’autorité d’un seul pour se prononcer sur toute question de foi ou de doctrine, ils seraient tous d’accord. Si tous étaient d’accord avec ce chef, qu’il soit à Rome, à Abidjan, ou à Brooklyn aux États-Unis, ils seraient automatiquement d’accord les uns avec les autres.

Cette approche pourrait donner une espèce d’unité, mais cette solution n’est pas satisfaisante. En effet, Jésus dit que nous serons jugés, non selon les décisions d’un chef humain établi sur toutes les Églises, mais sur la base de sa parole. Jésus dit en Jean 12.48 : « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles, a son juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. » Au lieu de féliciter ceux qui se soumettent sans raisonner à tout ce que leurs enseignants leur disent, la Bible loue une autre sorte de personne :

« Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique ; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact » (Actes 17.11).

(2) Une deuxième approche à l’unité, appelée l’œcuménisme, consiste à se mettre d’accord de ne pas être d’accord. On reconnaît, quand il le faut, que les différentes confessions se contredisent dans ce qu’elles recommandent de faire pour obtenir le pardon de Dieu, ou pour adorer Dieu, ou pour former une assemblée. On prône différentes formes de baptême, on prêche différentes choses concernant la nature de Dieu, mais on affirme que tout ce qui compte, c’est de croire au même Dieu et de prêcher que Jésus est Seigneur. Tout le reste serait secondaire. Selon cette approche, il ne faut pas faire cas de nos différences. On ferme les yeux dessus, et l’on s’accepte mutuellement.

Certainement, des attitudes d’humilité, de patience et de douceur sont nécessaires si nous voulons être unis, mais l’unité pour laquelle Jésus a prié n’est pas une unité superficielle. Il a voulu que les disciples soient un comme lui et son Père sont un. Or, le Père et le Fils ne se contredisent pas comme les différentes Églises le font. Paul n’a pas exhorté les Corinthiens à considérer tous les points de doctrine comme sans importance. Il a dit :

« Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi nous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment. »

Paul décrit une situation ou tous s’entendent et tous annoncent le même message et suivent le même enseignement.

(3) La troisième approche pour atteindre l’unité consiste à s’unir sur la base de la Bible. Puisque la vaste majorité des croyants acceptent déjà qu’elle est bien la Parole de Dieu, c’est le point que nous avons tous en commun, un point de départ naturel pour ceux qui cherchent l’unité. Ce que nous devons faire, c’est de parler là où la Bible parle, et nous taire là où la Bible se tait ; il faut suivre tout ce qu’elle recommande au peuple de Dieu de faire, et laisser tomber tout ce qu’elle n’enseigne pas. Et cela nous ramène à la question des noms que nous devons porter. Tous les croyants peuvent admettre le nom de « chrétien ». Tous reconnaissent que l’Église appartient à Jésus-Christ. Sur ces points, on pourrait être d’accord. Pourquoi, donc, ajouter des noms que tous ne peuvent pas ou ne voudront pas employer pour désigner l’Église ou ses membres ?

Le seul moyen de s’unir de manière acceptable à Dieu, c’est de faire retour à la Bible seule et de devenir de simples chrétiens. Mais même si certains n’acceptent pas de rechercher l’unité de cette manière, cela ne nous empêche pas, vous et moi, d’être chrétiens seulement, tout comme Paul et Pierre et d’autres l’étaient au premier siècle. Nous donnerons la gloire à Jésus seul, nous ferons ce que nous savons que Dieu accepte, et nous ne serons pas nous-mêmes un obstacle à l’unité.

B. B.
(Dans  Vol. 9, No. 4)


Précisons que d’autres termes sont employés dans la Bible pour parler de ceux qui croyaient au Seigneur. Par exemple, ils sont appelés « disciples », ce qui veut dire qu’il suivent Jésus pour apprendre de lui et parvenir à être comme lui – Jean 15.8; Actes 11.26; ils sont appelés « frères », parce qu’ils ont tous un même Père céleste et sont égaux – Matthieu 23.8; Luc 8.21; Galates 6.1; ils sont appelés « saints » parce qu’ils ont tous été mis à part pour Dieu et sont appelés à vivre dans la pureté et la sainteté – Romains 1.7; 15.25,26; ils sont appelés « enfants de Dieu » parce qu’ils sont nés de nouveau et que Dieu les a pris comme ses propres enfants adoptifs – 1 Jean 3.1. Tous ces noms, comme le nom « chrétien » sont bibliques et légitimes pour parler de ceux que Dieu a sauvés en Jésus-Christ. Mais ce ne sont pas des noms que l’on utilise pour faire une distinction entre les sauvés. Il n’y a pas dans l’Église certains qui sont des « enfants de Dieu » et d’autres qui sont des « saints ». Tous les chrétiens sont enfants de Dieu, comme tous sont saints. Ce que nous recommandons de laisser, ce sont les noms comme « catholique », « protestant », « évangélique », « luthérien », « pentecôtiste », etc., des noms qui appuient les distinctions entre différents groupes qui prétendent tous suivre Jésus.

La communion fraternelle

Une grande bénédiction que Dieu a prévue pour ses enfants est la communion fraternelle. Cette union qui se manifeste à plusieurs niveaux est basée sur la communion qui existe premièrement entre chaque chrétien et Dieu. L’apôtre Jean écrivit :

« Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ […] Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion… » (1 Jean 1.3,6,7)

Si vous et moi, nous sommes tous les deux près de Dieu, nous serons logiquement près l’un de l’autre, aussi. Si j’aime la volonté de Dieu et que vous aussi, vous aimez la volonté de Dieu, nous allons naturellement nous entendre facilement. Nous aurons beaucoup de choses en commun ; nous partagerons les mêmes valeurs, les mêmes sentiments, les mêmes objectifs.

Pour être en communion avec Dieu, il faut (1) devenir son enfant par l’obéissance à l’Évangile (par la foi, la repentance, la confession de foi et le baptême pour le pardon des péchés), et (2) continuer à marcher dans la lumière, à nous efforcer de vivre en conformité à sa Parole.

Ceux qui ne sont pas en communion avec Dieu ne peuvent pas connaître non plus la communion avec la famille de Dieu.

« Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? » (2 Cor. 6.14,15)

Certes, on peut et on doit traiter les non-chrétiens en amis. Jésus lui-même a été l’ami des gens de mauvaise vie afin de les aider. Il nous a tous aimés pendant que nous étions encore dans le monde. Mais la communion fraternelle est un lien plus fort et une relation plus profonde que ce que nous pouvons avoir avec les gens du monde, aussi gentils soient-ils.

Ce que nous avons en commun

Si nous avons obéi à l’Évangile et que nous cherchons à mener une vie chrétienne, nous avons beaucoup en commun. En Éphésiens 4.4‑6 l’apôtre Paul énumère sept choses très fondamentales que nous partageons :

Un seul corps

En Éphésiens 1.22,23 Paul avait déjà identifié ce corps comme étant l’Église. Quand le Seigneur nous sauve, il nous ajoute à l’Église (Actes 2.47), l’Église qu’il avait promis de bâtir en Matthieu 16.18. Il n’est pas le fondateur de toute la multitude de dénominations que nous voyons aujourd’hui, et il n’ajoute personne à ces Églises d’origine humaine. Mais quand il pardonne une personne de ses péchés, il l’ajoute à la seule Église dont la Bible parle. Les sauvés font tous partie de ce seul corps.

Un seul Esprit

Le même Saint-Esprit est promis à tous les enfants de Dieu (Galates 4.6; Actes 2.38,39; 5.32; Rom. 8.9; 1 Cor. 12.13). Il cherche à produire dans nos vies les mêmes qualités, celles qui plaisent à Dieu (Galates 5.22).

Une seule espérance

Tous les sauvés ont la même destination finale : le ciel. Nous espérons tous jouir de la gloire auprès de Dieu pendant l’éternité. (Il n’est pas vrai, comme certains l’enseignent, que certains fidèles sont destinés au ciel, tandis que d’autres se trouveront sur une terre transformée. Nous avons la même espérance.)

Un seul Seigneur

En tant que chrétiens nous avons un seul maître et roi, Jésus. Nous obéissons à la même loi.

Une seule foi

Il est vrai que certains sont plus faibles en foi que d’autres. On a toujours besoin de grandir et de mettre plus de confiance en Dieu. Mais ici le mot « foi » se réfère à ce que nous croyons en tant que chrétiens, l’enseignement que nous avons accepté (Jude 3; Apoc. 2.13; Tite 1.4; 1 Tim. 6.21).

Un seul baptême

Tous ceux qui sont sauvés se sont intégrés de la même manière dans la famille de Dieu : par la nouvelle naissance. Bibliquement, il n’y a pas plusieurs baptêmes, mais un seul. Paul rappelle aux chrétiens d’Éphèse qu’ils avaient tous eu le même baptême – tous avaient été immergés dans l’eau au nom de Jésus pour le pardon de leurs péchés.

Un seul Dieu et Père

Il y a beaucoup de dieux différents dans le monde, mais tous les chrétiens adorent le même Dieu. Ils ont un même Père céleste, ce qui fait d’eux des frères en Christ.

Si nous sommes réellement en communion avec Dieu, nous avons déjà toutes ces choses en commun avec tout autre chrétien fidèle. Cela ne dépend pas de nous.

Ce que nous devons partager de plus

Mais il y a d’autres choses que nous pouvons et devrions partager ensemble si nous sommes chrétiens. La communion sera beaucoup plus profonde et d’une plus grande valeur spirituelle pour chacun de nous si nous apprenons à la cultiver dans nos assemblées. Voici quatre aspects de nos vies qu’il faut faire exprès pour partager avec nos frères et sœurs :

Les fardeaux

Il n’est pas rare de voir une personne qui accompagne son camarade à la gare et qui l’aide à porter ses bagages. Chacun tient une des deux manches du sac de voyage, et le fardeau est ainsi moins lourd. Il y a d’autres sortes de fardeaux dans la vie – le deuil, le découragement, la maladie, l’échec, etc., et parfois ils semblent écrasants. Galates 6.2 nous exhorte : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ. » Non seulement nous devons être sensibles aux problèmes de nos frères et sœurs et être prêts à les aider, mais nous devrions aussi accepter que les autres nous aident dans nos problèmes. Les liens de fraternité se fortifient de cette façon. Bien sûr, ce n’est pas seulement le malheur que nous partageons, mais le bonheur aussi. « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui » (1 Cor. 12.26).

Les biens

Dans le livre des Actes, Luc décrit de merveilleuses manifestations de communion fraternelle dans l’Église de Jérusalem.

« La multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartinssent en propre, mais tout était commun entre eux […] Ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu, et le déposaient aux pieds des apôtres ; et l’on faisait des distributions à chacun selon qu’il en avait besoin. » (Actes 4.32,34,35)

L’auteur de l’Épître aux Hébreux nous dit :

« Persévérez dans l’amour fraternel. N’oubliez pas l’hospitalité […] Souvenez-vous des prisonniers, comme si vous étiez aussi prisonniers ; de ceux qui sont maltraités, comme étant aussi vous-mêmes dans un corps. » (Héb. 13.1-3)

Tout comme le fait de partager un repas autour d’une même table rapproche un groupe d’amis ou une famille, le partage de nos biens à travers l’hospitalité, la bienfaisance et le soutien de la prédication de l’Évangile peut rapprocher les chrétiens.

Le travail

En tant que chrétiens, nous avons du travail à faire pour le Seigneur. C’est un travail d’équipe. L’apôtre Paul parle souvent dans ses épîtres de ses « compagnons d’œuvre ». Ils ont travaillé ensemble pour répandre la parole de Dieu et servir les nécessiteux. Même quand chacun remplit une fonction différente, on travaille à la même tâche – on n’est pas en compétition (1 Cor. 3.5-7; Phil. 1.14-18). Je me sens le plus proche de mes frères quand nous travaillons ensemble pour le Seigneur.

L’amitié

« Ayez de l’affection les uns pour les autres comme des frères qui s’aiment ; mettez du zèle à vous respecter les uns les autres » (Rom. 12.10). Nos assemblées devraient organiser des moments de partage pour encourager les membres de se connaître davantage et de jouir de la compagnie les uns des autres. En tant qu’individus et familles dans l’Église, nous devons aussi chercher à passer du temps ensemble avec d’autres membres, sans que cela soit organisé au niveau de l’assemblée. Nous devons nous rendre visite les uns aux autres, jouer ensemble et causer ensemble. Cultivons l’amour et l’amitié dans nos Églises.

La communion fraternelle apporte une grande joie dans notre vie. Elle nous fortifie aussi quand nous traversons des moments difficiles ou des tentations. Elle constitue déjà dans cette vie une récompense pour les sacrifices que nous avons faits pour suivre Jésus, celui qui a dit :

« Il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Marc 10.29,30)

Si nos assemblées cultivent la communion fraternelle comme Dieu l’a voulu, ce sera un grand atout pour aider les uns et les autres à rester fidèles. Si nous négligeons cet aspect de notre vie d’assemblée, le moyen approuvé de Dieu pour ramener un frère ou une sœur qui s’égare de la bonne voie n’aura que peu d’efficacité.

Des obstacles à la communion fraternelle

La question de la communion fraternelle présente un dilemme. Nous ne voulons pas (et nous ne devons pas) nous mettre à la place de Dieu pour juger les autres. Mais la Parole de Dieu elle-même nous enseigne de ne pas avoir de la communion avec certaines personnes, même certaines personnes qui se disent chrétiennes. Bien sûr, ceux qui vivent dans l’immoralité sont parmi elles. Paul dit aux chrétiens de Corinthe « de ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou insulteur, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme » (1 Corinthiens 5.11). Mais ce ne sont pas seulement les problèmes de moralité qui rendent impossible la communion avec Dieu, et donc la pleine communion avec son peuple. Il y a des gens qui croient que Jésus est le Seigneur et qui adorent Dieu régulièrement, mais qui n’ont pas encore obéi à l’Évangile. Ils ressemblent parfois à Saul de Tarse. Ce dernier, après avoir vu Jésus sur la route de Damas, a cru en lui et s’est repenti de ses péchés, mais il était encore séparé de Dieu. Voilà pourquoi Ananias lui dit : « Lève-toi, sois baptisé et lavé de tes péchés » (Actes 22.16). Malgré une certaine piété, ces personnes n’ont pas encore fait la volonté de Dieu et sont dans la condition que Paul décrit en Éphésiens 2.12 : « sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. » Cela peut paraître dur, mais ceux qui ne sont pas nés dans la famille (ou adoptés par le père) ne sont pas de la famille. Ils sont parfois « amis » de la famille, mais ils n’hériteront pas avec les enfants légitimes. (En Marc 9.38-41, Jésus, en parlant de celui qui chassait des démons à son nom, dit : « Qui n’est pas contre nous est pour nous. » Il ne dit pas : « Qui n’est pas contre nous est avec nous ou est l’un de nous. » Il ajoute : « Quiconque vous donnera à boire un verre d’eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense. » Qui appartenaient à Christ ? C’étaient les apôtres – ceux à qui il s’adressait – et non pas celui qui donnait le verre d’eau.) Ceux qui n’ont pas été baptisés en Christ ne sont pas en Christ. Ceux qui n’ont pas fait ce qu’il faut faire pour être sauvés n’ont pas encore été ajoutés par Dieu à l’Église. Ne pas faire cette distinction conduit inévitablement à une confusion et une déviation chez les membres de l’Église en ce qui concerne le plan du salut.

En plus d’une vie contraire à la moralité chrétienne et en plus du fait de ne pas avoir obéi à l’Évangile par la foi, la repentance, la confession de foi et le baptême biblique, un troisième obstacle peut se présenter à la communion : la fausse doctrine. Le Nouveau Testament dit clairement que certains emploient le nom de Jésus, mais n’ont pas sa faveur (Matthieu 7.21-23; Luc 6.46; 2 Corinthiens 11.13-15; Romains 16.17,18). Il dit aussi que la fausse doctrine fait perdre des âmes.

« Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s’appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ […] Qu’aucun homme, sous une apparence d’humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son gré le prix de la course, tandis qu’il s’abandonne à ses visions… » (Colossiens 2.8,18)

« Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit maudit ! » (Galates 1.9)

« Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu ; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut ! participe à ses mauvaises œuvres. » (2 Jean 9-11)

Le mouvement œcuménique conseille de reléguer au second plan toutes les questions doctrinales, de ne considérer que les points sur lesquels tous ceux qui se disent chrétiens peuvent s’accorder, et de s’accepter les uns les autres comme enfants de Dieu. C’est une attitude attrayante, mais qui n’est pas en harmonie avec ce que dit la Bible. Quand on n’est pas dans le même corps, qu’on n’a pas la même foi, qu’on n’a pas reçu le même baptême, etc., où est la base de l’unité ? Nous devons rechercher l’unité des croyants, mais la rechercher en nous conformant tous à l’enseignement de la Bible.

Cultivons donc une communion profonde et sincère avec nos frères et sœurs en Christ, traitons tout le monde avec respect et amour, et œuvrons pour que tous ceux qui croient en Jésus puissent un jour être véritablement en communion avec Dieu et les uns avec les autres.

B. B.
(Dans Vol. 7, No. 4)

Des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation

En Jean 4, Jésus décida de quitter la Judée, la partie méridionale de la Palestine, pour se rendre dans la région de la Galilée, au nord, là où il avait grandi. En Judée et en Galilée, il y avait de grandes populations juives. (En Galilée il y avait aussi de nombreux non-Juifs.) Entre ces deux régions se trouvait la Samarie, un pays habité d’un peuple dont les ancêtres israélites s’étaient mariés avec des païens. Or comme Jean 4.9 le dit, « les Juifs […] n’ont pas de relations avec les Samaritains ». Au temps de Jésus cette inimitié datait déjà de plusieurs siècles. À cause de cette hostilité, des Juifs qui voulaient se rendre de la Judée en Galilée contournaient la région de Samarie. Il fallait, en passant par la Samarie, trois jours de marche pour faire le voyage, mais on préférait généralement prendre six jours et traverser deux fois le Jourdain pour éviter ce territoire et ce peuple « maudits ».

Jésus fait tomber les murs

En Jean 4.4 l’auteur dit de Jésus : « Il fallait qu’il passât par la Samarie. » Comme nous venons de le voir, ce n’était pas parce qu’il n’y avait pas d’autre route à suivre pour aller en Galilée. Jésus devait passer par là parce qu’il voulait commencer à enlever les barrières entre Juifs et Samaritains. Il voulait que ses disciples comprennent qu’il n’avait pas d’égard pour les préjugés des Juifs contre leurs voisins.

Arrivé près de la ville samaritaine de Sychar, Jésus s’assit au bord d’un puits où il attendait pendant que ses disciples achetaient de la nourriture en ville. Une femme vint chercher de l’eau au puits. Quand Jésus adressa une parole à cette femme pour lui demander de puiser de l’eau pour qu’il boive, elle en fut très surprise. Elle dit : « Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? » Jean explique cette réaction : « Les Juifs, en effet, n’ont pas de relations avec les Samaritains. » Ils considéraient les membres de cette « race impure » comme étant au même niveau que des chiens ou des hommes possédés de démons. Mais Jésus parla à cette femme. Il lui a parlé de vérités spirituelles, et il accepta même de passer deux jours dans cette ville samaritaine pour enseigner les habitants. Il voyait chaque personne comme un individu, créé à l’image de Dieu, et non comme représentant de telle ou telle nationalité.

Les disciples de Jésus ont été lents à comprendre, mais finalement ils ont adopté l’attitude de leur maître. Tout chrétien ferait bien, non seulement de suivre l’exemple de Jésus, qui avait de l’amour pour tous les hommes de toutes les ethnies, mais aussi de mettre dans son cœur ces vérités enseignées par ses apôtres :

Dieu ne tient pas compte de notre nationalité, ethnie ou langue

En Actes 10, Dieu voulait que l’apôtre Pierre porte l’Évangile pour la première fois à un non-Juif. Bien que Jésus ait ordonné quelques années auparavant de « faire des disciples de toutes les nations (ethnies) » (Matthieu 28.19), l’Église avait jusqu’à ce jour prêché uniquement aux Juifs, aux convertis au judaïsme, et depuis Actes 8 aux Samaritains. Si le fossé qui divisait les Juifs et les Samaritains était profond, celui qui séparait les Juifs et les Gentils (les païens, ou non-Juifs) était encore plus important. Dieu donna donc à Pierre une vision spéciale pour qu’il accepte d’aller chez un non-Juif du nom de Corneille. Dans la vision Pierre vit des animaux qui avaient été déclarés impurs pour les Juifs. Une voix lui dit : « Lève-toi, Pierre, tue et mange. » Comme Pierre ne voulait pas, la voix insista : « Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé » (Actes 10.13-15).

Quand Pierre arriva chez Corneille, il avait compris le sens de la vision. Il dit à ceux qui s’y étaient réunis : « Vous savez qu’il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d’entrer chez lui ; mais Dieu m’a appris à ne regarder aucun homme comme souillé ou impur. C’est pourquoi je n’ai pas eu d’objection à venir, puisque vous m’avez appelé » (Actes 10.28,29).

Signalons en passant que rien dans la loi de Moïse n’interdisait aux Juifs d’entrer chez un non-Juif. Il est vrai qu’ils ne devaient pas se marier avec des païens, et leurs lois alimentaires rendaient plus difficile de partager des repas avec ceux qui n’observaient pas ces lois ; mais Pierre se réfère sans doute aux traditions des anciens et non pas à la loi donnée par Dieu. Ce qu’il dit souligne, néanmoins, la grande séparation entre Juifs et non-Juifs. Pierre comprenait maintenant qu’elle avait été enlevée en Christ : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu’en toute nation celui le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Actes 10.34,35).

Jésus a donné sa vie pour ceux de toutes les nations. En Apocalypse 5.9,10 les anges chantent ses louanges justement pour cette raison : « Ils chantaient un cantique nouveau, en disant : Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation. Tu as fait d’eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre. »

Il n’y a ni nationalité ni ethnie dans l’Église

La distinction entre Juif et Gentil avait été très importante sous l’ancienne alliance. En Éphésiens 2.12 Paul rappela aux Gentils (les non-circoncis) qu’ils n’avaient joui d’aucun des privilèges du peuple de Dieu : « Souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. » Mais il poursuivit en expliquant que depuis la mort de Christ cette distinction n’était plus. Tous les deux avaient été sous la condamnation à cause de leurs péchés (Romains 3.9,10,19,23) ; maintenant tous les deux avaient la possibilité de réconciliation avec Dieu dans un seul corps. « Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié, ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions, afin de créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix, et de les réconcilier, l’un et l’autre en un seul corps, avec Dieu par la croix, en détruisant par elle l’inimitié. Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient près ; car par lui nous avons les uns et les autres accès auprès du Père, dans un même Esprit » (Éphésiens 2.14-18).

Jésus n’est pas mort pour qu’il existe deux Églises distinctes, une composée de Juifs et l’autre composée de non-Juifs. Il a voulu que tous les sauvés soient réunis en un seul corps. Cette unité faisait partie du plan de Dieu depuis l’éternité (Éphésiens 1.10). Il est évident que le Seigneur n’a pas voulu non plus une Église à part pour les noirs ou les Asiatiques. Il n’a pas prévu une Église pour certaines ethnies et une autre Église pour les ethnies avec lesquelles celles-là ne s’entendaient pas avant de connaître le Christ. Dieu a voulu que le salut soit offert à tous de la même manière et dans le même corps spirituel.

Il n’est pas seulement question de la manière de Dieu de nous considérer. Le Seigneur veut que l’unité soit une réalité que nous vivons. En Romains 15.7 Paul dit aux chrétiens juifs et païens : « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme Christ vous a accueillis, pour la gloire de Dieu. » On ne doit pas se dire que Dieu ne tient pas compte de notre couleur ou notre nationalité, mais que parmi nous les hommes dans l’Église ces distinctions peuvent garder leur importance. Une partie de ce qui fait la beauté du plan de Dieu, c’est qu’il prend des hommes qui étaient divisés et hostiles les uns aux autres pour les réunir dans un seul corps de croyants unis dans l’amour fraternel.

Ayant compris que Dieu nous aime tous de la même manière, quelle que soit notre couleur ou notre langue, et ayant compris que les distinctions politiques, raciales et ethniques n’ont pas de place au sein de son Église, qui est le royaume du Christ, nous devons comprendre un troisième principe :

La vraie patrie des chrétiens, c’est le ciel

Nous sommes nés citoyens d’un pays et parfois membres d’une ethnie particulière. Nous avons naturellement un attachement émotionnel au pays de notre naissance ou de nos parents, et nous avons des liens importants avec ceux qui partagent notre langue et notre culture. Nous sommes fiers quand notre pays se montre excellent sur un plan quelconque ; nous avons honte quand notre pays ou ses dirigeants agissent de manière indigne. Nous nous soucions de l’avenir de nos pays, car nous supposons que nos enfants seront bénis ou pénalisés selon le sort de leur pays de résidence. Mais en tant que chrétiens, la citoyenneté qui compte le plus pour nous, c’est notre appartenance au royaume de Dieu. Ayant parlé de ceux qui « ne pensent qu’aux choses de la terre », Paul rappelle que « notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ » (Philippiens 3.19,20). C’est ainsi que la Bible appelle souvent les chrétiens des « étrangers » et insiste sur le caractère passager de leur « séjour » sur la terre. Pierre adresse sa première épître « à ceux qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie » (1 Pierre 1.1). Les destinataires de cette lettre étaient, pour la plupart, des indigènes, et du point de vue légal ils étaient citoyens des provinces mentionnés. Néanmoins, Pierre leur dit de se voir comme étrangers. Plus loin dans la même épître, Pierre insiste encore sur cette réalité : « Bien aimés, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs sur la terre, à vous abstenir des convoitises qui font la guerre à l’âme » (1 Pierre 2.11). En 1 Pierre 1.17, il leur dit : « Conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre pèlerinage ». L’idée que la vie chrétienne ressemble à un pèlerinage revient dans l’épître aux Hébreux, où l’auteur nous réfère à l’exemple d’Abraham et des autres patriarches qui « reconnaissaient qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre ». Ils enseignent que, comme eux, nous devons chercher « une patrie céleste », et que Dieu nous a, en fait, préparé une telle cité (Hébreux 11.13-16).

Ce principe s’applique de plusieurs manières dans la vie du chrétien. Il signifie que nous ne devons pas nous laisser détourner de notre mission et notre objectif céleste par la poursuite de richesses terrestres. Il signifie que nous devons nous garder des comportements pécheurs qui nous empêcheraient dans notre marche vers le ciel. Il signifie que nous ne devons pas nous conformer aux coutumes de ce monde auquel nous n’appartenons pas ; nous sommes étrangers ici-bas et devons nous attendre à être différents de nos voisins. Mais il signifie aussi que nous devrions nous considérer avant tout comme chrétiens plutôt que comme français, ivoiriens, congolais, haïtiens, burkinabés, camerounais, etc. (De même, nous sommes chrétiens d’abord, et ensuite membres de telle ou telle ethnie.) Nos émotions les plus fortes, nos plus grands sacrifices et notre loyauté la plus profonde se rapportent tous au royaume glorieux et céleste dont nous sommes, par la grâce de Dieu, citoyens. Il est bien de nous entendre, le plus possible, avec nos compatriotes, mais nous devrions toujours avoir un plus grand amour pour nos frères et sœurs en Christ, quelle que soit leur race, leur ethnie ou leur nationalité, que pour des non-croyants qui sont, par hasard, du même pays ou de la même ethnie que nous.

Cette attitude « sans frontières » a bien pris racine dans l’Église primitive. Vers l’an 200 apr. J.-C. un auteur inconnu écrivit ceci au sujet des chrétiens, dans une lettre à un certain Diognète : « Bien qu’ils habitent des cités grecques ou barbares, selon le cas de chacun, et qu’ils suivent les coutumes du pays en ce qui concerne l’habillement et la nourriture et d’autres affaires de la vie quotidienne, en même temps ils manifestent la nature remarquable et extraordinaire de leur propre cité. Ils habitent leurs propres pays, mais uniquement comme étrangers… Chaque pays étranger est leur patrie, et pourtant pour eux, chaque patrie est un pays étranger… Ils aiment tous les hommes. »

Applications pratiques

Chacun doit donc s’examiner pour voir s’il n’a pas besoin de changer sa façon de penser, de parler ou d’agir. Si nous avons encore des attitudes racistes ou tribalistes, nous devons les bannir. On ne devrait jamais rencontrer dans le langage d’un chrétien des expressions qui montrent du mépris pour une personne à cause de son ethnie ou son pays d’origine. Un étranger qui entre dans une de nos assemblées ne devrait jamais sentir qu’il n’est pas bienvenu à cause de sa race ou sa langue. Pour la compréhension de l’enseignement et l’expression facile de louange à Dieu, il n’est pas mal de faire des cultes ou des classes à part pour ceux qui parlent une langue particulière. Néanmoins, il faut consciemment cultiver et conserver la vraie communion fraternelle qui ne connaît pas de frontières linguistiques.

Quand ceux du monde s’opposent à un mariage parce que le couple n’est pas de la même ethnie, ceux qui sont dans l’Église devraient plutôt attacher de l’importance au fait de partager la même foi en Christ, d’avoir la même compréhension de sa volonté.

Quand ceux du monde s’enflamment contre telles ethnie ou nationalité, que ce soit des gens qui habitent dans le même pays ou des habitants des pays différents qui sont en guerre, les chrétiens devraient éviter de se jeter dans le conflit d’un côté ou de l’autre. Ils devraient se garder de classer tous les citoyens d’un pays ou tous les membres d’une race comme ayant les mêmes défauts. Le chrétien doit continuer de faire comme Jésus, en voyant chaque personne comme un individu et en aimant chaque personne sans tenir compte de son pays d’origine. Il n’y a pour Jésus que deux catégories de personnes : les sauvés et les perdus, ceux qui sont soumis à Dieu et ceux qui sont encore sous le pouvoir de Satan.

Au lieu de nous acharner pour le contrôle de tel ou tel territoire destiné à la destruction lorsque Jésus reviendra, au lieu de militer pour des pouvoirs politiques ou des avantages mondains, nous devons penser plus à la récompense qui nous attend au ciel et aux moyens de sauver « des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation ».

Conclusion

Dans un monde où nous voyons partout la guerre et les massacres, les injustices, la souffrance et d’autres maux qui résultent du racisme et du tribalisme, faisons en sorte que l’Église de Jésus-Christ soit un asile, un lieu de paix entre les hommes de différentes origines, une colonie du ciel où l’amour prend la place de la haine, et la règle d’or (Matthieu 7.12) est réellement mise en pratique.

Quelle que soit la couleur de ta peau ou la langue que tu parles, quel que soit le pays qui a émis ta carte d’identité, tu as une grande valeur aux yeux de Dieu. Quand tu es baptisé en Christ, tu deviens mon frère ou ma sœur. Nous avons désormais la même patrie : le ciel. Et nous voyons nos prochains de la même manière : soit comme des gens sauvés par le sang de Jésus, soit comme des gens encore perdus, mais que le Seigneur veut sauver.

B. B.
(Dans Vol. 7, No. 1)

La liberté chrétienne et la division

Introduction

La division est un fléau parmi les chrétiens qui est souvent le fruit de la fausse doctrine.

« Quelques-uns abandonnent la foi pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons par l’hypocrisie de faux docteurs. » (1 Timothée 4.1,2)

Lorsque cela arrive, la division peut être inévitable :

« Car il faut qu’il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous. » (1 Corinthiens 11.19)

Le Seigneur a reproché les Églises de Pergame et de Thyatire pour avoir toléré dans leur sein des gens qui s’étaient donnés à la fausse doctrine (Apocalypse 2.14,15,20). Les fausses doctrines doivent être identifiées, et il faut « marquer » ceux qui suscitent des divisions en les enseignant (1 Timothée 4.1-6; Romains 16.17,18; Tite 3.10,11; 2 Jean 9-11).

Mais la division et la discorde viennent trop souvent, non pas parce qu’il y a égarement de la vérité biblique, mais parce que les chrétiens manquent de la patience, de l’humilité et de l’amour fraternel. Il y a des aspects de la vie chrétienne où Dieu a laissé à chacun une certaine liberté, où il n’y a pas de modèle éternel auquel chaque chrétien et chaque assemblée doivent se conformer. On peut trouver une diversité de points de vue et de pratiques sans que cela soit un sujet de division. Mais il faut que certaines attitudes soient cultivées parmi nous pour que l’amour et l’harmonie soient préservés.

Un chapitre-clé

En Romains 14 Paul présente les attitudes qui doivent prévaloir parmi les chrétiens quand il y a des différences parmi eux concernant ce qui ne fait pas l’objet d’un commandent du Seigneur. Dans les exemples cités par Paul dans ce chapitre, il s’agit des actions des chrétiens en tant qu’individus et non pas des actions de l’Église collectivement. Bien que les principes qu’il donne puissent avoir des applications en ce qui concerne la manière de faire le culte du dimanche ou la manière de dépenser l’argent dans la caisse de l’assemblée, Paul traite ici des décisions personnelles, comme, par exemple, si l’on va manger un certain aliment.

En fait, puisqu’il s’agit de questions où Dieu nous a laissé de la liberté, ce sont des actions qui ne sont pas en elles-mêmes des péchés. Une personne qui comprend la liberté que Dieu lui a accordée sait qu’elle peut faire certaines choses sans que ce soit un péché. Une autre personne peut pour diverses raisons croire, à tort, qu’elle ne doit pas faire ces choses. Cette dernière personne est identifiée dans ce passage comme celle qui est « faible ». Elle n’a pas encore une foi forte, une ferme conviction qu’elle a le droit de faire les choses en question. Elle peut aussi se croire obligée de faire ce qu’elle est libre de ne pas faire étant en Christ.

Dans les douze premiers versets du chapitre, nous trouvons le principe suivant :

Il ne faut pas se juger les uns les autres en matière d’opinion

Le premier verset a été traduit de plusieurs manières, mais la traduction la plus littérale est celle de Darby : « Or quant à celui qui est faible en foi, recevez-le ; non pas pour la décision de questions [douteuses]. » Le mot « décision » (« disputer » dans la Segond) est employé pour un mot grec qui parle de l’acte de distinguer, discerner, juger, ou prononcer un jugement. « Questions [douteuses] » (« opinions » dans la Segond) traduit un mot qui signifie « raisonnements » et qui est employé pour se référer à la pensée d’un homme qui réfléchit en lui-même sur une décision à prendre. Le mot peut même porter l’idée d’hésitation ou de doute.

Le sens du verset est qu’il faut recevoir comme frère celui qui a des doutes que nous n’avons pas, celui qui n’a pas encore compris le sens de la liberté chrétienne. Les convictions personnelles ne lui permettent pas de faire certaines choses que nous reconnaissons comme permises en Christ, ou bien ses convictions le poussent à se voir sous des obligations qui ne sont pas réelles. Il faut recevoir ce frère sans le condamner parce que sa conscience est trop sensible.

Dans le deuxième verset, Paul identifie le genre de « questions » ou « opinions » qu’il a en vue. « Tel croit pouvoir manger de tout : tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes. » Certains ne reconnaissaient pas leur droit de manger de tout et décidaient en eux-mêmes de ne manger que des légumes. Paul ne dit pas pour quelle raison un chrétien aurait pris la décision d’être végétarien. Certains simplifiaient le respect de la distinction entre aliments purs et impurs faite dans la loi de Moïse en ne mangeant pas de la viande du tout (voir Daniel 1.8-12). D’autres encore, pensaient peut-être à la possibilité de manger, sans le savoir, de la viande qui avait été offerte en sacrifice à une idole. En effet, une grande partie de la viande vendue dans les marchés à l’époque avait d’abord été consacrée dans un temple païen. Qu’en est-il de ces idées concernant les aliments ?

Faut-il s’abstenir des aliments déclarés impurs dans l’Ancien Testament ?

Pour la question des aliments purs et impurs selon la loi mosaïque, plusieurs passages démontrent que ces lois ont été abrogées ou annulées quand Jésus est mort sur la croix. (Voir, par exemple, Colossiens 2.14-17 et Hébreux 9.9,10.) Selon l’Épître aux Galates, imposer ces lois aux chrétiens ou en faire une condition du salut serait pervertir l’Évangile et se séparer du Christ.

Peut-on manger de la viande sacrifiée aux idoles ?

Quant à la viande sacrifiée, Paul en parle en 1 Corinthiens 10, où il répond à trois questions des Corinthiens :

  1. Peut-on s’asseoir dans un temple païen et manger de la viande sacrifiée, sachant dans son cœur que l’idole n’est rien et se disant qu’on ne l’adore pas ?
  2. Peut-on acheter au marché de la viande qui a été sacrifiée à un dieu païen ?
  3. Peut-on manger chez un païen, ne sachant pas si la viande qu’il sert a été offerte en sacrifice ?

Pour la première question, Paul explique aux versets 14-22 que participer à un festin en honneur d’une idole, quelle que soit son intention personnelle, est un acte d’adoration qui met la personne en communion avec l’idole. Ce serait manger à la table des démons et provoquer la jalousie du Seigneur. La réponse est non.

Pour la deuxième question, Paul répond aux versets 25 et 26 que l’on pouvait manger de tout ce qui se vendait au marché, mais que l’on ne devait pas poser des questions pour savoir si la viande avait été sacrifiée. En ajoutant : « car la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme », il veut dire que la viande n’appartenait pas réellement à l’idole, même si elle lui avait été consacrée. Dieu est le propriétaire de toutes choses, et les actions des hommes ne peuvent rien changer à cette vérité. La viande n’était pas souillée en elle-même.

Pour la troisième question, Paul dit aux versets 27 et 28 que nous pouvons manger ce qu’on nous sert chez un païen, mais que si quelqu’un nous informe que la viande a été sacrifiée, nous ne devons pas en manger.

La conclusion est que le chrétien doit s’abstenir totalement de tout ce qui est identifié comme étant sacrifié à une idole, mais manger d’un sacrifice sans le savoir ne souille pas.

Pour revenir en Romains 14, nous voyons qu’il n’était pas interdit de manger de la viande en général, bien que certains chrétiens ne comprenaient pas encore cette vérité. Par contre, rappelons-nous que Dieu n’a pas ordonné aux hommes de manger certains aliments. C’est un droit mais pas une obligation.

Compte tenu de cette divergence d’idées, qu’est-ce que Dieu nous recommande ?

« Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l’a accueilli. » (verset 3)

Il faut éviter ces attitudes très communes quand on n’est pas du même avis qu’un autre.

Paul continue :

« Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d’autrui ? S’il se tient debout ou s’il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir de l’affermir. » (verset 4)

Ici Paul reproche le chrétien qui juge son frère, en lui rappelant que c’est la place du Seigneur que de juger ses serviteurs. Selon le contexte, il s’agit, bien sûr, de celui qui condamne un autre serviteur pour avoir violé ce qui n’est pas un commandement du maître. Là où le maître n’a pas donné de règle pour gouverner son serviteur, personne d’autre n’a le droit d’en donner. Aucun chrétien n’a le droit de juger un autre, sauf où le Christ l’autorise et nous donne la règle à appliquer. Il y a des situations où nous avons un devoir de juger (1 Cor. 5.1-5,9-13; 6.1-7; Matthieu 7.15-20), mais il faut toujours aborder de telles situations avec beaucoup d’humilité, de compassion et d’amour. Là où le jugement ne s’impose pas, l’accent doit être mis sur la patience, la tolérance et le respect mutuel.

Faut-il observer des « jours saints » ?

Au verset 5 nous voyons un autre exemple du genre de principes personnels au sujet desquels on ne devait pas se juger les uns les autres : les distinctions entre les jours. Paul ne parle pas ici des jours de réunions de l’Église, comme le dimanche. Ces réunions devaient être respectées (Hébreux 10.25), et à l’égard de ces réunions, le premier jour de la semaine avait une importance particulière (Actes 20.7; 1 Corinthiens 16.1,2) et un nom spécial (Apocalypse 1.10 – comment Jean pouvait-il désigner un jour en particulier comme « le jour du Seigneur » s’il n’y avait absolument pas de distinction entre les jours ?). Paul ne parle pas non plus des soi-disant « fêtes chrétiennes » telles que Pâques, Noël, Ascension, Toussaint, etc. Premièrement, ces fêtes étaient inconnues au premier siècle, et deuxièmement, leur observance engage généralement des Églises entières. Or Paul parle ici de décisions personnelles qui n’engageaient pas les autres membres de l’Église à faire quoi que ce soit. (Si un chrétien choisit de marquer spécialement à son propre niveau un jour pour se rappeler la naissance de Jésus ou son ascension, les autres ne devraient pas, selon ce passage, le juger. Mais instituer une telle observance au niveau de toute l’Église enlève la question des jours du cadre de Romains 14.)

Ce qui est plus probable est que Paul parle du chrétien d’origine juive qui a toujours observé les jours saints indiqués dans la loi de Moïse : les fêtes, les nouvelles lunes et les sabbats (Col. 2.16). Étant devenue chrétienne, cette personne pourrait avoir du mal à accepter qu’elle n’avait plus besoin de respecter ces jours.

Dans les versets qui suivent, Paul nous dit, en effet, de croire à la sincérité de nos frères, même quand nous ne partageons pas leur point de vue sur de telles questions. Chacun cherche à plaire au Seigneur. Celui qui mange de tout n’est pas en train de vivre pour son propre plaisir parce qu’il mange. Il reconnaît le Seigneur comme la source de ce qu’il reçoit. Celui qui s’abstient de viande rend grâces aussi, étant donné qu’il s’en abstient de bon cœur afin de plaire au Christ. Les deux camps reconnaissent la souveraineté du Seigneur en toutes choses.

À partir du verset 13, Paul introduit la deuxième idée principale :

Il ne faut pas pousser votre frère à pécher en violant sa conscience

Ne faites rien qui puisse le faire tomber. Dans la question d’aliments, il est clair que celui qui croit pouvoir manger de tout a raison. Le Seigneur a déclaré purs tous les aliments. « … Rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller, car cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre » (Marc 7.18,19). « Tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière » (1 Timothée 4.4,5). Puisqu’il en est ainsi, un aliment n’est plus impur que dans le cas où quelqu’un le considère comme impur.

On peut, cependant, avoir raison sur un point mais ne pas agir avec amour. Dans ce cas, on est condamnable, malgré le fait qu’on a raison en ce qu’on croit. Si je reconnais que l’aliment est pur, il ne peut pas me souiller, mais ce n’est pas pour cela que je peux en manger. Il faut considérer l’effet de mon action sur les autres. Si je mange devant mon frère qui considère l’aliment comme souillé, il sera peiné en me voyant faire ce qu’il considère un péché. Mais ce qui est encore plus grave, c’est qu’il risque de se conformer à mon exemple, malgré ses doutes privés, et en mangeant violer sa conscience. Je dois attacher plus d’importance à mon frère qu’à la nourriture. Mon droit de manger de la viande n’est pas plus important que le salut d’un homme.

À partir du verset 16, le sujet passe du singulier au pluriel. C’est la réputation de toute l’Église qui est en vue maintenant. C’est bien d’avoir la liberté de manger (ou de ne pas manger), mais ce n’est pas là l’essentiel du royaume. Ce qui est vraiment important, c’est la justice, la paix et la joie. Se juger et se mépriser les uns les autres et user de ses « droits » quels que soient les effets sur les autres attirera des calomnies contre la liberté chrétienne.

Quelques applications

Ayant expliqué le chapitre dans son contexte d’origine, comment peut-on l’appliquer de nos jours ? Rappelons-nous que ce chapitre parle des attitudes qui doivent prévaloir parmi les chrétiens quand il y a des différences parmi eux concernant ce qui ne fait pas l’objet d’un commandement du Seigneur. Ces principes ne concernent pas des violations de la volonté de Dieu. Il est important de se rappeler aussi qu’il s’agit des actions des chrétiens en tant qu’individus et non pas des actions de l’Église collectivement.

Paul a déjà appliqué ces principes à la question des aliments, des jours saints et du vin (v. 21). En ce qui concerne le fait de boire du vin (sans s’enivrer, bien sûr, puisque l’ivresse est clairement condamnée comme un péché), il y a le danger d’entraîner une autre personne dans le péché, soit parce qu’elle violerait sa conscience soit parce qu’elle risquerait de ne pas rester sobre.

Une autre application pourrait être dans le domaine de l’habillement. Une femme ne devrait pas s’habiller de façon séduisante (habits qui serrent trop, jupes trop courtes, excès de maquillage, etc.) tout en se disant : « Si les hommes ont des convoitises à mon égard, c’est leur problème ; ils ne devraient pas penser ainsi. J’ai le droit de me vêtir comme je le veux. » Au contraire, « Il est bien […] de s’abstenir de ce qui peut être pour ton frère une occasion de chute, de scandale ou de faiblesse. » (La modestie est, bien sûr un principe que les hommes aussi doivent observer.)

Certains chrétiens jugent les autres au sujet de leurs méthodes d’évangélisation. Il est vrai que certaines méthodes sont plus efficaces que d’autres, mais le Seigneur n’a pas ordonné une seule méthode. Quelle que soit sa méthode, c’est pour le Seigneur qu’on travaille. On ne doit pas nous juger.

D’autres jugent leurs frères sur le fait de regarder la télévision, de jouer aux sports, ou d’écouter de la musique non religieuse. D’un côté, ne critiquons pas si facilement, mais reconnaissons la différence entre nos principes personnels et les commandements du Seigneur ; de l’autre côté, soyons sensibles à l’influence de nos actions sur les autres, et abstenons-nous de ce qui peut nuire à notre frère ou à l’Église.

Conclusion

La division dans une assemblée ne commence pas toujours par la fausse doctrine. Elle commence souvent par le fait de mépriser ceux qui ne partagent pas nos opinions. Elle s’aggrave quand nous tenons à exercer nos « droits » sans considérer l’effet de nos actions sur nos frères. Apprenons à distinguer entre les enseignements bibliques et nos opinions ou principes personnels. Et efforçons-nous toujours « de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix » (Éphésiens 4.3).

B. B.
(Dans Vol. 4, No. 3)

Est-il possible de retourner au christianisme sans dénominations?

À l’époque du Nouveau Testament, le christianisme sans dénominations n’était pas seulement possible mais existait en réalité. La Bible enseigne, par exemple, que l’apôtre Paul fut membre de l’Église du Seigneur des centaines d’années avant que la première dénomination ne vienne à l’existence. Si quelqu’un lui avait demandé s’il était catholique ou protestant, il n’aurait pas su quoi répondre, puisque ni l’un ni l’autre n’existait, même longtemps après la mort de cet apôtre. Mais est-il toujours possible d’être membre de la même Église dont Paul fut membre, celle qui est décrite dans le Nouveau Testament presque 1 600 années avant l’établissement de la première Église protestante ?

Pour répondre à cette question, tournons-nous encore vers la Bible. Dans Genèse 1.12, les Écritures signalent que toute semence reproduit « selon son espèce ». Autrement dit, quand on sème du blé, on récolte du blé, non pas des pommes ou du maïs ; quand on plante un oranger, on ne récolte que des oranges. Paul a utilisé cette vérité pour illustrer une leçon spirituelle quand il dit : « Ce qu’un homme aura semé il le moissonnera aussi » (Galates 6.7). Ce même principe s’applique à la « semence » du royaume, appelée par Jésus la Parole de Dieu (Luc 8.11). Lorsque cette même semence est semée aujourd’hui dans des cœurs purs, sans l’addition des traditions et des doctrines des hommes, ces passages de l’Écriture enseignent qu’elle produira exactement la même chose qu’elle a produite aux jours des apôtres.

(Dans Vol. 1, No. 5)

Les Églises du Christ vous saluent

Nous venons au nom de Jésus-Christ et non pas au nom d’une nouvelle secte.

Nous désirons vous aider afin que vous puissiez trouver le vrai chemin de la Vie Éternelle.

Nous plaidons pour l’Église du Nouveau Testament, qui se compose de ceux qui ont été sanctifiés par la Parole (Éphésiens 5.26). Cette Église est la maison de Dieu (1 Timothée 3.15). L’obéissance à l’Évangile fait d’un pécheur un chrétien, et par le même acte, Dieu l’ajoute à son Église (Actes 2.47), qui est le corps de Christ (Colossiens 1.18).

Nous refusons de nous laisser imprégner d’un esprit de secte en acceptant un nom et des doctrines d’hommes. Nous nous efforçons de n’être rien que des chrétiens, comme ceux du Nouveau Testament (Actes 11.26), et membres de l’Église du Christ (Romains 16.16), qu’il s’est acquise par son propre sang (Actes 20.28).

Nous adorons Dieu « en esprit et en vérité » (Jean 4.24), sincèrement, respectueusement et bibliquement. Changer l’adoration telle qu’elle nous est révélée dans le Nouveau Testament anéantirait sa valeur aux yeux de Dieu (Matthieu 15.1-13).

Nous prions, comme Jésus-Christ (Jean 17), pour l’unité des croyants en son nom. L’apôtre Paul exhorte les chrétiens à conserver l’unité de l’esprit et leur enseigne le seul moyen de l’obtenir (Éphésiens 4.1-6).

Nous vous invitons cordialement à assister aux réunions de l’Église du Christ et à examiner avec nous la Parole de Dieu qui a le pouvoir de nous sauver (Jacques 1.21).

(Dans Vol. 1, No. 1)