Y a-​t‑il des contradictions dans la Bible ?

C’est une question légitime. Il est vrai que des adversaires du christianisme ne sont pas toujours de bonne foi quand ils font leurs accusations concernant les soi-disant erreurs et contradictions dans la Bible. Ils emploient des critères que l’on n’applique à aucun autre document ancien ou moderne ; ils tirent des mots hors de leur contexte pour faire dire à la Bible ce qu’elle ne dit pas ; ils font exprès pour cacher des détails qui pourraient enlever les difficultés.

Mais même la personne qui croit à la Bible, qui la connaît assez bien et qui l’aime sincèrement se demande parfois si elle ne contient pas quelques erreurs. Sur l’Internet on trouve facilement des sites athées ou musulmans qui dressent des listes de douzaines ou même d’une centaine de supposées contradictions, et beaucoup ne savent pas comment concilier ces textes qui, à première vue, ne s’accordent pas. Certains finissent par perdre la confiance qu’ils avaient placée dans la Bible. Est-il possible de défendre la Bible de manière rationnelle et convaincante ?

La nature d’une vraie contradiction

De nombreuses contradictions supposées disparaissent lorsqu’on tient compte du sens du mot « contradiction ». Selon Aristote, « il est impossible qu’un même attribut appartienne et n’appartienne pas en même temps et sous le même rapport à une même chose ».

Quelqu’un ferait remarquer, par exemple, que selon 2 Samuel 14.27, Absalom, le fils du roi David, avait des fils : « Il naquit à Absalom trois fils, et une fille nommée Tamar. » Mais selon 2 Samuel 18.18, il n’avait pas de fils :

« De son vivant, Absalom s’était fait ériger un monument dans la vallée du roi ; car il disait : Je n’ai point de fils par qui le souvenir de mon nom puisse être conservé. »

Si ces deux textes se référaient au même moment dans la vie d’Absalom, on pourrait bien parler de contradiction. Mais en fait, l’un des passages décrit la situation tôt dans la vie d’Absalom, alors que l’autre décrit la situation quand il mourut. Remarquez qu’Absalom ne dit pas qu’il n’avait pas engendré d’enfants, mais qu’il n’avait pas de fils. Trois fils lui avaient été nés, mais quand il érigeait le monument en sa mémoire, ces enfants étaient morts. Étant donné le taux de mortalité infantile à l’absence des soins médicaux modernes, un tel scénario n’est pas difficile à imaginer. Cet exemple sert donc à illustrer le fait qu’un attribut peut bien appartenir et ne pas appartenir au même sujet, si ce n’est pas en même temps.

Un attribut peut bien appartenir et ne pas appartenir au même sujet aussi quand ce n’est pas sous le même rapport, ou dans le même sens. Par exemple, quand certains Juifs demandèrent à Jean-Baptiste : « Es-tu Élie ? », il leur répondit : « Je ne le suis pas » (Jean 1.21). Le prophète Malachie avait, en effet, prédit un retour d’Élie avant l’arrivée du Messie, et Jésus identifia plus tard Jean-Baptiste comme étant l’accomplissement de cette prédiction. Il dit en Matthieu 17.12,13 :

« Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, qu’ils ne l’ont pas reconnu et qu’ils l’ont traité comme ils ont voulu. De même le Fils de l’homme souffrira de leur part. Les disciples comprirent alors qu’il leur parlait de Jean-Baptiste. »

Est-ce une contradiction ? Non, car la réponse de Jean signifiait qu’il n’était pas Élie réincarné ou ressuscité – il n’était pas littéralement le prophète Élie. Mais Jésus confirmait que Jean était venu, comme l’ange qui annonçait sa naissance l’avait dit, « avec l’esprit et la puissance d’Élie » (Luc 1.17). Jean était Élie dans un sens figuré, mais non dans le sens littéral.

Et avant de crier « Contradiction ! », il faut s’assurer que les deux versets que l’on croit être en conflit parlent bien du même sujet. Par exemple, l’apôtre Paul dit en Galates 6.2 : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ », mais au verset 5 du même chapitre, il semble se contredire quand il écrit : « Chacun portera son propre fardeau. » En réalité, le mot fardeau ne se réfère pas à la même chose dans ces deux versets, et l’apôtre, qui écrivait en grec, employa deux mots grecs différents. Que ce soit pour aider un frère à résoudre un problème de péché dans sa vie ou à supporter une épreuve, surmonter une faiblesse ou satisfaire à un besoin important, l’amour dans l’Église nous apprend à tendre une main secourable à autrui. C’est l’idée de s’intéresser à son frère, de sympathiser, de ne pas prendre l’attitude de celui qui dit : « C’est son problème ; cela ne me regarde pas. » C’est dans ce sens que Paul parle de « fardeau » au verset 2. Par contre, au verset 5 l’apôtre nous rappelle que chacun sera jugé selon sa propre responsabilité envers Dieu, et non pas sur la base d’une comparaison à d’autres personnes. En effet, pour signaler que Paul n’employa pas le même mot grec, certaines traductions de la Bible emploient le mot « fardeau » au verset 2 et le mot « charge » au verset 5.

Non seulement il faut tenir compte du vrai sens du mot « contradiction », mais il faut aussi faire preuve de fair-play. Lorsque nous rencontrons des déclarations qui semblent contradictoires dans les écrits d’un auteur quelconque, il n’est pas normal d’exagérer les différences afin de l’accuser ; il faut un effort honnête de les harmoniser. Nous avons tous vu des situations où une personne a dit deux choses qui semblaient être en conflit, mais en y regardant de plus près, nous voyons que les deux déclarations sont en parfait accord. Surtout quand nous avons affaire aux écrits de personnes avec qui nous ne pouvons pas communiquer, tels que les auteurs d’une autre époque, il faut se rappeler qu’une explication raisonnable d’une contradiction apparente doit suffire pour qu’on n’accuse pas l’auteur d’être en erreur ou d’avoir menti. Or, il y a souvent plusieurs façons possibles de concilier les déclarations « contradictoires » de la Bible. Nous n’avons pas besoin de pouvoir déterminer avec certitude si telle explication est la bonne, pourvu qu’elle soit plausible.

Différences entre les Évangiles

Prenons le cas des Évangiles de Matthieu, Marc et Luc. Il y a de nombreux passages où l’un des Évangiles contient des détails que l’un des autres omet, ou même que les deux autres n’ont pas inclus. Il y a des passages où les mots employés par Jésus varient d’un Évangile à l’autre. Il y a même des récits qui semblent, au premier abord, se contredire les uns les autres. Certains érudits se basent sur ces différences pour postuler l’existence d’une multitude d’anciennes sources, écrites ou orales, dont les auteurs des différents Évangiles se seraient servis pour bricoler leurs ouvrages. Mais ces théories commencent par des présuppositions hostiles à l’inspiration et à l’authenticité des livres de la Bible, elles se construisent sur des « sources » qui sont de pures suppositions, pour ne pas dire imaginaires, et elles ignorent (volontairement ?) d’autres explications plausibles pour ces différences.

Certains décalages dans les paroles de Jésus d’un Évangile à l’autre s’expliquent ainsi : il n’est pas raisonnable de supposer que Jésus aurait prononcé chaque enseignement une seule fois, à une seule occasion. De petites différences de vocabulaire ou de détails peuvent parfois s’attribuer au fait que Jésus répétait les mêmes paraboles ou donnait plus ou moins le même enseignement à différents auditoires ou parfois aux mêmes auditeurs à différentes occasions. (Comparer Matt. 16.24,25; 10.38s ; Marc 8.34s ; Luc 9.23; 14.27; 17.33; où il est clair que Jésus a employé un langage similaire en différentes situations pour insister sur les mêmes vérités concernant la nécessité d’accepter de « porter sa croix », « renoncer à soi-même » et « perdre sa vie » si l’on voulait suivre Jésus.)

Ajoutons aussi que deux récits peuvent être différents sans pour autant être incompatibles. La déclaration que deux anges étaient présents au tombeau de Jésus le dimanche matin (Jean 20.12) est différente de la déclaration qu’un ange s’y trouvait (Marc 16.5), mais sont-elles contradictoires ? Aucune des déclarations ne nie que l’autre soit vraie. L’une fournit simplement un détail que l’autre n’a pas fourni : la présence d’un deuxième ange.

Les différences sont parfois dues au fait que les auteurs n’avaient pas les mêmes lecteurs en vue. Matthieu écrit particulièrement à des Juifs. Il cite très souvent des prophéties de l’Ancien Testament qui trouvent leur accomplissement dans la vie du Christ, sachant que ces choses seraient très importantes pour ses premiers lecteurs, ces Juifs qui connaissaient et croyaient profondément à leurs Écritures. Marc écrit à des non-juifs, probablement des Romains ; il n’inclut pas la généalogie de Jésus, dont ses lecteurs n’auraient pas apprécié l’importance, mais il ajoute des explications de certaines expressions ou coutumes juives dont ils auraient besoin. Alors que les autres Évangiles se réfèrent 35 fois à la Loi de Moïse, Marc ne la mentionne pas explicitement une seule fois. Le mot « prophète » ne paraît que rarement dans Marc, alors que Matthieu l’emploie 17 fois.

Non seulement les premiers lecteurs, mais les témoins (Matthieu, Pierre, Jean) avaient des perspectives différentes. Trois ou quatre témoins d’un même événement relatent souvent des détails différents, selon ce qui a frappé ou retenu l’intérêt de chacun. Il ne s’agit pas de contradictions, mais d’une simple confirmation de l’indépendance de chacun des auteurs. Matthieu et Luc ne copiaient pas servilement l’ouvrage de Marc.

Quelques sources de contradictions apparentes

La nature du langage

Chaque langue humaine a ses points forts et ses faiblesses, et quand on traduit un texte d’une langue à une autre, il est parfois difficile de communiquer toutes les nuances de l’original ou, par contre, de préserver son caractère obscur et imprécis.

Comment de telles différences peuvent-elles donner la fausse impression que la Bible se contredit ? Prenons un exemple très simple. Lorsque Saul de Tarse se dirigeait vers Damas pour y persécuter des chrétiens, une lumière venant du ciel resplendit autour de lui, et le Seigneur ressuscité lui parla. Selon Actes 9.7, « les hommes qui l’accompagnaient demeurèrent stupéfaits ; ils entendaient bien la voix, mais ils ne voyaient personne ». Cependant, lorsque Saul (l’apôtre Paul) racontait plus tard son expérience, il dit : « Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui parlait » (Actes 22.9, Segond, 1910). La « contradiction » disparaît lorsqu’on tient compte d’un aspect de la grammaire grecque : l’emploi du génitif dans le premier passage et de l’accusatif dans le deuxième. Avec le génitif, « entendre » signifie que l’oreille perçoit des sons, sans indiquer si la personne comprend ce qu’elle entend ou pas ; avec l’accusatif, le même verbe décrit l’action d’entendre et précise que la personne comprend le message prononcé. Il n’y a donc pas de conflit entre Actes 9.7 et 22.9.

Les mêmes noms pour désigner différentes personnes (ou lieux) et différents noms pour désigner les mêmes personnes

Selon Actes 12.1,2, « vers le même temps, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques membres de l’Église, et il fit mourir par l’épée Jacques, frère de Jean ». Par contre, trois chapitres plus tard, l’auteur des Actes dit que Jacques était bien en vie et qu’il participa à une discussion entre les apôtres et les anciens à Jérusalem. Comment pouvait-il être mort et vivant en même temps ? La réponse évidente est que Luc écrit au sujet de deux hommes différents qui portaient tous les deux le nom de Jacques. Celui qui fut mis à mort était le frère de Jean (Actes 12.2), le fils de Zébédée. Celui dont il est question en Actes 15 était le frère de Jésus (Gal. 1.19; Matt. 13.55; Actes 12.17). Le nom Jacques figure 42 fois dans le Nouveau Testament, mais il faut garder à l’esprit qu’il se réfère à quatre hommes différents.

De l’autre côté, une même personne pouvait être désignée par des noms différents. Parfois il est simplement question d’orthographe. Par exemple, Abija est une variante d’Abijam, Micaja est une variante de Maaca, et Abisalom est une variante d’Absalom (1 Rois 15.1,2; 2 Chr. 13.1,2). Il n’y a aucune raison de lire ces passages et conclure qu’il y a contradiction. (Notez en plus que le terme « fils de » ou « fille de » renvoyait parfois au parent direct, et parfois à un ancêtre plus célèbre. Voir, par exemple, 2 Sam. 1.24.) Et en dehors des questions de différentes orthographes, certains personnages bibliques sont désignés par plus d’un nom : Jacob/Israël, Ésaü/Édom, Simon/Pierre/Céphas, Joseph/Barnabas, Matthieu/Lévi, etc.

Différentes méthodes pour compter le temps

Plusieurs passages disent que Jésus ressusciterait le troisième jour (Matt. 17.23; Luc 9.22; 1 Cor. 15.4; etc.), alors que d’autres textes semblent indiquer que ce serait après trois jours, ou qu’il passerait trois jours et trois nuits dans le tombeau (Marc 8.31; 9.31; Matt. 12.40; etc.). Pour le lecteur moderne, cela présente une contradiction, mais selon la manière de compter le temps à l’époque, les deux façons de s’exprimer étaient valables. Selon une citation du rabbi Eleazar ben Azariah dans le Talmud de Jérusalem (vers 100 apr. J.‑C.), « un jour et une nuit sont un onah (une période de temps) et la portion d’un onah est comme l’onah entier ». Des exemples de cette manière de parler du temps se trouvent tout au long de la Bible (par ex. Genèse 42.17,18; 1 Samuel 30.12,13; Esther 4.16 et 5.1; 2 Chroniques 10.5,12; etc.). Un exemple moderne serait la manière des hôtels de faire payer les clients : celui qui arrive et s’inscrit à la réception à 20 h 30 un mercredi et qui libère la chambre jeudi à 17 h 30 doit payer deux nuitées. Puisqu’il n’a pas libéré la chambre avant l’heure obligatoire de 11 h, il sera facturé pour deux jours entiers, alors que son séjour a duré moins de 24 heures. En parlant de la prophétie de Jésus concernant sa résurrection, les pharisiens avaient compris Jésus et employèrent la même sorte de langage :

« Seigneur, nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore : « Après trois jours je ressusciterai. » Ordonne donc que le tombeau soit gardé jusqu’au troisième jour. » (Matthieu 27.63,64)

Des erreurs des copistes ou des manuscrits endommagés

Certaines divergences d’une importance mineure peuvent être attribuées aux « fautes de frappe » commises par ceux qui recopiaient les textes bibliques à la main au cours des siècles. Or, il est important de souligner que personne ne prétend que les copistes et les traducteurs sont inspirés de Dieu comme l’étaient les auteurs des livres qui composent la Bible. Les scribes étaient remarquablement exacts et minutieux dans ce qu’ils faisaient, mais leur travail n’est pas infaillible. Ceci est évident surtout quand il s’agit des noms propres et des chiffres, car certains caractères se ressemblaient beaucoup. Ainsi, l’on trouve parfois un cas comme ce qui suit. 1 Chroniques 18.3 dit : « David battit Hadarézer, roi de Tsoba, vers Hamath, lorsqu’il alla établir sa domination sur le fleuve de l’Euphrate. » Par contre, 2 Samuel 8.3 dit : « David battit Hadadézer, fils de Rehob, roi de Tsoba, lorsqu’il alla rétablir sa domination sur le fleuve de l’Euphrate. » Il s’agit évidemment du même roi vaincu dans ces deux textes, bien que les noms diffèrent légèrement. Les lettres « r » et « d » se distinguent facilement l’une de l’autre en français, mais ce n’est pas du tout le cas en hébreu. Un scribe a dû se tromper en copiant le nom. Cela ne porte pas atteinte à l’inspiration de la Bible, et il est clair qu’une telle erreur ne change nullement son contenu doctrinal.

Conclusion

L’espace ne permet pas de détailler toutes les prétendues contradictions dans la Bible, ni même toutes les sortes de supposés conflits. Des livres volumineux ont été écrits pour répondre à tous les cas cités par ceux qui mettent en doute l’exactitude de la Bible. Mais des considérations telles que nous venons de voir permettent de résoudre la plupart des problèmes et de nous rassurer que des explications existent, même si nous ne les connaissons pas. Terminons avec cette pensée du Professeur W. Arndt, auteur du livre, Does the Bible Contradict Itself ? (La Bible se contredit-elle ?)

« Lorsque nous rencontrons une contradiction apparente dans la Bible que nous n’arrivons pas à résoudre, nous ne devons pas conclure qu’un décalage réel ait été découvert. Bien que nous soyons incapables de balayer une certaine difficulté, cela ne prouve pas que personne d’autre ne puisse trouver une explication plausible. Notre connaissance est imparfaite, notre expérience est limitée et nous manquons parfois de recul. Quelle folie pour un homme de déclarer que ce qui lui paraît difficile ou impossible à comprendre doit forcément l’être pour tout le monde ! Certaines choses qui confondaient nos pères ne nous laissent pas perplexes aujourd’hui. Il se peut que des générations futures n’aient aucun problème pour résoudre certaines difficultés qui nous troublent actuellement. »

« La Bible, tant de fois battue, haïe, moquée – malgré les coups qui pleuvent, tonnent et fulminent, l’enclume est intacte… les marteaux sont brisés. »

B. B.
(Dans Vol. 19, No. 6)

Chacun a-t-il droit à sa propre moralité ?

Quand il est question de moralité, le point de vue relativiste est très populaire de nos jours. Les gens pensent que le bien et le mal varient selon la société, l’époque, la situation ou la personne. Certains non-croyants vont jusqu’à nier le concept du Bien et du Mal. La moralité est-elle donc relative ? Ou bien, peut-on parler de principes moraux qui sont éternels et universels, des règles auxquelles toute personne devrait obéir ?

Aucun principe moral universel ?

Chez les non-croyants on trouve des individus qui prétendent que le Bien et le Mal n’existent pas en réalité. Si l’univers n’était que matériel, si l’homme n’était qu’une collection fortuite de molécules, une telle conclusion ne serait pas déraisonnable. Les valeurs morales n’existeraient pas sans Dieu et sans la certitude que « Dieu amènera toute œuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal » (Ecclésiaste 12.16).

D’autres athées disent qu’ils n’ont pas besoin de Dieu pour être bons. Il est vrai que beaucoup de personnes qui disent ne pas croire en Dieu cherchent tout de même à être intègres, à exercer la compassion, à garder du respect pour les autres, etc. Mais ils n’ont pas d’argument convaincant pour prouver que les autres devraient vivre selon cette même moralité. En effet, il n’y a aucune raison logique qui justifie le passage de la déclaration « Cette action fera du mal à autrui » à la déclaration « Je ne devrais pas agir de cette façon ».

Plusieurs grands penseurs athées ont reconnu que les valeurs morales objectives ne sont pas possibles dans un monde purement matériel. Jean-Paul Sartre, par exemple, écrivit :

« Et lorsqu’on parle de délaissement, […] nous voulons dire seulement que Dieu n’existe pas, et qu’il faut en tirer jusqu’au bout les conséquences. L’existentialiste est très opposé à un certain type de morale laïque qui voudrait supprimer Dieu avec le moins de frais possible. Lorsque, vers 1880, des professeurs français essayèrent de constituer une morale laïque, ils dirent : “[…] Rien ne sera changé si Dieu n’existe pas ; nous retrouverons les mêmes normes d’honnêteté, de progrès, d’humanisme, et nous aurons fait de Dieu une hypothèse périmée qui mourra tranquillement et d’elle-même.” L’existentialiste, au contraire, pense qu’il est très gênant que Dieu n’existe pas, car avec lui disparaît toute possibilité de trouver des valeurs dans un ciel intelligible ; il ne peut plus y avoir de bien a priori, puisqu’il n’y a pas de conscience infinie et parfaite pour le penser ; il n’est écrit nulle part que le bien existe, qu’il faut être honnête, qu’il ne faut pas mentir, puisque précisément nous sommes sur un plan où il y a seulement des hommes. Dostoïevsky avait écrit : “Si Dieu n’existait pas, tout serait permis.” » (L’existentialisme est un humanisme)

L’athée célèbre Richard Dawkins a dit :

« L’univers que nous observons a précisément les traits auxquels on s’attendrait s’il n’y avait, au fond, aucun dessein, aucun but (c.-à-d. aucun Dieu), aucun mal, aucun bien, rien sauf de l’indifférence impitoyable […] Il est assez difficile de défendre une moralité absolue sur une base qui n’est pas religieuse. » (The God Delusion)

Ces observations posent un problème sérieux, car il est évident à toute personne honnête que certaines valeurs morales existent et sont même absolues. Un vrai relativiste moral serait obligé de rejeter les idées suivantes :

  • La cruauté pour le plaisir d’être cruel est un mal.
  • Torturer un autre pour s’amuser est un mal.
  • Le viol et la génocide sont immoraux.
  • La compassion est une vertu.
  • Les parents devraient prendre soin de leurs enfants.

C. S. Lewis était un athée qui devint non seulement croyant, mais grand défenseur de la foi chrétienne. Ses réflexions sur le sens du Bien et du Mal, qui est inné chez les êtres humains de tous les pays et tous les siècles, l’ont mis sur le chemin de la foi au Dieu de la Bible. Il commença le premier chapitre de son livre, Les fondements du christianisme, de cette manière :

« Vous est-il arrivé d’entendre des gens se quereller ? C’est quelquefois amusant, mais parfois franchement déplaisant. Quelle que soit l’impression produite, nous pouvons tirer grand profit de ces disputes. En effet, n’entendons-nous pas tous les jours des gens éduqués ou frustres, enfants comme adultes, s’insurger ainsi : “Aimeriez-vous que l’on agisse de même à votre égard ?… C’est ma chaise, j’y étais avant toi… Laissez-le tranquille, il ne vous a rien fait… De quel droit jouez-vous des coudes pour doubler tout le monde ?… Donnez-moi un peu de votre orange, je vous ai bien donné quelques quartiers de la mienne… Venez donc, vous l’avez promis…”

Or, ce qui rend ces polémiques intéressantes, c’est que le plaignant n’implique pas seulement que la conduite de son interlocuteur ne lui convient pas. Il en appelle aussi à un modèle de conduite que son vis-à-vis ne devrait pas ignorer. Et il est bien rare que l’autre réplique : “Allez au diable avec votre code.” Presque toujours il essaie de se justifier ; non pas en mettant en question la norme admise, mais en avançant une excuse particulière. Dans chaque cas, il se réfugie derrière quelque raison spéciale : la personne qui avait occupé le siège n’y avait pas droit ; les conditions dans lesquelles on lui avait donné un morceau d’orange étaient tout à fait différentes ; un événement fortuit l’empêchait de tenir sa promesse. Il semble, en fait, que les deux parties aient à l’esprit une sorte de loi ou de règle morale sur laquelle ils se basent. Et c’est bien vrai. Si ce n’était pas le cas, ils auraient beau se battre comme des bêtes, ils ne pourraient pas se quereller au sens humain du terme, c’est-à-dire chercher à prouver que l’autre a tort. Agir de la sorte n’aurait aucun sens si l’un et l’autre n’étaient à peu près d’accord sur la notion du Bien et du Mal. »

Plus loin il termine le chapitre en soulignant deux points :

« En premier lieu, que les êtres humains par toute la Terre ont cette curieuse idée d’un code de conduite pré-étabi qu’ils ne peuvent ignorer. Deuxièmement, qu’en réalité, ils n’agissent pas conformément à ce code. Ils connaissent la Loi et la transgressent. Ces deux constatations sont le fondement de toute réflexion lucide sur nous-mêmes et sur l’univers dans lequel nous vivons. »

Dans un autre ouvrage, L’abolition de l’homme, Lewis démontre par des citations tirées de la littérature égyptienne, nordique, chinoise, grecque, babylonienne, hébraïque, hindoue et latine, et même de la sagesse des indigènes de l’Australie et de l’Amérique du Nord, que les mêmes valeurs morales ont été reconnues partout au monde tout au long de l’histoire humaine. Les différences d’une culture à une autre en matière de morale sont beaucoup moins importantes qu’on ne les pense.

La loi écrite dans le cœur

Tout cela s’accorde bien avec ce que l’apôtre Paul écrit en Romains 2.14-16, parlant de ceux qui n’avaient pas reçu de révélation écrite de la part de Dieu, telle que la Loi de Moïse :

« Quand les païens qui n’ont point la loi font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont une loi pour eux-mêmes, bien qu’ils n’aient point la loi ; ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leurs cœurs, leur conscience en rendant témoignage et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. C’est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes. »

Les non-croyants relativistes disent parfois que toutes les valeurs morales sont égales, n’étant en fin de compte que des conventions, des préférences d’une personne ou d’une société. Mais la plupart d’hommes ont du mal à admettre dans leur cœur que les actions d’Adolph Hitler, Pol Pot, ou Idi Amin n’étaient pas objectivement condamnables. Pourquoi ne disent-ils pas que ces dictateurs sanglants ont simplement fait des choix que les autres n’aimaient pas, mais qu’on ne peut pas qualifier de mauvaises sur le plan moral ? Ils ne le disent pas parce qu’ils savent au fond d’eux-mêmes que le Bien et le Mal existent et que ces hommes ont violé une règle absolue, une loi morale que l’être humain n’a ni inventée ni imaginée. Ils le savent parce que Dieu a donné ce sens inné aux hommes. Les valeurs universelles existent bel et bien. (Et pour ceux qui veulent le reconnaître, ce sens indéniable du Bien et du Mal est l’une des preuves de l’existence de Dieu.)

Une éthique de situation

Beaucoup de gens aujourd’hui préconisent une moralité qui est relativiste mais qui admet l’idée que le Bien et le Mal existent. Ils ne rejettent pas forcément la foi en Dieu ou l’idée que nous serons tenus pour responsables de nos choix moraux. Pas mal de chrétiens adoptent ce point de vue, consciemment ou inconsciemment. On l’appelle parfois l’éthique de situation.

Cette option maintient que la moralité d’une action dépend entièrement de la situation et qu’aucune action n’est mauvaise en soi. La motivation de la personne qui pose l’acte et le résultat final de l’acte sont les facteurs essentiels. Si l’on agit par « l’amour » et si le fruit de l’acte est positif, il ne peut y avoir de condamnation. (La fin justifie les moyens, selon ce point de vue.) Selon ces personnes, aucun code moral ne pourrait s’appliquer à toutes les diverses situations possibles dans la vie. On propose de nombreuses situations hypothétiques pour justifier cette position. On parle, par exemple, du cas d’une femme injustement détenue qui se fait enceinter par un gardien de prison pour profiter d’un règlement qui permettait la libération des femmes enceintes. Puisqu’elle agissait par amour pour sa famille, qui veut, bien sûr, qu’elle puisse la rejoindre, son péché d’adultère ne serait plus compté comme péché. Tout dépend des circonstances et des mobiles.

Peter Kreeft répond ainsi à l’éthique de situation :

« La moralité est bien conditionnée, ou partiellement déterminée, par les situations et les mobiles, mais elle n’est pas entièrement déterminée par ces choses. La moralité traditionnelle (soutenue par le bon sens plutôt que la philosophie) tient compte de trois déterminants moraux, trois facteurs qui permettent de déterminer si un acte précis constitue du bien ou du mal sur le plan moral : la nature de l’acte, la situation et la motivation. En d’autres termes, ce que tu fais ; quand, où et comment tu le fais ; et pourquoi tu le fais. Il est vrai que faire la bonne chose dans la mauvaise situation ou pour une mauvaise raison n’est pas bon. Faire l’amour à votre femme est bien, mais le faire quand c’est dangereux pour des raisons médicales ne l’est pas. L’acte est moral, mais non dans cette situation. Donner de l’argent aux pauvres est une bonne action, mais donner pour se faire remarquer n’est pas bon. L’acte est bon, mais la motivation non.

Cependant, il faut un acte avant qu’il ne puisse être qualifié par des mobiles subjectifs ou des situations relatives. C’est un facteur très pertinent.

Ainsi, la bonne moralité exige que tu fasses ce qui est bien, l’acte même ; et que tu aies une raison valide, une bonne motivation ; et que tu le fasses de la bonne manière, la situation. En outre, les situations, bien que relatives, sont objectives et non subjectives. Et les mobiles, bien que subjectifs, sont à évaluer par des principes moraux qui sont absolus […] Et le fait que les mêmes principes doivent s’appliquer à différentes situations suppose la validité de ces principes. » (peterkreeft.com)

De nombreux récits bibliques nous présentent des hommes de foi qui auraient pu facilement considérer que les situations dans lesquelles ils se trouvaient leur donnaient le droit de mettre de côté certains commandements. Daniel et ses trois amis étaient captifs, contraints de servir dans la cour du roi babylonien. Quand on voulait qu’ils se nourrissent d’aliments que Dieu avait défendus aux Juifs, ces jeunes hommes auraient pu se dire qu’ils n’avaient pas de choix et que ce ne serait pas de toute façon une faute grave. Mais « Daniel résolut de ne pas se souiller par les mets du roi », et Dieu le bénit (Dan. 1). Plus tard, le roi ordonna à Shadrach, Méschac et Abed-Nego d’adorer son image, sinon ils seraient jetés dans une fournaise ardente. Ils auraient pu justifier l’acte en se disant que Dieu connaissait leur cœur et qu’il savait qu’ils n’adoraient pas l’idole de leur plein gré, mais ils étaient prêts à mourir au lieu de déshonorer leur Dieu (Dan. 3). Leur courage et fidélité nous servent de modèle (Héb. 11.32-40). Il y a, par contre, des exemples négatifs où des individus désobéirent à des commandements de Dieu et furent punis, malgré leurs bonnes intentions (1 Chr. 13, 15).

L’amour et la loi, l’esprit et la lettre

Il y a une tendance malheureuse, même chez de nombreux chrétiens, à minimiser la nécessité d’obéir aux commandements de Dieu. On met parfois l’amour en opposition à la loi. Mais pour Dieu, l’amour qu’il demande et les commandements qu’il donne ne sont pas en conflit. Au contraire, c’est uniquement en nous référant à ses lois que nous pouvons savoir ce que l’amour pour Dieu et l’amour du prochain exige dans une situation donnée. Lorsque l’apôtre Paul écrit en Romains 13.10 : « L’amour ne fait point de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi », il ne voulait pas dire qu’il est possible d’aimer son prochain tout en délaissant la loi de Dieu. Il veut dire que, quand on agit réellement selon l’amour, on agit forcément en harmonie avec la loi. On ne convoite pas et ne vole pas les biens du prochain, on ne séduit pas sa femme, on ne le tue pas, on ne lui ment pas, etc. Ce n’est pas seulement l’amour du prochain qui dépend du respect des commandements de Dieu ; l’amour pour Dieu lui-même en dépend. « L’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jean 5.3).

Mais certains ont l’idée erronée qu’il est parfois nécessaire de violer « la lettre de la loi » afin d’en respecter l’esprit. Ils citent les paroles de Paul en 2 Corinthiens 3.6, où il dit que « la lettre tue, mais l’esprit vivifie ». Ils supposent que « la lettre » se réfère aux commandements de Dieu et le souci de les respecter scrupuleusement, peut-être en suivant une interprétation trop littérale, alors que « l’esprit » se réfère à l’intention générale de celui qui a fait la loi et une attitude de souplesse dans son application. Ceux qui pensent ainsi minimisent généralement l’importance de l’obéissance aux commandements.

Certes, il ne faut interpréter les Écritures ni de manière à déformer le sens des mots ni de manière à contourner l’intention manifeste du Seigneur. (Il est possible, voire nécessaire, de respecter « la lettre » et « l’esprit ».) Mais ce n’est pas de ce sujet que le texte parle en 2 Corinthiens 3. Quand on lit tout le passage, depuis le verset 6 jusqu’au verset 11, il devient clair que l’apôtre ne compare pas une approche stricte et une approche souple dans l’interprétation des commandements ; il compare deux alliances, la loi mosaïque et l’Évangile. La loi de Moïse (« gravée avec des lettres sur des pierres ») était un « ministère de la condamnation ». Elle avait pour rôle de faire comprendre à l’homme son état pécheur et son besoin du Sauveur. Le « ministère de l’esprit », l’Évangile, avait pour rôle la réconciliation et la justification. L’ancienne alliance tuait, car elle condamnait le pécheur, mais ne contenait pas de provision capable d’enlever sa culpabilité. La nouvelle alliance vivifie, car elle nous purifie par le sang de Christ si nous obéissons à la Bonne Nouvelle et continuons de marcher dans la lumière (1 Jean 1.7).

Une lampe à mes pieds

Parlons donc de ces principes moraux, qu’on peut appeler aussi des lois ou des commandements. On les connaît naturellement, de façon innée, comme nous l’avons vu. Ils nous ont été communiqués de manière beaucoup plus explicite, claire et exacte grâce à la révélation que Dieu a donnée à l’humanité dans sa Parole, la Bible. En Psaume 119.105 nous lisons : « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier. » Elle nous permet de bien choisir les actes que nous devons poser, même quand nos désirs, nos passions ou les pressions exercées par les autres pourraient obscurcir notre jugement.

Certaines personnes nous disent qu’il faut toujours écouter son cœur, mais notre cœur est capable de nous égarer. « Rien n’est plus trompeur que le cœur humain » (Jérémie 17.9, FC). En suivant leur cœur, leurs propres raisonnements humains, des gens qui prétendent servir Dieu se justifient tout en violant leurs vœux solennels de mariage. Une telle personne se dit, par exemple : « Dieu veut sûrement que je sois heureux, mais comment pourrais-je être heureux si je reste avec celui (ou celle) que je n’aime plus ? Je vais divorcer d’avec mon conjoint et en épouser un autre. Dieu comprendra. » Le Seigneur a pourtant dit clairement ce qu’il pense du divorce (Mal. 2.14-16; Matt. 5.31,32; 19.3-9). Un voleur, pour citer un autre exemple, se justifiera en disant que sa victime a plus qu’il ne lui faut, alors que lui, le voleur, en a plus besoin que le propriétaire. Dieu veut qu’il y ait justice et égalité, n’est-ce pas ? La Bible dit, par contre : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus ; mais plutôt qu’il travaille, en faisant de ses mains ce qui est bien, pour avoir de quoi donner à celui qui est dans le besoin » (Éph. 4.28). Beaucoup justifient leurs mensonges, en disant qu’ils sont obligés de mentir pour ne pas blesser une autre personne, pour ne pas perdre de l’argent, pour avoir un visa, pour aider un ami, etc. Mais la Parole de Dieu nous dit sans détour : « Tous les menteurs auront leur part dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort » (Apoc. 21.8).

Voilà pourquoi la Bible avertit à maintes reprises : « Ne vous trompez pas ! » Elle conseille d’obéir scrupuleusement aux commandements de Dieu.

« Vous n’ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris… Vous ferez avec soin ce que l’Éternel, votre Dieu, vous a ordonné ; vous ne vous en détournerez ni à droite ni à gauche… Prenez à cœur toutes les paroles que je vous supplie aujourd’hui de recommander à vos enfants, afin qu’ils observent et mettent en pratique toutes les paroles de cette loi. Car ce n’est pas une chose sans importance pour vous ; c’est votre vie. » (Deut. 4.2; 5.32; 32.46,47)

Jésus, qui est notre modèle, n’a jamais cherché à contourner les ordres de Dieu. Il dit :

« Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé… Je ne fais rien de moi-même, mais […] je parle selon ce que le Père m’a enseigné. Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable… Je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père, qui m’a envoyé, m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et annoncer. Et je sais que son commandement est la vie éternelle. C’est pourquoi les choses que je dis, je les dis comme le Père me les a dites. » (Jean 5.30; 8.28,29; 12.49,50)

Voilà l’attitude que nous devons imiter. Comme Jésus, nous devons être « fidèles jusqu’à la mort » (Apoc. 2.10).

Les principes du Bien et du Mal existent, qu’on le veuille ou pas. Ces lois morales nous viennent de la part de Dieu lui-même. Elles s’appliquent à chaque personne et chaque situation, et elles ne changent pas. Non, elles ne sont pas toujours faciles à respecter, mais elles sont néanmoins le seul guide infaillible pour diriger le sens de nos pas.

B. B.
(Dans Vol. 18, No. 3)

La patience et l’impatience de Job

La souffrance vient tôt ou tard dans la vie de presque chaque personne : la maladie ou l’infection qui produit la douleur physique, la perte d’un bien-aimé ou la solitude écrasante, la déception de se voir une fois de plus privé de ce qu’on a tant désiré, que ce soit un enfant, un emploi, la guérison, ou l’approbation. Certaines souffrances sont intenses mais de courte durée ; d’autres sont moins aiguës mais plus persistantes – soit elles sont là continuellement, soit elles ne cessent jamais de revenir pour nous tourmenter quand nous pensions en être délivrés.

Quand il est question de supporter avec patience la souffrance ou l’épreuve, on pense souvent à l’exemple de Job. L’Épître de Jacques le cite comme modèle : « Voici, nous disons bienheureux ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job » (Jacques 5.11). Mais Job a quand même lutté avec le problème de la souffrance. Quelles leçons en a-t-il tirées ?

Permettons à la Bible (principalement la Bible en français courant) de nous raconter son histoire à partir de Job 1.1 :

« Il y avait au pays d’Uts un homme du nom de Job. Cet homme était irréprochable, droit, fidèle à Dieu et se tenait à l’écart du mal. Il était père de sept fils et de trois filles ; il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs et cinq cents ânesses, ainsi que de nombreux domestiques. C’était le personnage le plus considérable à l’est de la Palestine. »

Satan lance le défi

« Or un jour le Satan, l’accusateur, se présenta [devant Dieu]. Le Seigneur lui demanda : « D’où viens-tu donc ? »

L’accusateur répondit au Seigneur : « Je viens de faire un petit tour sur terre.

— Tu as sûrement remarqué mon serviteur Job, dit le Seigneur. Il n’a pas son pareil sur la terre. C’est un homme irréprochable et droit ; il m’est fidèle et se tient à l’écart du mal.

— Si Job t’est fidèle, répliqua l’accusateur, est-ce d’une manière désintéressée ? N’est-il pas évident que tu le protèges de tous côtés, comme par une clôture, lui, sa famille et ses biens ? Tu as si bien favorisé ce qu’il a entrepris, que ses troupeaux sont répandus sur tout le pays. Mais ose toucher à ce qu’il possède, et je parie qu’il te maudira ouvertement ! » »

Pour beaucoup de personnes, l’accusation de Satan serait exacte : c’est bien par intérêt qu’ils servent Dieu. Après tout, dans beaucoup de religions traditionnelles en Afrique et ailleurs dans le monde, on abandonne ses dieux, ses fétiches ou ses idoles, quand on n’obtient pas ce que l’on désire, et on opte pour d’autres dieux qui, eux, permettront réellement d’obtenir les bonnes récoltes, la guérison, et la protection du malheur. La fidélité dans ces cas dépend de la satisfaction des attentes de l’adorateur.

Quand, par contre, on agit d’une manière désintéressée, on fait ce qu’on fait parce qu’il est juste de faire ainsi. Il est du devoir des enfants de s’occuper de leurs parents âgés, mais il y a des enfants handicapés mentalement ou physiquement qui ne pourront jamais remplir cette fonction. Certains parents de personnes handicapées, voyant qu’ils ne pourront pas recevoir grand-chose de leurs enfants, les négligent. Cela est condamnable. D’autres, par contre, s’occupent de ces pauvres enfants avec amour et dévouement, sachant parfaitement qu’ils seront à leur charge toute leur vie et ne pourront jamais leur donner en retour. Ils s’en occupent, non par intérêt, mais parce que l’amour le demande. De même, certains enfants adultes négligent ou traitent abusivement leurs parents, surtout quand ces derniers n’ont rien à leur donner. Ils devraient les traiter avec honneur simplement parce qu’il est juste de respecter ses parents.

Dieu est, bien sûr, notre Créateur. Il est de plein droit le Souverain de l’univers. Nous devrions lui obéir et le respecter profondément parce qu’il est juste de le faire, parce qu’il en est digne, et parce que nous sommes ses créatures. Beaucoup tombent dans l’erreur d’adorer Dieu tout simplement pour recevoir ce qu’ils désirent.

L’épreuve commence

« Le Seigneur dit à l’accusateur : « Eh bien, tu peux disposer de tout ce qu’il possède. Mais garde-toi de toucher à lui-même. »

Alors l’accusateur se retira hors de la présence du Seigneur.

Un jour […] un messager arriva chez Job pour lui annoncer : « Les bœufs étaient en train de labourer, et les ânesses se trouvaient au pré non loin de là, quand des Sabéens se sont précipités sur eux et les ont enlevés, passant tes serviteurs au fils de l’épée. J’ai été le seul à pouvoir m’échapper pour t’en avertir. » »

D’autres messagers suivent le premier pour annoncer à Job qu’il a perdu d’un seul coup le reste de ses biens : ses moutons, ses chameaux et les serviteurs qui s’en occupaient.

« Puis un autre arriva pour annoncer : « Tes enfants étaient occupés à manger et boire chez leur frère aîné, quand un ouragan survenant du désert a heurté violemment les quatre coins de la maison ; les jeunes gens sont morts sous les décombres. »

Alors Job se leva, il déchira son manteau, se rasa la tête et se jeta à terre, le front dans la poussière ; il déclara : « J’étais nu quand je suis venu au monde, c’est nu aussi que je le quitterai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. Je n’ai qu’à remercier le Seigneur. »

Dans tous ces malheurs Job n’attribua rien d’injuste à Dieu. »

Voici la réaction qui fit la réputation de Job. Job reconnut que Dieu était, en fin de compte, le maître du monde et celui qui détermine les circonstances de vie de chaque être humain. Il n’accuse ni le hasard aveugle, ni les hommes (les Sabéens), ni l’injustice de Dieu. Il accepte simplement ce que Dieu a décidé.

L’épreuve se poursuit

Dans le second chapitre du livre, Satan se présente de nouveau devant Dieu, qui lui fait remarquer au sujet de Job :

« « Il m’est fidèle et se tient à l’écart du mal. Il est resté irréprochable. C’est donc pour rien que tu m’as poussé à lui faire du tort. » Mais l’accusateur répliqua : « […] Tout ce qu’un homme possède il le donnera pour sauver sa peau. Mais ose toucher à sa personne et je parie qu’il te maudira ouvertement. » Le Seigneur dit à l’accusateur : « Eh bien, tu peux disposer de lui, mais non pas de sa vie. »

Alors l’accusateur se retira hors de la présence du Seigneur. Il frappa Job d’une méchante maladie de peau, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet du crâne. Job s’assit au milieu du tas des cendres et ramassa un débris de poterie pour se gratter.

Sa femme lui dit : « Maudis Dieu, et meurs !

— Tu parles comme une femme privée de bons sens, lui répondit Job. Si nous acceptons de Dieu le bonheur, pourquoi refuserions-nous de lui le malheur ? »

Dans cette nouvelle épreuve Job ne pécha point par ses lèvres. »

Pour Job, il ne serait pas normal de se soumettre à Dieu uniquement quand il nous accorde les bonnes choses que voulons dans la vie (cf. Habacuc 3.17,18). Ce n’est pas que nous avons droit à ces choses. Nous sommes de simples créatures et ne pouvons pas exiger quoi que ce soit du Créateur. Même si nous avions eu le droit d’attendre de bonnes choses de la part de Dieu, nous aurions perdu ce droit par notre péché et notre rébellion. Et tous ont péché (Rom. 3.23). En réalité, toutes les choses agréables que Dieu nous accorde sont tout simplement des grâces que nous n’avons pas méritées.

Job réussit donc à l’épreuve. Au moins pour un temps. Mais son attitude finit par changer.

« Trois amis de Job apprirent les malheurs qui lui étaient arrivés. C’étaient Éliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama. Ils vinrent de chez eux et se mirent d’accord pour lui manifester leur sympathie et le réconforter. En le regardant de loin, ils le trouvèrent méconnaissable. Alors ils ne purent retenir leurs larmes ; ils déchirèrent leurs manteaux et jetèrent en l’air de la poussière pour s’en couvrir la tête. Puis ils restèrent assis à terre avec Job pendant sept jours et sept nuits, sans rien lui dire, tant sa souffrance leur paraissait grande. »

Cette manifestation de solidarité avec leur ami souffrant était exemplaire. En effet, nous n’avons souvent pas de paroles pour consoler les affligés, mais notre présence à leurs côtés en dit long sur notre amour. Les trois amis de Job auraient mieux fait de garder ce silence réconfortant, parce que les paroles qu’ils ont prononcées par la suite n’ont fait qu’augmenter la souffrance de Job.

« Ta souffrance prouve que tu es coupable »

Éliphaz, Bildad et Tsophar avancent plusieurs idées sur la souffrance, mais ils sont d’accord que Job souffre parce que Dieu punit ses péchés. Voilà l’idée principale dans tous leurs discours. Si Job était réellement innocent, il ne serait pas si misérable.

Voici un petit échantillon de leurs paroles :

Éliphaz : « Cherche dans ton souvenir : quel est l’innocent qui a péri ? Quels sont les justes qui ont été exterminés ? Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice en moissonnent les fruits » (4.7,8). Sous-entendu : en voyant ce que tu es en train de récolter, nous savons ce que tu as dû semer.

Bildad : « Dieu renverserait-il le droit ? Si tes fils ont péché contre lui, il les a livrés à leur péché […] Ainsi arrive-t-il à tous ceux qui oublient Dieu » (8.3,4,13).

Tsophar : « Oh ! si Dieu voulait parler, […] tu verrais alors qu’il ne te traite pas selon ton iniquité » (11.5,6). En d’autres termes, Job, tu mérites encore pire que le châtiment que tu reçois de Dieu.

Évidemment, au lieu de consoler Job, leurs fausses accusations le blessèrent davantage. Job savait au fond de lui-même qu’il ne s’était pas rebellé contre Dieu. Il n’avait pas été injuste envers ses semblables. Il avait toujours eu de la compassion pour les malheureux. Il avait été intègre et droit. Il ne peut pas admettre que ces amis aient raison. Et pourtant, il ne trouve pas d’autre explication pour ce qui lui arrive. Sauf celle-ci :

« Dieu me traite injustement ! »

Oui, sous les attaques de ses trois amis, Job, cet homme patient et pieux, perdit sa patience proverbiale et devint violent dans ses propos à l’égard de Dieu :

« Lui qui m’assaille comme par une tempête,
Qui multiplie
sans raison mes blessures,
Qui ne me laisse pas respirer,
Qui me rassasie d’amertume
[…]
Suis-je innocent, il me déclarera coupable.
Innocent ! Je le suis ; mais je ne tiens pas à la vie,
Je méprise mon existence.
Qu’importe après tout ? Car, j’ose le dire,
Il détruit l’innocent comme le coupable […]
Mais
il se rit des épreuves de l’innocent. » (9.17-23)

Job accepte le même principe que ses amis : Dieu règne sur le monde, et en tant que Juge divin, il est censé punir la méchanceté et récompenser la justice. Job, tout comme ses amis, ignore l’idée d’une résurrection d’entre les morts, d’un jugement dernier, du paradis et de l’enfer. (Ce n’est que dans le Nouveau Testament que ces vérités sont clairement révélées. Deux Timothée 1.10 nous dit que Dieu « a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile ».) Pour Job et ses amis, la justice de Dieu doit donc s’administrer du vivant de chaque personne. Voilà pourquoi la souffrance d’un homme intègre comme Job présente un si grand dilemme. Voilà pourquoi Job tire la conclusion que Dieu n’est pas juste.

Un jeune sage prend la parole

Éliphaz, Bildad et Tsophar sont tous des hommes âgés, mais un quatrième, plus jeune, les écoute et se fâche finalement de leur façon de parler à Job. Il est, en plus, choqué par les propos de Job qui dit, en effet, qu’il ne sert à rien de servir Dieu. Le jeune homme Élihu entreprend donc de défendre l’honneur de Dieu.

Il rappelle que Dieu est souverain, et qu’il n’a pas de comptes à rendre, ni à Job ni à aucun homme (33.12,13). Il fait remarquer que Dieu n’a aucun motif pour être injuste, puisqu’il n’est endetté envers personne et que l’homme n’a aucun moyen de l’intimider ou d’acheter sa faveur (34.13,19). Il suggère que si les justes deviennent victimes de l’injustice ou de l’adversité, Dieu s’en sert, pas toujours pour les punir, mais pour les avertir et les amener à s’examiner et à éviter l’orgueil (36.8-10; voir aussi 2 Cor. 12.7 où l’apôtre Paul parle d’une « écharde dans la chair » qui lui fut donnée pour l’empêcher de s’enorgueillir). Élihu recommande l’humilité à celui qui est affligé. Même quand celui qui souffre n’a pas été parmi les plus méchants, quand il est conscient d’avoir essayé de faire ce qui est juste, il devrait se dire qu’il est bien possible qu’il ait pu pécher. Il a peut-être trop aimé le monde ; sans qu’il ne s’en rende compte, il s’est peut-être trop attaché à ses biens ou à ses amis ; peut-être qu’il mettait sa confiance en ce qu’il possédait plutôt qu’en Dieu qui donne tout. Dans de tels cas, il convient à l’homme de reconnaître que Dieu a le droit de châtier, de corriger, ou d’avertir, selon le besoin ; il convient de demander à Dieu de nous apprendre ce que nous ignorons (34.31,32). Enfin, Élihu ne dit pas, comme les autres, que Job souffre parce qu’il a péché ; il lui dit plutôt : « Attention, Job. Tu pèches parce que tu souffres. C’est-à-dire dans ton affliction tu dis des choses à l’égard de Dieu et manifestes des attitudes qui ne sont pas justes. » « Garde-toi de te livrer au mal, car la souffrance t’y dispose » (36.21).

Le Tout-Puissant intervient

Finalement, vers la fin du livre, Dieu lui-même prend la parole et demande à Job : « Qui es-tu pour oser rendre mes plans obscurs à force de parler de ce que tu ignores ? Tiens-toi prêt, sois un homme : je vais t’interroger, et tu me répondras » (38.2,3). Il poursuit avec une série de questions, au moyen desquelles le Seigneur dit essentiellement à Job :

Je suis Dieu, et tu ne l’es pas. Tu n’as pas l’intelligence et le pouvoir que j’ai. Tu n’as pas créé l’univers et tu ne soutiens pas tout ce qui vit, comme je le fais. Tu n’es pas capable de maîtriser certaines de mes créatures ; à plus forte raison tu ne pourrais pas gérer le monde. C’est moi qui vois tout ce qui est caché. Tu n’es donc pas en mesure de comprendre ce que j’ai à faire, de me conseiller ou de me juger.

Job, le fait que tu souffres ne te donne pas le droit de me blâmer, et ne te dispense pas du devoir de t’approcher de moi dans l’humilité et la soumission. Je n’ai aucun besoin de me justifier devant un être humain, et je ne te donnerai pas d’explications simplement parce que tu en as réclamées.

« Alors Job répondit au Seigneur : « Je ne suis rien du tout. Que puis-je te répondre ? […] J’ai parlé d’un sujet trop ardu, je n’y comprenais rien et ne le savais pas ! […] Je reconnais avoir eu tort et m’humilie en m’asseyant dans la poussière et dans la cendre. » » (42.1-3,6)

Il faut reconnaître que malgré le reproche que Dieu a fait à Job pour ses propos trop hardis, Dieu savait que son serviteur avait quand même gardé son intégrité, et il lui a montré sa faveur. La douleur extrême, aggravée par les fausses accusations de ses amis, avait poussé Job à mal parler. Dieu lui pardonna ses propos, lui rendit la santé et la richesse, et lui donna d’autres enfants.

Ensuite Dieu reprit sévèrement les amis de Job qui avaient proclamé des faussetés à son égard. En effet, en affirmant à tort que Dieu récompense toujours et dans cette vie toutes les actions des hommes, on permet aux méchants qui jouissent de bonne santé et de prospérité de se justifier dans le mal, croyant que leurs circonstances agréables prouvent qu’ils ont l’approbation de Dieu. On révolte, par contre, la personne qui, comme Job, a essayé d’être fidèle à Dieu, mais qui se trouve dans l’affliction. Et on pousse d’autres personnes, celles qui observent les injustices dans le monde, à douter de l’existence même de Dieu, puisqu’on leur a fait croire que Dieu (s’il existait) ne permettrait jamais aux gens cruels de prospérer et aux innocents de souffrir.

Ni Job ni ses amis n’ont été mis au courant du défi de Satan et de l’épreuve dont Job faisait l’objet. Dieu n’a pas choisi de leur révéler tout cela, mais leur demandait plutôt de lui faire confiance. Nous aussi, nous ignorons souvent les raisons pour certains malheurs qui nous frappent. Nous devons nous rappeler que notre souffrance ne nous donne pas le droit d’accuser Dieu de mal faire. Mais en tant que chrétiens, nous avons des avantages par rapport à Job quand il nous faut vivre avec la souffrance.

La consolation en Jésus-Christ

Nous savons que Dieu a fixé un jour où il jugera les vivants et les morts (Actes 10.42; 17.31; 2 Thess. 1.6-10). Un jour la vraie justice sera administrée.

Nous savons que, quelle que soit la misère que nous supportions dans cette vie, nous pouvons dire avec l’apôtre Paul : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir » (Romains 8.18). La gloire éternelle attend le serviteur fidèle de Dieu, et cela change tout.

« Nous ne perdons pas courage […] parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles sont éternelles. » (2 Cor. 4.16,18)

L’affliction n’est jamais agréable, certes, mais « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu », même les souffrances (Rom. 8.28). Voir aussi Jacques 1.2-4; Héb. 12.10,11; Rom. 5.3,4.

Job croyait que Dieu s’était mis à le haïr. Nous avons l’assurance que, quoi qu’il arrive, Dieu nous aime. Il l’a prouvé une fois pour toutes. « Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5.8). Même quand nous ne comprenons pas ce qui nous arrive, nous ne doutons pas de l’amour de Dieu pour nous.

Jésus lui-même a souffert pour nous. Il comprend ce qu’est la douleur intense, sur le plan physique comme sur le plan émotionnel. Il ne reste pas détaché de nos souffrances et des injustices que nous subissons – il compatit (Héb. 2.14-18; 4.14-16). Il était parfaitement innocent, mais il a souffert plus que nous tous. Prenons-le donc comme modèle :

« Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l’âme découragée. » (Hébreux 12.3)

B. B.
(Dans Vol. 12, No. 3)

Foi et raison

Pourquoi la foi est-elle si importante ? La Bible dit en Hébreux 11.6 : « Sans la foi il est impossible de lui être agréable ; car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » Si nous n’avons donc pas la foi, nous ne pouvons jamais plaire à Dieu.

Mais que veut dire au juste le mot « foi » ? Tous n’ont pas la même idée quand ils parlent de la foi. Ce qui nous intéresse le plus, c’est de savoir ce que la Parole de Dieu entend quand elle dit que nous devons avoir « la foi », ou que nous devons « croire ».

Reconnaissons premièrement que la foi comporte deux aspects qui se complètent. L’accent est parfois mis sur un aspect ou sur l’autre, mais tous les deux sont nécessaires. Dans un sens, croire, c’est reconnaître ou être convaincu de la vérité d’une idée ; c’est croire que telle chose est vraie. Il s’agit du côté plus intellectuel de la foi. On sait, on connaît certaines choses par la foi. Le deuxième aspect devrait être une conséquence du premier. Si l’on est vraiment convaincu en ce qui concerne Dieu et sa parole, cela produira une sorte de confiance, qui s’exprime à son tour dans les actions. L’Épître de Jacques chapitre 2 parle donc d’une foi qui, n’étant pas accompagnée d’œuvres concrètes, est morte en elle-même. Une foi intellectuelle qui n’est pas complétée par la confiance et l’obéissance reste sans valeur.

Le premier aspect : la conviction

Nous venons de dire qu’on connaît certaines choses « par la foi ». On tient ces choses pour vraies ; on les croit. Or, dans la langue courante, le mot « croire » suggère parfois la présence d’un doute. Une définition du dictionnaire est « tenir quelque chose pour possible, probable ; penser ». Nous disons par exemple : « Je crois qu’il viendra », ou : « Je crois qu’il va pleuvoir demain. » Cela ne veut pas dire que l’on soit très sûr de ce que l’on dit. En fait, selon la manière d’insister sur le mot « croire », l’idée de doute peut peser plus que l’idée de conviction. On pourrait dire, par exemple : « Je le crois, mais je ne suis pas sûr. » Dans la Bible, cela n’est jamais le cas. Selon Hébreux 11.1 : « La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. » La traduction du Français courant est encore plus claire : « Avoir la foi, c’est être sûr de ce que l’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce qu’on ne voit pas. » Bibliquement parlant donc, dire que l’on croit telle chose, c’est prétendre savoir. Ce n’est pas suggérer l’incertitude.

Mais soulignons un autre fait concernant la foi, un fait que nous relevons de ce même verset en Hébreux : la foi se rapporte à quelque chose qu’on ne voit pas. Lisez encore Hébreux 11.1 : « Avoir la foi, c’est être sûr de ce que l’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce que l’on ne voit pas. » Les propos de l’apôtre Paul en 2 Corinthiens 5.7 enseignent le même principe : « Nous marchons par la foi et non par la vue. » Il y a, en effet, deux moyens différents de connaître quelque chose : par la foi ou par la vue. Soit nous tenons quelque chose pour vrai, parce que nous avons accepté un témoignage à cause de notre confiance à la source de ce témoignage (c’est-à-dire par la foi), soit nous tenons la chose pour vraie à cause de ce que nous avons vu personnellement de nos propres yeux. La plupart de ce que nous connaissons dans la vie, nous le connaissons par la foi. Nous avons accepté ce que d’autres personnes ont dit ou écrit parce que nous avons conclu que ces personnes sont dignes de notre confiance. Par exemple, je crois que le Japon est un pays réel, qu’il existe. Je ne l’ai pas visité. Je ne l’ai jamais vu de mes yeux. Mais j’accepte les témoignages de beaucoup de personnes qui prétendent être venues de ce pays ou qui prétendent l’avoir visité. Je n’ai absolument aucun doute concernant la réalité du Japon. Si vous me demandez comment je sais que le Japon existe, je dirai simplement que j’ai parlé avec des Japonais, j’ai lu des livres et des articles qui en parlent, j’ai regardé des reportages à la télévision, etc. J’ai confiance à ces sources de renseignements. Mais supposons qu’un jour j’aie l’occasion de monter dans un avion en partance pour Tokyo et que je passe un certain temps à découvrir le pays et sa culture. Par la suite, rentré chez moi, quelqu’un me demande comment je sais que le Japon existe. Je ne citerais plus les livres ou les reportages à la télé ; je dirais simplement que je sais que le Japon existe parce que je l’ai vu de mes propres yeux. Ce ne serait plus par la foi, mais par la vue. Ce n’est pas que ma connaissance serait plus certaine qu’avant ; mais elle n’aurait plus besoin de se baser sur les témoignages des autres.

Comment savez-vous que les micro-organismes existent et qu’ils peuvent vous rendre malades ? Comment savez-vous que les ondes radio existent et qu’elles sont le moyen par lequel vous entendez la musique de votre poste ? Comment savez-vous que Napoléon a vécu ou que la Révolution française a eu lieu ? Vous ne voyez aucune de ces choses de vos propres yeux. Vous les connaissez par la foi. Dans un sens réel, vous connaissez ces choses de la même manière que vous pouvez connaître que Jésus-Christ a vécu, qu’il a fait des miracles, qu’il a été crucifié au temps de l’Empire romain et qu’il est ressuscité d’entre les morts. C’est-à-dire, vous acceptez les témoignages de sources qui sont dignes de confiance. Ce n’est pas pour rien que la Bible nous dit en Romains 10.17 : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ. »

Le deuxième aspect : la confiance

Mais voyons le deuxième aspect de la foi, à savoir, la confiance. La foi n’est pas simplement le fait de reconnaître intellectuellement telle chose pour vraie : c’est aussi le fait d’agir selon cette conviction. La foi, c’est compter sur quelqu’un ou quelque chose, sans crainte ni inquiétude ; c’est avoir confiance que l’objet de notre foi fera ce que nous en attendons.

Cet aspect de la foi est démontré dans la vie d’Abraham, que la Bible appelle « le père des croyants ». En Hébreux 11.8 nous lisons : « Par la foi, Abraham obéit quand Dieu l’appela : il partit pour un pays que Dieu allait lui donner en possession. Il quitta son propre pays sans savoir où il allait. » L’auteur poursuit aux versets 17-19 : « Par la foi, Abraham offrit Isaac en sacrifice lorsque Dieu le mit à l’épreuve. C’est à lui, Abraham, que Dieu avait fait la promesse, et pourtant il se montra prêt à offrir son fils unique en sacrifice. Dieu lui avait dit : « C’est par Isaac que tu auras les descendants que je t’ai promis. » Abraham estima que Dieu avait le pouvoir de ramener Isaac de la mort à la vie ; et Abraham reçut de nouveau Isaac qui lui fut, pour ainsi dire, ramené d’entre les morts. » Beaucoup de personnes prétendent croire en Dieu ; peu de gens mettent leur confiance en lui comme Abraham le faisait. La foi dans le sens de la confiance en Dieu permet de garder son calme face aux tempêtes de la vie et aussi d’obéir aux commandements de Dieu même quand il nous exige ce qui est difficile.

Pour revenir au verset par lequel nous avons commencé : « Celui qui s’approche de Dieu doit croire que Dieu existe (la conviction) et qu’il récompense ceux qui le cherchent (la confiance) » (Hébreux 11.6).

La nature de la foi

Quand on parle de la foi aujourd’hui, beaucoup de personnes expriment l’idée que leur foi religieuse est quelque chose de personnelle. Certainement, on ne doit pas recevoir la foi de ses parents sans l’examiner pour savoir qu’elle est vraie. Ce n’est pas quelque chose que le gouvernement doit décider pour nous. On ne doit pas épouser une croyance simplement parce que la majorité de nos voisins l’ont acceptée. C’est une décision personnelle.

La foi est objective

Cela ne veut pas dire que la foi est subjective. Il ne s’agit pas d’un choix arbitraire que je prends de croire telle chose parce qu’il me plaît de le croire. Vous êtes libre de croire ce que vous voulez, comme je suis libre, aussi. Vous ne chercherez pas à me force à accepter ce que vous croyez, et je me garderai de faire la même chose à votre égard. Mais cela ne veut pas dire que vous devez considérer ma foi comme étant aussi valable ou bien fondée que la vôtre. Je ne suis pas obligé de parler comme si ce que vous croyez est normal, quand en fait je trouve que votre croyance est fausse. Dire que nous avons la liberté de culte, dire que la foi est personnelle, en effet, n’est pas dire que la foi est subjective.

Certaines choses sont objectivement vraies ou fausses. Par exemple, deux et deux font quatre, quelle que soit mon opinion ou ma préférence. Paris est la capitale de la France, que je le reconnaisse ou pas. Ce sont des vérités objectives. C’est dans la catégorie de croyances subjectives, par contre, qu’on va classer les questions de goût, de culture ou de personnes. On ne ressent pas le besoin de pouvoir défendre rationnellement une position subjective. Si je dis que la glace au chocolat est meilleure que la glace à la vanille, je ne vais probablement pas offrir des arguments ou des preuves pour vous convaincre, et cela ne m’inquiète nullement si vous optez pour la vanille.

Malheureusement, quand certaines personnes disent que leur foi chrétienne est personnelle, elles entendent aussi par là que la foi religieuse est toujours subjective. Elle est vraie pour un homme parce qu’il l’a choisie ; ce n’est pas que cet homme a choisi sa foi parce qu’elle était vraie. Elle peut ne pas être vraie pour quelqu’un d’autre.

Jésus et ses apôtres n’ont jamais traité le message qu’ils prêchaient comme une idée à accepter si les auditeurs avaient envie de l’accepter ou à rejeter si elle ne leur convenait pas. Ils prétendaient que ce message était objectivement vrai et qu’il serait appliqué à tout être humain au dernier jugement. Jésus dit, par exemple, en Jean 12.48 : « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas ma parole a son juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour. » L’Évangile, l’objet de notre foi, est objectivement vrai, et il s’applique à tous les hommes.

La foi biblique est rationnelle

Une autre fausse conception au sujet de la foi, c’est qu’elle est irrationnelle. Des théologiens et philosophes du 19e et du 20e siècles, tels que Kierkegaard et Camus, ont présenté la décision de croire comme « le saut de la foi », ou encore pire, « le saut dans l’irrationnel ». Puisque, selon eux, Dieu est indémontrable, l’homme doit nier sa propre raison, sa conscience lucide, afin de croire. C’est un saut dans l’obscurité, dans l’inconnu et l’inconnaissable. On s’engage sans aucune base rationnelle, n’ayant aucun moyen de savoir que Dieu existe.

Cette façon de voir l’action de croire rappelle une scène dans le livre Alice au travers le miroir, par Lewis Carroll. La Reine Blanche dit à Alice :

« J’ai exactement cent un ans, cinq mois, et un jour.

– Je ne peux pas croire cela ! S’exclama Alice.

– Vraiment ? dit la Reine d’un ton de pitié. Essaie de nouveau : respire profondément et ferme les yeux.

Alice se mit à rire.

– Inutile d’essayer, répondit-elle : on ne peut pas croire des choses impossibles.

– Je suppose que tu manques d’entraînement, dit la Reine. Quand j’avais ton âge, je m’exerçais à cela une demi-heure par jour. Il m’est arrivé quelquefois de croire jusqu’à six choses impossibles avant le petit déjeuner. »

La foi biblique est défendable

Contrairement à de telles conceptions de la foi, les auteurs de la Bible ne demandent jamais aux hommes de mettre de côté la nature rationnelle dont Dieu nous a dotés. Lui qui nous a donné l’intelligence ne nous invite pas à laisser notre cerveau à la maison quand nous venons à l’Église. Au contraire, lorsque Jésus citait le plus grand de tous les commandements, il dit : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée » (Matthieu 22.37). Tout en reconnaissant qu’il y a parfois des faiblesses dans les manières humaines de raisonner et que la sagesse de Dieu est infiniment supérieure à celle des hommes, les auteurs inspirés ne demandent point à l’homme de rejeter l’aspect rationnel de son être. L’apôtre Paul dit, par exemple, en 1 Corinthiens 10.15 : « Je vous parle là comme à des gens raisonnables, j’en appelle donc à votre intelligence : jugez vous-mêmes de ce que je vais dire » (Parole vivante).

C’est justement parce que Dieu a fourni à la raison humaine des preuves suffisantes de son existence, de la vérité de sa parole et de la divinité de Jésus-Christ, qu’il les tient pour inexcusables quand ils refusent de croire. La Bible nous dit : « En effet, Dieu manifeste sa colère depuis le ciel sur tout péché et tout mal commis par les hommes qui, par leurs mauvaises actions, empêchent la vérité d’agir. Dieu les punit car ce que l’on peut connaître de Dieu est clair pour eux : Dieu lui-même le leur a montré clairement. En effet, depuis que Dieu a créé le monde, ses qualités invisibles, c’est-à-dire sa puissance éternelle et sa nature divine, se voient dans les œuvres qu’il a faites. C’est là que les hommes peuvent les connaître, de sorte qu’ils sont sans excuse » (Romains 1.18-20, FC). Quand nous considérons la complexité et les merveilles de ce monde, à tous les niveaux, complexité et splendeur que la science moderne ne fait qu’exposer en plus grand détail, nous ne pouvons jamais attribuer tout cela au simple hasard. Le chaos pourrait provenir d’une situation où aucune intelligence ne dirige les événements, mais il a fallu une intelligence divine pour créer un monde tel que nous habitons. C’est justement notre nature rationnelle qui se rebelle correctement contre la conclusion que nous sommes le produit du hasard et d’une série de plusieurs millions d’« accidents heureux ». En réalité, ce n’est pas le croyant, mais l’athée qui fait un saut dans l’irrationnel.

Ce n’est pas seulement à l’égard de son existence que Dieu fournit des preuves qui parlent à notre intelligence. La vérité de l’évangile est soutenue par des preuves historiques qui sont incontournables. C’est ainsi que l’apôtre Paul déclare aux hommes d’Athènes en Actes 17.30,31 : « Dieu ne tient plus compte des temps où les hommes étaient ignorants, mais il appelle maintenant tous les hommes, en tous lieux, à changer de comportement. Il a en effet fixé un jour où il jugera le monde entier avec justice par un homme qu’il a désigné. Il en a donné la preuve à tous en ramenant cet homme de la mort à la vie ! » (FC).

Malgré la conception de certains croyants, la foi biblique n’est ni subjective ni « un saut dans l’irrationnel ». On ne décide pas de croire parce qu’on a envie de le faire, mais sans avoir des raisons intellectuellement convaincantes. Les premiers chrétiens ne disaient pas aux autres de croire parce que cela leur ferait du bien sur le plan émotionnel ; ils ne demandaient pas aux autres de s’engager pour le Christ malgré un manque d’arguments raisonnables. Au contraire, l’apôtre Pierre dit aux chrétiens : « Si l’on vous demande de justifier votre espérance, soyez toujours prêts à la défendre, avec humilité et respect » (1 Pierre 3.15, Version Semeur). Le mot « défendre » dans ce texte ne se réfère pas aux armes militaires, mais aux arguments intelligents et intelligibles, capables de convaincre quelqu’un du bien-fondé de sa croyance.

Pourquoi tant de personnes ne croient-elles pas ?

S’il existe tant de preuves en faveur du christianisme, pourquoi tant de personnes, y compris des personnes intelligentes et bien instruites, ne croient ni à la Bible, ni en Jésus, ni même à l’existence de Dieu ? La réponse est que l’homme est doté non seulement de l’intelligence, mais aussi du libre arbitre, de la faculté de choisir. Nous ne sommes pas des robots ; chacun a une volonté. Les preuves qui s’étalent devant nous ne nous obligent pas à faire le choix le plus raisonnable.

Dans l’Évangile de Jean, Jésus parlait avec des Juifs concernant les prophéties incontournables qui avaient été faites à son égard des siècles avant sa naissance. Il leur dit : « Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie » (Jean 5.39,40). L’obstacle à leur foi n’était pas un manque de preuves ; l’obstacle était au niveau de leur volonté. On voit la même logique dans les propos de l’apôtre Paul concernant les païens : « Ils connaissent Dieu, mais ils ne l’honorent pas et ne le remercient pas comme il convient de le faire pour Dieu… Ils échangent la vérité concernant Dieu contre le mensonge… Comme ils ont refusé de reconnaître Dieu, Dieu les a livrés à leur intelligence déréglée, pour qu’ils fassent ce qu’ils ne devraient pas faire » (Romains 1.21,25,28).

Croire de tout son cœur

Dans la pensée juive, le cœur n’était pas le siège de l’émotion, comme c’est le cas dans notre langage aujourd’hui. Pour l’émotion on parlait des entrailles. Colossiens 3.12, par exemple, nous demande de nous « revêtir d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience ». Le cœur, parmi les Juifs, était considéré plutôt comme le siège de la volonté. Ce n’est pas là où l’on ressent, c’est là où l’on décide (1 Cor. 7.37), c’est là où sont cachés ses desseins (1 Cor. 4.5). On obéit du cœur (Rom. 6.17). Quand on se révolte, c’est qu’on s’est endurci le cœur (Héb. 3.8). Et c’est du cœur que l’on croit (Actes 10.10; Actes 8.37), parce que croire, c’est une décision, c’est un acte de la volonté. Placé devant les preuves en faveur de Dieu et de sa parole, on doit toujours prendre une décision de les reconnaître ou de les nier.

Voilà pourquoi le Seigneur n’est pas injuste quand il dit en Marc 16.16 : « Celui qui ne croira pas sera condamné. » Certaines personnes raisonnent ainsi : « Qu’y a-t-il de moral ou d’immoral à croire une série de déclarations ? On accepte ou rejette une affirmation parce que l’évidence paraît bonne ou mauvaise. Si un homme se trompe, cela ne signifie pas que c’est un homme mauvais ; il ne serait seulement pas très intelligent. » Mais ce raisonnement n’est pas très réaliste. Trop souvent, les hommes croient ou refusent de croire quelque chose pour des raisons qui n’ont rien à voir avec les preuves. Pareillement, ils cessent parfois de croire quelque chose parce que cela ne les arrange plus de croire ou parce que leurs émotions s’attaquent à leurs convictions.

Considérez les exemples fournis par un ancien athée devenu croyant. Il dit :

« Je croyais en fait que l’esprit humain était entièrement régi par la raison. Or, il n’en est rien. Par exemple, ma raison est parfaitement convaincue par l’évidence que l’anesthésie n’est pas insupportable et qu’un chirurgien expérimenté ne commence pas l’opération tant que le patient n’a pas sombré dans l’inconscience. Mais cela ne change rien au fait qu’une fois allongé sur la table d’opération… une panique enfantine me saisit. Je pense que je vais étouffer et j’ai peur qu’on commence à me charcuter avant que je ne sois complètement endormi. En d’autres termes, je perds la foi dans l’anesthésique. Ce n’est pas la raison qui chasse ma foi ; au contraire, ma foi se fonde sur la raison. C’est le fait de mon imagination et de mon émotion. La bataille se livre entre la foi et la raison d’un côté, l’émotion et l’imagination de l’autre…

« Supposons que la raison d’un homme le pousse à accepter l’évidence du christianisme comme irréfutable. Que lui arrivera-t-il par la suite ? Il reçoit de mauvaises nouvelles, ou il se trouve dans des problèmes graves, ou il vit avec des gens qui se moquent de sa nouvelle croyance. De telles situations font que ses émotions reprennent le dessus et risquent d’écraser sa foi comme sous un bombardement. Ou bien il arrivera qu’il convoite une femme, ou il veut mentir, ou l’orgueil l’envahit ou il voit l’occasion de faire un peu d’argent par un procédé malhonnête. En d’autres termes, il se trouve dans une situation où il lui serait plus commode si le christianisme n’était pas vrai. Une fois encore les souhaits et les désirs de cet homme balayent tout. Je n’évoque pas les heures où des raisons nouvelles et valables contre le christianisme apparaissent. Ces moments-là, il faut les affronter, mais c’est alors une autre question. Je parle seulement des instants où une simple saute d’humeur prend le contre-pied de notre croyance.

« Or la foi, dans le sens que j’utilise ici, est l’art de s’accrocher aux certitudes que votre raison a acceptées une fois pour toutes, en dépit des variations d’humeur. Car votre humeur changera, quel que soit le point de vue qu’adopte votre raison. Je le sais par expérience. Maintenant que je suis chrétien, je subis des sautes d’humeur au cours desquelles toute croyance religieuse paraît fort improbable ; mais quand j’étais athée j’avais de même des dispositions d’esprit où le christianisme me semblait fort probable. » (C. S. Lewis, Les fondements du Christianisme)

M. Lewis conclut avec cette observation qui ne doit surprendre personne :

« Il faut s’assurer que, si vous acceptez le christianisme, ses principales doctrines doivent occuper délibérément votre esprit un certain temps chaque jour. C’est pourquoi la prière quotidienne, la lecture de la Bible et l’assiduité aux cultes font partie intégrante de la vie chrétienne. Nous avons besoin de rappels continuels de ce que nous croyons. Cette croyance, pas plus qu’une autre, ne restera automatiquement vivante en notre esprit. Il convient de la nourrir. »

Conclusion

Quand j’étais adolescent, un adulte s’est adressé à nous les jeunes dans l’Église. Il nous a dit très simplement que dans vingt ans, certains d’entre nous ne seraient plus dans l’Église. Il a précisé que ce ne serait pas parce que nous aurions examiné la Bible de nouveau et que nos études nous auraient amenés à changer de position. « Non, dit-il, ce sera parce que vous aurez commencé à mener un style de vie qui ne s’accordera pas avec la Parole de Dieu. À cause des péchés et des valeurs que vous ne serez pas prêts à abandonner, certains d’entre vous abandonneront la foi. » C’était une autre manière de nous dire que la foi est une décision. Elle se base sur des preuves rationnelles, mais elle dépend aussi de notre volonté.

Puisqu’il en est ainsi, vous avez intérêt à veiller sur votre vie et à ne pas vous mettre à agir de manière contraire à vos convictions. Ne créez pas de conflit entre votre comportement et ce que vous avez accepté comme vérité. Ensuite, prenez le temps chaque jour de nourrir votre foi, de vous rappeler les arguments solides qui amènent une personne à accepter de suivre Jésus. Lisez sa Parole. Lisez d’autres écrits qui appuient la Parole de Dieu et la confirment. Fréquentez d’autres personnes de foi sincère dont la conversation vous rend plus fort.

Sans la foi, on ne peut pas plaire à Dieu. Choisissez donc de fortifier et de s’accrocher à votre foi dans les deux sens que nous avons vus : la conviction que Dieu est là et que sa Parole est vraie, et la confiance qui s’exprime dans l’obéissance et dans la sérénité, quelle que soit l’épreuve que vous traversez.

B. B.
(Dans Vol. 11, No. 6)

Jésus, plus qu’un prophète ?

Jésus de Nazareth est, bien sûr, au cœur du Nouveau Testament. Il occupe une place importante dans le Coran également. Les deux livres lui accordent le titre de prophète. Issa, la version coranique du nom Jésus, paraît 25 fois dans le Coran, sans parler des passages qui emploient d’autres termes pour le désigner. On ne peut nier l’importance de Jésus, ni pour les chrétiens ni pour les musulmans. Mais aurait-on raison d’élever Jésus en importance au-dessus des autres prophètes de Dieu ? Pourquoi recevrait-il plus d’attention que tous les autres ?

La venue de Jésus fut prophétisée

Une première chose qui nous frappe au sujet de Jésus est que sa venue avait été prédite par les autres prophètes de Dieu, non pas une seule fois ou d’une manière obscure et contestée, mais clairement et dans différents écrits. Le peuple juif ne comprenait pas bien le caractère du Messie et de l’œuvre que Dieu lui donnerait à faire, mais certaines choses étaient claires pour eux comme nous le voyons en Matthieu 2.1-6 :

« Jésus naquit à Bethléhem, localité du pays de Judée, à l’époque où Hérode était roi. Après sa naissance, des savants, spécialistes des étoiles, vinrent de l’Est et arrivèrent à Jérusalem. Ils demandèrent :Où est l’enfant qui vient de naître et qui sera le roi des Juifs ? Nous avons vu son étoile apparaître à l’Est et nous sommes venus pour l’adorer.” Quand le roi Hérode apprit cela, il fut très inquiet, ainsi que tous les habitants de Jérusalem. Il assembla tous les chefs des prêtres et les maîtres de la loi de son peuple, et leur demanda où devait naître le Messie. Ils lui répondirent :À Bethléhem, en Judée. Car voici ce que le prophète a écrit :Et toi, Bethléhem, du pays de Judée, tu n’es certainement pas la moins importante des localités de Judée ; car c’est de toi que viendra un chef qui conduira mon peuple, Israël.’” »

Le passage auquel les prêtres et les maîtres de la loi se sont référés se trouve dans le livre du prophète Michée et fut écrit sept cents ans avant la naissance de Jésus !

L’aspect miraculeux de la naissance de Jésus avait également été prédit. C’est le prophète Ésaïe qui avait annoncé qu’une vierge se trouverait enceinte et accoucherait d’un fils qu’on appellerait Emmanuel, l’un des noms qui ont toujours été employés pour Jésus. Cette prophétie date du huitième siècle avant Christ (És. 7.14).

Jésus était réputé pour les miracles extraordinaires qu’il faisait. Les prophètes en avaient parlé bien auparavant. En Ésaïe 35.4b-6 nous lisons : « Il viendra lui-même et vous sauvera. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, s’ouvriront les oreilles des sourds ; alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet éclatera de joie. » Après avoir été mis en prison par Hérode, Jean-Baptiste se demandait s’il s’était trompé concernant Jésus. Si le Messie était là, comment Jean pourrait-il subir une si grande injustice pour avoir prêché la vérité ? Il envoya donc des messagers pour demander à Jésus s’il était bien celui qu’ils attendaient. « Jésus leur répondit : “Allez raconter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts reviennent à la vie et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui n’abandonnera pas la foi en moi !” » (Matt. 11.4-6). Jean avait demandé à Jésus s’il était bien celui dont on savait qu’il devait venir. Jésus fait remarquer les miracles qu’il faisait et qui étaient l’accomplissement d’une prophétie concernant celui qui devait venir.

Quand il s’agit de sa mort, les prophéties concernant le Christ se multiplient. Il fut annoncé d’avance qu’il entrerait dans Jérusalem assis sur un âne, qu’il serait trahi par un ami et abandonné par les autres, que ses mains et ses pieds seraient percés, qu’on tirerait au sort pour se partager ses vêtements, qu’il aurait soif et on lui donnerait du vinaigre à boire, que ses os ne seraient pas brisés et qu’on lui percerait le côté. Les prophètes avaient même prédit les mots exacts que les moqueurs emploieraient pour l’humilier : « Il a remis son sort au Seigneur, eh bien, que le Seigneur le tire d’affaire ! Le Seigneur l’aime, eh bien, qu’il le sauve » (Psaume 22.9; Matt. 27.43). Le prophète Zacharie écrivit ceci environ quatre cents ans avant la mort de Jésus : « Ils pesèrent pour mon salaire trente siècles d’argent. L’Éternel me dit : Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé ! Et je pris les trente siècles d’argent, et je les jetai dans la maison de l’Éternel, pour le potier » (Zacharie 11.12,13). Ceux qui connaissent déjà l’histoire savent que Judas, celui qui a trahi Jésus, avait reçu exactement trente pièces d’argent pour avoir donné aux ennemis du Seigneur les renseignements qu’ils voulaient pour pouvoir arrêter Jésus loin des foules. Mais quand il a vu comment les choses se sont déroulées par la suite, Judas a été pris de remords. La Bible dit que Judas rapporta les trente pièces d’argent et les jeta dans le temple avant d’aller se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l’argent et achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y établir un cimetière d’étrangers (Matt. 27.3-7).

Dans le chapitre 53 du livre du prophète Ésaïe, nous trouvons que le Messie serait méprisé des hommes, habitué à la souffrance et rejeté par son propre peuple, mais aussi qu’il serait châtié pour les péchés des autres, qu’il intercéderait pour les coupables, qu’il serait mis au nombre des criminels, que son tombeau serait avec le riche et qu’il ressusciterait d’entre les morts.

Le ministère de Jean-Baptiste

En plus de toutes ces prophéties, Dieu envoya un messager spécial juste pour annoncer l’arrivée de Jésus. Le Coran reconnaît cet individu comme un prophète, un homme intègre, un homme qui disait la vérité au peuple. Ce messager, que la Bible appelle Jean et que les musulmans connaissent sous le nom de Yahya, s’identifiait simplement comme une voix, la voix de quelqu’un qui criait : « Préparez un chemin bien droit pour le Seigneur » (Jean 1.23). Disons en passant que même cet aspect de la vie de Jésus avait été prophétisé. Malachie, le dernier livre de l’Ancien Testament, contient l’annonce que Dieu enverrait son messager afin d’ouvrir le chemin en appelant le peuple à la repentance (Mal. 3.1). Quand un chef d’état se rend quelque part, il est de coutume d’y envoyer des gens bien à l’avance afin qu’il soit accueilli d’une manière qui convienne à sa dignité. Voilà ce que Jean faisait pour Jésus, le roi qui venait pour apporter une bénédiction aux uns et un jugement sur les autres. L’Évangile de Luc 3.15-17 dit :

« Le peuple attendait, plein d’espoir : chacun pensait que Jean était peut-être le Messie. Jean leur dit alors à tous : “Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais quelqu’un de plus puissant que moi va venir : je ne suis pas même assez bon pour délier la courroie de ses sandales. Il vous baptisera avec le Saint-Esprit et avec du feu. Il tient en sa main la pelle à vanner pour séparer le grain de la paille. Il amassera le grain dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint jamais.” »

Quand Jésus est venu se faire baptiser, Jean dit à la foule : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. C’est de lui que j’ai parlé en disant : “Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi” » (Jean 1.29,30). La mission de Jean était de préparer le peuple à recevoir dignement cet autre prophète, Jésus.

Juste la préparation pour la venue de Jésus doit nous impressionner profondément. Sa vie et ses œuvres le feront davantage.

Une vie sans péché

Plusieurs passages de la Bible soulignent l’idée que Jésus n’a pas péché. En 2 Corinthiens 5.21 l’apôtre Paul écrit : « Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché. » L’apôtre Pierre, aussi, affirme la même vérité : « Il n’a pas commis de péché ; on n’a jamais entendu de mensonge sortir de sa bouche » (1 Pierre 2.22). Pierre cite ici une parole du prophète Ésaïe concernant le Christ : « On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche, quoiqu’il n’eût point commis de violence et qu’il n’y eût point eu de fraude dans sa bouche » (Ésaïe 53.9). Mais ce n’est pas simplement les autres qui ont prétendu que Jésus n’avait pas de péché. Jésus lui-même a lancé ce défi à ses adversaires : « Qui parmi vous peut prouver que j’ai péché ? Et si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? » (Jean 8.46).

Muhammad n’a pas essayé de prouver que Jésus avait commis du péché. Au contraire, nous voyons dans la Sourate 19:19 du Coran que l’ange dit à Marie : « Je suis en fait un messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur. » L’un des commentateurs musulmans, du nom d’Er-Razi, dit que le titre de Messie fut donné à Jésus parce qu’il était libre de la souillure du péché. Étrangement, cet état de pureté n’est attribué à aucun autre prophète dans le Coran. Dans la Bible nous voyons les faiblesses et parfois même les péchés des autres prophètes. Adam a mangé le fruit défendu ; Noé s’est enivré ; Abraham a menti ; Jacob a trompé son père ; David a commis l’adultère ; Salomon a adoré les idoles de ses femmes. Même Muhammad reconnaît avoir du péché dans sa vie. Plus d’un verset du Coran l’exhorte à implorer le pardon de son péché. La 48e Sourate commence par ces mots qu’Allah adresse à Muhammad : « En vérité Nous t’avons accordé une victoire éclatante afin qu’Allah te pardonne tes péchés, passés et futurs, qu’il parachève sur toi Son bienfait et te guide sur une voie droite. » En plus, Muhammad lui-même avoue qu’il ne connaît pas son sort éternel : « Dis : Je ne suis pas une innovation (une merveille ou quelqu’un de spécial) parmi les messagers ; et je ne sais pas ce qu’on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m’est révélé » (46:9).

L’apôtre Jean dit : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous » (1 Jean 1.8). Mais ce même Jean dit au sujet de Jésus : « Il n’y a point de péché en lui » (1 Jean 3.5). Certainement, Jésus se distingue nettement de tous les autres que les hommes ont reconnus comme prophètes.

Sa pré-existence

Personne ne trouvait de quoi condamner dans les actions de Jésus. Il est le seul Juif qui ait jamais gardé parfaitement la loi que Dieu leur avait donnée. Les paroles de Jésus étaient, par contre, souvent très surprenantes, pour ne pas dire choquantes. Un jour en parlant avec les Juifs, Jésus leur dit :

« “Celui qui obéira à mes paroles ne mourra jamais.”

Les Juifs lui dirent : “Maintenant nous sommes sûrs que tu es possédé d’un esprit mauvais ! Abraham est mort, les prophètes sont morts, et toi, tu dis : ‘Celui qui obéit à ce que je dis ne mourra jamais.’ Abraham, notre père, est mort : penses tu être plus grand que lui ? Les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ?” Jésus répondit : “Si je me glorifiais moi-même, ma gloire ne vaudrait rien. Celui qui me glorifie, c’est… lui dont vous dites : ‘Il est notre Dieu’, mais que vous ne connaissez pas. Moi je le connais… Abraham votre père s’est réjoui en pensant qu’il devait voir mon jour ; il l’a vu et en a été heureux.” Les Juifs lui dirent : “Tu n’as pas encore cinquante ans et tu as vu Abraham ?” [Le patriarche Abraham avait vécu presque deux mille ans avant le temps de Jésus.] Jésus leur répondit : “Je vous le déclare, c’est la vérité : avant qu’Abraham soit né, ‘je suis.’” » (Jean 8.51-58)

Cette parole de Jésus rejoint le témoignage que Jean-Baptiste avait rendu. Rappelez-vous que l’ange Gabriel avait annoncé à Zacharie, le père de Jean, que sa femme Élisabeth aurait un fils. Rappelez-vous aussi qu’elle était déjà dans son sixième mois de grossesse quand ce même ange de Dieu s’est rendu auprès de Marie pour lui dire qu’elle serait la mère du Christ. Jean était donc de six mois plus âgé que Jésus. Mais qu’est-ce que Jean dit dans l’Évangile de Jean 1.30 ? Quand il vit Jésus, Jean-Baptiste dit : « C’est de lui que j’ai parlé en disant :Un homme vient après moi, mais il est plus grand que moi, car il existait déjà avant moi.” »

En parlant avec Nicodème, un chef des Juifs, Jésus était encore un peu plus précis. Il dit : « Personne n’est monté au ciel, excepté le Fils de l’homme qui est descendu du ciel » (Jean 3.13). « Fils de l’homme » était l’expression que Jésus utilisait le plus pour parler de lui-même.

Le prophète Jérémie dit que Dieu le connaissait quand il était encore dans le ventre de sa mère (Jér. 1.5). Mais Jésus prétend avoir été au ciel avant sa naissance et d’avoir parlé avec Abraham.

Sa prétention de pardonner les péchés

Le prophète Jésus a fait d’autres prétentions qui choquaient les auditeurs de son époque et qui continuent de choquer certains qui les lisent aujourd’hui. Un exemple clair se trouve dans l’Évangile de Marc 2.1-12 :

« Jésus revint à Capernaüm, et l’on apprit qu’il était à la maison. Une si grande foule s’assembla qu’il ne restait plus de place, pas même dehors devant la porte. Jésus leur donnait son enseignement. Quelques hommes arrivèrent, lui amenant un paralysé porté par quatre d’entre eux. Mais ils ne pouvaient pas le présenter à Jésus, à cause de la foule. Ils ouvrirent alors le toit au-dessus de l’endroit où était Jésus ; par le trou qu’ils avaient fait, ils descendirent le paralysé étendu sur sa natte. Quand Jésus vit la foi de ces hommes, il dit au paralysé : “Mon fils, tes péchés sont pardonnés.” Quelques maîtres de la loi, qui étaient assis là, pensaient en eux-mêmes :Comment cet homme ose-t-il ainsi parler contre Dieu ? Qui peut pardonner les péchés ? Dieu seul le peut !” Jésus sut aussitôt ce qu’ils pensaient et leur dit : “Pourquoi avez-vous de telles pensées ? Est-il plus facile de dire au paralysé : ‘Tes péchés sont pardonnés’, ou de dire : ‘Lève-toi, prends ta natte et marche’ ? Mais je veux que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés.” Il adressa alors ces mots au paralysé : “Je te le dis, lève-toi, prends ta natte, et rentre chez toi.” Aussitôt, tandis que tout le monde le regardait, l’homme se leva, prit sa natte et partit. Ils furent tous frappés d’étonnement ; ils louaient Dieu et disaient : “Nous n’avons jamais rien vu de pareil !” »

Ses miracles

Mais que dire de ces miracles opérés par Jésus ? Y a-t-il une différence entre ce qu’il a fait et ce que les autres ont pu faire ? Les Évangiles sont remplis des récits de miracles opérés par Jésus. Le Coran, aussi, lui attribue des miracles. Dans la Sourate 5, aya 110, Allah lui dit : « Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit…. tu guérissais par Ma permission, l’aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d’Israël pendant que tu leur apportais les preuves. » Les différentes œuvres miraculeuses de Jésus manifestaient non seulement son pouvoir sur les forces de la nature, sur les démons, sur la maladie et la mort ; non seulement elles démontraient sa connaissance même des pensées secrètes des hommes ; non seulement elles constituaient très souvent des preuves de sa grande compassion devant la souffrance ; mais elles témoignaient aussi de son identité. Et Jésus n’hésitait pas de tirer l’attention des hommes sur ce que signifiaient ses miracles. Dans l’Évangile de Jean nous lisons : « Les Juifs l’entourèrent, et lui dirent : Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement. Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi » (Jean 10.24,25). Les ennemis de Jésus reconnaissaient la réalité des miracles de Jésus, mais ils n’étaient pas prêts à croire, malgré les preuves. Jean 11.47,48 dit : « Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le sanhédrin, et dirent : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui. »

D’autres prophètes avaient fait des miracles avant Jésus, mais comme nous l’avons suggéré, un de ses miracles dépasse tous les autres. Dans l’Évangile de Jean 2.18-22 nous lisons :

« Alors les chefs juifs lui demandèrent : “Quel miracle peux-tu faire pour nous prouver que tu as le droit d’agir ainsi ?” Jésus leur répondit : “Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai.” – “On a mis quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, tu vas le rebâtir en trois jours ?” lui dirent-ils. Mais le temple dont parlait Jésus était son corps. Quand Jésus revint de la mort à la vie, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; et ils crurent à l’Écriture et aux paroles que Jésus avait dites. »

Ces disciples « crurent aux Écritures » parce qu’ils ont compris que la résurrection de Jésus faisait partie des choses qui avaient été annoncées d’avance à son égard. L’apôtre Pierre a prêché au peuple de Jérusalem quelques semaines après la mort et la résurrection de Jésus. Il dit :

« Dieu l’a ramené à la vie, il l’a délivré des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. En effet, David a dit à son sujet : …tu ne m’abandonneras pas dans le monde des morts, tu ne permettras pas que moi, ton fidèle, je pourrisse dans la tombe… Frères, il m’est permis de vous parler très clairement au sujet du patriarche David : il est mort, il a été enterré et sa tombe se trouve encore aujourd’hui parmi nous. Il était prophète et il savait que Dieu lui avait promis avec serment d’accorder à l’un de ses descendants la position de roi qui était la sienne. David a vu d’avance ce qui allait arriver et il a donc parlé de la résurrection du Messie…. Dieu a ramené à la vie ce Jésus dont je parle, et nous en sommes tous témoins. » (Actes 2.24,25,27,29-32)

L’apôtre Paul, aussi, insistait particulièrement sur ce miracle. Quand il prêchait dans la ville d’Athènes, en Grèce, il dit :

« Dieu ne tient plus compte des temps où les hommes étaient ignorants, mais il appelle maintenant tous les hommes, en tous lieux, à changer de comportement. Il a en effet fixé un jour où il jugera le monde entier avec justice, par un homme qu’il a désigné. Il en a donné la preuve à tous en ramenant cet homme de la mort à la vie ! » (Actes 17.30,31)

Quel autre prophète annonça d’avance qu’il serait mis à mort et ressusciterait le troisième jour ? Ce qui est plus important, quel autre prophète a pu réaliser une telle promesse ?

Le titre de Messie

Le mot prophète désigne quelqu’un qui reçoit un message directement de la part de Dieu, un message inspiré qu’il est censé transmettre aux hommes. Bien sûr, il y a toujours eu des hommes qui prétendent parler pour Dieu mais qui, en fait, trompent leur auditeurs. Le Coran traite Jésus de vrai prophète, mais en même temps il insiste sur l’idée que Jésus n’était pas plus qu’un prophète, qu’il n’était qu’un simple messager. Mais il faut dire aussi que le Coran parle de « al-Masih » (3:28) ou « le Messie, Jésus, le fils de Marie » (4:171). Alors, si Muhammad reconnaissait en Jésus le Messie, cela vaut la peine d’examiner le sens de ce titre.

Dans l’Évangile selon Jean, nous voyons aux premiers chapitres deux futurs apôtres de Jésus, André et son frère Simon Pierre. Jean-Baptiste venait de rendre témoignage à Jésus de Nazareth, et André, qui était déjà un disciple de Jean-Baptiste, l’entendit. Jean 1.41 dit : « Ce fut lui qui rencontra le premier son frère Simon, et il lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ). » Dans ce verset nous avons un mot hébreu et un mot grec qui ont tous les deux été francisés. Le mot hébreu, mashiah, et le mot grec, christos, ont le même sens : ils signifient « oint », ou « celui qui a été oint ». Mais quel est le sens de ce terme curieux ?

Dans la Bible on trouve trois catégories de personnes qui recevaient une onction d’huile, c’est-à-dire qu’on leur versait de l’huile sur la tête quand ils entraient dans leurs fonctions. Ces trois catégories étaient les prêtres, chargés de présenter à Dieu les sacrifices de son peuple, les prophètes, chargés de transmettre au peuple des messages de la part de Dieu, et les rois, chargés de gouverner et conduire le peuple au nom de Dieu, le véritable roi des rois. Mais le terme, le Messie, est encore plus spécial. Il était l’objet de diverses prophéties dans l’Ancien Testament. Le Messie serait à la fois prophète, prêtre et roi. Celui-ci serait oint, non pas de la main d’un homme, mais de Dieu lui-même. Dans les Psaumes (connu comme le Zabour par les musulmans), David a écrit à l’égard des ennemis de Dieu : « Celui qui siège dans les cieux rit, Le Seigneur se moque d’eux. Puis il leur parle dans sa colère, Il les épouvante dans sa fureur : C’est moi qui ai oint mon roi sur Sion, ma montagne sainte » (Psaume 2.4-6). Tout le peuple juif du temps de Jésus attendait ardemment la venue de cet individu oint par Dieu. Même parmi le peuple samaritain, peuple métisse dont les ancêtres païens s’étaient mariés avec des Juifs, on était au courant de Celui qui devait venir. En Jean 4.25,26 une femme samaritaine qui s’entretenait avec Jésus affirma : « Je sais que le Messie doit venir (celui qu’on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. Jésus lui dit : “Je le suis, moi qui te parle.” »

L’importance de ce qu’on croit de Jésus

Ayant vu tous ces faits, nous devons souligner la nécessité absolue de tirer la conclusion correcte concernant l’identité de Jésus. C’est Jésus lui-même qui a insisté dessus. Dans l’Évangile de Jean 8.23,24 il dit : « Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde. C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés. » En fait, tout au long de l’Évangile de Jean, Jésus dit clairement que si l’on veut avoir la vie, il faut venir à lui (Jean 5.40). Il emploie plusieurs images pour communiquer cette réalité. En Jean 6.47-51 il dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de vie… Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai pour la vie du monde, c’est ma chair. » Au chapitre 7.37,38 Jésus s’écria : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Écriture. » En Jean 14.6 Jésus répond à une question de son apôtre, Thomas. Il lui dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. »

Jésus parla, bien sûr, de la foi en Dieu, mais aucun autre prophète n’a insisté comme lui sur sa propre personne et la nécessité de croire en lui. Jésus osait dire que la destinée éternelle de chacun de nous dépend de la conclusion que nous tirons en ce qui concerne son identité et de notre foi en lui. Ne serait-il pas bien plus qu’un prophète ? Peut-être que le plus grand danger pour nous, que nous soyons des lecteurs de la Bible ou du Coran ou simplement des personnes ayant grandi dans une société dite « chrétienne », serait d’adopter l’attitude des habitants de Nazareth. Quand Jésus, après avoir commencé son ministère, se rendit dans la ville où il avait grandi, les gens étaient étonnés. Ils disaient : « D’où a-t-il cette sagesse ? Comment peut-il accomplir ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? Marie n’est-elle pas sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude ne sont-ils pas ses frères ? Et ses sœurs ne vivent-elles pas toutes parmi nous ? D’où a-t-il donc ce pouvoir ? Et cela les empêchait de croire en lui…. Jésus n’accomplit là que peu de miracles à cause de leur manque de foi » (Matthieu 13.54-58). Ces gens pensaient connaître déjà qui était Jésus. Mais leur conception de lui était bien trop limitée. Ils n’ont pas découvert sa vraie identité, parce qu’ils avaient trop d’idées préconçues à son égard. Leurs préjugés les ont empêchés de profiter de ce que Jésus aurait fait pour eux.

Selon la Sourate 3 – Al-Imram, « Allah dit : “Ô Jésus, je te ferai subir la mort, je t’élèverai à moi, je te délivre des infidèles et ceux qui te suivront seront au-dessus de ceux qui ne te croient pas jusqu’au jour de la résurrection” » (aya 55). Si vous ne l’avez pas déjà fait, procurez-vous une copie de l’Évangile et découvrez en profondeur ce Jésus.

B. B.
(Dans Vol. 10, No. 6)


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La certitude de notre foi

Le scandale de la croix

Selon l’apôtre Paul en 1 Corinthiens 15.3,4, l’Évangile se résume en trois faits : Jésus-Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, il a été enseveli (ou enterré) et il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures. L’ensevelissement de Jésus est important comme confirmation de sa mort. Il fut enterré parce qu’il était réellement mort. Et là, c’est une idée que certains ont eu du mal à accepter, surtout parce que Jésus est mort d’une manière humiliante, attaché à une croix comme les plus vils des malfaiteurs. C’est ce qui est parfois appelé « le scandale de la croix ». Paul dit en 1 Corinthiens 1.22-24 :

« Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais puissance de Dieu et sagesse de Dieu pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs. »

La plupart des Juifs ne voulaient pas d’un Messie souffrant et humilié. Ils voulaient plutôt un Messie conquérant qui se servirait du pouvoir miraculeux de Dieu pour les délivrer de l’oppression politique et militaire des Romains. La plupart des Grecs ne voulaient pas du Sauveur non plus – ils voulaient un philosophe qui puisse les impressionner par sa connaissance et son éloquence.

La version des musulmans

Mais les Grecs et les Juifs du premier siècle n’ont pas été les seuls à être prédisposés contre le message de la mort et la résurrection du Christ. La plupart des musulmans n’acceptent pas l’idée que Jésus, qu’ils reconnaissent pourtant comme prophète, est mort sur la croix. L’argument le plus important se base sur la quatrième sourate du Coran, qui dit au sujet des Juifs :

« (Nous les avons maudits) à cause de leur rupture de l’engagement, leur mécréance aux révélations d’Allah, leur meurtre injustifié des prophètes, et leur parole : “Nos cœurs sont (enveloppés) et imperméables.” En réalité, c’est Allah qui a scellé leurs cœurs à cause de leur mécréance, car ils ne croyaient que très peu. Et à cause de leur mécréance et de l’énorme calomnie qu’ils prononcent contre Marie, et à cause de leur parole : “Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah”… Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué. Mais Allah l’a élevé vers Lui. Et Allah est Puissant et Sage. » (an-Nisa’, 4:155-158)

Ce passage a été expliqué de plusieurs manières par les musulmans. Certains disent que Jésus s’est caché ou qu’un ange l’a protégé, alors que l’un de ses compagnons est mort à sa place. Certains disent que Dieu a fait que Judas Iscariot prenne l’apparence de Jésus, et que c’est lui qui fut tué. D’autres disent que Simon de Cyrène, qui porta la croix derrière Jésus, fut substitué pour lui sur le chemin du Calvaire. D’autres encore disent simplement que les Juifs ont essayé de le tuer, mais ne l’ont pas pu, et que Dieu l’a fait monter au ciel sans passer par la mort.

Toutes ces explications ont certains problèmes. Il y a, par exemple, un problème moral si nous disons que Dieu a employé ruse ou tromperie pour faire croire délibérément un mensonge. Dieu est parfaitement saint, pur et sans péché. La Bible dit clairement en Hébreux 6.18 : « Il est impossible que Dieu mente », et en Tite 1.2 : « Dieu ne ment point. » Il avait ordonné dans la loi de Moïse : « Vous n’userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres. » Lui qui dit à l’homme de ne pas user de tromperie, userait-il, lui, de tromperie avec les hommes ? Comment pourrait-on désormais lui faire confiance ? Loin de Dieu, le Dieu de Vérité – loin de lui l’idée de tromper des hommes et leur faire croire ce qui est faux. Il n’aurait pas employé sa puissance miraculeuse pour tromper des hommes. C’est Satan qui agit de cette façon. Ne déshonorons pas Dieu.

Mais peut-on croire que, sans intervention miraculeuse de la part de Dieu, on aurait pu crucifier et enterrer un autre à la place de Jésus ? Pendant qu’il était sur la croix, il était reconnu par le centenier romain et ses soldats, les passants qui l’avaient entendu prêcher, les chefs des Juifs, et les deux brigands. Il y avait aussi ceux qui le connaissaient intimement : des femmes qui l’avaient accompagné depuis la Galilée, sa propre mère et son disciple Jean. Son corps devait être facilement reconnaissable après avoir été enlevé de la croix, non seulement par son visage, mais aussi par les cicatrices de la couronne d’épines que les soldats avaient placée sur sa tête. D’ailleurs, Joseph d’Arimathée et Nicodème, qui l’ont enterré, ainsi que les femmes qui observaient quand on préparait le corps, connaissaient tous très bien Jésus. Sans tromperie miraculeuse, ils n’auraient pas pu prendre un autre pour lui.

Signalons qu’il y a une autre manière de comprendre le passage coranique que nous avons lu. Dans le contexte, il s’agit d’un reproche adressé aux Juifs qui avaient rejeté les prophètes de Dieu, parlé contre Marie, et se vantaient d’avoir fait crucifier Jésus-Christ. En réfutant les Juifs, le Coran dit : « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! » Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de crucifixion, mais que, même si elle a eu lieu, c’est Dieu qui en fut responsable. Les Juifs n’ont fait que ce que Dieu, le Tout-Puissant, leur a permis de faire pour accomplir son plan. La même sorte de langage se trouve dans la huitième sourate du Coran qui parle des actions des musulmans à la Bataille de Badr :

« Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais : mais c’est Allah qui lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part ! » (al-Anfal, 8:17)

Les fidèles musulmans ont, en fait, tué leurs adversaires, mais ce fut uniquement, selon l’idée de ce verset, avec l’aide et selon la volonté d’Allah.

Cette façon de comprendre le passage sur la crucifixion de Jésus s’accorde mieux avec certains autres passages du Coran qui parlent de la mort de Jésus. Par exemple, dans la Sourate 19, Jésus, encore bébé dans les bras de Marie, prononce ces paroles : « Que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant. » Et dans la Sourate 3, Dieu dit : « O Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre… » (al-Imran, 3:55). 

Sa mort dans le plan de Dieu

Oui, Jésus fut crucifié et mis à mort, mais c’était selon la volonté et le plan éternel de Dieu. Au cours de son ministère, Jésus avait plusieurs fois averti ses disciples concernant la mort qui l’attendait. En Luc 18.31-33, par exemple, nous lisons :

« Jésus prit les douze auprès de lui, et leur dit : Voici, nous montons à Jérusalem, et tout ce qui a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l’homme s’accomplira. Car il sera livré aux païens ; on se moquera de lui, on l’outragera, on crachera sur lui, et, après l’avoir battu de verges, on le fera mourir ; et le troisième jour il ressuscitera. »

Quand il était sur la croix, Jésus a dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27.46). Ces paroles viennent du Psaume 22. En les citant, Jésus portait à l’attention de tous que ce psaume avait prédit mille ans d’avance les souffrances qu’il subissait. Ce passage contient les mots exacts qui seraient employés par ceux qui se moquaient de Jésus (v. 8,9) ; il parle de la soif d’un crucifié, du fait que les mains et pieds du Seigneur seraient percés, que ses os se sépareraient, et qu’on tirerait au sort en se partageant ses vêtements. Dieu avait vu et annoncé tout cela dans ce seul psaume de David.

Mais revenons à ces paroles : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce n’était pas juste une manière de dire, « lisez le Psaume 22 et vous verrez que ma mort a été prédite en détail. » Jésus, pour la première fois depuis l’éternité, était séparé du Père, réellement abandonné. Il portait en ce moment les péchés du monde entier. Deux Corinthiens 5.21 dit au sujet de Jésus : « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions justice de Dieu. » Or, Dieu ne peut tolérer le péché ni être en communion avec le péché. L’Ancien Testament dit : « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, et tu ne peux pas regarder l’iniquité » (Habacuc 1.13). Au jour du jugement, le Seigneur dira aux coupables : « Retirez-vous de moi, maudits » (Matthieu 25.41). « Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force » (2 Thessaloniciens 1.9). La mort physique, c’est la séparation du corps et de l’âme ; la mort spirituelle, c’est la séparation de l’homme d’avec Dieu. Jésus a subi toutes les deux pour nous, afin que nous ayons la vie éternelle.

Le message de l’Évangile – la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus – est peut-être un scandale pour certains, mais pour nous qui croyons il est véritablement la puissance et la sagesse de Dieu pour notre salut. Pourquoi nier la mort de Christ ? Non seulement elle est attestée par l’histoire et par la Parole de Dieu, mais sans elle nous n’avons aucun espoir.

La certitude de la résurrection

Dès l’aube du premier jour de la semaine après la crucifixion, les disciples de Jésus ont constaté que le tombeau où avait été déposé son corps était vide. En plus, différentes personnes se sont mises à témoigner que Jésus, revenu à la vie, s’était présenté à elles. Il y a eu d’abord Marie de Magdala, puis certaines autres femmes ; ensuite, Cléopas et un autre disciple ont parlé avec Jésus sur la route d’Emmaüs. À leur retour à Jérusalem, ils apprirent que Pierre, aussi, disait avoir vu le Seigneur. Enfin, Jésus s’est présenté à dix apôtres à la fois. Judas s’était déjà donné la mort, et Thomas ne se trouvait pas avec les autres. Mais les dix autres ont pu, ce premier dimanche soir après la mort de Jésus, parler avec lui, le toucher et le voir manger pour savoir que ce n’était pas un fantôme. D’autres apparitions du Seigneur ressuscité suivraient pendant une période de quarante jours. Ces deux faits attestent pleinement la réalité de la résurrection de Jésus de Nazareth : le tombeau vide et les témoins oculaires.

Le tombeau vide

Trois jours après la crucifixion de Jésus on a découvert son tombeau vide. C’est un fait historique, bien attesté. Si le corps de Jésus s’était trouvé dans le tombeau où on l’avait déposé, le christianisme serait mort-né. Qui aurait proclamé Jésus comme le Seigneur vivant tandis que son cadavre pourrissait dans le sépulcre ? Personne.

Ceux qui ne veulent pas accepter l’idée que Jésus est ressuscité ont proposé trois théories pour expliquer pourquoi le corps ne s’y trouvait plus.

1. Le corps volé par les disciples ? Certains nous disent que les disciples de Jésus ont volé son corps. Ce fut la première explication offerte par les non-croyants. Rappelons-nous qu’après la mort de Jésus, les principaux sacrificateurs juifs et les pharisiens étaient allés auprès de Pilate et dirent :

« Nous nous souvenons que cet imposteur a dit, quand il vivait encore : après trois jours je ressusciterai. Ordonne donc que le sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, afin que ses disciples ne viennent pas dérober le corps, et dire au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première. Pilate leur dit : vous avez une garde ; allez, gardez-le comme vous l’entendez. » (Matthieu 27.63-65)

Toutes les précautions possibles ont donc été prises : le sépulcre était taillé dans le roc ; une grosse pierre, pesant au moins une tonne, a été roulée devant l’entrée pour la fermer ; le sceau du gouvernement romain fut mis sur la pierre comme avertissement contre toute personne qui penserait déranger le tombeau ; et des soldats furent placés, selon certains experts jusqu’à seize hommes dont quatre seraient de garde en tout moment. Selon la coutume romaine, un soldat pris en train de dormir pendant qu’il était chargé d’être à son poste devait être mis à mort pour sa faute. Malgré toutes ces précautions, d’aucuns ont parlé d’un vol du corps.

En Matthieu 28.11-15 la Bible nous parle de ce qui s’est passé après que certaines femmes ont vu le Seigneur : 

« Pendant qu’elles étaient en chemin, quelques hommes de la garde entrèrent dans la ville, et annoncèrent aux principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé. Ceux-ci, après s’être assemblés avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme d’argent, en disant : Dites : Ses disciples sont venus de nuit le dérober, pendant que nous dormions. Et si le gouverneur l’apprend, nous l’apaiserons, et nous vous tirerons de peine. Les soldats prirent l’argent, et suivirent les instructions qui leur furent données. Et ce bruit s’est répandu parmi les Juifs, jusqu’à ce jour. »

Matthieu ne se donne même pas la peine de réfuter cette idée – après tout, qui peut dire ce qui se passe autour de lui quand il dort ? D’ailleurs, tous ces soldats n’auraient pas osé s’endormir au péril de leur vie. Les disciples n’auraient pas eu l’occasion de voler le corps de Jésus.

Si les disciples avaient pu voler le corps de Jésus, c’est qu’ils ont commis la plus grande fraude que l’histoire a jamais vue. C’est qu’ils mentaient sciemment. Mais leur comportement n’est pas celui de menteurs conscients : au contraire, presque tous les apôtres sont morts pour leur témoignage (et ils ont tous été battus et emprisonnés). On n’accepterait pas de subir cela et de donner sa vie pour ce qu’on savait être un mensonge délibéré. Non seulement ils ont donné leur propre vie au lieu de retirer leur parole, mais ils savaient que beaucoup de ceux qui accepteraient leur témoignage mourraient également pour avoir cru. Pourtant, aucun d’eux n’a renoncé à son témoignage concernant la résurrection de Jésus.

2. Le corps volé par les autorités juives ? Une deuxième théorie dit que le corps de Jésus fut volé par ses ennemis. Mais cette idée est encore plus invraisemblable que la première. Les autorités juives voulaient mettre fin à la prédication des chrétiens. Ils ont dit aux apôtres : « Ne vous avons-nous pas défendu expressément d’enseigner en ce nom-là ? Et voici, vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement… ! » (Actes 5.28). S’ils avaient le corps de Jésus, ils auraient pu tout simplement le produire et le promener dans les rues de Jérusalem. Il n’y aurait même pas eu besoin de dire aux apôtres de ne pas prêcher – on se serait moqué d’eux. Plus personne ne se serait converti au christianisme. Le fait que les chefs n’ont pas produit le corps de Jésus prouve clairement qu’ils ne l’avaient pas volé.

3. Jésus n’était pas mort ? La troisième théorie offerte par les adversaires de l’Évangile est que Jésus n’était pas vraiment mort sur la croix – il s’était évanoui. C’est la fraîcheur du tombeau qui l’a ranimé. Mais encore il faut être réaliste : Jésus était bien mort. Il avait été battu sévèrement par des experts avant sa crucifixion. Les soldats romains savaient parfaitement manipuler leurs fouets de cuir munis de morceaux de verre et de pierre tranchante pour meurtrir tout le corps et laisser la peau suspendue en rubans sanglants. Ils connaissaient bien leur méthode d’exécution, l’une des méthodes les plus cruelles jamais inventées par les hommes. Ils savaient bien déterminer si leur victime était morte. Et dans le cas de Jésus ils l’ont aussi percé d’une lance (Jean 19.33,34). Ajoutons que Jésus fut enterré d’après la coutume juive :

« Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs. » (Jean 19.39,40)

Même si l’on suppose que Jésus n’était pas mort, mais s’était évanoui, comment aurait-il pu survivre pendant trois jours enfermé dans un sépulcre humide, sévèrement blessé, enveloppé de plusieurs mètres de bandes de tissu attachées avec presque 50 kilos d’aromates gluants, sans nourriture, sans eau, sans soins quelconques ? Comment aurait-il eu la force de se dégager des bandes, rouler la pierre gigantesque devant l’entrée du sépulcre, se rendre maître des gardes, faire quelques kilomètres sur des pieds qui avaient été percés des pointes, et puis se présenter à ses disciples dans un état qui puisse les convaincre qu’il était le Seigneur de la vie ?

Soyons francs : à part la résurrection, il n’y a pas d’explication raisonnable du tombeau vide de Jésus. Mais il y a une autre preuve incontournable de la résurrection :

Les témoins oculaires

Rappelons-nous que, déjà le jour même de sa résurrection, Jésus se présenta à une variété de personnes et en différentes circonstances. Les témoins n’avaient pas tous le même tempérament. Il y a eu des hommes et aussi des femmes qui l’ont vu. Il s’est présenté à des individus et des groupes. Certaines apparitions ont eu lieu en des endroits fermés et d’autres en plein air, quelques-unes le matin et d’autres le soir.

Remarquons aussi que les témoins de la résurrection de Jésus ne s’attendaient pas à le voir. Malgré la promesse qu’il avait faite de revenir d’entre les morts, on ne peut pas dire que les disciples désiraient ardemment ou espéraient sa résurrection. Les femmes qui l’ont vu se rendaient au tombeau pour embaumer un corps et non pas pour retrouver un Seigneur vivant. Quand ces femmes sont revenues en disant qu’elles avaient vu Jésus ressuscité, les autres disciples se sont moqués d’elles. Avant que Jésus ne se fasse connaître aux deux disciples sur la route d’Emmaüs en Luc 24 à partir du verset 13, il les a trouvé tristes et abattus, sans aucun espoir, malgré le témoignage des femmes qu’ils avaient entendu. Tout ceci montre que, pour ce qui concerne les apparitions de Jésus, il ne s’agit pas d’hallucinations ou de mirage. Ce n’était pas comme la personne au désert qui croit voir une oasis avec beaucoup d’eau et des arbres tandis qu’il n’y a que du sable. De telles visions ne sont pas une activité de groupe où tout le monde voit et entend la même chose. En plus, on voit généralement ce qu’on espère ou désire très fort. Finalement, toutes ces apparitions ont cessé subitement 40 jours après la résurrection, après que Jésus est monté au ciel au vu de ses disciples.

Les témoins de la résurrection de Jésus étaient des hommes et des femmes qui le connaissaient très bien. Ils n’auraient pas pu se tromper sur son identité. C’étaient aussi des personnes pieuses qui n’ont jamais été accusées de malhonnêteté ou d’immoralité. Ils appelaient les autres, aussi, à vivre selon la justice absolue. S’ils mentaient délibérément, on a du mal à trouver un mobile. En effet, ils n’ont jamais tiré un avantage matériel de ce qu’ils proclamaient. Au contraire, on les a persécutés à la mort. S’il s’agissait d’un procès moderne, on ne trouverait aucune excuse pour les enlever du jury. Les historiens ne trouvent aucune raison pour ne pas accepter leurs écrits. Plusieurs historiens ont dit solennellement qu’aucun événement historique n’est mieux attesté que la résurrection de Jésus.

Conclusion

Selon Romains 5.8, la mort de Christ est la preuve de l’amour de Dieu pour chacun de nous. Selon Romains 1.4, la résurrection du Christ est la preuve de sa divinité. Paul écrit : « Il fut déclaré Fils de Dieu avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts. » Parce qu’il est revenu à la vie pour toujours, nous savons qu’il n’était pas simplement un autre faux prophète ou faiseur de miracles, venu pour tromper les hommes et tirer avantage d’eux. Au contraire, il est venu pour nous réconcilier avec notre Créateur et nous donner la vie éternelle.

Pour être sauvé du péché, il faut croire que Jésus est bien ressuscité d’entre les morts et qu’il est donc le Fils de Dieu (Romains 10.9,10). Il faut se repentir de ses péchés si l’on veut qu’ils soient pardonnés (Actes 3.19). Il faut confesser ou dire devant les autres que l’on croit en Jésus (Romains 10.9,10). Et il faut être baptisé au nom de Jésus, c’est-à-dire immergé dans l’eau à l’image de la mort et la résurrection de Jésus pour le pardon de ses péchés (Actes 2.38). Mais tout cela est efficace pour notre salut seulement parce que Jésus est allé à la croix, il est mort pour nous, et il est ressuscité. Comme la Bible nous rappelle en 1 Pierre 3.21 :

« … Le baptême, qui n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu… vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus-Christ. »

B. B.
(Dans Vol. 9, No. 1)

L’inspiration de la Bible

Les hommes peuvent se tromper, mais Dieu ne se trompe jamais. S’il nous dit quelque chose dans sa Parole, nous pouvons être sûrs de cette vérité ; nous pouvons avoir une confiance absolue à ce qu’il dit. Les chrétiens reconnaissent la Bible comme le livre où Dieu nous parle.

Mais qu’est-ce qui nous pousse à croire que la Bible est effectivement la parole de Dieu lui-même ? Considérons plusieurs raisons pour cette confiance dans la Bible :

La Bible elle-même prétend être inspirée de Dieu.

En disant que la Bible vient de Dieu et nous communique sa volonté, nous n’allons pas au-delà de ce que la Bible dit à son propre sujet. Tout au long de ce livre, on trouve des passages qui affirment son origine divine. Voici quelques exemples :

L’auteur des cinq premiers livres de la Bible fut Moïse. Selon Exode chapitre 4, Dieu appela Moïse à être son porte-parole auprès des Israélites et des Égyptiens. Moïse ne voulait pas accepter cette charge, mais Dieu l’a assuré qu’il serait lui-même avec Moïse. « Moïse dit au Seigneur : Ce n’est pas possible, Seigneur, je ne suis pas un orateur. Je ne l’ai jamais été, et je ne le suis pas davantage depuis que tu me parles. J’ai beaucoup trop de peine à m’exprimer. Le Seigneur lui rétorqua : Qui a donné une bouche à l’homme ? Qui peut le rendre muet ou sourd, voyant ou aveugle ? N’est-ce pas moi, le Seigneur ? Eh bien, maintenant, va. Je serai avec toi quand tu parleras, je t’indiquerai ce que tu devras dire » (Exode 4.10-12, FC). Les cinq livres de Moïse (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome) répètent 420 fois que les paroles que Moïse écrivait étaient celles de Dieu.

Un autre grand prophète de l’Ancien Testament s’appelait Ésaïe. Ses messages au peuple s’introduisent souvent par l’expression : « Ainsi parle l’Éternel ». (C’était la phrase utilisée traditionnellement par le porte-parole d’un roi avant de donner un message quelconque de sa part.) Les mots « Ainsi parle l’Éternel » se trouvent 80 fois dans le livre du prophète Ésaïe.

Comme Moïse, le prophète Jérémie se sentait trop timide pour accepter la charge de messager de Dieu. Mais en Jérémie 1.9, il écrivit : « L’Éternel me dit : Voici, je mets mes paroles dans ta bouche. »

Ce n’est pas seulement les auteurs de l’Ancien Testament eux-mêmes qui disaient qu’ils étaient inspirés. Jésus et ses apôtres reconnaissaient que les écrits de ces prophètes constituaient non pas la parole des hommes, mais celle de Dieu (Matthieu 5.17,18; 22.31,32; 2 Timothée 3.15-17). Mais Jésus promit que ses apôtres, aussi, seraient guidés par l’Esprit de Dieu dans ce qu’ils diraient. Il leur dit en Matthieu 10.19,20 : « Mais, quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de la manière dont vous parlerez ni de ce que vous direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même ; car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. » Il dit encore à ses apôtres en Jean 16.13 : « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de Vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. »

Comme les autres apôtres du Seigneur, l’apôtre Paul prétendait parler pour Dieu ; il dit en 1 Corinthiens 14.37 : « Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur. » L’apôtre Pierre a effectivement reconnu les écrits de Paul comme inspirés de Dieu. En 2 Pierre 3.15,16, il les a classés ensemble avec les autres « Écritures », c’est-à-dire les écrits reconnus comme étant la Parole de Dieu.

Dans cette même épître Pierre explique l’idée de l’inspiration de la manière suivante : « Ce n’est pas par une volonté d’homme qu’une prophétie a jamais été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1.21).

En tenant compte des différents passages de la Bible, il est évident que certaines parties ont été dictées par Dieu à son prophète, mot-à-mot. Pour d’autres parties, il a plutôt guidé le prophète ou l’auteur pour que le message contienne uniquement les idées que Dieu voulait, sans l’introduction d’une erreur quelconque, mais tout en permettant à l’homme de s’exprimer selon sa personnalité et sa culture. Dans tous les cas, le Saint-Esprit conduisait ces hommes et garantissait qu’ils parlent véritablement de la part de Dieu.

Évidemment, quelqu’un peut prétendre être un prophète de Dieu quand en fait Dieu ne lui a pas parlé. C’est ce qui se passe malheureusement très souvent. Y a-t-il des raisons pour croire que la Bible est réellement ce qu’elle prétend être ? Oui, il y en a beaucoup. Voyons-en brièvement quelques-uns.

Des preuves de son inspiration  :

L’indestructibilité de la Bible

Jésus dit en Matthieu 24.35 : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » L’apôtre Pierre parle dans le même sens : « Toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe. L’herbe sèche, et la fleur tombe ; mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Et cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Évangile » (1 Pierre 1.24,25).

Si la Bible existe encore de nos jours, c’est parce que Dieu a veillé sur sa parole pour la protéger et la préserver. Les parties les plus anciennes de la Bible remontent à plus de trois mille cinq cents ans. D’autres livres de la même époque ont disparu depuis longtemps, mais la Bible a survécu malgré de nombreux efforts de la part des non-croyants de la détruire. Par exemple, l’empereur romain Dioclétien, dans ses efforts de détruire le christianisme, ordonna la peine de mort pour toute personne possédant une Bible. Même les membres de la famille du condamné devaient être exécutés s’ils ne dénonçaient pas celui des leurs qui gardait une Bible. Deux ans après, l’empereur se vantait : « J’ai complètement exterminé tous les écrits chrétiens. » Cependant, plus tard, quand un autre empereur, nommé Constantin, promit une récompense importante pour tout exemplaire de la Bible qu’on lui apporterait, plus de cinquante lui furent remis dans les vingt-quatre heures.

De nos jours, la Bible est le livre le plus lu au monde. Voltaire, le célèbre philosophe, se moquait de la Bible et prédit que le christianisme disparaîtrait en moins de cent ans. Voltaire est mort depuis plus de deux cents ans ; la Bible est toujours le best-seller de tous les temps, et aujourd’hui, la maison dans laquelle Voltaire a vécu est devenue un dépôt de la Société Biblique. De ce lieu sont envoyées dans le monde entier des milliers et des milliers de Bibles !

Que ce soit l’Empire romain, le communisme, les autres religions, ou les philosophes modernes, aucune force n’a réussi à détruire la Bible. La raison en est qu’elle vient de Dieu.

L’unité de la Bible

La Bible est en fait un recueil de plusieurs livres, 66 en tout. Ces livres furent écrits par quarante différents auteurs, utilisant trois langues : l’hébreu, l’araméen et le grec. Ces hommes venaient de tous les milieux : des rois, des bergers, des prophètes, des prêtres, un collecteur d’impôts, un médecin, des pêcheurs, un homme militaire, des cultivateurs, etc. Évidemment quelques-uns étaient très instruits, d’autres ne l’étaient pas. Certaines parties furent écrites dans un désert, d’autres parties dans des palais royaux, et d’autres parties en prison. L’auteur des premiers livres de la Bible vécut mille six cents ans avant l’auteur des derniers livres. Et pourtant, non seulement la Bible ne se contredit pas, mais elle développe un seul thème, elle raconte une seule grande histoire, elle fait un ensemble harmonieux, elle présente une unité parfaite.

Comment une telle chose pourrait-elle se produire ? Cela ne peut s’expliquer que par l’intervention de Dieu. C’est lui qui a guidé tous ces hommes pour qu’ils écrivent son message à l’humanité.

L’exactitude scientifique de la Bible

La Bible n’est pas un livre de science, et pourtant, elle est remarquable par sa conformité aux principes de la meilleure science de nos jours. D’une part elle ne contient pas d’erreurs scientifiques, et d’autre part elle révèle des principes scientifiques qui n’ont été découverts que récemment par la science moderne.

Prenons, par exemple, le domaine de la médecine. Plusieurs des lois dans les livres de Moïse suivent des principes qui étaient complètement inconnus des autres peuples de son époque, y compris les Égyptiens parmi lesquels Moïse avait grandi et dont la civilisation était la plus avancée au monde à cette époque.

♦ Deutéronome 14.21 dit qu’un animal mort d’une mort naturelle ne devait pas être mangé. Or la médecine moderne a démontré que ces animaux peuvent être porteurs de microbes qui provoquent des maladies.

♦ Les dangers de l’eau polluée n’ont été découverts que très récemment. La typhoïde et le choléra se répandent surtout par ce moyen. Mais Dieu avait dit à Moïse que le peuple ne devait boire l’eau dans laquelle on avait trouvé un cadavre. Seules l’eau courante et les grandes étendues devaient être considérées comme étant sans danger (Lévitique 11.36).

♦ La quarantaine, la pratique d’isoler des personnes ayant certaines maladies, est une autre de ces lois remarquables. Elle est ordonnée en Lévitique 13 et 14. Au quatorzième siècle la peste bubonique, une maladie très mortelle, faisait des victimes partout en Europe. Soixante millions de personnes moururent de cette maladie au quatorzième siècle ! En fait, les médecins eux-mêmes aidaient à répandre la maladie par manque d’hygiène. Et bien sûr, ils n’arrivaient pas à arrêter le fléau. Finalement, ils se tournèrent vers l’Église qui trouva dans l’Ancien Testament le principe de la quarantaine, qui limite strictement le contacte entre les malades et les personnes en bonne santé. Dans quelques mois seulement, la peste fut arrêtée.

♦ Nous savons aujourd’hui que plusieurs maladies sont transmises par les excréments humains. Moïse donna des instructions pour que les excréments soient enterrés et non abandonnés à la surface du sol, où les mouches pourraient se poser dessus et transmettre ensuite la maladie aux hommes (Deutéronome 23.13).

Comment expliquer la sagesse de ces lois bibliques, surtout quand on considère les pratiques des médecins égyptiens au temps de Moïse ? Ils recommandaient, par exemple, d’appliquer aux petites blessures une pommade faite de crotte d’âne mêlée de sang de ver. Étant donné que l’excrément est rempli de spores de tétanos, ce « remède » provoquait de nombreuses morts dues à l’infection. Comment Moïse a-t-il pu incorporer dans la loi israélite des principes que les hommes scientifiques n’ont découverts que trois mille cinq cents ans plus tard et éviter d’inclure les idées erronées de son époque ? Est-ce le hasard ? Non, c’est l’inspiration. C’est Dieu qui était la source de ces lois bibliques.

Les prophéties de la Bible

Comme Jacques 4.14 le dit : l’homme ne sait même pas ce qui arrivera demain. Dieu, par contre, voit l’avenir mieux que nous ne voyons le passé. Lui seul peut savoir ce que le futur cache de nos yeux. « Je suis Dieu, et nul n’est semblable à moi. J’annonce dès le commencement ce qui doit arriver, et longtemps d’avance ce qui n’est pas encore accompli. Je dis : mes arrêts subsisteront, et j’exécuterai toute ma volonté » (Ésaïe 46.9,10).

Prophéties sur des nations

La Bible contient de nombreuses prédictions qui n’auraient jamais pu être faites par des hommes. Longtemps avant les événements en question, Dieu a décrit le destin de divers pays et peuples. Prenons un seul exemple parmi des dizaines.

Ninive, située au bord du fleuve Tigre, était, comme la célèbre Babylone, une grande ville entourée d’une grande muraille. On estime que la population totale était de plus de 600 000 habitants, et la ville existait depuis plus de 17 siècles. Quand cette ville était encore très puissante, le prophète Nahum prophétisa qu’elle tomberait et qu’un déluge aiderait les ennemis à s’en emparer (Nahum 1.8; 2.6). Sophonie a ajouté que la ville serait abandonnée et deviendrait tout simplement un endroit pour faire paître des moutons.

Ninive a été prise par ses ennemis en 612 av. J.-C. quand le Tigre a débordé et cassé une partie de la muraille, permettant à l’armée des Mèdes, des Scythes et des Babyloniens d’y entrer. Environ 200 ans plus tard, l’armée grecque passait par là. Elle ne trouva qu’un monceau de rocaille là où la grande ville s’était trouvée. Le lieu est toujours inhabité, mais il est bon pour une chose : on y fait paître des moutons. En fait, son nom moderne en arabe signifie « Monceau de beaucoup de moutons ».

Prophéties de Jésus

Il y a beaucoup d’autres prédictions dans la Bible concernant des villes et des pays, prédictions qui se sont accomplies comme celle-ci. Mais voyons une autre sorte de prédiction – celle qui concerne le Messie ou Sauveur que Dieu avait promis envoyer dans le monde.

Beaucoup de détails concernant la vie du Christ ont été annoncés des siècles avant sa naissance. Par exemple, le prophète Michée avait écrit de la part de Dieu : « Et toi, Bethléhem Éphrata, petite entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël et dont l’origine remonte aux temps anciens, aux jours de l’éternité » (Michée 5.1). Selon Matthieu 2.1-6 les Juifs du premier siècle comprenaient clairement que ce passage parlait du lieu de naissance du Christ.

En Jérémie 23.5,6, comme dans plusieurs autres passages de l’Ancien Testament, il est dit que le Christ serait un descendant du roi David (voir Matthieu 1.1).

Un seul chapitre en Ésaïe (53) contient plus d’une dizaine de prophéties concernant ce Serviteur de l’Éternel :

  • Il serait méprisé des hommes (v. 3; Matt. 27.39-43).
  • Il serait habitué à la souffrance (v. 3; Héb. 2.17; 1 Pierre 2.21).
  • Il serait rejeté par son peuple (v. 3; Jean 1.10,11).
  • Il apporterait la guérison (v. 4; Matt. 8.16,17).
  • Il serait sans péché (v. 9; 1 Pierre 2.22).
  • Il serait châtié pour nos péchés (v. 5; 1 Cor. 15.3; 1 Pierre 2.24,25).
  • Il serait mis au nombre des malfaiteurs (v. 12; Luc 22.37; 23.32).
  • Il intercéderait pour des coupables (v. 12; Luc 23.34).
  • Son tombeau serait avec le riche (v. 9; Matt. 27.57-60).
  • Il serait ressuscité (v. 10; Luc 24.6-8).
  • Il serait honoré (v. 12; Phil. 2.9-11).

Il y a beaucoup d’autres choses qui ont été prédites concernant Jésus, mais vous voyez déjà combien ces prophéties sont étonnantes. Dieu a fait dans la Bible ce qu’un homme n’aurait jamais pu faire : il a donné des centaines de détails concernant la vie d’un individu des siècles avant la naissance de ce dernier.

Que ce soit des prophéties concernant telle ou telle nation ou bien concernant Jésus-Christ, ce sont des preuves certaines que la Bible n’aurait jamais pu être l’invention de simples hommes. Elle vient de Dieu qui sait tout et qui garde sa parole.

La Bible est elle-même la preuve la plus convaincante de son inspiration.

Jésus dit en Jean 7.17 : « Si quelqu’un veut faire sa volonté (c’est-à-dire la volonté de Dieu) il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef. » Comme dit l’auteur de l’Épître aux Hébreux « la parole de Dieu est vivante et efficace… elle juge les sentiments et les pensées du cœur » (Hébreux 4.12). À travers les paroles de ce livre, l’Esprit de Dieu « convainc le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement » (Jean 16.8).

Oui, un examen objectif de la Bible nous met en face de beaucoup de choses que nous ne pourrions pas expliquer s’il s’agissait d’un livre écrit par des hommes ordinaires qui vécurent il y a des milliers d’années. L’indestructibilité, l’unité, l’exactitude scientifique, et les prophéties de la Bible nous assurent qu’elle est ce qu’elle prétend être : la parole de Dieu. Mais en plus de tout cela, la Bible parle à notre cœur. Malgré les différences culturelles entre nous et les auteurs de la Bible, ce livre nous parle. Il nous accuse, et nous reconnaissons que l’accusation est juste. Il nous offre de l’espoir, et nous savons que c’est ce dont nous avons le plus besoin. Il nous montre comment il faut vivre, et nous comprenons que c’est le seul chemin possible. Et cela aussi nous confirme que c’est Dieu qui en est le vrai auteur. Seul Dieu, le créateur de tout homme, serait capable de produire un livre qui puisse satisfaire aux besoins de chacun de nous. Que la Bible soit donc l’objet de nos études tous les jours et notre unique guide dans la vie.

B. B.
(Dans Vol. 7, No. 6)